« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 A dada prout prout cadet. A cheval sur mon bidet. Mets pas tes doigts dans l'nez. [Fe]

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Jack Frostenson
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Jack Frostenson

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Tout se casse la gueule, de partout. Mais j't'assure. Ca va très bien!

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| Conte : Les Cinq Légendes
| Dans le monde des contes, je suis : : Jack Frost

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________________________________________ 2020-11-16, 16:24


         


Tu veux un bonhomme de neige?
A dada prouprout cadet, à cheval sur mon bidet, mets pas tes doigts dans l'nez...






Les mains dans les poches, j’avançais dans la nuit. Ma capuche me couvrant l’intégralité du visage, j’errais dans la ville en plein milieu de la nuit. Les réverbères éclairaient mon passage, et l’air était plutôt doux pour la saison. Ce qui me fit d’ailleurs décocher une petite grimace. Avec le réchauffement climatique, l’hiver tardait toujours… Je soupirais, pensif.
Il devait être dans les neuf heures du soir. J’en profitais pour me balader, et errer… Car à vrai dire je ne sortais pas beaucoup la journée.
Malgré les efforts d’Anna qui m’y encourageait, je n’avais pas trouvé la force de le faire. Que diraient les gens, les citoyens de la ville, s’il voyait que leur ancien Maire qui les avaient lâchement abandonnés étaient de retour ? Et ses anciens amis ?
Déjà, qu’avec Anna, ça avait très complexe… Il préférait y aller petit à petit. Pourtant, c’était un supplice de rester, la journée, sous le même toit qu’Elsa.
Les mains dans les poches, je passais devant les boutiques sans les voir. Ma boutique de glace avait totalement changé, et j’eus un pincement au coeur. En revanche, celle d’Aster était intacte… Et si je lui jouais une petite farce….
Regardant à gauche et à droite, je m’assurais que personne ne venait… Levant mon bâton, j’allais geler le trottoir devant la boutique quand… Ma main s’arrêta. Et si c’était Anna qui se cassait la figure ? Non… Non. Il ne valait mieux pas faire de blague du tout. Me regardant dans la vitrine, je remis mon bâton dans mon dos en soupirant…

« Hé bien, on dirait que t’as grandi. »


Oui, je me parlais à moi même. Ca m’arrivait souvent depuis que j’avais quitté la ville. J’avais repris cette vieille habitude, de quand on ne me voyait plus. D’ailleurs, ça me faisait un peu mal au coeur.
Les mains dans les poches, je détalais. J’avais pas non plus qu’on me voit trop traîner ici. D’ailleurs j’avais pas envie qu’on me voit tout court. Je continuais ma marche, longtemps… Perdu dans mes rêves enfantins.
Soudain, j’aperçus au loin une silhouette fine et élégante. Dans l’obscurité, je ne pus savoir de qui il s’agissait. Tout ce que je pouvais dire, c’était deux choses. Un, ça me disait quelque chose mais je ne savais pas quoi ou qui, deux elle était très très belle. Rêveur, je l’observais partir… Devais-je la rattraper ? Non. Je n’étais pas un pervers ! Ca ne se faisait pas !
Mais, la chance me sourit ! Car elle sembla échapper quelque chose de son sac, sans s’en rendre compte. Elle continua sa route.

« Oh ! »


Je me mis alors à courir, pour la rattraper. Ramassant l’objet, que je ne pus identifier dans le noir, j’interpellais la jeune femme devant moi.

« Mademoiselle ! Vous avez fait tomber ça ! »


J’avançais, sourire aux lèvres. Conquérant. J’allais peut être draguer. Ou me faire une nouvelle amie. Ou les deux. On était jamais sur de rien… Je n’avais pas eu grand monde dans ma vie depuis que j’étais parti d’ailleurs. Alors, doucement, elle se retourna. Son doux visage était-il une belle promesse ?…

« OH PUTAIN ! »

Je m’étais arrêté, net. Par réflexe, je lui avais jeté l’objet sur elle, préférant lui rendre comme ça que de lui rendre en main propre. Mon sourire s’était effacé, et mes yeux s’étaient écarquillés. Sur toutes les personnes de cette ville que je ne voulais absolument rencontré, il avait fallu que je tombe sur la Reine.

« ALEXIS ! »


Oui. J’en revenais pas. Aussi j’avais crier très fort son prénom. Ce qui me donnait un air très stupide. Mais en même temps, j’en avais l’habitude. Je clignais des yeux. Il fallait que je reprenne du poil de la bête. Un petit sourire en coin, espiègle, apparut sur mes lèvres ?

« Tu vas où comme ça à cette heure-ci hm ? Pétunia se marie ? »


Je ricanais. Mais en vrai je la menais pas large. Ca sentait le rendez-vous galant à plein nez. Mes joues s’empourprèrent. Purée. J’étais jaloux. Pourquoi j’étais jaloux ? Après tout j’étais parti, je l’avais abandonné, lâchement, elle avait du retrouver quelqu’un d’autre. Et elle avait eu raison. Mais pourquoi j’étais jaloux ?…

« Ou alors tu t’encanailles… Héhé… Et tu t’habilles tout le temps comme ça… Mais ca te va bien. Ca fait ressortir tes joues. »


J’avais le sens de la blague, mais j’avais aussi le sens du compliment. J’avais voulu dire « jambes » mais j’avais dit « joues ». Bon. Il n’y avait pas trente six solutions. Soit j’affrontais mes responsabilités comme un homme, soit je partais encore lâchement. Bombant le torse, je poursuivis.

« J’aurai aimé discuté plus longtemps mais je dois garder Matthew et... »


Mais je n’eus pas le temps de finir ma phrase.



