« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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Antropy Tiger
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________________________________________ 2019-01-23, 13:14


On the other side.


Il y avait quelque chose d’extrêmement pratique à être marié avec Carlisle Evil : on pouvait profiter d’un avion pour nous tout seul ! Le genre jet privé, le truc haut de gamme où on vous laissait tranquille si vous vouliez vous reposer et dans lequel on ne rentrait qu’à un maximum de dix ou vingt personnes. Je trouvais que c’était un surinvestissement, le genre de choses que personne ne possède vraiment sauf dans les livres ou les magazines. Mais non. Les Evil possédaient bien des ressources et celle-ci en faisait partie ! J’avais donc appris à m’en servir quand il était nécessaire de le faire et ce serait mentir que de dire que je n’y avais pas pris goût… Bon, j’avais suffisamment harcelé les pilotes pour tarir toutes mes questions – au point qu’ils étaient surpris lorsque je n’en posais pas ! – ainsi qu’évalué et calculé des distances mathématiques avec l’aide de Carlisle pendant des heures pour parvenir à passer le temps… Si bien que maintenant je parvenais à peu près à écouter de la musique docilement ou même à m’endormir. Mon mari avait laissé tomber son éternel conflit de mes pieds sur les tables ou les sièges, tant que je n’étais pas chaussé j’avais autorisation de m’étendre ! Une petite victoire, mais une victoire quand même !

Observant la mer de nuage qui s’étendait au-dessous de nous, j’avais encore l’esprit hanté par les paroles de ma famille à noël : mon père était malade et on ne savait pas s’il dépasserait l’année. J’aurais pu m’en moquer, j’aurais pu lui souhaiter tout le malheur du monde après ce qu’il m’avait fait… Mais je n’y parvenais pas vraiment. Ca restait mon père, celui qui m’avait élevé jusqu’à mon adolescence puis rejeté comme un malpropre une fois à l’université. Il avait tenté des excuses, un rapprochement pour les fêtes, et j’avais fini par comprendre que c’étaient uniquement les regrets qui l’avaient fait se décider. S’il n’y avait pas eu ces maudites cellules sur son foie, est-ce qu’il aurait seulement accepté de me parler ? Mystère. Je n’arrivais pas à résoudre ce problème et ça me rongeais les sangs à n’en plus finir. Je me doutais que ça ne passait pas inaperçu et, pour le coup, j’appréciais grandement que ma fille et son père ne me posent pas de questions à ce sujet.

Mon regard glissa vers eux, concentrés autour d’un jeu de dames. Tasha avait appris les règles récemment et elle montrait une véritable passion pour la stratégie, ce qui semblait enchanter Carlisle. Au moins pouvaient ils passer du temps à exercer leur passion de domination du monde pendant que je cherchais un sommeil qui ne venait pas. La musique dans mes oreilles me berçait un peu mais pas suffisamment, je changeai d’artiste pour voir si cela allait mieux marcher. Au passage je vérifiais les derniers messages de Stuart : nous étions attendus le soir même de notre arrivée pour un Gala et dès le lendemain, nous devions nous rendre au palais de Kensington. La famille de William étant extrêmement protocolaire en ce qui concernait les bonnes manières… Sans compter la cérémonie à venir. Pourvu que l’on trouve un peu le temps pour se détendre, je n’aimais pas l’idée de courir partout en devant être poli et courtois ! Je préférais de loin le brouhaha des concerts mais ils ne reprenaient pas avant le mois de mars… Pour mon plus grand désespoir.

La pire épreuve restait quand même le grand dîner de gala qui nous attendait. J’allais devoir enfiler un costume, une chemise et avoir l’air à peu près présentable… Heureusement que je pouvais compter sur ma notoriété pour excuser une fausse note de bon goût mais cela signifiait aussi que j’allais devoir faire comme si Carlisle n’était pas celui qu’il était vraiment. Ces gens n’étaient pas exactement prêts à apprendre la vérité et j’avais eu droit à l’éternel sermon sur notre sécurité. Lui prétendait être à Londres pour des congrès médicaux et pharmaceutiques – ce qui était vrai, ils étaient programmés et il s’y rendait – et moi j’étais simplement un invité du prince venu passer quelques jours sur le continent natal. Quant à Tasha… Elle était ma fille, mais elle ne serait pas de la partie pour l’occasion. Les enfants n’étaient pas vraiment acceptés dans les Gala, un truc de grandes personnes soi-disant, alors qu’elle valait facilement deux ou trois coincés du balai comme on en trouvait là-bas.

Superbe perspective… Heureusement que Thomas était aussi de l’invitation, au moins notre fille resterait avec la sienne en attendant. Je commençais à devenir aussi paranoïaque que Carlisle, ça n’allait pas du tout ! J’eu un ricanement qui leur fit relever la tête mais, croisant les bras sur mon torse et m’engonçant davantage dans mon siège, je fermai les yeux pour chercher un peu de ce repos dont j’allais bien avoir besoin.

* * *

« Je suis vraiment obligé de mettre ça ? » Demandai-je.

Je désignai les chemises posées sur le lit, poussant un soupir en avisant de mon propre tee-shirt que j’espérait pouvoir faire passer pour ce qu’il n’était pas. Mais apparemment mon mari n’était pas dupe et n’avait rien laissé au hasard… Pourvu que ça ne soit pas un coup de cette Deborah, elle avait pas franchement bon goût en matière vestimentaire ! Je jetai un regard méfiant au grand blond qui boutonnait ses manchettes d’un air tranquille et hautain, lequel hocha la tête comme pour me mettre au défi de refuser cette idée. Lui, la chemise ça le rendait canon. Moi, je ressemblais juste à un adolescent qui aurait grandit un peu trop vite !

Levant les yeux au ciel, je poussai un grognement de mécontentement et observai à nouveau l’objet du débat. Porter ce genre de choses… On ne pouvait même pas bouger avec ! Je tendis la main pour en prendre une, bordeaux, avant de me raviser et de finalement choisir la bleue. Relevant le nez, je remarquai qu’il me fixait avec intensité.

« Quoi ? » Grognai-je, trop préoccupé par mes obligations que par ce qu’il voulait sans doute réellement signifier. « C’est bon, je la met ! Mais je garde le jeans et mes baskets ! »

Je couru dans la salle de bain avant de l’entendre me l’interdire, passant mon tee-shirt par dessus ma tête et enfilant l’objet de sa convoitise. Carlisle adorait le bleu, les chemises bleues, donc j’espérais qu’avec celle-ci j’allais pouvoir tranquillement l’attirer pour me venger un peu de ce qu’il me faisait subir. Je gardai mon pantalon sombre et enfilait ensuite le veston et la veste de costume qui allait avec. Tiens, c’était à ma taille ? Première nouvelle ! Peut-être que j’avais grossi un peu pour la remplir ? Ou bien c’était plus serré ? Tout à l’observation de mes investigations, je fis un bon en voyant apparaître son visage dans le miroir.

« C’est pas un peu petit ? » Hasardai-je, tournant sur moi-même. « J’ai l’impression que je ne pourrais même pas danser avec ! Dans les gala son danse, non ? Tu crois qu’ils diraient quoi si je t’invitais pour une valse ou un flirt ? »

Je plissai le regard, signe que ma plaisanterie n’en était peut-être pas une finalement. Doucement, je revins vers la porte qu’il ouvrit et je me plantai devant lui. L’air de défi, un sourire au visage, je me hissai sur la pointe de pieds pour attraper la cravate qu’il venait de nouer et le tirer vers moi. Je m’emparai de sa bouche pour un baiser, peut-être le dernier de la soirée, et nichai un instant mon front contre lui. Simplement sa présence. Son odeur. Sa main, dans mes cheveux, pour me masser la nuque comme lui seul savait le faire…

Je pouvais alelr au bout du monde, tant qu’il était là.
Tant qu’ils étaient là.

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Sloan Fyresciell
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________________________________________ 2019-01-25, 12:12

On the other side « Carlito Kate-middletons-hair-at-ark-10th-anniversary-gala-gifOn the other side « Carlito 1520694957-eviltiger-7
Everything come with a price.

Il n'y avait rien de plus ennuyeux qu'un gala mondain. Carlisle excellait en le domaine, comme dans beaucoup d'autres, cela ne le rendait en rien plus amusant ou moins agaçant, au contraire. Il y avait dans toute ces faussetés, tous ces faux semblant quelque chose de profondément agaçant, bien qu'il ne soit pas le dernier en lisse, loin de là. Rien n’était plus aisé pour lui que de feindre l’intérêt, l’admiration, le respect ou le dédain. Malheureusement, cela faisait partie du poids de la charge lorsque l’on était considéré comme célèbre, et si il n’avait pas été invité au même titre qu’Antropy, il n’était pas moins connu dans le domaine médical, et ses brevets lui valaient bien quelques uns de ces cadeaux empoisonnés. La présence de Thomas et d’Antropy l’aidait cependant à ne pas redouter plus que cela cette épreuve, et il se détendit étrangement vite au goût de son baiser, portant sa main à sa nuque avec une douceur nouvelle. Ou peut-être était-ce du à cette chemise bleue qui lui allait décidément à ravir, il l’ignorait et s’en fichait un peu.

Il demeurait très rare que Carlisle soit l’instigateur de quoi que ce soit entre eux. De manière générale, c’était Antropy qui lui sautait dessus, ravivant ses désirs et les rendant incontrôlable. Il était très rare que Carlisle soit soudain passionné, alors qu’Antropy demeurait calme et innocent. Mais en cet instant, il y avait quelque chose de lourd dans l’air, qui faisait légèrement tourné la tête à Carlisle. Ou peut-être était-ce son inquiétude vis à vis du rouquin qui se muait en une autre forme d’attention, toujours était-il qu’il se surprit à prendre son visage entre ses deux mains, allongeant leur baiser. Ce qui sembla surprendre également Antropy, qui, lorsqu’il recula pour respirer, releva un sourcil intrigué, voir même amusé, ce qui mit Carlisle fortement mal à l’aise, avant de finalement relâcher son visage lorsqu’il entendit Tasha arrivé, poussant sans ménagement ses deux parents pour grimper sur le petit tabouret présent dans la salle de bain et s’observer dans le miroir, demandant l’avis de ses deux papas sur la robe qu’elle portait, ainsi que sur ses chaussures, avant de réclamer que Carlisle ne lui tresse les cheveux. Ce qu’il fit avec joie, ravi de trouver une façon de s’occuper l’esprit et les mains.

