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 Mama is back } Antropy & Carlisle

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Sloan Fyresciell
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________________________________________ 2018-08-18, 16:39

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Hello Darling...

Rentrer chez eux avait été beaucoup plus simple qu’il ne l’aurait cru. En réalité, il ne s’était agit que d’un banal retour en hélicoptère, bien qu’ils aient eue un passager surprise des plus… Atypiques. Un dinosaure. Sérieusement. Il avait du être véritablement épuisé pour parvenir à se laisser convaincre d’une telle chose ! C’était tout bonnement improbable, dangereux, impossible en réalité ! C’était comme… Adopté un prédateur hostile et le prendre pour un jouet. Et bien sûr, Antropy n’avait strictement pas pensé à toute la logistique que cela demandait, place, nourriture, confidentialité… Non. Bien sûr que non. Lui n’avait songé qu’à… Sauver une chose qu’il considérait comme son nouvel animal de compagnie. Las, Carlisle avait passé une bonne partie du voyage retour à soupirer lourdement, téléphonant plusieurs fois à divers contacts dans le but de parquer l’animal en premier lieu. Fort heureusement, il trouva assez rapidement, et il fut finalement décidé que Blue ferait deux escales, afin de s’assurer de sa viabilité sur un sol moins pur que celui dans lequel elle avait grandit mais aussi de son adaptation à un environnement…. Humain.

Les meilleurs comportementalistes allaient être mit sur l’affaire, et envoyer dans un des ranchs isolés que sa famille avait possédés un jour, mais n’exploitait plus et constituait une branche mineur de leurs affaires : le tertiaire.  Quand enfin, il fut assurer de l’acheminement du ‘colis’ de l’hélicoptère au Manoir, il pu enfin souffler et somnoler un peu.

Comme il l’avait prédit, le Colonel Chapman les attendait de pieds fermes à la base. Williams et Brody furent accueillis par une accolade et, après un bref salut militaire mais emplit de gratitude et de respect, Brody fut envoyé à l’infirmerie et Williams à la douche. Hammond fut prit en charge par un groupe d’homme au moins deux fois plus large que lui, et Carlisle du empêcher Opy de s’interposer, visiblement touché par cette différence de taille effarante.

-Ne t’inquiète pas pour lui. Il doit être aussi riche que toi et moi, je doute qu’il reste en prison longtemps...

A son ton, on pouvait comprendre que cela l’indignait mais en tant que chef de pègre au casier judiciaire vierge, il aurait été malvenue de se plaindre de la malléabilité du système. Il attendit quelques minutes, conscient de ne pouvoir échapper à l’interrogatoire de Chapman, bien que l’interrogatoire officiel sur les circonstances de la mort de deux militaires en mission aurait lieu dans plusieurs heures voir jours, et il fit signe à Antropy d’aller attendre à l’ombre, voir dans la voiture ou dans la salle de pause. Il répondit au question du Colonel avait autant de précision qu’il lui semblait prudent de le faire, déplorant avec lui la mort de soldats si jeunes. Le pire demeurant qu’il ne restait rien d’eux, ni plaques, ni effets personnels. Rien. Cela perça l’âme de Carlisle, se sentait soudain absolument désolé pour les deux jeunes gens qui étaient sous sa responsabilité.

La mention des mots ‘dinosaures’ et ‘création génétique’ eut son effet, le visage du militaire se métamorphosant chaque fois un peu plus en un masque d’incrédulité totale. Après un long silence, il fixa la date de l’interrogatoire officiel au lendemain, afin de convoquer quelques autres éminences que Carlisle devina militaire mais officieuse, et après un autre salut bref, il se dirigea vers la salle de pause, où Antropy s’était endormi, affalé sur une table à manger. Carlisle n’eut pas la force de sourire malgré la tendresse de l’image, le récupérant pour le porter jusque dans la voiture. Il y eue une demi-heure de voyage silencieux, puis Carlisle le porta jusqu’à l’ascenseur de leur immeuble. Quelques minutes plus tard, il alluma la lumière pour tomber nez à nez avec le calibre d’un glock.

-Thomas, le salua Carlisle, en hochant légèrement la tête.

-Carlisle, Kamarade ! s’exclama Schubner, avant de ranger son arme et de baisser d’un ton. Tu ne m’avais pas prévenu de ton retour, vieux frère !

-Navré, cela m’était sortit de l’esprit.

-Tu as l’air d’un cadavre mal fagotté, depuis quand n’as-tu pas dormi ?

L’allemand lui pinça la hanche comme une mère, et Carlisle eue tout juste la force de lui sourire, portant le roux que rien n’empêchait de dormir jusqu’à leurs lits, l’y déposant sans avoir la force de le défaire de ses vêtements. Il remonta juste la couverture sur lui, avant de quitter la pièce pour étreindre Schubner dans le couloir.

-Mein Freund, merci d’être venu. Tasha va bien?

-Kamarade, c’est l’enfant la plus sage que je connaisse, hormis Sylvia, évidemment.

Ils eurent un sourire complice, avant que Carlisle ne se dirige vers la chambre adjacente, entrouvrant légèrement la porte. Tasha dormait sur le côté, une peluche de tigre sous le bras, les cheveux emmêlés. Par terre, son livre préféré, tombé visiblement en pleine lecture. Doucement, Carlisle s’avança dans la pièce, ramassant le livre pour le poser sur sa table de chevet, avant de se pencher pour caresser le front de sa fille. Elle eue un grognement, adorable, avant de passer sa main sur son visage et Carlisle en profitant pour l’embrasser sur la joue avant de repartir dans le couloir avec Schubner.

Le débrief fut long et ponctué de nombreuses questions farfelus et Schubner finit par envoyer Carlisle au lit, non sans être passer par la salle de bain auparavant. Il lui fallut une bonne dizaine de minutes encore avant de parvenir à se glisser dans leur lit, et sentir assez rapidement Antropy venir passer son bras sur son dos, comme à son habitude.

Les jours suivant furent… D’une simplicité effarante, en comparaison de l’expérience Isla Nebular. Schubner resta quelques jours de plus, avant de rentrer en Allemagne. La rentrée étant pour bientôt, Carlisle dédia plusieurs heures par jour à aider Tasha dans sa pratique de la lecture et des maths, ayant prit une semaine de repos auprès du laboratoire. Cela ne l’empêcha pas de travailler mais il en avait un cruel besoin. Il se surprit également à appeler ses sœurs, se découvrant cette fameuse ‘fibre familiale’ qu’il n’avait jamais comprit. Si l’appel avec Indiana fut court et concis, celui avec Avie fut étrangement long et même… Doux. Elle demanda même des nouvelles d’Antropy, ce qui les surprit autant l’un que l’autre mais cela lui fut franchement agréable et il raccrocha avec un sourire apaisé.

Au bout de cinq jours, il organisa une sortie au Manoir. Après plusieurs réflexions, c’était le seul endroit où ils pouvaient accueillir Blue et des aménagements y seraient nécessaire. Il avait prévu de s’y rendre seul, mais Tasha insista pour voir ‘la grande maison’ et Antropy décida de les accompagner aussi, ce qui transforma le tout en une nouvelle après-midi familiale. Armée de ses bottes de caoutchouc du à l’automne naissant, Tasha était habillé d’un ciré jaune et d’une robe que Carlisle n’aurait su qualifier mais Tasha et Antropy l’aimant beaucoup, il n’avait pu que plier. Cela aurait donc du être une belle après-midi familiale dans la demeure familiale.

C’était sans compter sur Mère.

Dès que Carlisle gara la voiture, il su qu’il y avait une problème. Une voiture, rouge, était garée sous le porche des écuries, et il n’avait pas reçu le moindre appel de la part de ses employés concernant une intrusion.

-Vous restez dans la voiture, commença-t-il, mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase.

En haut des marches, la lourde porte venait de s’ouvrir. Et un visage haït apparut, un vaste sourire aux lèvres. Elle eue même le culot de leur adresser un salut de la main, descendant les marches, alors même que Carlisle se figeait. Il aurait du faire demi-tour immédiatement. Partir et appeler la police. Mais la rage lui enserra les veines. Et un masque de marbre revint sur son visage.

-Vous restez ici, exigea-t-il, se détachant avant de sortir, provoquant une douzaine de questions de la part de Tasha.

-Carlisle ! Trésor, quel plaisir de te voir. Tu ne m’avais pas prévenu, j’aurais fais du thé en ton honneur si je...

-Qu’est-ce que tu fais ici?

Le ton était si sec en comparaison du mielleux du sien qu’elle en bâtit des paupières, portant une main à son coeur.

-Mais… Enfin, trésor, c’est ma maison !

Elle le dit comme si il s’était agit d’une blague amusante, continuant à descendre les marches jusqu’à venir se planter face à lui.

-Ne vas-tu donc pas saluer ta mère, mon chéri ?

Carlisle la dévisagea avec effroi, la haine lui entravant la gorge. Elle eue une sorte de haussement d’épaule, mesuré, avant de se pencher pour regarder la voiture.

-Oh, je suppose que tu as amener ta famille avec toi. Est-ce que je vais enfin pouvoir rencontrer cette chère Natasha ?

-Tasha. Et il est hors de question que tu la rencontres.

-Natasha ! Bonjour, je suis ta grand-mère ! hurla-t-elle à demi, en direction de la voiture. Tu n’as pas envie de me rencontrer ? J’ai fais des gâteaux !

-Je peux savoir ce que tu fais?

D’un pas, il se mit entre elle et le véhicule, la fusillant du regard malgré son air avenant et doux.

-Eh bien j’essaie de rencontrer ma petite-fille, qu’y a-t-il de mal à ça ?