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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
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________________________________________ 2020-11-23, 20:36 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Winter is coming...


Il n’était pas loin de 21h et je terminais de me préparer. J'avais reçu dans l’après-midi un message d’Erwin qui m’avait fait sourire jusqu’aux oreilles. Danny avait tenté d’en savoir plus mais j’avais tenu bon, verrouillant pour portable avant qu’il ne le voie et retournant à mes livres. A mesure que le temps passait, nos “rencontres” se faisaient de plus en plus rapprochées. Il arrivait que je ne lui donne pas de nouvelles pendant plusieurs jours ou qu’il le fasse, comme si nous essayions tous deux de freiner quelque chose qui semblait aller bien plus vite que nous, mais à chaque fois que le temps se faisait long, il arrivait qu’un rendez-vous se crée. Il n’était pas si tard pour une fois, il avait sans doute dû travailler plus que d’habitude à l’étude sans pour autant revenir de voyage d’affaire, c’était la seule solution qui l’expliquait. J’avais alors enfilé une des robes qui me restait de la garde-robe de “Marie” à [url=ouat-storybrooke-rpg.com/t87254-la-rose-d-arimathie-erwin]Paris[/url]. Une robe bleu nuit qui n’était pas vraiment une robe de soirée, qui laissait mes épaules nues et qui était faite de dentelle jusque sur ses manches. Elle ceintrait ma taille avant de bouffer dans un jupon léger jusqu’à la hauteur de mes genoux, mettant mes jambes en valeur. J’y avais ajouté mon manteau et mon écharpe, les nuits commençait à être fraîches en ce début de Novembre. Après avoir récupérer mes escarpins et mon sac à main, j’étais sortie en saluant Pétunia qui me tournait foncièrement le dos, comme à son habitude. Elle me boudait inexplicablement à chaque fois que j’allais voir Erwin. Mais depuis peu, elle avait aussi une nouvelle lubie. Elle s’asseyait face à l’une des fenêtres donnant sur la rue, laissant ses naseaux provoquer de la buée sur les vitres.

J’avais pressé l’allure en sentant le froid mordant de la nuit d’Automne qui m’avait saisi à la seconde où j’avais posé un pied dehors, me remémorant un mauvais souvenir. Depuis peu, le Titanic ne me quittait plus. A chaque fois qu’un souffle glacial se posait sur mes joues, je me réveillais ce soir d’Avril 1912, à atteindre la mort, à atteindre la vie. A attendre l’espoir. Accélrant encore plus la cadence, tout en enfonçant mes mains dans les poches de mon manteau, je n’avais pas senti le rouge à lèvres se libérer de l’une d’entre elle, finissant sa course sur le trottoir, à l’abandon.

- Mademoiselle ! Vous avez fait tomber ça !

Il n’y avait aucune autre demoiselle que moi dans cette rue vide, je m’étais donc tournée vivement, un peu surprise avant que mon regard se décompose en croisant celui... de Jack. J’ignore comment mes jambes m’ont évité de me dérober sous mon propre poids à cet instant. C’était comme si la Terre avait brusquement arrêté de tourner, comme si le monde était désormais à l’envers, comme si on m’avait jeté un seau d’eau glacial au visage. Je ne savais plus comment je m’appelais, je savais plus où j’allais ni même où j’étais et quand j’étais. Il était là. Juste là. Devant moi. Ca faisait 2 ans... un peu plus de 2 ans même, presque 3 que je ne l’avais plus vu, que je n’avais plus de nouvelle et il était là. Comme un rêve. Ou un cauchemar. Au moment où je commençais enfin à sortir la tête de tout ça, il me replongeait dedans brusquement.

- OH PUTAIN !

Je ne bougeai plus, ne respirait plus non plus, me contentant de l’observer avec le même regard surpris, une étincelle horrifiée au fond des yeux. J'avais juste eu la présence d’esprit de faire claquer mes mains au niveau de mon visage, attrapant au vol le rouge à lèvre qu’il m’avait lancé dessus, comme le l’idée même de me toucher était vénéneuse. Et il avait eu raison. Mieux valait qu’il garde ses distances.

- ALEXIS !

Je ne répondais toujours pas, complétement hors de mon corps, tentant de surmonter le choc qu’il surmontait apparemment plus rapidement que moi. J’avais vu ce petit sourire en coin sur ces lèvres, ce petit sourire qui ne le quittait jamais et qui me donnait brusquement envie de le baffer. J’avais dégluti, mon regard s’était assombrit alors qu’il se lançait sur une petite blague du plus mauvais goût. Il osait... il avait toujours eu ce culot affolant, celui qui m’avait fait fondre et qui me faisait bouillonner à présent d’une rage nouvelle. Pas un mot. Pas un signe. Pendant près de 3 ans... et il osait revenir comme ça, sur une blague ? Depuis combien de temps était-il en ville ? Il avait été si occupé qu’il n’avait pas songé une seule seconde à me prévenir ? J’avais osé les sourcils brusquement lorsqu’il m’avait précisé que le peu de ma robe qu’il pouvait voir, dépassant de mon manteau mettait en valeur mes joues. Comment ça, mes “joues” ? C’était quoi ça comme sorte de compliment ?!

- Donc tu vas encore une fois fuir, c’est ça ?

C’était sorti brusquement de ma bouche, comme un boulet de canon, lorsqu’il m’avait sorti l’excuse de Matthew. C’était plus que je ne pouvais l’accepter.

- Ben oui... pourquoi tu prendras le temps de discuter ne serait-ce que deux minutes de plus ? Après tout, tu n’as pas trouvé l’utilité à me prévenir quand tu es revenu, t’avais sans doute plus important à faire, pas vrai ? D’ailleurs t’es là depuis quand au juste ? Que je mesure à quel point mon insignifiance est graaande dans ton incroyable et palpitante vie aux quatre coins du globe...

