« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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Apolline Méléon
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Apolline Méléon

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________________________________________ 2016-04-07, 22:57

My Dreams are getting darker and darker...
Je faisais souvent ce rêve étrange et pénétrant.
D'une grande maison, au sommet d'une colline enneigée.
D'un ciel étoilé qui étincelait comme autant de lucioles ou de lanternes.

Je m'y sentais chez moi. Pourtant, je savais que ce n'était pas ma demeure. C'était mon premier "vrai" rêve. Cela avait débuté à mon retour de la lune. En dormant, j'avais découvert un nouveau monde. Un endroit dans lequel s'élaborait des univers encore plus merveilleux que les souvenirs. Mon royaume des songes. A chaque fois, j'étais impatiente de trouver le sommeil et de vivre des aventures palpitantes. Bien souvent, mes rêves n'avaient aucun sens et je peinais à m'en souvenir au réveil, mais cette maison... elle restait fermement ancrée dans mon esprit, dans les moindres détails. Ainsi que le cygne qui me poursuivait fréquemment en faisant "coin coin". Allez comprendre... J'avais toujours, à un moment donné de mon rêve, ce drôle de piaf qui me talonnait comme s'il cherchait à me pincer ou pire encore. C'était toujours à cet instant que mon rêve se transformait en cauchemar. Je courais vers la maison pour lui échapper mais au moment d'atteindre la poignée de la porte, cette dernière tombait en cendres.

Je me réveillai en sursauts. Le coeur palpitant, je me raidis dans le lit avant de ramener la couverture par-dessus ma tête et de la serrer très fort. J'avais trop peur de discerner l'ombre du cygne dans l'obscurité de ma chambre. Je l'entendais encore pousser ses caquètements furieux. Il me terrorisait. Pourtant, je n'avais pas peur des oiseaux. J'adorais Brave, l'aiglonne de Papa, par exemple. Tant qu'ils ne cherchaient pas à me crever les yeux ni à me pincer, tout allait bien entre nous.

Je restai ainsi de longues et interminables minutes, tétanisée au fond de mon lit. Je n'arrivais pas à calmer l'angoisse qui me tenaillait. La meilleure idée aurait été de sortir le bras de la couverture et d'appuyer sur l'interrupteur de la lampe de chevet, mais... et si le cygne en profitait pour me croquer les doigts ? Et s'il était toujours là ?

Les rêves n'existent pas. tentai-je de me persuader.

Cependant, c'était plutôt compliqué d'en être certaine étant donné que je venais d'un monde virtuel. La réalité me paraissait plutôt floue. A partir de là, comment être sûre ?

Compte tes doigts. Dans les rêves, on a plus de doigts. me rappelai-je.

Comme quoi, regarder Teen Wolf était plutôt utile pour quelqu'un qui ne connaissait rien des différences entre réel et virtuel. Grâce à cette série, je faisais l'école de la vie. J'avais beaucoup plus appris avec Scott McCole qu'avec les explications abrégées de mon cher frère.

Je portai ma main tremblante devant mon visage et la discernait à peine dans le noir. Je déglutis avec peine. Tôt ou tard, il faudrait bien que j'arrête de me cacher. Avec appréhension, je repoussai la couverture et fermai aussitôt les yeux en grimaçant. Puis, je soulevai une paupière, suivie par l'autre, et fronçai les sourcils. Cette chambre n'était pas la mienne. Elle était d'un style ancien. Malgré la pénombre, je ne reconnaissais aucun meuble, à commencer par le lit double à baldaquin.

"Euh..."

J'observai tout autour de moi, reléguant le cygne garou à la fin de mes priorités. Il y avait plus important : qu'est-ce que je fichais dans un endroit que je ne connaissais pas ?

J'hésitai à signaler ma présence mais mieux valait que j'explore d'abord les lieux. On ne sait jamais... Peut-être qu'une personne mal attentionnée avait orchestré tout ceci ? Je frémis et me levai d'un bond. Mes pieds nus rencontrèrent un plancher glacé. Un autre frisson parcourut mon échine. Il faut dire que j'avais plutôt froid dans mon pyjama blanc parsemé de notes de musique. A pas silencieux, je me rendis jusqu'à la fenêtre et repoussai le rideau opaque. Le paysage me coupa le souffle.