Il aurait pu la tuer. Immédiatement. La pousser en arrière et laisser son crâne se fracasser sur la pierre. Cela lui aurait fait beaucoup de bien. Mais au lieu de cela, il se figea, entendant le son si particulier de la portière de voiture que l’on ouvre...

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________________________________________ 2018-08-23, 21:49


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« Pourquoi papa il veut qu’on reste dedaanns ? »

Tasha avait cette façon qu’ont les enfants de parler, avec cette dernière syllabe trainante lorsqu’ils voulaient absolument savoir quelque chose. Une chose qui refusait une absence de réponse claire, bien qu’il soit très compliqué de satisfaire la curiosité des plus jeunes. Elle était en plein dans l’âge où tout était sujet à interrogations, demandes, questions, hypothèses et tant d’autres choses qui faisaient d’elle un véritable moulin à paroles.

Si je n’en étais pas toujours dérangé, pipelette moi-aussi d’après les dires de certains, ça pouvait parfois créer d’étranges situations cocaces lorsque nous étions en dehors de notre petit noyau familial… Tasha était très intelligente pour son âge et elle le savait. Elle avait ce talent, parfois, de manipuler son interlocuteur sous nos yeux et avec un aplomb digne des plus grands films de cinéma ! Incertain de devoir la gronder ou la féliciter pour son exploit, j’échangeai un coup d’œil intrigué avec on mari dans ces cas-là et attendais de voir où cela allait nous mener. Bien souvent, elle obtenait ce qu’elle voulait. Elle prenait de Carlisle. Je pouvais le constatait jour après jour et ça ravivait mon orgueil, même si elle gardait ce petit brin d’innocence de l’enfance. Mais la voir imiter celui, droit et fier, qui partageait notre vie avait de quoi mettre un baume indélébile autour de mon âme. Elle le considérait comme son père. Il la considérait comme sa fille. Et c’était tout ce qui comptait.

« Je ne sais pas, mon cœur. »

Dis-je, laissant la fin de ma réponse en suspend tandis que je détachai ma ceinture pour essayer d’y voir à travers les vitres. Carlisle avait garé le véhicule de sorte à ce que nous soyions orientés vers les écuries, et nullement en direction du manoir. Hors, c’était là-bas que je l’avais vu avancer et je craignais de découvrir ce qui lui avait fait faire ça… Un ancien ennemi ? Louis ?! Non. Louis était mort. Je ne pus quand même pas retenir le frisson glacé qui parcouru mon échine à son vague souvenir. Alors qui ?

« Papa ! Tu dois pas te détacher dans la voiture ! » S’indigna ma fille. « C’est la règle ! »

Je grimaçai, fautif. Nous essayions de lui apprendre plusieurs règles – de bienséance, bonne manière ou simplement de savoir vivre et de sécurité – mais je venais d’en enfreindre une. Encore. Si je disais de ne pas en parler à Carlisle, elle allait vouloir faire pareil et j’aurais aggravé notre cas. Si je m’excusai, elle risquait de considérer qu’une faute avouer valait un manque de sécurité. Perdu encore. Ce n’était jamais simple de discuter face à un enfant en fait ! Surtout une petite fille qui analysait tout et était capable de comprendre plus de choses qu’elle ne le devrait.

Je designai ma ceinture, encore dans ma main.

« Quand la voiture est arrêtée, papa peut se détacher pour essayer de comprendre ce qu’il se passe dehors. » Tentai-je, me penchant vers elle pour sonder la vitre juste derrière sa tête. « Même si je ne vois pas grand chose… »

En fait, je venais de discerner une tignasse rouge mais Carlisle se plaçait stratégiquement devant pour que je ne puisse pas voir son visage. Il n’y avait pas beaucoup de rouquins dans l’existence de mon mari : son meilleur ami, ses deux harpies de sœurs et sa mère. Mais cette dernière se trouvait enfermée dans un hôpital sous haute sécurité… Je déglutis, fronçant les sourcils, ce qui eu pour effet d’inquiéter Tasha qui s’agita sur son siège. Elle tenta de s’approcher de la fenêtre pour voir au travers.

« Assis-toi. » Dis-je, ferme.

Elle fit la moue.

« Mais papa ! Je veux aller voir papa ! »

On y était, voilà qu’elle faisait la forte tête. Elle nous imitait d’un peu trop près, cette petite.

« On ne va pas voir… »

« Natasha ! Bonjour, je suis ta grand-mère ! Tu n’as pas envie de me rencontrer ? J’ai fais des gâteaux ! »

Plait-il ? C’était qui cette Natasha ? JE grimaçai, il n’existait qu’une famille au monde qui l’appelait de la sorte et c’était celle de Carlisle. Mais… Attendez, Grand-mère ?! Qu’est-ce que c’était que le délire, là ? Je n’avais pas signé pour une grand-mère moi ! Tasha n’en possédait qu’une et elle se trouvait bien loin d’ici, en Angleterre précisément, donc ça ne pouvait pas être…

« Grand-mère ?! » S’exclama Tasha, le visage soudain éclairé d’un large sourire émerveillé. « Mamie est là ?! »

Je n’eus pas vraiment le temps de la détromper sur l’identité de la personne qu’elle s’était déjà détachée et avait tiré le clapet de sa portière. Je savais qu’on aurait du remettre la sécurité enfant avant de prendre la voiture… Car voilà qu’elle bondissait à l’extérieur dans l’air humide de l’orage et que je n’avais d’autre choix que de l’imiter, me précipitant à l’extérieur.

« Tasha ! » M’exclamai-je, alerte.

Trop tard. Je venais de voir Elisabeth Evil et son petit sourire si hypocrite que j’en avais la nausée à y repenser, tout comme son air prodigieusement satisfait lorsqu’elle découvrit sa petite-fille courir dans sa direction ! Elle était plus petite que dans mes souvenirs, plus mince aussi et plus pâle. Mais elle possédait ce regard sombre qui la caractérisait si bien et… Cette aura malveillante qu’elle ne parvenait même pas à faire disparaître, que son expression exprime de la surprise et du bonheur feint ou pas.

Le cœur tambourinant mon torse, je fus presque rassuré lorsque je vis notre fille ralentir ses pas et s’arrêter à hauteur des jambes de Carlisle, observant l’étrangère avec une expression soudain timide. Ses cheveux roux étaient nattés en arrière par celui-là même qu’elle venait de rejoindre, dégageant son visage aux tâches de rousseurs discrètes mais présentes. Dans son ciré jaune, elle paraissait infiniment fragile. Je sentis une bouffée de rage m’envahir, prêt à bondir pour protéger ma progéniture si cette femme osait s’approcher d’un peu trop près d’elle !

« Natasha ! Je suis si contente de te voir enfin ! »

Le ton mielleux d’Elisabeth me parvenaient jusqu’aux oreilles et j’avais envie de l’étouffer avec. Méfiant, je refermai la portière et contournai la voiture pour faire de même avec celle de Tasha. Tasha. Pas Natasha, mais Tasha. C’était pas compliqué pourtant ! Lorsque je m’approchai, notre fille avait passé un de ses bras autour de la jambe droite de Carlisle et je vis la main de celui-ci se poser sur sa tête, protectrice. Cela me rassura, en partie.

« Je suis ta grand-mère, Lisbeth ! Tu es si jolie… »

Elle s’accroupit face à Tasha et tendit la main, dans le but évident de l’inviter à s’approcher. Tasha leva les yeux vers Carlisle, interrogatrice.

« On ne dirait pas mamie ? »

« Ca, c’est parce que je n’ai jamais pu te voir, encore. Mais je suis la mère de Carlisle.  »

« Pourquoi tu ne pouvais pas me voir ? »

Sa petite voix attendrissante… Je parvins à leur hauteur, remarquant enfin un coup d’œil dédaigneux de la part de celle qui avait détruit mon compagnon par le passé. Je ne dis rien, ne voulant pas spécialement effrayer ma fille, mais je craignais la réponse.

Elisabeth poussa un soupir si lourd qu’on aurait pu croire à de réels regrets.

« Ton papa ne voulait pas parce que j’habitais dans une autre maison. Une maison très particulière où les enfants ne sont pas admis. Mais aujourd’hui, il a changé d’avis ! Et comme je suis de retour au Manoir, nous aurons tout le temps de faire connaissance, qu’en dis-tu ? »

Moi j’en disais qu’on devrait laisser Blue la dévorer quand elle arriverait… Mais ça ne tenait qu’à moi. Puisque Tasha décida, après un instant, de tendre la main pour finalement serrer celle d'Elisabeth. Grand dieu, pourquoi lui avions-nous appris à être polie déjà ?!

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________________________________________ 2018-08-26, 11:14

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Dès qu’il la senti contre sa jambe, le réflexe vint de lui même. Tourner légèrement, poser une main sur son crâne. Une protection instinctive, évidente, qui alluma une lueur surprise dans le regard de Mère. Probablement n’aurait-elle elle non plus pas penser que Carlisle puisse un jour avoir des élans familiaux. Elle s’était bien chargée de l’en rendre incapable. Et pourtant… Il la fusilla du regard quand elle lui coupa la parole, l’empêchant de répondre à sa fille, et lui servant de ce ton mielleux dont elle avait le secret la réponse la plus fausse du monde. Sentir la présence d’Antropy dans son dos ne le rassura pas, ayant désormais deux personnes à protéger face à ce monstre, mais cela lui donna beaucoup plus de force également.

-Ce n’est pas moi qui ai changé d’avis, Mère.

Son ton était cassant, sec. Volontairement agressif.