Il entendit Antropy pouffer, disparaissant un instant avant de revenir armé d’un appareil photo instantané, qu’il braqua sur eux pour les prendre en photo. Si Carlisle lui lança un regard légèrement réprobateur -les photos de famille demeurait un grand risque, bien qu’il ai cesser de les interdire, Tasha elle demanda aussitôt si elle pouvait le garder pour sa soirée avec Sylvia, et si elle pouvait les prendre eux deux en photo. Incapable de résister à sa propre fille, Carlisle finit par se retrouver à poser pour trois photos, dont deux pendant lesquelles Antropy s’amusa à lui pincer le derrière, ce qui le choqua au plus haut point, bien que cela fit bien rire le coupable.

-Je t’interdis formellement de faire cela durant le gala ! le réprimanda-t-il, quand ils furent entré dans l’ascenseur.

Cela n’eut cependant pas l’effet escompté, puisqu’il recommença aussitôt, dans une effronterie que Carlisle ne lui connaissait que trop ! Fort heureusement, il fut obligé d’arrêter, arrivés à hauteur du parking, puisqu’ils allaient devoir s’y rendre séparément. On ne pouvait guère les voir arrivé ensemble, cela ne serait pas correct. Carlisle entrerait par une porte moins voyante que celle par laquelle Antropy se devait d’arriver, et ils se rejoindraient sur place, là où Thomas les attendrait, probablement proche du bar, si Carlisle se fiait à ce qu’il connaissait de son ami. Il y avait même des chances que son frère jumeaux soit de présent, ce qui n’arrivait presque jamais, mais si tel était le cas, la proximité du bar était même doublement certaine. Rapidement, Carlisle évalua du regard les différents garde du corps qui allait l’accompagné, et ceux qui allait accompagné Antropy, sans oublier les chauffeurs. Il avait depuis la veille mémorisé le moindre de leurs visages, après vérification de l’intégralité de leur vie de la part de Levi, et il fut heureux de constater qu’il s’agissait bien de la même équipe, visiblement trop détendue pour s’apprêter à commettre quoi que ce soit d’autre que d’escorté une star de la chanson et un éminent médecin dans un palais.


Rapidement, ils se séparèrent, après un ultime signe pour lui rappeler de mettre son oreillette, ou au moins d’activé son micro portatif, camouflé dans ses boutons de manchette, et Carlisle s’engouffra dans la limousine, prenant l’expression distante qui le caractérisait lorsqu’il était seul. Il ne comptait pas faire ‘la causette’ comme Antropy le faisait à chaque fois, se contentant de vérifier des mails et d’autres messages durant la totalité du voyage. Il ne fallut guère plus de quelques minutes pour qu’ils atteignent les rues bondées du centre-ville, mais bien plus pour parvenir jusqu’au palais de la famille royale. Intérieurement, Carlisle n’en revenait toujours pas qu’Antropy soit l’un des intimes des fils royaux. Y avait-il seulement un miracle que cet étrange homme ne puisse faire ? Avie en était probablement encore verte de jalousie, à l’heure qu’il était. Rien que d’y songer, Carlisle eue un petit sourire, discret, se contentant d’observer les hautes portes que son chauffeur dépassa, privilégiant une entrée plus discrète.

Là, il fut fouiller, interroger sur certaines des affaires qu’il avait apporté avec lui (téléphone, oreillette, et vaporisateur d’eau de Cologne, soit disant), et il pu enfin accéder aux couloirs royaux, lesquels menaient à la salle de réception, où il devait rejoindre Thomas et Antropy. D’admiration, il ralentit le pas quelques instants, s’étonnant de pouvoir encore, à son âge, être impressionné, et subjugué par la prestance des œuvres accrochées aux murs, il prit même le luxe de s’arrêter un instant, admirant les portraits royaux.

-J’ignorais qu’il existait encore des choses capable de t’émouvoir, fit soudain une voix, délicieuse et suave, marqué d’un léger accent italien.

Aussitôt, Carlisle se raidit, se tournant légèrement pour observer la jeune femme qui venait de l’accoster, dans une robe rouge à la fois provocante et candide.

-Gianna, fit-il sobrement, sans détourner les yeux du tableau de la Reine Elizabeth.

Gianna était la seule et unique fille d’un des plus éminents couturiers italiens de ce siècle. Du moins, telle était la réalité mondaine. En réalité, elle était la gérante d’un trafic d’être humain de porté internationale, épaulé par son frère Giovanni, qui participait activement à l’entreprise familiale qu’était la mafia de Rome et du Vatican, son père Marco, créancier de la moitié des mafias d’Europe, et dirigeant de la plus influente mafia d’Italie, et son petit frère, Claudio, qui pour l’instant attendait de faire ses preuves dans l’une ou l’autre des branches de l’entreprise familiale. Dans un geste calculé, elle fit légèrement glisser l’étole qui recouvrait ses épaules, dévoilant leur contour parfait pour lesquels Carlisle n’avait jamais eue le moindre intérêt. Gianna était une enfant capricieuse, qui exigeait et prenait tout ce qu’elle désirait, et elle avait jeter depuis longtemps son dévolu sur Carlisle, qui n’avait eue de cesse depuis que de la repousser avec politesse. Le problème, c’était que plus l’on refusait quelque chose à Gianna, plus elle le désirait.

-Carlisle, le salua-t-elle à son tour. Je suppose que tu es invité au titre de ton nouveau brevet sur la régénération cellulaire. Tes sœurs sont-elles avec toi ?

-Non, elles sont resté en Amérique. J’accompagne Thomas Schubner.

D’instinct, il sut qu’elle savait très bien qu’il accompagnait en réalité quelqu’un d’autre, et cela lui déplut énormément. Cette femme, en plus d’être une enfant, était d’une dangerosité vénéneuse. Elle en savait probablement beaucoup plus sur lui qu’elle ne le disait, et Carlisle se demanda un instant si il s’agissait d’un ordre de son père ou d’un caprice ordinaire.

-Je suis surprise, fit-elle, en plissant légèrement les yeux. Il me semblait pourtant que vous étiez si proche, êtes-vous en froid ?

-Non, n’ai crainte pour ma relation avec mes sœurs. Et toi, qui accompagnes-tu?

En réalité, il s’en moquait éperdument, mais cela lui permettait de voir si il s’agissait d’une amorce de guerre, ou d’un caprice. Elle n’eut cependant pas le temps de répondre, puisque Giovanni s’approcha, passant son bras autour de la taille de sa sœur, l’embrassant près de son oreille.

-Gianna, te voici. Je vois qu’il ne t’a guère fallut de temps pour te retrouver seul avec ma sœur, Carlisle.

-Bonsoir Giovanni. Détrompe toi, j’admirais les tableaux royaux lorsque ta sœur m’a trouvé.

Aussitôt, Gianna baissa les yeux, comme coupable. Carlisle connaissait trop bien cette famille pour ne pas savoir que Gianna était le bijoux de la famille. Combien d’hommes avait-elle perdu ainsi en feignant l’innocence alors qu’elle était la pire de toutes ? Elle se prétendait pure et chaste, mais seule sa famille y croyait encore.

-J’ignorais qu’on acceptait les roturiers ici, chuchota-t-il à l’oreille de sa sœur, en italien, n’ignorant pas que Carlisle comprenait parfaitement.

Car c’était là tout le dilemme de la belle Gianna, Carlisle n’était pas issu de la noblesse, ce qui lui interdisait de le désirer. Pourtant, cet aspect impur n’avait pas l’air de la repousser, au contraire. Il y avait quelque chose d’avide et de malsain dans son désir, comme un chasseur sur le point de dévorer vivante sa proie.

-Il faut croire que les temps changent, fit posément Carlisle, sachant qu’il ne pouvait créer d’esclandre, mais refusant de se laisser faire par ce parvenu.

Giovanni eue une moue, visiblement peu ravi d’un tel changement, puis, sans un mot, il attira Gianna en avant, la faisant avancer dans le couloir, sans un regard de plus. Carlisle en fut soulagé, mais il ne se faisait pas d’illusions. Elle n’allait pas le laisser en paix de la soirée, et lui ne lâcherait pas sa sœur. Il allait falloir faire preuve de prudence…
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________________________________________ 2019-02-25, 23:11


On the other side.


Je détestais vraiment les trucs trop protocolaires, j’avais malgré moi toujours du mal avec le respect des consignes et cette soirée n’allait sûrement pas y faire exception. Heureusement j’avais un manager parfaitement rôdé à mes habitudes papillonnantes, un attaché de presse au taquet, un mari paranoïaque et de très bons amis à l’intérieur… Même si William et son épouse, Kate, serait bien plus occupés que moi pour l’occasion. Je préférais nettement les voir une fois à l’abri des regards et des caméras, dans leur maison privée parce que même au palais de Buckingham on finissait par ne pas se retrouver seuls. Pour l’heure, ils étaient les hôtes de ce gala et j’étais un invité de plus, destiné à recevoir une distinction pour mes chansons et ma musique. Si j’en étais fier, je ne le criais pas non plus sur tous les toits et il me fallut les minutes de voiture pour parvenir à me remettre dans l’ambiance médiatique de ce qui m’attendait. A l’intérieur je serais un peu plus tranquille mais je resterais sous l’œil des médias – Carlisle avait énormément insisté sur ce point – donc je devrais quand même faire attention à mes gestes. Un peu embêtant quand on savait que je ne le faisais jamais…

J’adorais l’ambiance des concerts, parce que j’étais en tête à tête avec des stades remplis mais je me sentais infiniment à ma place, avec ma guitare, mon rift et mon micro. Mais là, comme ça, noyé au milieu de la foule de mondanités… j’avais juste envie de m’enfuir en courant et de rentrer serré ma fille et mon mari contre moi. J’entendais mon nom de scène appelé plusieurs fois, dans différentes tonalités et même si je n’avais pas franchement le temps je pris le parti de signer quelques cd tendus ; une journaliste m’alpaga à peine quelques pas plus loin, puis une autre avant que Kevin ne vole à ma rescousse pour m’embarquer vers les marches du palais. Les gardes en rouge, militairement et religieusement posté aux abords du portail et de la grande porte, semblaient presque suffisant pour décourager les trop curieux ; néanmoins je fus encore interrompu, attiré, serré, salué par des visages que je reconnaissais sans mal… Ou, au contraire, pas du tout. Je me baignai de compliments envers Sir John que je n’avais pas revu depuis des mois et fut ému qu’il me serre les mains entre les siennes. Cet homme avait bercé mon enfance et mes rêves d’adolescents ! Je cru apercevoir le profil de Joanne mais le temps d’arriver à sa hauteur – plusieurs minutes plus tard – elle avait déjà disparue. Trop de monde. Trop de foule. Trop de… Tout.

Je sentis la nausée me prendre à revers, le sang quittant mon visage aussi vite qu’il y était apparu et mes jambes se mirent à flageoler malgré moi. J’avais repris la chanson. J’avais repris les interviews et autres domaines publics. Mais le simple fait de me retrouver dans une ambiance aussi étouffante, sans possibilité de voir Carlisle où que ce soit, me fit perdre une partie de mes moyens. Tendant la main au Prince William juste devant moi, celui-ci eu l’air de sentir mon trouble parce qu’il eu une poigne un peu plus ferme.