J’étais peut-être un peu trop violente... mais j’étais blessée, profondément blessée. Plus que de m’avoir quitté pour une raison que j’avais alors comprise à l’époque, il ne m’avait pas prévenu de son retour. Il n’avait jamais cherché à me contacter non plus. Preuve que je ne comptais pas. Que je n’avais jamais compté. Après tout, j’étais qu’un grain de poussière dans son immortalité. Un visage parmi tant d’autres. J'avais juste été trop conne pour pas m’en apercevoir. Pour espérer une vraie histoire...

- Et puis d’abord ça te regarde pas où je vais, t’en a rien eu à faire jusque maintenant alors... alors...

J’en perdait mes mots. J’avais longtemps rêvé du moment où il reviendrait. Je l’avais longuement imaginé. D’abord, dans les premiers mois, j’avais cru à l’une de ses surprises, un soir à ma fenêtre, où on partirait s’envoler plus loin. Puis avec le temps, j’avais imaginé que ce serait par lettre ou par téléphone, la distance qui nous séparait étant trop longue. Et puis j’avais fini par imaginer qu’il ne reviendrait jamais. J’avais fini par m’y résoudre et dans ma résolution, j’avais trouvé Erwin. J’étais heureuse à nouveau. Pour la première fois depuis longtemps, j’étais heureuse. J’avais l’impression de vivre quelque chose de spécial. Totalement fou et déjanté, à l’opposé de ce que j’avais pu vivre avec Jack... mais quelque chose qui me tenait sincèrement à cœur. Il était le premier depuis Jack. J’avais pourtant eu quelques histoires sans lendemain, mais plus des bouées dans les méandres de ma douleur que de véritables histoires. Et j’avais fini par sortir de l’eau toute seule et sur la plage, il était là... il m’attendait. Je ne l’avais pas envisagé tout de suite, mais il avait fini par s’imposer, de plus en plus, dans mon esprit... dans mon cœur aussi même si ce dernier était encore bien trop fragile pour que je ne l’admette vraiment. Et c’était là que Jack revenait. Il était destiné à foutre ma vie en l’air. C’était peut-être pour cela que dans tous les scénarios je n’avais pas imaginé celui-ci, celui où j’étais folle de rage, me débattant avec des sentiments anciens et passés, avec une rancune et une douleur que j’avais conservé, tout en espérant que ce moment finirait vite. Mes mots s’embrouillaient dans ma tête, ne parvenaient pas à sortir de ma bouche. Je voulais lui hurler toute ma douleur et je voulais aussi tout simplement laisser tomber, la faire fondre dans les bras d’Erwin que je pouvais retrouver maintenant, simplement si j’arrêtais de lutter, si j’arrêtais de vouloir des explications qu’il refusait encore et toujours de me donner.

- Tu sais quoi ? Va te faire foutre Jack Frost !

J’avais tourné les talons, la mâchoire serrée, m’éloignant vivement vers ma destination. Il devait s’occuper de Matthew ? Ben qu’il aille s’en occuper !

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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


ANAPHORE
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Tout se casse la gueule, de partout. Mais j't'assure. Ca va très bien!

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________________________________________ 2020-11-24, 12:56


         


Tu veux un bonhomme de neige?
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Bon ok. J’avoue. J’aurai peut être pas du commencer par une blague. De mauvais goût qui plus est. Mais c’était vrai ça ! Elle allait où habillé comme ça ? Elle allait voir un garçon ? Elle ne s’habillait comme ça que pour ce genre d’occasion. Et encore, moi j’avais eu la plupart du temps droit à des jeans et des sweats à capuche. Non pas que j’aimais pas les filles qui s’habillait en jean mais… Qu’est ce qui m’arrivait ? J’étais jaloux. Oui, c’était pour ça que je lui avais dit d’un air si espiègle. C’était pour ça que je m’étais moqué d’elle. Bon. Il fallait que je la rattrape.

« Alexis, attend ! »


Je me mettais à courir, et je la rattrapais rapidement. Après tout, elle était en robe, et c’était facile. De toute façon bizarrement, j’avais qu’une envie c’était lui parlé. Je la rattrapais rapidement, je la doublais et je me mis les bras écarté devant elle, pour qu’elle ne passe plus. Je reculais aussi d’un pas. Voir de deux. On n’était jamais à l’abri d’une baffe perdue.

« Ok ok ok. »


J’avais rien trouvé à dire de plus. En vrai, je la reluquais. Elle était plutôt bien foutu. Une boule naquit dans ma gorge. Pourquoi j’étais parti ? Pourquoi j’étais pas resté, et en même temps, continuer notre histoire d’amour ?.. Mais la vie n’est jamais aussi simple. Et je lui devais des explications, claires, sérieuses et précises.

« Je suis désolé. Pour tout. Pour t’avoir abandonné, vous avoir tous abandonné. D’être parti, dans une quête personnelle, sans me soucier du reste. D’avoir tout perdu et d’avoir tout gâché. Alors que j’avais déjà tout à Storybrooke pour être heureux. Et d’avoir été trop con, pour croire que le bonheur et la liberté était ailleurs. Car, le bonheur n’est réel que s’il est partagé. »


Dernière phrase, petite citation de film. Tranquille. J’étais plutôt content de son effet. Mais je haussais un sourcil. Je crois que c’était avec Alexis que j’avais vu ce film. J’espérai qu’elle ne le remarque pas. D’ailleurs, j’avais appris que si on voulait que la conversation tourne à son avantage, il fallait la monopoliser au maximum…

« Voilà. J’sais que je t’ai fait souffrir, que ça à pas du être facile. Et je m’excuse. Je veux pas te faire le coup du… T’es trop bien pour moi blablabla. C’est pas vrai. Enfin si c’est vrai. Mais d’ailleurs tu vas voir qui comme ça ? »


Chassez le naturel… Et il revient au galop. Je mourrai d’envie de savoir. Qui elle allait voir. Peut être que je le connaissais. Peut être d’ailleurs que c’était Aster. Ce satané lapin était assez filou pour se venger de Pâques 68 à retardement. Je fronçais les sourcils. Il fallait que je me calme. J’avançais, dangereusement la tête en avant, un peu comme un idiot, certes. Mais javais toujours une gueule de petit con.