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Sur un lac en partie gelé, une aurore boréale se reflétait, inondant de lumière fuyante le ciel moucheté d'étoiles. Des montagnes se découpaient sur l'horizon. Toutes ces notes de couleur vertes et violettes sur la voûte m'évoquèrent un souvenir étrange et pénétrant. Quelque chose qui n'avait pas existé et qui pourtant, vivait dans ma tête. Comme si c'était la première chose que j'avais vue, la première qui avait illuminé mon regard.

Je battis des cils et me détournai de la fenêtre. Dans mes précédents rêves, il était question d'une maison au sommet d'une colline, sur fond d'aurore boréale. Jamais je n'avais réussi à y entrer mais... et si cette fois j'avais réussi ? Et si je me trouvais à l'intérieur ?

Grisée par cette idée, je me montrai néanmoins prudente tandis que j'entrouvrais la porte pour me faxer jusque dans le couloir obscur. Mieux ne valait pas chercher un interrupteur. Lentement, à tâtons, je trouvai les escaliers menant au rez-de-chaussée. Je les descendis en silence, de plus en plus frigorifiée. Ils ne connaissaient pas les radiateurs, par ici ? A mesure que j'avançais dans la demeure, ma vue s'acclimatait à l'obscurité. Je voyais mieux les meubles et la déco. Ca craignait un peu. C'était vieux et poussiéreux. Je sentais des tas de saletés sous mes pieds. Beurk.

Une fois en bas des marches, j'hésitai sur la direction à prendre, et sursautai en voyant une silhouette assise dans un fauteuil. Un jeune homme qui se découpait à contre-jour, dans la faible lumière qui filtrait à travers le rideau.

"Bobos ? Enfin... Phobos ?" fis-je, perplexe.

Qu'est-ce qu'il fichait ici ? M'avait-il enlevée encore une fois ? J'aurais pu crever de trouille devant lui, mais une peur bien plus grande explosa dans ma poitrine alors que j'entendais des caquètements furieux dans mon dos.

"LE CYGNE GAROU !" m'écriai-je.

Jetant un coup d'oeil par-dessus mon épaule, j'aperçus le volatile qui se précipitait vers moi avec son regard qui tue, les ailes grandes ouvertes comme s'il s'apprêtait à me sauter dessus. Ni une ni deux, je pris mes jambes à mon cou et courus jusqu'au salon, droit sur Phobos qui écarquilla les yeux de surprise.

"Le laisse pas me crever les yeeeeux !"
hurlai-je en sautant sur le fauteuil -et par extension, sur lui.

J'étais tellement vive que je me retrouvai en moins de dix secondes recroquevillée au sommet du dossier, après avoir escaladé Phobos. Le cygne poussait des sifflements furieux en approchant d'un air menaçant, battant des ailes sans pour autant s'envoler. Je savais que le temps m'était compté ; je ne pourrais rester perchée bien longtemps. Aussi je penchai la tête en avant pour me retrouver juste devant celle de Bobos -même si nous étions à l'envers- et lui collai ma main devant le visage :

"Tu vois combien de doigts ? Dans les rêves on a plus de doigts !"

Je venais de compter et laissai échapper un glapissement terrorisé, car j'en avais cinq.

"Okay, je ne dors pas. Tout ça, c'est bien réel. C'est en train de se passer."
réalisai-je, ratatinée sur le dossier du fauteuil -heureusement que c'était un grand fauteuil, genre un trône. "C'est encore de ta faute, c'est ça ? Tu trouves ça drôle de me faire visiter ta maison de campagne ? Et franchement, c'est nul d'avoir un cygne de compagnie. Les gens normaux ont des chiens. Ou des chats. Ou des pingouins étant donné le temps dehors."

En guise de réponse, le volatile sautilla vers moi en poussant cette fois-ci un drôle de râle, comme un grognement rauque. Je le fixai avec appréhension.

"Il va... appeler sa meute ?"
fis-je en le désignant d'un doigt tremblant.

Y en avait d'autres des comme lui ? Je n'avais pas spécialement envie de les rencontrer. Bon sang... qu'est-ce que je faisais ici ? Je recomptais mes doigts pour être sûre, mais non, j'étais bien réveillée. Même si je nageais en plein délire. Qui aurait cru que Bobos faisait un élevage de cygnes tarés pour passer le temps ?

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________________________________________ 2016-04-21, 11:32


We are dust and shadows
Don't cry, mercy. There's too much pain to come...