« Tout va bien ? » Chuchota-t-il en se penchant vers moi, l’air inquiet.

« Oh je… Pardon ! » Me rattrapai-je rapidement, hochant la tête. « Oui, j’suis juste.. Impressionné par tout ça ! La dernière fois que je suis venu il n’y avait pas autant de monde, mais je suis certain que ça va être une magnifique soirée ! Et si je ne peux pas discuter polo ce soir, on se rattrapera demain ? »

Il eut un sourire plutôt rassuré et m’adressa un clin d’œil, me confirmant le rendez-vous avant que je ne serre la main de Kate juste à côté de lui. J’admirais cette femme pour sa prestance et sa douceur palpée à même sa peau, son sourire si doux et ses yeux pourtant un peu fatigués par ce train de vie royal. Elle était si imprégnée de vieille Angleterre qu’elle semblait parfois flotter dans d’autres strates bien plus hautes que le commun des mortels. Néanmoins, le sourire encourageant qu’elle m’adressa et son regard descendant jusqu’à mes pieds m’informa qu’elle n’était pas dupe : elle avait senti mon malaise. En revanche, elle me fit un clin d’œil en désignant subtilement ma chemise du menton et je m’esquivai ensuite à la recherche d’un endroit où me poser pour respirer un peu.

Mon salvateur vint en une personne à laquelle je ne m’attendais pas : Sirrus Jacobson ! A première vue j’aurais pu parfaitement le confondre avec Thomas Shubner, mais il avait suffit d’une seule intonation de voix pour que je me rende compte de son identité : on sentait clairement l’Amérique dans sa façon de s’exprimer, quand Thomas possédait le nuage d’allemand le rendant si singulier. En tout cas, il aposa une main chaleureuse dans mon dos et m’aida, malgré les apparences, à rester droit et digne lorsqu’un photographe nous capta depuis son téléphone portable.

« Et dire que nous sommes obligés de nous retrouver au bout du monde pour enfin avoir un peu le temps de papoter… Mais si j’escompte tirer quelques paroles, je pense qu’il nous serais plus judicieux de trouver un coin de bar où t’appuyer pour éviter de t’effondrer. »

Son sourire carnassier était si identique à celui de son jumeau que j’en levais presque les yeux au ciel dans un frisson. Finissant par accepter sa proposition, je le suivi en direction de cet endroit de débauche gustative et inspirait profondément le diabolo fraise qu’on me servi sans me poser la moindre question sur mes goûts ou mes couleurs. Boire un peu de citron mêlé me revigora et je pu enfin respirer correctement, balayant la salle d’un regard mi-inquiet mi-intrigué. Tout ce monde, ces hauts dignitaires, ces stars du show business et ces hommes-femmes politiques réunis en un seul endroit… Ca avait de quoi faire tourner les têtes. Et les cœurs, scandales en sous-jacents et murmures des uns pour alimenter les regards des autres. Un joli petit nid de vipères et d’œufs à couver. Et moi dans tout ça ? Je flottai dans un ailleurs singulier que Jay appelait ma planète ; d’ailleurs, ce filou ne perdait rien pour attendre : je devais savoir avec qui il était l’autre jour en sortant de l’hôpital ! Il ne m’avait pas lâché le morceau. Peut-être que si j’envoyais Saoirse pour lui tirer les vers du nez, il cèderait ? A tenter.

« Tiens tiens, le clan Mazzini au grand complet. »

Je relevai la tête aux paroles de mon allié d’un soir, reconnaissant l’allure suavement prédatrice de Gianna. Je l’avais déjà rencontrée, en Provence, à l’époque où Carlisle et moi venions de nous mettre plus ou moins officieusement ensemble. D’ailleurs ça me rappela un épisode sacrément érotique sur un transat mais… La suite avait été des plus chaotique et surprenante quand sa sœur avait débarqué à l’improviste, m’obligeant à me planquer dans les placards et les chambres pour tenter de l’éviter à tout prix !

Sirrus tapota son verre de bourbon, esquissant un sourire narquois dont il avait le secret.

« Si on retire la figure paternelle vieillissante et flétrissante, ils seraient presque les célibataires les plus convoités du moment. Nonobstant un certain pharmacien qui les éconduit toutes, y compris la princesse dorée d’Italie. »

Je supportai son regard appuyé d’un haussement d’épaule, sirotant le diabolo fraise.

« Je ne vois pas vraiment de qui tu veux parler… » Fis-je mine, amusé. « Je n’aime pas beaucoup les gens comme eux. Ils sont imbus de leur personne et pensent tout savoir du monde… Je ne dis pas qu’ils n’y connaissent rien mais quand je vois qu’on a pas du tout la même notion du prix des repas par exemple, ou de la difficulté que ça peut être de laver son linge quand on a plus de monnaie, je me dis que j’ai beau être désormais invité à ce genre de Gala, je ne m’y sentirais jamais autant à ma place qu’à l’arrière d’une voiture pour gratter quelques notes. »

Mon vis-à-vis ne perdit pas son air amusé, au contraire, il l’accentua lorsque la haute silhouette de Carlisle apparu enfin par la même porte des Mazzini ! Rien qu’à vori sa tête, quelque chose l’avait contrarié et je ne pu m’empêcher de vouloir absolument savoir quoi. L’ennui, très gros ennui… C’est que si je lui sautais dessus pour exiger une réponse, il allait très mal le prendre. Trop de regards. Trop d’attentions. De quoi vous dégouter de vivre avec quelqu’un quand vous ne pouvez même pas prétendre publiquement à l’aimer ; et ce n’était pas l’alliance que j’avais fini par mettre à ma main gauche qui allait m’aider à quoi que ce soit. Si on savait que j’étais désormais un homme marié, il m’était impossible de prétendre à révéler l’identité de la chanceuse / ou du chanceux. Un mal pour un bien. Une question de sécurité.

Maudite sécurité.

« Carlisle ? »

L’interrogeai-je du regard, le laissant passer pour s’accouder à côté de moi. La main tendue dans ses cheveux pour les repousser en arrière. Son air fermé. Agacé. Digne pourtant, guidé et prodigieusement impeccable. Tout mon contraire, notons.

« … Quelque chose ne va pas. »

Concluai-je en l’entendant commander un Manhattan. Double. Magnifique, et nous n’étions là que depuis quelques minutes ! Si ça continuait comme ça, je n’étais pas certains de respecter ma promesse de ne rien tenter d’affectif dans sa direction… Il le fallait mais, moi et les convenances, on ne faisait pas souvent bon ménage.

« Je crois que la soirée va être plus intéressante que prévue. » Souffla Sirrus d’un air satisfait, après avoir serré la main d’Evil et tournant la tête vers son sosie qui venait de nous rejoindre. « Viens donc, Tom. Plus on est de fous, plus on rit ! »

Thomas Shubner leva les yeux au ciel en s’approchant, mais je vis que comme moi il avait repéré le malaise de mon compagnon. Au moins lui pouvait se permettre de le toucher un peu et de faire mine d’être inquiet… Je noyai ma jalousie dans mon diabolo, faisant quelques bulles pour faire passer mon soupir désemparé.

Je ne savais pas pourquoi, mais je ne la sentais pas cette ambiance…
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________________________________________ 2019-03-07, 14:49

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L’alcool amer lui brûla la langue, ravivant légèrement ses sens. Il avait conservé un air lisse et impénétrable, mais Antropy, Thomas et Sirrus le connaissaient bien trop pour se laisser abuser par sa mascarade. Il eue un léger soupir, saluant rapidement les jumeaux, et Antropy, pour la forme, d’un bref hochement de tête.

-Ce n’est rien, répondit-il posément, à la question d’Antropy, une… Mauvaise rencontre. J’ignorais que Gianna était encore célibataire. Après tout ce temps, n’est-il pas temps pour elle de trouver un mari?

Thomas eue un sourire cassant, vite imiter par son frère.

-Voyons, ne te tiens-tu donc pas au courant des derniers potins mondains concernant les riches célibataires de ce monde ? Tu as été rétrogradé en 4ème place, au profit d’un des princes suédois, pour l’information, ajouta-t-il, dédiant une légère oeillade à Antropy. Gianna elle, est toujours bonne première. Et elle a toujours autant de prétendants mais… Il faut croire que son choix se dérobe sans cesse.

Malgré lui, Carlisle eu un regard sévère pour son meilleur ami, ce qui le fit éclater de rire.

-Mais n’ai crainte, son père ne l’entend plus ainsi. A ce que dit la rumeur, elle devrait trouvé un prétendant d’ici la fin de l’année. Avec la bénédiction paternelle.

-Si seulement cela pouvait assouvir sa fougue ! compléta Sirrus, ce qui fit lever les yeux de Carlisle au ciel.

Il en doutait fortement, ne connaissant que trop l’italienne. Tant qu’elle n’aurait pas obtenu ce qu’elle désirait, elle n’aurait de cesse de tout faire pour parvenir à ses fins. Et cela, envers et contre tous… Comme si elle avait perçu le regard des jumeaux, elle tourna soudain les yeux vers lui, l’embrasant du regard comme si elle ne voyait que lui parmi toute la foule. Carlisle maintint une expression froide et neutre, et Gianna se permit un léger battement de cils, comme soudain prise d’une émotion vive, avant de détourner les yeux. Une belle mascarade, bien ajustée. Trois photographes se tournèrent vers lui, et Carlisle prit une gorgée d’alcool, sans bouger d’un pouce.

-Elle est douée, siffla Sirrus, avant de commander à son tour un verre.

Habilement, Thomas vint se placer devant Carlisle, prétextant sans doute de lui parler, barrant ainsi la vue aux paparazzis avides de scoops. Carlisle le remercia d’un petit hochement de tête, lui commandant un bourbon par la même occasion, et il se tourna légèrement vers Antropy.

-Tu as pu voir le prince et la princesse ? demanda-t-il doucement, reprenant une expression bien plus détendue.

Si il y avait une personne peu à l’aise dans ce genre de réception, c’était bien Antropy. Et à le voir là, à siroter un diabolo rose en faisant des bulles, cela n’avait pas changer en l’espace d’une dizaine de minutes. Il sourit, le laissant lui expliquer tout ce qu’il avait manqué, avec ce manque total d’organisation qui était typique chez lui. Carlisle commanda un autre diabolo ainsi qu’un verre de vin blanc pour lui, laissant les jumeaux mettre au point leurs nouveaux tours et leurs derniers récits de guerre. Pendant un instant, il eue même la sensation d’une soirée presque agréable, si l’on oubliait les éternels paparazzis qui mitraillaient plus ou moins discrètement l’assistance, et se faisait plus ou moins gentiment raccompagnés dehors. Cependant, Carlisle garda un œil discret sur les Mazzini, lesquels étaient tout aussi attentifs à ses propres faits et gestes.

