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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021)

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Vaiana de Motunui
Alexis E. Child
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Vaiana de Motunui
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Vaiana de Motunui

| Avatar : Zendaya Coleman *o*

Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 1sl6

Rage is a quiet thing
Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait
Rage, is it in our veins?


Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Hermes10


| Conte : Vaiana, la légende du bout du monde
| Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie

Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 FatWildAfricanporcupine-max-1mb

| Cadavres : 2902



Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 _



________________________________________ 2021-02-08, 19:23


Anges et Daemons
I want to touch the northern lights. We could leave the world behind...
▼۞▼

Pourquoi avais-je fermé les yeux ? Je me maudissais d’avoir écouté Hypérion. A présent, j’étais seule. Même Hei Hei avait disparu. J’avais beau ressentir une euphorie certaine due à la prise du comprimé, elle luttait désormais avec un fond d’angoisse.

“Tout va bien.” dis-je à haute voix afin de me donner du courage.

Je m’inquiétais davantage pour Alexis et Lyra plutôt que pour Hypérion, car il était un titan. Techniquement, il était increvable. Quant à Hei Hei, il savait se sortir –inexplicablement- de n’importe quelle situation. Je me faisais surtout du souci pour mon amie et la blonde. Il fallait que je les retrouve. Ensemble, on serait plus fortes. C'était précisément pour cette raison que l’on nous avait séparés.

“Wouaho... c’est dingue à quel point je réfléchis bien.”

Etant donné mon état, il fallait saluer l’effort de mon cerveau pour établir autant de connexions. Il avait des ressources insoupçonnées. Puisqu’il n’y avait rien d’autre que ces étranges pierres lisses, aussi blanches que la fausse neige, je m’en approchai. L’aurore boréale se reflétait dessus, conférant un aspect tantôt bleuté, tantôt vert et tantôt rose et mauve aux pierres. Je les fixais d’un air hagard, hypnotisée.

“A mon avis, je suis tellement paumée que je les retrouverai jamais.” lançai-je à moi-même.

Un rire un peu mou s’échappa de ma gorge. Même si j’étais loin de trouver ça drôle, la drogue qui se diffusait dans mes veines annihilait mes craintes. Mes émotions étaient anesthésiées.

“Qu’est-ce que tu en penses, monsieur le caillou ?” demandai-je en toquant par deux fois sur la pierre. “Tu crois que j’ai une chance de les revoir ?”

Un étrange murmure bourdonnait à mes oreilles. Il était lointain et proche à la fois, mais surtout désagréable. Cela ressemblait à une fréquence radio impossible à capter. A moins que je sois trop défoncée pour percevoir le son correctement ? Je frottai mon petit doigt dans mon oreille avec une grimace. Ce qui ne changea rien.

J’eus un mouvement de recul quand je crus apercevoir quelque chose dans la pierre, qui n’avait plus rien à voir avec l’aurore boréale. Du mouvement. Quelque chose de fluide et d’impossible à identifier. Le bruit recommença. Je me rendis compte qu’il ne s’agissait pas d’un murmure mais d’un son ressemblant à celui du ressac. C’était un bruit apaisant, en fin de compte. Le son m’enveloppait toute entière. Je me sentais plutôt bien au milieu des vagues qui n’existaient pas.

Soudain, je perdis l’équilibre quand un gros œil translucide se colla contre l’intérieur de la pierre et me scruta. Il était ENORME ! Très mobile, il cherchait à capter mon regard. Eberluée, je me rendis compte que j’étais assise sur les fesses, dans la neige, jambes écartées avec la pierre entre elles.

“Euh... je crois que là je suis plus que foncedé.” balbutiai-je à mi-voix.

Le bruit du ressac se fit de nouveau entendre, puissant, omniprésent. Étais-je en train d’halluciner ?

“C’est réel ?” demandai-je à la pierre borgne.

Peut-être était-elle la plus apte à me renseigner ?

“Ca le sera si tu le décides.”
répondit la pierre.

Sa voix était profonde, calme et masculine. Elle provoqua un frisson étrange le long de mon échine. Elle m’était familière et étrangère en même temps. Est-ce que je connaissais ce caillou ? Cela me semblait dingue mais après tout, je venais d’une île presque irréelle, j’habitais à Storybrooke, je côtoyais un titan, des dieux, une super-héroïne, alors peut-être que j’avais connu une pierre dont je ne me rappelais plus rien à l’heure actuelle. Il fallait garder l’esprit opé et open.

“Je suis pas en état de décider grand-chose, actuellement.” marmonnai-je en me grattant la tête. “J’ai perdu mes amis. Tu pourrais m’aider à les retrouver ?”

“Tout ce que tu as perdu, tu ne pourras jamais le récupérer. Tu dois avancer, Vaiana.”

Je fronçai les sourcils, peu fan de son ton moralisateur. En même temps, j’avais l’impression qu’il cherchait à m’encourager et non à me sermonner.

“Hypérion ? C’est vous qui faites mumuse avec la pierre ?”
hasardai-je.

Le caillou émit une sorte de rire, très vite noyé dans le bruit du ressac toujours présent, mais de manière plus diffuse.

“Je ne suis pas Hypérion.”
dit la pierre borgne.

Me redressant à genoux, je m’aperçus que le son du ressac allait de pair avec les étranges ondulations présentes sur les pierres plantées dans la neige qui entouraient le gros œil. A quatre pattes, je m’approchai de l’une d’elles, cherchant à comprendre de quoi il s’agissait. On aurait dit des écailles translucides, ou peut-être...

“Qu’est-ce que tu es ?” m’enquis-je, fascinée.

“Tu le sais déjà, voyons.” répondit-il d’un ton faussement bourru.

Il me semblait que cette phrase possédait plusieurs sens, mais je n’arrivais pas à les percevoir. Mon esprit butait sur le sens premier. Oui, je l’avais compris, bien sûr, mais je peinais à y croire. Je voulais savoir à quoi il ressemblait.

“Je suis un peu à l’étroit. Tu voudrais bien me délivrer ?”

D’instinct, ma paume se posa sur la pierre, en plein sur le gros œil.

“Aïe !” s’écria ce dernier. “Fais un peu attention !”

“Oh, pardon.”

Je n’avais pas pris en compte que je pouvais lui faire mal. Curieusement, des fourmis avaient parcouru ma main à cet instant. Le bruit du ressac se fit entendre de plus belle et je compris seulement à ce moment-là : ça n’était pas l’océan, mais des ailes puissantes qui battaient à l’intérieur des pierres et qui, à présent qu’elles en étaient délivrées, se déployaient contre la voûte céleste psychédélique. Bien qu’il n’y eût pas de vent en cet endroit, je pouvais sentir la puissance de cet oiseau immense au corps translucide. Il était... je peinais à trouver un qualificatif adéquat. Majestueux. Oui, c’était ce qui le représentait le mieux.

“Un albatros...” murmurai-je, émerveillée.

Un oiseau marin. Celui-ci mesurait au moins trois mètres d’envergure. J’en restai bouche bée tandis que je l’observai voler en demi-cercle au-dessus de ma tête. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Les larmes me montèrent aux yeux.

“Wouaho...”

“Comme tu dis.” fit l’oiseau d’un ton aérien.

Il avait tellement de classe en plein vol. J’aurais voulu le voir prendre de la hauteur, mais en même temps, je redoutais qu’il s’éloigne. Je ne voulais plus qu’il parte. Je me sentais si bien depuis qu’il était là... Et je savais que l’ecstasy n’avait plus rien à voir là-dedans.

Il piqua du bec dans ma direction, dans l’intention d’atterrir. Un mince sourire humide apparut sur mes lèvres, qui se dissipa très vite alors qu’il s’écriait :

“ATTENTION !”

J’eus tout juste le temps de me jeter de côté : l’albatros manqua de peu de me heurter et glissa sur la neige pendant deux merveilleuses secondes. Le Temps sembla comme suspendu, avant de reprendre son cours, emportant toute la grâce de l’oiseau qui s’écrasa au sol en soulevant un nuage de poudreuse.

“Ca m’arrive à chaque fois.”
grommela-t-il, le bec dans la neige et la croupe dressée vers le ciel.

J’hésitai entre éclater de rire et me précipiter vers lui. Au moins, il n’avait pas eu mal, sinon je l’aurais sûrement ressenti.

“C’est pas grave.” assurai-je en m’approchant. “Moi aussi, je ressemble à ça les lendemains de cuite.”

L’oiseau se redressa et secoua sa tête pour en chasser la neige qui voleta sur mon crâne et mes épaules. Puis, il baissa ses yeux ronds et perçants vers moi.