    Parfois au milieu de la nuit, je me dis que les choses vont changer. Mais après un temps, je me rend compte que ça ne sera pas le cas. Car pour que les choses changent, il faut vouloir les changer et je n'en ressens pas le besoin. J'étais assis là sur ce fauteuil, comme la plupart des nuits, avec un whisky posé à côté de moi et le regard perdu dans le vide. Je n'entendais plus la voix du Sable dans ma tête. Quelque part, elle me manquait, car quand elle était là, elle me rassurait, elle me guidait, elle me faisait garder espoir.

    Il m'arrivait parfois de tourner la tête vers la fenêtre et de voir au dehors une aurore boréale. C'était un spectacle auquel j'étais habitué depuis que j'avais aménagé dans cette maison, au bord du lac. Elle était cachée aux yeux des dieux, au yeux des mortels et j'étais le seul à pouvoir y entrer à ma guise. C'était le meilleur refuge qui soit et le meilleur endroit pour réfléchir, se ressourcer et se préparer à toute éventualité. Je n'avais pas encore décidé à quoi ressemblera mon futur. Je ne voulais pas encore faire changer les choses. Je n'étais pas prêt. Mais parfois le changement ne vient pas de nous...

    Une jeune femme était entrée dans la pièce et elle m'avait appelée par mon nom. J'avais tourné la tête dans sa direction, buggant quelques secondes en me rendant compte qu'il s'agissait d'Apolline, la fille de l'un de ces dieux. Je ne m'étais pas posé la question de comment elle avait réussi à venir, car à dire vrai je savais qu'elle était arrivée. Je n'avais juste pas compris de suite ce que cela pouvait impliquer. Quelques minutes auparavant, j'avais sentis quelque chose, une nouvelle aura dans ma maison. J'avais sentis un nouveau contact avec le Sable Noir, au moment même où je pensais au lieu que j'avais avec lui à l'époque. Cette aura avait circulé dans la maison et des craquements s'étaient fait entendre. Je pensais juste que c'était encore ce cygne de malheur, sans vraiment réfléchir au fait que les pas étaient trop irréguliers, alors qu'un animal marchait toujours de la même manière. C'était donc elle et je le savais, mais je n'avais pas tilté de suite et voilà qu'il était trop tard. Elle m'avait vue, elle pouvait peut-être me sentir et elle était en train de se précipiter sur moi, grimpant en haut du fauteuil en hurlant qu'un cygne garou était en train de l'attaquer.

    « Ca suffit !! » hurlais-je à l'encontre d'Apple en me levant d'un bond tandis que le cygne était en train de bondir sur nous. D'un geste rapide des deux mains, je l'avais fait tomber en cendres. Ce n'était qu'une création de Sable Noir comme tant d'autres. En pensant à Aphrodite, je l'avais fait apparaître pour voir en quoi ils étaient liés, tout comme j'avais fait apparaître diverses autres choses touchant mes parents ou ceux que j'avais combattu, tel que ce marchand de sable de pacotille. J'avais passé mes mains dans mes cheveux, les ramenant en arrière avant d'observer la jeune femme et de me poser enfin la question de comment elle était arrivée jusqu'ici ?

    « Pas de meute. Pas de cygne. Juste toi. Et tu n'as rien à faire ici ! »
    prononçais-je d'une voix claire, net et précise.

    « Descend de ce fauteuil. »

    Ce n'était pas un ordre, mais une action qui allait se dérouler sous mes yeux et immédiatement, car le fauteuil venait de disparaître à son tour et la jeune femme était tombée genoux face au sol. Le tapis avait sans doute retenu sa chute et limité les dégâts, mais je me doutais qu'elle devait avoir mal. Voilà ce qui arrivait quand on grimpait n'importe où et qu'on rendait visite à son geôlier sans le prévenir auparavant.

    J'avais quelques pas dans la pièce, me demandant ce que je pourrai bien faire d'elle. J'avais bien compris qu'on était lié et que je ne pouvais la tuer ou la blesser sans sentir moi même une douleur. D'où le fait d'ailleurs que je savais qu'elle avait mal au genoux, mais contrairement à elle, je pouvais occulter une douleur aussi insignifiante. Ce qui m'importait de toute façon n'était pas de me plaindre, mais de comprendre ce qui venait de se passer. Elle était arrivée ici, dans un endroit invisible aux yeux de tous et... bien entendu...