-Es-tu fin prêt pour ton oraison de demain ? demanda soudain Thomas, revenant vers eux.

Si Carlisle leva les yeux au ciel, Antropy lui, eue l’air très intrigué.

-Carlisle est le maître de conférences de la journée de colloques de demain, l’informa-t-il, d’un air vaguement supérieur, presque mimé.

-Je suis uniquement le conférencier principal, corrigea-t-il, provoquant une expression de profond émoi chez l’allemand.

-Comment ?! De la modestie ?! Qu’a-t-il pu bien t’arriver pour que tu en sois reput ainsi ?!

Rapidement, il fit un clin d’oeil à Antropy, avant de tapoter l’épaule de Carlisle, qui leva les yeux au ciel à nouveau. N’y avait-il vraiment que cela de changer chez lui ? Du coin de l’oeil, il ne put s’empêcher d’observer vaguement Antropy. Combien l’avait-il donc changé ? Y avait-il une seule parcelle de son âme qu’il n’avait altérer, transformant la souffrance et l’ombre en beauté ? Il avait pour son orgueil également pu déteindre un peu sur le roux, n’en atteste sa chemise élégante ! Et pourtant, combien de Dieux avaient donc été à l’encontre de cette idylle…

La soirée passa, simplement. Quelques personnalités du monde médical vinrent le saluer, quelques autres du monde du showbusiness vinrent saluer Antropy, et ils eurent même le plaisir de revoir la marraine de leur fille, la douce Adèle que Carlisle embrassa chaleureusement sur les deux joues. Elle promit de faire un saut à l’anniversaire prochain de Tasha, avant de partir vers d’autres visages, un verre de whisky à la main, ce qui fit beaucoup rire Thomas. A un moment donné, Antropy s’excusa pour se rendre aux toilettes, laissant les trois hommes seuls, mais ils eurent le déplaisir de voir Giovanni s’approcher du bar, l’air de volontairement les ignorer.

Les trois hommes se raidirent discrètement, dans un accord tacite, sans qu’aucun ne puisse réellement faire mine de ne pas l’avoir vu. Giovanni commanda un vin italien, trois coupes, et sans un regard pour eux, il reparti vers son père, son frère et… Où était Gianna ? D’instinct, Carlisle balaya la salle, cherchant la vipère parmi les convives, mais par dessus tout, cherchant Antropy du regard. Quelle ne fut pas son déplaisir de les voir tout deux réunis, en train de discuter devant la porte des toilettes. Si il s’agissait d’un endroit peu convenable pour engager la discussion, il était encore moins convenable qu’elle se permette de s’approcher un peu trop près de ce rouquin.

Sans rien dire, Sirrus se détacha du bar, traversant la foule avec une rapidité que seule l’habitude et surtout la ruse permettait d’avoir. En un rien de temps, il fut près du roux, et il se mêla à la conversation, pour le grand déplaisir de l’italienne, qui se raidit imperceptiblement.

-Il faut croire qu’elle a plus d’un atout dans sa manche, souligna Thomas, prenant une gorgée de vin.

-Reste à savoir comment elle compte les jouer.

Et quelque chose lui soufflait que cela ne serait en rien plaisant...
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________________________________________ 2019-03-18, 11:39


On the other side.


L’un des endroits où je n’allais jamais pour autre chose que leur fonction principale prenait un tout autre sens ce soir. Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais dans un endroit bondé, mais c’était la première où j’avais du mal à gérer la foule et à compenser le malaise étrange qui me pesait dans la poitrine jusqu’à m’en couper le souffle. L’insouciance dont je faisais preuve d’ordinaire semblait en proie à un petit jeu des filles de l’air et malgré les heures qui avançaient, je n’étais toujours pas complètement tranquille. Une espèce d’instinct, un sixième sens qui me disait de ne pas me laisser aller alors que j’avais tout pour être heureux désormais : un mari diablement sexy et une fille qu’on avait décidé de laisser sur ma route, une carrière où je n’avais plus rien à prouver et une bonne compagnie où que j’aille.

Alors pourquoi cet étau au cœur de ma poitrine qui m’empêchait de respirer convenablement ? Je pris appui sur les vasques des toilettes et me mouillai le visage pour tenter d’y voir plus clair, inspirant profondément, expirant prodigieusement. L’avantage des toilettes masculines, c’était qu’elles étaient souvent inoccupées et j’en profitais un peu pour m’isoler du bruit et de tout le reste. Ca me rappelait les film dans lesquels les gens se font pincer ici et que personne ne les entend à l’extérieur tiens… A cette pensée je sentis un frisson glacée le long de mon échine et me dépêchai de penser à autre chose ! Se ressaisir, voilà ! De toute façon, je n’étais pas obligé de rester jusqu’à la fin du dîner, si ? Si, sans doute, mais… Au moins y avait-il des gens que je connaissais, des gens en qui j’avais confiance, et il y avait Carlisle même si je devais faire comme si je ne lui étais pas lié. Ma main se serra un peu plus dans un poing fermé, alors que j’aurais voulu le passer autour de lui. Mais c’était interdit. Tant que nous étions dans le domaine publique, ce serait interdit.

Je fini par me décider à sortir de là, croisant un homme à la porte qui entra tranquillement et me retrouvant soudain nez à nez avec une femme ravissante que je reconnu sans mal : Gianna Mazzini. Elle eu au moins la décence de feindre un sourire gratifiant et je restais un peu bête face à cette grande dame.

« Monsieur sheeran ! Ou puis-je plutôt vous appeler… Monsieur Tiger ? » Glissa-t-elle suavement, me tendant une main que je soupçonnai attendre un baisemain. « C’est un véritable plaisir de vous retrouver ici. »

« Devant les toilettes ? »

Je n’avais pas pu m’en empêcher, ma langue avait parlé plus vite que moi et voilà… Je lui tendis la main pour serrer la sienne, faisant fit de la bonne manière que j’aurais du appliquer, et un éclair de surprise passa dans son regard. Malgré tout, en femme de la haute société qu’elle était, elle ne perdit pas la face et eu même un léger rire en accentuant son mouvement de poignet.

« Non, à Londres. Il me semble que c’est votre terre d’origine ? Un si beau pays et une si élégante monarchie… Aurais-je loisir de vous revoir au cours de la semaine, vous et votre… Cher partenaire ? »

Je plissai le regard, cherchant à comprendre si elle prêchait le faux pour savoir le vrai ou si elle était réellement au courant pour moi et… Mon silence pouvant s’avérer une preuve, je me dépêchai de trouver quoi répondre.

« Je ne suis pas certain que nous fréquentions le même genre de personnes. »

« Oh, croyez-moi, je sais exactement qui vous fréquentez. »

J’aimais pas trop son sourire là, il y avait quelque chose d’un peu malsain… Vraiment, elle savait quelque chose ! C’était même plus que certain. Est-ce qu’elle m’en voulait de lui avoir pris au pied de nez celui qu’elle convoitait, même s’il était roturier comparé à elle ? Oui parce que j’avais cru comprendre que Gianna était issue de la haute noblesse italienne – ou un truc du genre – et qu’elle ne pouvait pas vraiment se permettre d’être lié à des parvenus étrangers… Dommage, ils auraient été sans doute un très beau couple sur le plan physique mais je doutais sincèrement que Carlisle accepte de se laisser étouffer par ses frères ou qui que ce soit.

Et puis il était à moi, mince à la fin !

Elle fit mine de remettre en place la fleur accrochée à ma veste et je frémis de son audace, sa proximité et son petit air parfaitement saint et si terrible à la fois. La première fois je n’avais pas apprécié cette femme, maintenant je ne l’aimais pas du tout.

Heureusement, comme une aide salvatrice et libératrice, Sirrus apparu à mes côtés dans une nonchalance propre et vint briser ce maigre contact qui me mettait assez mal à l’aise.

« Je vois que vous connaissez notre enfant terrible ? » Lança-t-il à la Dame. « Que n’y a-t-il de meilleur endroit pour des confidences qu’à l’abri des oreilles indiscrètes… Puis-je être dans le secret ou bien était-ce d’uniques petits mots doux à ne partager qu’en privé ? »

Gianna se ressaisit, droite et digne, tandis qu’un sourire carnassier apparaissait sur le visage de mon ami. Après un instant, elle tendit sa main et Sirrus y apposa un baiser digne des grands films de capes et d’épées. Cela sembla la conforter dans sa place mais une petit ride agacée avait surgi sur le côté de son regard ; elle n’était pas contente d’avoir été interrompue.

« Je crains qu’aucun secret ne soit jamais parvenu jusqu’à vos oreilles, Monsieur Jacobson. » Souffla l’italienne. « Mais à force de les cultiver, vous risqueriez de perdre votre peau et vos oreilles. »

« Est-ce une menace ? »

Je relevai les yeux vers le Chafouin, très sérieux derrière son air détendu puisqu’il avait arrêté de tourner le verre entre ses doigts. Gianna soutint son regard sans sourciller et je me doutais que bien plus d’informations passaient uniquement par cet échange silencieux que dans tous les mots qu’ils avaient jusque là employés. Que c’était épuisant d’essayer de suivre des demi-sous-entendus et autres fourberies du genre ! Je n’avais clairement pas le niveau, trop honnête et trop spontané… Au grand dam de Carlisle sans doute mais, au moins, il était toujours au courant de ce que je pensais comme ça. En bien comme en mal.

« Plutôt un conseil… d’amie. »

« Un précieux conseil alors, je tâcherai de le suivre si j’en viens à me remettre en question. » Il eu de nouveau son sourire vorace. Carnassier. « Après tout, ce n’était pas comme si vous ne m’aviez murmurés tant de jolies choses alors que nous étions de proches collaborateurs. Des paroles avisées et pleines de sens. »

Elle devint soudain blême.

« J’ai l’art et la manière de ne divulguer que ce qui ne m’est plus utile… Fort heureusement, l’Italie est encore d’une utilité notoire suffisante pour ne pas me faire m’intéresser davantage à l’Angleterre ou… A l’Espagne, par exemple. »

« L’Espagne… Un bien beau pays, de chaleur et d’histoire, de pierres et de saveurs. Connaissez-vous, monsieur Tiger ? »

Je secouai la tête, avant de finalement la hocher. Carlisle m’avait fait découvrir la Sagrada Familia et son intérieur si grandiose que je me l’étais même fait tatouer sur le ventre, à droite. Pour son plus grand malheur. Je n’étais pas certain de ce que je pouvais ou non répondre, ayant bien conscience qu’il se passait des choses plus profondes que juste leurs sourires et attitudes. Ca me donnait franchement mal à la tête !