-Voyons Carlisle, tu peux m’appeler Maman, minauda-t-elle, relevant les yeux vers son fils. Mais, ne parles pas si sèchement, tu vas finir par faire peur à Natasha. D’ailleurs, connais-tu ce mot, ma chérie ? Le mot ‘maman’?

Sèchement, Carlisle fit un pas en avant, s’interposant entre elle et Tasha.

-Pour la dernière fois, elle s’appelle Tasha, et je ne me rappelle pas t’avoir donné le droit de lui parler.

-Le juge s’en est chargé, dit-elle simplement, se relevant en époussetant sa robe rouge.

-En présence d’un assistant social uniquement.

Contre sa jambe, il put sentir les mains de Tasha se serrer, trahissant la peur que pouvait ressentir sa fille de le sentir si tendu et agressif. Tasha était très réceptive aux émotions, son pédiatre leur avait dit qu’il s’agissait d’une très bonne chose mais qu’il fallait aussi la manéger afin d’éviter toutes crises d’angoisses potentielles.

-Très bien ! Si tu l’exiges, je vais l’appeler comme ça vous pourrez repasser dans l’après-midi ! Ou même vous pourrez rester, afin de me surveiller. Il me semble que c’est un rôle dans lequel tu excelles, mon fils.

-Papa ? chuchota soudain la voix de Tasha, à demi cachée contre la jambe de son père.

L’espace d’un instant, il resta figé, la fusillant du regard avant de baisser les yeux vers sa fille, lui caressant le crâne.

-Oui Tasha?

-Est-ce que ça veut dire qu’on va pas pouvoir voir les chevaux ?

-Bien sûr que si, ma chérie ! Viens, donne moi la main et nous allons aller voir Val d’Hiver et Baudelaire !

Elle lui tendit la main, s’attirant le regard surpris de Tasha, qui se tourna de nouveau vers Carlisle, puis vers Antropy.

-Val… D’Hiver ?

-Vif d’or et Bouchon.

-Ah ! Oui !

Le regard interloqué de Mère ne dura qu’un instant, mais le mépris qu’elle éprouvait y était palpable. Qu’ils aient pu renommé ses étalons fiers et nobles par des noms si… Basiques la remplissait visiblement d’amertume, mais celle-ci s’évapora quand Tasha lui prit la main, cherchant celle de Carlisle pour les tirer en avant, vers les écuries. Cela lui fendit le coeur, déchiré par l’envie de la soulever du sol et de l’éloigner à jamais de ce monstre et celle de ne jamais brisé ses illusions d’enfants. Il avait déjà failli détruire sa vie. Plusieurs fois. Il ne pouvait pas refaire la même erreur, et pourtant…

D’instinct, il se tourna, cherchant Antropy des yeux. Il le sentait tout aussi tendu que lui, mais Mère ne semblait clairement pas prête à lâcher prise, s’élançant avec Tasha dans l’allée gravillonnée. En silence, Antropy vint enroulé son bras autour de celui de Carlisle, dans un geste aussi rassurant que nerveux. Carlisle eue la décence d’attendre l’entrée des écuries pour sortir son téléphone, se tournant vers Antropy.

-Reste avec elle. Quoi qu’il arrive.

Il le vit acquiescer, s’engouffrer dans l’écurie avec sa fille et sa belle-mère, s’excusant auprès de Tasha que Carlisle ne les suive pas immédiatement.

-Bonjour, le juge Keith s’il vous plaît. Bonjour, Roy. Carlisle Evil. Je tenais à signaler que ma mère, Elisabeth Evil, est actuellement en présence de ma fille sans la présence, pourtant stipuler dans la remise de sa peine, d’un assistant social. Oui, bien entendu. Je vous remercie. Le Manoir Evil. Je le ferais entrer. Merci bien.

Rapidement, il raccrocha, tapant un autre numéro avant de parler en russe.

-Andreï ? Evil. Je veux que tu traces les deux dernières années d’Elisabeth Evil. Je veux tout.

Malgré lui, Carlisle se sentait tendu, beaucoup trop. Malgré les années, malgré le pouvoir, malgré la distance… Mère lui faisait peur. Son esprit pervers le terrorisait. Il refusait catégoriquement de laisser ce monstre s’accaparer sa fille, peu importait le prix.

-Un assistant social est en route, annonça-t-il en entrant dans l’écurie, venant poser sa main dans le dos d’Antropy. Je pense qu’il vaudrait mieux, pour ton image, que ce soit toi qui aille lui ouvrir.

Elisabeth eue une petite moue, une ride au coin des lèvres, que Carlisle ne connaissait que trop. Elisabeth ne recevait d’ordre de personne. Ses doigts étaient bien placés pour le savoir.

-Bien entendu, merci de ta prévenance trésor. Et ceci, Tasha, je suppose que tu sais de quoi il s’agit ?

Elle lui tendit un objet, visiblement la suite de tous son équipement d’équitation.

-Une bombe. C’est important pour ma tête.

-Exactement. Il ne faudrait pas que tu te blesses, mon trésor.

Elle lui caressa le crâne, la faisant rire, mais Carlisle ne put s’empêcher de se crisper.

-Oh mais… Je crois qu’il te manque quelque chose.

Doucement, elle fouilla dans sa caisse, finissant par traverser l’écurie pour fouiller dans la sienne, visiblement fournie depuis sa sortie de l’asile.

-Sais-tu de quoi il s’agit, trésor ?

D’un geste sec, elle frappa sa paume de sa cravache. Tasha secoua la tête, visiblement intrigué par ce nouvel objet.

-C’est une cravache. Elle sert à faire galoper plus vite ton cheval. Elle sert aussi quand tu veux dresser un animal récalcitrant à revenir dans le droit chemin.

La main de Carlisle dans le dos d’Antropy se crispa, violemment. Qu’elle ose comparée ses deux filles à des animaux récalcitrants le dégoûtait et lui donnait envie de hurler. Le fait qu’elle ose parler si ouvertement des outrages qu’elle leur avait fait subir le touchait, bien plus qu’il ne l’aurait cru.

-Mais… ça va faire mal à Bouchon ?

-Ce sont des animaux, Tasha, tu n’as pas à te préoccuper de ce qu’ils ressentent.

-Mais j’aime Bouchon.

-Tu es si…. Adorable. Encore si innocente, ajouta-t-elle en appuyant son index sur le nez. Elle te ressemble beaucoup, Carlisle. A son âge, tu avais encore cette même… Candeur.

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________________________________________ 2018-08-30, 18:45


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Je détestais les chevaux. Je n’aimais pas être dans une écurie entouré de ces êtres vils et machiavéliques, de véritables montures du diable capables de vous mettre K.O d’un coup de sabot bien placé ou de voir votre âme à travers leur regard… Sérieusement, cette espèce n’aurait jamais du exister ! Mais je détestais encore plus la mère de Carlisle alors, prenant mon courage à deux mains et mon dégoût par l’avant, je m’engageai à la suite de ma belle-mère et de ma fille dans cet antre de l’horreur. Rien que de sentir leur odeur, je fus parcouru de frissons désagréables mais je préférai dignement mettre ça sur le compte d’Elisabeth Evil. La marâtre la plus détestable au monde. On dit que peu de beau-fils s’entendent avec leur belle-famille… Ca n’aura jamais été aussi vrai avec moi : j’abhorrai littéralement les Evil et leurs manières guindées qui vous rappelait qu’il existait deux mondes différents ; les abrutis coincés et le vôtre. J’avais réussi à tirer mon mari de celui des balais pour le rendre un poil plus souple – d’esprit comme de corps, croyez-en mon expérience ! – mais il y avait encore des cas désespérés. Et désespérants. Voire carrément psychotiques.

« Ce sont des animaux, Tasha, tu n’as pas à te préoccuper de ce qu’ils ressentent. »

La preuve.

Je me mordis l’intérieur de la joue sous les réflexions de Lisbeth, échangeant un regard lourd de sens avec Carlisle tandis que je l’avais senti se tendre dans mon dos. Sa mère était la spécialiste des double-sens et des propos dissimulés… Un trait de famille, à n’en point juger, mais si j’avais appris à lire entre les lignes de mon compagnon il n’en était rien des femmes de cet arbre généalogique aux branches très cabossées. A demi-mots, j’avais fini par avoir quelques bribes et morceaux de ce qui leur était arrivé plus jeune ; je pouvais parfois comprendre l’étrange relation qu’il avait avec Evanora par exemple, mais ça n’allait pas au-delà. Les harpies m’avaient suffisamment pourri la vie pour que je leur pardonne aussi facilement. Et si on commençait à parler du mari d’Indiana, alors là… Le juge Atkins était peut-être le plus taré de tout ce foutoir. Ou le plus malin, au choix.

« Papa ? »

La voix de Tasha me tira de mes pensées et, après quelques mouvements des paupières, je baissai les yeux vers la petite fille qui s’était tournée vers nous. Elle nous interrogeait du regard sur la véracité des propos de sa grand-mère sans doute… Bien que polie, Tasha se montrait intelligente, j’espérai qu’elle ne tombe pas dans le panneau de la mièvrerie écoeurante d’Elisabeth ; même si on ne pouvait pas demander à une enfant de faire la différence entre fausseté et affection. Pas encore.

« … Tu n’as pas besoin de cravache pour monter, Tasha. » Fini-je par déclarer, n’ayant aucune idée si le sujet avait dévié ou pas ces dernières secondes. « Il existe bien des moyens de communication qui n’impliquent pas la violence ou toute autre forme de maltraitance que ce soit. »

Je croisai le regard acide de ma belle-mère mais, contrairement à elle, Tasha était ma fille. Ma parole avait malgré tout plus de valeur que la sienne. Du moins, je l’espérai.

