Taquiner cet homme était véritablement trop facile. Je m’ennuyais même un peu, trouvant que c’était bien trop simple d’aiguiser les peurs d’un homme sur le point de se marier. Parce que bon, on avait beau dire, mais lorsque les gens étaient en couple, ils craignaient régulièrement, si ce n’était pas tout le temps, de voir leur moitié les trahir… Ils n’en étaient pas nécessairement conscients, mais j’avais toujours trouvé cette peur chez les couples.

La conversation dériva et je me pris à m’amuser en le faisant douter de son village… Ce n’était pas tous les jours que j’avais un héros à portée de main ! Il me fallait donc en profiter et quoi de mieux que de lui casser un peu plus le moral. Certes, c’était très simple de l’attaquer sur son couple ou son village, mais la véritable difficulté, c’était de faire attention à ce que les questions paraissent véritablement innocentes. Et apparemment, j’excellais dans cet art !

- Vous avez retrouvé une personne du village autre que votre compagnon ? M’étonnais-je. Mais pourquoi elle ne vous a pas recontacté, vous lui avez fait quelque chose ? M’informais-je tout en le titillant un peu. C’est bizarre… Moi quand j’ai retrouvé des gens de mon conte, on a gardé contact… Ajoutais-je, faussement songeuse.

Bon, je n’avais retrouvé que mon père, mais comme il n’y avait que lui qui m’importait, je n’avais pas vraiment menti pour le coup… Et puis, ce cher Astérix n’avait absolument pas besoin de le savoir. Il s’accrochait à un espoir que je prenais un malin plaisir à détruire petit à petit… C’était trop facile.

Quelle chance vraiment ! J’étais tombée sur un petit héros qui était très têtu. Cela m’arrangeait en fait, parce qu’il était bien plus amusant de semer le doute chez une personne comme lui que chez quelqu’un qui m’écouterait et prendrait toutes mes remarques au pied de la lettre. Je sentais que l’homme en face de moi avait peur et c’était très bien ainsi ! Cela m’avait toujours plu d’exercer mon pouvoir sur les autres et j’étais déchaînée depuis que j’avais été sous le contrôle de Yen Sid… J’avais des choses à me prouver à moi-même et savoir faire peur, semer le doute, c’était ma façon d’y parvenir.

Astérix me confia qu’il avait bien rencontré quelqu’un d’autre de son village, en dehors de son homme qu’il comptait épouser. Mais la femme n’avait pas gardé contact avec lui et je trouvais ce détail très intéressant. Visiblement, quelque chose avait fait fuir cette femme… Je m’engouffrais donc dans la brèche qu’il avait ouverte pour moi sans le savoir, m’amusant de sentir sa peur grimper doucement alors même qu’il tentait de rester calme et sûr de lui devant moi…

- Comment fais-t-on pour oublier l’un des piliers du village ? Demandais-je, l’air de rien. Je me pose des questions… Expliquais-je. Je n’ai pas l’habitude de voir des gens fuirent le héros de leur monde… Sauf quand il s’agit des méchants bien évidemment, mais je ne crois pas que cette femme ait été une ennemie par le passé, sans quoi, vous n’en parleriez pas avec des mots aussi agréables…

Beurk… Des fois, je me faisais peur moi-même. Parler ainsi, en faisant croire que j’étais une gentille, je commençais à trop bien maîtriser. Et ça, ça me faisait peur : je ne voulais pas devenir une gentille. Ce n’était pas ma nature et il était hors de question que ça change. Cependant, même si dans ma tête, c’était très clair, parfois, je jouais tellement bien la comédie que ça en devenait inquiétant…

Il commençait à m’ennuyer… Ce fichu Gaulois s’accrochait à son espoir comme une moule à son rocher. Mon pouvoir faisait bien effet, je le sentais, mais soit il était horriblement têtu, soit il était tellement convaincu parce ce qu’il me disait qu’il arrivait à ne pas se laisser submerger par la peur. Ce qui en devenait frustrant, vraiment. Ce n’était pas normal de s’accrocher autant à son passé ! Sérieusement… Quand on était dans un nouveau monde, mais que l’un des anciens personnages de mon conte disparaissait, il y avait de quoi ne pas s’accrocher à l’espoir non ?!