« Oh, j’ai failli omettre l’heure. » Sirrus ne jeta même pas un regard à sa montre. « Si vous le permettez, j’ai besoin de ce jeune homme avant que d’autres groupies ne se l’accaparent ! Nous avons quelques affaires à régler. »

Il posa une main sur mon épaule et Gianna Mazzini n’eut d’autres choix que d’accepter cette fuite aussi évidente que fourbe. Elle ouvrit un peu la bouche mais finalement fut rejointe par un homme à l’allure vipérine qui, d’après la proximité qu’ils affichèrent, devait sûrement être de sa famille. Sirrus les salua l’un et l’autre avant de m’entraîner dans la pièce, esquivant les convives pour finalement nous poster à proximité d’une table. Je lui lançai un regard reconnaissant.

« Merci. »

« De ? Oh… De rien. Je m’en serais voulu qu’elle te mange tout cru sous le nez de ton mari ! Il aurait été obligé d’intervenir et de révéler votre lien, ce qui ne serait pas une si mauvaise idée d’après moi mais… N’ayant pas envie d’assister à un bain de sang, je me suis dis qu’il était plus judicieux d’intervenir avant qu’elle ne plante ses dents dans la peau de ton cou. »

Je passai ma main sur ma nuque par réflexe. Non, pas de morsures. Ouf ! Je croisai le regard de William, occupé avec des hauts dignitaires, qui m’adressa un sourire avant de lui répondre d’un clin d’œil.

« C’est quoi le délai minimum supporté avant de quitter une soirée ? »

« Ca dépend, tu risquerai de vexer sa Majesté la Reine si tu partais maintenant ! Après tout, tu es le clou de son gala… »

Ce n’était pas faux, quelqu’un était venu m’informer un peu plus tôt que j’étais attendu pour un concert à la fermeture du dîner… J’avais bien évidemment accepté, toujours fier de me retrouver derrière le micro et avait même pu être remercié par sa majesté en personne ; mais ça signifiait devoir jouer au chat et à la souris encore plusieurs heures…

« C’est pas faux… Heureusement que je ne suis pas seul. »

« Je t’aurais bien dit d’aller fricoter avec ton cher mais ça serait un peu trop visible et les toilettes sont surveillées par des femmes intransigeantes… »

J’eu un léger éclat de rire.

« Nous voilà coincés. »

« Ca ne changera pas des habitudes pour l’un d’entre vous. »

je ris encore après avoir étouffé un hoquet de surprise. Il parlait de Carlisle ou bien ? … Je portai une main à mon torse pour m’empêcher de m’écrouler de rire, soudain soulagé de sa présence et du poids de l’endroit où nous nous trouvions. J’échangeai un regard entendu, murmurant :

« Je crois que tu ne le connais pas aussi bien, finalement. »

Sirrus m’adressa un coup d’œil équivoque et je m’esclaffai de nouveau. Décidément ! Au moins avait-il réussi à me rendre plus léger et me faire oublier l’étau dans mon thorax. Je cherchai d’ailleurs des yeux mon mari, parcourant la foule pour l’apercevoir. Malgré moi, je lui adressai un sourire doux. Il était décidément vraiment très beau habillé comme ça, comme un poisson dans l’eau parmi la société anglaise…

Mais j’avais une hâte certaine : dès que nous serions seuls, j’allais lui faire se rappeler pourquoi il m’avait préféré moi plutôt que tous les autres.

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________________________________________ 2019-03-26, 14:30

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Hell or high water.

Le soulagement ne lui enserra le coeur qu’à l’instant où Antropy revint se percher sur son tabouret, près de lui. Gianna était une femme redoutable, un serpent de la pire espèce capable d’envenimer le coeur de n’importe quel homme et d’étouffer le moindre obstacle décrété sur sa route. Et quelque chose, un mauvais pressentiment, lui soufflait que Gianna était bien mieux renseigné qu’il ne le présumait. Il avait certes tout prévu pour leur protection personnelle, mais il y avait toujours à craindre une femme comme elle. Dissimulant son soupir de soulagement dans son verre, il chercha le regard d’Antropy, comme pour y trouver une confirmation, l’assurance que tout allait bien. Le roux commanda un diabolo limonade grenadine, ce qui rassura un peu Carlisle, mais lorsque Sirrus vint presque pincer sa hanche, il se crispa légèrement.

-Est-il vrai que tu as gagné en souplesse depuis quelques temps ? fit innocemment l’américain, battant des cils tandis qu’Antropy s’étouffait à moitié dans son verre.

Relevant un sourcil vaguement sévère, il fixa tour à tour les deux hommes, qui se mirent à ricaner chacun de leur côté, ce qui le contraria légèrement.

-J’ignore ce à quoi tu fais allusion, fit-il d’un ton neutre, observant Antropy à la dérobée, ce qui fit encore plus glousser le rouquin.

-Te serais-tu mis au yoga, ou toute activité permettant d’acquérir souplesse et paix intérieur ? continua-t-il, légèrement agaçant à sa manière.

-Voyons Sirrus, tu sais bien que Carlisle a toujours eue de nombreux talents innés et cachés, souligna son frère, dans un sourire carnassier qui fit rire Antropy, beaucoup moins Carlisle.

-Est-ce donc ma fête pour que je sois à ce point centre de l’attention ce soir? railla-t-il, mécontent, mais conservant un visage neutre.

Les galas mondains n’étaient fait que d’apparence et de ragots, et visiblement, il n’y échapperait pas, même en meilleure compagnie. Un peu sévèrement, il dévisagea Antropy, qui gloussa de plus belle, n’appréciant pas tellement qu’il étale ainsi leur vie privée, surtout en public. Même si cela faisait des années désormais, Carlisle demeurait très pudique sur la question et se voyait fort mal en parler à qui que ce soit.

La soirée continua, non sans que d’autres célébrités ne viennent les saluer les uns et les autres, sans d’autres piques amusées de la part des jumeaux, ou encore sans blague douteuse et dangereuse de la part d’Antropy, qui s’attira plusieurs regards glacés de la part de Carlisle, ce dont il eue l’air de se moquer éperdument. Cela dit, lorsque Carlisle lui prédit qu’il paierait chèrement de telles bravades, il n’en fut que plus ravie encore, ce qui n’échappa pas aux jumeaux, qui en frétillèrent de concert. Carlisle en leva les yeux au ciel, n’y avait-il donc rien de plus intéressant que sa vie sexuelle ?! Soupirant lourdement, il détourna les yeux, observant la foule avant d’apercevoir le père Mazzini revenir d’un couloir, resserrant sa cravate d’un air sévère avant de se mêler à la foule. Quelques secondes plus tard, Giana apparut à son tour, la joue rosie et les yeux brillants.

Si il n’en éprouva aucune pitié particulière, Carlisle ne put s’empêcher d’éprouver un certain soulagement au fait d’être né homme. Combien aurait-il donc souffert de l’enjeu politique qu’elles possédaient toutes entre les cuisses… Bien loin de lui l’idée de songer à ce que Giana pouvait avoir entre les jambes, mais il revint à sa conversation, empêchant d’autres regards de se tourner vers l’humiliation qu’elle venait de subir. Si Carlisle s’était assouplit, il s’était aussi détourné de la cruauté gratuite dont il se gaussait jusqu’alors.

La soirée allant bon train, l’Angleterre finit par se rappeler à eux et Antropy fut invité à rejoindre rapidement les ‘coulisses’, afin d’être appareillé pour performer. Les jumeaux insistèrent pour le suivre, permettant à Carlisle de se mélanger au groupe, et ils partirent tout quatre vers l’arrière scène, sans qu’Antropy ne réalise le véritable but de ce mouvement. Certes, cela leur donna un peu d’intimité volée, mais la dangerosité de Giana ne rendait pas nerveux uniquement Carlisle. Il ne se plaignit cependant pas trop lorsqu’Antropy se dressa sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser, court, auquel Carlisle mit fin. Il devait rester prudent, encore plus désormais, même si le rouquin ne voulait rien entendre ! Cela fit bien rire Sirrus, qui n’avait jamais encore assisté aux sermons de Carlisle, et après un énième gloussement, le rouquin partit vers son oxygène, la scène. Laissant les jumeaux et Carlisle en arrière, comme d’éternels anges gardiens. Restant à déterminer de quel côté de l’enfer ils se trouvaient.

Discrètement, ils s’extirpèrent des coulisses lors du second refrain de ‘Shape of You, cependant que tous les yeux demeurèrent tourné vers la scène principale, où Antropy et sa guitare enflammait les foules. Jamais encore Carlisle n’avait vu la famille royale se trémousser de la sorte, même la Reine se laissa aller à un petit pas de danse fort amusant. Et si Carlisle tâcha de conserver un visage neutre tout en l’observant, il du plusieurs fois se dissimuler dans son verre d’alcool pour ne pas sourire ou se dérider.

Les choses furent beaucoup moins protocolaires quand ils passèrent enfin le pas de la porte de leur appartement. Thomas avait gracieusement offert de garder Tasha pour la nuit, et Antropy s’était montré extrêmement frustré de ne pas pouvoir retrouver Carlisle dans la salle de bain que Kate et William avaient laissé à sa disposition pour se rafraîchir après le show, si bien qu’il avait eue du mal à tenir jusqu’ici. Trop dangereux. Trop de regards. Pas assez prudent. Seulement, un tigre frustré n’avait plus rien de prudent. Il avait à peine pu attendre que les portes de l’ascenseur ne se ferment pour se jeter au cou de Carlisle, qui, grisé par l’alcool, mit moins d’une seconde à le plaquer contre l’une des parois de l’ascenseur, profitant éhontément de sa taille pour dominer la situation.

Sa cravate finit rapidement au sol, malgré l’aspect ‘pratique’ que souligna le roux pour le tirer à lui tout au long du salon. Il ne fallut guère longtemps pour que le reste de ses vêtements finissent au sol, au grand damn de Carlisle qui aurait aimé au moins pouvoir les rassembler, mais Antropy lui fit bien comprendre qu’il ne lui pardonnerait que difficilement si il laissa sa maniaquerie de bourgeois empiéter sur leur moment ! Carlisle en leva les yeux au ciel, s’attelant cependant à défaire sommairement son mari du reste de ses vêtements -qu’il posa au moins sur un fauteuil et non par terre, avant de lui faire oublier jusqu’à comment respirer, dans de longs et passionnés baisers.
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________________________________________ 2019-04-10, 10:43


Born for this.


Il n’y avait rien de plus oxygénant que le fait de monter sur scène. Le tract et le stress me vrillaient l’estomac jusqu’au moment fatidique mais, une fois derrière ma guitare et mon micro, je pouvais me sentir pousser des ailes. La perspective de jouer devant la famille royale me clouait sur place et m’impressionnait, mais ce n’était rien face à des stades remplis de lumière au final. Juste quelques personnes, des hauts dignitaires et des invités de marque… Qui finirent par tous bouger et même se dandiner sous le son de ma voix.