« Maltraitance ? »

J’inspirai, me baissant à sa hauteur tandis qu’elle me rejoignait. Sa main se faufilant dans la mienne.

« C’est quand tu fais du mal à des personnes, ou des animaux, que tu es censé aimer. Ca peut être par des coups, mais aussi par des paroles. Tu sais que les mots peuvent faire mal, Tasha ? »

Elle hocha timidement la tête, baissant les yeux en se mordillant la lèvre. Nul doute qu’elle avait déjà expérimenté de la violence verbal ou physique via l’école mais pour le moment elle ne nous avait jamais dit avoir des problèmes. Espérons que cela dure… Elle pianota dans ma paume, se dandinant d’un pied sur l’autre comme si elle réfléchissait au meilleur moyen de poser sa question.

« Mais… Si on fait pas exprès ? »

« Ca n’est pas pareil. » La rassurai-je. « Mais si tu fais volontairement du mal à ceux que tu aimes, comme tes papas, tes doudous ou Bouchon, c’est mal. Heureusement, tu es quelqu’un de très gentil, Tasha. »

Elle paru se ravir de l’idée, me lorgnant avec les yeux plein d’espoir. J’eu un sourire encourageant.

« J’ai le droit de donner une friandise à Vif d’or ? »

« Oui. »

Elle sautilla sur place et fila, non sans un regard vers Carlisle puis en direction d’Elisabeth, au milieu des box pour mettre la main dans la boite à friandises. J’en profitai pour me relever, m’avançant d’un pas vers la rousse qui croisa les bras devant elle. Hautaine. Dédaigneuse. Comme si le simple fait de m’approcher dans sa direction sonnait comme une insulte.

« Ne proposez plus jamais à ma fille de battre un cheval, ou tout autre animal que ce soit. Elle n’est pas votre nouveau jouet ! »

Contrairement à de l’agacement, Elisabeth montra une expression à laquelle je ne m’attendais pas : de la satisfaction. Elle eu un rictus avant d’émettre un léger rire cristallin qui m’en vrilla les oreilles – pire que des ongles sur un tableau noir ! – ne se laissant pas du tout démonter par mon attitude. Je devais reconnaître que je n’étais pas très impressionnant mais, quand même !

« Antropy… Si, détestable et pathétique petit tigre… »

Sa voix mielleuse me donnait envie de lui lacérer les visage de ces griffes que je ne possédais plus depuis ma transformation en humain. Mais c’était pas l’envie qui manquait ! Et dire qu’elle m’avait amadoué au début de notre relation… Avant de demander à Louis de m’exterminer. Charmante Elisabeth Evil !

« Tu oublies quelque chose : Natasha n’est pas ta fille. »

Je sentis ma salive se bloquer dans ma gorge sous l’assaut aussi vif qu’empoisonné qu’elle osait porter.

« C’est une Evil et, crois-moi, elle deviendra comme toutes les autres Evil ! »

Je ne supportai pas le regard qu’elle adressa à Carlisle, comme une promesse silencieuse de déverser son venin sur notre fille. Je sentis mon sang ne faire qu’un tour tandis que je franchisai la distance de sécurité nécessaire à son espace vital pour me planter droit devant elle. Elle osait prétendre avoir le moindre droit sur notre enfant ? Requérait son statut de grand-mère alors qu’elle ne voulait, visiblement, que du mal envers la descendance de son nom ? D’où croyait-elle qu’elle avait la moindre liberté sur cela ? Qui l’y avait autorisé ?! Qui était-elle pour prétendre ?! 

« TASHA. Elle s’appelle, TASHA. Et ce n’est p… »

« Antropy. »

Je mis quelques instants à comprendre que Carlisle s’était adressé à moi. La colère créait un bourdonnement dans mes oreilles et mes poings s’étaient serrés, prêts à frapper l’immonde visage satisfait d’Elisabeth Evil. Prêt à défendre ma progéniture de ce… de cette…. !! Progéniture qui venait de réapparaitre dans l’allée et remontait tranquillement dans notre direction, des petits carrés sombres dans la paume. Lorsqu’elle parvint à notre hauteur, elle s’arrêta et tendit sa main en avant.

« J’ai les bonbons ! » Sourit-elle.

Je me mordis l’intérieur de la joue pour essayer de cacher la rage qui s’était emparée de moi. J’avais juste envie de la frapper, cette femme qui avait fait tant de mal à mon mari et à son âme ! Qui continuait aujourd’hui de nous pourrir l’existence et qui croyait avoir une place dans notre vie ! Mais tuez-la, par pitié ! Tuez-là ! Je m’excusai du regard et vint attraper la main de Tasha, prétextant d’aller voir Bouchon avec elle pour m’éloigner de sa présence toxique.

Quelques minutes avaient suffit alors, si elle pensait pouvoir rester seule avec notre fille, elle se fourrait le doigt dans l’œil !


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________________________________________ 2018-09-02, 10:03

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Voir Antropy perdre son calme avait quelque chose d’alarmant. Il tait vif dans ses émotions, l’essence même de son travail, mais de là à ressentir des émotions négatives et vives… Il y avait très peu de personnes capable de le faire sortir de ses gonds de la sorte, mais Mère avait le potentiel d’absolument tout faire. Aussi bien manipuler le Pape que de rendre ivre de haine le Da Laï Lama. Dès qu’elle commença à menacer Tasha, lui même avança d’un pas, mais pas pour retenir son mari au contraire, même si il finit par avancer la main vers son épaule. L’assistant social serait là d’un moment à l’autre. Il ne devait en aucun cas voir la moindre animosité émanant d’eux, ou toute leur requête pouvait s’en retrouver faussée. Il fallait penser sur le long terme, le très long terme. Mère jouait mieux aux échecs que quiconque et il ne s’agissait là que de son premier mouvement de pion. Il était certain que beaucoup d’autres suivraient.

Quand elle rappela à Antropy que Tasha était, supposément, une Evil, Carlisle ne put s’empêcher de ressentir une forme de soulagement, quelque part, très loin derrière sa propre haine. Personne, pas même Antropy, ne savait ce que Carlisle avait fait du premier acte de naissance de Tasha. Le véritable acte de naissance. Celui qui prévaudrait au second, si quoi que ce soit devait lui arriver. Si pour quelques raisons, il n’était plus en mesure de les défendre face à elle. Face à cette Reine à la couronne de plomb et aux ronces en guise de promontoire. Mère ne ferait jamais de Tasha une Evil. Il ne le permettrait pas. Pas plus qu’Antropy.

-Antropy, dit-il doucement, lorsqu’il aperçut Tasha revenir, toute fière avec les ‘bonbons pour chevaux’ qu’elle aimait tant leur donner.

Dès qu’il l’aperçut, Carlisle sentit son coeur se contracter dans sa poitrine, pulsant douloureusement. Jamais il ne laisserait Mère lui faire du mal. Il avait échouer à protéger Indiana et Evanora, il n’échouerait pas cette fois. Tasha était sa fille, peu importait le sang, et il ne laisserait pas celui vicié de Mère l’empoisonner. Jamais.

Il attendit paisiblement que Tasha et Antropy s’éloigne, guillerette pour l’une, tendu pour l’autre, avant de faire un pas sur le côté, lui bloquant net le passage. Elle s’était avancé, sans doute pour les suivre, mais Carlisle ne l’entendait pas ainsi.

-Oui ? demanda-t-elle après un instant, tu souhaites… ?

-J’applique la loi. Celle qui t’empêche de voir Tasha sans la présence d’un assistant social.

Elle fit claquer sa langue, amusée.

-Toi, appliquer la loi ? Voilà un retournement de situation amusant...

Carlisle demeura de marbre, la fixant sans faire montre de la moindre émotion, ce qui la fit lever les yeux au ciel après un instant.

-Enfin, Carlisle, c’est ridicule, j’ai déjà passé une demi-heure avec Tasha et...

Ce fut à cet instant précis que Carlisle s’avança vers elle, saisissant la broche en forme de coquelicot qu’elle affichait fièrement. Il l’avait repérer dès qu’Antropy était sorti de ses gonds, à la manière qu’elle avait eue de bomber le torse, comme fière de le voir craquer… Ou pour assurer une meilleure prise de son. D’un geste vif, il la tira à lui, défaisant la simple pince qui la retenait au tissus, et qui retenait les fils qui courrait jusque sous sa robe. Carlisle eue un petit rictus, fixant Mère avec une froide colère.

-Es-tu donc tombé si bas ? Que comptais-tu en faire, les donner aux juges en effaçant tes propres paroles pour ne livrer que celles d’Antropy à ton égard?

Mère eue une expression que Carlisle n’avait guère vu depuis ses quinze ans. Une haine noire et insondable, profonde comme la mer et froide comme l’Arctique. Carlisle le savait parfaitement, si elle avait pu, à cet instant, elle aurait saisit le premier fouet, le premier livre, la première cravache pour le frapper au visage, encore et encore jusqu’à l’entendre supplier de douleur. Enfant, il aurait été terrifié de ce simple regard. Désormais, il la fixait sans bouger, l’estomac noué.

-Relâche cela.

-Non. Pas avant de m’avoir donner cet appareil. Et si tu ne le fais pas, je te dénoncerais immédiatement à l’assistant social qui, si je ne m’abuse, ne devrait pas tarder à arriver puisque j’entends des roues sur les graviers.

C’était vrai depuis quelques minutes déjà, mais Carlisle voulait la mettre au pied du mur pour l’obliger à ployer. A abandonner. A céder, pour cette première manche, quelques pions au passage. Mère devint livide, tendant l’oreille à son tour avant de le fusiller du regard. Elle n’opposa aucune résistance quand Carlisle tira sur le petit appareil, se contentant de défaire la pince qui la maintenant en place sous le tissus, et Carlislele jeta immédiatement au sol, le piétinant d’un coup de talons, avant de le jeter dans le sceau d’eau le plus proche. Il ne connaissait que trop Mère. Il ne pouvait le garder sur lui sous peine de porter l’outrage.

