« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Everybody wants to rule the world } Somptuous Icarus

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

| Avatar : Rufus Sewell

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

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| Cadavres : 1316



Everybody wants to rule the world } Somptuous Icarus - Page 2 _



________________________________________ 2020-12-31, 00:00 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Everybody wants to rule the world



Le ciel explosait de milles couleurs triomphantes sur son velours bleu nuit, ravivant l’oeil ébahi des convives d’une flamme admirative. Lorsque zébrait l’obscurité d’étincelles multicolores, Noël vint alors. Les carillons sonnèrent du château jusque dans le lointain, et Preminger pouvait presque entendre le râle enthousiaste qui s’élevait comme un murmure au-delà des murs pour se confondre aux confins de son ses royaumes. Comme un pacte universel qui se scellait à sa destinée à jamais. Il vivait pour ces moments tant espérés et voilà que son ambition se matérialisait sous ses yeux voraces. Il sentait sa puissance, la vivait même. Chaque bouquet explosant semblait être un prolongement de sa gloire, un prolongement de sa destinée, si bien qu’il lui semblait emplir l’espace entier à chaque fois que l’artifice explosait dardant ses rayons sur l’horizon tout entier. Nichée dans ses bras, il sentait le menton d’Alexis ployée non pas vers le divertissement mais vers un spectacle plus délicieux encore qui s’avérait être lui-même. Son esprit admirait l’ensemble mais son orgueil le poussa à descendre son intérêt vers elle, pour se repaître de l’admiration qui ruisselait de ses prunelles. A chaque fois que leurs yeux se croisaient, il semblait à Preminger que ces dernières s’émerveillaient encore, vibrantes d’une lueur vive qu’il déversait en elle. Le feu dévorant et admiratif qui crépitait en elle nu et dévoilé, dans l’intimité se révélait soudainement à la vue de tous, différemment mais présent. Comme une flamme chaude et éternelle qui brillait d’allégresse à son contact. Ses lèvres prirent l’initiative d’un baiser sans hargne mais non dénué de passion, et il lui rendit avec ce qu’il fallait de velours et de caresses. Un écrin tendre et proche qui sans le galvaniser le rattachait à la beauté du moment.

- « Joyeux Noël ! »
- « Joyeux Noël  ma douceur.. » répliqua-t-il sur le même ton, les bras refermés sur les siens.

Il y avait quelque chose… Quelque chose de précieux et puissant qui se jouait là, à cet instant précis, il le lisait dans ses yeux bouleversés, fuyants et pourtant magnétisés par l’attrait des siens. Elle y plongeait, tourbillonnait dans le feu de ses iris, se noyant dans la réverbération des flammes qui agitaient l’âme du Roi. Son ambition rêche et exigeante causaient le désastre séduisant qui s’exerçait sur la jeune femme.

- « Erwin…. »

Même les sonorités de son prénom sonnaient différentes, comme martelant par leur simple musique le caractère solennel du moment. Il le sentait, sentait comme une sorte d’émotion trouble émaner d’elle, si bien qu’il ne la quitta pas des yeux, guettant la suite, la concrétisation de cet étrange état dans une sorte d’attente perplexe dissimulé sous ses yeux aux aguets. Il lui paraissait qu’il fallait que son attention se trouve là, portée sur elle de son regard inquisiteur et troublant plutôt que de s’élever rejoindre le spectacle aérien qui embrasait le ciel au dessus de leur tête. Qu’il fallait concentrer tout ici pour rejoindre presque l’état occultant qui régnait en elle. En dépit de tout. Des feux d’artifice tout juste n’en voyait-il que les crépitements, les éclats changeant sur la surface de la glace autour d’eux, jusqu’à son visage même. Mais la lueur qui animait ses yeux ne changeait pas, elle. Elle demeurait, parfaite et dédiée… Non. Parfaite car dédiée à lui, et lui-seul. Et à jamais…

- « Je…. Je crois que je t’aime... »

Ca y est. Elle l’avait dit. Proféré. Avoué. Enfin. Enfin son influence se refermait totalement sur sa personne, incarnant la première étape au destin dans lequel, elle aurait son rôle à jouer. Elle s’y engageait, confirmant sa volonté, ses désirs et ce qui mouvait en elle. Pour elle, cela avait du être difficile, gênant peut-être et pourtant n’était-ce pas futilement évident ? Un simple rappel de ce que l’ensemble de ses sens criaient déjà, exprimaient à chaque instant ? Comment aurait-il pu en être autrement ?
Et pourtant, même si son orgueil s’en emparait avec délice, il avait cillé, à l’attente, un peu surpris néanmoins à cette évidence pourtant tant attendue. Parce qu’il ne l’attendait pas maintenant ? Si, bien évidement. Quel contexte plus séduisant qu’une vie de rêve à ses côtés ? Comment après la vue d’un tel futur aurait-elle pu ne serait-ce que différer cette annonce ? Une vie aussi belle ne pouvait qu’être le moteur à un tel aveu ! Quelle femme ne désirait pas finir sa vie sous sa lumière ?
Alors pourquoi cette surprise néanmoins face à cet aveu  ? Parce qu’il l’avait imaginé glissé au creux de son oreille, sous des draps ? Oui. Peut-être…. ou tout simplement parce que tout ceci semblait justement si idéalement propice aux serments enflammées et au proférations de déclarations romantiques. Il devinait, sous la lueur sombre de la nuit, ses joues rouges d’une gêne pudique et émotive et l’ampleur de l’éclat sincère de ses yeux. Plus que le penser, elle s’en inquiétait, s’en étonnait, le découvrait et mieux encore elle le vivait.
Cette constatation le frappa d’un seul coup et son visage se crispa d’un seul corps, comme pour s’en saisir, tandis qu’un sourire traversait subitement l’ensemble de son visage, l’englobant. Il avait souri, triomphalement alors que les lueurs du bouquet final sublimait et embaumait sa joie d’un halo flottant et solaire. Si bien que l’obscurité qui suivit nicha, cacha la nuance presque corrompu qui gagnait l’entièreté de sa joie, et qu’elle ne le vit même pas approcher ses lèvres pour l’embrasser en retour.
- « Tu m’en diras tant.. »


Après un temps de festivité, ils étaient rentrés jusque dans sa propre suite, non sans avoir salué la marmaille. Enfin...ce qui concernait Alexis. Lui était resté nimbé dans cet étalage de succès avec une satisfaction qui frôlait l’angoisse. Cette journée avait été idéale. Parfaite. A la hauteur de tous ses rêves les plus fous de royauté et satisfaisante pour ses plans. Presque un instant, à la minute où les cloches avaient retenti dans l’ensemble du palais, avait-il envsiagé la possibilité d’être renvoyé à son époque… Non. Pas son époque. Son époque était celle-ci. Celle où son aura s’étendait partout, complète, puissante, impérieuse. Alors qu’il ne l’avait pas encore vécue.. Mais il avait fait une prouesse dans ce futur. Il avait fait de son époque, de son Monde une vérité absolue, une LOI. Un mode de vie fait selon SA volonté seule et propre. Il croyait en lui mais cela était autre que de découvrir à quel point l’Avenir pouvait être parfaitement similaire à ce que l’on attendait de lui… En tout point ?
Il revint subitement au présent, pour jauger la porte de sa chambre et se figea l’index en l’air, un petit air satisfait et hautain sur le visage : 

- « Trésor… J’espère que le Cadeau est à la HAUTEUR de toutes mes espérances ! Sinon attends toi à passer une très très mauvaise nuit. Ou alors te demanderai-je de payer le prix de ma déception au centuple. Il s'agit de satisfaire un Roi tout de même. »

Il ricana un peu, son autre main sur sa taille et ouvrit la porte d’un mouvement théâtral et soudain, causant un boucan qui fit sursauter les gardes qui pourtant s’évertuèrent à ne pas bouger d’un iota. De toute manière, c’eut été un mensonge que de dire que Preminger leur vouait ne serait-ce que l’ombre d’une attention, ils étaient là, comme autrefois, mais à présent pour LUI, chargés de sa sécurité, comme un système de protection hautement qualifié, c’était tout. Il ne connaissait même pas leur visage et ne se souvenait même pas l’avoir su. Il savait seulement que s’ils se trouvaient là, c’était parce que son lui du futur les en estimaient dignes et il se faisait confiance aveugle en ce qui concernait notamment la préservation de lui-même… Tout juste avait-il remarqué qu’ils avaient refermé la porte derrière lui, enfin derrière eux parce que d’un rapide coup d’oeil avait-il guetté le miroir qui se trouvait posé non loin de la porte séparant ses appartements du couloir du palais. Alexis restait encore à ses côtés, la main superposée sur la sienne, la maintenant contre son flan tandis que l’autre s’appuyait sur son dos comme pour constater sa présence. Oui, il devinait bien que pour elle, se devait être comme nager en permanence dans un rêve éveillé – ce qui était le cas présentement qui plus est- aussi ne pouvait-il se fâcher de la savoir si… dévouée. Au contraire, il s’en félicitait.

- « Vous semblez pressée, Trésor, de…… Aaaah ! »

Dans un bref petit son pourtant, il la laissa subitement, se délestant de son étreinte en une fraction de secondes pour rejoindre ce qui captait son regard avec un entrain réel. Il avait crié brièvement en l’apercevant mais pourtant son enthousiasme ne diminua pas lorsqu’il se retrouva à la hauteur de l’objet. Au contraire. Il arriva à sa hauteur dans de petits pas empressés, les yeux luisant de satisfaction. C’était un bel objet. Un très bel objet que son cadeau. Imposant, le dominant sans peine d’une tête de plus, sculpté anguleusement dans un bois soigneusement poli et rempli d’or véritable, il imposait, se distinguait par son sein et son emprise et faisait la longueur de plus de trois lui. Mais ce travail d’orfèvre et d’ébéniste lui passa largement au dessus des préoccupations qui avaient attiré son attention lorsqu’il l’avait aperçu, disposé devant son lit. Ce n’était pas le réceptacle qui occupait son œil avec tant d’attrait mais ce qu’il desservait à merveille. D’une si grande merveille, qu’il en battit des mains, dans une seconde exclamation d’excitation réelle devant son présent. Un présent qui ne pouvait satisfaire nul autre que lui à ce point même si beaucoup devaient désirer posséder un tel trésor… Il se pencha avec excès pour mieux en admirer l’un après l’autre, d’un petit bond gracieux rythmant chacun de ses mouvements.
C’était un triptyque de bois de plus de deux mètres oui, mais chaque battant révélait une facette superbe et fascinante à sa manière, se rattachant avec aisance à la magnificence de sa personne. Les portes closes cachaient les merveilles de l’intérieur mais les battants se révélaient d’une beauté surprenante. A droite, un splendide portrait de lui s’étalait devant son regard orgueilleux, juché sur un superbe étalon à la robe d’un noir oppressant et sombre comme une nuit sans lune. Lui dominait le Monde, une main sur les hanches, le manteau pourpre flottant sur ses épaules, dans une majesté puissante, le visage altier, les yeux lointains comme tranchants derrière le ciel de tempête qui rythmait le tableau. Bientôt presque se serait-il attendu à se voir jusqu’à s’échapper du tableau, dans un bond, rompant la frontière de l’art et de la réalité, pour lui faire face. La main recourbée sur la bride du cheval, la seconde s’élevant, semblant saluer le Monde qui s’étalait à ses pieds. Une posture conquérante, dans un paysage sinistre et qui portait magnifiait son être et ses mouvements, la finesse de ses traits, jusqu’au galbe de ses mollets.

- « Superbe ! Qu’en dis-tu ? Regarde quelle beauté ! » marmonnait-il dans des piaillements ordonnés par son seul émerveillement, sans pourtant ne tirer un seul regard loin du présent qui s’étalait sous ses yeux.

Il ne faisait que s’imaginer à la place de lui-même, si altier, si haut qu’il en dominerait assurément le Monde de la simple autorité supérieure qui animait sa personne. Et il s’y voyait, s’y projetait bien facilement, regrettant presque de n’avoir pas encore pris la peine de se rendre aux écuries. Oh comme les paysans, comme les pauvres devaient tomber d’allégresse devant une telle apparition. Combien le prendrait pour un Ange ou Dieu fait homme en le voyant ainsi, divinement vainqueur et déjà victorieux ? Presque la vision lui donnait envie d’exiger à présent que l’on amène sa monture pour se lancer à donner corps à cet instant de grâce figé sur la toile par un heureux peintre. Il l’avait sûrement fait, réagit-il soudainement, prendre ainsi la pose pour parachever ce chef d’oeuvre ou alors était-ce là la seule émanation des rêveries superbes d’Enora le concernant. Il ne savait guère mais les deux justifications se tenaient et créaient une source de plaisir en lui. Il songea qu’il raffolait encore plus l’étalage visible de l’admiration ébétée de sa favorite. Il y avait dans cela une déclaration impudique de la place essentielle et unique qu’il possédait dans sa vie qu’il comprit pourquoi cette charmante enfant préférait son cadeau clos à leur intimité. Il se tourna alors dans un seul bond, fusillant la jeune femme de son regard enflammé goguenard puis sans mot dire, sentit son attention se happer à nouveau vers son présent. Il ne chercha pas à la retenir, y cédant avec un plaisir réel qu’il n’aurait pu contenir. Trop de vanité appelait son âme et Preminger était constitué d’un agrégat de vanités diverses dus aux qualités multiples qu’il possédait et ou s’attribuait avec un ravissement condescendant. Si bien qu’il n’avait pu qu’être captivé parce qu’il connaissait le plus au Monde et dont pourtant il ne parvenait jamais à se rassasier.. Lui-même. Ses yeux trouvaient son regard plus que n’importe quel autre, comme ses yeux avaient trouvé dans le tourbillon de courtisans son portrait pâle et dénuée de toute beauté fougueuse et vive en la personne d’Isaac. Il raffolait de lui-même dans une addiction effrayante qui justifiait l’ampleur de ses vices si bien qu’il ne pouvait être aussi parfaitement extatique qu’en se découvrant ainsi sous trois coutures dans ce triptyque. Le premier victorieux et guerrier, représentait sa facette conquérante, à n’en pas douter. Le miroir long qui composait le battant gauche démontrait sa mouvance, le caractère changeant et fantasque derrière son masque affable, insaisissable et superbe.
Puis d’un geste brusque ouvrit les battants, laissant son coeur et son âme en decouvrir les secrets… .Et quels secrets.
A droite et à gauche deux longs miroirs scruptés, inscrustés de pierrerie reflétaient son être en mille morceaux superbes.
Il s’observa un long moment, les cris stoppés par l’étude profonde de chaque trait de son visage, de la rougeur joyeuse de ses joues qui ravivait un peu son visage d’une vivacité nouvelle, la bouche figée dans un sourire triomphal. Il regrettait de ne pouvoir se couler encore dans l’image qu’il voyait de lui-même, transporté par sa beauté, regrettant amèrement comme toujours de ne pas pouvoir inlassablement se mirer pour observer son éclatante puissance…. D’une certaine manière, les autres possédaient une chance miraculeuse que de pouvoir inlassablement l’observer. Qui aurait pu s’en lasser ? Plus encore à cet instant où plus que refléter le Soleil, il l’incarnait complètement, irradiant une lumière extérieure et intérieure si puissamment renversante qu’il lui sembla pouvoir faire fléchir tout genou et ployer toute résistante par simple apparition. Comme une apparition supérieure dotée d’une force telle.. Alors, comme rassasié pour un temps, tourna-t-il son regard jusqu’au coeur de tableau. Un portrait de lui encore, en pied, tout de violet vêtu, sous un sfumato superbe. Le violet égayait, ravivait le tableau de ses nuances enveloppantes mais ce n’était guère ce qui frappait pourtant lorsqu’on l’observait alors. Non. C’étaient ses yeux. Nuancés, dans une nuance d’or jusqu’à l’ambre flamboyante, ils semblaient luire, s’attiser de ce qui s’offrait à son regard et lui-même eut l’impression de contempler un miroir lorsque ses yeux s’attachèrent à ceux fait d’huile. La simplicité de la mise en scène ne faisait que mettre en valeur d’une manière implacable, toute la sophistication précieuse de son être, de la malveillance de sa moue dédaigneuse jusqu’à la courbe altière de ses paupières, qui découvraient son regard saisissant. Ses pommettes creuses faisaient ressortir la finesse sinueuse de son visage, affichant alors toute son ambition nette et présomptueuse. Cela le fit s’exclamer à nouveau dans un râle admiratif et presque douloureux, sortant de sa gorge tout le renversant bouleversant que pouvait avoir cette découverte présentement offerte… Offerte à sa vue, également. S’étalait son ambition, ses vices, ses qualités esthétiques indiscutables aussi et il comprit sans peine le but du peintre. Le Portrait. Le fameux portrait de Dorian Gray qu’il avait lui-même évoqué et invoqué quelques heures plutôt avant de se laisser aller à une juteuse liesse. Et il se demandait si c’était cette sensation même que le jeune homme avait pu ressentir en se contemplant ainsi, au plus haut de sa Magnificence, de ses Vertus et de ses perversités… Plus qu’un portrait, c’était la captation de son être mais d’une manière si fine et si enjôleuse qu’un novice ne pouvait en saisir la corruption. Tout juste verrait-il l’ambition où se terrait la vénalité, et l’autorité caressante où s’affichait la fourbe malveillance.
Qu’y verrait-elle ? Il ne le savait mais il savait le spectre de sa beauté suffisamment distractif pour masquer avec sournoiserie toute malveillance qui y transparaissait parfois. Cela ne faisait pas exception et c’était ce qui faisait de l’œuvre un chef d’œuvre justifiant son état fébrile proche de la pâmoison et justifiait encore les battements frénétiques de ses mains, sous l’effet de l’émotion.

- « Cet hommage est superbe, Trésor » s’exclama-t-il soudain d’une voix aiguë, en s’arrachant de l’étreinte de sa, ses contemplations pour aller vers elle d’un pas leste et rapide, «J’apprécie ton cadeau… »

Toujours presque bondissant d’excitation, il avait rassemblé les mains de sa conquête pour les presser contre les siennes, dans un mouvement d’ampleur euphorique, beaucoup plus lui-même qu’alors parfois. Le passage au tutoiement passait sans trop de regrets, il lui avait concédé sous la satisfaction de son aveu et lui offrait à cet instant précis comme un remerciement conséquent – et pourtant désuet- face à la joie fascinée qu’il ressentait et le désir impérieux de retourner à son présent, pour s’y mirer encore… Il y résistait pourtant, pressa juste ses mains dans les siennes avec un enthousiasme débordant, sous son sourire de nacre :

- « A dire vrai, je l’aime ! … Comment pourrait-il en être autrement ? » proféra-t-il dans un roucoulement nerveux, songeant à la beauté qu’y avait été figée et plus de trois fois figée. Se mêlaient dans les miroirs les reflets infinis de son tableau et de lui-même, dans une fresque admirable. Il se mis à rire, plus hautainement qu’auparavant, dans un rire courtisan qui le composait énormément avant que sa main droite ne trouve le menton de la jeune femme, pour l’élever vers son regard. « Vois-tu... J’ai toujours su que tu avais du goût. J’ai toujours senti que tu avais du goût… Regarde comme il est beau  »rectifia-t-il avant de diriger le visage de cette dernière vers son présent, laissant le sien suivre la même route, collant sa joue contre celle d’Alexis, songeant à elle et son futur.

Elles possédaient de nombreuses différences mais une chose était certaine, Alexis comme Enora qu’elle deviendrait l’aimait avec une force égale et une évidence flamboyante. Et celle qu’elle deviendrait un jour, l’aimait en le connaissant. Pleinement. Sinon comment aurait-elle pu rendre un présent si superbement réaliste et nuancé, contrasté de lui-même ? Peut-être ne connaissait-elle pas encore l’intégralité de ses nuances mais elle semblait chérir celles qu’il lui avait laissé entrevoir et s’être bercée, s’être gorgée de lui au point d’en accepter l’ombre. Et cette perspective accroissait son vertigineux rêve de puissance. Voilà ce que lui offrait l’Avenir. Tout ce qu’il pouvait avoir et qu’il aurait encore. Et ce cadeau ajouté à son aveu peaufinait son ambition et concrétisait ses croyances. Il pouvait faire naître cet Avenir, plus encore, il le ferait naître.

- « Tu me gâtes, mon trésor, le sais-tu ? » interrogea-t-il en baisant ses lèvres avant de s’éloigner d’un pas preste et léger, pour presque tournoyer devant son présent. « Mais je le vaux bien, n’est-ce pas ? »

L’émerveillement l’étourdissait encore et il fit quelques pas pour se servir un verre de vin, non sans en offrir un à Alexis, puis but un instant son verre, l’esprit occupé et fasciné par son triptyque, ses yeux passant inlassablement de son reflet mouvant, à son regard de braise fier et destructeur…. L’un puis à l’autre, de l’autre puis à l’un…Tout en un, et si magnifiquement hypnotisant. Inlassablement. Presque ne la regardait-il pas, mais l’une de ses mains envahissait sa taille, pressant son corps comme un étendard ployé et acquis. De l’autre, il buvait un peu son champagne teinté d’une nuance légère. Il sourit à sa situation, son triomphe et tourna une nouvelle fois sa tête vers elle, picorant ses lèvres avec une assiduité agréable.

- « Je suis comblé ce soir. Par le présent d’Enora… Et le tien. »

Il la regarda, voyant qu’elle l’observait un peu perplexe. « Je ne t’ai rien offert » criaient pourtant ses yeux profonds et illuminés. Il lui sourit un peu mystérieusement, portant une nouvelle fois son verre à ses lèvres, posant un suspense supplémentaire quant à la situation présente.

- « Un bon coeur a besoin de croire et d’aimer  » déclama-t-il un peu mesquinement, laissant la commissure de sa bouche esquisser un arc acéré tandis que sa main libre balayait son front de quelques mèches aventureuses, doucement « Alors ainsi…. Tu crois m’aimer ?…. »

Il laissait plus une suspension dans sa phrase qu’il ne l’interrogeait, puis non sans avoir préalablement tapoter sa joue, son index plongea dans l’alcool pétillant et frais. Le sortant, il le porta à sa bouche, léchant du bout de la langue lentement une goutte de champagne qui risquait de dévaler son doigt, sans la quitter des yeux. Sûrement possédait-il l’apparence d’un prédateur se pourléchant devant sa proie, aiguisant ses griffes avant de fondre sur elle. Mais il stoppa son geste, pour mieux venir presser le reste de la liqueur sur la bouche de la jeune femme, l’incitant à ouvrir les lèvres pour s’en délecter, sous son œil enflammé et cupide. La sensation était délicieuse mais c’était le pouvoir avant tout qui émanait de l’acte qu’il initiait qui provoquait sa suffisance. Et l’imagination qui en découlait. Tant pour elle que pour lui. Et pourtant, plus qu’y plonger, il s’en retira tout à fait, pour déposer un nouveau baiser plus intrusif sur ses lèvres déjà entrouvertes, plus langoureux qu’alors, la pointe de sa langue y goûtant la saveur alcoolisée qu’il y avait mise et l’essence amorale de ses agissements qu’il affectionnait jouer, créer même.
Puis, dans un geste sec, se recula, prenant l’appui de son visage pour s’en écarter, l’attirant encore, dans une caresse douce et cruelle à la fois. Alors la lâcha-t-il tout à fait, une main rigide crispée sur son verre d’alcool, pour marcher vers son lit, que les servantes avaient recouvert de soie d’or et de broderies tout aussi étincelantes.

- « Alors... »

Il se laissa presque tomber dans un mouvement de grâce désinvolte et vaporeux, voluptueux sur le matelas. Prenant en réalité appui dans une pause désuète et altière, le coude posée sur la soie, la main posée sur son visage altier, l’autre porta son verre à sa bouche. En face de lui le triptyque étincelait et il savait qu’il l’appelait. Là puis encore plus tard, qu’il refléterait à l’envie tout ce qu’il souhaiterait voir, sous des coutures diverses. Et il voulait l’y voir là. Alors, se reput-il d’une énième goutte avant de déclarer dans un ordre suave :

- « Si tu crois que tu m’aimes, viens donc... Et prouve-le moi. »



♥°•.¸ Once ☆ Upon ★ a ☆ Time ¸.•*´♥´*•.¸°•.¸ Disney ☆ R ♥ P ☆ G ♥

La famille est un lieu où tout le monde vous aime, peu importe comment vous êtes, ils vous acceptent pour qui vous êtes.

ICI GIT L'ERREUR :
http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t80427-how-can-i-refuse-erwi


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Everybody wants to rule the world



Une nouvelle fois, l’aube l’accueillit le lendemain, encore dans l’ivresse de son pouvoir, sans que les contours de Storybrooke ne se mouvent pour le tirer de cette plaisante expérience. Une nouvelle fois, Alexis reposait non loin de lui, le visage tiré par les stigmates d’une longue nuit et une nouvelle fois, il s’était contemplé dans le miroir, admirant et profitant des cheveux pâles de sa propre chevelure. Il s’aimait ainsi, follement même, plus encore qu’à l’ordinaire, comme si la Couronne offerte avait ouvert une facette de lui-même encore plus exotique et superbe encore, révélant à tous son insolente beauté. Le pouvoir le paraît d’une perfection supplémentaire, voilà tout. Et ce pouvoir lui était dû. Il saurait le prendre. Il resta un long moment là, à contempler les environs, laissant son esprit divaguer, savourant sa chance, vantant mentalement son intelligence, se satisfit de certains points, pestant sur d’autres. Puis lorsque son esprit se révéla suffisamment échauffé, il éveilla Alexis par quelques baisers gracieux, ses mains chaudes glissant contre son épaule, pour l’envelopper de son étreinte. Elle appréciait leurs couchers, leurs nuits mais aussi leurs réveils. Ils n’en n’avaient pas eu tant à Storybrooke mais ici dans son palais, ils possédaient une saveur exclusive d’intimité qui plaisait à sa maîtresse. Ils soulignaient une complicité, une douceur qui semblaient ravir la jeune femme, qui sûrement y voyait la cristallisation d’un rêve éveillé. Même lui, l’admettait un peu...il ne s’y pliait pas par devoir mais par réel plaisir. Il appréciait la sensation de leurs corps encore ensommeillés, la chaleur mutuelle qu’ils s’offraient et la manière impromptue dont la situation lui permettait d’observer sous couvert de complicité, la force de l’effet qu’il faisait sur elle et qu’il avait fait auparavant. Et puis, qui savait ce qui se pouvait s’y produire encore ? Lui-même appréciait se prélasser paresseusement avec caprice et rien n’était plus agréable que lorsque ledit caprice s’agrandissait de la présence de ce joli Caprice là, à proximité de ses envies.

- « C’est Noël, il est grand temps de rallumer les étoiles... » en avait-il glissé en parole de bienvenue en coulant un regard vers son triptyque qui lui avait rendu, son éternel sourire sur les lèvres. En attendant, il savait qu’elle en apprécierait les tenants et aboutissants…

Pour cela, il restait agréable de discuter avec elle et il savait que cela consistait aussi en partie au secret de sa longévité à ses côtés. Bien évidement, son intelligence n’atteindrait jamais la sienne - mais il s’était fait à cette certitude pour tout à chacun – cependant, cela restait malgré tout une des rares personnes dont il reconnaissait un sens logique intéressant et prometteur. Georgia l’avait aussi… à sa manière. Mais cette pensée l’agaça davantage que les rares fois où sa femme avait traversé son esprit depuis son arrivée dans le séjour. Il se demandait où elle pouvait se trouver, avec qui. Il sentit la colère menacer son état si réjouit et la balaya avec désintérêt. Pourquoi donc se soucier d’une réalité qui n’existait pas ? Enfin….hormis pour les attraits qu’elle lui apportait sur le plan personnel et les enjeux qu’elle posait dans le présent.

- « Chaque jour ici est une merveille »

Proféré ainsi, cela s’apparentait presque à une phrase nostalgique déjà qui n’avait pourtant pas sa place dans l’état de joie dans lequel son âme s’ébrouait. Et pourtant…. Il savait bien que cela ne serait pas éternel. Jusqu’à quand ? Il l’ignorait. Mais il craignait à présent de se voir tout ôté une nouvelle fois sans crier gare, comme la fois où toute sa vie avait pris un tournant des plus conséquents. Il savait ce que la Malédiction lui avait ravi et ce qu’elle lui avait donné. Mais il y avait dans ces retrouvailles avec son passé une mélancolie réelle quant à ce qu’avait été sa vie. Cela ne lui coupait pas l’ambition loin de là pourtant mais tout juste agitait sa conscience de savoir qu’il en serait bientôt privé.

- « Toi qui n’a jamais connu cet environnement, tu ne peux pas savoir à quel point cela peut-être une plaie que d’être envoyé dans un monde si...terne, si sage. Si...monotone. » son sourire pourtant était réel et ses yeux coulèrent sur la peau satinée de la jeune fille sur laquelle quelques paillettes fines étaient venues se coller, s’incruster déteignant sa lumière sur elle, un peu. « N’est-ce pas une merveilleuse chance que de pouvoir vivre ainsi, trésor ? Je suis persuadé que même dans tes rêves les plus fous, il y a un an encore, tu ne l’avais pas envisagé…. Et pourtant… Je suis bien réel». Il avait gloussé avec arrogance puis l’avait embrassée à nouveau, doucement «  Et tout semble sur le point de devenir réalité. Nous… Jusqu’aux enfants. Ils sont...moins horribles que je le craignais » mentit-il dans un délicieux sourire

Cela avait un goût d’étrange pour elle sûrement, un conte de fée merveilleux et quel conte de fées ! De ceux qui faisaient rêver les enfants et qui occupaient visiblement l’esprit de Chrysanthème, même si sur ce point, il ne pouvait lui en vouloir tout en sachant que d’avance son rêve se trouvait voué à l’échec. Elle n’épouserait jamais un prince ou un roi n’ayant ne serait-ce que le centième de sa beauté. .. Et de toute manière, aucun autre Roi ou prince n’existerait jamais dans un Monde où IL l’était.

Il avait fini par sonner les servantes et toutes trois étaient venues leur apporter des mets plus variés les uns que les autres mais qui soulignaient malgré tout la période et le jour particulier qui s’offrait à eux. Plusieurs bonhommes de pain d’épices cuits dans un sucre caramélisé leur souriaient de leurs mines mignonnes, chaque thé aromatisé à la cannelle était orné d’un sucre d’orge qui fondait dans la tasse. Des confitures diverses jonchaient le plateau au nougat, à la cannelle, confiture de pain d’épice et spéculoos, la pâte à tartiner chocolatée s’ornait aussi d’épices et il fallait reconnaître que c’était divinement gourmand et chaleureux, si bien qu’il s’empressa de goûter un bout de tout, comme si on lui avait mis devant les yeux un trésor dont il ne pourrait en saisir l’ensemble et qu’il s’était dépêché de prouver le contraire. Il termina rassasié et même repu, même s’il avait plutôt grignoté que savouré. Parfois, tournait-il la tête vers Alexis, l’encourageant à goûter l’assortiment testé dans une incitation distillée d’un mot doux, puis se lançait dans une analyse un peu fantasque sur les différents mets proposés. Certains trop doux, certains trop tranchés, pas suffisamment délicats même si en définitive tout se trouvait acceptable et délicieux.
La satiété eut raison de son emportement et il se stoppa un instant, comme s’il avait ingurgité un repas de titan, alors qu’à peine avait-il englouti trois tartines par ses picorements, posant une main sur sa poitrine :

- « Cela est assez pour moi, trésor, je suis par trop rassasié...pour le moment. »

En réalité, il ne l’était jamais. Il possédait au contraire une frénésie de désirs et d’insatisfaction si entraînante qu’il ne parvenait que très peu de sentir profondément comblé. Mais cette escapade dans le futur l’avait réellement contenté. Il vivait son rêve et ce qui adviendrait de lui avec une vraie félicité. Mais s’il savait parfaitement qu’il ne lui faudrait que peu de temps dans ce monde pour en être obsédé par les défauts et les incomplétudes. Comme notamment ce dernier royaume inconquis… Et le fait que le reste du monde demeurait hors de sa portée. Dix ans après voilà qui était réellement intolérable.
Il déposa sa tasse dans la soucoupe prévue à cet effet avec plus de sécheresse que prévue puis non s’en avoir hasardé un léger baiser dans le cou de sa favorite, partit faire sa toilette. Bientôt l’eau savonneuse et la mousse volumineuse se glissa sur chaque parcelle de son corps venant à bout des paillettes de la veille. Il les regarda se dissoudre, glisser jusque dans l’eau, un peu distraitement. Pourtant, il y prenait plaisir oui. A se laisser aller, à se ressentir puissant. Puis, finalement, se retira de l’eau chaude, la peau régénérée. L’une des servantes lui tendit une serviette blanche et qui semblait avoir reposé sur un poêle agréable pour en chauffer les fibres et il se laissa envelopper dans cette étreinte bienfaisante dans un soupir d’aise. Parfait oui. Puis, il revêtu un ensemble fait de nuances violines tirant un peu sur le bordeaux froid, laissant ses cheveux flotter jusqu’à ses épaules. Superbe comme toujours mais d’une beauté jamais lassante. Il chaussa sa Couronne comme un objet précieux, s’admirant maintes fois puis se décida à sortir. Le Monde était à lui.
Il retrouva Midas, une mine ensommeillée inscrite sur son visage, et s’enquit alors des tâches à suivre pour ce jour. Il avait promis à Alexis de la retrouver avant le déjeuner conséquent qui s’effectuait encore dans la salle du trône auprès de tous leurs invités et il le ferait. Après tout, il désirait profiter de tout, ici bas.

