Les chatons cannibales sont les plus mignons !

Tout s'enchaînait à une vitesse folle et, pendant un instant, il se dit que Théodore avait peut-être eu raison de l'engueuler en lui disant que ce n'était pas le moment de jouer pour gagner des peluches. Même si, sincèrement, il pourrait se détendre un peu ce petit. Morrigan aurait sans doute adoré s'amuser avec des morts-vivants, elle ne lui avait pas apprit que se battre c'était cool et ça pouvait faire passer les nerfs ? Enfin, elle était immortelle. Pas eux. Ça devait changer un la donne.

Wilson était encore un peu sonné mais il lui fallut peu de temps pour reprendre ses esprits : la vision d'Astrid en train de frapper un zombie avec une peluche, rien de mieux pour vous réveiller. C'était beaucoup plus efficace comme technique que de « l'encourage à ne pas le manger » - parce que quelque chose lui disait que ces bêtes là ne devaient pas être très faciles à convaincre. Le dinosaure en mousse ne sembla pas très efficace mais la jeune fille réussit – il ne comprit pas trop comment – à s'emparer d'un extincteur qui décapita d'un coup le mort, tombant à ses pieds. Impressionnant. Il se sentait bien bête, soudainement. Il la fixa de longues secondes, la bouche grande ouverte, n'ayant même pas la capacité de parler. Si seulement il s'y était attendue... Il avait bien envie de lui répondre, c'était juste qu'il était encore sous le choc, certainement. Puis elle l'abandonne là, sure d'elle d'apparence, laissant sa place au viking.

Le robot savait très bien que ça allait aller, il ne voyait pas pourquoi on se sentait obligé de lui préciser. C'est bon, on ne lui avait pas manger un membre ou quoi que ce soit, il était juste tombé... Oh, et le bout de bois dans le dos, certes, mais il ne sentait rien. Sur le coup, ça lui avait fait mal mais il faut croire que son ancienne condition métallique lui permettait de faire abstraction plus facilement et d'agir comme si de rien n'était. Il laissa faire le jeune homme avec Pinsbie, après tout c'était pas plus mal si aucun corps étranger restaient plantés dans son corps. Il se contenta de sourire à la remarque de Mure... Ce n'était pas son but premier, mais en tout cas, si jamais cela avait été dans son intention, il s'était raté. Lamentablement.

«Aloysius, on se charges de nos invités, vos compétences en médecine seraient utiles à Wilson.
- Non, mais je vais bien. Vraiment ! Je sens rien ! Pas la peine Aloy.. si.. us... C'est ça ? Compliqué à prononcer. Je vais vous appeler Alo. »

Will se releva sans difficulté et lorsqu'il se retourna pour observer le duo, s'en allant vers de nouvelles aventures pour taper du zombie comme il se doit, il tomba sur un autre corps de mort aplati sur le sol. Hum, Astrid avait réussi alors ? Lorsqu'il se retourna vers elle, il comprit rapidement que non, ce n'était certainement pas elle qui avait tiré des balles – d'ailleurs, elle n'avait pas d'arme à feu, donc c'était stupide. Son regard se posa immédiatement sur ses bras – c'était difficile de ne pas remarquer le sang qui coulait et son regard apeuré. Sans plus attendre, sachant déjà que les nouveaux amis étaient accueillis par Mumu et Théo, il se précipita vers la jeune fille et enleva les mains qu'elle tenait sur sa plaie, les remplaçant par les siennes – plus grandes, plus de surfaces, plus pratique. Parce qu'avec le sang qu'elle perdait, elle allait finir par avoir des vertiges la pauvre.. C'était... très rouge, pas non plus affreusement profond mais, à ce niveau là du corps, il suffit d'une légère coupure. Voir cette blessure à vif lui fit réaliser que ce n'était peut-être pas qu'un jeu, en tout cas... Ah, on commençait toujours à se rendre compte du sérieux d'une situation extrême quand quelqu'un qu'on apprécie se retrouve en danger.

« Ça va aller, t'en fais pas. Tu t'es bien débrouillée ! »

Il lui offrit un sourire pour la rassurer, sans faire attention à tous les bruits qui l'entouraient. Théodore arriva juste à ce moment là, proposant à l'équipe de continuer son avancée une fois le dragon revenu. Ce qui, en soit, n'était pas une mauvaise idée. Ils devaient aller à l'hôpital pour que le carnage se termine.

D'ailleurs, la concernée ne mit pas très longtemps à arriver à son tour, un bout de drap dans la main, nettoyant son arme. Elle avait l'air frustrée, un peu triste, à cause de sa chaussure apparemment...