Il y eue quelques secondes de défis, encore, puis Mère s’avança vers Tasha et Antropy, l’air à nouveau amicale.

-Tasha, mon trésor, veux-tu que nous allions accueillir l’assistant social ensemble ?

Elle eue l’air d’hésiter, cherchant l’approbation de ses deux parents avec une petite moue. Carlisle se pencha à sa hauteur, venant toucher le bout de son nez, ce qui la fit rire.

-Tu peux y aller, Tasha. Nous serons juste derrière vous.

Quand il se redressa, le regard d’Antropy était défigurer par l’angoisse, mais Carlisle lui caressa le dos, laissant Mère prendre un peu d’avance.

-Ce n’est qu’une stratégie, lui souffla-t-il à l’oreille. Si nous sommes trop présent, les assistants sociaux pourront nous demander des entretiens privés entre Mère et Tasha. Il faut jouer le jeux. Nous devons lui laisser le droit à trois ‘erreurs’ pour montrer notre mansuétude. Notre requête aura plus de poids alors. Elle en a commit une aujourd’hui. N’en commettons pas.

Il recula légèrement, prenant la main d’Antropy dans la sienne.

-Je te promets de ne pas la laisser lui faire du mal. J’ai échoué enfant, je n’échouerais plus.

C’était plus qu’une promesse. C’était un engagement.

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________________________________________ 2018-09-05, 12:09


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Carlisle avait un avantage indéniable par rapport au reste du monde : je lui faisais aveuglément confiance. J’avais l’habitude d’être un peu naïf avec ceux que je rencontrais, préférant leur accorder le bénéfice du doute que de les catégoriser direct ; bien que certaines premières impressions étaient tenaces, croyez-moi. Un peu comme avec les animaux qui se mettent à gronder devant un étranger menaçant… J’avais cet espèce d’instinct envers les tarés psychopathes patenté et parmi ceux-là, Elisabeth Evil était plutôt haute dans le classement. Un danger sur pattes qui tenait la main de ma fille comme si de rien était, alors qu’elle l’aurait sans doute brisée dès qu’elle avait osé énoncer à voix haute d’autres noms pour ses bestioles de l’enfer. Je parvenais sans mal à l’imaginer le faire et cette vision me glaça comme elle provoqua une nouvelle bouffée de colère en moi.

Il fallait vraiment que je me calme. L’ennui, c’est que je n’étais pas très doué pour cacher mes expressions ou sentiments. Quand j’aimais, c’était passionnément. Et quand je détestais, c’était viscéralement.

« Trois erreurs, c’est beaucoup trop. » Commentai-je en relevant les yeux vers Carlisle. Je ne pouvais aller contre son idée, mais je ne tolèrerais pas qu’elle s’en prenne à notre fille. Pas la moindre fois. « Mais si tu es là pour veiller sur elle, alors il ne lui arrivera rien. »

Je savais qu’il ne laisserait rien lui arriver. Lors de notre escale à Isla Nublar, Carlisle avait préféré confier Tasha à Thomas et sa famille plutôt qu’à quiconque d’autre, ce qui démontrait une certaine volonté que rien ne puisse un jour advenir à notre fille ; et ce n’était pas sa proximité avec un monde de la pègre et d’autres mafia dont il voulait nous tenir éloignés qui l’avait empêché pour le coup. Il y avait des personnes en qui il avait confiance et donc, par définition, en qui j’avais confiance aussi. On allait exclure la seule exception à la règle et se concentrer sur le principal, voulez-vous ? Merci messieurs les scénaristes.

Je serrai sa main un instant dans la mienne, geste qui comptait beaucoup pour moi lorsque nous ne pouvions pas communiquer par d’autres moyens plus affectifs. J’aurais aimé qu’il me serre dans ses bras un instant. De pouvoir me caler contre lui et espérer que tout allait aller bien. De sentir que ça allait aller. Mais ici et maintenant, c’était purement impossible de faire ça alors le contact de sa paume contre la mienne, même bref, serait ma bouée de sauvetage.

« Tasha, je te présente Monsieur l’aide… social. »

Déclara Elisabeth avec un mépris quasiment évident, bien qu’un sourire mielleux se dessinait sur son visage quand elle le présenta à sa petite fille. L’homme en question, dans un costume bleuté qui avait l’air un peu usé, ne sembla pas s’en offusquer puisqu’il ouvrit la bouche d’un ton un peu monocorde :

« Je suis Tiberius Cooper, assistant social mandaté par le juge Keith pour m’assurer des visites médiatisées. »

Il poussa un soupir, comme s’il avait répété cette phrase un nombre incalculable de fois. Tasha se dandina d’un pied sur l’autre, tendant la main pour la lui serrer comme on lui l’avait appris. Il eu un haussement de sourcils surpris et désabusé avant d’accepter de tendre sa main pour la serrer brièvement.

« Tasha Evil. » Se présenta-t-elle. « Enchantée, monsieur Cooper. »

Le concerné eu une esquisse de sourire. Nous nous approchâmes prudemment et d’un pas tranquille, même si le sang pulsait à mes tempes sous l’agacement vif dont j’avais fait preuve quelques instants plus tôt.

« Charmant… » Commenta l’assistant social. Puis il reporta son attention sur ma belle-mère. « Je constate d’ores et déjà que vous n’avez pas respecté vos conditions de visite, Madame Evil, puisque vous vous trouvez en présence de Mademoiselle Evil alors que je n’étais pas présent. »

Si elle tiqua, je ne le vis pas. Mais elle eu un balancement de nuque pour écarter ses cheveux roux et impeccables – si seulement Carlisle voulait bien accepter de laisser apparaître les siens ! – afin de paraître plus aguicheuse sans doute. Ou plus digne. Elle était en train de commettre une erreur mais quelque chose me soufflait qu’elle allait, encore, s’en sortir sans réels dommages.

« Mon fils est venu sur ma propriété sans m’en avertir. » Elle tourna ses yeux vipérins en direction de Carlisle. « Il va de soi que je ne pouvais pas les faire patienter à l’extérieur par ce temps sans les accueillir, cela n’aurait pas été digne d’une hôte. Ou d’une grand-mère. Prise par surprise, je suis cependant ravie de voir que vous avez pu arriver si rapidement, Monsieur… »

Je déglutis. Faire mine d’oublier son nom à peine présenté ! Quelle odieuse…

« Cooper. » A nouveau le soupir un peu las et agacé. « Bien. Si vous le voulez bien, nous allons donc procéder à cette visite à l’intérieur. Vous avez une heure accordée par votre jugement, ne perdons pas de temps. »

Il se tourna et évita de peu une flaque ce qui fit sourire Tasha, toujours bien à côté de Lisbeth. Elle attendit cependant qu’il ai avancé de quelques mètres pour se pencher vers sa petite-fille.

« Ce genre de personne est là pour nous empêcher de nous voir, Tasha. Mais ne t’en fais pas, je vais veiller à ce que nous ne soyons plus importunées à nos prochaines rencontres. »

A nouveau elle nous adressa un regard tandis que nous avancions à leur hauteur. Ma fille eu un air un peu désabusé même si je pouvais très bien deviner les questions qui mourraient d’envie de franchir ses petites lèvres curieuses. Elle ne comprenait pas tout mais, parfois, elle en comprenait plus que ce qu’elle voulait bien laisser croire.

« Pourquoi le monsieur doit être là pour qu’on se voit ? C’est ton mari ? »

Lisbeth éclata de rire en secouant vivement la tête, l’entraînant à la suite du concerné.

« Diable non ! Vois-tu, on n’est jamais mieux servie que par soi-même, ma chère Tasha. Mieux vaut être seule que mal accompagnée, car même les enfants peuvent nous poignarder dans le dos alors qu’on leur accorde toute notre confiance et qu’on les éduque pour être dociles… » Un mouvement de menton vers Carlisle.

On pouvait revenir à mon idée de laisser Blue la bouffer ? Pitié.

« J’ai pas envie de poinarder quelqu’un, moi… »

« C’est une expression ! Cependant, garde à l’esprit que tu ne peux avoir confiance en ces hommes. Crois en mon expérience, tu seras une fière héritière Evil lorsque nous aurons passé quelques après-midi ensemble, juste toi et moi… »

Son sourire. Mais son sourire de satisfaction alors qu’elle arrivait à hauteur de l’assistant social en haut des marches du perron.

« Il y a du gâteau et du thé, j’espère que vous aimez. » Mielleuse.

« Non merci. » Il écarta la lourde porte et la maintint de son bras. « Après vous. »

Je poussai un soupire en l’aidant, tournant un regard vers l’extérieur avant de me décider à entrer à mon tour. C’était parti pour l’antre du diable… Restait à savoir si nous allions en sortir vivants ou non.