    « Tu dormais ? Tu étais endormie et tu as rêvée de cet endroit ? »

    Je m'étais dirigé jusqu'à elle, la prenant par le bras pour la forcer à se relever. J'avais peut-être tiré un peu trop fort. Puis, je l'avais assise sur une chaise de sable noir qui venait d'apparaître. Il était inutile de la ligoter, car comme je pouvais la sentir, je pouvais aussi la retrouver... Et peut être qu'elle en était également capable. C'était un nouveau problème qui se présentait à moi.

    « Sais-tu où on est ? Tu as parlé de ces rêves à quelqu'un ? »

    Aphrodite ? Le caméléon ? Ou qui que ce soit d'autre était au courant ? Ca pourrait nuire considérablement à mes plans, même si pour le moment ils étaient quasi inexistants. Mais on ne devait pas trouver l'endroit où je me trouvais. Je ne pouvais pas la laisser s'en aller. J'avais approché ma main de sa tempe et je l'avais posée tout contre. Je devais savoir.

    Mon esprit vagabondait à l'intérieur du sien tandis que j'entendais les cris plaintifs de la jeune femme. Elle n'était pas encore habituée à ses intrusions. J'avais capté une discussion avec son père. Elle l'avait sans doute revue depuis. Une autre avec une jeune femme qui perturbait mes sens. Elle était jeune, elle semblait être entourée de Sable Noir elle aussi. Puis des discussions avec un jeune homme. Je l'avais vue lui aussi lors de notre petite excursion sur la lune. Il ne m'inspirait pas confiance, mais son aura était neutre et ne laissait rien présager de puissant. Il était insignifiant comme la plupart des personnes présentes. Les dieux aimaient mettre en danger de simples mortels lors de leurs exploration. Une preuve encore qu'ils étaient insouciants du danger et de la vie d'autrui. J'étais sur le point de quitter l'esprit d'Appel, quand quelque chose avait captivé mon attention.

    Elle était allongée lors d'un rêve, quand une forme sombre s'était approché d'elle. Je ne pouvais ni distinguer ses traits, ni sentir son aura. Il semblait ne pas en avoir ou alors il avait la faculté de la cacher. Je ne savais pas si il s'agissait d'une fille ou d'un garçon. Il avançait tel une ombre et il s'était assis à côté de la jeune femme. Sa main s'était mise à caresser ses cheveux avant de se poser contre sa tempe. Il murmurait quelque chose d'indéchiffrable. Je voulais en voir plus, mais c'était impossible. Puis tout à coup une aurore boréale remplaça ce décors et je voyais Apple contempler ma maison de l'extérieur. Il était temps de sortir de sa tête. C'était la première fois qu'elle venait ici et elle n'avait rien pu dire à personne.

    « Tu ne peux pas repartir. »
    avais-je dit d'un ton catégorique en me détachant d'elle. Il était impossible pour la jeune femme de nous quitter. Car cette fois ci elle parlerait. On ne devait pas trouver cet endroit. Il devait bien avoir un moyen d'effacer ce qu'elle avait vue, de lui faire oublier sa visite ici. Je pouvais entrer dans son esprit, mais je pouvais aussi sans doute y changer certaines choses. Je me devais d'essayer, mais pas pour le moment. Je n'avais pas assez de forces. Chaque entré dans son esprit me prenait beaucoup d'énergie. Il allait falloir attendre un peu. Je m'étais retrouvé du coup face à elle, la regardant de bas en haut et me demandant ce qu'elle faisait ici, pourquoi elle était venue et surtout... qu'est ce qui la poussait à ne pas avoir peur de moi.




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Nul espoir survivra...
...l'Amour périra.


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________________________________________ 2016-04-25, 20:01

My Dreams are getting darker and darker...
Je devais l'avouer, j'étais un peu flippée. Rencontrer un cygne aussi agressif dans un endroit calme comme celui-ci, ça avait de quoi perturber n'importe qui. Bobos aurait dû comprendre au lieu de s'énerver tout de suite. Il réduisit le volatile en cendres et j'écarquillai les yeux devant tant de barbarie. Ok, je me sentis aussitôt soulagée, mais ce n'était pas une raison ! Il aurait pu faire apparaître une cage en sable noir, ou je sais pas ! Il n'était pas obligé de le tuer !

Quelques secondes plus tard, je baissai les yeux en réalisant qu'il n'y avait plus de fauteuil sous moi. Je relevai la tête vers le jeune homme avant de pousser un cri paniqué en tombant au sol. Parfois, j'avais l'impression que ma vie était un cartoon. En plus, Phobos avait un air sournois à la Vil Coyote, et il avait déjà plumé Bip Bip. Enfin, le cygne-garou.