« Je le connais ? »


En vrai, j’apparaissais malicieux. On aurait cru que je voulais juste l’emmerder. Mais je voulais vraiment savoir. Car après ça, maintenant que j’étais de retour, il y aurait la Reconquête. Celle de son coeur. Car je crois, que je l’aimais encore. C’était la seule déduction que j’avais eu en la voyant ce soir.

« Je t’accompagne d’ailleurs. C’est bien mieux comme ça. Les rues de cette ville sont pas très sur. On sait jamais sur qui on peut tombé ! »


Je mettais mes mains sur les hanches. J’étais jeune. J’étais beau. J’avais tout pour moi. J’allais la reconquérir, c’était certains. Et qui qu’elle aille voir, à côté de moi, c’était certainement personne. Je le voyais dans ses yeux. Y’avait encore un truc. Aujourd’hui c’était de la colère… Mais c’était pas si loin de l’amour ! Elle allait se réveiller, me dire qu’elle acceptait mes excuses et on allait redevenir amants.

« Allez. C’est qui ? Tu peux tout me dire tu s... »


Je n’eus pas trop le temps de voir ou de sentir ce qui m’était arrivé. C’était aller vite. Un peu trop vite d’ailleurs. Quoi qu’il en soit ce dont j’étais sur, c’est que ca faisait très mal. Partout et surtout au coeur !



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________________________________________ 2020-11-25, 23:14 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Winter is coming...


- Alexis, attend !

J’avais accéléré le pas en l’entendant m’appeler, le visage renfrogné. S’il s’attendait à ce que je me retourne et ce que je m’arrête, il se fourrait le doigt dans l’oeil jusqu’à l’homoplate. Il avait pas compris quoi dans “Va te faire foutre”, le “va” le “te” le “faire” ou le “foutre” ? Aurais-je rajouté un majeur bien tendu pour que ça passe mieux en audiodescription ?! Pourtant, ça l’avait pas découragé puisqu’en quelques enjambées, il m’avait rattrapé. Il avait toujours été plus rapide que moi et avec mes foutus escarpins, je perdais d’autant plus de faculté à avancer à allure rapide. Je m’étais stoppée brusquement, levant les mains devant moi pour éviter de lui foncer dedans et clignant les yeux sur le coup, par peur du choc que je pourrais ressentir. Heureusement, je m‘étais arrêtée juste à temps et je le fusillais du regard tandis qu’il me barrait complétement la route, m’empêchant de passer. J’avais ouvert la bouche, complétement offusquée quand j’avais vu mon regard glissé sur mes vêtements. Parce qu’en plus il avait le culot de m’observer ?! Folle de rage, j’avais amorcé une pique bien salée mais il avait pris la parole avant moi. Il s’excusait mais ça venait trop tard. Beaucoup trop tard. Trois ans trop tard ? Ou peut-être juste un ou deux jours ? Voire même dix minutes. Il aurait dû venir de lui-même, il aurait dû me parler à ce moment-là et s’il n’avait pas eu le courage de le faire, il aurait dû commencer par là avant de me balancer mon rouge à lèvre dans la tronche. Je l’avais senti cité une phrase d’Into the Wild, un film qu’on avait regardé ensemble. Il se prenait pour qui sérieux ?! C’était pathétique.

- T’as rien compris, fous-moi la paix.

J’avais tenté de le contourné mais il avait levé son bras, m’en empêchant. Serrant la mâchoire, je m’étais reculé d’un pas pour éviter d’être trop proche de lui. J’avais horreur de ça, quand on me laissait aucune alternative et il le savait. J’avais envie d’hurler, de lui ordonner de me laisser passer mais il avait reprit la parole. Bien sûr qu’il avait rien compris. Ses excuses étaient stupides, il en avait BESOIN de cette quête, de cette recherche de lui-même et je l’avais très bien accepté. Ce que j’avais moins validé en revanche, c’était l’absence de message, de lettre, d’appel. Il m’avait dit que c’était un aurevoir, pas un adieu. Et ça avait tout sauf un aurevoir, ça avait eu tout l’air de l’adieu. Comme tous les mecs, il ne m’avait que menti, menti et encore menti et il m’avait abandonné, me laissant avec le cœur en sang, le cœur à découvert.

- Mais tu te fous de ma gueule ?!

Il était revenu sur Erwin. Enfin sur la personne que j’étais supposée allée voir.

- Je t’ai dit que ça te regardait pas bon sang !

J’avais reculé brusquement la tête dans qu’il avait avancé la sienne car non content de me barrer la route, il envahissait tout mon espace personnel. Je me sentais menacée. Je n’avais plus envie de ça, plus envie de cette conversation, pas envie de ce genre de retrouvailles. C’était un cauchemar qui devenait réalité. Il était toujours lui, toujours aussi chiant, épuisant, gamin. C’était affolant. Mais là où ça me faisait rien, je n’y trouvais à présent plus que de la colère, de la rancœur. Il m’en avait fallu du temps mais j’étais passé à autre chose. J'essayais. Chaque jour un peu plus. Et j’y arrivais. J’étais heureuse avec lui. Avec Erwin. Alors pourquoi il me faisait ça.