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Le Manoir. Chaque fois que Carlisle y entrait, un étrange sentiment saisissait ses veines et ses entrailles, figeant le sang et compressant le corps, dans un même élan. Tout ici ne lui inspirait que danger immédiat et angoisse tapie dans l’ombre. Y avait-il une seule pièce de cette bâtisse où n’avait incessamment résonner les hurlements de terreur et de douleur de ses sœurs ? Y avait-il une seule pièce où n’avait couler le sang, où Carlisle n’avait pas du recoudre, agrafer, suturer, compresser, masser, soutenir ? Y avait-il une seule pièce qui aujourd’hui ne rimait pas à un souvenir tordu et douloureux de sa mémoire ? Carlisle ne le montrerait jamais, mais ce Manoir lui donnait la nausée, et Mère le terrifiait. Cet endroit et cette femme était liés, l’extension de l’autre, l’amplificateur de terreur et de douleur, de violence dissimulée avec soit par l’un comme l’autre. Ce Manoir avait été bâti bien avant Mère. Il semblait pourtant n’exister que pour satisfaire sa cruelle démence…

Tranquillement, Carlisle avança d’un pas maîtrisé vers le premier salon, celui des invités, où les trois canapés entouraient le manteau d’une cheminée de marbre, entièrement automatisée désormais, afin de ne rien salir. En leur centre, une table basse longue de plusieurs pieds trônaient, faîtes de verre au couleur d’écaille de tortues et d’un plateau de cristal laissant entrevoir un tapis au couleurs riches et sombres. Carlisle haïssait ce tapis qu’il aurait sans doute du passer au luminol pour mettre fin à cette mascarade. Il demeura cependant de marbre, s’asseyant sur le même canapé que celui que Mère avait choisi, à droite de Tasha. Mère eue l’air presque surprise, mais Carlisle ne la regarda même pas, se penchant vers Tasha.

-Eh bien, que de gâteaux ! Tu as vu ça Tasha?

La petite fille se dandinait déjà sur ses fesses, visiblement aussi intriguée qu’excitée par une telle débauche de petits fours et de friandises.

-Oh oui !

-Aurais-tu envie de goûter à quelque chose en particulier ? susurra aussitôt Mère, se penchant à son tour vers l’enfant. J’ai fais préparer de tout : des cannelés français, des galettes suédoises, des roulés à la cannelle scandinaves, des crêpes dentelles françaises, des mices pies, et du thé, bien entendu !

-N’aurais-tu pas des fruits, par hasard? la coupa Carlisle, avec une délicate politesse qu’il savait manier à la perfection.

-Oh oui ! Du raisin ! S’il te plait, se reprit-elle aussitôt, interrogeant sa grand-mère des yeux.

-Tasha n’est pas très gâteau, sauf si ceux-ci sont au chocolat ou à la vanille.

Il entendit l’assistant social griffonner quelque chose, avec une délicatesse aérienne. Son stylo effleurait à peine la surface du papier, dans une sorte d’automatisme précis et concentré. Mère eue un sourire, que Carlisle identifia immédiatement à un rictus, mais trop discret, trop doux pour être vu des autres, et elle redressa la tête, appelant immédiatement un domestique du nom de ‘Cambrigde’. Mère n’avait jamais appelé un domestique par son prénom. Question de rang. Un homme d’une certaine taille, aux cheveux et aux yeux sombres, apparut dans l’embrasure de la porte, sans relever les yeux.

-Cambrigde, voulez-vous bien apporter du raisin ? Merci.

L’homme inclina la tête avant de disparaître, et Tasha porta aussitôt sa main à sa bouche, signe d’une intense concentration. Carlisle lui sourit, la rassurant doucement et après un instant, elle se leva du canapé, tout en délicatesse, provoquant un mouvement de la part de Mère qui n’échappa ni à Cooper ni à Carlisle, avant de contourner la table, pour venir se poster devant Antropy, le tirant par la manche. Cela fit sourire Carlisle. Tasha vouait une confiance aveugle à ses deux pères, mais elle avait un avis très tranché sur qui interroger à propos de quel sujet.

-Papa, pourquoi le monsieur il a pas parlé ? Tu crois qu’il peut pas ?

Délicatement, Carlisle se tourna vers Mère, avec un sourire si faux qu’il en était parfait.

-Mère, puis-je te servir du thé ?

Elle en sursauta presque, trop concentrée sur la réponse que pourrait donner Antropy mais le sourire de Carlisle la ramena rapidement sur terre.

- Bien sûr, mon trésor.

Le surnom lui arrachait à chaque fois des frissons de haine et d’angoisse, mais il s’attela à la servir à l’anglaise, déposant un carré de sucre dans sa tasse avant de la lui tendre, ce même sourire plaqué au visage.

-N’oublies pas aussi de servir notre invité, le rabroua-t-elle, presque affectueusement.

-Je vous remercie mais je n’ai pas soif de thé.

-Souhaitez-vous autre chose ? De l’eau peut-être, plus simplement?

Carlisle aurait probablement pu lui dire qu’il était vrai que, en Autriche, son pays d’origine à n’en pas douter, son accent ne s’était pas totalement effacé, le thé et la tisane se buvaient généralement en fin de repas et non au milieu de l’après-midi comme les anglais, mais il préféra se restreindre. Il ne s’agissait pas de l’impressionné. Juste de paraître suffisamment de bonne foie pour que sa demande de mesure d’éloignement soit acceptée.

-Cela oui, merci.

-Je vais en chercher, coupa-t-il aussitôt Mère, s’étant déjà retourné pour sonner un quelconque domestique. Je me rappelle d’où se situe la cuisine, Mère.

Elle eue un plissement de paupière, discret, avant de sourire, faussement.

-Ne tarde pas trop, alors.

Carlisle eue un léger sourire, s’excusant auprès de Cooper, plus encore d’Antropy, s’extirpant du salon étouffant pour longer le couloir menant à la cuisine. Il fallait mettre des points. S’approcher au maximum de Cooper pour lui démontrer toutes les facettes de Mère et lui user les unes après les autres contre elle lors du procès. Il le fallait. Coûte que coûte.

La cuisine n’avait guère changer. Le bois des plans de travail avaient été changer par du marbre, encore, plus robuste sans doute, et plus facile à laver. Dès qu’il poussa la porte de la cuisine, une sorte de silence s’abattit dans la pièce, pourtant silencieuse déjà. Personne ne parlait. Aucune murmure, rien. Le bruit des casseroles et de la plonge cessa, et Carlisle du faire face à une armée de visage baissé, respectueux. Terrifié, sans doute.

-Bonsoir.

Aucune réponse.

-Je souhaiterais une bouteille d’eau, s’il vous plait.

Il y eue un flottement, avant qu’une femme ne se dirige vers l’un des frigo, débouchant une bouteille avant de la lui tendre, comme une bouteille de vin cher. Carlisle la remercia, prenant la bouteille avant de disparaître de la cuisine. Cela lui faisait froid dans le dos. Il n’y avait encore que quelques années, ce genre de comportement lui aurait semblé normal, voir même appréciable et impressionnant, bien qu’il ai toujours ou presque fait la cuisine au Manoir, considérant cela comme un art noble et distrayant. Mais désormais, cela lui faisait froid dans le dos. Un tel silence… Il en connaissait la téciture, le goût, l’épaisseur. Le silence face à un prédateur imprévisible. Celui qui régnait partout ailleurs que dans leurs chambres.

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________________________________________ 2018-09-13, 23:46


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J’étais franchement mal à l’aise dans cette pièce et cette situation. Déjà parce qu’il y avait ma belle-mère en face de moi et que c’était pas la personne la plus agréable du monde, mais aussi parce qu’il y avait littéralement un type en train de la jauger dans ses interactions avec notre fille et… moi-même. Superbe. Il avait donc un calepin pour écrire des trucs comme « souris gentiment » ou « se moque allègrement de la face du visiteur » ? Parce que s’il n’avait pas d’idée, je pouvais très bien lui souffler quelques unes : tarée, psychopathe, menteuse, hypocrite, manipulatrice, tortionnaire… Et encore d’autres adjectifs qui lui correspondaient parfaitement. De vrais mots inventés pour une vraie personne qui était à moins de deux mètres de ma fille et que je devais laisser faire comme si de rien était. Sacrés projets sociaux. Sacrée emmerdeuse oui. Elle avait eu de la chance que je sois dans le coma – d’après Carlisle – parce que sinon, la réunion qui l’avait autorisée à faire ça aurait tourné en règlement de comptes musclés avec mon point dans sa figure. Elle se prenait pour qui, la mégère, en réalité ?

Je devais paraître sacrément mal à l’aise parce que je finis pas remarquer que Carlisle n’était plus là après quelques minutes ; Tasha se dandinant d’une jambe sur l’autre me mis la puce à l’oreille cependant et je bondis de surprise en l’entendant revenir ! La petite fille étira un large sourire en retournant s’asseoir près de sa grand-mère, acceptant dans un remerciement le raisin qu’un domestique lui apporta, l’air tout cérémonieux. Livide était même le terme. Superbe ambiance… Et ils voulaient que notre fille vive là-dedans régulièrement ? Même pas en rêve. Parfois, je me demandais comment Carlisle avait pu grandir là-dedans sans devenir dingue comme ses harpies de sœurs. Il n’était pas en très bon état quand je l’avais rencontré, d’accord, mais tout de même il y avait une différence de niveau entre lui, Indiana et Evanora. A croire que leur mère avait pris l’aînée pour taper sur la plus jeune… Sans mauvais jeu de mots.

Nous qui avions prévu de passer une après-midi en famille, ça se transformait en quelque chose de prodigieusement dérangeant. Si je tentai de rester silencieux une partie du temps, je passai l’autre à discuter un peu avec Mr Cooper pour le détendre un peu ; son air guindé et pincé me donnait mal aux fesses rien que de le regarder. Comment les gens pouvaient-ils être aussi mornes et monocordes à ce point ? Le social était un domaine qui nécessitait de l’empathie et beaucoup de relationnel, on ne pouvait pas être aussi… Silencieux ? Muet ? Il avait pourtant une bonne bouille ce monsieur, je suis sûr qu’il pouvait être très sympa. Peut-être qu’il connaissait Jamie ? Il ne devait pas y avoir tant d’assistants sociaux que ça quand même dans cette ville… Ou presque. Si j’en étais venu à m’interroger sur le sujet c’était que, vraiment, je n’avais rien d’autre à faire effectivement.