“Je suppose que tu m’imaginais autrement.” soupira-t-il.

A présent qu’il était sur la terre ferme, il semblait particulièrement gauche. Ses grandes ailes traînaient à côté de lui comme s’il s’en sentait embarrassé. Ca ne devait pas être évident de garder son équilibre avec de tels appendices. Ce qui était fou, c’est qu’il était tellement classe dans les airs !

“Je trouve que tu es pile comme il faut.” dis-je en posant une main sur un côté de sa tête.

Ses plumes n’étaient ni douces, ni rêches. Elles n’avaient aucune consistance sous mes doigts. L’albatros perçut ma déception. Son regard se ternit. Mon cœur se serra. J’aurais aimé lui dire que cela n’avait aucune importance, mais il aurait senti que je mentais. Nous étions tous deux frustrés par cette part de nous-mêmes que nous découvrions. Se dandinant d’une patte sur l’autre, il chercha à rentrer sa tête dans son plumage, ce qui n’était pas sans rappeler ma manière de rabattre ma capuche sur ma tête quand je me sentais mal à l’aise, que je souhaitais m’isoler. Souhaitait-il s’écarter... de moi ? Une boule se forma dans ma gorge, que je repoussai en déclarant avec un enthousiasme forcé :

“Comment veux-tu que je t’appelle ?”

L’oiseau braqua son œil sur moi. Ca n’était pas agressif, c’était comme une caresse au plus profond de mon âme.

“Tequila.” déclara-t-il de sa voix aérienne et apaisante.

Je haussai un sourcil.

“Sérieux ?”

“Non, évidemment.” fit-il en levant l’œil au ciel. “Fais un petit effort ! Pourquoi ce serait à moi de trouver ? Sois déjà heureuse que je sois devant toi !”

Je plissai des yeux, croisant les bras. Il était un peu gonflé, mais je l’aimais bien comme ça. Je me mis à réfléchir. C’était plutôt difficile, mais curieusement, la brume s’était levée dans mon esprit. Est-ce que la présence de mon daemon avait atténué les effets de l’ecsta ? Avait-il un effet placebo ?

Tiens, placebo, ça pourrait faire un bon prénom... songeai-je avec une moue d’approbation.

Tout à coup, je sentis une petite tape au sommet de mon crâne. J’y portai une main et jetai un regard indigné à l’albatros quand je compris qu’il m’avait donné un petit coup avec la pointe de son aile.

“Tu entends ce que je pense ?” fis-je, perplexe.

“Non, mais je vois à ta tête que tu peux trouver mieux.”

Je lui jetai un regard noir. La Provoc’, ça lui irait bien aussi.

“Temanu.” déclarai-je finalement. “Ça te plaît ?”

Cela voulait dire “l’oiseau” dans ma langue maternelle. C’était à la fois simple et signifiait tout. Je lui jetai un petit coup d’oeil anxieux. Allait-il aimer ? Je craignais de le froisser. Pour moi, il était tout sauf un oiseau ordinaire. Il y avait peu de chance qu’il soit susceptible puisque je ne l’étais pas, mais malgré tout, je nourrissais des doutes.

Sa réaction se fit sans appel : après trente bonnes secondes à me fixer de son œil indéchiffrable, je sentis sa grande aile se refermer sur moi dans une espèce de câlin étrange, puisque impalpable. Cependant, je reçus la beauté de son geste en plein cœur, et pressai ma joue contre ses plumes. Nous restâmes ainsi quelques instants avant qu’il n’ouvre délicatement son aile et me libère de son étreinte. J’en profitai pour essuyer mes yeux d’un revers de manche. Cela faisait si longtemps que je ne me sentais pas aussi bien. Aussi complète. Cela m’était-il déjà arrivé auparavant ? Je n’en avais pas le souvenir. Non, je me mentais à moi-même. Quand je me trouvais encore sur l’île de Motunui, j’avais ressenti cette plénitude, cette paix de l’esprit... C’était si loin.

“Tu étais là avant, n’est-ce pas ?” demandai-je tout en connaissant déjà la réponse. “Pourquoi tu t’es barré ?”

“J’ai toujours été là, en toi.” dit-il tout en désignant mon cœur du bout de son bec. “Mais tu m’avais oublié.”

La boule dans ma gorge doubla de volume. Ça me faisait très mal d’entendre cette ignoble vérité. Je l’avais fait souffrir avec les drogues, l’alcool et tous mes autres excès. J’avais failli le tuer, peut-être. Malgré tout, il n’avait pas l’air de m’en vouloir. Il m’enveloppait d’un regard plein d’affection, de dévotion. Je sentis des larmes rouler sur mes joues. Elles étaient impossibles à contenir, désormais. Temanu leva son aile et les essuya du bout de ses plumes.

“Je ne te laisserai plus jamais partir. Je te le promets.”
assurai-je d’un ton enroué.

Il hocha la tête. L’aurore boréale dansait à travers son corps translucide. Je penchai la tête de côté.

“Va falloir t’étoffer un peu. J’aime pas trop l’idée que tu ressembles à un fantôme.”

“Je suis bien de ton avis.” approuva-t-il. “Mais avant, on doit retrouver les autres.”

J’approuvai d’un signe de tête.

“T’as une idée de comment s’y prendre ?”

“Absolument aucune.”

On était tellement pareils.

“Tu veux pas t’envoler histoire d’avoir une vue d’ensemble ? Si ça se trouve, tu verras des choses qui nous échappent de là où on est.”

“Je ne peux pas m’élever très haut.” souligna-t-il. “Je ne peux pas trop m’éloigner de toi.”

Je me sentis rassurée par ses propos, car je venais d’avoir confirmation qu’il souhaitait rester à mes côtés. Je tournai sur moi-même, à la recherche d’une idée, quand quelque chose accrocha mon regard.

“Eh, Manu... tu vois ce que je vois ?” chuchotai-je.

Il hocha lentement la tête, le regard rivé sur Alexis qui avait posé la main sur une pierre, à côté d’un petit animal transparent qui faisait la même chose qu’elle. Apprendre que mon amie avait également trouvé son daemon m’emplit de joie, mais je tressaillis en apercevant un ours blanc approcher d'elle à pas de velours, l’air menaçant. Pourtant, je croyais que les ours ne venaient pas dans L’Hôtel Bleu. Iorek nous aurait-il raconté des salades ?

“PLUS UN GESTE !” m’écriai-je pour le stopper.

L’ours ne me calcula même pas. En revanche, il accéléra en direction d’Alexis. A moins d’un mètre d’elle, il ouvrit grand la gueule.

“NOOON !”

Mon cri fut balayé par le bruit des ailes de Temanu claquant furieusement dans l’air. Il avait surgi devant l’ours qui recula d’un bond. Il grogna mais l’albatros le menaça de toute sa hauteur, son envergure décuplée par ses ailes immenses qui brassaient le vide. L’ours finit par faire demi-tour en lui lançant un regard mauvais et s’éloigna à grands pas, disparaissant brusquement.

“Alex’!”

Je me précipitai vers elle et la pris dans mes bras –bien que ça ne soit pas mon habitude. Puis, j’ajoutai à l’adresse de mon daemon :

“T’as trop géré, Manu.”

Ce dernier poussa un cri d’oiseau, à la fois aigu, perçant et curieusement doux à l’oreille. Il était content, même s’il semblait de nouveau pataud à traîner ses ailes dans la neige. Pendant ce temps, je n’avais toujours pas lâché mon amie.

“On t’a retrouvée. On t’a retrouvée.” répétai-je, bienheureuse.


CODAGE PAR AMATIS



Lyra Parle-d'Or
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Lyra Parle-d'Or

| Avatar : Elle Fanning

Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Nwd4

We are all broken.
That's how the light gets in.



| Conte : A la Croisée des Mondes
| Dans le monde des contes, je suis : : Lyra Belacqua / Parle-d'Or

| Cadavres : 63



Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 _



________________________________________ 2021-02-09, 14:19



“L'univers est rempli d'intentions. Tout ce qui se produit a un but.”

☆ ★ ☆
Il y a quelques temps, Sainte Sophie, Oxford.