- Non, tu ne le connais pas et il est HORS DE QUESTION que tu m’accompagnes, ça va pas la tête ? Je suis une grande fille, je suis pas en sucre !

Je l’observais avec un certain dégoût. Il avait posé ses mains sur les hanches à la Peter Pan comme s’il était l’homme parfait de la situation. Il avait toujours été un gros macho ou il s’était ajouté ce trait de caractère il y avait peu ? Il avait déjà eu l’obligeance de pas m’appeler “Princesse” et il valait mieux parce que je me serai sentie prête à l’atomiser sur place. Mais qu’il puisse penser que j’avais besoin de lui pour me défendre, c’était stupide. Il avait un culot sans nom.

- De toute façon ça t’a pas inquiété de savoir comment je me défendais ces trois dernières années alors je pense que je pourrai encore me passer de ta courageuse et masculine aide ce soir encore. Rentre chez toi, salut !

J’étais parvenu à presque le contourner mais une fois de plus, j’avais senti son bras me barrer la route. J'avais tenté de le contourner de l’autre côté mais son second bras en avait fait de même. J’avais alors donné une impulsion pour me mettre en marche, quitte à l’écraser, j’en avait rien à faire, il allait forcément se lasser. Pourtant, au lieu de battre en retraite, il continuait d’agiter les bras et je manquais à chaque pas de lui foncer dedans. Je commençais à paniquer, à étouffer, j’avais besoin d’air, j’avais besoin qu’il me lâche.

- Jack... jack pitié arrête... fou-moi la paix... Jack, par pitié... Jack... JACK !

J’avais tenté de le séparer de mon chemin en le prenant en tenaille, les mains sur ses épaules pour l’écarter de mon chemin mais il avait tenu bond, encore et encore, nos corps s’étaient rapprochés. J’avançais beaucoup plus vite que lui et d’un coup, elle était partie. Je n’y tenais plus. A bout, excédée, épuisée, angoissée et en colère, ma main droite était venue se loger avec une vitesse et une force impressionnante droit sur sa joue. Le son avait raisonné dans la rue désertée tandis qu’il avait tourné la tête sous le coup. Je m’étais alors stoppée, reculant de plusieurs pas pour l’observer, voir sa joue rosir, faisant presque apparaître la forme de ma main. Cette dernière me brûlait atrocement. J'avais tapé si fort que je m’en étais fait aussi mal. Le souffle court, je contemplais avec horreur ce que je venais de faire. Je n’étais pas quelqu’un de violent. Je ne savais même pas pourquoi j’avais fait ça... tout ce que je savais, c’est que j’en avais eu follement envie... Pire, en dehors du remord, je sentais une sorte de satisfaction malsaine poindre en moi. Si j’avais pu au moins me venger de toute la douleur qui m’avait fait ressentir... c’était toujours ça de pris.

Un silence de mort était tombé entre nous. J’avais passé une main dans mes cheveux pour me calmer, détournant le regard par la même occasion, bouillonnant toujours. J’avais pris le temps de me calmer, de sentir mon cœur cesser de battre aussi fort dans ma poitrine sur le coup de la colère, d’inspirer et d’expirer avant de dire, d’une voix calme mais brisée, épuisée par ce qu’on venait de vivre. J’avais les larmes aux yeux, je n’avais vraiment pas imaginé cette soirée comme ça...

- Je vais voir un homme, ok ? Je... j’ai quelqu’un dans ma vie. C’est tout récent. Ça fait 3 mois si tu veux vraiment TOUT savoir. Et... J’y tiens.

Je ne pouvais pas dire que je l’aimais. Est-ce que je l’aimais ? Non... sans doute pas encore. Mais j’y tenais. Je tenais à ce début de chemin qu’on avait commencé à créer. J’avais vécu des choses fortes avec lui, Paris, le Titanic... et il semblait aussi enclin que moi à voir où tout pouvait nous mener. Je voulais pas gâcher ça... pour rien au monde... J’avais levé les yeux au ciel pour empêcher mes larmes de couler car je ne voulais pas pleurer, je voulais juste être le plus sincère possible, qu’il comprenne. Je voulais pouvoir faire ce qu’il n’avait jamais eu la force ou l’envie de faire : parler, expliquer.

- Je t’ai attendu tu sais... longtemps... et un jour je me suis levée et j’ai réalisé que j’en avais marre d’attendre. J’avais pas de nouvelles... je savais même pas si tu reviendrais un jour. Et lui... lui il était là... et je sais pas... c’est arrivé c’est tout. Et je me suis rendu compte que j’avais pas envie que ça reste une histoire sans lendemain. Il n’en avait pas envie non plus puisqu’il venait me voir à la librairie. J’aime bien ce qu’on a ensemble... et j’ai pas envie de le gâcher. Tu n’as pas le droit d’agir comme ça Jack. Tu n’as pas le droit de disparaître sans RIEN me dire et revenir 3 ans plus tard en faisant le type jaloux et possessif. Je t’appartiens pas...

J’avais dégluti, le reste de ma phrase s’était bloquée dans ma gorge. Sentant que j’allais fondre en larmes, j’avais préféré me taire. J’avais pourtant senti une larme couler sur ma joue quand j’avais rajouté :

- T’es même pas venu me voir quand t’es revenu... il faut que je te croise par hasard pour avoir l’immense honneur de te revoir...

Ecrasant délicatement la larme du bout de mes doigts, j’avais ajouté :

- Et tu as encore le culot de me demander des comptes et de savoir si tu le connais...