Je frottai mes genoux qui avaient accusé le choc, tout en grimaçant. Puis je renversai de nouveau la tête en arrière, écartant mes cheveux ébouriffés devant mes yeux.

"Oui je dormais ! Pourquoi tu crois que je comptais mes doigts ? Je voulais être sûre que je ne rêvais plus ! Tu sais vraiment rien, toi."

En même temps, il avait avoué qu'il était une coquille vide, lors de notre excursion sur la lune. J'aurais pu avoir de la peine pour lui s'il n'avait pas essayé de tous nous tuer en se servant de moi. Je n'avais toujours pas digéré sa combine.

Il m'attrapa brutalement le bras pour me forcer à me relever. Je poussai un couinement de douleur avant de donner de petites tapes sur sa main pour qu'il me lâche, ce qu'il fit après m'avoir assise sur une chaise sortie de nulle part. Il voulut savoir si j'avais parlé de mes songes à quelqu'un.

"Evidemment, j'ai averti toute la ville !" fis-je en roulant des yeux. "Tu crois vraiment que je vais me vanter de rêver de toi ? Je préfèrerais largement rêver d'Anatole, ça serait beaucoup plus intéressant."

Je coulai un regard dédaigneux dans sa direction mais il ne le remarqua même pas. Je n'étais qu'une fourmi pour ce détraqué. Une fourmi qui se glissait dans ses plans et qui le contrariait. Il le savait aussi bien que moi, ce qui le poussa à faire une nouvelle balade dans mon esprit. Je voulus résister mais il était déjà à l'intérieur. Il vagabondait, provoquant des impulsions dans mon crâne, comme des coups de jus. Je me mordis les lèvres, ne sachant plus où je me trouvais, oubliant presque jusqu'à qui j'étais.

Puis, brusquement, je me sentis de nouveau libre. Je soulevai les paupières et aperçus Phobos, qui se tenait juste devant moi, le visage fermé. Il m'annonça que j'avais gagné un séjour prolongé dans son manoir. Non merci.

Il était catégorique, pourtant. Il m'observait d'un air à la fois perçant et intrigué. Je lui renvoyai le même, posant nonchalamment un coude sur le dossier de la chaise. Avait-il remarqué que je n'avais pas peur ? Tout le mal avait été déjà fait. A moins de m'amputer d'une jambe, il ne pouvait pas faire pire que d'entrer par effraction dans mon esprit, ni de m'utiliser pour atteindre mes proches. Il avait déjà joué toutes ses cartes, le mal rasé.

"D'accord, je reste, mais toi tu pars."
annonçai-je en croisant les bras.

Il parut surpris de ma répartie.

"Je ne vais pas supporter ta présence. On n'est pas potes, encore moins un couple, et comme on est juste vaguement cousins, la seule fois où on serait logiquement obligé de se voir, ça serait pour les repas de famille. Et comme tu n'es pas du genre familial, on n'est pas censé se recroiser. Tu veux m'enfermer ici, je suis ok, mais je ne veux pas voir ta tête."

Le deal me semblait correct. Il allait forcément refuser puisque je me trouvais chez lui, mais j'avais le droit d'établir des exigences, moi aussi. Je le toisai d'un air plein de défi dans mon pyjama avant de réfléchir et d'ajouter :

"En fait... tu es un idiot."

J'esquissai un sourire goguenard.

"Oui, tu es un idiot, Phobos Black. Tu veux m'empêcher de repartir, mais tu ne peux pas. Même si tu me ligotes, si tu m'enfermes, tu ne peux rien faire. J'ai un super pouvoir : je peux m'en aller à n'importe quel moment, comme je suis venue, et tu ne rendras même pas compte !"

Je jubilai presque. C'était génial de réfléchir aussi vite, d'avoir des tonnes d'idées ! Je sentais presque mes neurones s'agiter dans mon cerveau. Aucun doute : la réalité était nettement plus éclatante que le virtuel ! Bon, je ne savais pas du tout comment partir de cet endroit, mais je croyais en ma bonne étoile : je savais que j'allais y parvenir à un moment donné. Il fallait rester optimiste ! Le plus savoureux était de voir Phobos totalement démuni face à cela.

"Je vais te glisser entre les doigts comme du sable, alors autant s'y préparer." dis-je d'un ton sérieux tout en haussant un sourcil. "Si j'étais toi, je chercherais plutôt une compensation pour que je ne raconte pas ce que j'ai vu ce soir. Fais ton offre, j'ai pas toute la nuit."