- « Joyeux Noël, Majesté… Comblé ? »
- « Jusqu’à un certain point »

Cela avait été sa seule réponse et cela lui avait valu un rire entendu de son ancien chien, comme s’il ne s’était attendu à rien d’autre qu’à cette réponse qui le définissait plutôt à merveille. Avec son lot de sous-entendus qu’ils ne comprendraient qu’eux seuls et il y avait quelque chose de foncièrement rassurant et saisissant dans cette relation si particulière.
Il s’interrogea soudainement sur la vie sociale de son chien, passée par la tête jusqu’à cet instant précis mais se garda de l’interroger pourtant. Cela aurait paru impromptu que de le remplir de questions évidentes pour un homme qui était resté fidèle dix années durant. De toute manière, il devinait sans peine que sa situation n’évoluerait qu’à grand peine.

- « Le cadeau d’Enora t’a plu ? » interrogea brusquement Midas, une mine curieuse sur le visage

Et s’arrêta tout à fait, stoppant devant les immenses verrières qui déversaient le soleil jusqu’à produire l’illusion d’une chaleur estivale dans le château, s’exclamant avec une vive frénésie  alors que sa main se crispait sur le bras de son ministre avec une effusion fébrile :

- « Ooooooooooh oui !!!  D’ailleurs ... Veux-tu venir le voir ? Il est superbe ? C’est… Moi »
- « Je n’y aurais jamais songé face à tant de ravissement » rétorqua son chien avec une pointe d’ironie bienveillante qui fit ricaner son Maître avec orgueil « Mais avec plaisir si tu le souhaites, nous pouvons aller le contempler...Et je t'offrirai le tien »
- « Tu suivras mes pas, très cher. Comme toujours. » ricana-t-il en dodelinant de la tête avant de desserrer son éteinte dans un haussement d’épaules « Mais nous n’irons pas tout de suite, je préférerai revoir l’organisation de cette journée avant toute chose...Plutôt cet après-midi »

Son Ministre avait opiné dans un sourire tandis qu’un rayon de soleil parcourait la salle, Preminger aperçu entre ses dents briller l’une d’un éclat doré inaltérable. Après une malédiction, après dix années, il contemplait la dent en or offerte à Midas rutiler comme le pacte qu’ils avaient fait ensemble. Le témoignage de sa fidélité s’inscrivait là.
Il le laissa donc le divertir, l’abreuvant de petites anecdotes, de traditions, sur lesquelles il rebondissait, feignait de se souvenir en s’instruisant toujours. Midas ne semblait rien remarquer et cela s’avérait grandement bénéfique.

- « Regarde, les préparatifs du midi ont parfaitement su se tenir, regarde la grande salle. Tout est décoré selon tes ordres... »

Il lui désigna une grande salle qui ainsi parée ne paraîssait ne plus rien à voir de la grande salle de réception connue tant les multiples nœuds d’or, les branches de buis embaumées mélangées aux feuilles et feuillages de sapin distillaient une odeur et un air festif de Noël. Presque le violet faiblissait un peu, laissant la part belle aux notes rougeoyantes que l’or rehaussait aisément. Pour faire pâlir d’envie le sapin de la salle de bain, un autre se dressait là, tout aussi gigantesque, recouvert de rubans transparents aux reflets d’argent, de pommes de pin pâlies par une fausse neige, aux tendres guirlandes de plume immaculées qui l’entouraient dans une étreinte admirable. Un sapin bien plus sophistiqué et moins traditionnel que le premier et principal mais qui n’avait rien à y envier où même certains avaient poussé la folie d’accrocher aux branches quelques friandises chocolatées pour qui oseraient s’y risquer.
Et une petite main inopportune s’y risquait d’ailleurs, non loin des regards, sans réelle peur ni mine apeurée, un livre glissé sous le bras gauche. Il avait attiré son regard. Comme surgit de nulle part et pourtant ses contours étaient bien présents. Comme à vif et découpés par une ombre sournoise qui le localiserait toujours où qu’il aille aux yeux d’Erwin. Et toujours sa vue lui avait occasionné un frisson de dégoût. Midas à ses côtés n’avait pu que le percevoir et lui coula un regard lourd.

- « Tu sais. Le trône ne revient qu’à toi. Il n’a aucun droit dessus ».

Il rejeta cette déplorable tentative de « réconfort » d’un revers futile de la main. Pourquoi diantre aurait-il besoin de réconfort ? Son égo n’en n’était même pas éraflé. Comme aurait-il pu l’être par la présence d’un si misérable petit moustique tel que l’Erreur ? Pourquoi diantre lui précisait-on son absence de droits au trône, pensait-il sérieusement qu’il ignorait son rang ? Il observa néanmoins l’enfant tendre vers la main vers le sapin et s’aperçut que lui-même avait entamé une avancée vers lui qu’il n’avait même pas désiré ou plutôt anticipé. C’était comme si sa tête bourdonnante commandait sa raison dans un bourdonnement flou. Les contours immenses du palais rétrécissaient presque pour ne lui offrir qu’en seule perspective que les cheveux bruns et bouclés de l’enfant, ses épaules fines et son corps étroit, les pointes de pied qu’il faisait pour tenter d’atteindre l’objet de son désir. Sans prêter attention aux alentours. L’attention de l’Erreur était focalisée sur son désir dans un entêtement occultant sûrement, si bien qu’il avait franchi aisément la distance qui les séparait, laissant son ombre se profiler sur son dos, jusqu’à l’engloutir entier.
Le catogan qui retenait ses cheveux dégageait un peu la nuque du petit marmot et ses mains l’imaginèrent soudainement, mesurant son épaisseur, la finesse de sa chair, la facilité que cela serait… Alors que la main de l’enfant se tendait, proche de l’objet tant rêvé, un petit œuf de chocolat niché dans un papier aussi que le soleil. De toute sa résistance et son souffle concentré, il s’y trouvait presque.
Lorsqu’une main preste le lui ravit avant que ses bouts de doigt ne s’en saisissent :

- «Qu’avons-nous ici ? Un petit chapardeur ? Quel mal élevé... »

La main de la marmaille avait eu ce premier geste de révolte alors que le chocolat lui fut subtilisé sous son nez mais la voix à qui elle appartenait le fit à l’inverse sursauter, stoppant son geste dans son vol, tandis que l’autre main de Preminger venait s’enfoncer sur les épaules de l’Erreur. Il en sentit toute l’agitation, comme un frémissement compulsif proche d’une rigidité mortifère. Comme si s’ancrant à la terre il retenait de toutes ses forces ses genoux pour éviter toute dérobade ou tout écroulement ridicule du à ce simple contact.

- « Je…. Je ne savais pas… Pardonnez-moi je ne pensais pas qu’il était défendu d’en prendre avant le repas...ou de manière générale » finit-il par proférer, non sans se retourner, comme sil la poigne plus sinueuse que lourde semblait l’enfoncer dans un sol de béton, sans qu’il ne tente de se débattre. « Je ne savais pas ...Pardonnez-moi Père. »

Tout juste l’Erreur préférait s’adresser à lui ainsi, non sans bafouiller mais la voix éteinte, presque disparue alors que l’agitation qu’il ressentait pondre sur son seul point de contact s’intensifiait. Il appréciait par cette tension toute la peur qui émanait de l’enfant et qui lui permettait de surmonter son propre dégoût. Si bien, qu’après un léger silence, persifla-t-il docilement, comme une caresse perfide, comme s’il n’avait pas perçu la complainte, ni l’excuse, ni le ton désolé de l’Erreur

- « Je te laisserai seul songer à la gravité de ton fait. D’autant que je constate que tu préfères en si bonne matinée, t’empiffrer de mets sucrailleux jusqu’à la nausée au risque de faire pâle figure au repas de fête devant la Cour toute entière. Tsssss… Regarde-moi, enfant…. » Il avait quitté en une seconde son ton haut perché et enjoué pour ordonner quelque chose et sûrement avait-il compris le risque car il tourna rapidement son visage pâle vers lui, sembla se ratatiner sur lui-même.

Quel délice…Un fils, ça ? Le sien qui plus est ? Un être doté d’une….part de lui-même ? L’idée le révulsait. Non. Jamais quiconque n’aurait une part de lui, personne ne la méritait.. Et lui n’était rien. Rien. Un misérable petit avorton si faible. Une brindille qu’un rien suffirait à envoyer dans le décor. Il aurait pu le faire. Ne l’avait guère fait. Et la journée passée, il s’était empressé à jouer le « père » plus cordial qu’à l’accoutumé de ce cher marmot qu’il ne savait quoi attendre de cette confrontation oculaire. Pourquoi diantre l’avait-il exigée d’ailleurs ? Il détestait contempler ses yeux dorés si éteints, si fades. Il détestait son visage, sa longueur, ses lèvres pleines mais exsangues, la courbe de ses sourcils et la manière dont ses cheveux se mouvaient… Sa main se crispa sur son épaule avec un peu plus de poigne lui arracha une grimace légère puis la peur complète se diffusa sous les yeux de l’Erreur…Erwin savait bien ce qu’il appréhendait. Encore était-il resté aimable, courtois, plaisant, mais l’Erreur s’interrogeait jusqu’où était le mensonge, la manipulation, la sincérité ou la cruauté encore dans les paroles agréables dites auparavant et son attitude mesquine d’alors.
Relâchant son étreinte, sa main se posa sur le manuel glissé sous son bras, lui arrachant négligemment dans un sourire satisfait. Il reconnaissait l’ouvrage offert la veille probablement dévoré et chéri et l’expression horrifiée de l’enfant lorsqu’il le lui ôta. Feignant de ne pas le remarquer, il fit mine de chercher, feuilletant quelques pages minutieusement, minaudant presque :

- « Si je le voulais, je te ferais recopier une leçon qui sera loin d’être inutile… Voire très instructive très cher… Page 394 … « Pour préserver un esprit fin et un corps svelte, est considéré disgracieuse pour l’âme et l’être toute nourriture prise en dehors des repas »… Tu ne le maîtrises pas encore. Mais nous sommes Noël et tu l’as ainsi entendue. Alors considérons que cette simple remontrance suffit. »
- « Vraiment ? Oh ! »

L’air écarquillée de l’enfant l’amusait bien davantage qu’il ne pouvait le voir. O combien cette surprise était instructive quant à son quotidien et comme cela se trouvait être une parenthèse sournoise loin des brimades qui devaient rythmer sa vie. Preminger haussa ainsi les épaules, en claquant la langue :

- « Si cela te peine, je peux corriger cela. » un ricanement rauque élargit sa gorge puis il poursuivit glissant le chocolat de la main de l’enfant « Après tout, quelle importance, tu n’as pas besoin de préserver quoique ce soit… Tu devrais donc vaquer à tes occupations. Que faisais-tu donc ? »
- « Je…jouais aux échecs. »
- « Seul ? »
- « Oui. »
- « Où ? »
- « Ici »

L’enfant avait tendu un doigt fin pour désigner un lieu suivi d’un silence. De ces silences lourds et pesants, tendant entre la peur et l’espoir. L’espoir… Quel sot sentiment. Curieux, le Roi glissa la tête vers l’endroit désigné puis revint rapidement à l’Erreur.
Il avait esquissé un regard timide puis ledit regard était venu mourir sur le bout de ses souliers vernis comme s’il s’agissait là de la chose la plus précieuse et fascinante au monde. De la dérobade, encore. Et toujours sûrement. Par crainte du jugement, du courroux.
Alors qu’il ne semblait pas guetter ses mouvements, Preminger franchit de trois pas l’espace qui le séparait du petit repère proche du sapin, à moitié abrité par ce dernier, à moitié dissimulé par celui-ci et le paravent qui le longeait. Difficile de savoir si l’enfant passait réellement inaperçu, si le personnel feignait de ne pas le voir ou si encore ils se trouvaient être les complices volontaires de sa cachette mais l’endroit se voyait accorder une place discrète et pourtant centrale. C’était ce que l’on pouvait appeler un repère de fortune, fait de deux coussins rouges et ronds aux surfaces plates dont l’un servait de table de fortune pour le jeu d’échec tranquillement disposé là. De prime abord, ce devait être l’heure du divertissement des enfants et visiblement l’Erreur avait cherché un endroit à la fois calme et animé pour lancer une partie contre lui-même. Le plateau indiquait une partie finement avancée et Erwin se pencha sur ce dernier pour l’observer une briève seconde, pendant laquelle l’Erreur, prenant son courage à deux mains, le rejoignait observant avec angoisse son intérêt.
Il ne posa aucune question quant à sa présence ici ou la question de l’emprunt des coussins cotelés comme il se serait empressé de le faire ordinairement. Cette fois, son attention se rivait sur la partie seule et son esprit scrutait les pièces comme visionnant l’étendue d’un réel champ de bataille où manquait l’odeur du soufre et la souffrance des corps meurtris. Il ne la voyait de toute manière jamais ou qu’avec un grand désintérêt, les autres n’étaient que des enveloppes corporelles vides, corvéables, maniables, manipulables.

- « Es-tu satisfait de ton jeu ? » interrogea-t-il alors en désignant le plateau, retenant l’ombre sournoise qui menaçait de s’inscrire sur ses lèvres.
Le ton de sa voix n’apprenait rien de ses intentions mais ses yeux, dissmulés à l’enfant pétillaient d’une malice sourde. Adroit, il détournait le tout d’une mine si intéressée que l’Erreur n’y vit goutte.
Bien au contraire, sûrement se voyait-il déjà sottement dans les bonnes grâces de Sa Majesté le Roi Son Père. Pathétique. Et esquissait une réponse où perçait une dose de fierté qui eut le ton et le don d’exaspérer encore davantage Preminger. De quel droit ce vulgaire petit marmot aux expressions disgracieuses pouvait-il avoir le culot d’invoquer la fierté ? De quelle fierté aurait-il pu se prévaloir, LUI ? Hormis le fait d’être son engeance ? Ce qui pouvait aussi être bien plus une honte qu’il aurait du expier en permanence pour être venu au Monde et le déshonnorer quotidiennement d’une balourdise édifiante.
Et pourtant presque bomba-t-il le torse, fier qu’il s’intéressa à lui, sot petit imbécile qu’il était, dégoulinant d’amour et de manque affectif filial pour déclarer :

- « Oui ! Je vais gagner en blanc.»

Dire qu’il ricanait aurait été une erreur, non, non, bien plus roucoula-t-il d’aise, satisfait de sa situation et il désigna d’un doigt pompeux le plateau, comme il aurait désigné une tâche déplaisante sur un costume :

- « Oh Ciel, noooooooooon. Tu es loin de vaincre, mon tout doux…. Tu es échec et mat. Regarde donc...En protégeant ta reine, tu condamnes ton jeu » avant d’enchainer mielleusement « Sais-tu au moins quel est le but des échecs ? »
- « Protéger son Roi. Et prendre l’autre Roi.  »

La réponse avait fusée, franche, décidée. Et il l’avait toisé, mesquinement.

- « Insuffisant. » avait-il roucoulé encore « Protéger son Roi. Et l’aider à prendre le pouvoir au mépris de tous les sacrifices y compris personnels. Seul le Roi compte, les autres n’ont aucune valeur.
- « Mais…. » il lui fallu beaucoup de courage pour continuer cette phrase mais il le fit pourtant, comme perplexe « Ce sont elles qui gagnent, qui agissent… »
- « Tu mélanges fonction, utilité et valeur. C’est une vision sentimentaliste des échecs, que voilà. Seul le Roi gagne. Les autres ne sont que des fonctions… Elles sont utiles, certaines plus que d’autres mais elles sont interchangeables. Seul le Roi a une valeur. S’il meurt, la partie est finie.

L’Erreur l’observait sans mot dire. Quelque chose avait changé dans sa physionomie, comme si une moue horrifiée cherchait à pondre derrière cette pondération sensible et émotive. Il tortilla ses doigts, jetant un regard au plateau comme s’il le découvrait alors puis vers lui à nouveau.

- « Tu t’émeus sottement du sort de pièces quelconques ? »

Le ton de sa voix l’avait fait sursauter à nouveau alors qu’il lui faisait pourtant face, yeux dans les yeux et il avait semblé que l’enfant se noyait presque sous sa surface pondérée. Puis il avait articulé au bout d’un instant :

- « N-… Non. Vous avez sûrement raison, Père. Sûrement joue-je d’une manière trop sentimentaliste. Comme de vraies personnes.. Comme s’il s’agissait d’un de ses plans de bataille que vous élaborez parfois. Mais la finalité et les enjeux sont différents dans la vraie vie, l’ensemble n’est pas désincarné, mais a du coeur et le sacrifice est douloureux… C’est bien différent.  Bien différent. »

Il le répéta à mi-voix, comme pour se l’ancrer en lui, comme pour s’en convaincre en rejetant l’effroi. Pour toute réponse et consolation alors, à peine Preminger répliqua doucereusement :

- « Oh… Pourquoi gaspiller ton temps à ces questions rhétoriques ? Tu ne seras pas roi et tu n’as pas vocation à y prétendre. »
- « Oh Je sais Père…Croyez-moi.. Je ne veux pas. Je ne veux pas. La royauté est un fardeau honorable et un devoir aiguë envers son pays… Je n’en veux jamais. Pourquoi s’imposer tant ? »

Il y avait quelque chose… Derrière toutes ces jérémiades misérables qui n’avaient vocation qu’à s’aplatir devant lui, qu’à tenter de gagner son estime pour endormir sa méfiance, une sorte d’interprétation du rôle de roi si datée et si guindée que cela le frappa entier. Il y retrouvait le ton, la douceur et la responsabilité comme une projection nette qui l’arracha de son indolente arrogance :

- « Tu lui ressembles. » décréta-t-il sans un souffle froid, dénué d’artifices.
- « A ma mère ? »
- « A elle. »

Il ne l’en détesta que davantage. Et s’en fut sur ses mots. Une brume maussade assombrissait son front.

Il s’en fut… Jusque Là. Jusqu’à ce tableau qu’il contempla pensivement. Paisiblement et furieusement à la fois. La tête fatiguée de pensées diverses de colère, impulsions, fureur même. Le Roi. La Reine. Deux visions différentes d’un Monde identique. Il avait feint d’oeuvrer pour le sien pour mieux s’en emparer des années durant et elle à présent ? Faisait-elle la même chose au lointain ? Il sembla que se superposait ici l’image d’une photographie plus récente. Et dans cette époque, à présent datée. Comme tout se jouait si vite et si mystérieusement parfois.
Il scrutait le tableau si fort que presque il lui semblait que le tableau se gondolait, frémissait, que la couleur craquait sous l’exigence rude de son regard, comme offrir l’ensemble à son regard lucide. Mais il suffisait qu’il batte des cils pour le tout retrouve contenance et puissance. Et puis voulait-il réellement le détruire ? Non. Mais sa vision se disloquait devant la peinture, s’abreuvait de détails divers, variés. L’ébauche d’un cils, d’une ride puis soudainement surgissait le grand tout, comme, serein. Royal. Le Destin et les rouages. Le futur et ses voies…. Il le voyait, le vivait, le pensait, l’admirait et s’y tourmentait de rêves, de frustrations diffuses. Satisfait et insatisfait à la fois, tourmenté presque.
Un pas léger se fit entendre, claquant non loin de lui mais dans une distance respectueuse et observatrice, il devinait le propriétaire, devinait l’attente.

- « Tu troubles ma quiétude, Midas… Mais demeure, je t’en prie…. Je...réfléchissais.. Au passé, au Destin. Aux routes qui se tordent, se distordent, aux incohérences du Temps… Aux choix que nous faisons. A ce que l’on sait d’avance… Et que nous poursuivons tout de même…. »

Il débita tout ceci d’un ton presque monocorde, sans se soucier de son débit, parler devant Midas revenait à se parler à lui-même. Et il finit par la poser, la question qui lui brûlait la gorge et qu’il se repassait inlassablement en boucle, dès l’instant où en avait pris conscience. Celle qui ne trouvait encore réponse cohérente encore, malgré sa suprême intelligence. Hormis un élément extérieur manquant qu’il ignorait.
- « Pourquoi le destin lui prête encore vie.. ? »

Déjà Midas s’exclamait pantelant :
- « A elle ? Mais voyons... »
- « Pas à elle… » rétorqua-t-il dédaigneusement « A lui. Pourquoi vit-il encore ? Pourquoi l’air parcourt-il ses poumons, pourquoi son souffle n’est-il pas glacé ?  Rappelle moi pourquoi je n’ai pas encore exterminé sa misérable et inutile condition de la surface de la Terre ? Alors que sa personne me répugne, alors qu’il me semble que chaque fois que je pose un regard sur lui mon corps s’ébroue dans l’horreur… Pourquoi ne l’ai-je pas encore tué, Midas… »
- « Tu veux dire que… Tu serais prêt à rompre le deal ? »

« Nous y étions enfin » songea Preminger dans un sursaut curieux. Le nœud du problème. L’explication. Il ne pouvait pas exiger de Midas qu’il la lui livra sans l’amener à se poser des questions et il avait par trop de fois déjà fait montre d’une attitude pour le moins curieuse. Tous ces événements avaient déjà été vécu, il ne pouvait pas feindre les ignorer… Alors, il suffisait de contourner l’échéance…Ignorer l’air profondément ébranlé de Jérémie et poursuivre :

- « Peut-être.. Après tout… Pourquoi pas ? Désapprouves-tu ? » de toute la condescendance que contenait sa voix observant Midas bredouiller en retour :
- « Non. Oui. Je l’ignore. Cela me paraît...logique vu les circonstances actuelles. Mais… Trop précipité ? Mais cela serait mentir que de te dire que j’envisageai cela possible, un jour. Je sais qu’elle y est allée… sans ton ordre, je sais qu’elle y est allée par défi. Pour te provoquer. Mais… éliminer Geneviève avant qu’elle ne devienne gênante... »
- « Eliminer ? Qui te parle de l’éliminer ? Je parle d’Isaac. »
Le prénom avait écorché sa langue, rapeux.
- « Appelle ça, comme tu veux. Tuer Isaac revient à revenir sur votre accord. Revenir sur votre accord équivaut à la perdre, à la répudier. Elle ne te laissera pas le tuer sans offrir tout ce qu’elle peut offrir pour le sauver. Tu ne peux pas l’ignorer. Tu ne peux pas ignorer les conséquences, les risques….  »

Ce fut à cet instant précis que tout s’emboîta subitement. La dernière pièce du puzzle. Celle qui lui manquait et signifiait tout. La présence sur ce tableau et à ses côtés de la femme si bienveillante qu’était son épouse malgré ses envies de conquête, malgré l’existence publique d’Alexis, malgré l’existence publique de ses enfants. Tout ce vernis si policé, si tendrement hypocrite qu’il avait glissé autour de leur couple, comment avait-il pu se serait-ce qu’une seconde penser qu’il avait perduré dix années avant une subite légère rebellion ? C’était mal le connaître, c’était mal la connaître. Qu’elle femme ne désirait pas finir sa vie dans sa lumière. Il savait très bien qui. Celle qui avait fuit plutôt que de passer Noël à ses côtés. Mais qui pourtant avant demeurait à ses côtés, portait la Couronne. Par crainte ? Peut-être mais c’était mal la connaître que de penser qu’elle puisse être suffisamment faible pour laisser son peuple malmener sous couvert de protéger sa vie. Aussi loin que témoignait leur histoire commune, Geneviève avait toujours été prompte au sacrifice. Pour le bien de son peuple. Pour le bien d’autrui.
Elle avait su sûrement. Tout. Et elle avait protégé. Protégé jusqu’à protégé ce qu’une autre qu’elle aurait honni. A partir de là, il devinait l’échange, l’accord. Une Couronne, la sienne pour deux vies. Le trône… Il avait conservé sa Reine en perdant l’épouse et l’alliée. Et L’Erreur vivait, la Chrysanthème croissait indifférents au fil tenu qui les maintenaient en vie.
Il avait levé la main, rapidement :

- « Après toutes ses années, Midas… Cet accord… Que vaut-il ? »
- « Comme toute chose, Majesté : l’importance que tu veux bien lui donner ».


Alors, il ne le ferait pas… Ce n’était qu’une simulation après tout.. Pourquoi donc se miner l’esprit ainsi ? La nouvelle l’attérait néanmoins. Un acte aussi désintéressé le conduisait à tantôt une hilarité franche tantôt à des frémissements de colère. La matinée était gâchée, il n’avait qu’à peine ouvert la bouche devant Midas, puis il s’était enfermé dans ses appartements, pour ruminer, s’arrêtant par ac coup devant son triptyque pour se rassasier de ton regard, de sa supériorité, de son génie. Il ne fallait pas que cela advienne un jour. Non. Il ne le permettrait pas. Il aurait TOUT sans sacrifice de sa paix intérieure. Il pouvait. IL pouvait. Il pouvait TOUT.
Alors s’abîma-t-il dans les reflets de sa peau superbe, de son sourire puis fit mander Alexis d’un ton altier. Hors de question de se morfondre… Il voulait rattacher le futur au présent et il n’y avait qu’elle qui pouvait le faire. Il avait promis de la voir avant le déjeuner, cela se ferait donc. Il la salua alors, l’embrassant avec une douceur légère face aux quelques courtisans qui vaquaient par là.

- « Tu m’excuseras mais j’ai eu souvenir que tu goûtais peu à l’effusion en compagnie d’autrui..à l’exact moment où notre baiser a cessé » glissa-t-il moqueusement tandis que leurs lèvres se séparaient « Mais il y a bien plus scandaleux que quelques profusions de sentiments, non ? »

Il lui avait sourit en lui proposant son bras, insistant pour qu’ils déambulent dans le palais. Il l’entraîna même loin de la salle du déjeuner, trop soucieux de ne pas croiser l’Erreur encore et de lui offrir le parfait contexte au conte de fées qu’elle rêvait :

- «  J’espère que tu n’es pas trop lasse de notre nuit, tu ne seras pas sans ignorer que ce soir, un second bal aura lieu pour célébrer le jour de Noël et l’ancestrale Fête du Soleil. N’est-ce pas une perspective radieuse, ma chère ? Les bals et les occasions de festoyer ne sont jamais trop nombreuses et la preuve d’un royaume prospère ! » ajouta-t-il sournoisement. « Et puis, je raffole des célébrations. Comment s’ennuyer lorsque la vie est un tourbillon renversant de fêtes et d’hommages ?

Pour cela, son regard même l’invitait aux compliments, à la célébration…. Il songea au triptyque, puis ajouta bon prince :

- « Que comptes-tu faire aujourd’hui ? La patinoire n’est pas close, il est encore possible de l’utiliser aujourd'hui. Mais évidemment, ton désir le plus profond serait évidemment, de passer l’après-midi en ma compagnie. Il est possible que je l’exauce ; Vois-tu, outre le cadeau de Midas à découvrir et dont il fait grand cas, je n’ai pas de plans politiques ou financiers à approuver, nous pouvons donc considérer que le reste de la journée m’appartient pleinement. Comme toujours. Aussi sera-t-il parfaitement de nous atteler à maints loisirs imaginables…Qu’en dis-tu ?  »


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La famille est un lieu où tout le monde vous aime, peu importe comment vous êtes, ils vous acceptent pour qui vous êtes.

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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2021-01-05, 23:42 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world



C’était ses baisers qui m’avaient réveillé, ses mains sur ma peau nue, comme si le rêve ne s’arrêterait jamais. Et d’une certaine manière, il en était même devenu réalité. Les yeux clos, j’avais senti ses lèvres se poser sur ma peau à plusieurs reprises et j’avais profité du moment, sans bouger, un sourire naissant sur mon visage. Remémorant mes souvenirs de la veille, j’avais préféré resté un instant dans ma bulle, entre ses bras qui s’enroulaient autour de mon corps, prenant conscience de ce que j’avais dit et fait la veille, reprenant conscience de ce qui m’avait frappé à minuit. J’étais amoureuse. Y avait-il une autre raison qui expliquait ces derniers mois ? Qui expliquait que j’acceptais tout ce que j’aurai pu détester. Que je riais avec attendrissement de ce qui m’aurait donné envie d’hurler chez quelqu’un d’autre ? Et pourtant, même après l’avoir dit, même après cette nuit, même après ce réveil, je n’en revenais toujours pas... Quand est-ce que c’était arrivé ? Quand est-ce que je m’étais attachée plus que de raison ? Etais-je alors une mauvaise personne de l’avoir fait ? Après tout, il était marié et si je l’avais jusqu’alors ignoré, je ne pouvais que le savoir hier soir. Peut-être aurais-je alors dû me taire, finir cette simulation et disparaître entièrement de sa vie. Laisser tomber. Avant de souffrir, avant de me noyer.

Pourtant, tout avait sonné comme une évidence. Un mariage de convention m’avait-il dit. Elle n’était toujours pas là d’ailleurs. Quelle femme pouvait bien délaisser son mari le jour de Noël ? Sans doute une femme bloquée dans un mariage de convention... une femme qui voyait son mari comme un compagnon plus qu’un amant. Il ne m’avait pas menti, c’était impossible... et sinon jamais je n’aurai pu aller aussi loin. C’était mon regard posé sur eux deux qui avait fini par me décider pleinement. Mes enfants. SES enfants, lui qui n’en avait pourtant jamais voulu. Oui... je l’aimais. Que je le veuille ou non, la raison avait laissé place à la passion. J’ignorai encore jusqu’où celle-ci pouvait me mener, mais j’avais décidé de lâcher prise, acceptant ce qui était déjà avéré. Au diable la souffrance, après tout, je souffrais déjà. De ses absences, de sa présence, du manque qu’il créait en moins et de l’étouffement qu’il pouvait parfois provoquer. L'amour était insidieux. On ne savait jamais vraiment quand on tombait dans ses filets avant même qu’on ait pu s’enfuir pour éviter la douleur, celle-ci nous envahissait déjà de toute part, la main menaçante et pourtant si caressante.

En ouvrant les yeux, je m’étais tournée vers lui pour d’autant plus me blottir dans ses bras et j’avais eu un petit ricanement attendrit lorsqu’il m’avait dit bonjour à sa façon. A mon tour, mon regard avait coulé vers le triptyque tandis que je précisais d’un air faussement boudeur :

- C’est pas du jeu, si tu cites Apollinaire de bon matin, comment veux-tu que je résiste le reste de la journée ?

J’avais levé les yeux vers lui, le sourire légèrement arrogant avant d’observer de nouveau le cadeau qu’Enora lui avait offert. J'ignorai s’il avait annoncé la phrase en se souvenant de la pancarte ornée de la citation qui trônait à l’entrée de ma librairie. En revanche, je devais admettre que celle que j’étais dans le futur s’était surpassée concernant son cadeau. Il m’avait troublé à la seconde où on me l’avait montré, deux jours auparavant, comme validant avec moi que la commande avait bien été exécutée. Si j’avais souri en voyant le clin d’œil à Dorian Gray qui me poussait encore plus à croire que ce futur était possible, puisant dans les souvenirs de mon passé, le reste de l’œuvre m’avait brusquement fait monter le rose aux joues. C’était grandiose, incroyable, parfaitement travaillé mais ça me rappelait les cadeaux d’un ancien temps auquel je ne m’identifiais pas. Je ne m’étais jamais imaginé commandé de telles postures d’Erwin. J’avais aussi constaté qu’il était seul sur les représentations, là où celle que j’étais présentement aurait eu tendance à lui offrir quelque chose de plus... familiale. Mais comme tout le reste, j’avais occulté ce moment, me contentant de valider la commande, sous couvert de l’Amour sans doute une fois de plus, ce terrible Amour.