Nerveux cependant, je n’arrêtai pas de secouer mon genou et de tapoter ce dernier avec mon doigt. Si je surpris le regard de Carlisle, je ne parvins pas vraiment à me contrôler. Je n’aimais pas être ici Je n’aimais pas voir cette femme près d’eux et je ne voulais plus jamais l’y voir d’ailleurs. J’en venais à prier pour qu’elle fasse une erreur et ne puisse plus jamais les approcher… Enfin, une erreur qui ne coûterait la vie de personne, ni le travail de quiconque et encore moins la dignité ou l’enfance de ma fille. Celle-ci ne tarda pas quand, dans un geste plus impatient que les autres, le poignet de Tasha ripa contre l’une des tasses en porcelaine à en faire déborder son contenu. Brûlée de surprise, elle eu un second geste vif et fit voler le contenant jusqu’au tapis dans un bruit de brisure.

Un silence s’installa. Une tension s’abattit sur nos épaules lorsque, d’un réflexe, Elisabeth saisit le poignet de Tasha et le releva dans un geste qui n’avait rien de très sympathique. Mon sang ne fit qu’un tour et je remarquai que Carlisle avait aussi réagit, près à bondir en avant. Mon cœur manqua un battement, pendu à la moindre tentative de torture qu’elle pourrait vouloir infliger et mes yeux ne manquèrent pas le regard de colère sourde qu’elle adressa à la petite fille. Si elle osait, quoique ce soit, de…

Un raclement de gorge se fit entendre de la part de Tiberius.

Comme un signal, le visage de Lisbeth se mua en une espèce de sourire figé et elle consenti à reprendre un semblant de vie. Et à relâcher lentement le poignet de Tasha.

« … Chérie. Attention à ne pas… te faire plus mal. » Commenta-t-elle en désignant les brisures sur le sol, l’invitant à reculer. « Montre moi ça. Cambrige, de la glace ! Et veuillez nettoyer avant que qu’un ne se blesse. »

Lorsqu’elle ouvrit les doigts, je vis clairement la trace de ces derniers sur la peau claire de ma fille.

« Excusez-moi, j’ai oublié quelque chose dans la voiture. 

C’était trop pour moi, je me levai d’un bond et, sans attendre, me dirigeai vers la sortie du salon. Je ne pouvais pas tolérer une seconde de plus cette mascarade immonde ! Croisant Cambridge en manquant de me le prendre dans la figure, l’évitant d’un bond sur le côté et atteignant rapidement la poignée de la sortie. J’ouvris sans attendre et m’engageai… avant de m’arrêter pour de bon.

« Monsieur… Tiger. » Résonna une voix sombre qui ne me manquait pas du tout.

Devant moi se trouvaient Claymore Atkins et sa si charmante épouse… Indiana Evil. La journée ne pouvait pas mieux se continuer qu’en accumulant les psychopathes ! J’avais tiré le bon numéro au loto de la poisse visiblement.



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________________________________________ 2018-09-15, 21:56

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Hello Darling...

Dès qu’elle osa lever la main vers Tasha, le sens même de ce qu’avait toujours été sa vie reprit possession de lui. Protection. Réaction. Allégement. La lèvre de Tasha se mit aussitôt à trembler sous l’expression féroce de Mère, que Carlisle ne connaissait que trop. Lorsque Mère vous perçait ainsi du regard, l’impression que le monde entier s’effondrait tout autour de vous vous envahissait. Le sang ne circulait plus dans vos veines. L’air même venait à manquer. La seule chose qui semblait concrète, c’était cette tenace et intense envie de fuir, car c’était la seule chose qui pouvait garantir votre survie. Carlisle le savait. Il le savait parfaitement. Aussi, dès qu’elle l’eut enfin relâcher -il n’intervint pas physiquement afin de prouver sa bonne foi auprès de Cooper, uniquement, et afin de ne pas faire peur à Tasha outre mesure. En d’autres circonstances, il aurait déjà saisit Mère par le col pour la plaquer au sol d’avoir seulement oser la toucher de la sorte-, Carlisle tendit le bras et Tasha vint vite se percher sur les genoux de son père, murmurant un ‘pardon’ bas et tremblant.

-Ce n’est rien Tasha, les tasses se remplacent.

Il le dit calmement, examinant sa main avant de fouiller dans sa poche, extrayant de son costume une pommade de son invention, qu’il avait prit l’habitude d’avoir sur lui, aussi bien pour Tasha que pour Antropy. Il attendit patiemment que Cambridge vienne avec un seau de glaçon, lui demandant poliment de le déposer face à lui, sans cesser de caresser le front de Tasha et de la rassurer par des mots simples, mais doux. Il du faire un effort incommensurable pour ne pas se tourner vers Mère et la fusiller des yeux, lui hurler en silence qu’il s’agissait là du rôle et de l’attitude d’un parent. Délicatement, il prit une serviette pour y glisser un glaçon, le passant doucement sur la peau rose vif de Tasha, vérifiant tranquillement si les réactions lui semblait violentes ou non. Par chance, il ne s’agissait que d’une brûlure superficielle. Il prit une noisette de crème pour l’appliquer sur la peau rougit de Tasha, ignorant presqu’inconsciement le regard insistant de Mère, dont l’index tambourinant légèrement contre la porcelaine et celui, discret, de Cooper qui griffonnait dans son carnet avec un regain d’attention. Doucement, il parla avec sa fille, la rassurant en lui assurant que ce n’était pas grave, et que si elle le souhaitait, oui, elle pourrait présenter ses excuses à Cambridge pour les dégâts. Il lui caressa le front, fier de sa fille, mais son visage se figea rapidement à l’entrée que firent les deux nouveaux convives.

-… Carlisle.

Le ton d’Indiana révélait de la surprise, mais également cette note constante de feu non apaisé qu’elle possédait depuis enfant. Carlisle y percevait toujours de la souffrance. Elle assurait désormais qu’il ne s’agissait que de dévotion envers Dieu.

-Indiana.

Il la salua sans effusion, la saluant du regard avant de tendre la main vers son mari, qui la serra avec ce respect puritain que Carlisle avait apprit à haïr.

-Claymore. J’ignorais que vous aviez rendez-vous avec Mère. Cela explique le thé.

Il eue un sourire, léger mais acide, loin d’être dupe quand à cette entrevue. Peu de choses pouvaient rapprocher Mère et Indy et aucune n’était bonne.

-Juge Atkins, salua mollement Cooper, se relevant pour serrer la main de Claymore. J’ignorais que vous aviez un lien de parenté avec les Evils.

-Par alliance, l’en informa Indiana, jaugeant sans doute l’implication de cet individu dans cette étrange scène, bien qu’elle ai apprit à être respectueuse des relations de Claymore. Je suis son épouse, Indiana Evil, sœur de Carlisle Evil.

-Et ma fille, précisa Mère, ce qui fit aussitôt frissonner les deux enfants. La tante de Tasha. Ravie de voir que tu as pu te libérer, ma chérie.

Une telle douceur donnait la nausée, et même le masque de plâtre qu’Indiana portait ne parvenait à le dissimuler entièrement.

-Si je ne m’abuse, l’heure touche à son terme, avisa Carlisle, se relevant tout en prenant la main de Tasha dans la sienne. Je vais donc vous laisser… Entre vous.

Il chercha cependant le regard d’Indiana, y cherchant le moindre doute ou signal, mais rien ne vint.

-Déjà ? soupira Elisabeth,lui hérissant la peau.

-Monsieur Evil a raison. Je vous laisse faire vos adieux, et vous souhaite une bonne après-midi.

Il s’apprêtait à s’éclipser quand Mère se releva, lui bloquant littéralement la route.

-Pourrions-nous avoir votre avis sur cette rencontre désormais ?

-Mes notes sont confidentielles et une unique séance ne permet pas de juger d’un cas, scanda-t-il, d’un ton las, mais Carlisle nota ses doigts se resserrant sur son calepin. Visiblement, il n’y avait pas que du positif à dire. Vous connaîtrez mon avis sur le sujet lorsque je déposerais mon avis auprès de la Cour. Bonne journée.

Il s’inclina légèrement et la dépassa, laissant un léger silence sur son passage.

-… Bonjour.

Sa main toujours glisser dans celle de son père, Tasha avisait d’un regard peu rassuré la femme aux cheveux rouges et le grand homme en noir qui lui faisaient face, et qui n’avaient pas l’air de l’avoir aperçut. La réaction fut instantanée, et dès que Carlisle vit Claymore poser ses yeux clairs sur l’enfant, il se crispa plus que de raison.

-Bonjour, chère enfant.

-Tasha Evil, dit-elle simplement, tendant sa main libre vers lui. Enchantée.

-Je te connais, petite. Mon nom est Claymore, je suis l’époux de ta tante, Indiana.

-Tante ?…

-Tes tatas, mes sœurs, précisa Carlisle, doucement.

-Ah.

La timidité altéra sa voix et Carlisle sentit son coeur se serrer. A quel point s’étaient-ils éloignés pour que même sa fille ne sache pas qui elles étaient ?… Il eue un soupir, léger, avant de hocher la tête.

-Nous allons rentrer. Tasha, dis au-revoir.

La petite fille bomba aussitôt le torse, lâchant la main de son père pour aller serrer celle de Claymore, puis d’Indiana, qui était bien trop haute pour lui faire la bise, avant de timidement aller vers Mère, baissant légèrement la tête.

-Au revoir. Pardon pour la tasse.

-C’est bien de t’excuser ma chérie. Ne recommence pas. A très vite, ma chérie.