Pantalaimon fixait plusieurs livres empilés sur le bureau de Lyra, dans sa petite chambre de l’université Sainte Sophie. La jeune fille, occupée à étudier, ne le remarqua pas. En quelques bonds gracieux, le daemon sauta sur la table. Lyra ne sourcilla pas, absorbée par un problème de mathématiques appliqués. Pantalaimon jeta un coup d’oeil vers la fenêtre entrouverte contre laquelle le bureau était collé, hésitant visiblement à aller se promener. Puis, il regarda Lyra qui l’ignorait toujours, avant d’observer de nouveau la pile de livres. Finalement, il entreprit de pousser la pile avec son flanc, s’aidant de sa queue afin d’accentuer son poids dessus. Au prix d’un très grand effort, trois livres de la pile tombèrent par terre dans un claquement discret. Cela suffit à sortir Lyra de sa concentration. Elle posa un regard lointain sur son daemon, et fronça très vite les sourcils.

“Qu’est-ce que tu fabriques ?” demanda-t-elle, exaspérée.

Pantalaimon la toisa avec défi, le museau en l’air. Il détestait cette expression lassée qu’elle arborait dès qu’elle posait les yeux sur lui, comme s’il était négligeable. Il ne répondit rien. Il préférait qu’elle comprenne par elle-même. Il avait une confiance absolue en elle. Il savait qu’elle finirait par saisir où était le problème.

La jeune fille abandonna son stylo plume et se pencha pour ramasser les livres.

“Si tu les remets sur la table, je recommencerais.” assura son daemon.

Lyra, courbée sur sa chaise, les livres dans les mains, braqua un regard agacé sur lui.

“Je n’ai pas le temps de jouer. Je dois terminer ce devoir de mathématiques.” dit-elle d’une voix terne et cependant affirmée. “Si je veux remonter ma moyenne, je n’ai pas le choix.”

Pantalaimon pencha la tête de côté sans cesser de la fixer. Lyra plissa des yeux.

“Tu ne veux plus que j’étudie, c’est ça ?”

Le daemon secoua la tête. Comment pouvait-elle penser une chose pareille ? Il voulait seulement prendre part à ce qu’elle faisait.

“Je veux que tu cesses de m’ignorer.” répliqua-t-il, farouche. “C’est de pire en pire, Lyra. Et ça ne s’arrangera pas tant que tu...”

“Je n’ai pas le temps de discuter.” coupa-t-elle. “Si tu veux m’aider, ne me dérange pas.”

Elle claqua les livres en haut de la pile et se replongea dans son devoir de mathématiques, ses doigts nerveux crispés autour du stylo plume. Pantalaimon se recroquevilla légèrement sur lui-même, avant de pousser de plus belle les livres. Cette fois-ci, toute la pile s’écroula au sol. Lyra se leva d’un bond, un éclair de colère au fond des yeux.

“J’en ai marre de toi !” s’écria-t-elle. “Laisse-moi tranquille !”

Le daemon écarquilla ses yeux noirs, choqué et peiné par ces paroles, mais il se ressaisit très vite tandis qu’il répliquait :

“Tu suis enfin les préceptes de tes fantastiques lectures ! Il était temps !”

Le sarcasme était palpable dans sa voix. Lyra en resta stupéfaite. Pantalaimon était parfois ironique mais jamais dans le but d’être méchant. Jamais jusqu’à maintenant.

“Dis-le ! Dis-le que je n’existe pas ! Tu seras soulagée, non ?” poursuivit-il avec aigreur.

Cela faisait des mois que la jeune fille remplissait sa tête d’essais et de livres d’auteurs prétendant que les daemons étaient un fantasme de l’esprit humain. Pantalaimon avait tenté par tous les moyens de l’abstraire de ces lectures dangereuses, mais Lyra s’était montrée butée. Elle ne voulait pas entendre, elle ne l’écoutait plus. Lui, son confident, son compagnon de toujours...

Le cœur battant, il attendit le verdict. Il fixait Lyra avec un mélange de colère et de dévotion muette. Elle pouvait encore tout changer, elle pouvait enfin comprendre, peut-être, qu’il ne souhaitait que son bien.

La jeune fille planta un regard féroce dans le sien et articula d’un ton sec :

“Oui, je voudrais que tu n’existes pas. Je te déteste.”

En trois bonds, Pantalaimon disparut par la fenêtre entrouverte.

*

Il revint quelques heures plus tard. Lyra était sortie. Il avait hésité à passer l’éponge, mais il avait réalisé que ça n’était pas la solution. Il avait eu une idée, une sorte de dernière chance.

“L'Hôtel Bleu... c’est l’unique solution.” prononça-t-il à haute voix.

Il y avait beaucoup réfléchi.

“Je dois me rendre à L’Hôtel Bleu.”

Le Grand Nord, la poursuite d’une chimère... Peut-être qu’il avait tort, mais il devait le faire pour elle. Il actionna la machine à écrire avec ses pattes avant en s’appuyant de tout son poids sur chaque touche, jusqu’à former la phrase :

Je suis parti à la recherche de ton imagination.


Puis, il hésita. Il pouvait encore renoncer. Patienter. Peut-être qu’avec le temps, elle... Non. Il devait s’en aller. Elle ne lui laissait pas le choix. Lyra ne voulait plus de lui. La feuille, toujours captive de la machine à écrire, claqua dans l’air vif du soir.

La tête basse, Pantalaimon passa par la fenêtre et s’en fut dans la nuit naissante.



*

L’Hôtel Bleu, maintenant.

Lyra n’entendait que le propre écho de sa respiration. Elle était irrévocablement seule. Depuis le départ de Pantalaimon, elle s’était habituée à cette solitude. S’accoutumer ne signifie pas souffrir moins, bien au contraire. Elle se sentait de plus en plus isolée à présent que les autres n’étaient plus là. Bien qu’elle se soit préparée à toutes les éventualités possibles, elle n’avait pas anticipé l’abîme de solitude dans lequel elle venait de s’enfoncer. Il était encore plus profond que ses précédents jours d’errance.

On a besoin des autres pour avancer. On ne peut rien réussir seul.

C’était une vérité aussi ancienne que les mondes, une vérité qui l’avait saisie peu à peu. Elle avait souhaité s’éloigner de Pantalaimon, croyant que les choses s’arrangeraient s’il partageait moins sa vie, et au final, elle avait mesuré douloureusement le poids de son absence.

Maintenant que je suis si près du but, voudra-t-il encore de moi ? Et s’il est mieux tout seul ? Et s’il a réussi là où j’ai échoué ?

Les pensées de Lyra allaient et venaient dans son esprit en désordre. Elle repoussait l’anxiété, elle ne souhaitait pas y songer pour le moment.

J’ai réussi à me perdre. Pour l’instant, tout va bien, se rassura-t-elle.

L’Hôtel Bleu fonctionnait comme elle l’avait cru. A force de lire et relire le conte, elle avait analysé patiemment chaque mécanisme de l’histoire afin de trouver de quelle manière accéder à ce qui lui manquait.

Et maintenant ? Dois-je rester sur place ou faut-il avancer ?

L’air était immobile. Aucun son, aucun bruit. Le paysage demeurait inchangé. La plaine enneigée s’étendait sur une grande surface à laquelle l’irrégularité des pierres-miroirs donnait du relief. L’aurore boréale n’avait pas faibli. Au loin, une chaîne de montagnes se découpait.

La jeune fille décida de s’approcher des pierres. Les lumières du nord s’y reflétaient dans un silence absolu. S’agissait-il des ruines de L’Hôtel Bleu ? Dans le conte, ce dernier était représenté comme une magnifique citadelle immaculée. Était-il arrivé quelque malheur en cet endroit ? Lyra frissonna en dépit de la température ambiante. Elle se décida à faire quelque chose qu’elle jugea stupide, mais elle y plaça tout son Espoir :

“Pan ? Pan, c’est moi... Je suis venu te chercher.”

Sa voix était timide, à peine audible. Elle s’éclaircit la gorge et répéta :

“PAN ? Je t’en prie...”

Elle se mordit les lèvres, cherchant de tous côtés. Elle espérait apercevoir une forme blanche bondir sur la neige et se précipiter vers elle. Non, cela ne se passerait pas ainsi, car la vie n’était pas un roman.

“Tu me manques...” murmura-t-elle en penchant la tête.

Elle ferma les yeux et articula comme une prière :

“Tu existes. Tu existes. Tu existes...”

Elle espérait l’appeler, l’invoquer. Peut-être entendrait-il qu’elle avait enfin compris ? Elle avait voulu le repousser alors qu’il n’était qu’amour. Leurs avis divergeaient parfois tellement qu’ils ne s’entendaient plus, mais ils restaient une seule et même personne. Ils devaient faire des efforts ensemble.