Une chose était sûre, je n’avais en revanche pas été déçue de sa réaction à sa réception. Peu importe qui j’étais devenue 10 ans plus tard, une chose était certaine, je le connaissais bien, bien plus que je ne le connaissais maintenant et je semblais m’en satisfaire. Jamais celle que j’étais présentement aurait pu imaginer un tel cadeau bouffi d’orgueil et pourtant, celui qu’il était à présent s’en était délecté sans doute autant que l’aurait fait son double plus âgé. Un narcissisme que j’avais pourtant entre aperçu avec un certain amusement mais qui avait été poussé tant à l’extrême que j’avais eu du mal à trouver ma place au milieu de ses effusions entre lui et son cadeau. L'idée qu’il puisse avoir besoin d’une thérapie m’avait traversé l’esprit mais je m’étais contentée de l’observer, aussi fascinée qu’abasourdi, batifoler autour de son présent. Et la peur s’était installée en moi. Enora le connaissait tellement bien. Bien plus que moi. Mon cadeau ne serait pas à la hauteur, j’en étais persuadée et une ombre était alors passée sur mon visage, une ombre qu’il n’avait pourtant pas vu, m’invitant à le rejoindre vers le triptyque pour que je puisse l’admirer autant qu’il s’admirait lui-même. Et tandis que je m’inquiétais toujours de mon cadeau, il avait fini par me remercier, pas seulement Enora... mais moi... et d’une certaine façon, après qu’il m’eût expliqué en quoi j’avais pu lui offrir un quelconque cadeau, j’en avais souris, touchée. Pour moi, mon amour n’était pas un cadeau, juste quelque chose de fragile, une confiance que je lui donnais, espérant de tout cœur qu’il n’en jouerait pas. Une étrange lueur, toujours la même, était passée dans ses yeux et m’en avait fortement inquiété, mais c’était trop tard, je l’avais déjà avoué et je prenais alors pleinement conscience de la situation. Nous avions fini par nous endormir de la même façon que la veille mais tout avait une nouvelle saveur sous l’éclairage de mon aveu, entouré d’un tutoiement nouveau qui nous était venu si spontanément, comme renforçant ce qui nous liait déjà invisiblement.

Après le petit déjeuner, que nous avions passé copieusement, sous les goûts et les odeurs de Noël, nous avions fini par nous quitter, préférant rejoindre mes appartements pour ma propre toilette. Cela m’avait fait un drôle d’effet de le laisser, comme une volonté nouvelle qui s’emparait de moi. La douceur de voir qu’il n’avait pas rejeté mon amour me donnait envie de plus, de partager d’autres moments avec lui, de les vivre pleinement, différemment. Pourtant, c’est en plongeant dans mon bain que je me rappelais que je tenais toujours autant à mes moments de solitude, tandis que l’eau coulait sur mon corps, me délestant des dernières paillettes que nos ébats avaient déposés sur mon corps. J’avais souri à cette vision, me remémorant la nuit que nous avions passés. Après un long moment de relaxation où mes muscles tendus et meurtris par toutes les péripéties de la veillent avaient pu de détendre, j’avais laissé aux femmes de chambre le soin de me coiffer et de me trouver une nouvelle robe d’un bleu tendre qui mettait, selon elles, mes yeux en valeur. Après la fin des préparations, l’une des domestiques m’avait précisé que Rose m'attendait dans la Bibliothèque et après quelques minutes d’errance, j’avais fini par enfin trouver la pièce tant désirée.

Le lieu était juste incroyable, d’une luminosité douce et chaleureuses, aux boiseries des étagères travaillées. Les meubles étaient d’un blanc impeccable, savamment accompagné de nombreuses dorures qui donnaient au tout un air aussi imposant que royal. On pouvait y sentir des années d’Histoire et de savoir et avait un émerveillement proche de celui de Belle dans mon conte préféré, je m’étais approché avec lenteur, la bouche légèrement entrouverte, oubliant presque que ma fille se trouvait quelque part dans les rayonnages. Pourtant, un bruit mat, répété plusieurs fois avec de moins en moins d’intensité m’avait brusquement ramené à la réalité. Baissant les yeux en direction du son, j’avais aperçu au loin une petite boîte de bois qui gisait au sol, sur l’allée principal. Un sourire en coin, je venais de deviner que la petite l’avait sans doute lancé au loin de colère, qu’il avait rebondi sur l’une des nombreuses bibliothèques avant de finir sa course au sol.

- Roooose ?

Pour toute réponse à ma question taquine, je n’avais eu que le silence. Avançant à pas de loup, amusée de la situation, j’avais fini par la trouver, assise au sol, les genoux autant proches de son torse qu’elle le pouvait, les bras en couronne autour de ses jambes et la tête poser dessus. Je n’avais pas pu m’empêcher d’éclater de rire en voyant la scène. Elle était encore habillée d’une de ses nombreuses robes froufroutantes, toujours aussi violette que les autres. Je commençais sérieusement à me demander pourquoi nous ne l’avions pas plutôt appelé “Violette” d’ailleurs, vu la passion qu’elle déchaînée sur la couleur qui la rapprochait de son père. En boule de cette façon, elle ressemblait encore plus à une énorme sucrerie. Après avoir récupéré la petite boîte, je m’étais approchée avec douceur avant de m’assoir à ses côtés, non sans une certaine difficulté, bloquée par le cerceau de ma robe. J’avais alors pris son menton dans ma main pour la forcer à lever la tête dans ma direction afin de voir son visage boudeur et renfrogner.

- Qu’est-ce qui se passe mon cœur ?
- Ce jeu est stupide !
- Parce que tu n’y arrives pas ?
- SI J’Y ARRIVE !

Elle l’avait dit avec tant de force, les sourcils toujours froncés que sa voix fluette avait raisonné dans le lieu. J’avais vu une lueur de peur passer dans ses yeux face à son insolence qui était cependant partie très vite en voyant que la sanction ne tombait pas.

- Parfait alors ! Tu n’as pas besoin de moi.
- JE SUIS UNE GRANDE FILLE...
- Je vois ça... tiens, ta boîte ! Je pense qu’il y a dû avoir une erreur, Emma m’a dit que tu m’avais fait demandé mais si tu te débrouille toute seule...

J’avais amorcé un levé mais la petite main de ma fille s’était posée sur la mienne.

- Non ! Restez...

J’avais eu un regard attendri vers elle. Elle devait sans doute être insupportable pour bien du personnel du château mais je ne pouvais m’empêcher de la voir uniquement comme une enfant adorable, sans doute la magie de la maternité que je ne faisais qu’appréhender. Elle avait tout d’Erwin, cette façon fière de faire fi des difficultés, de ne jamais battre en retraite. Toutes ces choses qui lui donnaient du haut de ses 4 ans une force déjà impressionnante.

- Qu’est-ce que c’est ?

Sa main avait quitté la mienne et elle pointait désormais de l’index une chose écrite sur le dos de ma main “Endgame”. Mon cœur se serra brusquement dans ma poitrine. Comme tous les lasers game, celui-ci avait une alarme de fin qui nous prévenait de la conclusion de la partie... Nous y étions presque... et je me rendais brusquement compte que je n’avais pas envie de partie. Que je n’avais pas envie de la perdre, ni elle, ni son frère... Déglutissant, j’avais tenté de gardé la face en me massant la peau :

- Ce n’est rien ! C’est un jeu de grande personne... ton père l’a aussi, c’est spécialement pour aujourd’hui.

Je n’en avais encore aucune idée mais il était fort à parié qu’Erwin venait de voir la même chose que moi.

- Je pourrai aussi l’avoir ?
- Oui... quand tu seras plus grande, en attendant...

Je lui avais remis sa boîte sur ses genoux et elle l’avait regardé d’un air désespéré en la prenant dans sa main. Soudain, le ton de sa voix s’était fait pas plus grand qu’un murmure tandis qu’elle m’avouait, d’une voix lourde de tristesse :

- Je suis nulle...
- Je te demande pardon, jeune fille ? Bien sûr que non tu n’es pas nulle. Tu es ma fille et tu es la fille de ton Père, tu n’es pas nulle, compris ? Rappelle-moi ce qu’est ton père déjà ?
- Père est le meilleur en tout, c’est lui qui fait se lever le jour.
- Oui... voilà... alors pense-tu que la fille de celui qui fait se lever le jour puisse être nulle ?

Je l’avais regardé avec un sourire plein de malice et j’avais vu l’enfant hésiter un instant avant de secouer la tête de gauche à droite avec un grand sourire. Je n’étais pas certaine que de lui faire croire des choses aussi improbables sur son père était une bonne chose mais je n’avais vraiment pas le Temps de me pencher sur son éducation, il ne me restait plus beaucoup de Temps... et je comptais profitais de chacun de ses instants pour la rendre heureuse. Vaillamment, elle avait de nouveau activé le loquet que je lui avais montrer la veille au soir, elle ne semblait pas en être bien plus avancée. Sans me regarder, elle m’avoua :

- Isaac m’a dit que lui avait réussi son premier jeu en moins de 10 minutes.
- Et ton frère est un vantard...

… comme ton Père. Ça avait failli sortir tout seul mais je m’étais retenue juste à Temps. J’ignorai tous des capacités cérébrales de mon fils qui semblait pourtant en être fortement doté mais je ne pouvais pas croire sur parole ce qu’il lui avait dit. Ce n’était jamais un jeu facile, le premier n’était pas là pour tester notre intelligence mais notre Patience. Isaac le savait forcément, à chaque fois que la boîte s’ouvrait un petit mot précisait que la personne venait de recevoir son premier cadeau vers l’élévation : la Patience. C’était sans aucun doute une taquinerie qu’il avait lancé à l’attention de sa sœur, qui le méritait aussi vue toutes ses vacheries. Mais ce n’était pas une raison pour la rendre malheureuse. Machinalement, elle avait porté sa main à sa broche et je remarquais alors qu’elle la portait toujours. Avec douceur, je lui avais dit :

- Ta boîte est censée être un compagnon de plusieurs mois...
- … mais je veux le cadeau !

Elle m’avait coupé la parole, impatiente et je l’avais regardé avec un regard lourd de sens :

- Tant que tu seras aussi pressée, tu ne gagneras jamais le cadeau. Ce n’est pas une course. C’est un marathon. Tu finiras par y arriver mais pour se faire il faut déjà que tu arrêtes de te comparer à ton frère et que tu arrêtes de penser à ce que ton Père dira, d’accord ? Si tu veux vraiment battre ton frère, arrête d’y penser. Contente-toi de faire corps avec ta boite. Il y a des indices partout mais rare sont ceux visible à l’oeil nu. Certains...

J’avais pris la boîte qu’elle tentait dans ses mains et je m’étais mise à la taper à plusieurs endroits avec mon index, mon ongle créant un petit bruit à chacune de mes actions. Si le son avait semblé à plusieurs reprises étouffé, il avait brusquement résonné plus puissamment, illuminant les yeux de Rose au passage.

- … s’écoute !
- C’est creux !

Elle s’était alors jetée sur la boîte à deux mains et avait glissé son pouce sur la surface, libérant une nouvelle plaquette de bois. Je lui avais fait un clin d’œil tandis qu’elle me souriait, apparemment ravie.

- Promets-moi que tu n’abandonneras jamais, Rose. C’est important. Ta vie ne sera pas toujours facile et les solutions ne seront pas toujours évidente, mais pour les trouver, il ne faut jamais abandonner, d’accord ?
- Je vous promets que je n’abandonnerai pas, Maman !
- Parfait, alors fais-moi un câlin.

La petite s’était jeté dans mes bras et un rire était venu mourir dans ma gorge sur le coup de l’émotion en sentant ses petites lèvres charnues se poser sur ma joue, avant que sa tête ne trouve refuge au creux de mon cou. Nous étions restés un moment enlacé ainsi et j’avais senti une larme coulé sur ma joue en fermant les yeux, prise par l’émotion du moment. Je vivais les derniers moments avec ma fille, me faisant la promesse secrète qu’un jour où l’autre, dans précisément 6 ans à première vue, je finirai par la retrouver. Je lui avais dit tout ce que je me souvenais de ce que m’avait dit ma mère et j’avais brusquement l’impression que la boucle était bouclée, qu’en voyant mon futur, je renouais avec mon passé. J’avais caressé la douceur des cheveux bruns de ma fille en espérant que Maman était fière de moi, où qu’elle soit. D’un ton apaisé, j’avais entendu alors Rose marmonner dans un soupire d’aise :

- Vous sentez comme Père dans le cou...





J’avais fini par quitter Rose qui avait préféré rester dans la bibliothèque pour terminer son casse-tête. Ce qu’elle avait dit sur mon odeur m’avait tellement perturbé que j’avais tenté de me sentir sans grand succès. Maintenant que j’y réfléchissais, il était vrai que le parfum d’Erwin, entêtant, restait dans mon nez depuis presque trois jours, expliquant peut-être à qui point je ne le sentais plus. Où qu’il allait il laissait un épais nuage de parfum dans son sillage, rien que je trouvais désagréable mais une touche que j’avais remarqué depuis notre première rencontre. Et si je sentais désormais comme lui aux yeux et au nez surtout de ma fille, peut-être que son sillage m’avait tout simplement encerclé. Perdue dans mes pensées, j’avais vu Isaac au dernier moment qui venait de tourner au détour d’un couloir et m’arrivait dessus. Lui aussi apparemment perdu dans ses pensées, écarquilla ses grands yeux mordorés en croisant mon regard.

- Mère ! Bonjour...
- Tu veux que je t’aide ?

Il portait sous son bras précairement le livre que son père lui avait offert la veille ainsi que son plateau d’échec tandis qu’il tenait dans sa main un sac en soie contenant ses pièces. Avec douceur, j’avais récupéré le livre tout en avisant le plateau d’un signe de tête :

- Comptes-tu jouer ou tu as terminé ?
- J’ai fini...

Il avait l’air gêné et je fronçais les sourcils à cette constatation :

- Tu as perdu ?
- Oui... Avec les blancs... Père m’a donné quelques conseils...
- Oh...

Un peu surprise, je n’avais rien su dire d’autre. Il avait alors lentement levé les yeux vers moi. Prise au dépourvu, je me rappelai du jardin couvert que j’avais observé le premier jour en me dirigeant vers les écuries.

- Il me semble t’avoir promis une partie hier soir, n’est-ce pas ? Ce sera l’occasion de tester les conseils de ton père, tu veux bien ?

Avec un sourire plus confiant, nous nous étions dirigés vers le jardin couvert ou nous avions joué plusieurs parties, parfois gagnées, parfois perdues, toutes merveilleuse tant le moment me semblait incroyable. Du haut de ses 9 ans, Isaac était extrêmement éveillé, d’une intelligence remarquable bien qu’il eût la fâcheuse tendance à crier victoire un peu trop vite, ce qui m’avait permis de l’avoir à plusieurs reprises. Il m’avait semblé extrêmement concentré sur son roi, ramenant toujours le regard vers lui à chacun de ses coups. Je n’avais préféré poser aucune question me doutant de la patte d’Erwin derrière cette attitude et ne voulant pas briser un lien qu’il avait sommairement tenté de créer avec son fils. Nous nous étions approchés de l’heure du repas quand soudain, un serviteur été venu me préciser que le Roi m’avait fait demander. J’avais pris congé de mon fils avec la même émotion que j’avais eu pour Rose, réalisant cependant avec une certaine appréhension que nous étions amenés à nous revoir beaucoup plus tôt dans la mesure où il avait 9 ans... Un peu troublée par cette pensée, je l’avais alors embrassé au sommet du crâne après une longue étreinte et j’avais rejoint Erwin dans ses appartements.

Il m’avait embrassé avec une douceur incroyable, me gênant tout de même de son attitude, ce qu’il ne me manqua pas de relever. Avec un sourire amusé et les yeux plissés, faussement outré, je lui avais répondu d’un ton accusateur à ses excuses :

- Menteur... Je t’ai déjà dit que ce n’est pas bien de mentir, il me semble.

J’avais ensuite pris un air faussement réfléchi à sa question suivante avant d’ajouter d’un air taquin tandis que mes yeux croisaient les siens :

- J’ai cru comprendre... oui...

Mon visage s’était légèrement décomposé en le voyant apparemment ravi de son programme de la journée. Il ne semblait pas avoir prêté attention à l’écriture sur sa main et semblait imaginer que nous puissions encore danser toute la nuit... peut-être même imaginait-il que le rêve ne finirait jamais. Notre conversation au petit déjeuner m’étais alors revenu en mémoire, sa façon de dépeindre mon monde comparé au sien, ce qu’il semblait avoir perdu en perdant cette vie, son Espoir de voir tout cela redevenir réalité... jusqu’aux enfants avait-il dit. Je n’avais rien osé répondre à ce moment-là, me contentant d’un sourire gêné, les yeux rivés sur ma brioche, les joues légèrement rosées. Je n’étais pas prête à être mère. J’avais encore tellement de choses à vivre... mais l’idée qu’il puisse être le Père de mes enfants, surtout avec l’effort qu’il y mettait désormais n’était pas une idée si repoussante. Même plutôt plaisante... Peut-être qu’Isaac n’était pas venu au monde au bon moment, ce qui expliquait la froideur voire parfois la monstruosité que je refusais d’admettre d’Erwin envers son fils. Mais si nous prenions le temps... alors peut-être serait-ce différent... Il les avait trouvés d’ailleurs “moins horrible qu’il ne le craignait”... Non ? Alors face à son envie de vivre encore pleinement cette journée, je m’étais contenté de déglutir et de reprendre contenance. Cela ne servait à rien de lui gâcher ses moments. Il redeviendrait assez tôt notaire... ça ne servait peut-être à rien de lui accélérer l’échéance. Après un moment de réflexion, j’avais fini par lui dire d’un air enjoué :

- Je veux voir le monde... TON monde. Tu connais presque tout du mien, tu es déjà sorti de Storybrooke... je ne connais que le château du tien... Même si ça a l’air d’être pour toi la partie la plus importante... j’aimerai voir les lieux, les villes, les forêts... là où tu as vécu avant d’arriver à la cour...

J’avais eu un sourire gêné, les joues de nouvelles rosées par l’excitation et la gêne de ce que je demandais. Je ne voulais pas lui causer de tort, lui gâcher un moment, mais il m’avait demandé ce que j’avais envie de faire. Il m’avait déjà tant donné, la patinoire, nos moments... j’avais envie de le connaître, d’apprendre d’où il venait vraiment. Je voulais me consacrer uniquement à son histoire, à son ancienne vie.
Après un moment d’hésitation, il avait fait atteler un véhicule tandis qu’on nous habillait plus chaudement et nous avions fini par prendre la route. Ma main sur la sienne, je ne pouvais détacher mon regard du paysage blanc qui s’étendait sous mes yeux. Tout y était d’une pureté incroyable, la Nature y avait pleinement ses droits malgré les constructions de l’homme et les flancs des montages enneigées, les vallées et les ballons, tout me criait à quel point j’étais dans le monde des contes, un royaume de conte de fées. Nous avions traversé de nombreuses routes bordées de pins avant de nous arrêter à la ville la plus proche, à flanc de montagne, le château dominant en hauteur des alentours. Il avait pris plaisir à me parler de sa vie, à me montrer la maison où il avait grandi, la ville et ses boutiques. La vie y semblait si paisible. Pas tous avaient les mêmes moyens mais chacun semblait s’accommoder de sa vie et même la misère qui pouvait s’y trouver semblait plus acceptable, à la façon d’un conte. Sans doute, une partie de ce voyage n’était qu’illusion mais je m’en souciais peu, me rappelant par le délai qui se raccourcissait que je n’étais que dans une simulation. J’avais d’ailleurs vu les lettres du mot “Endgame” s’effacer petit à petit. Je lui avais alors pris la main pour lui demander de me suivre tandis que j’ouvrais la porte du carrosse pour en sortir et me mêler à la foule en direction de la place que je ne voyais que de loin. J’avais fini par me stopper face à la grande horloge que je regardais d’un air triste avant de prendre mes mains dans les siennes.

- Je suis désolée...

Et je l’étais, sincèrement, même si je n’étais pas coupable. J’avais alors senti les cloches du carillon sonner midi et tandis que je ne quittais plus son regard des yeux, le décor disparaissait petit à petit autour de nous. J’avais serré mes mains dans les siennes et lors du douzième coup de midi, tout s’évanouit.


J’avais alors ouvert les yeux pour découvrir un plafond que je ne connaissais que trop bien. Pas de dorures mais une douce lumière que les rayons du soleil diffusaient à travers les volets. Je reconnaissais l’odeur de mon appartement, le moelleux de mon lit, la chaleur de mes draps. J’avais soupiré, revenant à la case départ, le visage d’Isaac et de Rose toujours ancrés dans ma mémoire. Avec surprise, j’avais alors constaté que je n’étais pas seule dans mon lit. Là où je pensais au mieux y trouver Pétunia, me rappelant à présent que je partageais Erwin avait une femme qui m’étais inconnu, je l’avais pourtant vu assoupi à mes côtés. Avec douceur, je m’étais approchée de lui, l’embrassant avec douceur sur sa joue, descendant le long de sa mâchoire jusqu’à nicher mon nez au creux de son cou. Son odeur était toujours la même mais ses cheveux blancs étaient redevenus couleur ébènes, aux boucles parfaites. Lorsque je l’avais vu s’éveiller, j’avais avec douceur ramené son visage vers le mien, le poussant à s’allonger sur le dos tandis que je l’observais de plus haut, en appui sur mon avant-bras, un sourire tendre mais attristé par la fin que devait représenter ce rêve pour lui. Avec douceur, mes lèvres avaient alors rencontré les siennes. Sentant son besoin de s’ancrer de nouveau dans cette réalité, comme il l’avait déjà fait sur le Titanic, j’avais approfondi notre baiser, le rendant plus puissant, plus langoureux, délicieuse façon pourtant si silencieuse de lui affirmer qu’ici ou ailleurs, j’étais là, avec lui, que rien ne changeait. Ma langue darda légèrement l’intérieur de ses lèvres de façon aussi audacieuse que sournoise avant de retirer de notre étreinte avec un sourire mutin. Déplaçant une boucle brune sur son visage, lui caressant la joue avec douceur, je lui avais alors murmuré, comme un signe de réconfort :

- “La meilleure façon de prédire l’Avenir... c’est de le créer”.

Je lui avais sourit d'un air entendu. S'il voulait retrouver son monde, sa vie, il n'appartenait qu'à nous de nous y atteler.


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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


ANAPHORE
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Erwin Dorian
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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

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________________________________________ 2021-01-11, 23:55 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Everybody wants to rule the world



Elle avait demandé à voir le Monde. SON Monde ne comprenant pas qu’elle le foulait chaque jour de son pas. Son Monde n’avait pas de limites, lui-même n’en connaissait pas encore les contours, il en ignorait les rues, les vallées, les mers, les contrées désertiques et les plaines de sables, les monts enneigés et la terre verdoyante. Comme tout lui appartenait…Des royaumes lointains dont on lui avait conté les légendes arides et ceux plus chantants, jusqu’à leur actualité grise et moderne. Mais bien évidement, elle n’évoquait pas cela. Elle pensait au royaume, celui qui avait rythmé sa vie, le rendant nostalgique. Celui là, Preminger le connaissait bien. Plus encore, il le portait en lui, remarqua-t-il tandis que le carrosse cheminait dans la ville principale, tranquillement dans les allées de la ville. Lui qui appréciait peu se mêler à la populace, préférant de loin les réconforts dorés de son château prenait plaisir à retrouver les allées arpentées jadis, les commerces parfois repris qui égayaient les lieux. La nostalgie qui l’obsédait revint plus fortement et il observait emballé ces rues, admirant les pavés qui composaient la rue, les arches de pierre qui délimitaient parfois les quartiers, les parfums qui embaumaient l’air. Mais il n’y prêtait pas attention, il se sentait maître de tout et plus que cela...chez lui. Son palais lui offrait cette sensation, la ville lui rendait la certitude. Il appartenait à ce pays. Alors, il se prit au jeu, entreprenant d’égrainer à Alexis quelques souvenirs, quelques détails de sa vie passée. Il mentit allégrement, par charité. Et par prudence aussi. Il n’allait certainement pas lui déclarer que la capitale si joyeuse, si pleine d’allégresse n’avait pas accueilli sa venue au monde à la différence d’un petit village lointain, oublié dans les montagnes creuses. Quelle importance ? Au moins, se sentait-elle investie d’une histoire passionnante et il inventa parfois un peu, parfois beaucoup quelques souvenirs épars, se prêtant quelques mérites volés à d’autres individus oubliés. Dans son esprit, son mensonge se superposait à sa mémoire, attisant sa mélancolie.
Parfois, souvent même quelques passants richement vêtus s’inclinaient sur le passage du carrosse alors, surmontant son dégoût, faisait-il l’effort surhumain de les saluer altier de la main tout satisfait de sa popularité, tandis qu’ils acclamaient son passage de compliments et souhaits de bonheur. La popularité ne le surprenait guère, elle reflétait l’évidence même de sa supériorité. Et puis… Il avait pris gare à l’emmener dans la partie riche de la ville. Loin de lui l’idée de se risquer dans les coupe-gorges les plus sombres où certains n’hésiteraient guère à tenter de faire couler son précieux sang dans l’espoir de mettre à bas son règne. Misérables petits insectes. Oh il les connaissait bien, ceux-là, cet assemblage pathétique de misère humaine, d’inculture et de colère jalouse. Des moins que rien, des bestioles que le ciel avait créé pour servir d’engrais à des plantes plus somptueuses. Alexis avait observé ses mains, en frottant le dos comme contrariée et il avait déclaré tranquillement, tournant la tête pour admirer le fronton du théâtre :

- « Tu aurais du prendre tes gants, comme moi. Nous sommes en Décembre… Et dans un royaume montagneux. Tu aurais du t’en rendre compte lors de notre promenade dans les jardins : le froid a toujours été plus vivifiant ici... »

Mais même ainsi, alors qu’ordinairement, il aurait sonné comme désapprobateur, rien ne parvenait à devenir critique. Il était...heureux à vrai dire. Oh, cela ne durerait pas et il aurait tôt fait de retrouver un grain de sable suffisant pour s’en plaindre et s’en faire un monde. Mais là…il l’était. Il l’avait été à la minute où la simulation l’avait emportée ici. Une vie de réussites, une vie plaisante… Peut-être était-ce la Couronne qu’il arborait ici en ce lieu qui lui donnait une mine si radieuse qui suffisait à colorer son Monde d’une lueur plus vive. Sa lueur.
Il s’apprêtait à en entretenir sa compagne, lorsque Alexis avait soudainement tenu à sortir, comme brutalement époustouflée par l’horloge murale qu’abritait la grande place, le suppliant presque de stopper le carrosse. Les caprices… Et pourtant, il lui avait concédé cette demande, assez content de pouvoir parcourir à pieds ne serait-ce qu’un mètre de cette ville si propice. A quelques mètres, les quatre gardes les encadraient, parés à toute attaque, soutenant la cadence effrénée que leur faisant prendre la jeune femme. Il aurait peut-être maugréé dans d’autres circonstances mais il appréciait sa fougue et ne s’en plaignit pas. Au contraire, il appréciait voir sa cape pourpre d’hermine se soulever dans l’air froid, majestueusement, arrachant les cris admiratifs des badauds.
Elle s’arrêta soudain, devant l’horloge proche de marquer midi rappelant à Erwin que leur promenade les avait fait dépasser l’heure convenue. Qu’à cela ne tienne, le palais saurait l’attendre ! Il y avait tant à voir et il désirait profiter de cette journée. Les mains d’Alexis glissèrent pour s’entremêler aux siens et il avait relevé la tête vers elle, juste pour voir le regret pondre dans ses yeux bleus :

- « Je suis désolée. »

Désolée ? Désolée pour quoi donc? Pour le déjeuner ?

- « Oh trésor, voyons...ce n’est vraiment pas la pei.. »

L’horloge sonna le premier coup de midi tandis qu’y prenait qu’à peine garde, l’esprit perplexe fixé sur la tristesse apparence de la jeune femme. Alors, me décor autour d’eux sembla se flouter autour d’eux tandis qu’elle resserrait sa prise, enserrant ses doigts. Il leva la tête, alerte. Qu’y avait-il ? Pourquoi…Il abaissa le regard, comprenant soudain…

- « NON... » exhala sa bouche, presque silencieusement alors que ses yeux dévalaient en catastrophe les contours troubles du paysage. Il...s’effaçait. Déjà. Tourbillonnant autour d’eux, tandis que ses yeux désolés se maintenaient sur les siens. Il comprenait sa compassion, la manière dont ses mains menottaient les siennes, l’empêchant néanmoins de porter la main sur sa couronne… Les rues dégorgeaient, vides, incolores, comme le fin tracé d’un pinceau. Ce qui serait, n’était déjà plus advenu. Déjà. Alors, il stoppa son observation, pour se laisser diluer dans le regard d’Alexis.




La première qu’il sentit fut un frôlement léger presque un picotement doux sur le bas de son visage. Comme si un insecte venait de s’y poser, fourmillant… Il bougea un peu, sentant la sensation descendre sur son cou, chatouillant sa peau dans un fourmillement plus moite et chaud. Il bougea une nouvelle fois, soulevant le cou, puis cligna des yeux lentement. Un lit l’accueillait moins confortable que les siens et un baiser caché sous un nuage épars de boucles brunes. Il en aurait deviné l’origine avant d’en apercevoir la chevelure. Georgia n’était pas le genre à l’attiser dès le réveil, elle préférait la douceur, préférait reposer sa tête sur son torse attendant qu’il se réveille ou parfois se levait pour préparer son petit-déjeuner prenant garde à conserver son sommeil. Les réveils auprès d’elle étaient différents et il en appréciait la diversité. Il sentait son souffle dans son cou, son nez titiller sa peau et il ferma les yeux pour s’y concentrer, pour occulter le reste, la réalité. Pourtant dut-elle remarquer son éveil car elle attira son regard vers lui tandis que délicatement, elle forçait son corps à basculer totalement à plat contre le matelas. Peut-être aurait-il résisté dans d’autres circonstances, mais il tenait tant, refusait presque d’immerger complètement qu’il la laissa faire, comme si cette réalité là lui importait peu. Ses pensées se trouvaient bien plus loin, des années plus tard. Quelques mèches de ses cheveux bougèrent tandis qu’il contemplait alors le plafond vide, mal peint, médiocre qui se trouvait au dessus de lui, remarquant leur noirceur retrouvée. Même ça. Alexis avait accompagné son basculement, prenant position au dessus de lui, son avant-bras posé sur son torse, le plus doucement possible alors que son autre main cherchait son visage. Dans ses yeux, il rencontra la tristesse qu’elle devinait pondre dans son esprit, une mélancolie plus profonde qu’alors. La fin. Il l’avait su. Que ces journées prendraient fin un jour. Il s’était enthousiasmé du temps accordé sans prendre garde à la douce tentation de croire que cela ne s’arrêterait peut-être pas. Ou de s’y laisser prendre. Et pourtant, cela avait fini. Il le voyait, de par l’appartement ordinaire dans lequel il se trouvait, de par la couleur de ses cheveux, de par la pleine jeunesse de l’éclat d’Alexis. Elle l’avait embrassé, comme pour diluer dans ce baiser un encouragement, une compréhension totale et il s’y était abandonné, laissant ses bras enserrer la taille de la jeune femme dans une étreinte solide, se rattachant à elle comme confirmation de ce qu’il venait de vivre. Ses mèches venaient, chatouillant ses joues, alors que son corps se plaquait contre le sien. S’ancrant dans la réalité. Dans toute la réalité. Il n’avait pas tout perdu encore. Il avait vu, ce qui était totalement différent. Une vision de ce qui pouvait advenir et adviendrait. La vie… Ce que la fin de simulation lui prenait….et ce qu’elle lui donnerait à nouveau, vraiment, pleinement. La richesse, la puissance, la gloire, la Couronne. Le Monde. Tout ce qu’il avait toujours désiré. Elle, elle ne voulait que son bien-être, son plaisir, le combler. Il sentait, sentit son baiser se faire plus audacieux, plus...incitatif et sentit tout autant l’effet s’étendre dans son corps. Et pourtant, il se contenta de l’accueillir, sans y céder, sans l’inciter davantage et elle s’arrêta alors, comme pour jauger son état d’esprit de ses yeux fureteurs.