Une voix qui m’était unique. Estimable. Mon trésor, ma mémoire, mes doigts courant sur l’instrument tandis que j’enchainais les morceaux prévus au programme. Je savais que Carlisle regardait. Je savais qu’il s’amusait dans un coin, obligé de faire mine de ne pas me connaître mais… Je savais aussi qu’il aimait ça. Qu’il m’aurait accompagné dans toute la tournée s’il avait pu. Qu’il aurait sans doute des choses à dire sur la prestation de ce soir. On ne se refaisait pas complètement, jamais, mais grâce à lui j’avais pu retrouver un semblant de ce que j’étais avant… Tout ça. Tout ce qu’il était arrivé. Tout ce qui nous avait conduit là. Juste ici.

Juste dans cette suite londonienne aux lumières éteintes, dans laquelle nous venions d’entrer sans un regard en arrière et claqué la porte avec véhémence. Je ne voulais que lui. Je brûlai pour lui. Mes mains cherchaient inlassablement le contact de son être et, plutôt rapidement, les vêtements hauts de gammes ne furent que chiffons sur le tapis ou les accoudoirs. Je le tirai à moi, refusant qu’il perde un seul instant à les ramasser pour les plier : il existait des priorités dans l’existence et j’estimai en être une en cet instant ! Seuls, repus de l’adrénaline du concert et en manque évident de contact, nous nous glissâmes vers la vaste chambre et je sentis rapidement le contact du matelas dans mon dos.

Sa bouche fondit sur la mienne, j’entrouvris mes lèvres pour le laisser passer et dévorai alors son baiser dans une fougue chaleureuse. Il sentait l’alcool, à faible dose, et un parfum nouveau que j’adorai humer le long de son cou. Mes mains ne restèrent pas silencieuses, se posant sur les muscles de son dos pour glisser vers ses reins, avant de remonter jusqu’à sa nuque en lui tirant un grondement plaisant. J’attrapai la base de ses cheveux et tirai légèrement dessus, provoquant un pincement sur mon torse en réponse de sa part. Saisissant mon poignet pour le plaquer aux draps, Carlisle me domina de son regard polaire avant de s’attaquer à moi comme il savait si bien le faire : avec attention, précision et surtout… Sans pitié aucune.

On n’avait pas toujours été sur la même longueur d’onde, lui et moi. On avait mis beaucoup de temps à accorder nos radios, encore plus à trouver le chemin de nos bouches ou simplement d’accepter le contact d’un corps contre l’autre… Mais désormais, je n’avais plus rien à lui apprendre ou à lui envier. Tout ce qu’il faisait, il le faisait pour moi. Le centre de son attention perdu sur ce lit bien trop grand, alors qu’il prenait possession de mon esprit comme de mon être. Je voulais bien damner mon âme pour la lui dédier, mon cœur s’affolant de nos caresses et frissonnant de ses attentions ; il était un diable, me faisant gémir et espérer, soupirer et supplier. Il était un incube, si parfait dans les reflets de l’obscurité. Il était un mari, tendre et doux avant d’être brusque et puissant. Des doubles facettes. Des évidences qui ne faisaient que s’affirmer.

Et je n’eu pas assez de voix pour suivre le rythme qu’il m’imposa, m’offrant à lui sans retenue ni commune mesure. J’étais à sa merci… Et lui à la mienne.

L’aube se leva bien trop vite et, après plusieurs grognements indignés face au soleil qui s’infiltrait par les fenêtres, je fini par me lever pour tirer les rideaux et revint me pelotonner contre lui dans un soupir fatigué mais satisfait. Je collai ma joue à la peau de son dos, ma main caressant sa hanche qu’il avait recouverte d’un coton – ne supportant pas de dormir nu où que ce soit – distraitement en cherchant vainement à me rendormir. La nuit avait été très courte, affolément enrichissante et jouissive, mais la journée allait être longue. Si je pouvais grappiller quelques minutes supplémentaires… Je ne disais pas non.

Je dormis une heure de plus, il m’en laissa l’opportunité car je savais qu’il était réveillé depuis un moment. Je me demandais souvent comme il faisait pour dormir aussi peu, mais j’oubliais bien rapidement pour sombrer moi-même dans l’inconscience. Quoiqu’il en soit, a mon réveil j’entendis vaguement le son de la douche et je le vis, après quelques minutes, s’extirper de la salle de bain avec une serviette dans les mains pour essuyer ses cheveux blonds. Sexy. Vision sacrément sexy, même ! Je restai là à l’observer en silence, un petit sourire goguenard aux lèvres, et je me fis rapidement chasser du lit pour faire de même. Feignant de ne vouloir m’y rendre seul, Carlisle ne me laissa pas vraiment le choix avant de finalement céder et de me rejoindre pour mon plus grand plaisir !

J’étais vorace et affamé, je l’avais rendu tout aussi gourmand. Et j’adorai démarrer des journées de cette manière… Ça allait être un bon jour, à n’en point douter !

« A quelle heure tu termines tes conférences ? »

Demandai-je, passant un pull par-dessus ma tête encore mouillée.

« Parce que je crois que Will voulait rester à Kensington mais Katherine avait proposé de pique-niquer ailleurs si le temps le permettait… Et si la femme d’Harry pouvait faire le déplacement. »

Je n’avais qu’un bref aperçu de la journée à venir, me contentant comme d’ordinaire de suivre. C’était des heures classées sous l’intimité et la tranquillité, absolument rien de mondain ou de protocolaire. J’étais curieux de rencontrer Louis, mais je connaissais déjà George et Charlotte, les deux aînés du couple royal. Je ne connaissais pas non plus vraiment Meghan, n’ayant pu assister à son mariage avec Harry faute de disponibilités (ironie) mais ça allait être l’occasion… Je savais que Sirrus serait de la partie, ainsi que probablement d’autres personnes proches des royaux, mais la perspective de m’y rendre sans Carlisle me mit un peu le mouron.

Et ce n’était pas le fait de savoir qu’il m’y rejoindrait après, en compagnie de Thomas, qui m’enchantait.

« T’es sûr que tu ne veux pas que je vienne te voir pour qu’on y aille tous les deux ensemble ? » Suggérai-je une dernière fois, en vain. « Je peux quand même te harceler de messages ? Histoire que tu ai l’air déconcentré face à tes pairs. »

Je pris une mine malicieuse et il leva les yeux au ciel en réponse. Un dernier baiser. Un contact prolongé. Et je m’écartai de l’entrée pour le laisser partir avec son attaché-case et son costume sur-mesure qui lui allait terriblement bien. Il n’avait pas fait dix mètres que je le vis déjà au téléphone, mais j’esquissai un sourire lorsque, une fois dans l’ascenseur, il m’adressa un regard et que je vis ses lèvres s’étirer en un sourire discret.

Il était à moi. Point, à la ligne.

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________________________________________ 2019-05-08, 09:25

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Hell or high water.

Il eut droit à pas moins de dix messages entre sa sortie de la chambre et son arrivée à l’université de Londres, ce qui, en soit, relevait déjà de l’exploit. Carlisle connaissait l’esprit joueur d’Antropy, et il mit rapidement son téléphone sur silencieux, craignant une nouvelle sonnerie ‘amusante’ programmée par son mari. Voir son téléphone sonner en plein musée berlinois était une chose, mais se voir interrompu en plein milieu d’une conférence dont il était le membre d’honneur par une sonnerie directement affiliée à la pop-culture… Carlisle s’en passerait volontiers.

Passant son index sur sa lèvre, il ne put s’empêcher de sourire pourtant, lisant ses inepties avec une certaine tendresse. Même si le danger n’était jamais écarté tout à fait, il se sentait soulagé de le savoir proche de la famille royale et de Sirrus pour l’après-midi. Au moins, pouvait-il avoir l’esprit ailleurs quelques heures et se concentré sur son colloque. Après tout, si il avait gagné en modestie, Carlisle n’était jamais les honneurs de ses pairs.

L’université médicale de Londres était l’une des plus réputés d’Europe, sinon du monde, et si la conférence était publique, et majoritairement suivi par des médecins déjà en fonction, Carlisle remarqua bien vite quelques dissonances dans la foule. Les étudiants, probablement invités, et dont les visages juvéniles et souriant donnaient un peu plus de profondeur et de vie à l’ensemble. Il s’attira bien rapidement des oeillades de quelques jeunes femmes, qui après avoir écarquillés les yeux se mirent à le suivre, visiblement surpris de le voir arpenter leur université de la sorte. Au vue de leur accoutrement, Carlisle doutait qu’elles fussent étudiantes en médecines mais après tout, la curiosité pouvait être une qualité. D’autres visages différaient du reste, Carlisle reconnu quelques journalistes, sans doute invités par le doyen, pour relayé le prestige d’une telle assemblé. Il y avait aussi quelques dignitaires, tel que le maire de Londres, ou encore l’un des plus important pasteurs de la ville… Sans oublié Giana.

Il la reconnu dès qu’il entra dans l’amphithéâtre dédié à cette journée de colloque, immanquable dans son drapé rouge qui coulait tout autour d’elle. Fusse-t-elle une autre femme, Carlisle l’aurait trouvé élégante, à cet instant, il n’éprouva que du mépris, se demandant même si elle avait l’intellect suffisant pour suivre de telles conférences. Giana était loin d’être idiote, mais son domaine de prédilection n’était certainement pas la médecine, encore moins la régénération cellulaire. Et elle avait eue la délicatesse de s’asseoir au centre de la pièce, là où Carlisle serait sans doute obligé, par réflexe, de jeter des oeillades. Il se fit aussitôt la promesse de mettre un point d’honneur à ne pas le faire, et l’ignora dès qu’il la vit.

Thomas, en revanche, ayant privatisé quelques sièges, bien plus bas, l’accueillit à bras ouvert, avec cette nonchalance drapé de tactile qui lui ressemblait tant. Une main niché dans la nuque de son ami, il le félicita chaudement et lui réitéra son impatience quand à son intervention, l’accompagnant même vers le doyen, qui, après de pompeuses présentations, le guida jusqu’aux coulisses, où on l’équipa d’un micro. On lui expliqua rapidement le déroulé, lui rappelant le temps qui lui était imparti -plus d’une heure et demi- afin d’expliquer ses avancées techniques, puis une courte pause serait observé, durant laquelle un buffet serait à disposition de tous. La conférence se poursuivrait avec l’intervention d’un suédois étudiant dans le même domaine, puis un chercheur italien avant de poursuivre par un débat d’une heure avec le public.

Carlisle acquiesça, jetant un regard à son téléphone, le temps que le ‘public’ ne s’asseoit, souriant quoi que soupirant légèrement de voir plus de trente messages s’afficher. Il ne les lut pas, se contentant de répondre un bref ‘La conférence commence. A plus tard.’ qui, il le savait, lui vaudrait de remontrance quant à son refus d’utiliser des émoticones pour rendre ses messages moins froid.