Soudain, elle perçut des bruits de pas dans la neige. Le cœur battant, Lyra souleva les paupières. Elle écarquilla les yeux en apercevant un ours blanc, sans armure, qui avançait vers elle d’un air menaçant. Il ne s’agissait pas d’un de ceux qui les avait accompagnés. Son pelage était abîmé par endroits et il ne possédait pas d’armure. Un ours ne l’enlevait pratiquement jamais car c’était une part de lui. S’il en était dépourvu, c’est qu’il lui était arrivé quelque chose d’affreux.

La jeune fille déglutit et tenta de cacher sa peur le mieux possible.

“Bonjour... Je suis Lyra Parle-d'Or. Une amie du roi Iorek Byrnison.”

L’ours émit un grognement guttural. Il s’apparentait davantage à un animal –un prédateur- qu’à un être doué de conscience. Il continuait d’avancer à pas de velours, foulant la neige avec une sorte d’élégance inquiétante. Dans son regard, Lyra ne lisait rien d’autre qu’une folie pure et dangereuse. Probablement qu’il ne savait plus parler. Il lui rappelait Iofur Raknison, l’ours qui avait volé le trône de Iorek à l’époque. Lyra réalisa que cet ours était probablement de ceux qui avaient été envoyés par ce roi afin de lui ramener un daemon.

“Vous êtes perdu, mais je peux vous ramener auprès des panserbjørnes.”
assura-t-elle-même si elle ignorait de quelle manière s’y prendre.

Il ne s’agissait pas d’un mensonge puisqu’elle y croyait dur comme fer, cependant l’ours s’excita davantage. A moins que ça ne soit son odeur et sa chaleur corporelle qui le mettaient en appétit ? Désormais, il se trouvait à moins de deux mètres. Lyra se mit en quête d’une arme ; l’ours accéléra. Elle parvint à casser une branche d’un arbuste rachitique et poussa un hurlement d’effroi et de rage tandis qu’elle l’abattait sur la tête de l’ours.

La seconde suivante, ce dernier avait disparu. Elle était de nouveau seule dans la plaine enneigée. Haletante, Lyra tourna sur elle-même, tenant la branche à deux mains.

“LYRA !”

Ce cri ressemblait à la voix d’Alexis, dans laquelle résonnait celle de quelqu’un d’autre. Un homme.

“Alexis ? Alexis, je suis ici !” s’exclama la jeune fille.

Aucune réponse.

Se rendant compte que la voix de la brune émanait des pierres blanches, Lyra s’y précipita et répéta ses propos plusieurs fois. En vain. Le silence l’écrasa de nouveau de tout son poids.

“Où êtes-vous... ?” soupira-t-elle, passant une main dans ses cheveux.

Elle se redressa, la branche toujours en main, en percevant un nouveau grognement dans son dos, tout proche. L’ours était revenu...

Elle fit volte-face, prête à frapper et ce, même si c’était dérisoire. Car si l’ours refusait le dialogue, quelle chance avait-elle de s’en sortir ? Qu’importe, elle l’affronterait aussi longtemps que possible. Elle cligna des yeux, abasourdie. Toujours personne dans la plaine. Pourtant, elle entendait des grognements hargneux et des bruits de lutte lointains, comme si tout se déroulait à cet instant précis au même endroit, mais ailleurs.

“Laissez-moi les aider !” s’écria-t-elle sans savoir à qui elle s’adressait. “Je dois les secourir !”

Brusquement, elle sentit ses pieds s’enfoncer dans la neige, puis ses jambes jusqu’aux cuisses. C’était devenu de la neige mouvante. Elle n’eut pas même le temps de se débattre qu’elle fut engloutie par la plaine qui redevint silencieuse. Dans le ciel, l’aurore boréale faisait toujours ses acrobaties colorées, indifférente au sort de ceux qui étaient prisonniers de L’Hôtel Bleu.
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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Jvi6

« Il existe 175.000
espèces de papillons... »


Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Hi6b

« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



| Conte : ➹ Intrigue Divine
| Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.

Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Nono12

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 _



________________________________________ 2021-02-09, 16:13 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Bonjour mon ami...
...j'étais impatient de faire ta connaissance. »
▼▲▼

Quatre Titans. Quatre pour garder chacun l'une des portes du Palais des Songes.

J'avais récemment fait la rencontre d'une jeune femme assez spéciale, avec un don véritablement à part. Eurus Holmes. Eurus, songeais-je. Grâce à elle, grâce à son don, j'avais fait une première incursion dans ce monde, celui de Lyra, de Malcolm, de Iorek Byrninson et de cet Hôtel Bleu. Un monde où l'Aurore Boréale dominait. Où elle était la réponse à toutes nos questions, mais dont je n'arrivais pas encore à en saisir le sens.

Quatre portes, gardées par quatre Titans, songeais-je une nouvelle fois. Ouranos à Notos, la porte Sud. Chronos à Zéphyr, la porte Ouest. Quant à ma soeur, Gaia, à Borée, la porte Nord. Et moi, à Euros la porte de l'Est. Quatre accès, quatre entrées, quatre sorties, mais aucune issue. On avait chacun une partie de nous dans ce lieu pure, où résidait la dernière âme. Celle avec qui tout prendrait fin.

Quand j'avais choisi ce prénom, je ne l'avais pas choisi au hasard. Anatole, ou plus précisément, l'Anatolé. L'Aurore, le levé du Soleil. La seconde Heure. C'était symbolique et ça me permettait de me rappeler qui j'étais réellement. Le Gardien de l'Aurore. Je connaissais ce phénomène mieux que personne et pourtant aujourd'hui, face à elle, j'avais la sensation d'être totalement ignorant.

Avec Pantalaimon, on s'avançait dans le tunnel lumineux qui nous était apparu. Je me demandais où on pouvait bien être. Est-ce que ce lieu nous conduisait réellement vers Zoran, ou est ce qu'on se perdait d'avantage ? En tout cas, mon aura ne quittait plus celle de Aurora et de Pantalaimon. Je n'avais pas envie de les perdre de vue.

Le Temps passait, et notre marche ne s'arrêtait plus. Il n'y avait rien au loin en dehors de la lumière. On était entouré de parois lumineuses. Notre chemin était éclairé par ces même parois. On avançait dans un halo de lumière, et derrière nous, la lumière se reflétait. Mais elle ne semblait pas pour autant réelle.

« Je me demande si ce chemin conduit vraiment quelque part. » demanda Pantalaimon.

En réponse, j'avais jeté un coup d'oeil en direction d'Aurora. Je me demandais ce qu'elle pensait de tout ça. Elle voletait toujours à nos côtés.

« Tu penses que je peux t'apporter des réponses ? » me répondit-elle surprise. « J'en sais autant que toi. »

« Certes. » laissais-je échapper. « Par conséquent, tu dois être aussi sceptique que moi sur la marche à suivre. Et peut-être même que tu partages cette impression qu'on se fiche royalement de nous. » achevais-je avec un petit sourire.

« Tu m'ôtes les mots de la bouche. »

Je me stoppais. Mes compagnons se stoppèrent à leur tour. Tournant la tête autour de moi, pour voir si je percevais autre chose que de la lumière, je ne fus pas surpris de découvrir qu'il n'y avait rien de plus. J'avais penché la tête en direction de Pantalaimon, toujours aussi sceptique, puis, j'avais adressé un regard à Aurora.

« Ca serait dommage de s'arrêter si on est proche du but. Et en même temps, ça serait dangereux de poursuivre si c'est juste une façon de gagner du Temps pour s'en prendre à nos amis, n'est ce pas ? »

Sans attendre de réponses de leur part, je fixais la lumière face à nous. Pourquoi nous imposait-il cette route ? Etais-ce un amusement pour lui ? Etais-ce réellement lui, Zoran ?

« Dites moi, mon cher Zoran. Est-ce qu'il y a une issue à tout ça ? »

Pantalaimon leva la tête en direction d'Aurora.

« Pourquoi s'acharne t'il à parler dans le vide ? » lui dit-il avant de se tourner vers moi. « Zoran ne répond jamais. Mais peut-être que d'autres pourraient répondre. » ajouta t'il d'un air pensif.

Je penchais la tête pour le regarder. A qui faisait-il allusion ? Pantalaimon eu l'air un peu pénaud. Me cachait-il quelque chose ?

« J'ai déjà croisé d'autres Daemons, ici. Mais ils sont... très difficiles à approcher. Ils sont terrifiés et on dirait qu'ils sont devenus fou. » m'avoua t'il. « L'un d'entre eux prétend être là depuis des centaines d'années. »

Je l'écoutais attentivement, avant de hocher la tête.