- « La meilleure façon de prédire l’Avenir, c’est de le créer » avait murmuré sa voix presque encore sur ses lèvres et bien que menottant sa taille d’une jambe, il avait ramené ses mains sur le bord de sa mâchoire, tirant un peu pour l’éloigner de lui, pour mieux observer son visage entier, la forme de ses paupières distillant la lueur rayonnante du fond de ses yeux bleuis, ses lèvres pleines et rosies et l’éclat jeune, vitalisé et ébloui qui l’observait, l’attendait.

Il aurait pu reprendre là où ils s’en étaient arrêtés, elle ne demandait que ça. Quant à lui… A vrai dire… Ses yeux se posèrent sur le décor, comme un contraste frappant avec son futur, chaque étagère modeste, chaque décoration simple lui sautait aux yeux, comme une offense. Trop de simplicité, trop modestie se dégageait de l’endroit. Il parvenait à l’occulter auparavant, n’y prenant pas une réelle attention, venant et prenant ce qu’il était venu y chercher, au moins désiré et y repartant souvent aussi promptement qu’il y était venu. Mais là… Avec ce qu’elle lui avait avoué, avec ce qu’il avait vu il serait voué à y venir… A...passer des heures dans cet endroit quelconque.
Il ramena son attention sur elle. Un destin extraordinaire l’attendait, peut-être, songea-t-il, un destin qui lui avait donné… Non. Qu’il pouvait lui donner. En valait-elle la peine ? Valait-elle l’investissement et les minutes passées dans ce lieu banal au-delà du divertissement plaisant qu’elle savait lui dispenser  ? Son attention avait pris un tournant accru, sondeur. Il appréciait sa compagnie, oui mais encore. Quelque chose la distinguait-elle, lorsqu’elle redevenait elle, juste elle ? Derrière cela, revit-il brutalement l’ombre de Mary, sa chute valsante, dansante dans ses griffes, sa résilience devant Crafty, le reflet troublé, bouleversé de la jeune femme dans le miroir du Titanic tandis que ses mains s’agrippaient à son corsage. Cela restait elle, des voies qu’il lui offrait. A cela se superposa Enora, marquise, puissante et dévouée, acquise. Le rôle décisif qu’elle avait jouée n’était pas écrit, mais il l’avait écrit pour elle, pour lui. Elle lui offrirait ce qu’il voulait lorsqu’il ferait d’elle ce qu’il voulait.

- « Je lis dans l’Avenir, la raison du présent » lui répondit-il intensément tandis que ses mains attiraient son visage à lui.

Il l’embrassa avec un peu plus de sensualité qu’il n’avait mis auparavant dans sa réponse à celui qu’elle lui avait dispensé précédemment, explorant un peu plus finement ses lèvres, se laissant happer par leur chaleur, leur contact…Ses mains remontèrent de chaque côté de son visage, venant lentement se perdre dans la forêt désordonnée de ses cheveux bruns, sentant les boucles frôler ses poignets, son costume.
Il ouvrit les yeux brusquement, se redressant soudain presque sur le lit. Son mouvement avait séparé sa bouche de celle d’Alexis et cette dernière l’observait surprise, presque inquiète d’un mouvement, d’une faute involontaire. Elle hésitait, presque instinctivement recroquevillée, ses mains chaudes néanmoins encore autour de lui.

- « Nous pouvions...froisser mon costume » soupira-t-il dans un glapissement soulagé de constater qu’aucun pli n’avait néanmoins pris forme sur ce magnifique habit hors de prix. Sa main lissa ledit costume, se séparant de la peau agréable de la fille adoptive de Regina, puis, il fronça les sourcils, subitement intrigué  :« D’ailleurs quel jour sommes-nous? » sa main n’attendit pas la réponse de la jeune femme, fouilla dans sa poche y rencontra le téléphone « 23 décembre… Midi ?? Mais… Nous étions… Il était 19h…Et nous étions à la mairie… Visiblement, cela signifie que... nous sommes...revenus dans le passé ?… Penses-tu que… »

Il se demanda si l’événement se reproduirait… Si un autre que lui qui ne se trouvait pas là se rendrait encore à la mairie pour y tenter l’expérience. Sûrement. Un autre que lui qui se trouvait encore auprès de Georgia il y a encore peu puis qui rejoindrait son étude pour passer le reste de la journée. Il supposait que cela était de même pour Alexis…Ce qui laissait sous-entendre qu’ils devaient avoir la journée pour...faire ce qu’ils voulaient. Sans crainte, d’une certaine manière. Il plaça les mains d’Alexis dans les siennes, doucement :

- « Que dirais-tu...de me suivre, trésor ? Et ne demande pas où » coupa-t-il précédant la question qui menaçait de naître sur les lèvres de sa maîtresse « Après tout... » lâchant sa main, sa main droite glissa jusque sa joue doucement « ...n’est-ce pas meilleur lorsque tu te laisses porter ? »

Il embrassa ses lèvres dans un gloussement, puis se leva d’un bond, sans cependant lâcher sa main gauche, l’entraînant sur son ombre. Une fois debout, il s’étira d’une main, satisfait de trouver ses chaussures cirées, tranquillement positionnées à côté du lit et s’assit une nouvelle fois, pour s’en chausser, souriant au miroir non loin de là :

- « Soit-dit en passant, avant que je n’oublie… Tu devrais grandement changer de lit. Je m’étais déjà fait la réflexion mais là ça saute aux yeux… Après… Après le palais… Et à toutes les parcelles de mon dos le ressentent, je pense. Et pourtant, j’ignore depuis combien de temps, j’étais ici…Je vais avoir besoin d’un massage à mon avis... »

Toute l’expérience possédait ce goût étrange et mystérieux qui le resterait sûrement toujours. Peut-être qu’Elliot détenait la solution… ou non. Pour la connaître, fallait-il encore qu’Alexis s’en soucie. Peut-être que s’il insistait, elle pourrait aussi s’en inquiéter. Il attacha la ceinture qui seyait son manteau sourit à son reflet une nouvelle fois puis se tourna vers Alexis :

- « Viens-tu ? Nous allons passer au garage, une bonne chose que d’avoir laissé l’une de mes voitures au concessionnaire, je pourrais la récupérer sans passer par mon... domicile. » il fit quelques pas, pour saisir sa taille, l’enserrant dans une étreinte. La main sur le sommet de son crâne, le visage contre ses cheveux, il murmura : « Viens… Ne vois-tu pas que cela est...comme un Noël pour nous, ici ? Du temps supplémentaire que nous n’aurions pas eu ? »

Il l’entraîna à sa suite, non sans passer non loin de la ridicule petite chose qui lui servait d’animal de compagnie. Et de licorne miniature. Fort heureusement, il n’avait pas vu l’ombre de sa trace dans son avenir. Il décida que cela était une bonne chose ! Assurément la preuve qu’il était parvenu à en exploiter les vertus et les attributs magiques pour sa gloire éternelle. De toute manière, une créature aussi difforme avec un regard aussi torve n’avait guère sa place dans son palais. Il ne tolérait qu’une extrême beauté, une extrême perfection, un extrême raffinement qui nécessitait de l’entretien et des efforts.
Le garage n’était qu’à très peu de pas de la bibliothèque. Cela lui donnait parfois une parfaite excuse pour arrêter sa voiture dans le quartier. Non pas que l’endroit soit peu sûr mais il détestait attirer l’attention….enfin, non… Mais sauf lorsqu’il désirait cacher certaines choses. Il passait très rarement à la bibliothèque pour commander quelques livres, discourait avec la charmante propriétaire de manière totalement policée, parfois glissait-il quelques sous-entendus discrets dans des paroles des plus courtoises et neutres. Pour le reste, ils se fréquentaient peu. Un peu plus en ce moment et à l’avenir, il devinait que cela deviendrait une habitude plus grande. Elle s’attachait à lui, cela il l’avait remarqué déjà ne serait-ce que la fois où il l’avait soutenue avant l’enterrement d’une amie à elle. Il avait proposé de rester et avait compris que ce geste – purement intéressé – avait été perçu comme parfait dans son esprit si pur. Il avait fait deux pierres d’un coup, ce soir là . Appris quelques événements notables annonciateurs de mauvaises choses jusqu’à toucher le cœur de la libraire d’une manière presque inédite. Une brillante idée qu’il avait eue comme toutes.
Tandis qu’Alexis patientait dehors, il chemina droit vers le commercial posté à l’entrée du local qui dès sa vue s’était prêté à sourire excessivement, redressant son corps ordinaire dans un costume soigné mais sans nulle originalité. Sûrement un Agreste, songea avec dégoût Preminger. Décidément, le mauvais goût proliférait partout dans cette ville.

- « Oh ! Bonjour Monsieur Dorian…Bonnes fêtes de Noël à vous et votre famille  !Que puis-je faire pour vous ?
- « Je viens quérir ma Porsche 993... » déclama-t-il le nez en l’air, sans l’ombre d’une amabilité inutile.

L’individu était payé pour le satisfaire après tout… Pourquoi se donner du mal en lui accordant ne serait-ce qu’une attention particulière ? Il ne le méritait guère, il était ordinaire . Et en plus de cela, il était payé pour le servir...et le satisfaire.

- « Bien sûr. Tout de suite, Monsieur Dorian. J’y vais de ce pas… Si vous voulez bien me donner une seconde. »
L’individu disparut dans la petite pièce puis revint dans un sourire flambant, l’air triomphant de celui détenant un trésor au bout des doigts.
- « Voilà Monsieur Dorian. Vous allez voir, elle est comme neuve. Flamboyante même, vous ne trouverez rien à redire., Monsieur.»
- « Je l’espère. Avec le prix que vous me coûtez » déclama-t-il dans un piaillement sournois. « Et à propos...c’est Maître. Bon réveillon à vous ».

Il empocha les clefs d’un geste vif, puis tourna habité dans l’allée qui menait au parking retrouvant l’endroit exact où il l’avait laissée. Parfait. Il klaxonna joyeusement Alexis une fois dans la rue, laissant la vitre s’abaisser à sa hauteur :

- « Je vous emmène Mademoiselle Child ? » interrogea-t-il joyeusement tout en déverrouillant la portière passagère, tout en chaussant ses lunettes de soleil. Il faisait froid à l’extérieur, la neige collait la route mais qu’importait, il trouvait que ces lunettes rendaient parfaitement avec la fourrure de son manteau.

Alexis entra dans la voiture emportant avec elle, un arôme puissant de son parfum presque caféiné perçait un peu. Peut-être en avait-elle rajouté une dose le temps de leur séparation ?

- « Je ne t’avais pas encore dit, ma jolie libraire, mais...j’apprécie ton manteau. Un peu sombre encore mais agréable… Il ne me semble pas l’avoir déjà vu… Une récente acquisition ? » il lui jeta un regard en biais puis sa main droite chercha la sienne pour attirer sa main jusqu’à ses lèvres « Je garderai mon opinion sur la robe pour un...autre moment…J’espère seulement que tu es patiente, ce ne sera pas pour tout de suite… »

Il démarra la voiture, roula un peu par quelques ruelles agréables.

- « Qu’en penses-tu, trésor ? Je ne pense pas que tu avais déjà vu celle-ci ? Très peu...voiturier, n’est-ce pas ? » un sourire sarcastique s’incrusta sur son visage, songeant à Hadès. Et dire qu’il était allé au laser-game avec peu d’attentes.

Les petites ruelles se dépassaient un peu, changeaient, mouvantes. Il songea subitement à son royaume. Son palais, son royaume, sa capitale. Comme tout lui paraissait maussade, pâle, gris… Il le récupérerait. Cet endroit enchanteur qu’il méritait. Il l’aurait. Il l’aurait. Dans un soubresaut, il dépassa la frontière de Storybrooke. Roula un peu, mais non loin de la ville, pour s’arrêter une vingtaine de minutes plus tard devant la devanture d’un restaurant élégant :

- « Je pensais que tu aurais peut-être faim… Et rien de mieux que le faire loin de Storybrooke, vu que nous y sommes déjà, je ne voudrais pas attirer l’attention. »

Il lui ouvrit la portière puis l’invita à sortir. Il avait pensé que la sortir un peu de son univers ordinaire lui ferait du bien. En réalité, il le faisait surtout pour lui, réalisa-t-il bien après. Il ne voulait pas encore retourner à sa vie d’avant. On lui avait si vite arrachée son rêve, ce qu’il avait touché du doigt pour qu’il s’y sente prêt. Un décor différent encore le déroutait mais le satisfaisait. Au moins, s’y trouvait-il au calme. Pour réfléchir, songer, organiser. Il avait eu envie de saisir son téléphone et d’appeler Midas. Y avait renoncé. Rien n’était encore arrivé encore. Il aurait été idiot qu’il fonça chez lui voir Georgia non plus, pas encore, même si son principal désir était encore de constater à quel point cet aspect là de sa vie demeurait inchangé. Demain le lui montrerait. Là, en compagnie d’Alexis continuait-il encore à voir son futur découvert, sa vie, ses possibilités. Il voyait les voies, réfléchissait aux routes, traçait son chemin.
Ils mangèrent et nota enfin un bon aspect de leur retour à la vie « républicaine » : au moins mangeaient-ils seuls. Il n’y avait pas ces petits mioches pour gaspiller son temps, polluer l’air… Il avala une bouffée d’air, satisfait. Au moins ne verrait-il jamais l’horrible petit visage détestable de l’Erreur. Détestable, détestable, détestable petit mioche… Il songeait à son misérable petit jeu d’échecs à ses yeux comme s’il représentait une chance de briller à ses yeux. Pauvre idiot. Comme si quelqu’un pouvait espérer encore briller à ses yeux…
Ils mangèrent, rirent, s’occupèrent. Après le repas, il l’emmena dans la ville, la laissant observer les boutiques, puis le marché de Noël de la ville qu’il toléra sans critiquer, toujours dans les nuages de sa perte. Il songeait encore. La laissait s’amuser la sachant satisfaite en sa compagnie. Elle souriait, l’observait, et il continuait, arrogamment :

- « A défaut de voir ma ville, nous verrons celle-ci. »

La ville ne comportait pas de patinoire mais il lui offrit néanmoins une boisson chaude, puis ils longèrent les magasins discutant, s'arrêtant même dans une galerie d'art temporaire qui l'enthousiasma un peu. Malgré tout, la journée fila vite. Plus vite qu’il ne l’aurait pensé. Peut-être parce qu’une partie de son esprit se trouvait ailleurs, sur le trône d’or et de velours qu’il avait quitté. Dans son or, son triomphe. Il saurait retrouver l’envie, la puissance… Il saurait. Et elle l’y aiderait. Par amour, elle le ferait, en totale adéquation avec ses plans.

- « Je pense qu’il est temps de nous en retourner, mon petit trésor... »

Il refit le trajet inverse, repassa la frontière de la ville et le panneau qui annonçait cette dernière. Sûrement pensait-elle qu’il reprendrait le chemin de son appartement ou du « sien » là où elle pensait jusqu’à aujourd'hui encore, qu’il habitait en « parfait célibataire ». Loin de là, il tourna à droite non loin du musée, s’engouffra dans la ruelle qui longeait Baker Street puis pris la direction de la forêt, tournant la tête vers Alexis, un rictus amusé sur le visage :

- « J’espère que tu n’as pas peur de ces endroits quelque peu isolés. Je dois y faire une halte, ça ne te dérange pas… »

Il eut un rire léger puis remonta l’allée principale qui bordait les pins. Elle y connaissait les abords pour y avoir promené Pétunia lors de cette fameuse nuit où tout avait basculé. Mais il n’était pas prévu de rester aux abords. Loin de là. Au contraire, s’y engouffra-t-il sans lui jeter un regard, guidant sa voiture dans la neige, tandis que des flocons tombaient des cieux.
Les arbres s’écartèrent soudain, pour laisser transparaître un petit lac gelé par la glace que desservait un PETIT CHALET en bois accueillant, une lampe d’huile allumée sur le porche. Il stoppa la voiture non loin de l’endroit, désignant la petite habitation d’un geste de la main :

- « Juste avant que nous rentrions, j’escomptais te montrer ceci. C’est pour le moins rustique mais je pensais que tu apprécierais cette vue et cet endroit justement pour tout ce pittoresque rustiques.. Tu aimes...les choses pittoresques. Même si ça ne t’empêche pas d’avoir énormément de goût sur certains points. En ce qui me concerne par exemple. »

Il ricana déboucla sa ceinture puis contourna la voiture pour lui ouvrir la portière, dans une révérence mutine. Le froid tombait encore plus depuis qu’ils étaient revenus à Storybrooke, alors que la journée touchait à sa fin. Si la neige reprenait encore ses droits, le soleil perçait encore sous la couche cotonneuse à l’horizon, dardant des rayons pâles et précieux pour illuminer les flocons qui glissaient dans l’air. Il s’amusa à souffler sur l’un qui menaçait de s’écraser sur son plaisant visage, le regardant alors se déposer sur le bout du nez de sa maîtresse.

- « Charmant. » commenta-t-il avant d’en embrasser l’endroit, sentant l’eau glacée se déposer sur ses lèvres, puis l’emmena sur le front non loin de la rive, lui désignant l’astre solaire par delà les pins aux branchages enneigés qui brillaient sous son halo, se reflétant dans les réverbérations de l’eau, l’encerclant, les mains croisées sur son ventre, « Qu’en dis-tu ? C’est trop isolé pour moi, j’aime...le monde, les fêtes, tu as du le constater. Mais pour une intimité, je trouve cela parfait. Aussi, je voulais que tu le vois. C’est...solaire. Pur. Immaculé. Comme figé dans le Temps. »

Les bras repliés contre elle, il sentait la chaleur de son corps irradier sous son manteau, le réchauffant malgré le froid qui les gagnaient un peu. Cela serait elle. Sa favorite. Pas parce que l’Avenir en avait décidé ainsi mais parce qu’il l’avait choisie des mois auparavant, sentant son pouvoir, son utilité. L’Avenir ne construisait rien, il confirmait. Confirmait seulement la bonne voie de son instinct, son intelligence, sa ruse, son ambition. Un Soleil plus radieux que celui qui leur faisait face leur sourirait encore. Parce qu’il était ce Soleil. Et parce que la meilleure façon de prédire l’Avenir, c’est de le créer. Et parce qu’il avait lu dans l’Avenir la raison du présent.

- « Je compare l'avenir à la luminosité réfléchie sur le présent. Le passé, à l'ombre. De par sa taille, vous en découvrirez le centre. » souffla-t-il sa joue sur sa tête, délicatement.

Ses yeux se trouvaient rivés sur l’eau scintillante, blanche. Féerique. Il regardait le pétillement de l’eau, de la neige tombée sur les arbres nichées dans les arbres et les rayons dorés du soleil d’une chaleur indolore, tombant sur le crépuscule qui colorait le reste du ciel d’une couleur prune. Il neigeait encore, plus légèrement, permettant aux premières étoiles de percer, rajoutant leur lueur dans ce tableau superbe.

- « L’étoile polaire s’est levée. » commenta-t-il en levant sa main pour la lui désigner doucement puis se tut, écoutant le silence et les sapins chanter une mélopée intelligible « Il est en Finlande une chanson qui m’évoque ce paysage… » fit-il doucement, sa voix murmurante plus qu’autre chose, contre elle « Et voici ce qu’elle disait...  «  ICI SOUS L'ETOILE POLAIRE ; sur la plus grande colline ; Je regarde tout au loin ; Tu entres encore dans mes rêves ; Ici sous l’étoile polaire ; Le ciel se remplit de violet ; Une couverture faite pour elle ; Et pour moi ; Et là sous l’étoile polaire ; Je vais, je viens ; Et seulement vu par l’étoile polaire… Je verse une larme pour toi »

Il l’avait proféré, songeant à lui, son écho muet. Elle n’en saisirait pas le sens, en interpréterait mal l’essentiel mais qu’importait ? Il l’avait formulé à voix haute, ce poème presque sorti de son cœur, de son état d’esprit. Peut-être pour qu’elle puisse embraser cette idée. Puis l’avait fait pivoter doucement, pour abaisser ses yeux incandescents sur ceux profonds et denses de saphir brut d’Alexis. Il l’embrassa, avec une fougue différente de celle rageuse qui l’avait habité lors de leur virée dans le futur. Plus...intense moins agressive, plus langoureuse. Sa langue chaude explorait ses lèvres, en découvrait les recoins déjà pourtant connus, comme voguant dans une chaleur que démentait l’autour. Il semblait qu’il n’existait rien d’autres que leurs bouches qui se répondaient, se cherchaient, se trouvaient, se rassasiaient de l’autre après s’être cherchées, taquinées, s’attisaient lentement, profondément avec une envie ardente et suave. Il avait fermé les yeux, caressant ses cheveux mouillés par la neige glacé, son cou glacé par le froid, seules ses joues étaient demeurées vives, brûlantes, comme sa bouche accueillante comme la chaleur d’un feu neuf. Se réchauffaient-ils ? Ou embrasaient-ils leurs sens pour occulter le froid qui les tenaillaient ? Il l’ignorait mais il lui sembla que le soleil s’était couché depuis un long moment lorsqu’il cessa son baiser, laissant un long frisson parcourir son corps. De froid, de peur, de joie, d’excitation d’envie, de tout à la fois ? Il l’ignorait. Mais cela suffit à lui faire désigner le chalet dont la lumière déchirait à présent l’horizon, tout en chassant de son gant les gouttes de glace qui leur tombaient sur le visage. Il neigeait à gros flocons à présent, de quoi recouvrir tout les abords d’une couche considérable de neige pour la nuit.

- « Nous sommes piégés… Il n’y a plus qu’à espérer que nous trouverons de quoi nous abriter par là » déclama-t-il en saisissant sa main.

Le froid ambiant lui paraissait subitement irrespirable et il lui prenait un fol besoin de chaleur, de bien-être qui ne pouvait être comblé par la fraîcheur glaciale du soir enneigé qui se profilait. Ils avaient atteints le perron, alors que la balustrade de bois les protégeaient un peu du vent, à défaut de la neige. Se plaquant contre Alexis pour échapper au zéphyr glacial, il trouva dans sa poche ce qu’il recherchait et introduisit sous le nez de la jeune femme, la clef dans la porte de bois.

- « Tu ne croyais tout de même pas que nous étions venu pour admirer juste le paysage, mon trésor ? » ricana-t-il en ouvrant la porte d’un geste théâtral avant de la précéder dans l’endroit, les bras mi-levés, enthousiasmé par son effet  « N’oublie pas de refermer la porte… C’est fait ? Bien.  » commenta-t-il en revenant sur ses pas, dans une démarche orgueilleuse « BIEEEEEN.Comme je te le disais tout à l’heure, je préfère les choses raffinées mais...pour une ambiance intime, hors du temps, cela me semblait parfait… Et restait dans mon standing. Qu’en dis-tu ? Avance donc, je te suis »

Il la laissa y pénétrer, avancer tandis qu’il allumait la lumière, souriant à ce qu’il savait s’y trouver et qu’il avait organisé la veille. Une PIECE entièrement boisée se révélait à la lumière dorée des lampes disséminées dans chaque coin de la pièce. Trois grandes fenêtres ouvertes et sans rideaux donnaient sur l’extérieur, révélant le paysage enneigé du lac qu’ils avaient contemplé un long moment durant. Non loin de là, une cheminée massive remplie de bûches qui n’attendaient qu’à flamber s’incrustait dans le paysage desservant des épais canapés design et pâles rehaussaient de plaids en fourrure. S’étalait devant la cheminée un tapis moelleux de fourrure d’un gris pâle. Plus loin, une table unique non loin d’un SAPIN DE NOEL décoré de blanc, était dressé. Un champagne chic attendait ses invités et deux chandeliers ornait le tout. Comme un parfait petit conte de Noël, un endroit perdu, un endroit préservé.
Rejoignant Alexis, qui observait l’ensemble, dans un silence médusé, il nicha sa tête dans son cou, susurrant lentement sur sa peau pâle et froide :

- « Surpriiiise. Tu aiiiimes ? Il y a aussi une chambre… Parée de sa propre cheminée et des fourrures plus douces que tu ne peux l’imaginer. Pour nous tenir chaud...Si compté que nous en ayons...besoin » ses lèvres s’étaient posées sur sa nuque, exhalant sa propre odeur dans le creux de son cou, mêlée à son parfum. « Je vais t’aider à retirer tes vêtements… Enfin, Ton manteau, seulement. » gloussa-t-il laissant ses dents caresser sa peau. « Chaque chose en son temps. »

Puis sans la contourner, la laissant dos contre lui, il laissa ses mains en faire glisser la fermeture éclair, puis fit glisser le morceau de tissu de sa main gauche, tandis que l’autre demeurait sur elle, remontant de son ventre jusqu’à son cou. Il la sentit se tendre un peu en arrière, vers lui et sourit à même sa peau :

- « Oh voyons… Sois patiente… » la débarrassant tout à fait du manteau, il enleva le sien, puis saisit sa main avec emphase, la tirant vers lui : « Tu sais ô combien j’aime te faire languir... Mais, laisse-toi porter. Ce soir, il n’y a que toi et moi. Juste toi...et MOI.  »

De son geste, autoritaire sans méchanceté, directif sans agressivité, il l’emmena sans réelle résistance vers la tablée dressée pour l’occasion et saisit le champagne.

- « Je pense que nous pourrons prendre le dessert devant la cheminée qu’en penses-tu ? J’y ai mis une bouteille et deux verres de vin rouge.  » minauda-t-il « Je vais l’allumer… Mets-toi à l’aise, en attendant, secoue un peu tes cheveux, trésor, ils sont plein de neige. »

Il s’en alla gaiement, allumer les braises qui grignoteraient bientôt les bûches prêtes pour l’occasion, souriant à son miroir. Il avait imaginé ce cadeau pour elle. Pensant que cela la ferait déclarer son amour. Finalement une autre situation lavait provoqué cet aveu mais il ne regrettait pas pour autant. C’était délicieusement enchanteur que de se trouver là, à jouer aux deux amants dans un cadre si brut, si...charnel. Ce que d’autres auraient nommé romantique, s’amusa-t-il mesquinement tout en revenant d’un pas tranquille vers la table, se positionnant derrière, pour se pencher, s’appuyant sur sa chaise, frôlant sa joue :

- « Allumons ces flammes à présent » claqua-t-il tandis que l’allumette enflammait les mèches des chandeliers.

Sa silhouette se redressa et il fit le tour de la table, pour s’asseoir théâtralement, jambes croisées, pour s’accouder poseur et scrutateur. Au-delà les lueurs brûlantes qui s’élevaient dans une chevauchée lumineuse devinait-il ses iris bleutées, troubles et dansants, cherchant les siens, sournois, attentifs. La nappe émit un froissement léger et bientôt sa paume vint recouvrir le dos de la main de la jeune femme.

- « Tu ne t’y risques pas ? » demanda-t-il en désignant d’un coup de menton la cloche d’argent qui dissimulait l’assiette tandis qu’il déposait, alangui, sa propre joue contre le dos de sa main. « Tu préfères m’observer ? » ajouta-t-il caressant et carnassier à la fois alors que ses yeux s’animaient « Grand bien te fasse.. Mais cela reste une si fine mise en bouche, trésor, pour le reste. »

Lui s’amusait parfaitement à la narguer un peu. Il savait parfaitement que loin d’être un déplaisir, cela ne faisait rien d’autre que côtoyer le titllement délicat des esprits et des corps. Elle aimait jouer ce jeu, elle aimait y plonger. Levant les sourcils, il lui désigna une nouvelle fois la cloche, la tête à moitié indolente, l’oeil accru. Et elle finit par la soulever. Un repas froid y avait été préparé, petit mets d’un grand gastronome fin, qu’il avait choisi avant tout par appréciation personnelle. Qui diable aurait-eu envie d’ingurgiter quelques repas fades et mièvres ? Non, il préférait de loin l’enchantement. Il caressa sa main, doucement du pouce :

- « En espérant que cela te ramène à une gastronomie un peu plus ordinaire que celle du palais, tout en conservant néanmoins une dose de son prestige… Car lorsque tu goûtes à cette vie, sache, qu’il est des plus délicats de revenir à tout ce que comporte le Présent… » il raillait mais ne mentait pas, au moins ferait-elle partie des rares privilégiées à avoir expérimenté l’expérience de la Cour, son luxe et l’obsession qu’elle créait chez autrui. « D’ailleurs, satisfais-donc ma curiosité... quelle est ta plus belle expérience dans ce monde qui fut, est et sera à jamais mien ? »

S’il avait du être transporté dans tant de beauté sans jamais l’avoir expérimentée...S’il revenait à ses débuts, il se souvenait….de l’éclat de l’or insoluble que possédait la Couronne qui seyait le front du Roi. Il l’avait fixée avec tant d’attention ce jour là. Comprenant quelle était sa place…
Il n’en parla pourtant pas, grignotant son plat, conversant de littératures, d’arts et de sujets communs qu’ils affectionnaient tous deux, la flattant par allégorie et se couvrant de compliments par d’encore plus habiles subterfuges. Parfois, s’arrêtait-il, effleurant sa main délicatement d’un geste tendre et affectueux, éclairé par la lueur vacillante des bougies. Il entama, ensuite son saumon sur une anecdote d’un grand restaurant où il avait séjourné – en compagnie de Georgia détail qu’il occulta sciemment – enchaîna sur les quelques grandes expériences qu’il avait dans ce domaine :

- « Car vois-tu, j’ai parfois l’humble chance d’être sollicité sur le devant de la scène nationale pour intervenir dans la gestion de patrimoine. En plus du notariat, c’est ce qui fait mon succès. Les placements financiers, la fluctuation monétaire… Mais je t’ennuie, sûrement, je préfère m’interrompre avant de devenir bien trop abscons. Du champagne ? » il servit les deux verres en fin connaisseur puis leva son verre, dans un séduisant sourire « A toi, ma belle compagne, ravissante à jamais… Je songeais tout à l’heure, tandis que je m’éveillais que tu étais toi même un songe accroché à mes rêves. Et pourtant, tu es bien réelle » minauda-t-il les paupières étirées sous lesquelles filtraient ses yeux dorés comme une flamme dévorante et cruelle. D’or en fusion aussi superbe qu’incendiaire.

Il lui sourit, alors, de la ligne la plus tendre qui pouvait arquer ses lèvres pleines et charnues, adoucissant l’éclat de ses yeux d’une tendresse gracile. But une gorgée en silence, avant de continuer son repas silencieusement quelque temps. Puis, releva à nouveau ses yeux incandescents vers elle :

- « Cet...Avenir…t’attire-t-il, trésor ? Peux-tu réellement le concevoir, l’envisager, plein et entier avec ce qu’il sous-entend ? Pour ma part… j’avoue que j’y avais renoncé... » mentit-il avec l’innocence la plus pure « Etre Roi faisait partie de mon passé. Un passé cher, inatteignable… A présent… «  il suspendit sa phrase comme exalté puis secoua la tête comme chassant un rêve « Mais non. Non. L’univers n’a plus besoin forcément de rois ni de contes, je le sais. »

Il ricana néanmoins, découvrant ses dents blanches sous la lueur des bougies. Puis son rire devint sourire et son visage entier s’adoucit, comme si l’instant antérieur n’était que fugace mirage.

- « Que penses-tu de cet endroit ? Je le trouvais…nordique, illuminé par le froid polaire. Un petit hâvre de paix, rien qu’à nous. Pour peu certes, mais ceci n’enlève rien au précieux de ce Temps-là. » Il termina sa coupe puis s’essuya la bouche « Je vais...je vais chercher le dessert, si tu veux bien ... »

Il se leva, pour passa derrière non sans lui effleurer l’épaule doucement, comme pour la rattacher à son contact, puis revint bien assez vite, non sans s’être dispensé une vaporisation de parfum supplémentaire.