La conférence démarra un quart d’heure plus tard, et après une introduction délivrée par le doyen de la faculté, Carlisle fut appeler, et reçu sous une pluie d’applaudissement poli et intrigué, et légèrement bruyant de la part de quelques jeunes femmes, assises au premier rang.

-Mesdames et messieurs, mes chers collègues, merci, salua-t-il sobrement, impeccable dans la lumière, prenant place au centre de la scène. Depuis plus de dix ans, je travaille sur la régénération cellulaire, et si j’ai par le passé été récompensé pour les nombreux produits que je suis parvenu à créer du fruit de mes recherches, jamais je n’étais encore parvenu à une totale régénération. Mais ce qui, il y a encore trois ans, aurait été impossible, ne l’est plus aujourd’hui.

En face de lui, Carlisle vit Thomas se mordre l’index, signe d’une profonde excitation et d’une profonde fierté qui le fit sourire, et, armé de son laser, Carlisle se tourna vers l’immense projection des schémas derrière lui, et commença son fantastique récit. En bon gentleman, il finit légèrement en avance, laissant ainsi le loisir aux organisateurs de guider fluidement les chercheurs et autres invités vers les buffets dressés dans le hall de la faculté, sans heurt ni problème réel. Thomas fondit évidement sur lui, le félicitant pour son oraison, son talent d’éloquence, sa beauté, et sa prestance, sans réelle échelle, et il ne put s’empêcher de sourire, simplement. Au fond de lui même, Carlisle ressentait une grande fierté, et même de l’orgueil, et voir tant de chercheurs se polariser autour de lui, choqués et hébétés de son succès et de son travail ne le rendit pas plus humble, au contraire.

Il prit plaisir à converser rapidement avec plusieurs de ses collègues, buvant une petite coupe de champagne que l’on lui avait donné, et après quelques banalités, des jeunes femmes finirent par l’approcher, dans l’espoir visible de retenir son attention. Si Carlisle fut poli, il n’en demeura pas froid et distant, ce qui n’en rebuta pas une. Thomas en profita pour attiser leur intérêt, au grand damn de Carlisle, et après quelques gloussements, elles finirent par s’en aller, des étoiles plein les yeux. Carlisle en leva les yeux au ciel, ce qui fit beaucoup rire Thomas.

-Allons Kamarade, oses donc me dire que ces petits jeux ne t’amusent plus ? Tu avais l’air d’un véritable conquérant sur ton estrade ! Pas étonnant que quelques jeunes minois soient si… Impatients de t’approcher.

Carlisle soupira, levant les yeux au ciel, saisissant la bouteille que l’une des jeunes filles avait prétexté lui avoir chercher pour l’approcher, buvant une gorgée avant de retourner à l’intérieur de l’amphithéâtre, mais à peine eut-il déglutit qu’une profonde brûlure lui envahit le palet et la tranché. Sa main se porta directement à sa gorge, cependant que le feu se répandait dans son estomac, et il se mit à suffoquer, sa main s’agrippant à l’épaule de Thomas. Tout autour de lui, il cru entendre des cris, des bruits de verre, et de talons, mais le regard de Carlisle se voila, et avant de le comprendre, il tomba à genoux, le poison se répandant dans son système sanguin. Ses mains se mirent à trembler, et alors qu’il ressentit une légère piqûre au niveau de la nuque, il sentit son corps entier tomber en avant, ses muscles cessant de lui obéirent. Il eut une pensée pour Antropy, pour Tasha, et le monde entier disparut dans un immense silence.
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________________________________________ 2019-05-09, 12:06


Born for this.


Ca devait être une journée tranquille : revoir des amis, passer un bon moment, entendre les dernières nouvelles du monde et profiter de la présence de jeunes enfants comme George, Charlotte et Louis, en compagnie de Tasha, Sylvia, Katheleen et Sirrus. Un moment de réunion tranquille et sans grandes ambitions autre que celle de passer une bonne journée… Je n’avais pas revu William depuis des mois et malgré notre correspondance régulière, j’avouais prendre un certain plaisir à me retrouver de nouveau en sa compagnie. Il était à la fois simple et complexe, un homme accompli mais un grand enfant dans le cœur, et je devinai à la barre qui fronçait ses sourcils que quelque chose l’empêchait d’être complètement avec nous. C’était ça le grand problème d’être l’héritier d’un pays entier sans doute… Nous avions donc profité que les enfants soient occupés dans l’un des salons de Kensington pour finalement discuter tous les deux. C’était la moindre des choses. Evidente en matière… d’amis ?

L’heure du repas était dépassée et connaissant l’attrait de Katherine pour les horaires à respecter, nous allions nous faire gronder. Décidant l’un et l’autre de nous rapprocher de la salle à manger, je fus surpris de voir apparaître Sirrus juste derrière la porte, un téléphone à la main. Vu sa tête, il ne venait pas d’apprendre une bonne nouvelle : ses yeux passèrent de l’un à l’autre, le mobile en suspend non loin de son oreille, et je priais pour qu’il s’arrête sur notre hôte pour s’excuser de devoir partir rapidement. Intérieurement, j’espérais. Après tout, que pouvait-il arriver ici et maintenant ? Nous étions dans une bulle de confort après une excellente soirée et une nuit tout aussi excellente…

Malheureusement, le regard du Chafouin me fixa.

« Antropy, tu as éteint ton téléphone ? »

« Oh je… Euh… Peut-être ? »

Je fouillai rapidement mes poches à la recherche de mon portable, me rendant compte que je ne l’avais tout simplement pas sur moi.

« J’ai du le laisser sur la table quand on est venu là… Pourquoi ? Il y a un problème ? »

D’instinct je cherchai Tasha du regard, mais Sirrus m’empêcha de tergiverser des heures sur qui pouvait bien avoir un souci… Il marqua un silence court face à ma réponse, hocha la tête lorsque son interlocuteur répondit au bout du fil et reprit :

« C’est Carlisle. Il a été empoisonné. »

* * *

Mon esprit était en black-out total, incapable de penser convenablement ou de réfléchir. Je voyais juste des centaines d’images défiler à la seconde sans trop savoir où m’arrêter et lesquelles éjecter radicalement de mon crâne pour ne plus les voir… J’avais l’impression de revenir plusieurs années en arrière. Plusieurs mois. Plusieurs temps où le sang faisait parti de notre quotidien et où Carlisle me répétait qu’il était un chef de pègre continuellement surveillé et craint à la fois. Où il me disait constamment de faire attention, de surveiller mes arrières et qu’il m’assurait que lui savait très bien comment faire pour nous maintenir à l’abri. Où il était vigilant, outrageusement méfiant, et où il s’était fait tirer dessus en voulant m’éviter de l’être à sa place. Où il m’emmenait en Allemagne pour servir d’appât sans que je ne m’en sois rendu compte. Où il venait me chercher après avoir été kidnappé par une branche de la mafia allemande. Où il… Etait un type aussi froid qu’inatteignable. Puis j’étais arrivé, j’avais chamboulé son quotidien et tout envoyé valser.

Et je l’avais mis en danger.

Moi, avec mon optimisme à toute épreuve et mon idéal incertain comme volage. Je l’avais mis en danger parce que je lui avais fait baisser sa garde, je l’avais rendu apparemment vulnérable et voilà où nous en étions aujourd’hui : il avait été empoisonné en plein congrès médical et personne ne savait, pour le moment, qui était responsable d’une telle chose. Enfin, je soupçonnais Sirrus et Thomas d’être au courant de plus d’informations que moi mais j’étais incapable de les demander ; je ne pouvais que serrer nerveusement mes mains entre elles en essayant de ne pas céder à la panique complète qui me gelait l’échine et paralysait mes sens. Empoisonné. Pas poignardé, blessé ou quoi… Empoisonné. Dans les livres, ils disaient que c’était l’arme préférée des femmes… Mais toutes les femmes adoraient Carlisle, séduite inéluctablement malgré sa nonchalance et son désintérêt. Alors… Pourquoi ? Et… Qui ? Qui oserait lui faire ça ?! Qui…

Sirrus m’avait assuré qu’il était vivant. En tout cas, à l’heure où Thomas l’avait contacté – faute de parvenir à me joindre sur mon téléphone – il l’était. Encore. Et je refusai la simple idée qu’il puisse passer l’arme à gauche aussi facilement qu’un claquement de doigts ! C’était comme ça la vie, le karma se faisait un malin plaisir de croire qu’il vous avait oublié… Pour mieux vous revenir dans la tronche et frapper là où ça faisait mal. C’était très simple : je n’imaginai plus ma vie sans lui. Incapable de songer à ça. Incapable de réaliser qu’il pourrait un jour ne plus être là. Incapable de m’en séparer après avoir eu tant de mal à le retrouver et le reprendre… Ce maudit héritier Evil était l’homme de toute ma vie et voilà qu’on venait de chercher à me l’arracher de la plus odieuse des manières ! J’en pleurerais si je n’étais pas aussi choqué, livide et si Sirrus ne me disais pas quoi faire pour ne pas rester simplement bloqué sur place, paralysé. On disait que j’avais d’excellents réflexes… Mais pour le coup, je me contentais de le suivre avec l’espoir vain qu’un miracle se produise.

N’importe quoi, mais qu’on me le laisse… !

Les couloirs de l’hôpital où il avait été emmené semblaient interminables. J’entendais les bruits de la foule, la suite de patients ou de personnel hospitaliers qui nous effleuraient sans vraiment les voir, la main du Chafouin posée sur mon épaule pour me forcer à avancer, toujours. Je lui faisais confiance. Peut-être était-ce irraisonné ou complètement stupide mais, en tant que frère jumeau de Thomas Shubner, je ne pouvais m’empêcher de le croire. De le suivre aveuglément, comme je l’aurais fait de Carlisle. Comme je l’aurais fait de ceux qu’il m’a présenté comme ses amis, y compris l’étrange dame Joanne Kennedy. Shubner avait indiqué un étage mais pas de chambre, pourtant Sirrus avait l’air de savoir où il se rendait. Est-ce qu’il était déjà venu ici auparavant ?

Une suite de portes. Des marches. De nouvelles portes. L’écriteau « réanimation ». Du bruit, des bips familiers qui me replongèrent dans ma propre existence et me firent me sentir mal, un haut le cœur manquant de me couper le souffle. Quelques secondes. J’avais juste besoin… De quelques secondes. Avant de papillonner du regard, de croiser les yeux inquiets et étonnamment sérieux de Sirrus, et de lui accorder un hochement de tête frémissant pour lui signifier que j’étais toujours là. Il eut la prévenance d’attendre quelques instants avant de me faire signe en direction d’une porte. La surface vitrée était juste à côté de lui mais je refusai de regarder au travers, prenant une grande inspiration avant d’abaisser la poignée dans un dernier élan d’espoir.