« La cuisine de madame Polstead me manque bien trop pour m'éterniser trop longtemps ici. » confiais-je au petit Daemon. « Bien. Tentons déjà une chose. »

Et pour aller dans le sens de mes dires, je tentais de nous téléporter hors de cette zone, histoire de revenir à notre point de départ. Bien entendu, cela n'avait pas marché. Je me rendis compte que face à nous une paroi blanche, brillante, venait d'apparaître. Le chemin s'était fermé. Et bien entendu, en me tournant, je constatais qu'il l'était aussi par l'arrière. Je me contentais de sourire, amusé par la situation. Des portes. Etais-ce vraiment le bon moment pour vérifier que je maîtrisais mon self contrôle ?

« Amusant. » dis-je. « Tentons autre chose. »

Et une nouvelle fois, pour aller dans le sens de mes propos, je décidais de tenter de faire disparaître la paroi face à nous. Pantalaimon, quant à lui, semblait légèrement anxieux.

Les parois s'effritèrent légèrement. Le Daemon de Lyra s'en approcha, en tentant de toucher la paroi avec sa patte. Elle passait au travers.

« C'est de la neige ! » s'exclama t'il.

Je continuais de tenter de briser la paroi face à nous, et pendant ce temps, toutes celles autour, ainsi que celle que je visais, s'effritaient de plus en plus. Puis, d'un seul coup, elles s'affaissèrent toutes. Le décors autour de nous, était une nouvelle fois la plaine du début. Il y avait les même pierres. Mon sourire s'était effacé pour de bon, cette fois ci.

« L'Hôtel Bleu fait souvent ça. Parfois nous avons l'impression d'aller quelque part, mais on revient toujours au début. » me confia Pantalaimon.

« Je ne reviens jamais au début, Pantalaimon. Je vais toujours de l'avant. »

Mon aura venait de s'intensifier, jusqu'à devenir extrêmement lourde pour toute chose qui nous entourait, à l'exception de mes deux amis, qui sentirent simplement une aura plus pesante sur eux, sans pour autant être au point de les écraser.

J'avais fait durer cela qu'un instant. Juste assez pour indiquer à notre hôte, que j'aimais ce lieu. Et que ça me peinerait réellement de faire une brèche en son coeur. Et puis, j'ignorais où étaient nos compagnons, et je ne voulais pas les affecter par cette effusion de puissance. J'en profitais pour lever ma main, afin qu'Aurora se pose dessus. Elle allait sans doute sentir elle aussi cette attaque, et mieux valait qu'elle soit posée sur ma main pour ne pas se retrouver à terre.

« Glaaaap ! » entendis-je.

C'était un glapissement étranglé et sonore qui provenait de l'une des pierres. Je tournais la tête dans la direction d'où cela émanait. Il y avait une sorte d'oreille grise qui dépassait de la pierre. Pantalaimon avait levé le museau dans cette direction.

Aurora m'avait dit de ne pas brusquer Pantalaimon. Chose que j'avais faite, car il était un ami. Mais cette chose, j'ignorais si elle l'était ou non. Mon aura s'était une nouvelle fois intensifié, mais uniquement sur ce qui dépassait de la pierre.

« C'est la fin ? C'est la fin ? Non, c'est pas la fin ! C'est jamais la fin. Mais peut-être que ça l'est, enfin ! »

Je relâchais la pression, sceptique et véritablement intrigué. En levant le museau, Pantalaimon tentait de sentir ce qui se trouvait face à nous.

« Je crois que c'est Synster. Il est prisonnier depuis longtemps. » chuchota t'il.

Je soupirais. Je n'avais pas fait cela dans le but de tomber sur un autre Daemon, mais sur le Maître des lieux.

« Inutile de se laisser distraire. » précisais-je avant de bouger la main pour que Aurora prenne son envol.

J'avais d'autres cartes dans mon jeu. Pantalaimon eu l'air surpris.

« Il n'est pas dangereux, vous savez. Je pense que c'est important d'aider tout le monde. »

« Nous sommes là pour sauver nos amis. Les autres n'ont aucune importance. » répondit la papillote.

Je tournais la tête dans sa direction, la fixant. Pensait-elle réellement ce qu'elle venait de dire ? Je sentais que Pantalaimon était lui aussi troublé par cette répartie.

« Tu penses véritablement cela ? » lui demandais-je.

Aurora battait des ailes.

« Bien sûr. Pas toi ? A quoi bon faire semblant ? » me répondit-elle d'un air un peu lassé.

Je comprenais ce qu'elle tentait de faire. Elle savait que je ne pensais pas ainsi. Elle essayait de me titiler pour me remettre dans le droit chemin et ne pas me faire oublier nos valeurs.

Pendant un petit instant, je me demandais pourquoi j'avais songé à nos valeurs, plutôt qu'à mes valeurs. Est ce que j'acceptais de plus en plus que ce papillon, que mon Aurora, était une part de moi même ?

Je soupirais, avant de lui sourire.

« Tu sais que tu as un côté un peu irritant ? » lui dis-je avant de regarder en direction de la pierre et de tenter par la pensée, de la faire disparaître pour qu'on ait une vue d'ensemble sur ce qui se cachait là.

L'oreille tremblota, mais la pierre ne disparu pas.

« Je suis prêt, la fin. Je suis prêt. Viens. Viens à moi. »

« Tu as dit qu'il était là depuis combien de temps, Pantalaimon ? » lui demandais-je sans attendre de réponses, et me dirigeant vers la chose, car je ne voyais pas comment l'appeler autrement.

« Des centaines d'années, mais mieux vaudrait lui redemander. »

Il était attachant ce petit bonhomme, songeais-je, tout en arrivant à proximité du... nom d'une Aurore Boréale ! Je m'attendais à tout, sauf à celà. On aurait dit une souris, ou quelque chose de ce genre. Il m'observait avec ses deux gros yeux orangé. Il avait dressé les oreiles, et écarquillé d'avantage les yeux.

« Ooooh ! Un client ! »

J'en restais médusé. Il avait fait mine de monter un petit stand. Il y avait déposé des objets invisibles dessus.

« Tu veux une montre ? Tu veux une montre ? Laquelle ? Laquelle ? »

Je tournais la tête vers Pantalaimon, attendant qu'il me sorte de là. Ce dernier s'était approché de l'animal.

« Je vais choisir... celle là. » dit-il en désignant une montre invisible.

« Ooooh excellent choix ! » répondit-il en prenant le truc qui n'existait pas, et en faisant mine de le passer autour du cou de Pantalaimon.

« Merci. »

« Ya pas de quoi. Mais... » dit-il en pointant sa petite patte rose en l'air. « ... c'est la dernière fois que je te fais crédit ! »

Il leva ensuite la tête dans ma direction, attendant très certainement que je fasse mon choix. Je secouais la tête, désemparé. Puis, une idée m'était venu. J'observais les montres inexistantes.

« Hum... non, merci. Il n'y a pas celle que je cherche. » dis-je.

« Pfiouuuu... monsieur est difficile. »

« Ou alors vous n'êtes pas le meilleur vendeur, vue qu'il n'y a pas la montre que je cherche. » lui répondis-je du tac au tac.

Il dressa une nouvelle fois les oreilles, d'un air horrifié.

« Je peux vous dégoter celle que vous cherchez. Vous voulez quoi ? Vous voulez quoi ? »

« Hum... celle que je cherche est de la taille d'une montre ordinaire. Mais elle dispose d'une seule et unique aiguille magnétisée. Elle tourne librement sur un pivot. C'est une montre très rare. Ne vous embettez pas, je suis sûr que vous n'en possédez pas une comme celle là. »

« Une boussole ? Une boussole ? » s'exclama t'il après une courte réflexion. « Je n'ai pas ça en rayon, coco ! »

« Synster, rappelle moi ton âge. » nous coupa Pantalaimon.

L'animal le regarda de ses gros yeux.

« Ouuula ! Deux cent ans, au moins ! Au moins ! » répondit-il tout en se mettant une nouvelle fois à trifouiller les montres invisibles, sur sa table invisible.

J'en avais profité pour faire apparaître un objet dans ma main, sentant une légère résistance. C'était nouveau ça, songeais-je. L'observant, j'attendais de voir quand le gugus la remarquerait. Il s'agissait d'une boussole.

« Ooooh ! Ca brille ! Ca brille ! » s'exclama t'il tout en sautillant pour tenter de la voir de plus près.

Je le regardais, l'air neutre. J'avais toujours cette idée qui me trottait dans la tête.