- « Qu’importe, trésor. De toute cette aventure, c’est bien toi la plus épatante de mes….victoires » déclama-t-il après un temps d’arrêt presque moqueur sur le dernier mot « Alors, voici pour Toi. Joyeux Noël »

Dans un geste gracieux, il sortit un écrin de sa poche, pour le déposer dans une révérence narquoise devant elle puis revint s’asseoir, croisant les doigts pour y déposer son visage, tachant de ne pas penser à l’argent que cela lui avait coûté. Il n’était...guère habitué à offrir des cadeaux, personne ne les méritait. Alexis comme les autres, même si un flash subit le ramena au triptyque qu’il chassa avec amertume. Pourtant il l’avait fait. Quel meilleur moyen de parachever toute cette « romantique » perspective comme elle l’espérait tant ? Il espérait tout au moins qu’elle ne s’attendait pas à une bague de fiançailles ou quelques autres absurdités du genre, quoique leur voyage avait au moins eu le mérite de lever le voile sur cette situation. De toute manière, personne n’était digne de l’épouser, pas même Georgia… Il avait épousé la Couronne, lorsqu’il l’avait demandée en mariage, rien d’autre. Personne ne le valait. Personne n’était à sa hauteur. Et son esprit dérivait ainsi tandis qu’Alexis défaisait le nœud violet de l’écrin noir nuit, pour y révéler son présent. Sa réaction, néanmoins, le fit lever les yeux de sa réverie égoïste et l’orgueil gagna son visage :

- « C’est un pur saphir » commenta-t-il d’une voix anodine où perçait néanmoins l’arrogance « le reste du cristal et diamants. Je me disais que cela te séduirait peut-être… Une réplique exacte de ce fameux BIJOU...Et la nuance identique à la profondeur de tes yeux. Il sera parfait… Parfait sur toi, si tu veux mon avis. » flatta-t-il.

Mais d’une certaine manière, sa flatterie était sincère. Jamais, ô grand jamais Preminger n’aurait-il dépensé le moindre centime pour offrir à sa maîtresse une pièce qui le répugnait. Non. Il pensait à lui. A son appréciation bien qu’il ait songé à elle pour celui-ci, avait réfléchi à ce qui pouvait l’émouvoir la passionner au point de la toucher au vif, au creux de son âme, qu’elle voit en lui celui qui lisait au-delà de son coeur, de l’ensemble de son être entier. Et il l’avait trouvé alors, ce cadeau qui rejoignait une de ces passions et qui à présent se retrouvait intrinsèquement lié...à lui.

- « Le coeur d’une femme est un océan de secrets… » je crois ? » interrogea-t-il faussement innocent avant d’ajouter « Tu le porteras bien. J'ai imaginé ce joyau autour de ton cou gracile et frêle, lorsque j’en fait l’acquisition. Même si... à diiiiiiire vraiiii, tresor, je l’ai imaginé seul sur toi. » roucoula-t-il en dardant un regard inquisiteur qui parcourut l’ensemble de son corps, tandis que s’humidifiaient ses lèvres tendres, assoifées « J’escompte bien t'en parer ce soir. Si tu le désires » ajouta--t-il du ton qui pourtant qui ne doutait guère de la réponse.


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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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________________________________________ 2021-01-12, 23:39 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world



Je l’avais regardé surprise, la crainte au fond du cœur, lorsqu’il avait détaché nos lèvres. C’était comme s’il était réveillé brusquement, prit d’une conscience subite. Je n’avais plus osé bouger, redoutant sa douleur, sa colère, son rejet. Je pouvais comprendre que le retour à la normale pouvait être difficile pour lui et je m’étais contenté de déglutir en scrutant chaque parcelle de son visage. Il avait cherché son téléphone, paniqué sur le jour que nous étions. Je pouvais comprendre son stress, après tout il n’avait aucune raison d’être là la veille du Réveillon de Noël, il avait sans doute bien plus sa place auprès de sa femme et pour la première fois, cette pensée prenait désormais tout son sens, avec une certaine amertume également. Je ne l’avais pas croisé de toute la simulation et pourtant, elle était bien réelle, plus qu’ailleurs désormais, Storybrooke étant une petite ville. Cela risquait de changer notre relation, même si je n’en avais aucune envie. Mais j’étais incapable de faire semblant. Là où avant je le pensais uniquement occupé par son travail, je savais désormais que c’était bien plus son mariage qui me faisait le partager que son étude. Et encore partager... s’il décidait de tout arrêter ? C’était la crainte qui était montée en moi à mesure que sa nervosité avait été palpable. Après tout, il n’avait jamais voulu d’enfants, il me l’avait dit, peut-être se disait-il qu’il était préférable de tout arrêter là... Et pourtant, ce n’était pas ce qu’il m’avait brusquement demandé.

- Oui !

J’avais répondu avant même de réfléchir à ce qu’il me proposait. Est-ce que je voulais le suivre ? Oui... Du moment qu’il ne me dise pas “je suis désolé mais je dois partir, je t’appelle”. Prenant conscience enfin du plan proposé, j’avais voulu demander où j’étais censé le suivre mais il avait coupé mon élan d’une phrase, m’obligeant à l’observer une fois de plus d’un air surpris. Était-il en train de me proposer une virée surprise ? Réellement ? J’avais presque peur de tenter de me l’imaginer, je m’étais contenté de lui sourire lorsqu’il m’avait intimé de me laisser porter :

- Tout dépend de ce qui me porte... ou qui... te concernant... c’est souvent bien meilleur, je te l’accorde...

Après son baiser, il m’avait attiré en dehors du lit et j’avais récupéré mes bottes, mes affaires, prête à le suivre pour je ne savais où. L’aventure ne m’inquiétait pas, surtout quand elle se faisait à ses côtés. Une fois prête, il m’avait attiré à lui, parlant de récupérer l’une de ses voitures, sans passer par son domicile. L’allusion était claire et j’avais préféré l’ignorer, m’habituant encore à cette nouvelle dans ce monde. Tout semblait plus simple dans ce futur, de ce côté pour le moins... Ici, tout prenait une autre saveur, plus douceâtre voire un peu amère. Je comprenais alors l’évidence qui ne m’avait pas frappé jusqu’alors. Je n’avais jamais été chez lui... il avait utilisé un autre appartement pour me faire faire, une... garçonnière ? Je tentais de dégager de mon esprit cette pensée désagréable qui risquait de gâcher mon Noël et pourtant... et si j’étais une parmi tant d’autre ? Non... c’était impossible... une parmi tant d’autre ne vivait pas auprès de son amant 10 ans plus tard avec deux enfants et comme unique Favorite. Je me rajoutais des problèmes sur ceux déjà existants. Comme sentant mon trouble, j’avais senti sa main et son visage se poser sur ma tête dans mes cheveux et avec douceur, j’avais un peu plus enfoui ma tête dans les plis de son manteau, encerclant sa taille de mes bras, humant son parfum, les yeux clos. Sans me départir de ma position, je lui avais alors précisé :

- Du Temps supplémentaire... Est-ce que ce n’est pas le cadeau que nous voulons tous, finalement ? Mais aujourd’hui, je le désire plus que tout, oui...

Il était déjà prévu que nous ne passions pas les fêtes ensemble. Je devais les passer avec Regina, Henry et Daniel... je comprenais à présent qu’il les passerait avec sa femme. Et cette pensée m’avait poussé à vouloir mon Noël à moi aussi. C’était stupide et égoïste, j’y avais déjà eu droit une première fois... mais s’il m’en proposait un second... comment refuser ?
Je l’avais suivi intriguée jusqu’à la rue de ma boutique. Il comptait y récupérer une de ses voitures. Je me souvenais qu’il en avait apparemment plusieurs de collection de ce que j’avais pu entendre de sa conversation avec Hadès quelques mois plutôt et même si je devais avouer être intéressée par ce type de véhicule, je n’avais eu jusqu’alors pas vraiment l’occasion ni de lui en parler ni même d’en profiter à ses côtés. Comme j’étais à présent une “chose que l’on devait cacher” ou, tout du moins, que j’en avais désormais conscience, j’étais restée en retrait, profitant de son absence pour récupérer dans ma boutique le cadeau que je lui avais fait. J'avais préféré me l’y faire livrer afin d’éviter que ses yeux indiscrets tombent dessus un soir où il aurait eu envie de passer à l’improviste. Avec douceur et précaution, je l’avais donc posé dans mon sac à main avant de récupérer la miniature de mon parfum pour m’y diriger un nuage. Un instant plus tard, j’accueillais son klaxon et sa Porsche de couleur violette avec un éclat de rire amusé et des yeux impressionnés. Le voyant abaisser la vitre à ma hauteur, je l’avais toisé avec un sourire mutin :

- Je ne sais pas... Ma Maman m’a toujours dit de ne jamais monter dans la voiture des inconnus... Mais...

D'un air faussement pensif, j’avais tapoté mon menton de mon index en l’observant toujours :

- Je crois que nous ne sommes pas si inconnus alors... Comment refuser ?

J’avais eu un nouvel éclat de rire en voyant l’éclat de ses yeux au-dessus de ses lunettes de soleil et j’étais monté dans le véhicule avec un plaisir non dissimulé. Il était évident qu’il en prenait grand soin. Tout y était impeccable et l’odeur de neuf qui y régnait malgré l’âge du bijou était le meilleur des indicateurs. Je sentis sa main se poser sur la mienne tandis qu’il complimentait mon manteau. Avec un sourire satisfait, j’avais tourné mon regard vers lui :

- Oui... toute récente... Disons que j’ai eu un peu d’aide... une amie à toi je crois. Je suis restée extrêmement discrète quant à ma volonté de changement, ne t’inquiète pas.

J’avais senti brusquement le besoin de le préciser, le spectre de sa femme ne me quittant plus malgré tous mes efforts. Cherchant à l’oublier une fois de plus, je m’étais approchée de lui pour l’embrasser furtivement sur les lèvres en précisant :

- Je suis contente que ça te plaise... je saurai être patiente pour la robe... Je deviens de plus en plus patiente grâce à toi.

J’avais eu un sourire en coin, rappelant à grand sous-entendu la nuit que nous avions passé la veille qui n’était finalement peut-être en réalité que quelques secondes dans mon sommeil.
Le vrombissant du moteur augmenta le sourire qui se dessinait sur mes lèvres. Il en profita pour un peu plus fanfaronner à propos de son véhicule, trait qui ne m’était guère surprenant, ni par son attitude générale, ni par la propension qu’avaient les hommes à se vanter de leur bolide presque autant que de leur matériel sexuel.

- Non, je ne l’avais jamais vue... Elle est magnifique. Seul un voiturier de luxe pourrait la conduire... Si voiturier il devait y avoir bien sûr...

J'avais laissé planer ma voix d’un air taquin, sachant pertinemment que je paierai sans doute cet affront d’une façon ou d’une autre mais qu’importait ? Quand j’agissais ainsi, avec une telle malice, il était évident que je cherchais moins à cacher une quelconque jalousie ou méchanceté qu’une réelle envie de complimenter sans vraiment savoir comment m’y prendre. Une fois de plus, moi et les compliments... J'avais laissé passer ma main gantée sur le tableau de bord avec douceur avant de me rejeter en arrière, goutant avec délice à la vitesse que l’on pouvait ressentir dans le bolide. La surprise se lu clairement dans mes yeux lorsque je suivis du regard le panneau “Leaving Storybrooke” que l’on dépassait à pleine vitesse. Il m’avait alors parlé de déjeuner et je me rendais à présent compte que la faim se faisait effectivement sentir. Avec tout ce remue-ménage, j’en avais tout oublié : la faim, l’heure que nous étions ou même les objets que je devais penser à prendre ou garder sur moi... nous étions véritablement partis sans rien de plus que ce que nous avions emporté sur la Grande Place.

L’après-midi s’était révélé des plus idéals. Moi qui craignais quelques heures auparavant qu’il ne décide de mettre fin à notre histoire, il lui avait simplement donné un sens nouveau, que je ne connaissais pas encore, à mi-chemin entre le présent et le futur. Après un repas délicieux que nous avions partagé dans la plus stricte intimité, il nous avait proposé de continuer la visite d’un village, comme pour faire écho à ce que nous aurions dû faire dans son monde. Il avait préféré un endroit reculé de Storybrooke, pour des raisons qui ne nous étaient plus étrangères ni à l’un, ni à l’autre et je devais avouer que j’y prenais un goût certain. C’était un peu comme si c’était notre bulle à nous, hors du Temps et de l’Espace. Loin des regards des curieux, loin du danger. Je remarquais alors que c’était sans doute, en dehors de Paris, l’une de nos premières sorties ensemble. Nous n’avions jamais pris le temps de nous balader au travers de Storybrooke, d’aller au cinéma ou au musée, pour une raison qui me semblait désormais évidente et pourtant en cet après-midi, j’avais eu l’occasion d’avoir tout cela, de découvrir une autre facette de celui qu’il était, en dehors du notaire, du client de la librairie, de l’amant enflammé, du faux mari, du faux amant ou même... du Roi qu’il était destiné à être. Rien que d’y penser, cela me rappelait à quel point nous avions déjà vécu beaucoup de choses et pourtant aussi à quel point tous ces évènements n’avaient été que des mensonges, des masques à porter où transparaissait parfois la vérité. Pourtant, en cette parenthèse enchantée, je le découvrais enfin pleinement, comme mis à nu, différent et je réalisais encore un peu plus à quel point je pensais les mots que j’avais prononcé quelques heures auparavant. C’était sans aucun doute un de mes meilleurs Noël...

A contre cœur, je l’avais alors suivi sur le chemin du retour, redoutant déjà le moment des au revoir, ce moment où il me laisserait seule, dans le silence de la nuit, aussi vide qu’une coquille en attente d’un nouvel objectif. La route m’avait semblée brusquement beaucoup plus courte et j’allais pousser un soupir discret quand soudain, sans prévenir, la voiture se détourna du chemin. Un peu sur mes gardes, une idée saugrenue m’était passé à l’esprit pendant un court instant : m’emmenait-il véritablement chez lui ? Je me figurai à présent qu’à la vue de sa collection de voiture, si demeure il devait y avoir, elle se trouvait sans aucun doute dans les quartiers huppés de la ville, là où j’avais passé toute mon enfance... et à première vue, tout en longeant Baker Street, il semblait évident que ce n’était pas vers là que nous nous dirigions. Mon regard avait été attiré par le sien, légèrement perplexe lorsque j’avais vu la voiture s’engouffrer petit à petit à la bordure de la forêt. Je reconnaissais parfaitement l’endroit, un de ceux qui m’avaitent été très familier pour promener Pétunia jusqu’au jour où j’avais croisé la bande de Crafty. S’amusant de mon incompréhension, je lui avais répondu d’une façon un peu plus tendue que je ne l’avais voulu mais où transparaissait tout de même ma moquerie :

- Pourquoi, je devrai avoir peur ? Aux dernières nouvelles, je sais encore me défendre, certains l’ont appris à leurs dépens...

Pourtant, au lieu de rester aux abords de la forêt, la voiture s’était enfoncée dans la forêt jusqu’à atteindre un plateau un peu plus haut, donnant sur une sorte de pleine, bordée d’arbre et où un petit chalet à l’allure moderne et chaleureux surplombait un petit lac gelé. Le décor m’avait laissé sans voix. Il avait commenté, supposant – et supposant bien – que cela me plairait sûrement. Un peu perdue, j’avais regardé le lieu en me demandant pourquoi nous étions à cet endroit. Il avait parlé d’une halte. Le chalet appartenait-il seulement à quelqu’un ? J’étais descendu de la voiture, en profitant pour le questionner par la même occasion :

- Tu n’aimes pas le pittoresque ? Ta phrase le laissait le sous-entendre pourtant... par définition le pittoresque attire l’attention et charme par son originalité... de ce que j’ai pu voir de toi jusque maintenant... j’aurai pu croire le contraire... surtout pour ce monde...

Je lui avais souris timidement en le rejoignant, sentant le flocon qu’il avait rejeté s’écraser contre mon nez. Après son baiser, j’avais pris le temps de relever la tête avec un plaisir certain pour observer les flocons tomber mollement du ciel, comme des petites particules de mousse d’une blancheur éclatante. J’en avais senti certains se poser sur ma peau, dans mes cheveux et après un moment, j’avais suivi Erwin en direction du lac gelé. Ses bras s’étaient enroulés autour de moi et j’avais d’autant plus posé ma tête contre sa joue, mes mains sur ses bras qui me tenaient. J'avais pris un instant avant de lui répondre, soufflant alors sous le coup de l’émotion :

- C’est parfait. Juste... parfait...

Y avait-il besoin que j’aille plus loin dans la description de la perfection ? Juste nous, le calme, le soleil, la Nature. La Terre pouvait bien s’éteindre maintenant, si je devais vivre mes derniers instants à cet endroit, alors tout serait pour le mieux. Regardant toujours l’horizon, les derniers rayons du soleil qui pointaient encore, se reflétant sur l’eau gelée d’une beauté incroyable, j’avais fini par lui préciser, calmement :

- Je suis moins à l’aise que toi en société... je pense que tu l’as remarqué depuis. Pas moins habituée... mais moins à l’aise. J’aime les moments de calme et de solitudes, surtout quand ils ponctuent différents moments de fêtes et d’allégresse. Je... je suis vraiment heureuse d’être là, juste avec Toi.

Il m’avait alors montré l’étoile polaire et je l’avais observé avec émerveillement. J'avais toujours aimé les étoiles, d’une certaine manière j’en avais beaucoup offert à mes amis et surtout à Anatole. Depuis que nous avions appris à vivre ensemble, nous avions pris goût d’observer les étoiles ensemble, en silence, juste l’immensité du ciel et nous. Mais cette féérie n’avait rien de comparable à celle que je vivais à cet instant. Elle était plus grandiose, plus puissante, si puissante qu’elle en était presque écrasante. J’avais l’impression d’être au bord de l’univers, uniquement bercé par le son de la voix d’Erwin et la chaleur que nos deux corps faisaient naître dans la fraîcheur de ce début de soirée. C’était comme si tout se décidait là, comme si nous étions à la Frontière entre tout début et toute fin. Le monde était à nous, il suffisait de le prendre, j’en étais persuadée, même si j’avais bien moins envie de conquête qu’il ne pouvait en avoir, même si pour moi “prendre le monde” avait une définition bien plus imagée. Pour parfaire le moment, ses lèvres s’étaient jointes aux miennes et alors j’avais eu l’impression de disparaître, de me dissoudre dans l’immensité du Temps. Je n’étais nulle part et pourtant j’étais partout à la fois, pendue à ses lèvres, si douces, aux caresses de sa langue que la mienne ne savait qu’aider, si chaudement et langoureusement. La hargne avait disparu de notre étreinte, d’un côté comme de l’autre, un baiser d’une autre saveur, que je n’avais pas l’impression d’avoir goûté jusqu’alors mais qui me plaisait tout autant, me poussant toujours à en vouloir plus. Mes mains s’étaient immiscées dans son dos, réduisant toujours un peu plus notre distance, le caressant avec une douceur nouvelle, aimante. Quand nos lèvres s’étaient alors séparés, elles l’avaient faites avec la même douceur, sans aucun regret, laissant planer sur nous ce moment de félicité et de plénitude que seul le frisson vint déranger.

Je me rendais compte alors à quel point il faisait sombre tout à coup, à quel point les flocons tombaient de plus en plus fortement et en flocons de plus en plus gros, comme si le but était de faire disparaître tout ce qui laissait apercevoir jusqu’alors le paysage. Il avait précisé que nous étions piégés, je pouvais presque le croire : une Porsche 993 n’était sans aucun doute pas le véhicule le plus habilité à rouler dans la neige. Pourtant, il n’y avait aucune inquiétude dans ses mots, comme si cela avait été plus que prévu. Je l’avais observé surprise tandis qu’il me montrait le chalet et je le suivais sans mot dire, abasourdie par ce que j’étais en train de comprendre. A mesure que j’avançais dans la neige, un sourire de joie emplissait mon visage, une de ces joies pures, innocentes. J’étais reconnaissante de tout ce que j’étais en train de vivre, reconnaissante du moment incroyable qu’il m’offrait. J’avais imaginé passer cette soirée seule et pourtant, nous étions là, dans un chalet, au milieu de nulle part sans pour autant être très loin de la ville, en pleine Nature, rien que Lui et moi. Une fois de plus, tandis que nous arrivions au porche, je me demandais comment il avait pu préparer cette parenthèse. L'avait-il prévu en dehors de la simulation ? C’était fou, nous n’étions ensemble en réalité que depuis quelques heures mais dans ma réalité nous profitions de 3 journées pleines et entière et d’une 4e matinée qui se terminerait sans doute bien tôt. Qu’avait-il pu dire à celle qui partageait sa vie ? Je m’inquiétais soudainement pour cette femme que je ne connaissais pas, mais sa pensée rongeait aussi mon bonheur. Je lui faisais confiance, c’était sa femme après tout, pas la mienne, il avait su jongler jusqu’alors, il le saurait sans doute faire une fois de plus.

- Tu ne croyais tout de même pas que nous étions venus pour admirer juste le paysage, mon trésor ?
- Pour être complétement honnête... si... tu es complétement fou...

J’avais éclaté de rire. C’était loin d’être une insulte, une folie pure comme je les aimais. C’était ce qui était le plus rafraîchissant avec Erwin. L’âge n’avait jamais porté une très grande importance dans les relations amoureuse que j’avais entretenue mais le notaire était le plus âgée de tous. Pourtant, il avait cette joie de vivre, ce goût pour le gargantuesque qui rendait la vie si différente. Tout était vécu dans la démesure, intensément. Rien n’était laissé au dépit du Temps, tout avait son importance et visait constamment à sa satisfaction... à notre satisfaction quand nous étions ensemble. C’était comme faire du 280 km/h sur une autoroute mais en ressentant tous les éléments de la course, en pouvait observer tous les détails du décor. Une sensation inédite et incroyable. J’avais osé me demander à qui pouvait bien être ce chalet... c’était d’une évidence à présent... qu’il soit loué pour une soirée ou acheté, il ne pouvait être qu’à lui présentement... et à nous par extension. Une nouvelle bulle d’intimité, en dehors de la ville, bien plus plaisante que pouvait l’être mon appartement... ou le sien.

Je m’étais avancée dans la pièce pour découvrir le lieu, décoré goût, à son image. La chaleur du lieu, de ses tapis, plaids, du mobilier gris pâle en contraste avec la fraîcheur de l’extérieur qu’on pouvait encore un peu deviner derrière les grandes fenêtres qui agrémentaient la pièce d’un cachet supplémentaire, tout était absolument incroyable. J'avais l’impression d’avoir brusquement plongé au cœur d’un téléfilm de Noël sans pour autant de récolter la mièvrerie et la facilité qui m’y horripilait. J’avais posé les yeux sur la cheminée encore éteinte et sur le sapin Noël aux décorations aussi blanche que la neige au dehors, dans un silence médusé, ne parvenant plus vraiment à me rappeler où j’étais. Je craignais brusquement que tout ceci ne soit encore un rêve, comme un effet secondaire de la simulation mais où même l’homme qui partageait ce moment avec moi n’était fait que de rêve et sans aucun doute de Sable Noir. Je voulais tellement que tout soit réel que j’avais frissonné en sentant le contact de ses lèvres sur la peau de mon cou, en sentant les vibrations qu’avaient provoqué le son de sa voix. Tentant de reprendre contenance, j’avais commencé par la mesquinerie :

- J’espère que la literie ici est meilleure que celle que tu as du subir plus tôt mon pauvre, paaaaaauvre chéri, sinon tu risques de ne plus jamais de relev...

Je m’étais coupé dans ma moquerie, sentant sa main remonter avec délice le long de mon corps qui s’était tendu sous l’impulsion, aux aguets des mille promesses qu’il déversait dans mon esprit. Mon manteau été tombé à mes pieds et je pouvais sentir qu’il enlevait également le sien. Il avait pourtant très vite rompu les fils de mon imagination, me laissant baigner dans une douce frustration tandis qu’il me ramenait vers lui. J’avais le sourire plutôt boudeur, bien qu’amusé. J’avais envie de plus, tout de suite, maintenant. Tout ceci était tellement incroyable que cela me donnait envie d’échauffer nos corps et nos esprits, comme un remerciement au-delà des mots et de ce que je pouvais exprimer. Mais une fois de plus, il menait la danse et je l’avais suivi jusqu’à la table qui y était dressé. Je me demandais quand avait-il eu le temps de faire tout cela et même s’il n’avait pas eu une aide bienvenue... après tout, il avait l’air, de ce que j’avais vu du futur, de bien plus préférer se faire servir que de servir alors, cette pensée n’était pas dénuée de sens. Je m’étais dirigée vers ce qui me semblait être une armoire à linge pour en trouver une petite serviette blanche de laquelle je me servi pour ressuyer le reste de mes cheveux, tout en précisant, hors de sa vue :

- Une bonne idée, ce dessert devant la cheminée... Si tu as besoin d’un coup de main d’ailleurs...

J’étais revenue vers la pièce principale avec un sourire en coin tout en lui tendant mes doigts. Grâce à Hadès, j’avais appris quelques années auparavant à allumer un feu avec mon pouvoir mais il semblait évident qu’Erwin n’avait pas spécialement besoin de cela. Après quoi, nous nous étions attablés et il n’avait pas manqué, tout en posant sa main sur la sienne, de moquer ma façon de l’observer. Je n’en avais pas honte. Un de ces moments de pure rêverie dans l’intimité du lieu où je me permettais de redessiner ses traits de mes yeux. Il était beau. C’était une des premières choses qui m’avait frappé chez lui. Malgré son âge, il était d’une Beauté frappante, éblouissante. Tout semblait s’assembler parfaitement dans sa structure, sur son visage et sa corpulence pour en faire ce qu’il était, cet homme plein de charme que j’avais pourtant occulté dans mes premiers instants à ses côtés. Ce n’était que bien plus tard que je m’étais permise de l’observer, de le regarder, de le remarquer. D’abord par ses yeux d’une couleur si inhabituelle, puis les boucles parfaites de ses cheveux d’ébène, ses joues anguleuses aux hautes pommettes, sa mâchoire parfaitement dessinée, ses lèvres fines et pourtant charnues. Oui, il était Beau... et malheureusement, il le savait, plus que de mesure d’ailleurs me semblait-il. J’avais souris avant de préciser :

- Je prends garde à ce que tu ne m’empoisonne pas... et puis... ose dire que ça te gène que je te regarde !

J’avais pourtant fini par découvrir le repas, un met des plus raffiné, festif et à la hauteur de son palais de gourmet. A la hauteur du mien aussi, déjà alléchée à l’idée d’y goûter. Je l’avais observé en déposant la cloche plus loin, tandis qu’il faisait le parallèle avec ce que nous avions vécu, me demandant par la même occasion ce que j’en avais préféré. Pour éviter de me bloquer de malaise, j’avais continué à observer le repas d’un œil intéressé, à la recherche d’un mensonge qui n’en était que la moitié d’un. Ce que j’avais préféré était sans aucun doute la découverte de mes enfants, ce moment aussi perturbant que magique, ce moment où j’avais compris que l’homme qui partageait présentement ma soirée était simplement l’homme qui devait rythmer ma vie. J’avais aimé les découvrir, chacun d’eux, ensemble et séparément, avoir des moments privilégiés avec eux et d’autres plus mondains. Mais je ne pouvais pas lui dire ça, je le savais sans l’ombre d’un doute. Malgré ses efforts, il était évident que les enfants avaient été pour lui un traumatisme plus qu’autre chose et je n’avais ni envie de le vexer ni de le décevoir alors que cette soirée commençait pourtant si bien. Il me fallait un autre souvenir, un que nous ne partagions que tous les deux, c’était cela qu’il voulait entendre, j’en étais persuadée. Si je me laissais porter par ma simple et froide analyse dont je me dotais lorsque je partais en mission, peut-être aurais-je du lui dire que mon moment préféré avait été son arrivé au bal, tout d’or vêtu, se révélant comme le Roi de tous les Rois. Car Erwin était vaniteux, cela ne me faisait plus aucun doute. Mais je n’avais pas envie de lui mentir à ce point, j’avais envie d’être sincère, ne serait-ce que pour le moment que nous vivions grâce à lui. J’avais alors pris une gorgée de vin pour me laisser encore quelques secondes de réflexion et le laisser se languir de ma réponse avant de lui préciser au moment de poser mon verre :

- Le moment que nous avons partagé tous les deux, sur la glace. Au moment du feu d’artifice.

C’était loin d’être un mensonge, c’était sans doute un de mes moments préféré, celui de l’apothéose, où tout avait concordé pour lui avouer et m’avouer par la même occasion ce qui était vrai depuis plusieurs semaines sans doute. Mes enfants au loin, le château illuminé, la patinoire, les feux, ses bras, sa douceur... le parfait mélange de ce qui faisait mon pur bonheur à cet instant.

- Je crois... je crois que ça a été l’apothéose de tout ce qui faisait ce moment et cet instant... C’était... magique ?

Mes yeux s’étaient perdus quelques secondes sur le mur en face de moi, comme pour me remémorer le moment et j’avais terminé ma phrase en plongeant mes yeux dans les siens. Après un moment d’hésitation, j’avais décidé de lui rendre la pareille :

- Et le tien ?

Nous avions ensuite discuté longuement tout en dégustant notre repas. Il avait fini de me parler de sa façon de gagner sa vie, un monde dans la finance que je ne connaissais absolument pas. C’était loin d’être mon sujet de prédilection et pourtant, je devais bien avouer que cela restait passionnant à entendre, malgré mes faibles connaissances dans le domaine. Il me versa une coupe de champagne avant de lever la sienne et de me porter un toast à m’en faire rougir jusqu’aux oreilles. Je ne savais pas manier les mots d’un toast avec autant d’habilité. Sauf quand je mentais ou que je jouais à être une autre, mais ce soir, je n’avais envie ni de l’un, ni de l’autre, sauf cas exceptionnel. J’avais dégluti avant de lever mon verre aussi, l’observant dans les yeux, hésitant un instant avant de résumer tout ce que je ressentais en une courte phrase :

- A Toi... et tout ce que tu fais naître en moi.

La façon dont sa Beauté m’échauffait, son caractère des plus fantasques, ses blagues piquantes parfois à la limite de l’indécent, les aventures qu’il partageait avec moi, nos moments d’intimités, toujours aussi brûlant et inventifs, à l’Amour qu’il ravivait dans mon cœur... à tout ce qu’il était et ce que nous étions quand nous étions ensemble. J’avais bu une gorgée de champagne à mon tour avant de reprendre mon repas, un instant silencieusement avant qu’il ne reprenne la parole vers un questionnement sans aucun doute légitime et logique mais qui me mettait encore une fois dans l’embarras. J'avais l’impression qu’il n’y avait qu’une réponse qui pouvait le satisfaire et pourtant, cette réponse, j’étais pas encore certaine de pouvoir la lui donner sincèrement. Hésitant un moment j’avouais tout de même :

- Je ne sais pas...Je n’avais jamais envisagé tout cela... je dois dire que c’était des plus plaisant, oui... mais j’ignore si je serai capable d’y vivre pleinement... C’est tellement différent de mon monde... pour tout t’avouer, je me demande encore un peu comment j’ai pu en arriver à accepter et à vivre de tout cela... Je suppose que la réponse est peut-être dans les 10 ans qui nous attendent...

J’avais haussé les épaules avec un sourire timide, évitant soigneusement de confirmer ou d’affirmer ce qu’il avait dit à la fin concernant l’Univers et sa façon de se régir. Après que je lui eu avouer que les décors nordiques étaient pour moi de loin mes préférés et le plus féériques, il avait fini par se lever pour aller récupérer le dessert. J'avais voulu lui proposer de l’aider mais sa main son mon épaule m’avait laissé silencieuse, souriant du contact, m’en délectant aussi. J’avais haussé un sourcil, moitié amusée, moitié surprise de ma qualification en tant que “victoire” avant qu’il ne me coupe dans mon élan en me tendant un écrin de couleur noir, un ruban violet autour de lui. Je m’étais attendu à tout, mais pas à cela lorsqu’il avait parlé de “dessert”. Un peu désarçonnée, je l’avais pris avec lenteur, me demandant si je devais lui donner en même temps son cadeau ou le garder pour plus tard, ne serait-ce que pour le matin du 24 décembre, histoire d’être au plus proche de Noël. Un peu perplexe, j’avais dénoué le nœud avec lenteur tandis qu’il retournait à sa place. L’écrin laissait supposer un bijou. Je ne m’étais déjà pas spécialement attendue à recevoir quelque chose même si je lui avais moi-même préparé un présent mais alors un bijou ? La main légèrement tremblante, je craignais de ce qui pouvait se trouver dans la boîte de velours. Elle était beaucoup trop grosse pour une bague, ce qui me rassurait légèrement mais sans pour autant m’apaiser entièrement. Un bracelet ou un collier n’était-ce pas pire ? Je ne m’étais pas attendu à autant, pas au bout de 4 mois de relation. Comme pour calmer mon angoisse grandissante, j’avais ouvert la boîte instantanément avant de plaqué la main à mon cou, complétement stupéfaite.