J'avais achevé très vite, d'un air presque lassé, tout en rejetant ma chevelure en arrière d'un geste blasé, avant de m'accouder de nouveau sur le dossier.

Allez Phobos, fais monter les enchères.
Et attention, je suis dure en affaires.

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________________________________________ 2016-04-26, 18:16


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    Elle avait une crinière pas possible qui aurait dû être coupée. Ce n'était pas conseillé d'avoir tant de cheveux quand on était une guerrière et même quand on n'en était pas une. Elle ressemblait beaucoup à sa mère, à la différence que ses cheveux à elle partaient dans tous les sens et que du coup quand elle renversait sa tête en arrière, comme elle venait de le faire, ses cheveux revenaient tout ébouriffés devant ses yeux.

    J'avais tourné la tête dans sa direction quand elle avait évoquée Anatole. Je me souvenais très bien de ce jeune homme que j'avais croisé sur la lune et qui ne possédait aucune aura. Il ne semblait pas être fort, ni capable de rivaliser face à moi. Il était resté prudent durant tout notre séjour sur la lune et il ne quittait pas d'une semelle la jeune femme qui répondait au nom d'Ellie. Pourquoi Appoline aurait-elle préférée rêvée de lui que de moi ? Ca avait sonné tel une évidence. Elle en pinçait pour le jeune homme. Peut-être qu'il jouait simplement d'un instrument ou qu'il chantait, vue qu'il en fallait peu pour courtiser la jeune femme. J'avais tout de même réussi à la convaincre de boire un verre avec moi en évoquant juste la possibilité d'une chanson chantée par elle et moi. Ca avait été tellement facile.

    « Quoi ? » avais-je murmuré quand elle avait annoncée catégorique qu'elle restait, mais que moi je devais partir. Se souvenait-elle qu'on était chez moi et que ma place ici n'était pas à déterminer ?

    « Je suis un idiot ? »

    Ce n'était pas réellement une question. Elle m'avait insultée et je lui laissais simplement une chance de revenir sur ce qu'elle venait de dire. A elle de voir si elle allait saisir sa seule et unique chance, ou si je devrai tout compte fait me débarrasser d'elle. C'était une chose à laquelle je n'avais pas encore songé, car je savais que ça reviendrait à me faire du mal à moi même, mais je pourrai très bien passer du temps pour trouver une possibilité de la tuer, sans me tuer en retour. Tout était possible de toute façon, il suffisait juste de trouver le moyen.

    Mais elle ne voulait pas s'excuser, elle avait plutôt enchérie à vouloir obtenir quelque chose de moi en retour de son silence. J'aurai pu entrer dans son jeu et à dire vrai, l'idée m'avait effleurée l'esprit. Mais j'avais bien mieux à lui proposer. Je m'étais approché d'elle, tandis qu'elle ramenée une nouvelle fois sa chevelure en arrière, cette fois ci d'un geste blasé. Ce geste m'agaçait au plus au point. Une fois à sa hauteur, je m'étais accroupis, lui faisant face, sans laisser transparaître la moindre expression. Puis, j'avais posé mes mains sur les siennes, qui étaient elles même sur l'accoudoir du fauteuil. Je les avais caressées un petit moment d'avant en arrière et quand elle avait voulu les retirer, je les avais maintenus fermement entre mes doigts. J'avais serré une nouvelle fois, la regardant bien droit dans les yeux. C'était là que le mal dominant devait s'imposer face à sa meute de cygnes garou ou d'Apple ingérable.

    « Écoute moi bien, Appoline. Je ne le répèterai pas deux fois. Ici, c'est chez moi et tu n'es pas la bienvenue. Mais maintenant que tu es ici, je ne peux pas te laisser partir aussi facilement que tu es venue. Tu crois peut-être que c'est simple d'entrer ici et dans un sens, tu as raison, vue que tu en es la preuve. Mais il est bien plus difficile d'en partir. »

    Je ne pensais pas que quelqu'un arriverait à trouver l'emplacement de cette maison aussi facilement. En tout cas une chose était sûre, si quelqu'un pouvait y arriver, ça n'était qu'elle, car on partageait certaines choses qui faisaient que ça lui donnait quelques facilités à me trouver. Mais tant que j'étais ici, tant que je demeurais à ses côtés, j'étais sûr et certains qu'elle ne pourrait pas repartir. Elle jouait à un jeu dangereux en me faisant croire que c'était le cas et j'entrais effectivement dans son jeu en lui faisant croire que j'étais bien plus malin qu'elle. Je ne savais pas si j'allais me prendre un mur ou non, mais quoi qu'il en soit, je n'avais pas grand chose à perdre. Elle savait désormais où je vivais, si elle repartait, je perdrai tout. Je devais jouer le jeu jusqu'au bout et garder la balle dans mon camps.