Et lorsque je le vis, pâle comme un mort, œdématié et avec ces fils qui rejoignaient son bras pour lui apporter je ne savais quel produit… J’eu la plus grande peine du monde à me retenir de pleurer. Thomas se leva immédiatement en me voyant, venant d’abord poser une main réconfortante sur mon épaule, puis finalement me prendre dans ses bras dans une étreinte que j’ignorais être finalement plus que nécessaire. Je me laissai faire, ne quittant des yeux la silhouette endormie de mon mari. Assoupi. Sédaté, sans aucun doute. J’attendis. Le bruit de sa respiration. Les mouvements lents de son torse. Il n’avait pas l’air de souffrir, ainsi. Pourtant je savais que ce n’était pas la vérité… Ma lèvre trembla lorsque je levai les yeux vers Shubner.

« Raconte moi ce qu’il s’est passé. »

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________________________________________ 2019-05-09, 19:48

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Hell or high water


Il fallut quelques heures à son organisme pour reprendre le dessus. Les antidotes et autres produits qu’on lui avait administrés l’avait sauver, mais son corps engourdi s’était enfoncé dans un sommeil profond pour l’empêcher de souffrir ou du moins, pour atténuer sa souffrance. Sa traché avait été endommagé, brûlée, ainsi que son estomac. Le poison avait envahi son sang, privant ses organes d'oxygènes pendant plusieurs minutes, mais aucune séquelle n’était à déplorer pour l’instant. Fort heureusement, Thomas Schubner avait réagi avec la plus grande des rapidités, usant du sérum que Carlisle avait lui-même créer pour stopper, ou du moins, atténuer les effets du poison en attendant les secours. Si sa vie n’était plus en danger, il faudrait un peu de temps à son corps pour guérir totalement.

Quand il ouvrit les yeux, Carlisle identifia immédiatement où il se trouvait, son esprit analysant rapidement si il s’agissait d’un hôpital allié ou ennemi. Les écritures en anglais sur le plan d’évacuation lui confirmèrent qu’il était toujours en Angleterre, et la vue de la fenêtre lui indiqua rapidement qu’il ne s’agissait pas d’une sortie éventuelle. Son pouls accéléra lentement, le forçant à inspirer plus profondément pour demeurer le plus calme possible, mais c’était sans oublier les oreilles hors du commun de son mari, dont la tête reposait sa cuisse depuis plus d’une heure désormais. Dès qu’il perçut la légère différence, le roux releva la tête, son visage chiffonné et cartonné s’illuminant en réalisant que Carlisle venait d’ouvrir les yeux. Et donc de se réveiller.

-Carlisle! hurla-t-il à demi, se jetant à son cou en provoquant un léger râle de la part de Carlisle, qui le fit aussitôt reculer. Qu’est-ce qu’il y a?! Tu as mal?! Où est-ce que tu as mal?! Tu as besoin d’un médicament?! Thomas! Sirrus! J’ai bes...

Rapidement, la main de Carlisle se plaqua sur sa bouche, le forçant à se taire, cependant qu’il se redressait légèrement dans le lit, à force de grimace. Aussitôt, Antropy se figea, l’observant avec de grands yeux humides, les joues cartonnées de sel, contre laquelle Carlisle fit glisser sa main, en traçant la forme du pouce. Il avait l’air tellement… Terrifié. Et soulagé à la fois. Rapidement, Carlisle tâcha de se remémorer ses derniers souvenirs, ravivant la douleur de sa gorge, et comprenant le léger sifflement qu’il produisait sans le vouloir. Il lui fallut une nouvelle inspiration avant de parvenir à parler.

-Antropy.

Aussitôt, une vive douleur embrasa sa gorge, le faisant tousser comme pour recracher le poison responsable. Son corps se cabra en avant, sa main venant agripper l’épaule d’Antropy dans un réflexe, l’autre se posant sur ses lèvres comme pour s’intimer de se taire. Peine perdue. Ses poumons irrités se mirent à siffler, et après de nombreuses secondes seulement, Carlisle parvint à relever la tête, se tournant aussitôt vers Antropy, dont le visage paralysé par la peur lui fit vraiment mal au coeur.

Doucement, il secoua la tête, tentant de sourire mais sans succès. Sa main retrouva sa joue, la caressant doucement, tendrement, comme pour le rassurer. Tenter, du moins. Mais quand une larme vint s’écraser sur son pouce, Carlisle se pencha légèrement, plongeant dans son regard avant d’inspirer profondément.

-Tout va bien, peina-t-il à articuler, un goût de métal venant envahir sa bouche.

Brusquement, ce fut au tour d’Antropy de poser sa main sur les lèvres de Carlisle, un air paniqué sur le visage.

-Arrête! Ne… Ne parles pas! Si tu… ne parles pas! Tu dois…

Il avait l’air si effrayé. Si tendu. Si perdu dans sa propre peur que Carlisle finit par le guider contre lui, le serrant dans ses bras en caressant sa nuque doucement. Il avait été formé toute sa vie à ce genre de situation. Pas lui. Pas ce rouquin tremblant qui s’agrippait à lui comme à un noyé à une bouée. Pas cet homme qui reniflait pour dissimuler des sanglots que Carlisle sentait pourtant soulever son torse. Pas son mari, perdu et terrifié à l’idée qu’il puisse ne plus jamais parlé. Carlisle savait que cela prendrait un peu de temps, un jour ou deux, tout au plus, mais pour Antropy, tout cela devait être vraiment impressionnant.

Il y eut un instant, un petit flottement, avant que le déclic de la poignée ne se fasse entendre, faisant sursauter Antropy et se crisper Carlisle.

-Peut-on entrer? demanda simplement Thomas, un sourire en coin, à qui Carlisle fit signe. Je t’ai apporté de quoi te changer Kamarade. Une telle tenue ne va pas à ton teint.

Et il fallait bien avouer qu’il n’y avait rien de plus humiliante que d’être nu sous une blouse d’hôpital. Aussitôt, Carlisle le remercia du regard, tendant le bras pour prendre le sac qu’il lui tendait, tentant déjà de se redresser pour aller jusqu’à la salle de bain, mais Antropy le repoussa, le forçant à se rallonger dans son lit.

-Ah non! Tu restes allongé! Tu… Des vêtements, sérieusement? s’insurgea-t-il, se tournant vers Thomas, comme si l’idée était la plus bizarre qui soit.

-Tu connais ton mari, répliqua Sirrus, haussant les épaules comme pour se dédouaner.

-Crois-tu vraiment que Carlisle demeurera en tel accoutrement plus que le temps obligatoire? souligna Thomas, une petite moue désinvolte sur le visage.

Malgré lui, Carlisle leva les yeux au ciel, passant ses jambes hors de son lit pour se diriger vers la salle de bain, malgré les objections du roux, qui tenta une fois de plus de s’interposer.

-Antropy, s’il te plait, siffla-t-il, tournant un regard froid vers lui.

Aussitôt, Carlisle le vit se tendre, avant de baisser les yeux, perdu comme rarement encore. Doucement, Carlisle passa son index sous son menton, le forçant à relever les yeux vers lui.

-Je n’en ai pas pour longtemps, articula-t-il à voix basse, s’assurant qu’il l’avait bien comprit avant de saisir la barre de sa perfusion, et d’aller s’enfermer dans la salle de bain.

Dès qu’il fut seul, Carlisle agrippa le rebord du lavabo, son visage se tordant dans un masque douloureux. Le feu entravait sa gorge malgré les antidouleurs que l’on avait dû lui prescrire ou ceux-ci avaient cessé de faire effet. Son estomac se tordait de crampes violentes, et l’oxygène lui faisait tout autant mal que si il respirait des braises encore chaudes. Retenant de nouvelles toux, il se tordit, collant son front à la céramique froide un instant avant d’oser relever les yeux vers son reflet. Blême. Les yeux injectés de sang. Ses lèvres légèrement décolorées, et si l’on faisait attention, une légère trace de brûlure était visible. De l’arsenic peut-être. Trop tôt pour le dire. Prenant une grande inspiration, il lutta contre la soif qui tiraillait son être, se concentrant sur le sac que Thomas lui avait ramené. En quelques minutes, il fut changé, et quand il réapparut, ce fut en étant un peu plus lui même.

Cependant, cela ne plut absolument pas à la médecin qui était entré en son absence.

-Je peux savoir ce que tu fabriques, Carlisle?! fit Cristina Yang, en posant un poing sur chacune de ses hanches.

-Je me changeais, répondit-il, d’une voix cassée, ce qui n’émeut pas la jeune femme le moins du monde.

-Et on peut savoir de quel droit? Est-ce que je t’ai autorisé à le faire? Non, je ne crois pas!

Autour d’elle, Carlisle pu apercevoir l’air hilare des jumeaux, et très surpris et admiratif d’Antropy, mais il se contenta de soupirer, toussant discrètement.

-Tu vois, c’est exactement pour ça qu’aujourd’hui, je suis ton médecin et tu es mon patient, alors tu feras ce que je te dirais de faire.

-Cristina…

-Silence! Assieds-toi. Et ouvre la bouche.

Levant les yeux au ciel, il alla cependant s’asseoir docilement, ouvrant la bouche pour qu’elle puisse observer l’état de celle-ci et de ses muqueuses.

-Mouais, fit-elle après un instant de réflexion. C’est pas très beau. On n’a pas encore réussit à déterminer ce que c’était précisément, mais ça ressemble à un mélange d’arsenic et de cyanure, l’odeur d’amande en moins. Tu vas avoir mal plusieurs jours, alors économise ta voix. Et bois doucement, c’est clair? Je reviendrais te voir dans une heure. En attendant, tu restes là, c’est clair? Si quand je repasse, tu as bougé, ne serait-ce que pour aller regarder par la fenêtre, je te botte les fesses.

Carlisle lui dédia un regard désabusé, qu’elle soutint sans problème, avant de se tourner vers Antropy.

-C’est vous la personne de confiance? Vous le surveillez, d’accord? Sa gorge a été sévèrement brûlée, et son estomac n’est pas au mieux. Il va sans doute avoir du sang dans sa salive, alors je v...

Aussitôt, Carlisle se redressa, menaçant, comme pour s’interposer entre elle et Antropy, mais elle le dévisagea, comme pour mesurer si il était sérieux ou non.

-Si il a l’air d’avoir le moindre problème, même juste pour avaler, vous appuyez sur le bouton, ok? conclut-elle, avant de hocher la tête, et de sortir de la pièce.

-Eh bien, siffla Sirrus, cependant que Thomas éclatait de rire. Je vois qu’elle n’a absolument pas changé!

Et ça, c’était encore le moins que l’on puisse dire...
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