La scène pouvait sembler "cliché", directement pompée de la réaction de Rose Dewitt-Bucketer mais je réalisais à cet instant que personne ne pouvait avoir une autre réaction que celle-ci face à un tel cadeau. Je n’avais jamais vu un aussi gros Saphir, puisqu’Erwin que j’écoutais à mi-mot venait de le confirmer, de ma vie. Je n’avais jamais eu un tel bijou de ma vie. S’il se demandait encore s’il me coupait le souffle, c’était sans aucun doute le moment où il me l’avait jusqu’alors le plus coupé. J’avais brusquement extrêmement chaud, ma tête bouillonnait et bourdonnait sous la vision du collier, je me sentais presque étourdie, sans doute un peu par le champagne mais beaucoup parce ce que j’étais en train de réaliser... derrière le prix du bijou se cachait aussi tout son symbolisme.

- C’est...

Oui, c’était sans doute la phrase la plus éloquente que j’avais pu dire jusqu’alors mais je ne trouvais tout simplement pas les mots. Enfant, j’avais tant rêvé de ce bijou... à présent il me ramenait autant à ce qui nous avait rapproché, nous scellant peut-être définitivement qu’à la situation incroyable dans laquelle ce cadeau me mettait... J’avais levé les yeux vers lui en l’entendant citer le film, toujours abasourdie, comme touchée en plein cœur, comme s’il était parvenu en une seconde à atteindre le jardin secret que jusqu’alors je ne lui avais fait qu’entre apercevoir. Je m’étais senti rougir plus profondément quand il avait insinué dans mon esprit la scène la plus érotique de tout le film tout en posant son regard sur chaque parcelle de mon corps, rajoutant à la chaleur de la gêne celle de l’envie grandissante. Au rêve d’enfant s’entremêlait à présent mon rêve de jeune femme dans un endroit des plus idyllique. Plus qu’au château, c’était là que je voulais passer le restant de ma vie, Lui, moi et rien autour à part nos envies les plus folles, mais c’était impossible bien sûr. Reprenant contenance en finissant mon verre d’une gorgée, je m’étais alors levée, l’écrin en main, pour m’approcher d’Erwin, lui prenant la main, je l’invitais ainsi à se lever pour me faire face. Avec douceur, j’avais posé l’écrin pour prendre une de ses mains dans ma main gauche, l’autre caressant son visage que j’observais avec douceur. Je m’étais alors approchée pour l’embrasser langoureusement, un baiser où sonnait le remerciement et toute l’émotion que son cadeau suscitait en moi tandis que ma main glissait de sa joue à sa nuque. J’avais fini par détacher mes lèvres des siennes, les laissant tout de même se frôler toujours, mes yeux dans les siens. A même sa bouche, je murmurais d’un air convaincu :

- Tu es parfait.

Un sourire enjoué sur le visage je m’étais entièrement détachée de lui pour lui tourner le dos, relevant mes cheveux par la même occasion, l’invitant à m’orner du bijou sans pour autant lui demander. Une fois noué, je l’avais senti peser sur mon cou avec une telle force qu’il me semblait presque porter le poids de son prix, comprenant également en cet instant la réticence de Rose à le porter une nouvelle fois. Je ne m’en sentais absolument pas digne et pourtant, j’avais envie de le considérer pleinement mien, comme nous liant définitivement par ce premier cadeau qu’il me faisait réellement. Sans me retourner vers lui, ma main était venue se poser dans la sienne et je l’avais lentement attiré vers les canapés. C’était la première fois depuis longtemps qu’il me laissait véritablement prendre les devants et je ne comptais pas me débiner en si bon chemin. D’un geste théâtral, digne de ses plus grandes mimiques, j’avais alors fait pression sur son torse jusqu’à ce qu’il tombe en position assise sur le canapé. Je l’avais toisé avec un sourire mutin, voyant son regard outré, très peu enclin à se laisser faire à l’ordinaire ou se faire diriger. Comme pour le rassurer, je lui avais précisé :

- C’est à Toi que je pense... TU veux me voir avec uniquement ce bijou, n’est-ce pas ? Je cherche juste à aiguiser ton propre désir... C’est toi qui me l’as appris, pas vrai Comment dis-tu déjà ? Ah oui... “la docilité amène parfois de délicieux vertiges, tu ne l’ignores pas...” je te concède le remplacement de “docilité” par "patience" si cela te scie mieux... et je m’occuperai de la docilité.

Je m’étais détournée pour aller récupérer sur l’un des bahut un objet qui avait attiré mon attention à mon arrivé : un jeu d’échec flambant neuf et flamboyant, d’une beauté incroyable. Les pièces y étaient déjà disposées, comme pour servir de décoration et avec une douceur infinie, j’avais récupéré le plateau pour le poser sur la table basse avant de m’asseoir sur l’autre canapé, croisant les jambes avec un sourire entendu.

- J’ai cru comprendre que tu avais quelques connaissances dans ce jeu... non pas que ça puisse m’étonner mais... je me dis que je n’ai pas encore eu l’occasion d’éprouver ta stratégie. Alors voilà ce que je te propose, si tu veux voir l’image que tu avais imaginé... gagne. Aussi simple que ça. Tu ajouteras ça à tes victoires. Parties Blitz, trente secondes de réflexion maximum entre chaque coup, une victoire, un vêtement.

J’avais hésité en le toisant du regard, un sourire malicieux au coin des lèvres avant d’ajouter :

- Et si tu es trop impatient, alors je te laisserai passer outre le jeu... mais ça serait dommage que mon maître à penser dans la patience ne puisse pas m’en donner la plus grande des leçons, pas vrai ? Nous avons le temps de toute façon, n'est-ce pas ?

J’avais penché la tête légèrement sur le côté, le sourire toujours aux lèvres avant de récupérer un pion de chaque couleur. Après les avoir mélangés dans mon dos, je m’étais avancée vers lui, posant un genou de façon théâtrale à côté de sa cuisse, laissant ma robe rouge un peu plus découvrir la mienne. Je lui avais alors présenté mes poignets à ses lèvres, paumes bien que closes vers le ciel avant dans lui demander :

- Choisi...

Il avait fait son choix de sa bouche sur l’un de mes poignets tandis que ma main s’ouvrait pour le laisser découvrir un pion blanc. Retournant à ma place, j’avais reposé les pions sur le plateau avant de tourner les blancs de son côté, attendant qu’il commence. Jamais je n’avais fait de partie aussi exaltante. Erwin était un adversaire redoutable, le Temps imparti de réflexion ainsi que l’enjeu aiguisait tous nos sens, tandis que la chaleur de la cheminée ne rajoutait qu’une touche de puissance supplémentaire à la scène. Nous pouvions percevoir les flammes danser à la périphérie de notre champ de vision tandis que sur la table basse se jouait une bataille des plus sanglantes. Il gagna alors la première partie et avec un sourire amusé, sans le quitter des yeux, j’avais retiré mes bottes, découvrant un collant léger qui était légèrement plus opaque jusqu’à mi-cuisse, laissant poursuivre l'illusion que j'avais toujours mes chaussures.

- Pas de chance, rien de plus intéressant... mais tu y es presque...

J'avais recommencé le même manège avec les pions et les parties s’étaient enchainées. A la seconde, Erwin avait perdu ses chaussures. Il avait initié un mouvement de mauvaise grâce mais je l’avais stoppé dans son élan, repoussant son torse contre le dossier du canapé en secouant la tête de gauche à droite avec un sourire amusé :

- Pas de mauvais esprit Maître Dorian, je vous en prie.

J’avais eu un air faussement réprobateur mais fortement moqueur avant d’ajouter avec plus de douceur en m’agenouillant devant lui pour défaire ses lacets.

- Je te l’ai dit, ce soir, c’est pour Toi. Une autre façon d’avoir ce que tu veux, mais de l’avoir quand même... Je m’occupe de moi... et de Toi. Alors... laisse-toi porter.

Je lui avais retiré ses chaussures avec douceur avant que le jeu ne reprenne de plus belle. Cette fois nous y étions, j’avais perdu mes collants, découvrant mes jambes sans pour autant lui laisser voir le reste de mon corps, toujours caché par ma robe écarlate. Au prochain coup, c’était une presque mise à nue, mais je ne comptais pas me laisser faire de la sorte. Je savais très bien ce qu’il y découvrirait, j’avais espéré que l’escape game se termine par un de nos moments et Deborah m’avait également aidé à choisir ma lingerie, bien moins confortable qu’une lingerie basique mais tellement plus sensuelle. Il avait pourtant ensuite perdu deux fois, d’abord ses chaussettes, puis sa veste de costume. Reprenant la partie, j’en avais fini par y perdre ma robe, dont je m’étais dévêtue avec une lenteur particulière, lui laissant le Temps de la découverte sans pour autant paraître au bord de la vulgarité. Juste de la sensualité. Il avait alors pu découvrir une lingerie fine, qu’on pouvait qualifier de “luxe”, faite de dentelle et de laçage soigneusement élaboré pour souligner mes courbes et mes formes de la meilleure des façons. Je m’étais alors approchée une fois de plus pour lui faire choisir sa couleur, posant cette fois-ci mes deux genoux de chaque côté de ses jambes, ma poitrine au niveau de ses yeux. Je ne lui avais jamais interdit de toucher, je voulais juste voire jusqu’où était capable d’aller sa patience et je devais dire qu’il m’impressionnait. Il perdit pourtant la partie suivante, me permettant de revenir dans la même position pour déboutonner lentement sa chemise, le ramenant à la soirée de Paris avec un léger ricanement d’émotion :

- Il me semble que le grand sage que tu es m’as appris à déboutonner une chemise sans la froisser et tout en prenant bien soin du porteur...

Je m’étais penchée en avant, ajoutant au déboutonnage quelques baisers sulfureux et fiévreux sur la fine peau de son cou. A mesure que la chemise m’offrait plus de peau, j’y avais ajouter quelques gestes habiles de la main et parfois ma langue venait sournoisement se substituer à mes baiser, révélant sur son torse quelques parcelles de son corps d’une douce moiteur donc la chaleur de la cheminée venait s’emparer. Une fois la chemise posée avec soin sur le reste des vêtements, nous avions entamé une nouvelle partie qu’il avait de nouveau perdu. Ricanant de son “infortune”, j’avais fini par lui préciser :

- Je commence à croire que tu le fais exprès... J’aurai dû prévoir une punition en cas de triche explicite... trop tard !

Je lui avais souris d’un air malicieux, lui laissant le bénéfice du doute quant au fait que j’avais pu penser à cette éventualité et que j’avais “oublié” cette règle en connaissance de cause. Je l’observais un instant de loin, me délectant de la vision de son torse nu avant de repousser le jeu d’échec plus loin sur la table. Je m’étais alors mise à genou sur le tapis de fourrure qui recouvrait le sol et protégeait la table basse avant de m’approcher lentement, toujours au sol. Avec lenteur, je m’étais glissé jusqu’au ses jambes et avait plongé mon regard vers le sien. Il me toisait toujours, assis comme il aurait pu l’être sur son Trône, avait de déboucler sa ceinture sans le quitter du regard. Avec douceur et avec son aide, je lui avais retiré son pantalon avant de remonter mes mains de ses mollets jusqu’à ses genoux. Arrivé à ce stade, je les avais poussés dans des directions opposées, le forçant à écarter ses jambes avant de me faufiler jusqu’à ses sous-vêtements. Posant ma tête sur sa cuisse, dangereusement proche de son aisne, j’avais caressé du bout des doigts son autre cuisse dans le quitter des yeux, sentant le frisson que j’y provoquais. Avec un air innocent qui ne l’était pourtant pas, je lui avais alors demandé :

- Que faisons-nous, votre Majesté. Quels sont vos désirs à présent ?





La nuit m’avait paru longue, aussi blanche que pouvait l’être la neige au dehors. Pas parce que je m’en étais ennuyé, mais parce que nous avions été insatiable, refusant de céder au sommeil. Nos ébats nous avaient emmenés du salon jusqu’à la chambre, ou nous avions fini par allumer la cheminé, testant chacun des recoins que le chalet nous offrait. Il avait fini par avoir son dessein, il m’avait vu et eu nue, avec uniquement ce collier. J’avais fini par le retirer, de peur de le briser sous la puissance de notre fougue. A plusieurs reprises, nous nous étions stoppés pour juste discuter, profité du moment, siroter un verre de vin. Et chacune de nos actions nous avait repoussé de plus belle vers nos propres désirs, nos idées les plus fantasques. Nous avions fini pourtant par tomber de sommeil, nos corps nus, l’un contre l’autre, ignorant encore tout de l’accomplissement que nous avions fait... et de l’Erreur aussi qui nous avait animé. La couverture de fourrure reposée sur nos deux corps, je l’avais embrassée sur la joue, essoufflée, avant de lui glisser avec une sincérité évidente :

- Je t’aime.



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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


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(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2021-01-31, 21:56 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Everybody wants to rule the world


Quel était son souvenir favori ? De toute cette merveilleuse aventure qu’il refusait pourtant de se remémorer en détails encore… Les images tourbillonnèrent brutalement dans son esprit, toutes plus vivaces. Toujours vivaces. A jamais vivaces. Cela était encore si proche. Palpable. Entêtant. Obsédant. Il le voulait. Il voulait cet avenir. Il saurait s’accommoder de son présent. Il s’était accommodé à tant de choses, tant de choses misérables, fades que constituaient « l’évolution » de ce monde minable. Il força ses pensées à rejoindre l’interrogation faite par la libraire et non les atermoiements qui ne pourraient qu’être nocifs pour son humeur et sa soirée ;. Quel était son souvenir favori ? Il se mis à y réfléchir... Qu’avait-il préféré ? Lui. Évidemment LUI. Lui. Tout ce qui se rapportait à LUI. SA consécration. SON Ascension… Il se revoyait, assis sur le trône, puis arpenter les allées du jardin, paraître paré d’or à la réception, l’escapade sensuelle dans la galerie des portraits, le triptyque… Le triptyque. Toujours le triptyque… A ce simple souvenir, ses yeux pétillèrent encore. Quelle superbe merveille. Une magnificence ! Une beauté. Lui dans toute sa splendeur… Mais il n’en dirait rien. Il ne pouvait guère l’admettre, s’inscrire égoïstement dans un souvenir individuel la blesserait un peu ou du moins l’interloquerait. Non. Même s’il le pensait, il ne céderait pas à ce faux pas évident. Elle n’entendrait pas ça, elle entendrait ce que son coeur voulait entendre à l’instant même où elle lui avait retourné la question. Et tel était ce qu’il lui donnerait, tel le stratège machiavélique qu’il était, servant ses propres intérêts.

- « Nous avons le même, c’était un instant plus que précieux, suspendu mon trésor.... » mentit-il dans un sourire.

Ce qui n’était qu’après tout qu’un pieux mensonge. Il avait apprécié le moment, son triomphe aussi, lorsqu’il l’avait gagnée entièrement avec franchise dans ses bras tandis que les feux d’artifice embrasaient le ciel. Après tout, qu’avait-il perdu lors de ce voyage ? Hormis certains points dont il se refusait à penser ce soir. Ce soir, n’en déplaise, était pour lui. Voué à sa pure satisfaction. Et pour ce faire…. Il était parti lui apporter le dessert qui ne constituait qu’une mise-en bouche pour lui, pour mieux amener le sien. Il viendrait bien assez tôt. Bien assez vite.
Au sein du coffret, le cœur de l’Océan crépitait. Mais il brûlait ailleurs déjà chez sa chère amante, dans ses yeux, dans sa poitrine. Il avait fait mouche, il le savait. Il l’avait choisi pour. Pour atteindre son amour comme le reste du séjour. Et en être parfaitement remercié aussi, bien évidement. N’était-ce pas la raison pour laquelle il lui avait révélé son envie, l’image qui s’incrustait avec exaltation, perçant les couches superflues avec une acuité nouvelle. Comme muée par un instinct, Alexis s’était levait, l’invitant à faire de même, une main caressante sur son visage. Il se laissa porter par cette caresse, la première qu’il autorisa sans interrompre. Mais n’incita rien. Il se contentait de savourer, savourer ce qui débutait, offrant ses lèvres lorsqu'elle s’aventura à l’embrasser. Il percevait ses sens, sa joie, son émotion aussi, surtout elle. Mais c’était ce qu’il voulait toucher : son émotion, ce qui la poussait dans ses bras, toujours dans ses bras. Inlassablement, émotivement. Elle s’était détachée, laissant néanmoins frôler ses lèvres frôler les siennes, murmurant :

- « Tu es parfait. »

Il le savait, il n’en doutait pas, mais comme c’était fou comme il se grisait pourtant si facilement de cette évidence là, s’entendant glousser orgueilleusement, s’approchant même, lui murmurant à même la bouche:

- « J’espère que ce n’est pas maintenant que tu t’en aperçois. » nargua-t-il avec arrogance, retenant néanmoins ses sens à ne pas profiter du contact tendre de ses lèvres, à ne pas s’y corrompre, à ne pas s’y griser ni à y insinuer le vice.

Il souhaitait prendre le Temps. Il jouait, s’attisait un peu, même si cette vérité proférée s’était diffusée entièrement en lui, faisant vibrer son corps d’une énergie plus vivace. Il semblait que la chaleur diffusée de la cheminée s’était amplifiée. Ou peut-être n’était-ce là que l’émanation d’autre chose, de bien plus… Animal ? Oh non, il ne l’était en rien Grands Dieux, non. Il haïssait les individus primitifs, lui était raffiné, cruel, impétueux peut-être, dominateur. Oui dominateur ça oui, il pouvait l’être, en revanche… Mais comment aurait-il pu en être autrement, lui qui dominait le Monde ? Elle s’était tournée, relevant sa nuque blanche, pour l’encourager à l’orner du pendentif et il avait glissé la chaîne le long de son cou, laissant son souffle parcourir sa nuque offerte, nue lui arrachant un frisson. Puis avait attaché l’objet, sentant son poids lui échapper des doigts pour se loger sur la poitrine de la jeune femme, comme une marque au fer rouge. Un coeur se superposait à un autre. La marque du lien qui la liait à lui s’enroulant de son cou pour effleurer l’antre de ses sentiments. Elle n’était guidée que par cela. Cela l’incita à lui prendre la main, le guidant jusqu’aux canapés et il s’y laissa emmener. Il n’y voyait guère une abdication de sa part, non, c’était bien différent de cela, bien au contraire. Elle ne faisait qu’exécuter implicitement une envie qu’il ne formulait pas mais qu’il exigeait. Il lui avait donné la finalité, il lui laissait choisir le scénario qui l’y conduirait, mais le résultat serait le même. Il la voulait et l’aurait telle qu’il se l’imaginait alors. Pour cela, Alexis se révélait d’une finesse parfaite. Elle n’avait vocation qu’à le satisfaire et s’y donnait pleinement et avec une clairvoyance qui en faisait une amante idéale. Et chaque geste opéré, chaque pensée, chaque soupir, chaque esquisse audacieuse n’existait que pour lui, par lui même.
Il sentit sa main s’inscrire sur son torse, en devinant, en imaginant la chaleur de sa paume sous ses jabots et bascula dans un gloussement rauque parmi les coussins du canapé, observant goguenard l’habituel sourire mutin qui perçait davantage lorsque débutaient leurs jeux. Il appréciait ce sourire à la limite d’une outrageuse naïveté et d’une hardiesse échaudée. Tentateur… prometteur surtout. Et elle savait tenir ses promesses. Il sourit alors, élargissant ses bras, prenant appui sur les coussins, pour observer son mouvement suivant. Serait-elle entreprenante ou s’en remettrait-elle totalement à lui ? Il l’ignorait mais avait hâte de le découvrir, de la découvrir encore. De sentir leur union profonde sceller leur pacte et l’Avenir qu’il désirait. Aujourd’hui, il avait appris son Destin. Ce soir, il le continuait.

- « C’est à Toi que je pense... TU veux me voir avec uniquement ce bijou, n’est-ce pas ? Je cherche juste à aiguiser ton propre désir... C’est toi qui me l’as appris, pas vrai Comment dis-tu déjà ? Ah oui... “la docilité amène parfois de délicieux vertiges, tu ne l’ignores pas...” je te concède le remplacement de “docilité” par "patience" si cela te scie mieux... et je m’occuperai de la docilité. »

Sans la quitter des yeux, il croisa les jambes avec détachement, laissant sa main courir le long de ses jabots, lentement, pour capter son regard téméraire. Un charmant speech, un peu convenu peut-être mais néanmoins efficace. Il n’était guère docile, ne l’avait jamais été. Il feignait la docilité, ce qui était tout à fait différent, la Reine l’avait appris à ses chers dépends, quand bien même la Malédiction en avait effacé la leçon. Le pli de son rictus s’était effacé néanmoins lorsqu’elle avait évoqué la Patience, pour s’orner d’une arrogance hautaine, supérieure.

- « Cela me va. La Patience est...ma chère...sans limite. Si tu désires réelleemnt la tâter... » dans d’autres conditions, il lui aurait caressé le visage des doigts mais elle était inatteignable alors se contenta-t-il de le faire des yeux puis se désigna d’un mouvement ample de la main, le sourcil levé, moqueur « Alors vas-y...teste-moi. Je demande à voir. »

Si elle souhaitait jouer, il allait jouer. La Patience était une vieille amie. Des années durant elle l’épaulait, marchait à ses côtés, retardant son Heure promise, et pourtant toujours œuvrait-il encore, persistait dans son ambition, sans y dévier, sachant parfaitement ce qui lui était promis, du. Sans Patience, aucune victoire. Mais sûrement cette adorable enfant ne l’avait-elle guère compris encore. Elle n’y voyait rien d’autre qu’une horrible épreuve dans ce qui était aisé. Mais peut-être pouvait-elle l’envisager à présent. Après l’enthousiasme avec laquelle elle s’était livrée à la docilité… Il aurait pu en chasser la vision mais l’encouragea néanmoins à demeurer dans son esprit, pour en attiser l’appétit. Le saphir brillant à la peau de son cou l’y aidait aussi. Il l’observa planter devant ses yeux le plateau d’échecs, dans un rire franc, s’amusant de sa fougue qui lui seyait tant. Intrépide jeune femme. Imprudente séductrice vouée au croc du loup.

- « Trésor, je n’ai pas « quelques connaissances » dans ce jeu…Es-tu certaine de vouloir t’y risquer à tes risques et périls ? Tu me diras….ils sont des plus plaisants… Considère que… L’attente ne sera pas longue ».

Ses dents blanches se découvrirent carnassières. Que la partie commence, il était prêt.
Et il gagna aisément la première partie la vitesse des coups imposés. Preminger s’épanouissait dans la rapidité, envisageait la vie comme un plateau où les revers de fortune et les défaites ne faisaient qu’un avec la poursuite du pouvoir. Il jouait dans l’improvisation, les coups du sort et les aléas du Temps, vainquait toujours, poursuivait toujours, sachant qu’un jour la partie finirait par sa victoire complète. Là, c’était facile, gagné d’avance et il lança la seconde partie, un sourire insolent sur le visage, dans une concentration minime que la lutte nécessitait, après un bref coup d’oeil satisfait aux bottes abandonnées par Alexis. Pourquoi donc se donner de la peine lorsque la victoire se trouvait déjà acquise ? Il l’observa placer, avancer sa reine, prenant plus d’intérêts à regarder ses mouvements, ses gestes. Imaginait d’autres choses, d’autres jeux, les sentant s’approcher, se concrétiser à chaque seconde passée. Plus que ses bottes qu’enlèverait-elle à présent ? Ses collants sûrement. Elle laisserait le reste pour leur troisième manche. Tout serait plié en cinq tours d’une facilité rapide… Il avança un pion, la laissant prendre de l’avance. Il aurait bien le temps de contre-attaquer ensuite. En attendant, il anticipait la suite, avec une hauteur mêlée d’envie. Si bien qu’il ne comprit pas tout à fait lorsqu’elle stoppa son geste, toute satisfaite et qu’il observa avec horreur le jeu qu’il avait mené. Une bouffée infime de vexation lui monta à joue, tandis qu’elle se pressait déjà pour obtenir sa contribution. Mais il ne pouvait pas avoir perdu. Elle n’était pas si intelligente ! Non ! Il fallait...redémarrer la partie, revenir en arrière ou que diable ! Pourquoi n’avait-il pas vu le coup venir ? Il était bien supérieur… Il ne pouvait que gagner… Pourquoi avait-il… L’avait-il sous-estimée ? Une erreur, se rendit-il compte avec hargne. Il aurait du le savoir. Bien évidement, elle ne possédait pas son intelligence et son talent...mais elle n’était pas sotte. Elle était même loin d’être sotte, sinon un huitième de son Temps ne lui aurait guère été consacré. Il s’agissait d’ailleurs de la première qualité qu’il avait décelé en elle, lorsqu’ils s’étaient rencontrés : sa méfiance futée. Une personne appelée à devenir un pilier de son ascension ne pouvait être une parfaite sotte. En la dévaluant, il s’était lui-même bafoué dans ses propres acquis et ses connaissances. Même s’il n’était pas ridiculisé, son égo s’agaçait, se crispait et l’observa bougon se couler à ses pieds.
Il ne tenait qu’à son égo de l’envoyer paître, de l’envoyer aux gémonies… Mais il se suspendit pourtant, les yeux rivés sur sa silhouette ployée, agenouillée. De sa voix douce qui lui répétait son envie de lui plaire, de lui appartenir, de s’offrir à lui… Il lui tendit sa cheville, impérieusement, l’encourageant à lui délacer ses chaussures, le regard rivé sur elle. Effectivement…songea-t-il tandis qu’elle défaisait ses lacets, lentement. Pourquoi diantre s’était-il fait un monde de ces parties ? Elles ne signifiaient rien… Comme elle le disait si bien, cela n’avait de sens que pour lui, pour l’attiser le faire patienter… Tout ce qu’il devait avoir serait donné. Ce n’était rien qu’un divertissement. Un challenge. Et puis…
Il se redressa un peu, se concentrant avec facilité, subitement. Il gagnerait. Il pouvait gagner toutes les parties s’il voulait… Et il gagna la suivante, avec satisfaction, regardant le collant filer le long des jambes fines d’Alexis, comme une caresse lointaine dont il devinait la douceur, une mimique détachée sur le visage. L’air se faisait plus lourd, les bûches crépitaient un peu dans l’âtre réchauffant l’atmosphère qui ne le nécessitait pas. Électrique… Ne restait qu’un seul vêtement et tout serait dévoilé. Son regard glissa de la robe bleue, jusqu’au plateau qui n’attendait qu’eux. Il suffisait qu’il gagne cette partie et tout serait quasiment fini. C’était simple. Très simple. Trop simple. Il croisa les doigts, un sourire subrepticement pointant sur son visage fin songeant à l’objet de la séance.. La Patience. Il l’avait dit très vite, il maîtrisait la Patience. Mais qu’en était-il d’elle ? De plus...il détestait lorsque les choses se révélaient...trop simples, trop rapides. Il avança son pion, bougea son cavalier, observant avec un amusement presque attendri de l’investissement qu’Alexis mettait dans sa partie. Concentrée, le front plissé, les yeux fixes, les joues rouges échauffées de toute excitation, elle bougeait ses pions, calculant, comptant dans une frénésie concentrée. Comme c’était mignon ! Pauvre petit oiseau piégé inconscient du piège. Taaaant d’investissements qui pouvaient être balayés en une fraction de secondes, en trois coups exactement. Il suffisait de bouger la Tour encore. Et pourtant, sous son impulsion, il fit avancer la Reine. Six coups suivants et elle plia le jeu, dans un petit cri de joie qui lui arracha un petit rire et elle se jeta à nouveau à ses pieds, lui ôtant ses chaussettes, puis sa veste de costume lors de sa seconde défaite consécutive. Il n’esquissa pas la moindre grimace, laissant les mains de la jeune femme ôter sa veste, puis repris les armes. Il gagna le tour suivant, dans un roucoulement différent, saisissant le Roi de la jeune fille dans sa main pour feindre le regarder. En réalité, c’était bien sûr, ailleurs que se concentrait son attention, tandis qu’il décrétait :

- « Tu sais ce qui reste à faire, mon tendre trésor… Ne crains pas d’avoir froid... »

A vrai dire, il lui semblait que la chaleur s’était encore accrue à l’exact moment où il s’était lui-même découvert. L’échauffement des sens à n’en point douter. La frustration délicieuse de l’attente et l’exaltation de l’avancée. Il déposa le Roi sur l’échiquier, menottant ses yeux aux faits et gestes de la jeune femme. Dans un long mouvement sensuel, elle laissa la robe révéler son corps sculpté, et il s’était redressé imperceptiblement face à elle, mué par une impulsion qu’il contrôla pourtant vite. La lingerie plus que de recouvrir son corps, le modelait, le sublimait rattrapant son imagination pourtant non en reste. Alexis avait amorcé une approche, la même que toutes les précédentes, fondée sur les mêmes raisons que les précédentes et pourtant, il lui avait semblé que l’air s’extriquait à la vision de son avancée vers lui. Vite fut-elle devant lui. Et elle s’était agenouillée une nouvelle fois. Les genoux de chaque côté de ses jambes, relevant le buste, ployant le buste même. Et il l’avait regardée, entièrement. En ignorant sa poitrine, qu’elle, tentatrice, avait placée à dessein là, sous les yeux. Ignorant l’appel de la chair, de la volupté proche, si proche. Etandant l’Attente, jouant de Patience. Las il descendit son regard, jaugeant le satin tendre de l’assemblage, les lacets qui s’y nouaient, parfois sur une transparence redoutable. Les yeux scrutant son effet, elle l’incitait au toucher.

- « Malgré tout le bien que je pensais de cette robe, je préfère grandement ce qu’elle dévoile… » commenta-t-il très lentement, sur un ton lourd de sens, en s'humectant les lèvres « Il n’y a rien que je ne souhaite délacer, rien que je ne souhaite étreindre. »

Pour autant, il n’apposa pas la main sur sa taille fine, ne s’abîma pas les ongles sur la tulle noire transparente qui dévoilait son ventre, n’y ne glissa les doigts entre les lacets fins qui maintenaient son intimité. Préférant, tout saisir, tout envisager, tout deviner par la chevauchée visuelle de ce qu’elle présentait à lui. Il maîtrisait sa patience et à elle attisait son impatience. Remontant lentement, aussi lentement qu’une bouche cruelle sur son ventre, il riva son attention sur le collier qui reposait parfaitement au creux de qui se trouvait apparent et pourtant encore caché.
Ses yeux s’y attardèrent alors, contemplant la chute de dentelle vertigineuse sur son décolleté profond. La lingerie découvrait sans montrer, attisant sans révéler. Pourtant, il suffisait de peu, Des lacets seuls, satinés enchevêtrés savamment comme des fils virtuoses guidant les marionnettes, maintenaient de peu le mystère et de fleurs noires masquaient les bourgeons éclos. Il y avança le visage, laissant son nez presque frôler sa peau, sans pour autant y créer le contact. En suspension. Elle attendait, il le savait, il sentait, voyait sa peau se tendre un peu. Elle attendait le contact, la caresse, elle attendrait. Cruel, il n’en ferait rien. Il retenait, savourant pourtant tout autant la sensation qui en découlait. A proximité. Proche… Rien ne se dérobait à sa vue et il admirait les nuances expertes de l’assemblage des bandes fines, des rubans de soie effleurant sa peau. Suggérant et suggestifs, ils nouaient sa poitrine rebondie, en en soulignant avec brio la rondeur pleine, Si bien qu’il lui suffisait d’en examiner les contours pour presque la saisir entière, reconstituée sous ses yeux, pour presque en sentir la douceur, la finesse sous les baisers jusqu’au goût. Il s’humecta les lèvres, y crispant son attention pourtant sous un sourire diabolique, semblant presque discerner dans sa pure projection la sensation sous la langue de tous ses secrets tendres.
Malgré tout, il ne céderait pas. Mais préférait prolonger l’attente, remontant son visage vers le haut de son cou, prenant garde à ne pas ne serait-ce qu’effleurer sa chair, plongeant ses yeux dans les yeux, l’insolence défiant l’envie. Il le savait, à présent, c’était elle qui se trouvait le plus torturée, le désir à vif, les nerfs outragées. Il aurait pu ne serait-ce que donner libre court à son attente, palper ou étreinte ne serait-ce qu’un bref endroit de ses mains ou de sa bouche, mais n’y céda guère. De toute l’excitation du moment, la souffrance délicieuse qui découlait de sa maîtrise restait la plus grisante. Il souffla sur sa clavicule, voyant y apparaître des frissons cocasses quant à la chaleur lourde de la cheminée et revint à elle. Non sans un regard intense à ce qu’elle dévoilait à sa vue, il saisit des deux mains son poignet gauche, déposa un baiser le seul, long, suave sur la main close. Comme une promesse des choses à venir.
Il avait senti la main s’ouvrit mollement entre les siennes découvrant un pion noir, et vit sa partenaire fermer les yeux, secouée d’un frisson langoureux. Accablée par l’Attente. Délicieuse. Il lui semblait la ressentir déjà contre lui, sur lui.