« Si tu me donnes ton drap, je te donne mes chaussures, promis. »

Oui, son regard était resté fixé sur le tissu blanc. Il en avait besoin. C'était urgent, pour Astrid. Oh, il n'eut pas besoin d'attendre longtemps pour le récupérer, Mure était quelqu'un de bien, il le savait. A peine avait-il saisi l'objet qu'il l'enroula avec précaution autour du bras de la jeune fille, serrant pour que l'écoulement s'arrête en évitant de lui faire mal. Il espérait juste que son nœud tiendrait tout le long du chemin.

« C'est mieux comme ça, non ? Merci beaucoup Mumu. »

Ah oui, il l'a appelé par le surnom qu'il lui lui donne dans sa tête... oh, c'est mignon, c'est tout.
Prenant la main au poignet intact de la jeune blonde dans la sienne, il l'invita à suivre la fashionista à la chaussure abîmée afin d'en terminer au plus vite. Will ignorait combien de temps encore ils devraient continuer à jouer mais il finirait sans doute par se lasser... En devant de la groupe, il remarqua justement l'une de ses bêtes immondes au loin, fonçant droit sur leur groupe.

« Y'a pas un bouton pause quelque part ? »

Astrid avait un bras difficilement maniable, Mure n'avait plus de chaussure et était déprimée, les deux autres étant derrière, il s'avança donc pour être le premier à se prendre la bestiole dans la tronche. Celle-là avait une jambe cassée, apparemment, elle courrait d'une manière étrange, avec un tibia qui ressortait complètement. Une de ses épaules découverte était complètement arrachée et partait vers l'arrière, comme si son bras était disloqué. On pouvait voir quelques cheveux sur son crâne aussi, pas lavés depuis longtemps apparemment. Quand à sa tête... tout aussi moche que le premier qu'il avait vu. Avec un œil manquant et sa lèvre inférieure pendante. Splendide.

Il n'avait pas récupéré Pinsbie en état de combattre après avoir été soigné par Théodore mais il avait toujours ses tuyaux. Sauf que... ah, il était pas très doué avec. Il savait d'avance qu'il allait de nouveau se ridiculiser mais bon, c'était sa seule arme à disposition, autant retenter le coup. Le zombie n'était plus qu'à un mètre, Wilson stoïque, le fixant sans ciller. Rien qu'un jeu. Un jeu. Il lança le lasso, mais la bête se déplaça à ce moment précis sur le côté, comme si elle était plus intéressée par les deux jeunes femmes derrière lui. Il n'attrapa que son bras qui fut néanmoins arraché à l'instant précis où il tira. Efficace, même s'il ne savait pas s'en servir. « Saloperie. » Il n'hésita pas une seule seconde et sauta sur la chose, la plaquant au sol en l'attrapant par l'os qui ressortait de sa jambe. C'était dégoûtant... ça venait de craquer au moment où il s'y était accroché... Non, on reste concentré, on n'oublie pas la tâche première.

Étalé sur le monstre, il se dit que les points faibles d'un humain de base devaient aussi être les siens. Alors, d'un coup de coude aussi violent qu'il en était capable, il frappa à l'endroit sensible de tout être qui se respecte : entre les jambes. La bestiole ne sembla pas très contente et tenta de se retourner, forçant Wilson à en faire de même. De nouveau sur le dos, avec le monsieur au-dessus de lui, comme un air de déjà vu... Mais de son bras protégé de scotch, il lui donna un coup sur le crâne, le repoussa le temps de son attaque. Mon dieu que tout ses mouvements lui faisaient mal au crâne...
Encore allongé alors que le cadavre ambulant s'était redressé, il tenta un croche pied qui passa sans difficulté. Il profita de son déséquilibre pour se remettre au-dessus de lui et, le tuyau toujours à portée de main, enfonça le fil de fer dans sa gorge avec toute la force qui pouvait encore lui rester. Le sang lui gicla à la figure mais ce n'était pas si perturbant que ça, ça sentait mauvais et c'était poisseux, par contre. L'ennemi continua un moment à tenter de se débattre, l'accrochant sans que Will ne lâche pour autant. Lorsque le zombie fut enfin immobile, il se releva et aplatit son pied contre son crâne, véhément, juste pour être sur.
Du sang était collé à sa chaussure, avec quelques morceaux de peaux s'étant détachés du visage. Pas très esthétique.

« Désolée Mushu... Je voulais vraiment te les donner mais là... Je pense que ça ne rentre pas dans ton dress code. »

Il lui offrit un regard absolument désolé et, après avoir tenté de s'essuyer sur son tee-shirt sans grande réussite, il reprit sa place à côté d'Astrid comme si de rien n'était.

« If we hold on together. I know our dreams will never die... »

Je me mordais les lèvres pour éviter de crier, mais de petits gémissements s'échappaient de temps à autre de ma gorge. Je tentai de retenir mes larmes. Malgré tout, une goutte roula sur ma joue et dégringola de mon menton pour atterrir quelque part sur mon débardeur poisseux. Je baissai mes yeux noyés de larmes sur ma plaie. J'appuyai la main si fort dessus, j'avais peur de la soulever et de voir à quel point cela pouvait être affreux...