Cela aurait du raisonner comme une douce promesse. Cela ressembla à une menace. Carlisle sentit sa peau se couvrir de frissons, attendant symboliquement que Tasha face la bise à Mère -chose qui dura beaucoup plus longtemps que prévu, puisque Mère recula par réflexe, ne comprenant pas ce que Tasha avait voulu faire, et après avoir reprit la main de sa fille, il quitta enfin cette pièce qui le privait d’oxygène.

Il descendit rapidement l’escalier de marbre. Rejoignit rapidement la voiture. Contre celle-ci, Antropy était adossé, se rongeant les ongles, et Carlisle n’eut pas à lui dire de rentrer dans la voiture. Il prit le temps d’attacher leur fille, qui se mit aussitôt à raconter son ressentit par rapport à cette étrange après-midi mais Carlisle ne pouvait pas l’écouter. Pas ici. Pas comme ça. Pas tendu comme il l’était. Heureusement, Antropy prit le relais et Carlisle put se concentrer sur la route, conduisant prudemment, mais rapidement, dans la ville. Il fallait qu’il les éloignent de ce Manoir. Vite.

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________________________________________ 2018-09-20, 20:19


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Ce n’était jamais évident de recroiser la famille de Carlisle et de voir à quel point la méchanceté était ancré dans leurs veines jusqu’à leur pourrir la figure. Il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre et ce n’était pas les appels un peu plus fréquents avec Evanora qui allaient y changer quelque chose : ces gens étaient brisés de l’intérieur et, au lieu de se soutenir pour supporter cette existence, ils avaient décidés de se détruire et de se faire encore plus de mal. Avec une mère pareille, je me demandais bien souvent comment Carlisle pouvait encore tenir debout et faire désormais parti de ma vie, lui qu’on jugerait volontiers dans des cercles bien plus nobles – ou sombres – avec une princesse à son bras… Il avait toujours l’allure impressionnante de l’homme puissant mais il avait développé quelque chose qui manquerait toujours à sa sœur aîné comme à sa mère : un cœur. Un cœur battant dans son torse, développé par notre fille, développé par moi sans doute aussi, mais un cœur qui permettait de le rendre tel quel. Peut-être un danger d’après lui, sûrement même, mais je ne pouvais m’empêcher de l’aimer de cette manière singulière. Nous avions traversé des épreuves et nous étions encore là… Que demander de plus, à part enfin un peu de tranquillité dans nos existences ?

J’avais de la peine pour mon mari. Je lui jetai des coups d’œil en répondant à Tasha, finissant par poser doucement ma main sur la sienne, sur l’accoudoir central. A son sursaut, la sensation qu’il était tendu fut confirmée mais je ne m’en vexai pas ; je pressai simplement ses doigts dans les miens et je le relâchai après quelques minutes, réchauffé par sa présence. Non seulement Elisabeth était difficile à supporter, mais en plus elle continuait de faire des dégâts dans son esprit au point d’en faire ressurgir des démons du passé. J’appréciai que notre fille n’ai pas eu autant cette sensation, même si elle ne manqua pas de dire que sa grand-mère était un peu bizarre avec tous ses gâteaux, et fut rassuré de constater qu’elle n’avait pas été plus perturbée que cela par le dernier geste de Lisbeth. Peut-être que nous la couvions trop, peut-être pas, mais nous n’avions pas toujours l’occasion d’être tous les trois ensemble alors quand cela était possible… Autant en profiter à fond.

Le trajet paru plus long que d’habitude. Je sentis qu’il mourrait d’envie d’appuyer sur l’accélérateur et de faire des embardées pour se libérer de cette colère qui se tapissait sous sa peau, mais la présence de la petite fille l’en empêchait. Ou peut-être était-ce autre chose ? Mystère. Quand il se murait dans son silence aux yeux acides, je ne pouvais pas franchement en tirer grand chose… Et quand j’essayai, les conséquences pouvaient être aussi dévastatrices que bénéfiques. C’était un peu comme jouer au loto, parfois on réussissait, et d’autres fois… Carlisle était aussi imprévisible que prévisible, un savant mélange de mystère, de secrets, mais aussi d’évidences et d’habitudes que j’avais appris à déceler au fil des mois – des années, même ! – tandis qu’il me connaissait sans doute par cœur. Je n’avais pas prétention de parvenir à lui cacher des choses, Carlisle savait mieux que quiconque comment je fonctionnais ; j’aimais juste la sensation de le connaître plus que les autres. D’en savoir un peu plus. D’en comprendre un peu plus. Et d’être celui qu’il venait chercher sur une île perdue près du Costa Rica sans se poser de questions, juste la promesse silencieuse de me botter les fesses !

Quand on a un enfant à la maison, votre vie ne s’écoule pas exactement comme vous aimeriez qu’elle se passe. Se serait trop facile de dire qu’une fois rentré, elle va se mettre sagement dans sa chambre et s’y endors un peu plus tard. Non. Tasha pouvait être la gamine la plus sage qui puisse exister, elle n’en restait pas moins une enfant et… Une enfant qui bougeait et vivait. Bien que le calin sur le canapé dura plus longtemps que d’ordinaire, il fallut faire des dessins, puis une montagne avec les lego, l’écouter réciter la chanson de la Reine des Neiges trois fois pendant que nous préparions le repas, la voir enfiler sa couverture comme une cape et bondir entre les carreaux plein de lave, courir vers Carlisle en l’entendant s’extirper du bureau, l’accompagner pendant le repas puis pour le bain… Un rituel bien ancré tandis que, l’aidant à se sécher, je répondais à ses nouvelles questions. Elle avait droit à trois questions le soir, sur le sujet qu’elle voulait, et bien souvent elle y réfléchissait toute la journée de manière consciencieuse. Parfois elles ne voulaient rien dire, d’autres je me retrouvai un peu bête devant sa demande. J’eu un sourire quand, à peine habillée et les cheveux encore mouillés, notre fille se précipita vers le salon. Si j’avais les questions, il avait l’histoire du soir. Au possible. Au faisable.

Je leur laissai ce moment entre eux. Pour eux. Je m’occupai de ranger le bazar de la salle de bain, de prendre une douche de mon côté et puis je revenais leur tenir compagnie. Tasha était affalée contre son père, mordillant son pouce et son doudou à la fois, en l’écoutant. Elle fixait avec attention le livre qu’il tenait, ses cheveux soigneusement tressés pour la nuit. J’eu un sourire en les voyant, puis je remarquai le bourbon ouvert près de la cheminée et je déduis de l’état d’esprit de mon mari. Quelque chose le travaillait mais, comme toujours, il faisait bonne figure pour ne pas alarmer notre fille. J’appréciai sa présence d’esprit et sa façon de faire, m’affalant dans un fauteuil au bout de la pièce, près de la guitare. J’eu envie de la prendre et de gratter quelques cordes, mais j’attendis qu’elle me fasse un bisou de bonne nuit et qu’il l’emmène se coucher pour me saisir de l’instrument. Un soupir, lourd de sens, les yeux clos. Quelques instants. Juste quelques secondes. Pincer les cordes. Entendre les notes résonner. De quoi dilapider un peu cette tension qui faisait trembler mes doigts jusqu’alors et me sentir enfin un peu mieux. A ma manière. A notre manière.

Je fredonnais quand il revint et je pu l’observer se servir un verre. Il avait tiré le col de sa chemise et remonté ses manches vers ses coudes, ça le rendait terriblement sexy. La ride entre ses sourcils en revanche laissait présager que beaucoup de choses se combattaient dans sa tête. Je lui adressai un sourire conciliant, continuant de fredonner un peu un air plutôt tranquille, avant que je ne repose la guitare à sa place. J’avais attendu depuis que nous étions rentrés mais… Maintenant, il était l’heure. Au moins un peu, peut-être ?

« Tu veux en discuter ? » Abordai-je prudemment, sans bouger du fauteuil. « Moi, j’ai eu envie de lui aplatir l’un des gâteau sur la tête mais je crois que ça n’aurait pas été très apprécié… Heureusement que je l’ai pas fait, sinon le juge Atkins n’aurait pas manqué de faire un nouveau commentaire. Ou alors on laisse Blue la manger quand elle sera là ? On ne peut pas accuser un animal de dévorer quelqu’un et comme c’est une espèce protégée, on ne pourra pas l’abattre alors… Je plaisante, Carlisle. »

Je venais de croiser son regard et, pour le coup, je me levai pour m’approcher de lui.

« Je vois que ça va pas. »

L’informai-je, passant mon bras simplement dans son dos, posant ma joue contre son épaule. Il était frais. Comme toujours. Je tentai de tamiser un peu le truc, ne pouvant pas toujours me montrer vindicatif envers sa mère ou sa sœur… Même si elles le méritaient. Amplement. Pour Evanora, on verrait plus tard.

« Ca n’a pas été aussi pire que ce à quoi je m’attendais, mais ça aurait pu mieux se passer. » Evasif. « Pourquoi est-ce qu’elle a demandé à voir sa petite fille exclusivement ? Je veux dire, Tasha ne lui apporte rien qu’elle ne possède déjà… »

Elle avait eu deux filles sur qui se défouler et un fils à maltraiter. Que lui fallait-il de plus désormais ? Elisabeth avait retrouvé sa liberté de mouvement et, apparemment, son esprit tordu. S’attaquer à notre fille était-il un moyen de continuer à avoir la main mise sur Carlisle… Ou simplement un passe-temps qui lui manquait, celui de faire souffrir un enfant pour son propre plaisir ?

A cette pensée, j’en frissonnai de dégoût.

« … Et toi, tu n’as plus peur d’elle. »

Du moins, en apparence.

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