- « Allons…Allons. La partie n’est pas terminée, je ne vous ai pas encore effeuillée ma chère…. » le même sourire diabolique était revenu pondre sur ses lèvres « Prie donc pour que ça ne soit pas long... »

Un ricanement dans sa gorge, il revint au plateau la laissant débuter la nouvelle partie… La perdit.

- « Oh mais quel dooommage... » commenta-t-il avant de laisser sa main désigner d’un geste vaste sa chemise de jabots « Allons, viens maintenant… Tu sais très bien ce que j'attends de toi. Ne me fais pas languir... » ajouta-t-il dans un sourire insolent.

A nouveau, elle revint, ré-adoptant la même position, offrant à sa vue les mêmes promesses décadentes de lasciveté.

- Il me semble que le grand sage que tu es m’as appris à déboutonner une chemise sans la froisser et tout en prenant bien soin du porteur…
- « Voyons cette maîtrise alors, mon trésor. Laisse-moi..en juger pleinement » répliqua-t-il en se rejetant un peu dans le fauteuil, pour complexifier la chose. « Fais et ressens…Tel est mon bon vouloir.»

Il avait laissé sa peau à ses bons soins, pinçant les lèvres, réprimant un rire lorsque fort de déboutonner sa chemise, elle avait aventuré la tête, la bouche sur les parcelles de peau progressivement dévoilées Il hésita à l’en empêcher, la main déjà prête à stopper son geste puis y renonça dans un soupir d’aise. Il n’avait aucune envie de s’en priver. Pourquoi le faire ? Elle l’avait dit, tout cela était pour lui, pour son plaisir. La réciproque en revanche ne viendrait pas. Il ferma les yeux, confiant à ses sens le ressenti du reste, entrouvrant parfois les paupières pour découvrir son image pressée contre lui. Sa main glissa le long de sa colonne vertébrale, doucement et s’y arrêta tandis que la chemise glissait, définitivement loin de sa peau. Et pourtant, il ne lui semblait guère s’être dénudé. Tout au plus, au contraire, son corps semblait s’être empêtré dans une couverture chaude, douce, agressive dans le même trait de temps sur laquelle se déposait le baiser moite de la chaleur ambiante.

- « N’oublions pas notre petit jeu, trésor… Je sens...que tu t’égares. A moi que tu ne désires m'accorder la victoire dès à présent? » susurra-t-il en arquant un sourcil moqueur.

Sans l’effleurer à nouveau, il avança le buste vers elle. Moment à double risque d’inciter à plus mais qu’il saurait au besoin stopper de manière plus ferme. Si elle cédait malgré sa demande, il goûterait néanmoins à plus.
Elle se détacha pourtant avec un regret plus vif qu’auparavant, plus douloureux aussi pour regagner sa place, lui offrant un panorama plus large sur son dos et les lignes que traçaient savamment sa lingerie. Quel dommage qu’il n’ait pas pensé à se servir un verre de vin, sa gorge s’asséchait douloureuse… Mais la partie reprenait déjà, tendue, électrique, tandis qu’Alexis se déconcentrait, les yeux déviants de son jeu pour se poser sur lui, dévorant sa musculature des yeux et il faisait de même, fixant chaque parcelle de son corps comme si elle se trouvait à même sa portée, scrutant, détaillant chaque détail, renforçant sa gêne, son trouble. Jaugeant sa résistance fragile. L’étourdissement agréable et involontaire des sens. Elle tanguait proche de la rupture, il le savait. Il le voyait à son souffle court par-dessus le plateau, la moiteur de son corps, le frémissement de ses lèvres, l’exaltation vive qui la prenait entière. Entière, elle appelait sa délivrance, sa défaite et pourtant il lui accorda la victoire, dans un ricanement mesquin, d’une douceur feinte et cruelle :
- « Mais dis-moi donc quel succès ce soir. Je suis époustouflé… Viens donc. Symbolise-moi ça.»

Il raillait, sachant qu’il l’appelait vers sa propre abdication, sa victoire en réalité, se redressant, tel un Roi sur son trône lorgnant sur ses sujets de sa hauteur royale et céleste. Dominant, comme toujours, pour toujours. A jamais Maître de tout ce qu’il voyait et qui se présentait à son désir. La gorge pourtant rauque, Alexis avait ricané à son tour :

- « Je commence à croire que tu le fais exprès... J’aurai dû prévoir une punition en cas de triche explicite... trop tard ! »

Bien évidement. Pensait-elle réellement parvenir à le bluffer si aisément ? Non. Pouvait-elle lui reprocher d’avoir sciemment pimenté le jeu en y le rallongeant ? Non. Grâce à lui, elle elle-même s’était grisée aux « victoires », y puisant une assurance scabreuse bien plus émoustillante qu’une série d’effeuillage rapide, avait plongé plus vive encore dans cette attente ardente, la rendant plus ardue. Sa main avait repoussé le plateau, amorçant sa totale défaite et elle s’était laissée glissée du canapé, se réceptionnant sur ses genoux lentement sur le tapis de fourrure. Puis, sans le quitter des yeux, elle était venue, ondulante, toujours à terre, se loger devant lui. A sa merci. A son bon vouloir.

- « Trop tard...en effet. » avait-il susurré d’une voix qui n’avait d’innocent que l’air qu’il voulait bien lui donner. « Maintenant allez… Déshabille-moi » le dire ainsi la fit rougir d’une manière si adorable qu’il n’en ricana que d’autant plus, la toisant avec arrogance, accoudé, tranquille.
Ses yeux brillaient néanmoins, coupants et elle s’y était coulée, tandis qu’il scrutait une nouvelle fois ses formes connues, surlignées, attractives qui se mouvaient devant lui, paradant devant lui, pour lui. Elle si fraîche, et pourtant si lascive sous ses doigts experts. Après s’être stoppée un instant et dans un geste beaucoup moins hâtif qu’auparavant, ses mains s’étaient avancées vers la boucle de son pantalon. A peine les avait-elle déposées qu’il y avait superposé les siennes, insinuant les doigts entre les siens, la forçant à frôler sa peau. Elle avait entrouvert la bouche, un frisson la parcourant tandis qu’il desserrait sa prise, lui laissant le champ libre. Toujours accoudé, magnifique et alangui, il l’avait observée desserrer la ceinture, en enlever la boucle. Ses doigts fins s’étaient attaqués à dégrafer le reste, s’insinuant, s’égarant légèrement, prestement sur le bord, un bref instant. Il se tendit, aux aguets, sentant la faute, sentant l’envie.
Il avait rivé ses yeux intenses dans les siens, menottant leurs regards lorsque la fermeture avait glissé sous ses doigts, sentant son corps se languir différemment tandis que le vêtement s’échappait, rapprochant l’échéance. Mais il ne lui autorisa pourtant pas d’y porter les yeux. Nul besoin. Toute la pression de l’instant se vivait dans leurs regards, sur leurs visages, les tensions, les frissons qui s’y reflétaient brièvement, les sensations différentes mais proches qui les prenaient. Il sentait ses mains couvertes par le tissu courir sur ses cuisses musclées, et souleva un peu le bassin pour favoriser la chute rapide du tissu, le trouvant soudain insupportable. Alors les mains s’étaient portées plus bas, le libérant de son envie, le temps que le vêtement ne retrouve une place à côté du reste de ses affaires. Pour mieux revenir sur sa peau nue, frôlant ses mollets, remontant à ses genoux. Il avait écarté les cuisses avant même qu’elle n’impulse le mouvement, l’incitant y retrouver aisément un refuge. Sa poitrine s’était soulevée à cette vision. Elle était là. Ceinte de soie et de broderie allusives. Entre ses cuisses. Une douce chaleur avait intensifiée le désir qui irradiait son corps, fondant dans son bas ventre, tandis que la joue douce d’Alexis,frôlait le haut de sa cuisse le bout de ses doigts jouant avant l’autre…intensifiant sa convoitise, attisant son désir, allumant une braise plus vive à sa portée.
Preminger avait inspiré une première fois, puis une seconde, manquant de s’arracher ne serait-ce qu’un instant à cette vision délicieuse, qu’il avait orchestrée et qui déclenchait un feu insidieux dans son être, cherchant des yeux un miroir. Il le trouva et s’y abîma un instant sentant la chaleur s’accentuer, se diffuser, se concentrer pourtant.

- Que faisons-nous, votre Majesté. Quels sont vos désirs à présent ?

L'entente du Titre lui avait arraché un rire orgueil mais le reste de sa phrase avait secoué son corps d'une autre origine. La voix, le chuchotement courrait sur sa peau, perçant le tissu pour réchauffant le bord de son aisne... Il avait retiré la vue exquise de son corps ployé entre le sien et de sa musculature parfaite réflété par le miroir, pour se déposer sur la perspective réelle de son visage aguicheur pelotonné contre le centre de son désir, sentant son souffle s’accélérer. Dans un seul geste, il laissa glisser sa main de son torse jusqu’au creux de sa joue moite par l’excitation, un instant, puis remonter dans ses boucles brunes.
Il avait fini par lui répondre, l’entretenant de ses envies, l’y incitant même et le Temps avait prolongé son cours dans une lenteur plus intense, se prélassant dans leurs langueurs.

Puis, après un long moment, il l’avait retirée de son repli, l’avait tirée vers son buste, la forçant à prendre place sur ses genoux, la laissant, l’incitant incruster ses cuisses autour de ses flans. Baisa sa bouche dans des caresses voraces, répétées, s’insinuant entre les lèvres, sentant qu’elle ébrouait, répondant à sa fougue, se pressant contre lui. La main droite d'Alexis s’égarait encore, et il frémit à son toucher ravivant l’ivresse dont il s’était tiré et mordilla en retour sa lèvre dans l’ enivrement. Sa main gauche se superposa à sa main, épousant un bref instant ses mouvements, les intensifiant, les guidant tandis que sa bouche quittait la sienne pour se planter dans son cou. Il semblait que l’hiver et le froid n’existaient pas. Et pourtant, apercevait-il de derrière elle, là-bas, derrière leurs moiteurs, leur désir et leur exaltation, la neige tomber dans le paysage blanc. Il lui sembla que s’ils s’étaient étendus là, sous le canapé de glace, toute sensation se serait annulée, annihilée par la chaleur ardente qui émanait de leurs corps enlacés. Oui, le froid n’existait plus, seul le Feu vivait.
Mais il s’y arracha, l’y arrachant pas la même occasion, ramenant sa main, sa paume au contact de ses lèvres. Il embrassa le creux de sa main, le bout de ses doigts suavement, s’attardant sur chaque pour faire durer la sensation, tandis que son autre main se glissait entre ses reins. Ses yeux perfides la scrutaient avides, savourant chaque baiser, chaque caresse de sa langue comme une promesse. Tout était déjà lancé mais tout adviendrait. Chaque seconde passante les rapprochait du délice et pourtant il se plaisait mesquinement à prolonger leur excitation, leur stimulation. A se soustraire à plus. A flirter avec ses limites. Il se plaisait à sentir sa puissance vicieuse dans chaque frisson qu’il faisait naître sur son corps, à explorer cette terre offerte qui n’appartenait qu’à lui et dont il était le seul maître. En ressentir les émois, les remous, les tremblements… Il guida la main d’Alexis pour la déposer sur son dos, rejoignant l’autre, loin des tentations exquises pour débuter sa proche exploration sournoise. La main gauche posée sur sa nuque, il déposa sa bouche sur sa joue, la faisant glisser sur sa peau veloutée sans y déposer pourtant le moindre baiser. Empruntant la forme de sa mâchoire, il descendit sur son cou offert, tendu comme sacrifié, n’y portant pas les crocs pourtant. Il la sentait tressaillir, sentait sa poitrine se soulever avec force contre la sienne, s’y presser, dans l’expectative de plus, dans une volonté de plus, de possession :

- « Patience, voyons, trésor... » murmura-t-il moqueusement d’un ton bas tandis que son souffle mesquin chatouillait sa clavicule.

Sa main droite remontait le long de la tulle gracile et dentellée qui paraît son ventre. Il y posa la main pleinement, résistant à l’envie de briser la frêle limite entre son corps nu et le sien encore paré. Elle n’était rien d’autre que parée d’ornements affriolants qui loin d’agresser son désir ne faisait que l’attiser davantage et l’en défaire violemment l’aurait empêché de s’en repaître un autre jour prochain… Il ne désirait que se gorger, faire monter l’envie encore plus fortement, plus intensément. S’enivrer de son pouvoir, s’enivrer de sa séduction qui l’offrait à lui. Ses cuisses s’étaient refermées encore se menottant à celle de sa maîtresse, tandis que son visage atteignait son cœur dévoilé à son emprise. Sous les battements affolés de tension, il avait déposé le premier baiser sur le pendentif s’amusant de sa chère frustration lorsqu’elle avait compris ce qu’il avait fait et de la manière dont ses cuisses avaient bougé, se vengeant ; le forçant à inspirer un peu plus profondément tandis qu’un rire s’échappait de ses lèvres. Alexis possédait de la ressource. Mais il en raffolait. Il n’y avait rien de meilleur que son corps lorsqu'elle laissait son envie, son âme s'agripper de toute ses forces contre lui, rien de plus suave et de plus excitant que son corps en demande, que ses soupirs, ses regards embrasés, que l’antre de son ventre se languissant de lui, que ce même lieu lorsqu'il en devenait maître. Ces certitudes vaniteuses l’entêtaient autant que le désir, le comblant tandis qu’il demeurait ainsi, les lèvres closes sur le collier. La froideur du saphir contrastait avec la moiteur enveloppante de leurs peaux irradiées. Il l’embrassa à nouveau, plus au bord, gratifiant alors un bout de sa chair de la tendre sensation de ses lèvres, puis descendit le visage complètement sur sa poitrine, fermant les yeux un bref instant pour se repaître de sa propre odeur qui semblait s’être incrustée dans la peau d’Alexis, comme une preuve de son appartenance. La violette blafarde, venimeuse la gagnait.
Ses lèvres s’étaient promenées sur sa poitrine gonflée, tendue, voluptueuse, sans l’embrasser, juste en savourant, admirant la manière dont la lingerie lui rendait hommage, soulignant la beauté de ses courbes, accentuant son désir.
Il aurait pu s’y perdre un instant si sa main gauche n’avait du retenir la tête d’Alexis qui s’était comme dégagée d’un vif mouvement de merveilleuse impatience.

- « Tsstsss ! Offre-toi… »soupira-t-il profondément, les yeux en yeux se relevant jusqu’à ceux de la jeune femme, avec difficulté, la chair sensuelle contre sa bouche, incrustant ses doigts dans sa chair souple. s’amusant de sa frustration l’entendant presque lui crier « Je ne fais que m’offrir » Alors, plaquant de son autre main, son bassin contre le sien, il bougea contre elle, lentement, le souffle court, à chaque mot, lui rappelant la force de son désir, haletant suavement « Ma chère, mon impétueuse impatiente… Offre-toi. Et seulement là...Tu me ressentiras jusqu’au fond de toi. Jusqu’à l’asphyxie… Jusqu’à..»

Il n’acheva pas sans risquer d'émettre une plainte. Alors promena-t-il son visage sur la naissance de ses seins, soupirant sur sa peau, leurs corps, leurs corps emmêlés se serrant ardemment, sous leurs envies exaltées. Un renouveau, une reconquête, une découverte enflammée, inédite et connue qui ne possédait nulle fin. Tout ce corps frémissait, se troublait avide à son contact et il y voguait comme un souverain fier. Explorateur. S’arrêtant aux bandes noires, aux fleurs qui dissimulaient le secret de sa poitrine, il s’autorisa un baiser long, profond sur le tissu, excitant sa frustration entre son désir et le tissu qui le séparait de sa bouche. Il donnait, jouait reprenait. Se grisait. S’enflammait aussi, sentant son corps et son envie monter encore, se diffusant sur son torse dans un fourmillement délicieux glissant sur son bas-ventre. La dentelle frustrait et sa main droite glissa de son dos pour tâter le creux de ses reins, la ployant encore plus fortement contre lui. Leurs corps se serraient, se pressaient, se répondaient, s’électrisant doucement par leurs mouvements. La limite se trouvait sous sa bouche, ferme mais dissimulée sous la soie, titillant ses sens. Qu’à cela ne tienne. Il devinait qu'elle avait fermé les yeux et lui même s'était tendu, pressant son corps, son désir entre ses cuisses impétueusement, tandis que sa bouche s'humidifiait. Que son corps ne soit jamais repu mais qu’il prolonge ainsi le désir ! Qu’elle demeure ainsi lascive, langoureuse, charnelle entre ses griffes, comblant son avidité par sa passionnelle volupté, la sentant s’étourdir de pouvoir et d’aura. Qu’il puisse sentir sur elle, sur son corps, en elle son effet, son pouvoir sa puissance séductrice et venimeuse s’inscrire dans les veines. Qu’elle fasse exulter en lui les vices.
Alexis se crispait davantage, haletante, ondoyante au gré de la descente dangereuse de ses doigts. Elle murmurait son nom avec difficulté, se tortillant contre lui sans pour autant se priver de l’attiser par ses mains, ses douces mains chaudes, entreprenantes qui couraient sur son corps, le ramenant à elle, l’obligeant là où rien ne l’aurait pourtant éloigné du plaisir. De la lumière aux ténèbres de leurs corps nus, de la tension chaude et languissante qui étreignait leur sens, montait suffoquant la convoitise fébrile de pénétrer le coeur de son désir. Son bassin s’agrippait au sien, se pressant proche, intense, puissant, au rythme de leurs soupir et il leva les yeux vers elle y trouvant la même excitation sourde, charnelle, la même fièvre tandis que sa main écartait avec impatience les faibles rubans protecteurs de son intime satisfaction. Pourtant autant il suspendit l’Instant, le prolongeant, laissant monter l'échéance, la souffrance, sa bouche s'ornant d'un sourire malsain. Il voulait la posséder profondément jusqu’aux fonds de ses entrailles, elle et ses yeux fins, son sourire effronté, son nez insolent, ses mines impudiques dictées par leurs ébats, elle qui vivait pour lui, se mouvant dans un corps sculpté pour ses fantasmes, brûlant à son contact solaire. Il voulait qu’elle chante ses louanges, se complaise dans sa Beauté, s’étourdisse sous ses caresses habiles, comme elle le faisait déjà lorsque ses doigts jouaient à la limite de leur pleine rencontre. Il l’attira vivement, l’embrassant farouchement tandis que d'un mouvement puissant, il embrasait son corps entier, enfin. Contenant la vague chaude qui les traversa sans un spasme entre ses lèvres. Enfin. Enfin finissait le jeu de sa Patience, débutait la sensation violente et exquise qui culminerait encore et encore toute la nuit durant. Qui les ferait glisser entre les franges caressantes et chaudes du tapis. Insatiables mais satisfaits. Jusqu’à la première apogée sourde. Une Nuit torride qui s’étirait, au rythme de leurs caresses, de leurs ébats, de leurs rires et conversations aussi, couchés à même le sol sur un plaid fourré, sirotant un verre jusqu’à ce que la délicieuse dépravation ne revienne les tenter, les séduire, les corrompre. Il l’avait voulue, vue et eue nue, s’imprégnant en elle, cette nuit durant à un degré si profond qu’ils ne purent le déceler alors. Alors se sentait-il roi, souverain, divin, invulnérable, se gorgeant de son corps jusqu’à l’épuisement cuisant de ses sens à vif de félicité.


L’Aurore alors et bien après avait tiré ses rayons fragiles sur son corps sublime, tandis qu’Alexis exhalait dans un souffle la déclaration de son Amour. Il avait pesé dans le lit, laissant la fourrure glisser de son dos pour ne recouvrir que le bas, caressant sa joue brûlante, laissant son corps lourd se fondre sur le sien :

-  «Sais-tu ce que tu m’évoques, ma tendre ? Ces quelques vers « Tes yeux sont à moi, qu’ils ne regardent que moi, qu’ils n’aiment que moi, qu’ils ne pensent qu’à moi. Tu es mon bien, mon trésor, mon espérance ».

Après un nouveau baiser, plus délicat et lent que le rythme passionné de leur Nuit, il lui sourit un instant, observant la neige qui s’étendait à perte de vue à travers la fenêtre, du coin de l’oeil :

- « Regarde l’Aurore. Le Temps s’écoule et pourtant… L’Immuable demeure. Cette Nuit était à nous, je te l’ai donnée. Elle n’était qu’à toi seule. Une chevauchée dans les songes polaires. Mais il y aura d’autres matins et d’autres nuits, et jamais soleil ne brûlera comme je te brûlerai ni te réchauffera comme je te réchaufferai, ne te consumera comme je te consume… avec délice avec plaisir. Tu respires par moi. Et tu es mon Bien, mon Trésor, mon Espérance. »


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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2021-02-05, 00:18 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world


Ma tête reposait sur son torse, ma main à côté de ma joue. Les soulèvements doux et lent de sa poitrine au rythme de ses respirations étaient en train de me bercer, m’emmenant au loin, vers le sommeil profond qui m’attendait, mon corps meurtri et épuisé, mais emplit du félicitait doucereuse que je ressentais au plus profond de mon être, faisant vibrer jusque mon âme. J’avais entendu sa voix raisonner sur ses pectoraux, chanter au-dessus de ma tête, tandis qu’il me demandait si je savais ce que je lui évoquais. Curieuse, j’avais relevé lentement la tête et les yeux en direction de son visage pour l’observer en contrebas. Il m’avait alors glissé des vers que je ne connaissais pas et qui avaient eu le don de me faire rire, m’enfonçant toujours un peu plus dans le sommeil, ne percevant plus vraiment la portée de ce qu’il disait ni même l’idée qu’il pouvait le penser sincèrement. Je m’étais contenté de lui souffler d’une voix enrouée et railleuse :

- Ça va les chevilles ?

Pourtant, je devais bien avouer qu’il n’avait pas tort. Depuis plusieurs mois, je ne regardais que lui, je ne pensais qu’à lui, plus rien ne m’intéressait d’autre que les moments que nous passions ensemble. Je savais que nous venions de passer notre dernière nuit dans ce moment. J’aurai sans aucun doute voulu qu’elle ne s’arrête jamais, que nous profitions de ces moments ensemble encore et encore... Pourtant déjà, il me ramenait à la vérité qu’était l’Aurore, m’évitant de me concentrer trop longuement sur la portée des ses mots, sur ce double sens possessif que je ne percevais et ne comprenais pas encore. J’avais alors baissé les yeux sur les premiers rayons rougeoyant du soleil qui traversaient la grande fenêtre, se reflétant au passage sur la grande plaine de neige qui s’étendait au dehors. Un moment d’une poésie folle, suspendu, juste après l’heure bleue, juste avant le début du matin. Malgré moi, j’avais refermé un peu plus ma prise sur mon torse lorsqu’il s’était senti obligé que cette nuit n’était qu’à moi. Peut-être avait-il voulu me l’assurer du bon côté de la vérité, de me dire que j’étais la seule en cet instant, mais je n’y avais que perçu que je n’étais jamais vraiment la seule. La suite, je ne l’avais que très peu entendu, souriant de plaisir e l’entendant me promettre d’autres matins et d’autres nuits, sombrant malgré moi dans le sommeil, entendant sa voix se mélanger et se fondre avec ma perte de conscience. Je n’avais entendu que très lointainement qu’il ne me voyait respirer que par lui, répéter la possession qu’il avait sur moi, si bien qu’au réveil, je l’aurai oublié, pensant sans doute que je rêvais d’ores et déjà...

Lorsque j’avais ouvert les yeux, le soleil était déjà haut dans le ciel, la matinée était bien entamée. Clignant des yeux face à la luminosité qu’il nous envahissait, je m’étais retournée en direction du corps d’Erwin qui dormait toujours à mes côtés, profondément. Avec douceur et sans faire de bruit, j’avais récupéré sa montre qu’il avait pris le temps de poser sur ma table de chevet à un moment de la nuit pour regarder l’heure qu’il était. Onze heures. Nous n’avions pas dormi beaucoup mais je pouvais encore me rattraper sur l’après-midi avant le réveillon du soir. De son côté, je me doutais qu’en ce 24 Décembre, sa femme attendait de lui qu’il rentre au moins pour midi, ne serait-ce que pour l’aider à terminer les préparatifs avant le soir. Lentement, j’avais fini par sortir du lit pour me diriger vers la salle de bain, y récupérer un peignoir de bain. Une fois mit, je m’étais dirigée vers la cuisine pour y trouver ce qu’il avait prévu pour le petit-déjeuner, se doutant sans aucun doute qu’il passerait la nuit ici. J’avais pris le temps de tout assembler avec soin, les déposant sur un plateau pour un petit-déjeuner au lit, une fantaisie qui semblait lui plaire plus que de mesure puisqu’il en avait fait SON petit-déjeuner de Roi. C’était jusqu’alors une coutume que j’avais très peu comprise, pestant toujours de l’inconfort que provoquait la tenue du plateau et la nourriture qui s’étalait de partout sur les draps. J'étais maladroite, je l’avais toujours été, et l’idée que gâcher l’endroit où je dormais avec des tâches de nourritures ne me faisait pas vivre l’exercice avec plaisir. Pourtant, grâce à lui, j’avais fini par m’y habituer. Il m’avait offert une incroyable soirée, c’était à moi de lui offrir la matinée qui allait avec. Une fois tout correctement placé, je m’étais dirigée vers mon sac à main pour en sortir le cadeau que j’avais emballé dans du papier violet avec un nœud doré avant de le déplacer sur le plateau, de son côté du plateau. Avec la plus grande précaution, j’avais récupéré toute ma préparation pour la ramener jusqu’à la chambre. Je la posais avec douceur sur la commode qui y était disposer avant de m’allonger de nouveau dans le lit, lentement et de passer mes mains autour de son torse. Une fois de plus, je m’étais redressée sur lui pour l’embrasser comme notre réveil précédent, picorant son cou, sa mâchoire, jusqu’à sa pommette lorsque je le sentis bouger un peu violemment, visiblement agacé du contact. Ne m’en formalisant pas, je m’étais contenté de lui répondre d’une voix douce et légèrement mutine, en chuchotant pour ne pas l’agresser :

- Je sais, je sais, tu ne supportes pas d’être réveillé, Ta Majesté. Mais il faut que tu te réveilles, si tu voulais dormir plus, il aurait fallu que tu me “laisse tranquille” plus tôt cette nuit... Mais là... c’est l’heure... il... il faut qu’on parte bientôt...

J’avais déplacé avec tendresse une de ses boucles noires en dehors de son visage avant de déposer un baiser aérien sur ses lèvres. Sortant de nouveau du lit, je précisais d’une voix un peu plus forte :

- Mais je ne suis pas une tortionnaire aussi terrible que ça, j’ai fait le petit déjeuner. Allez, hop hop hop il est onze heures !

J’espérais que la nouvelle finisse de me pardonner entièrement à ses yeux tandis que je déposais le plateau avec précaution entre nous lorsque ses yeux se posèrent sur le cadeau, je lui souriais malicieusement :

- Joyeux Noël, mon ange.

Je m’étais installé avec douceur à ses côtés, observant le paquet qu’il prenait dans ses mains avec appréhension. Au cas où sa vue lui faisait défaut, ce n’était évidemment pas un triptyque mais j’espérai que mon modeste cadeau lui plaise tout de même. J’avais été surprise de voir à quel point la femme que je serai dans 10 ans aux yeux de cette simulation n’était pas si différente de moi. Je m’étais longuement questionnée sur qui elle était, ce que j’étais devenu mais lorsqu’on m’avait annoncé l’arrivée du tableau et que j’avais pour la première fois posé mes yeux dessus, j’avais été choquée de voir que le tableau interne renfermait le Portrait de Dorian Gray avec le visage d’Erwin, comme un clin d’œil à notre première rencontre, à la première fois qu’il m’avait mise dans l’embarras, m’obligeant à m’avouer ce que je n’avais pas vu jusqu’alors : la Beauté et l’élégance qui était la sienne, celle qui me transpercerait, me brûlerait quelques mois plus tard, sans ne serait-ce que me soucier à cet instant des conséquences ou d’un possible mariage que je l’aidais à bafouer. Si cela m’avait autant marqué, c’était sans doute parce que ce cadeau que je lui offrais dix ans plus tard faisait écho à ce tout premier cadeau qu’il avait dans les mains et qu’il s’était empressé de déballer. Au cœur du papier violet, il avait trouvé la première édition du Portrait de Dorian Gray, un livre d’une valeur inestimable dont j’avais pu faire l’acquisition avec les Templiers sans qu’il ne me coûte rien. Plus un symbole pour moi qu’une réelle valeur pécuniaire malgré le fait que c’était véritablement un objet de collection. En feuilletant les pages, il observerait encore les annotations de l’auteur, de son écriture fine et légère. Erwin aimait les livres anciens, il me l’avait dit, je lui avais précisé que je ne pourrais pourtant pas lui en vendre et encore moins lui en offrir, qu’il ne servait que de patrimoine et pourtant, celui-ci était un véritable cadeau.

Malgré mon angoisse et la vague de panique qui m’avait submergé en atteignant le moment fatidique, j’avais été plus que soulagée en le voyant réagir avec joie au cadeau que je lui offrais. Je l’avais laissé exulter, désormais rodée à l’exercice bien que son enthousiasme ne pût pas être le même que celui du triptyque, je le savais bien. Notre histoire n’avait après tout commencé il n’y avait de cela que 4 mois, le cadeau était à la hauteur de la relation parcouru et sa joie l’était tout autant. Pourtant sincèrement soulagée, nous avions pris le petit déjeuner avec un enthousiasme certain et après une douche chacun de notre côté, nous nous étions rhabillés et j’avais récupéré mes affaires. Avec la plus grande précaution, j’avais déposé l’écrin qui renfermait mon collier dans mon sac et après un dernier tour du propriétaire qui me laissaient encore des souvenirs aussi doux que sensuels pour certains, j’avais dû me rendre à l’évidence : nous étions prêts pour le départ. J’espérai sincèrement que ce chalet soit à lui, d’une façon ou d’une autre, que nous aurions l’occasion d’y revenir ou d’y partager d’autres moments, qu’il deviendrait aussi notre bulle hors du temps, loin du quotidien et de Storybrooke dans des moments particuliers mais je n’en avais rien dit. Bien trop pudique, je voulais m’épargner une réponse désagréable ou qui n’irait pas dans mon sens, je voulais aussi lui épargner le rôle de la nostalgique qui s’accrochait, même si c’était bien de cela dont il était question. En silence, j’étais monté en voiture et après un demi-tour, j’avais jeté un dernier regard au chalet avant de regarder droit devant moi, déglutissant pour garder contenance.

Le chemin qui me ramena jusqu’à mon appartement vu extrêmement court. Tout avait une fin après tout. Une fois garé à l’arrière, plus proche de la porte de mon appartement et bien plus à l’abris des regards aussi, j’avais posé les yeux sur le tableau de bord une heure moins le quart. Il était décidément temps pour lui de rentrer. Déglutissant une nouvelle fois, j’avais tourné la tête vers lui posant ma main sur sa joue avec douceur. Je m’étais alors redresser pour poser mes lèvres sur les siennes, puissamment, entièrement, comme pour lui transmettre en un instant tout mon amour, tout ce qu’il me manquait déjà, tout ce qu’avait était pour moi cette folle aventure de 2 jours en réalité, 5 dans nos rêves. Nous n’avions jamais été aussi longtemps ensemble de façon discontinue. Je savais désormais pleinement pourquoi et cette pensée me transperçant le cœur, intensifiant mon baiser. C’était comme connecté mon âme à la sienne, plus puissant encore et différent de tout ce que j’avais pu l’embrasser jusqu’alors. J’avais alors amorcé un retrait volontaire, m’arrachant douloureusement au contact mais avec une raison certaine, comme terrifiée à l’idée qu’une seconde de plus sur ses lèvres puisse me consumer toute entière. Posant une nouvelle fois ma main sur sa joue, je la lui avais caressée avec un léger sourire :

- Merci pour tous ces moments... C’était mon plus beau Noël depuis... longtemps.