« Je crois que j'ai retrouvé la montre que je cherchais. » dis-je avant de m'accroupir face à l'animal.

Il avait avancé ses petites pattes rose pour la prendre.

« C'est beau ! C'est beau ! » s'émerveilla t'il, comme si c'était la chose la plus belle qu'il avait vue.

J'avais souris avant de la lui tendre. Il la prit dans ses pattes, avant de caresser son visage avec. Puis, il se mit à pleurer. De joie ? Je me décidais à ne pas relever ça, et à poursuivre ce que j'avais entrepris avec lui.

« Est ce que tu vois l'aiguille ? » lui demandais-je.

« Oui. Oui. » répéta t'il, en s'arrêtant de pleurer.

« Sais-tu ce qu'elle indique ? » poursuivis-je.

« Tout partout ! » me répondit-il en me montrant la boussole.

L'aiguille tournait sans discontinuer. Je lui adressais un nouveau petit sourire.

« Ferme les yeux. » lui demandais-je.

« Pourquoi ? Pourquoi ? » dit-il en penchant la tête d'un côté, puis de l'autre.

« Parce que si tu le fais, tu auras la plus belle de toutes les montres. »

« D'accord ! D'accord ! » répondit-il en fermant les yeux, puis en les rouvrant aussi tôt, et en me fixant.

Il attendait sa montre. Ca n'était pas un soucis qu'il avait été si rapide. Je lui souriais une nouvelle fois.

« Maintenant regarde la montre que tu as en main. » lui dis-je.

J'avais utilisé mon pouvoir pour stopper l'aiguille, afin qu'elle indique une seule et unique direction : la route face à lui. Il la contempla quelques instants. Puis, il s'était mis à la secouer.

« Elle est cassée. Elle est cassée. »

« Je ne crois pas. Je dirais qu'elle est réparée. Regarde la. » lui dis-je une nouvelle fois. « Elle indique le chemin à suivre. Tu n'es plus perdu, Synster. Tu peux rentrer à la maison. Cette montre te guidera, maintenant que tu l'as. »

Il se mit à sautiller, en serrant la boussole contre lui.

« Youpi ! Youpi ! » s'excita t'il. « Mais je dois ranger ma marchandise ! »

Il fit mine de remballer les montres et la table imaginaire. Puis, il tendit la patte comme si il avait une table pliable sous le bras. Et il se rendit très vite compte que la boussole était trop lourde pour sa petite patte libre. Il eu l'air embêté. Il posa la table imaginaire, avant de prendre la boussole à deux pattes pour continuer son chemin. Il était grandement amusant. Pantalaimon avait tourné la tête dans ma direction.

« Votre plan, c'est de le suivre ? » me demanda t'il.

« Ca ne servirait à rien. » lui répondis-je. « Tôt ou tard il finirait par disparaître, et on resterait ici. »

« Dans ce cas pourquoi avoir fait ça ? »

Je l'observais quelques instants, avant de lui sourire. J'allais lui apprendre une toute nouvelle leçon. Celle d'un Titan perdu dans un monde qu'il ne contrôle pas, mais où il sait que si il n'est pas à la hauteur, et qu'il ne donne pas l'impression de pouvoir y arriver, plus personne croira en lui.

« Parce qu'il est le premier à quitter cet endroit. Et c'est de notre fait. Je ne sais pas pour toi, Pantalaimon, mais si je retenais quelqu'un prisonnier et que je souhaitais le garder avec moi pour toujours, je n'apprécierais pas la venue d'étrangers qui se la joueraient rebelle et qui me priveraient de mon bien. »

« Il a disparu. » confirma Aurora.

Pantalaimon ne semblait pas convaincu.

« On disparaît souvent dans l'hôtel bleu, mais on s'évade jamais. »

Je posais mon regard sur lui. Il manquait d'optimiste. Puis, je levais les yeux vers le ciel. L'Aurore Boréale était toujours présente. Quels mystères pouvait-elle bien nous cacher ? Qu'avait-elle vue qui pourrait nous être d'une grande aide ? Je ne désespérais pas de quitter cet endroit. J'étais persuadé que Synster avait trouvé l'issue de l'Hôtel Bleu et qu'il nous attendait désormais auprès de Malcolm, d'Asta et des ours. Peut-être même qu'il leur expliquerait qu'on était piégé ici, et qu'il arriverait à leur vendre quelques montres... en tout cas, je ne perdais pas Espoir.

Je fus coupé dans mes pensées, en entendant un gémissement de douleur provenir de Pantalaimon. Il était plaqué au sol et semblait souffrir le martyre.

« C'est Lyra. Je sens que c'est Lyra... »

Son lien avec elle s'intensifiait ?

« Elle... je sais pas ce qui lui arrive, mais... ça m'empêche de respirer. »

Je voyais à son petit corps que son coeur battait de plus en plus vite. J'ignorais ce qu'il fallait faire. Sans réfléchir, je m'étais approché de Pantalaimon, m'accroupissant face à lui et j'avais posé ma main sur son pelage. Me concentrant, je tentais de sentir quelque chose, tout en imposant mon aura sur Lyra, à travers son Daemon. J'ignorais si celà allait marcher ou non.

Pan respirait de plus en plus vite. Je ne brisais pas le lien pour autant. Puis, il se redressa d'un bond, chancelant légèrement. Il se mit à gratter la neige, tandis que je détachais ma main de lui.

« Elle est en bas ! Je sens qu'elle est en bas ! » dit-il, en tentant de creuser un trou.

« Tu crois qu'il devient fou, lui aussi ? » me demanda Aurora.

Ses gestes ne faisaient que soulever de la poudreuse. J'adressais un regard à Aurora, qui était venue se poser sur mon épaule. Puis, j'avais stoppé Pantalaimon en le prenant par la taille pour le tenir éloigné du sol, ses petites pattes battant encore un peu dans le vide.

« Tu m'as montré la voie, laisse moi poursuivre. » lui dis-je pour le calmer.

J'avais utilisé mon aura afin de détruire cette poudreuse, de faire une brèche dans ce sol. Si Lyra se trouvait réellement en dessous, c'était sans doute aussi le cas de nos amis. Il n'était pas question de les laisser une minute de plus tous seuls. Surtout pas après ce que Pantalaimon avait ressentis. Je ne pouvais pas les aider d'ici. Mais on pouvait les rejoindre. Sans perdre temps, mon aura s'était déversé sur ce monde, sur ce point. Je n'avais pas tenté de voir ce qu'elle ferait dessus. J'avais utilisé toute la force que je possédais en moi. Il fallait mettre un terme à tout cela.

Un tremblement se fit ressentir. La neige vibra sous nos pieds. D'un seul coup, une fissure se créa devant nous, comme si de la neige était devenue de la glace et qu'elle se brisait d'un coup sec. Sous la glace fissurée, on pouvait voir un sol de couleur bleu nuit. J'intensifiais mon attaque, sentant une résistance. Je ne pouvais pas laisser cette opportunité nous passer devant.

« Vous m'y forcez... » murmurais-je à l'intention de cet inconnu qui nous maintenait prisonnier ici.

Je pensais le pousser à se montrer, à stopper tout ça. J'avais la sensation que ma force ne suffirait pas à briser ce qui se trouvait sous nos pieds. Tout était de sa faute. Je ne pouvais plus attendre. Il me forçait à faire ce que je redoutais de faire...

Ce sol était différent. Il était résistant. Bien plus qu'il l'aurait dû. Mais il n'y avait qu'une seule et unique force dans l'univers tout entier qui pouvait me résister. Et ce n'était pas cet Hôtel Bleu. Tenant toujours Pantalaimon dans l'une de mes mains, j'ouvrais la seconde, paume en avant, la dirigeant vers le sol, pour utiliser un peu de ce Sable Noir en moi, cadeau de Phobos, afin d'intensifier une ultime fois mon attaque. J'espérais ne pas commettre d'erreurs. Mais je devrais briser ce lien. Je le devais, quel que soit la force que je déverserais contre cette résistance !

« Hyperion... » murmura Aurora.

J'aurai pu sourire en voyant le sol se fissurer totalement face à nous, mais je sentais quelque chose gronder en moi. Quelque chose qui me rongeait de l'intérieur. Il était là. Présent en chacune de mes cellules. Englobant totalement mon âme. Je le sentais au plus profond de mon être.


Par delà les Mers...

« ...il agit sur vous. Sur votre mental, votre volonté, votre corps et il vous donne d'immenses possibilités. »

Il y était entré. Il savait, désormais.