    « Cette maison est composée uniquement de Sable Noir. Ce lieu est protégé par ce même Sable Noir que tu connais si bien. Et entre nous deux, je suis celui qui le manipule le mieux. Ne tente pas de partir de cet endroit, tu n'en récolterait que des maux de crânes. Je vais tenter de trouver une solution pour te permettre de me quitter sans craindre quoi que ce soit, mais en attendant, ta vie aura désormais lieu ici. Si tu tentes d'en partir, la première fois ça sera des maux de crâne, car je pourrai facilement le supporter, mais les fois suivantes, je pourrai me montrer bien plus violent. N'oublie pas que mon corps accuse plus facilement le coup que le tiens. Je suis un véritable guerrier, tu n'as pas été créé pour les même choses. »

    J'avais serré un peu plus ses mains avant de la relâcher et de me relever. Je me tenais désormais face à elle, penchant la tête pour l'observer, car elle était toujours assise, trop occupée à se masser les mains. Quand à moi, je pouvais très bien supporter une douleur aussi insignifiante. Les minutes qui suivirent, je les avais passés à l'observée. Quelque chose en elle me perturbait grandement et je n'arrivais à distinguer quoi. Ces minutes de répits m'avaient permis de faire le point, de me poser une foule de quelques sur elle et de trouver certaines réponses. Mais une restait toujours en suspend.

    « Pourquoi ? » demandais-je en gardant une mine septique. « Pourquoi tu n'as pas peur de moi ? »




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Nul espoir survivra...
...l'Amour périra.


Apolline Méléon
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »

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| Conte : Intrigue Divine
| Dans le monde des contes, je suis : : La fille du draméléon et de la déesse de l'amûûûr

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________________________________________ 2016-05-01, 11:15

My Dreams are getting darker and darker...
Phobos essayait de me faire un cours, mais il était mal tombé s'il pensait que j'allais écouter sagement. Je n'aimais pas tout ce qui s'apparentait à une leçon. J'étais partisan (partisante ? Partisane ? Peu importe) de l'école de la vie. J'étais persuadée que tout était là, prêt à être cueilli, et qu'il ne servait à rien de s'abrutir à lire ou à apprendre des choses ennuyeuses. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle j'étais fermement opposée à aller au lycée, même si mon entourage semblait penser que c'était une bonne chose. Sur ce coup-là, j'en voulais un peu à Anatole car il avait encouragé mes proches à m'y inscrire. Pensait-il parvenir à se débarrasser de moi de cette façon ? Connaissait-il le terme "école buissonnière" ? Je pouvais très bien sécher les cours. D'ailleurs, c'était mon ambition la plus profonde. Hors de question que je perde mon temps avec des idiots boutonneux. Je n'avais aucune tare génétique : j'étais née à partir d'un logiciel mon génie de frère avait fait le reste.

Un éternuement m'arracha la gorge, sans prévenir. Je n'avais eu que le temps de plaquer une main devant ma bouche, Stupéfaite, je reculai légèrement cette dernière alors que Phobos m'observait d'un oeil perçant, comme si je l'avais fait exprès.

"Il fait trop froid chez toi !"
me plaignis-je. "Je vais tomber malade si ça continue !"

Je le fixai d'un air furibond avant d'éclater de rire. Puis je levai les yeux au ciel d'un air amusé.

"Tomber malade... comme si ça pouvait m'arriver ! Je suis trop parfaite pour avoir un rhume. Le nez qui coule, c'est pour les loosers."
assurai-je.

Mes narines me démangeaient un peu. C'était une drôle de sensation. Je n'aimais pas trop ça. Pourquoi avais-je l'impression que mon corps réagissait exactement à l'envers de mes propos ? Il avait envie de me contrarier. Franchement, c'est un peu angoissant de s'apercevoir qu'on ne contrôle pas sa propre enveloppe corporelle.

Je me mordis légèrement les lèvres mais décochai un regard farouche au jeune homme en face de moi. De quoi parlait-il, déjà ? Ah oui, sa maison en sable noir.