Peut-être même depuis toujours.

- Joyeux Noël, passe de très bonnes fêtes.

Ne sachant quoi dire de plus, me refusant à ajouter un “on se revoit quand ?” ou un “on s’appelle”, sachant aussi pertinemment que tout ceci était implicite, je m’étais arrachée de la voiture avec une certaine rapidité, comme pour compenser la douleur qui grandissait en moi et dont je ne laissais rien transparaître. Après un dernier regard, je m’étais tournée vers la porte et je m’étais engouffrée dans le hall rapidement, refermant dernière moi. Les larmes aux yeux, j’avais monté les escaliers pour me glisser dans le cocon de mon appartement, la douleur du départ amoindrit par les merveilleux souvenirs que me laissaient nos moments. Oui... c’était sans aucun doute le plus beau de tous mes Noël et j’ignorais encore à cet instant que je n’avais pas encore découvert le plus beau des cadeaux qu’il m’avait faits, celui-ci grandissant très lentement, au creux de moi, comme un souffle de vie révélé par la magie de cette fête.

FIN pour Alexis



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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


ANAPHORE
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
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________________________________________ 2021-02-10, 20:42 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Everybody wants to rule the world



Il rêvait...d’un souvenir lointain venant hanter sa nuit paisible et rompue par la fatigue… La mémoire faisait et traçait son œuvre… Il était perché sur un plan vaste et chargé de chiffres, le souffle et la chaleur d’une femme blonde penchée par dessus son épaule, tandis que sa main désignait un point entouré. Son regard remontait jusqu’à son interlocutrice et elle ouvrait la bouche pour lui répondre... Une fillette blonde les rejoignait soudain, dans un sourire d’excuse vaporeux, glissant sur le sol de marbre jusqu’au petit divan pour il se trouvait assis pour stopper sa course devant la femme. A cette vue, celle-ci se désintéressait soudainement du plan, de lui, pour se saisir de l’enfant, la hissant prestement dans ses bras, tout en réprimant une grimace sous le poids de l’effort :

- « Anneliese, mon enfant… Ta leçon de piano est déjà terminée… ? »

Il avait pesté entre ses dents blanches, s’agaçant de se voir si soudainement interrompu, tandis que la petite acquiesçait d’un sourire lumineux, les mains déjà repliés farouchement sur le cou de sa mère comme craignant de s’y voir arraché.

- « Oui.. Le professeur a dit que j’avais fait une belle prestation, aujourd'hui... » son petit nez s’était froncé en direction du plan, tandis que la main de sa mère caressé les boucles souples de sa chevelure d’or. « Et vous que faisiez vous, Maman ?  » avait-elle enchaîné rapidement
- « Merveilleux, je suis fière de toi… » déclamait déjà sa mère. Puis oscillant à la question de sa fille, semblant se remémorer soudainement SA présence, son visage avait fait un léger mouvement pour croiser le sien, relevant un regard amusé vers lui, hésitante « Je discutais de sujets compliqués avec Preminger… »
- « Rien qui ne vaille une histoire pour petite fille ou une charmante princesse » s’était-il entendu déclamer avec grâce s’attirant un sourire de la reine tandis que l’enfant avançait une moue déçue :
- « Rien qui ne vaut une histoire ? »
Son ton suppliant arracha un rire léger à sa mère :
- « Non. Preminger a raison, le Temps viendra bien assez vite pour ces sujets d’adulte… Mais je peux te compter un autre type d’ histoire si tu le souhaites… »
Dans un geste, le dos sûrement sous l’effort, elle s’était laissée s’asseoir à SES côtés, l’enfant assise sur ses épaules et il avait alors esquissé un geste pour s’en extraire, faisant tourner le regard de la femme vers lui, :
- Non. Demeurez, Preminger. Je vous promets que votre présence est appréciée.
L’enfant indifférente à son « dilemme » courtois s’écriait déjà :
- « Oui ! Comme ça, Preminger pourra l’entendre aussi. Pouvez-vous me raconter celle de l’oiseau et l’épine ? »
- « Oh  Anneliese, elle est bien trop triste… Ne préférerais-tu pas quelque chose de plus joyeux ? Le récit de la larme solaire ? »
Et elle avait tant soupiré de son air le plus fourbement doux que la Reine avait cédé, pour narrer alors :
- « Très bien… Selon une légende, il est un oiseau qui ne chante qu'une seule fois de toute sa vie, plus suavement que n'importe quelle autre créature qui soit sur terre. Dès l'instant où il quitte le nid, il part à la recherche d'un arbre aux rameaux épineux et ne connaît aucun repos avant de l'avoir trouvé. Puis, tout en chantant à travers les branches sauvages, il s'empale sur l'épine la plus longue, la plus acérée. Et, en mourant, il s'élève au-dessus de son agonie dans un chant qui surpasse celui de l'alouette et du rossignol. Un chant suprême dont la vie est le prix ! Le monde entier se fige pour l'entendre, et Dieu dans son ciel sourit. Car le meilleur n'est atteint qu'aux dépens d'une grande douleur... ou c'est du moins ce que dit la légende…
- Vous ne le pensez pas, Mère ?
- Non… Le meilleur n’est jamais source de sacrifices…Il ne devrait jamais justifier de sacrifices... 
- « Mère, alors pourquoi le fait-on ? »


Who's side am I on?
Who's side am I?

Prreminger avait ouvert les yeux brusquement. L’éveil se réveillait plus redoutable que l’endormissement. Le second s’était fait sans crier gare, d’épuisement peu après elle, tandis qu’elle reposait abasourdie et rompue sur son torse. Et pourtant déjà ce sommeil dont il avait si peu profité lui était déjà retiré. Peu importait la manière, il détestait être forcé de quoique ce soit et à cet instant précis, il détestait profondément être tiré du sommeil, si bien qu’il avait gigoté un peu, tentant de se retirer de l’étreinte tendre mais agaçante qui l’en ôtait. Non contente de le comprendre avait-il fallu qu’elle se mette à parler ensuite, pour justifier sa conduite… Le timbre de sa voix tout aussi calfeutrée qu’elle tentait de la maintenir était un supplice pour son sommeil et il hésita presque à se retourner totalement pour l’ignorer royalement et replonger dans les profondeurs appréciables du repos. Qu’importait si le repos prenait la route de souvenirs vicieux et insignifiants, dont les personnages ne possédaient qu’un visage lisse et vide dénués de traits. Il les avait reconnu. Las, il aurait haït le rêve si la perspective de l’éveil ne lui avait semblé plus odieuse encore.. Mais las, si sa volonté combattait, son esprit, lui, s’éveillait, prenant acte des informations transmises par Alexis. L’heure, le jour… Tout ce qu’il fallait stopper, tout ce qui devait à présent reprendre.. Le Temps qu’ils avaient eu et qui ne leur appartenait à présent plus. Il s’évadait vers un ailleurs, vers une autre. Se redressant un peu sous les couvertures, il papillonna des cils pour s’habituer à la lumière blanche et aérienne du jour, puis posa une main dramatique sur ses yeux pour s’y soustraire, comme brûlé par l’insupportable luminosité qui régnait dans la pièce :

- « Peste soit la neige… ! Elle reflète bien trop.. C’est odieux toute cette clarté » soupira-t-il d’une voix plaintive, tandis qu’elle lui annonçait l’horaire « Onze heures, treize heures, seize quelle importance ? »

Mais il y en avait de l’importance, il n’était pas sans l’ignorer. Et malgré la désagréable impression d’avoir été tiré hors de sa paresse, son esprit s’ébrouait, prêt à embraser cette nouvelle journée. Pourquoi diantre avait-il programmé une soirée pareille dans la nuit du 23 au 24 décembre ? N’avait-il pas envisagé les fêtes ? Et pourtant, malgré la fatigue qui recouvrait l’ensemble de ses membres, lui embrumant encore la tête, il ne regrettait rien de la fougue de la nuit. Il se l’était promis et se l’était accordé, s’ajoutant à cela les souvenirs vivaces et non moins plaisants de l’expérience inédite et futuriste à laquelle ils s’étaient prêtés peu de temps avant. La main toujours posée sur son front, il descendit un peu les draps de son buste de l’autre, accueillant avec un sourire l’indication d’Alexis. Bien sûr qu’elle avait fait le petit-déjeuner. Tout avait été prévu dans ce sens… même son humeur maussade à « l’aube ». Il sentit qu’elle le déposait d’ailleurs sur les couvertures et il se redressa complètement, la main toujours sur le visage, les doigts un peu écartés pour distiller la lumière. Bien qu’il ait réussi à l’apprivoiser, quel mal y avait-il à se montrer un peu excessif ?
Son bras droit encore endormi se déposa sur le dos de sa conquête, enserrant son corps contre le sien, tandis que son torse se secouait légèrement d’un rire étouffé, moqueur.

- « Tu n’as rien d’une tortionnaire, très chère. Ni l’âme ni le coeur, ni le cran. Mais quelle importance, je préfère l’être pour deux » souriant à sa plaisanterie dont lui seul saisirait l’ironie.

Il laissa sa tête se déposer contre la sienne, boucles contre boucles, observant pour la première fois le plateau disposé entre les draps, sentant son ventre s’éveiller brusquement à cette vision, réclamant son dû. Il raffolait de ces traditions d’un autre temps si présentement inscrits dans son être. Son séjour dans son époque presque le lui faisait ressentir encore plus profondément et il se serait empressé d’engloutir son petit déjeuner avec toute la grâce du monde si son attention ne s’était pas trouvée captivée soudainement par le paquet violet qui résidait sur le plateau. Un sourire était né sur ses lèvres altières. Brusquement, il ne regrettait plus l’heure ni le réveil, son attention focalisé sur le mystérieux paquet et le présent qui s’y dissimulait. Maintes et maintes fois, il avait songé à son cadeau, s’interrogeant si au regard de la courtesse de leur relation dans le temps elle prendrait la peine de lui offrir quelque chose. Toujours était-il venu à la conclusion que oui. Toujours pour un lot de raisons simples et évidentes : il était Preminger, le rêve de tous à chacun et elle l’aimait. Le contraire eut été profondément vexant et source d’un dépit néfaste pour le sort qu’il lui destinait… Emprunter la voie qu’il lui destinait demanderait à la jeune femme une fiabilité sans faille. Y était-elle déjà ? Peut-être plus vite qu’il ne l’avait cru alors, mais tout de même… Dans de prestes mouvements, ses doigts défaisaient le nœud, le paquet, lentement et pourtant avec une avidité crispée. Chaque mouvement lent déchirait néanmoins le papier pour atteindre l’objectif, le cadeau, encore amusé par l’appellation si naïve dont Alexis l’avait gratifié. « Mon ange ». Il avait manqué de s’esclaffer, rejetant la tête dans l’oreiller, sous une quinte de rire roucoulant, mais s’était tout juste mordu la langue, pour s’en stopper l’envie seule. Mais pas l’hilarité orgueilleuse dissimulée derrière ses yeux luisants. Oui. Il méritait ce surnom, cette comparaison de par cette beauté qui s’extirpait de lui-même, pour se déverser sur le Monde vulnérable. Lorsqu’il paraissait, ses cheveux blancs encadrant son visage parfait, voilà ce qu’ils voyaient, la Beauté faite corps, la Beauté pure, intacte, sans tâche ni défaut. Une perfection physique incarnée…. Un ange déchu paré d’une apparente immaculée innocence. Finalement, il raffolait de l’idée du surnom, un air flatté s’inscrivant sur son visage tandis que son attention demeurait rivée sur ce qui lui était offert. Il voulait le voir.
Ce qu’elle lui offrait alors avançait d’autant le cadre de leur relation. De par son travail, ses fréquentations, Alexis était une femme de bon goût… Mais celle qu’elle avait été avant qu’il ne la rencontre, la jeune danseuse dépravée, celle-là… Cette ancienne vie restait toujours une énigme mais il mettait cela sur la fougue rebelle de la jeunesse. En attendant, il le vit enfin… Son cadeau ! Un superbe livre à la couverture de cuir, aux pages datées et soigneusement tracées à l’encre. Une magnifique acquisition, une valeur certaine, unique, même.. Il s’agissait d’un exemplaire unique, même… Le premier. Léger mais précieux, il sentait le poids des années entre ses mains, songeait à sa valeur pécuniaire colossale.. Le simple fait de détenir entre ses doigts un objet d’une si grande valeur faisait briller ses yeux. Mais plus que cela, il laissa la pulpe de ses doigts caresser lentement le titre de l’ouvrage tandis que sa bouche s’ouvrait pour exhaler un rire cristallin :

- « Le portrait de Dorian Gray ? Trésoooor, voilà qui m’indique que pour ton esprit il n’existe nul personnage plus proche de l’idée que tu te fais du physique parfait de ce personnage que mon visage, n’est-ce pas ? Dix ans plus tard, ce constat ne te quittera pas d’ailleurs… Mais…..j’ai pu constater par moi même pourquoi » il déposa un baiser leste sur sa joue « tu me flaaaaates, trésor…tu me gââââtes aussi... » il gloussa à nouveau, ses mains crispées autour du recueil « Je suis raaaavi, vraiment… A cause de ton si éblouissant amour qui me pare d’une telle Beauté sous ton regard, bientôt j’en viendrais presque à me questionner sur mon passé dans le monde des contes. Je vais finir par croire que j’étais réellement Dorian Gray » ajouta-t-il avec arrogance « Mais j’en suis enchanté...Que tu aies accès à un tel savoir, à une telle richesse...quelle merveilleuse chance ! Je me délecterais de cette relecture, j’en suis persuadé.»

Il avait exulté avec une sincérité franche. S’il était nombre de sujets où Preminger n’était qu’hypocrisie, ce qui menait à sa satisfaction n’était jamais sources de mensonges. Si son orgueil se trouvait flatté, sa vanité irradiait alors puissamment, jusqu’à ce que la lassitude le prenne ou qu’une autre envie ne vienne.
Bien évidement ce n’était pas aussi glorieux que le magnifique triptyque qu’il regrettait tant mais…il fallait admettre que la magnificence de ce présent l’avait lui-même surpris, aussi comment aurait-il pu lui reprocher de ne pas l’avoir réalisé à cette époque ?
Leur séparation s’était accélérée, lorsque la joie étant passée et le sommeil l’ayant définitivement quitté, il avait pris conscience de l’horaire. Georgia s’inquiéterait s’il dépassait l’heure du repas, il lui avait promis de rentrer avant afin de manger en sa compagnie. Même s’il ne souhaitait rien que de ne pas y paraître. Et pourtant…
Prestement, il avait rejoint la douche, laissant l’eau purifier son corps de la fatigue de la nuit en ressortit fraîchement pomponné et parfumé, rangeant le livre précautionneusement dans la sacoche de cuir noire qu’il avait pris soin d’emporter en prévision de l’éventuel cadeau. Elle n’avait pas trop traînassé en salle de bain, leur permettant de quitter l’endroit ans des temps tout à fait raisonnables, non sans un dernier regard sur le lieu. Une riche idée que cela avait été de réhabiliter totalement ce petit chalet. Il ne se composait que de quatre pièces mais la beauté de l’ameublement qu’il avait ordonné donnait à l’ensemble une fraîcheur plaisante. Loin de l’opulence qui caractérisait son style mais non moins onéreux. Il se demanda si elle pensait naïvement qu’il l’avait louée… Une moue dégoûtée parcourant son visage à l’idée répugnante de se glisser dans des draps où d’autres, auparavant, étaient venus vautrer leurs guêtres et leurs corps. Quelle horreur ! De toute manière, la réponse se faisait évidente si on observait l’exigeante beauté des lieux derrière l’aspect des plus quelconques de l’endroit à l’extérieur…

Alors qu’elle demeurait plutôt silencieuse, il discourut tout le trajet du retour. Pestant tantôt sur la consistance de la neige tombée au cours de la nuit, s’émerveillant soudain des flocons dans le ciel, jetant des coups d’oeil satisfaits à son reflet dans les divers rétroviseurs du véhicule. Alexis traînait avec elle une humeur nostalgique qui aurait pu gâter son humeur dans d’autres circonstances mais dont il s’enchantait sur le moment. Il lui saisit même de sa main gauche un instant, la portant à sa bouche pour y déposer un baiser soigné sur son dos.
Il la raccompagna jusqu’à l’arrière de la boutique, garant sa voiture à l’arrière du bâtiment, un petit endroit bien moins visible de l’extérieur qui abritait la confidentialité de leur liaison. Elle resta pourtant un bref instant ainsi, sans sembler se décider à sortir, préférant saisir son visage entre ses paumes pour le gratifier d’un long baiser d’une profondeur inédite encore. Il possédait la force du désir mais plus encore la densité de son amour et la peur du manque qui viendrait alors. Elle s’y arracha pourtant, à regret, pour vivre néanmoins, survivre sans lui et le lui permis, ne cherchant pas à raviver et créer encore une brèche plus sinueuse dans les ravages qu’il causait en elle. Se contentant de lui sourire avec hauteur lorsqu’elle se mis à le remercier de la manière si généreuse dont il l’avait gratifié depuis le crépuscule précédent.

- « My pleaaaaaaaaaaaasure, trésor... » fut sa seule réponse distillée avec la désinvolture d’un généreux bienfaiteur.

Mais avant qu’elle n’ait eu le temps de reculer et d’éviter le reste, il attira une nouvelle fois son visage auprès du sien, scellant leurs lèvres langoureusement, lui rappelant même ce qu’elle avait cherché à éviter, la douleur du manque, l’envie et la souffrance. Puis, il la lâcha brusquement de son étreinte, contemplant son visage bouleversé avec la satisfaction de l’artiste devant sa toile. Elle en profita pour s’enfuir presque, à regret non sans un dernier regard et il avait ensuite quitté les lieux non sans un superbe salut de la main.
La route qui l’avait ramené chez lui fila avec une rapidité satisfaisante, malgré l’heure annoncée au compteur. S’il avait envoyé un discret message à sa femme avant de quitter le chalet sans que la libraire ne le remarque, il savait pertinemment que la route empruntait divergeait de celle qui aurait du mener de la maison de Midas à son manoir…
Ouvrant les portes, il gara la voiture dans le garage prévu à cet effet puis glissa les clefs dans la poche de son veston de soie, non sans jeter un coup d’oeil aux environs déserts du quartier. Sûrement la perspective du réveillon incitait les voisins à s’empresser aux fourneaux… Pour la médiocre qualité alimentaire qu’ils produisaient pourtant, nombre d’eux auraient du se contenter de recourir à un traiteur… Georgia ne serait guère de cet avis, évidement… Introduisant la clef dans la porte, il franchissait à peine le perron qu’il fut accueilli par la voix claire mais néanmoins inquiète de son épouse :

- « C’est toi ? »

Humant l’air, il ouvrait la bouche pour répondre lorsqu’elle arriva soudain, déversant son parfum de lilas autour de lui, auréolée de la robe choisie pour l’occasion lamée d’argent tirant et se transformant dans un pâle doré aux extrémités. Une plaisante acquisition qu’il ne connaissait pas et qui lui allait à ravir, il devait bien le reconnaître. Apercevoir son visage n’aurait jamais du lui causer une surprise ou un émoi particulier, il la voyait, la dévisageait tous les jours durant depuis des années...mais les événements futurs déclenchèrent en lui un électrochoc glacial. Il revit son absence, en pris la mesure, le degré. La trahison. Il aurait du savourer la joie du futur, s'accrocher à ce qu'il saurait maintenir pour s'assurer la Victoire mais s'arcbouta rageusement n'y voyant que la trahison finale.

- « Qui d’autre, penses-tu, possède la clef de cette maison ? » fut sa seule réponse plus aigre qu’à l’ordinaire alors provoquant un mouvement surpris chez la reine.

- « Je me demandais si tu n’avais pas rencontré un souci sur la route... »

Le manque de souffrance et de colère que sa réponse provoqua chez elle, mettait ses nerfs à vif mais pourtant tempèrent son ton. L’instant d’après, la vexation avait quitté son visage, remplacée par le ton habituellement doucereux qui lui était destiné :

- « Je suis simplement passé chez le concessionnaire récupérer un de mes véhicules...mon ange.» le compliment était sorti difficilement et pourtant elle n’avait pas eu l’air de le remarquer.

Prestement même, elle avait anéantit l’espace qui figurait entre eux pour l’embrasser avec plus d’effusion qu’à l’ordinaire et n’avait pu reculer pour s’y soustraire, sachant très bien que la porte derrière son dos limitait les actions possibles. Il aurait mensonge de considérer que Georgia réagissait vivement. Son baiser lui ressemblait, doux, agréable, suave, dénué de toute agressivité, il caressait plus qu’il n’attisait, ne cherchant qu’à témoigner de son affection, de son amour. Mais il suffoquait toujours lorsqu’elle se prêtait à l’exercice, sentant son parfum délicat s’infiltrer sur lui, dans les moindres de ses pores, l’immobilisant pleinement. Il trouvait le contact insupportable, oppressant lorsqu’il n’en n’était pas à l’origine, à l’initiative

-« Oh excuse-moi Tu dois avoir faim, non ? »[ Finit-elle par demander en rompant leur baiser, reculant un peu « Je me suis laissée emporter. Ne t’inquiète pas...Je t’attendais pour manger, je vais faire réchauffer l’ensemble et nous pourrons passer à table d’ici quinze minutes. Si cela te va. »
- « Cela me va... » souffla-t-il en la suivant dans le salon, s’asseyant un instant sur le canapé tout en croisant les jambes « Je t’attends ici si tu veux... »

Elle hocha la tête et disparu dans la pièce non loin de là non sans lui avoir adressé un sourire heureux. Petite sotte. La colère qu’elle avait tempéré lui parut soudainement insupportable et il crispa la main sur le tissu du diva, laissant ses doigts s’insinuer dans le tissu.. La revoir là, agir ordinairement, joyeusement, aux petits soins lui rappelait le sort futur. La trahison, la déloyauté. Une petite traîtresse. Elle méritait de souffrir, elle et sa présumée pureté, sa moralité, son soit-elle amour…
S’arrachant à la contemplation rageuse de l’endroit où elle venait de disparaître, il ramassa lentement un livre abandonné sur le sofa, visiblement la dernière lecture de sa femme qu’elle avait du abandonner à la seconde où elle l’avait entendu rentrer à la maison. « On ne badine pas avec l’amour »… Un rictus sporadique naissant sur sa bouche âpre… Il s’apprêtait déjà à ricaner lorsqu’une voix le fit sursauter.

- « Tu l’aimes ? Je suis sûre que tu l’as déjà lu. »

Georgia était revenue, elle lui souriait de son exécrable gentillesse, adossée à la porte.

- « Tu n’es pas sans l’ignorer. J’aime le style de l’auteur, je te l’ai déjà dit, il me semble »

S’il l’avait dit sans vouloir le reproche, le ton l’avait trouvé seul, trop bercé de sa volonté hautaine de blesser. Mais elle n’avait pas semblé s’y attarder, préférant le rejoindre, déviant la tête vers le livre qui reposait sur ses genoux :

- « Il est passionnant.. Et très juste sur certains points. Rempli de véracités là où on ne penserait pas.»
- « Oui je trouve aussi. »

Il avait sourit, dédaigneusement, ses yeux rusés croisant ceux bleus de celle qu’il avait pris pour épouse. Elle l’observait de son insupportable air innocent, comme attendant son explication comme il l’avait espéré. Scrutant ses réactions… Alors déclama-t-il finement :

- « Cette vision de l’être humain...Comment est-ce déjà.. » il tourna les pages rapidement pour s’arrêter à un passage le lisant à voix haute « Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux… Orgueilleux et lâches, méprisants et sensuels. Toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées… »

Il sentit leurs yeux se croiser plus qu’il ne les vit. Elle, elle qui le trahirait. Elle par tout commencerait pourtant. Son trône. Son royaume. Une surprise sincère vogua en elle, se reflétant sur ses iris. Elle ne pensait pas les êtres humains ainsi, elle si profondément persuadé de leur bonté originelle, de leur rachat, aussi. Etait-elle à ses yeux, telle qu’il venait de le décrire ? Une de ces femmes décrites précédemment ? Le portrait fait chair de la vanité et de la dépravation derrière ses aimables traits si paisibles, le triomphe de la vénalité derrière le masque d’une bienveillance factice ? L’orgueil corrompait-il la beauté de son esprit ? Non. Il savait que non, il la savait incorruptible, droite, généreuse.
Et déjà elle s’esclaffait un peu mi-atterrée mi-rieuse, déposant sa tête blonde sur son épaule.

- « Oh non, mon ange… Jamais. Crois-tu que je pourrais seulement envisager ne serait-ce qu’un seul instant de t’assimiler à ce noir portrait ? J’en mourrais sur le champ. » Sa main gracile se glissa entre les siennes

« Non, vous ne mourriez pas, "Majesté". » Il ne lui avait pas fallu une simulation pour le savoir. Il l’avait toujours su. Toujours deviné. Il l’avait abaissée, brisée, asservie de toutes les manières, avait insufflé la dépendance dans ses veines, dans son souffle et ses pensées, éradiqué tout autre bonheur à son seul profit, ne rencontrant que le roc, la force de la pierre. Le cœur de Geneviève souffrait mais battait. Elle était faite d’une autre trempe, quelque chose d’une noblesse différente que celle dont il avait toujours rêvé. « Vous ne mourriez pas...Vous me haïriez… Vous le faites déjà, vous l’ignorez juste ».
Le portrait de l’homme comme de la femme ne ressemblait en rien à la Reine. Il lui ressemblait à lui. La vanité et la perfidie. Les défauts dont il se moquait, s’y complaisait, s’en gargarisait même. Mais elle, Elle, jamais… Il la détestait d’être si vertueuse… D’être si…

- « Je ne t’y assimile pas Geneviève. Jamais »

Il avait devancé la question qui n’avait même pas effleuré la reine. Plus qu’un constat, cela consistait en une vérité profonde. Un désaveu de ce qui avait résulté de sa haine primitive. Et un vif courroux quant à ce subit désaveu se superposa en lui. Pourquoi diantre ? A quoi cela importait-il de lui en faire le privilège ? Lui qui méprisait tant les valeurs qu’elle défendait…
Il déposa le livre avec humeur sur la table basse, dans un murmure entre ses dents et elle garda néanmoins sa main dans les siennes décréta doucement :

- « Je préfère bien plus le message sur la vie et l’Amour... »
- « Oh oui… J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelque fois : j’ai aimé. »ricana-t-il soudainement.

Pour cela, il lui donnait raison. O combien raison. Les sentiments, l’amour, un égarement… qu’il fallait extraire à la racine sans tarder, entailler net l’ensemble dans la roche….

- « Non... » sa voix l’ avait coupé promptement pour corriger ensuite « J’ai souffert souvent, je me suis trompée quelques fois, MAIS j’ai aimé. C’est moi qui ait vécu...et non pas un être factice créé par mon orgueil ».

Relevant la tête, pour l’observer un instant avant de déposer un baiser sur sa joue. Elle l’avait embrassé et il ne s’y était pas soustrait… Tout tétanisé qu’il se trouvait. Ses mots avaient causés un déclic, un barrage immense qu’il avait occulté à dessein et qui pourtant se réservait sciemment en lui, le forçant à le réaliser.
Il savait. Tout ce dont elle pouvait rêver, désirer. Un enfant ; une vie avec lui. Une vie heureuse, une vie simple. Dénuée de pouvoir, se reposant sur ce qu’ils possédaient déjà...ce qui constituait pour elle et avait constitué une source de bonheur. Quelque chose qu’elle déterminait suffisant. Il était suffisant… Plus que ça, il était réellement l’Avenir qu’elle envisageait. Ce lui, factice, ce masque généreux qui ne le quittait que peu lorsqu’elle se trouvait à ses côtés, cette image bienveillante, lumineuse qu’elle possédait de lui-même. Dans dix ans elle s’y voyait encore, se satisfaisant de ce qu’ils possédaient, souriant à ce qu’ils vivraient peut-être. Ce pourquoi même dans le futur célébrant sa victoire elle était restée à ses côtés, longtemps aveuglée, longtemps confiante.
Parce qu’elle était ainsi, parce qu’elle vivait, incarnait une bonté jusque dans ses espérances. Cette bonté qui la faisait naïve et sotte à ses yeux et qui la faisait croire si puissamment à toutes choses incroyables et fantasques comme la Bonté de l’Homme. De lui-même. Lui qui se savait et se sentait puissamment et encore plus à cet instant encore alors qu’elle demeurait proche et douce, mauvais et déchu. Son Antithèse. Son opposition.
Il était cet être, cette contradiction de vie qu’elle dénonçait avec autant de ferveur, sans le savoir. Celui qui « n’avait pas vécu » et ne vivrait pas à l’en croire… Etait-ce cela « vivre » pour le commun des personnes, pour le commun des mortels ? Se satisfaire de toute cette vie, faire son but son objectif d’y demeurer ? De se satisfaire de son amour, de ce qu’ils avaient ? De voir son bonheur dans les yeux d’une autre personne ? Pouvait-il le faire ? A nouveau, il venait ce choix que la malédiction lui accordait, pourtant fait des années auparavant dans une contrée lointaine où vivait l’opulence et la misère, et où la bonté côtoyait la malfaisance. Les choses avaient-elles changées ? Il l’avait toujours su. Su que l’instant arriverait. S’était extrait des risques. Sans les anéantir pour autant.
La Vérité était apparue, pourtant, alors qu’elle se détachait de lui, le visage rayonnant d’une certitude sereine et paisible…
Il n’avait jamais été question d’elle. Seulement de lui. La trahison.
Il n’y avait qu’un être susceptible de trahir et ce n’était pas elle. C’était lui. Ça avait toujours été lui. Celui qui avait trahi. Dans son passé, dans leur passé. Celui qui avait refusé ce qu’il pouvait avoir pour poursuivre plus. Toujours plus.
Elle… Elle, elle n’avait jamais trahi et ne le trahirait pas, ne trahirait rien, ne trahirait jamais.
Il semblait qu’il s’écoulait un monde entre eux, de possibles ardus et d’infaisabilités certaines. De rêves communs et incompatibles. Ca avait toujours été LUI. Le seul Maître de son Futur. De la voie qu’il adviendrait et du chemin que tracerait sa vie, leurs vies et leur relation. S’il poursuivait ce Futur esquissé, ce Monde qui lui appartenait, ce Monde où il se trouvait Roi… Ce Monde que le Destin lui destinait. Ce Monde où elle saurait l'amener jusqu'au trône...jusqu'à ce que... Ce Monde où ils déchireraient peut-être. Ce Destin où ils se brisaient en se jetant dans la conquête de ses désirs, épaulé par une Autre à qui il avait déjà ouvert sa couche.
Et ce choix était déjà fait. La trahison déjà jouée. Jouée avant même le Sort, avant même leur rencontre. Jouée à l’instant précis où se plongeant dans son propre reflet, Preminger avait insinué en lui son vice. La vanité éclose au gré de ses maintes contemplations émerveillées de son être qui avait dévoré bientôt toute considération d’autrui, toute complaisante, toute compassion. Cette insatisfaction dévorante et vaniteuse qui le prenait entier exigeant plus. Dictée par sa seule ambition et son orgueil victorieux des plaisirs qui lui étaient dus et destinés…Tout s’expliquait, tout se reliait. L’être qu’elle était, celui que l’orgueil et la vanité avaient fait devenir. Irréconciliables. Opposés. Jamais elle ne comprendrait son monde, jamais il ne la laisserait devenir plus importante qu’elle ne l’était déjà. Et quand bien même, le serait-elle. Rien de ce qu’elle ne pouvait lui proposer ne parvenait ni ne parviendrait à contenir son ambition mégalomane. Parce qu’elle était insuffisante. Insuffisante à tout ce que l’Avenir lui avait promis. Toutes les dorures qu’il avait vu sculpter sa gloire, sa beauté, sa Perfection. A toutes les capes d’hermine tissées pour lui et pour lui seul. A toutes les peintures peintes à sa légende.
« Mère pourquoi alors le fait-on ? »
- « Nous, quand nous nous enfonçons des épines dans la poitrine, nous savons. Nous comprenons. Et pourtant, nous le faisons. Nous le faisons… »

Parce qu’IL en était digne. Le seul digne. Digne de toutes les souffrances. Et parce que toute chose, aussi précieuse soit-elle, pouvait lui être sacrifiée. A son Avenir, son Ambition. A lui.
Après tout… Comment refuser ?

FIN pour Preminger

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