Je l’avais regardé durement, mes yeux plongés dans les siens. Il pouvait bien me détester. Ça ne serait pas plus douloureux que ces trois dernières années de toute façon. Et puis quelque chose avait changé, j’avais moins peur de le perdre, parce que je nous avais déjà perdu. Petit à petit, je commençais à prendre conscience que la “poule mouillée” avait osé... et qu’une page se tournait.

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Tout se casse la gueule, de partout. Mais j't'assure. Ca va très bien!

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________________________________________ 2020-11-26, 12:54


         


Tu veux un bonhomme de neige?
A dada prouprout cadet, à cheval sur mon bidet, mets pas tes doigts dans l'nez...






Double baffe. Triple même. Je ne savais pas si c’était le choc physique, le plus douloureux, ou la multitude d’informations négatives qui avaient eu en amont et en aval. Ma tête était parti sur le côté. Je crois, que, de mémoire, c’était la première que j’avais ramassé dans ma longue vie. Pourtant, j’en avais mérité plusieurs. Mais… Elle faisait mal. A la joue, au coeur, à l’égo, et dans tout mon corps qui manqua de se dérober sous mes jambes. Je ne dus mon salue qu’à mon bâton, qui me maintint debout et me permit de ne pas vaciller trop longtemps.

« J... »


Ce n’était même pas une syllabe. Même pas le début d’une. Et j’en étais incapable. Je n’avais plus envie de lui parler. J’en avais assez fait. J’avais compris. Ma gorge se serra et des larmes montèrent immédiatement. Avec du recul, je ne sus jamais si j’avais pleuré, ou non. Et si c’était en raison de la baffe. Tout ce dont je me rappelais, c’est que j’avais ressenti une blessure et une tristesse infinie. Puis, après la tristesse, venait toujours la colère. Je connaissais les étapes…
Tout autour de nous, le froid s’était intensifier. On avait perdu plusieurs degrés, et la neige tombait comme jamais. Je serrai mon bâton. Qui était en train de geler lui aussi. La glace partit tout autour de nous, et nous nous retrouvâmes bientôt encerclé par une véritable patinoire.

« C’est… Si c’est ce que tu penses. »


J’avais rompu le charme. Car de toute évidence, si je ne l’avais pas arrêté, toute la rue aurait été gelé et j’aurai eu des problèmes, même si l’hiver approchait. J’avais levé mon bâton, qui était redevenu une simple branche de saule.
J’avais tourné mon visage. Je ne voulais plus la regarder. Plus jamais. J’étais blessé de partout. J’avais mal, j’étais triste, j’étais en colère. Et comme un enfant je n’avais jamais su gérer mes émotions. Elle avait répondu à ma question et elle avait fait… Très mal. Bien plus que la gifle ainsi donc, elle avait quelqu’un. Ainsi donc, elle m’avait oublié. Ainsi donc, je n’étais plus rien, pour personne, dans ce monde et dans cette ville. J’étais redevenu invisible, et cette fois encore c’était de ma faute.

« Tu as changé. »


J’avais le droit de riposter. Après tout, elle m’avait blessé. Elle m’avait fait mal. J’avais envie, comme n’importe quel animal, car l’homme en était un, de lui rendre la pareil. Blesser pour blesser. Même si ça ne me ressemblait pas. Je savais que je n’avais dit que trois mots, mais qu’ils étaient lourd de sens. Aussi, lentement, je reculais. Je glissais comme par enchantement sur la glace, en arrière, je m’éloignais. Je sortais. De sa vie, de son monde, de toute façon j’étais déjà parti. J’avais les larmes aux yeux.

« Donc… Ca se termine ici ? »


C’était une question rhétorique, mais c’était une évidence. C’était comme ça. Comme des cons. Voilà. C’était fait. Plus de place au doute, et encore moins à l’espoir. Quand une cause était perdue, je savais la reconnaître. Je glissais encore en arrière.

« Je ne te demandais pas de comptes… Je… Voulais juste savoir. Mais tu as raison. C’est logique. Et c’est de ma faute. »


Je m’étais arrêté. Il fallait qu’elle sache. Après tout j’en avais fait assez, j’avais déjà un pied dans la tombe. Tout était détruit, brisé. Autant tout achevé.

« Ca a été dur. De partir, bien plus que tu le crois, et malgré le fait que ce soit un choix de ma part. J’ai regretté, j’ai voulu revenir en arrière, mais j’ai voulu savoir. Car après tout, je suis comme ça non ? Je n’écoute personne. »


Ca allait montait, je le sentais. Pas au niveau du ton, mais au niveau du poids des paroles. Mais tant pis. Tant pis, pour toujours et à jamais, j’avais pris la décision de tout rompre, et de la libérer. Et j’allais le faire.

« J’ai pensé pleins de fois à t’écrire, pleins de fois à revenir, rien que pour toi. C’était la seule chose qui me donnait envie de revenir. Toi. Je n’y arrivais pas, c’était au dessus de mes forces. Je savais que si je t’écrivais, je reviendrai. Je savais que si je revenais, je n’accomplirai pas ma quête, je n’aurai pas de réponse, je serai devenu insupportable, et nous nous serions détruit. Alors je n’ai rien fait. »


Je pleurais, beaucoup. Mais je m’en fichais. Les enfants pleuraient, et j’en étais un. Mais Alexis n’était plus une enfant, quelque chose c’était envolé. Je l’avais sentit quand j’avais pris la baffe. Seul les adultes, frappent si fort au coeur et au corps.