"Félicitations pour tes talents d'architecte."
dis-je en lui tapotant le bras avec un sourire ironique. "Au moins, tu n'es pas tombé dans le cliché du château de sable. Le manoir sombre et inquiétant, c'est beaucoup plus ton style."

Il cligna des yeux, dérouté par mon sens de la répartie. Je grimaçai en sentant ses mains serrer fortement les miennes, comme s'il cherchait à me broyer les os. Enfin, il les relâcha et je dépliai les doigts plusieurs fois avant d'expirer un peu d'air. Il se contenta de m'observer, les minutes suivantes. Ca manquait d'ambiance, par ici. Une petite musique de fond aurait été la bienvenue. De toutes façons, j'avais toujours une chanson en tête. En ce moment, c'était "New Romantics" de Taylor Swift. Elliot était un grand fan de cette artiste et quand je vivais encore dans son ordinateur, il me faisait souvent écouter ses playlists.

"Pourquoi tu n'as pas peur de moi ?"

Je me retins de rouler des yeux, exaspérée par sa question. A la place, je me déplaçai tout au bord de la chaise et levai la tête vers lui, les coudes posés sur mes cuisses.

"Peut-être parce que tu as l'air d'un chien écrasé ? Franchement, quand je vois ta tête, je ne me sens pas effrayée, j'ai plus envie d'appeler la SPA. Si tu veux vraiment faire flipper les gens, il faut que tu adoptes un autre style. Les vêtements, c'est pas trop mal. Ca fait bad boy un peu hors de son temps, mais y a un truc qui cloche avec ta tête... C'est peut-être les cheveux trop longs, ou alors..."

Je me levai de ma chaise et fis un pas vers lui. Pleine d'audace, je levai une main pour repousser une mèche qui tombait devant son visage. Le pâle clair de lune rendait ses yeux encore plus clairs. Je l'observai quelques instants, m'attendant à ce qu'il me repousse. Comme il n'en fit rien, je déclarai, pensive :

"C'est à cause de ton regard. Il pose trop de questions."

J'écartai ma main et le rideau de cheveux sombres masque de nouveau le bleu limpide de ses yeux. Baissant un peu la tête, j'ajoutai :

"Les véritables méchants ne demandent rien. Ils savent ce qu'ils veulent. Ils savent déjà tout. Toi tu... tu as l'air perdu."

J'avais murmuré mes derniers mots, car je ne savais pas comment il allait les recevoir. Ce n'était pas une critique, encore moins une façon de le juger. Je n'avais pas non plus envie de l'aider dans sa démarche. Plutôt mourir. Je n'étais pas un Seigneur Sith qui allait entraîner un Jedi dérouté vers le côté Obscur -Elliot aurait été tellement fier de ma comparaison avec Star Wars ! Bref... Non, je répondais simplement à la question de Phobos. A lui de voir ce qu'il en ferait.

J'observai mon pyjama et fronçai les sourcils.

"Pourquoi tu voudrais que j'ai peur ? A quoi ça t'avan...?"

Le reste de ma phrase fut étouffé par l'éternuement qui s'échappa de ma gorge. Cette fois-ci, je n'avais pas eu le temps de mettre ma main devant ma bouche. La portée de ma voix souleva quelques mèches du jeune homme qui me dévisagea. Ok... il n'avait pas apprécié que je lui tousse dessus. Normal, en même temps. Je lui décochai un regard indigné.

"Tu crois que ça me fait plaisir de t'éternuer dessus, peut-être ? Si tu me donnais des chaussettes, j'aurais moins froid ! Je me gèle les orteils sur ton plancher glacé !"
m'écriai-je en dansant d'un pied sur l'autre.

Il savait créer des maisons en sable noir, alors il pouvait très bien tricoter des chaussettes ! Je le fixais d'un air dédaigneux en croisant les bras.

"Si je tombe malade, je me mouche dans tes cheveux." le menaçai-je d'un air très sérieux.

Bien que ça ne me soit jamais arrivé, je n'avais pas envie d'attraper un rhume ni quoi que ce soit d'autre. Cela n'avait vraiment pas l'air agréable. Même si j'aimais découvrir de nouvelles choses, je préférais me passer de celle-ci.

© 2981 12289 0

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Poussière vivante, je cherche en vain ma voie lactée.
Et je divague, j'ai peur du vide. Mais mon dieu de quoi j'ai l'air ? Je sers à rien du tout. Et qui peut dire dans cet enfer ce qu'on attend de nous ?
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