« Il est l'essence de notre monde, de notre façon de vivre, de penser. Il est au coeur de chaque chose. Vous l'avez mis de côté, pensant qu'il était mauvais, mais il n'est qu'Amour. »

Il ne pourrait plus jamais revenir en arrière, car il l'avait vue. Lui aussi.

« Le seul but de notre existence c'est de s'adonner à la connaissance et à l'Amour. C'est le suprême objet de l'âme. Dès que vous le laissez entrer en vous, une puissance extraordinaire, éveille votre esprit et votre âme. Vous êtes passé à côté de quelque chose de tellement puissant. »

« Et destructeur. » le coupais-je.

Il m'observait de son regard sans expression, sans sentiments. A croire qu'il les avait déjà tous laissé filer, ou qu'il les avait oubliés dans ce Bois où il était entré.

« Il est un poison. Un poison qui te ronge de l'intérieur. Qui s'insinue dans chaque parcelle de ton être et de ton âme. Un poison qui détruit tout ce que tu es. Tout ce en quoi tu crois. Il te fera oublier les plus belles choses que la Nature t'as offert. Je peux t'aider à t'en débarasser. »

Un sourire se dessina au coin de ses lèvres.

« Afin d'être le seul à y avoir goûté ? Non. Vous savez à quel point j'en ai besoin. Il me permettra de faire bien plus de choses que n'importe lequel d'entre vous. »

« Il te tuera. Petit à petit. Il détruira tout ce en quoi tu crois et tous ceux que tu aimes. Ce pouvoir n'a rien à voir avec l'Amour. Crois moi, Elliot. Il est un poison. »

...


Le Sable Noir tomba en cendres de mes doigts jusqu'au sol. Je fermais le poing, avant de rattraper Aurora qui avait glissé de sur mon épaule. Elle avait ressentis l'état dans lequel je me trouvais, et cela l'avait considérablement affaiblis.

Il m'avait fallu un petit moment pour récupérer. Moment durant lequel j'avais posé Pantalaimon sur le sol. J'espérais ne pas l'avoir trop perturbé en l'ayant pris en main. Je savais qu'il ne fallait pas toucher un Daemon, mais je n'avais pas eu le choix.

Au bout d'un autre petit moment, Aurora avait fini par se redresser, et elle avait reprit son envol de sur ma main. Je la voyais battre des ailes, tout en m'observant.

« J'ignorais que c'était à ce point. » me dit-elle.

Je lui adressais un faible sourire me voulant rassurant.

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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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________________________________________ 2021-02-10, 14:41 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Anges & Daemons


- PLUS UN GESTE !

Le cri de Vaiana m’avait fait sursauter. Sans enlever ma main de la pierre, j’avais brusquement tourné la tête en direction du hurlement et Vesper en avait fait de même. Elle était là ! Vaiana était là ! J’avais voulu l’appeler pour lui demander de venir m’aider, follement soulager de la voir enfin mais je n’avais pas eu le temps de réagir. Tout s’était passé très vite, le sol avait tremblé, il y avait eu un bruit d’aile puissant et en quelques secondes, j’avais réceptionné mon amie dans mes bras, me menaçant de tomber à la renverse par la même occasion. Un peu sous le choc, je l’avais laissé faire, tapotant maladroitement son dos, tandis que ses cheveux me tombaient sur le visage. Il s’était passé quoi ? Je l’ignorai, j’avais cru comprendre que j’avais dû éviter un danger mortel de justesse et que ça lui avait fait suffisamment peur pour se jeter dans mes bras. Cette pensée me réchauffa le cœur. Jamais jusqu’alors nous n’avions agi comme cela l’une envers l’autre. Nous avions une amitié compliquée. Elle avait pourtant bien commencé mais une explosion de colocation nous avait séparé. Chacune avait fait face à ses propres problèmes et on s’était éloignées, aussi bien physiquement que par le cœur. Je l’avais revu en janvier de l’année précédente et elle m’avait semblé changé, quelque peu brisé, ça m’avait fait mal au cœur mais une certaine gêne et une certaine glace avait mis des distances entre nous. Des distances qui étaient en train de voler en éclat avec toute cette histoire et la retrouver enfin me faisait du bien. Je l’avais aussi serré dans mes bras avant de lui préciser d’une voix étouffée sur son épaule :

- Cool ton daemon.
T’as trop géré, Manu. On t’a retrouvé. On t’a retrouvé.

Je sentais que dans son ton, il y avait une peur sous-jacente. Elle non plus n’avait pas l’air de bien supporter l’abandon. Frottant avec douceur ma main sur son dos, je précisais avec une voix goguenarde pour me donner contenance :

- Ben ouais... t’as cru que t’allais te débarrasser de moi aussi facilement ? Ça marche pas comme ça, ma p’tite !

Je m’étais retiré avec douceur pour échanger avec elle un sourire malicieux. J’ignorais comment on avait pu se retrouver mais j’étais contente qu’elle en avait été capable. A nous deux, on était forcément plus forte. Même si je ne sentais pas son poids, j’avais étrangement senti les pattes de Vesper sur mon bras qui se maintenait debout sur les pattes arrière pour nous observer l’une après l’autre, comme en attente de présentation, même si je voyais à ses yeux qu’il la connaissait déjà.

- Je te présente Vesper, mon daemon.
- Coucou Vaiana !

Il avait agité sa patte d'un air enthousiaste, les yeux brillants d'excitation.

- Il est trop mignoooon.

Vesper avait rougit en entendant le compliment, tourant la tête comme pour lui signifier qu’il était gêné avec un petit sourire. Je me tournais une nouvelle fois vers l’oiseau que je voyais soudain beaucoup mieux. Il avait l’air gigantesque et un peu gauche avec ses ailes. Il me faisait penser à Vaiana en tout point. Un Albatros. Comme celui de Baudelaire, avec toute la mélancolie que cela représentait. Mais aussi son côté majestueux, caché derrière une couche de maladresse. Vaiana quoi. Avec un sourire, je lui lançais, si j’avais tout bien compris :

- Salut Manu ! Ravie de faire ta connaissance.
- Oh oui, moi aussi !

Ma loutre observait l’oiseau avec les yeux brillants de joie et d’enchantement. Apparemment, il avait l’air plutôt heureux de rencontrer de nouvelles personnes. Manu avait incliné sa tête avec lenteur, lui donnant une classe impressionnante. Je m’étais contenté de lui sourire encore tandis que la loutre s’était vivement retirée de mon bras pour se diriger vers l’albatros. Ils avaient collé leur nez et museau l’un contre l’autre pour faire connaissance avant de se murmurer des choses. C’était apparemment leur façon de se saluer et je les avais regardés d’un air attendrit avant de reporter mon attention sur la brune qui me précisait déjà :

- Vous avez eu chaud. Y avait un ours pas commode qui cherchait à vous bouffer. Mais... il a disparu. Beaucoup de choses ont l'air de disparaître, dans le coin.
- Un ours... mais...

La nouvelle m’avait abasourdi. J'avais tourné la tête pour constater que l’ours n’était plus là avant de dire d’un air perplexe :

- Merci à tous les deux de nous avoir sauvé la mise en tout cas... je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que l’univers veut me tuer, ça fait quand même deux fois en trois jours...

Comme par instinct, j’avais posé ma main sur mon ventre en grimaçant, me rappelant alors brusquement à ce que je faisais juste avant ça :

- Lyra !

Elle aussi était abonné à la mort en 3 jours apparemment. J’expliquais à mon amie :

- On a entendu Lyra dans un des cailloux en tentant de nous connecter aux autres. On essayait de vous retrouver alors Vesper m’a proposé qu’on pose notre main – et notre patte, pardon Vesper – sur un des cailloux blancs. Et c’est là qu’on a entendu Lyra hurler, un cri d’effroi... on a essayé de se concentrer encore plus sur la pierre mais je crois que c’est là que l’ours est arrivé... puis vous... faut... faut qu’on l’aide ! On y arrivera peut-être mieux à quatre non ?

J’avais fait un signe de tête vers la pierre pour lui proposer de réitérer l’exercice. Plus de son ni d’image sur Anatole non plus, j’espérai qu’il allait bien et je me demandais à présent si lui aussi avait un daemon. Vaiana avait hoché la tête à ma proposition tandis que Manu se dandinait d’une manière gauche sur le sol pour nous rejoindre à son tour :

- Faut juste qu'on pose nos mains dessus ?
- Et qu'on pense à Lyra. Ça devrait fonctionner.

On avait tous posé notre main, patte et aile sur une pierre mais rien ne s’était passé... Pourtant, Vaiana avait précisé à voix basse :

- Je pense que Lyra est hors de danger. Par contre nous, ça craint.