Soudain, je sentis des mains se poser contre la mienne avant de l'enlever délicatement. Je redressai la tête, apercevant le visage brouillé de Wilson juste à coté du mien. Je hochai la tête à ses paroles, même si je l'entendais à peine. La souffrance semblait annihiler tout le reste. Même les voix des zombies étaient moins obsédantes.

Délicatement, je le vis passer un bout de tissu autour de mon poignet ouvert et le serrer étroitement. Je grimaçai sur le moment, puis détendis les doigts de ma main douloureuse. J'avais toujours aussi mal mais tout le rouge était caché. ça faisait moins peur.

"Merci. Je suis désolée." dis-je à voix basse.

Je ne savais pas exactement pourquoi je m'excusais. J'étais embarrassée de m’être blessée et d'avoir peut-être ralenti tout le groupe. Lorsque Wilson me donna la main, je la pris et me mis sur mes jambes, jetant un coup d'oeil furtif à son dos. Il était amoché, lui aussi. Je me sentais moins seule dans mon embarras, mais j'avais de la peine pour lui. Nous emboitâmes le pas à Cerise Mure qui avançait en boitant légèrement, la faute à sa chaussure qui avait pris un coup face au dernier mort. J'étais absorbée dans sa démarche, cherchant à la reproduire car elle me mettait en confiance, quand je sentis la main de Wilson glisser de la mienne. Je fronçai les sourcils à sa répartie, avant de suivre son regard. Un autre Dent Tranchante humain arrivait vers nous.

Instinctivement, je tendis les bras pour empêcher Wilson d'approcher, mais ce dernier s'était déjà élancé vers le méchant mort-vivant. Le combat fut violent, laborieux mais le jeune Deux-Jambes en sortit victorieux. J'avais suivi la scène, les yeux ronds. J'étais toujours stupéfaite par la sauvagerie dont les gens pouvaient faire preuve en de pareilles circonstances.

Laissant le cadavre derrière lui, Wilson revint vers nous, tout sanguinolent, et il s'excusa auprès de Mure, toujours en rapport avec les chaussures.

"Dress code, qu'est-ce que c'est ?" demandai-je, intriguée. "Est-ce que ça a quelque chose à voir avec le shopping ?"

Je n'avais pas oublié la proposition de Cerise, peu avant que tout ne commence à basculer dans la folie. J'aurais adoré passer du temps avec elle. Elle était intimidante mais très gentille, ça se voyait dans sa façon de se comporter. D'ailleurs, je remarquai qu'elle boudait toujours. Elle s'était remise à marcher. Je la rejoignis en trois pas et passai mon bras autour du sien. Je la sentis frémir par cette brusque proximité. J'hésitai à m'écarter ; j'oubliais sans arrêt que les Deux Jambes en général n'aimaient pas les débordements d'affection. Mais j'appréciais trop Cerise pour m'éloigner d'elle.

"Il ne faut pas être triste. Tu verras, on va s'en sortir." lui dis-je avec un sourire plein de gentillesse. "Quand on sera de retour chez nous, tu pourras... shoppinguer des chaussures."

Je hochai la tête, bien que j'hésitai sur le terme que je venais d'employer. Je ne voulais pas etre "hors du coup", mais les Deux Jambes employaient tant de mots compliqués ! Ce n'était pas facile de soutenir leur vocabulaire.

Puis, je sombrai dans un silence méditatif. Je venais de dire "chez nous", alors que Storybrooke n'était pas ma maison. Je venais de la Grande Vallée, c'était là-bas qu'était ma place. Cependant, dans ce monde irréel peuplé de morts affamés, ce petit groupe était ce qui s'apparentait le plus à une famille.

Avec douceur, et sans lâcher Cerise, je passai mon autre bras autour de celui de Wilson, prenant soin à ne pas frotter mon poignet bandé contre lui. Puis je regardai derrière moi, adressant un sourire à Monsieur Aloysius et à Théodore.

"Si on se prenait tous par la main et qu'on chantait quelque chose, je suis certaine que les affreux Dents Tranchantes prendraient peur et s’enfuiraient devant nous !"

C'était une idée comme une autre pour rejoindre l’hôpital, mais ils n'avaient pas l'air partants. C'était toujours pareil : les Longs-Cous cherchaient une solution, et les Deux-Jambes disaient non. Comme pour le fait de s'amuser... Je lançai un regard à la Grande Roue qui s'élevait juste au-dessus de nous et qui s'éloignait à chaque pas.

"J'aurais vraiment aimé en faire un tour..." dis-je d'un ton déçu avant de baisser la tête pour observer mes chaussures.