« Parce que je n’en avais pas le courage. Et quand j’ai eu terminé, que j’ai eu réponse à mes questions… J’ai eu honte de venir te voir. Ca fait plusieurs jours que je suis là, et je ne sors que la nuit par crainte d’être invisible… Mais ça, tu t’en fiches désormais. Puisqu’à tes yeux, je le suis devenu. »


Je me retournais, essuyant mes larmes, et finalement, je trouvais la force de dire :

« Je t’aime. Mais il faut croire que notre petite histoire est finie, Princesse. »


L’instant suivant, je me mis à marcher. Puis à courir. Sans m’arrêter.



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________________________________________ 2020-11-28, 15:46 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Winter is coming...


Pourquoi fallait-il toujours que les histoires d’amour finissent mal ? Est-ce que c’était un juste retour des choses après s’être aimé profondément ? Est-ce que le bonheur ressenti se payait toujours à la hauteur du malheur subit ? Alors que j’avais de nouveau détourné les yeux, refusant de le regarder, je n’y trouvais que cette solution. Jack était la première personne à m’avoir véritablement aimé, j’en étais persuadée. Celle qui m’avait aimé comme jamais aucun autre homme ne l’avait fait auparavant. Il m’avait fait me sentir vivante. Là où j’avais su le voir lorsque personne ne le voyait, il avait su voir en moi celle que j’étais incapable de voir. Il m’avait sauvé de moi-même de bien des façons. Et je lui en serai reconnaissante à vie. Mais il m’avait aussi brisé, comme jamais jusqu’alors je ne l’avais était. Personne ne brisait mon cœur. Sauf peut-être lui... alors n’était-ce pas un juste retour des choses que de briser le sien à son tour ? Je n’en avais aucune idée, je n’en tirai aucun plaisir, aucune victoire, aucune vengeance. Seule la baffe m’avait soulagée, directement suivie d’un terrible remord, d’une profonde douleur, mordante comme un vent glacial, comme une eau destructrice à deux degrés qui me déchirait tout entière. En un instant, j’avais de nouveau l’impression d’être. J’avais tourné la tête vers lui, les cheveux au vent.

Était-il là lui aussi le soir-là ? La mort de toutes ces personnes avaient-elles étaient aussi de son dû ? Même sans le vouloir ? Mes cheveux claquaient au vent, me fouettant le visage avec force. Les larmes qui étaient à la commissure de mes yeux s’étaient misent à geler, brûlant mon visage au passage. Il avait mal... Le cœur battant j’avais baissé les yeux à mes pieds, observant la glace se former tout autour de nous, enfermant mes talons solidement au sol. J’avais envie de lui demander d’arrêter mais les mots étaient restés bloqués au fond de ma gorge. Les larmes que je voulais écoulaient étaient restées bloquées par le froid. Mieux ne valait rien dire. J'en avais assez dit, assez fait... il savait tout à présent et rien ne servait de cacher la terrible vérité derrière des mots que je ne penserai sans doute qu’à moitié.

- Tu as changé.
- J’ai grandi...

J’avais presque répondu du tac au tac. Il l’avait constaté avec une telle froideur que cela semblait être comme une insulte qu’il m’avait lancé au visage. Alors j’avais riposté, avec une simple constatation. Il était peut-être un jeune homme pour l’éternité mais ce n’était pas mon cas. Je n’étais plus cette petite fille qui venait chercher des glaces en cachette et qui lui offrait un badge sur lequel il était écrit qu’il était mon héros. Je n’étais plus cette jeune femme qui sortait à peine de l’adolescence et qui l’attendait à la fenêtre, le cœur battant, espérant qu’il m’emmènerait plus loin, dans les airs, voler, rêver. J’étais devenue adulte. Avec d’autres rêves, d’autres responsabilités, d’autres choix et celui d’attendre indéfiniment qu’il fasse notre choix n’était plus envisageable. Oui, j’avais changé. J'avais grandi. Ce n’était pas pour autant que j’étais radicalement différente, j’avais juste évolué et malheureusement, nous n’avions sans doute pas évoluer dans le même sens. Le constater présentement me brûlait le cœur, me déchirait les entrailles. J'avais l’impression de mourir sur place, sentir toute la morsure que l’amour nous infligeait quand on constatait qu’il était parti. C’était si dur... si nécessaire aussi.

- Donc… Ça se termine ici ?

Il s’était reculé sur la glace, je pouvais voir toute la douleur dans ses yeux. J'avais la même. Maintenant qu’il avait stoppé son sort, seules quelques mèches brunes voletaient avec douceur près de mon visage. Non Jack. Ça ne se terminait pas ici. Pas maintenant. Ça c’était terminé il y avait trois ans... j’avais fini par m’en rendre compte, je le constatais d’autant plus à présent et une larme avait coulé sur ma joue. Je n’avais pas répondu. Je n’en avais pas besoin. Il savait déjà. Je voyais que la lueur au fond de ses yeux s’était allumée, celle de la lucidité, cette douleur lucide qui venait avant le deuil. Pour lui finalement, peut-être que oui, peut-être que ça se terminait ici et maintenant. J’avais fermé les yeux, déglutissant, laissant de nouvelles larmes couler sans ne rien dire de plus. Juste le silence. La Vérité. Et la douleur.

Il avait reculé encore et j’avais essuyé mes larmes de ma main, certaine de ce que je faisais, de la décision que je prenais. C’était la Fin. La terrible Fin. Celle qui mettait le point final à cette histoire qui était restée en suspens. J’avais ouvert de nouveau les yeux lorsqu’il avait voulu s’expliquer. Je l’avais laissé faire. Il avait bien le droit à la parole, j’avais eu mon tour. C’était après tout ce que j’avais toujours espéré. Un Dialogue. Une explication. Il avait voulu revenir. Ecrire. Mais il n’avait rien fait. Je sentais un sanglot douloureux naître au fond de ma gorge. Il avait fait son choix. Un choix que je comprenais. Il avait sans doute été douloureux, il avait l’air sincère mais c’était son choix. Et je me devais de le respecter, tout comme il devait respecter le mien.