- De la potion magique ? Réagissais-je alors. Vous aviez une potion magique pour vous battre contre vos ennemis ? M’étonnais-je. C’est très intéressant… Elle avait quels effets cette potion ?

Je m’efforçais de ne laisser paraître que de la simple curiosité. Alors même que j’étais bien plus intéressée que ça et que quelques idées germaient déjà dans mon esprit en rapport avec ce qu’il venait de me confier. Enfin… Ce secret lui avait échappé mais je n’allais pas m’en plaindre, loin de là !

Mon pouvoir avait fait effet, me renforçant de plus en plus. Puis cet idiot se mit à me parler de choses qui auraient sans doute dues rester confidentielles. C’était assez amusant de voir comme la peur pouvait parfois délier les langues… En tout cas, je n’avais pas perdu mon temps avec lui : je venais de découvrir qu’il existait une potion magique pour rendre plus fort ! Forcément, je jouais à la curieuse et lui demandais plus d’informations. La peur chez Astérix sembla diminuer, mais cela ne m’inquiéta pas vraiment.

- Pour abattre des arbres ou des roches ? Demandais-je, étonnée. Je comprends l’utilité en cas de conflit, mais sur la nature ? Pourquoi faire ?

Je n’en avais sans doute pas l’air comme ça, mais j’aimais beaucoup la nature. Sans doute était-ce dû au fait que malgré que je sois née de la peur, j’avais été une jument durant longtemps. Cela avait forcément des répercussions sur ce que j’appréciais ou non, bien malgré moi d’ailleurs… Et c’était sans doute ce qui arrivait à Astérix : bien malgré lui, il me révélait bien des choses qui auraient sans doute été mieux cachées avec un autre que lui…

- Mais ici, vous n’en avez pas besoin de cette potion, si ? Pourquoi en auriez-vous besoin pour le travail ?

Je ne comprenais pas grand-chose à sa logique, d’autant que sa peur était revenue. Vraiment, cet homme était très étrange dans ses réactions. Un véritable cas d’étude que je n’étais pas prête de lâcher si facilement…

J’étais assez curieuse, je devais bien l’admettre. Le petit Gaulois devenu grand était un spécimen bien étrange… Il semblait être plein d’optimisme et c’était très déroutant pour quelqu’un comme moi… J’étais bien plus pragmatique et en général, je préférais les situations chaotiques au reste. Alors avoir en face de moi quelqu’un qui ne se complaisait que dans l’ordre et l’optimisme, c’était étrange. Dérangeant un peu aussi… Après tout, qui pouvait bien être constamment optimiste ?

Astérix me parla ensuite d’une potion magique, préparée par leur druide, qui les rendaient bien plus forts et rapides. Un avantage indéniable en cas de conflit, mais à quoi donc cela pouvait-il servir le reste du temps ? Curieuse, je lui demandais plus de précision et je fus assez surprise de l’entendre dire qu’ils utilisaient leur force sur la nature. Mais à quoi bon agir de la sorte ?

- Un chien bien plus intelligent que la race humaine… Commentai-je froidement.

Ces Gaulois étaient parfaitement stupides. Ils avaient eu une arme redoutable à disposition mais ne s’en étaient servis que pour de stupides démonstrations. À défaut de protéger la nature, ils auraient au moins pu la détruire pour une bonne raison et pas simplement pour des jeux ! J’étais outrée face à un tel comportement. Je n’étais pas spécialement écolo, mais en tant qu’ancienne jument, je ne faisais pas de mal à mon environnement…

- Tout ça pour de la curiosité ? Laissez donc cette potion où elle est… Déjà parce que vous n’en avez aucun besoin, mais en plus parce que la magie de ce monde est différente de celle de votre monde d’origine. Rien ne vous certifie que la potion fonctionnera comme avant, ni même si elle fonctionnera tout simplement…

C’était sans doute idiot… Mon intérêt était plutôt de mettre le bordel partout et d’avoir cette potion à disposition… Mais je ne pouvais pas m’en empêcher… Si ces abrutis de Gaulois remettaient la main sur leur druide et sa potion, je les imaginais sans trop de mal entrain de détruire ce qui nous entourait, pour le simple plaisir de faire des démonstrations ou s’amuser… Et ça, je ne pouvais pas le supporter.