- Tu ne seras jamais invisible à mes yeux, Jack.

Je l’avais dit d’une voix rauque, brisée... à peine plus haute qu’un murmure. J’avais voulu qu’il le sache mais je n’étais pas certaine d’y avoir mis toute la force dont j’étais encore capable d’avoir. C’était sorti comme une évidence, une constatation. Même si tout était fini, il ne serait pour autant jamais anonyme. Comment pouvait-il l’être ? Il avait été beaucoup de choses, beaucoup de choses pour lesquels j’avais aussi de la reconnaissance et de la tendresse et je savais que la rancœur passerait un jour... mais pas ça... pas les sentiments les plus doux. Il avait peur. Peur d’être de nouveau invisible... cette même peur qui lui avait tailladé le ventre et qui l’avait poussé à partir... pourtant elle était toujours là... Le voyage en avait seulement valu le coup alors ? Leur histoire n’avait pas été tout simplement gâchée sur l’autel des occasions manquées. “Tu as changé.” c’est ce qu’il avait dit... il supposait que lui ne l’avait pas fait... et effectivement, elle le voyait maintenant. Il s’était tourné une dernière fois vers moi, il m’avait dit ces mots que j’avais trop longtemps attendu et qui venaient désormais trop tard. Il m’aimait. Le “Princesse” avait fini de me bouleverser. Je l’avais regardé s’enfuir en courant et je n’avais pas bougé, l’observant s’éloigner de mon champ de vision. C’était encore le mieux. Pour lui, pour moi. Je n’aurai pas tenu cette conversation quelques minutes de plus. Je ne pouvais plus le rattraper, je n’en avais pas envie. Cela annulerait tout ce que je lui avais dit, tout ce que je pensais. Il lui faudrait du temps, comme il m’en avait fallu, comme il m’en faudrait encore.

Ses derniers cheveux blonds avaient alors disparu dans un coin de rue et mes jambes s’étaient alors dérobé sous mon poids. Par instinct, j’avais posé une main sur mon cœur, comme craignant qu’il n’explose brusquement tant il me faisait mal. J’avais éclaté d’un long sanglot, m’asseyant en pleine rue, sur le trottoir. Je ne savais pas combien de temps j’étais restée là, pleurant de tout mon soûl, remerciant le ciel que cela se soit déroulé en pleine nuit, loin des regards indiscrets. Je n’avais pas besoin d’aide, je n’avais pas besoin de discuter, je voulais juste pleurer. Accepter que j’étais arrivée au bout de mon deuil, que j’avais enfin affronté le démon qui m’avait hanté pendant 3 longues années. C’était fini. Il le savait. Je le savais. On avait eu cette discussion... chaotique... que je n’avais pas du tout imaginé. J’avais alors entendu une clochette tinter dans la nuit et j’avais brusquement levé les yeux, perplexe. Après quelques secondes où il n’y avait rien eu d’autre que la clochette, j’avais vu Pétunia débarquer en courant pour venir se blottir sur mes genoux. J’avais eu un nouveau sanglot en la voyant agir comme ça. J’avais aucune idée de comment elle était sortie de chez moi mais de la sentir là, contre moi, son ventre dodu tout chaud sur mes genoux me faisait le meilleur des réconforts. Je l’avais prise dans les bras, comme on prenait une peluche et j’avais senti une forte odeur de barbe à papa se dégager d’elle. Avec un sourire, j’avais plongé mon nez dans sa crinière multicolore, la caressant avec douceur, les dernières larmes roulant de mes joues sur ses poils.

Après une longue étreinte elle s’était dégagée pour tirer mon manteau, m’intimant à me lever. Elle le tirer en direction de la maison. Elle voulait que je rendre avec elle. Un faible sourire sur les lèvres, j’avais dégluti en caressant son museau avant de sortir mon portable de la poche de mon manteau. J’avais hésité quelques secondes, observant mon application de messagerie et j’avais fini par entrer dans celle qui me liait à Erwin. Après une hésitation supplémentaire, j’avais écrit “Je suis désolée, j’ai un contretemps à la librairie. Je ne pourrai pas venir ce soir.” J’avais hésité un instant. Qu’écrire de plus ? “Bisous” ? Beaucoup trop foutage de gueule. “A bientôt” ? J’en avais envie et en même temps, je sentais que l’écrire tout de suite ne me faisait pas du bien. Je n’avais pas non plus envie de lui expliquer. “Quelque chose vous retient-il ? Ou quelqu’un ?” Il me l’avait demandé à Paris. J’entendais encore sa voix raisonner dans ma tête. Bien sûr que non, personne ne me retenait. Quelque chose... bien plus. J’avais cédé cette nuit-là, ne lui apportant aucune réponse à cette question qu’il ne m‘avait plus jamais posée. Pourtant ce soir, je devais me rendre à l’évidence, ce que je venais de vivre me retenait. Non pas parce que je doutais mais parce que je savais que je ne serai pas au summum de mon état après ce que je venais de vivre. Cela amènerait forcément à des questions ou à une dispute et je n’avais envie de ni l’un ni l’autre. Non tout ce dont j’avais envie, c’était d’une douche, d’un plaid, d’un film et... de glace. Il me restait un pot de glace aux cookies, j’en étais presque sûre... Cédant alors au nouvelle à-coup de Pétunia sur mon manteau, j’avais alors appuyé sur “envoyé” et j’étais rentrée chez moi, accompagnée de Pétunia.


FIN


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