Elle m’avait indiqué discrètement d’un signe de tête quelque chose à ma droite et lentement j’avais tourné la tête vers sa direction pour y voir que l’ours blanc sans armure était de retour. Et que cette fois, il avait même amené un pote. La main tremblante, je l’avais lentement fait glissé de la pierre.

- Super et on fait quoi maintenant ?

Pour toute réponse, Vesper avait lâché la pierre pour ramper de sa démarche d’anguille jusque devant moi. Ventre à terre, il observait les deux ours avec un air de défi, les dents légèrement sorties.

- Euuh... Vesper, sans vouloir te vexer, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, t’es... une loutre... pas un tigre des neiges hein...

Il était bien plus courageux que moi, c’était une évidence. Un peu paniquée, je demandais toujours à voix basse à Vaiana :

- Et on fait quoi ? J’ai l’impression que l’Hôtel Bleu n’aime pas trop l’idée qu’on tente de se rejoindre, ce truc apparaît à chaque fois qu’on essaye et dès qu’on arrête, ils...

Les deux ours blancs avaient alors commencé à charger sur nous.

- … Disparaissent.
- J'ai plutôt l'impression que c'est aléatoire. Si ça se trouve, cet endroit échappe à tout contrôle !

Je m’étais relevée d’un coup, me disant que c’était quand même mieux pour courir d’être debout. J’avais agrippé le bras de Vaiana par la même occasion pour l’aider à se soulever. Je me rendais brusquement compte qu’elle avait l’air d’ailleurs bien plus proche de ses facultés mentales qu’auparavant, la pilule avait déjà cessé de faire effet ? Tant mieux d’un côté mais ça m’interpelait aussi... et si le Temps s’écoulait différemment quand on était incapable de le quantifier ? Depuis combien de Temps on était là déjà ?! J’avais amorcé un mouvement de recul tandis que l’albatros avait rejoint Vesper en première ligne du combat. Il agitait ses grandes ailes d’un air menaçant mais les ours n’avaient plus l’air impressionnés :

- Manu, qu'est-ce que tu fous ? Et s'il t'arrivait quelque chose ?

Pour toute réponse, l’oiseau l’ignora, continuant de pousser des cris stridents. De leur côté, les ours réduisaient dangereusement la distance avec nous. Paniquée, je tournais la tête partout à la recherche d’un truc à me saisir pour tenter de leur frapper dessus mais il n’y avait rien autour de nous que ces foutus rochers et cette foutue neige.

- Vaiana... t’as pas un rappel de ton pouvoir là ? Genre maintenant, tout de suite ? Quelque chose n’importe quoi ? Allez concentre toi, je suis sûre que tu peux, je crois en toi !!

Elle était comme son albatros, elle avait juste besoin d’y croire, j’en étais persuadée... ou du moins je m’en remettais totalement à elle vu qu’on avait plus d’alternative. Elle nous avait emmené dans son monde, elle avait forcément encore un truc en stock. Prenant sa main dans la mienne, je m’étais mise à reculer en voyant les ours arriver à tout allure, priant pour un salut... Au même moment, les ours étant désormais presque à proximité, Vesper s’était élancé vers eux avec un cri agressif, zigzagant pour éviter l’impact, sans aucun doute.

- VESPER, NON !!!

La loutre était à présent si proche de l’un des deux ours que celui-ci avait ouvert grand sa gueule pour le mordre. J’avais étouffé un gémissement de peur mais au même moment, Manu était apparu pour faire bouclier, tout en donnant un coup de bête à l’animal. Celui-ci réagit instantanément en lui donnant un coup de patte, l’envoyant valser un peu plus loin. Au même moment, Vaiana à mes côtés avait poussé un hurlement de douleur avec un mouvement de recul. Je m’étais alors précipité sur elle pour l’aider :

- Ça va ? Pardon ! Je suis désolée !!

Je me sentais coupable, c’était à cause de mon daemon qu’on en était là et comme il l’avait si bien dit, il était moi. Choquée, j’observais Vaiana de haut en bas pour la soutenir. Elle avait senti le coup de l’ours, comment était-ce possible alors qu’on était presque incapable de sentir nos daemons ? Ils n’avaient même pas vraiment de consistance... Mais j’avais plus important à régler, les ours qui étaient désormais à notre hauteur et qui avaient ralenti pour nous toiser tout en se léchant les babines. J’avais continué de reculer avec Vaiana, terrorisée, ignorant ce que je pouvais désormais faire. Ce que je ne voulais pas, c’était que comme je m’étais précipité vers Vaiana, Vesper s’était précipité sur Manu pour l’aider à se relever et se remettre de ses émotions. Et les deux s’apparaîtraient à prendre les deux monstres à revers.

- MAINTENANT CA SUFFIT !

La loutre avait ouvert son museau en fonçant sur ses proies, bien décidé à les mordre tandis que Manu avait déployé ses ailes, serres en avant, pour blesser les ours. Pourtant, contre tout attente, ils n’avaient pas eu le temps d’atteindre leur cible. Quelque chose de puissant, de lourd et d’invisible nous était brusquement tombé dessus à tous et pendant l’espace de deux secondes, j’avais été dans une incapacité si forte de respirer de que je m’étais mise à paniquée. Pourtant, la sensation finit par s’effacer. De nouveau maîtres de leurs mouvements, les ours s’étaient redressés et avaient fuir en 4e vitesse en gémissant. Abasourdi, j’avais tourné la tête vers Vaiana :

- Il s’est passé quoi ? C’était toi ?

Vesper et Manu s’étaient observé perplexe mais mais loutre avait repris rapidement du poil de la bête :

- On est trop fort. On fait trop peur.

Il avait monté ses petits poids en l’air, au niveau de sa poitrine, tout en se dandinant sur ses pattes palmées arrières, comme un boxeur à fourrure. Je l’observais avec un air de reproche :

- Ouais ben toi tu ferais mieux de pas trop faire ton malin, t’es fou ou quoi ? T’aurais pu te faire tuer ! Merci Manu.

Pour toute réponse, Vesper s’était ratatiné, déçu de ce que je venais de lui dire. Je reportais mon attention sur Vaiana qui semblait aussi ébahie qu’elle :

- Si c'était moi, alors je suis pas au courant.

Elle baissa les yeux sur ses mains, aussi dubitative qu’impressionnée :

- Ça ne venait pas de toi. C'était Hypérion.
- Ah ouais, ça se tient. Il nous aurait sauvés sans nous voir ? Il est capable de faire ça ?

Elle avait tourné la tête vers moi mais j’avais haussé les épaules en secouant la tête de gauche à droite pour lui montrer que je n’en avais aucune idée. Fronçant les sourcils, j’observais alors l’albatros :

- Comment tu sais que c’est lui ? Tu es capable de le sentir ? Pourquoi il nous a pas ramené à lui plutôt ? T’arriverai à nous guider toi, vers lui ?
- C'est une simple supposition. J'ai souvent une bonne intuition.

Il observa Vaiana qui avait entré la tête dans les épaules d’un air sceptique. Apparemment, son daemon croyait bien plus en elle et en leurs capacités qu’elle. C’était bien qu’elle voit cette part d’elle également. Il avait un sourire au fond des yeux avant d’ajouter à mon attention :

- S'il ne nous ramène pas à lui, c'est sûrement qu'il n'y arrive pas. Quelque chose l'en empêche. La Nature n'a presque plus aucune emprise sur cet endroit. Ça, je peux le sentir.

Il leva le bec, comme s’il percevait ce qui l’entourait. Mon amie semblait perplexe de voir tout ce qu’il était capable de faire niveau feeling contrairement à elle et j’avais baissé la tête vers Vesper qui s’était blotti contre moi en observant les deux autres en me demandant si lui aussi était capable de ressentir tout cela ou si c’était propre à Manu.

- Et donc, tu pourrais nous guider vers lui ?

Il secoua la tête :

- Impossible. Même si je suis très fort, je ne suis pas un titan.
- Dans ce cas, qu'est-ce qu'on peut faire ? Faut qu'on agisse ! Les ours vont sûrement finir par revenir et je pense pas qu'on aura du bol à nouveau !

J’avais hoché la tête d’un air entendu en sa direction, comme pour lui préciser malgré le silence que je savais le danger qui nous attendait. Je réfléchissais à toute vitesse. J'avais aucune espèce d’idée de ce qu’il fallait faire. Lentement, j’avais tenté de poser mes arguments à voix haute pour qu’elle puisse suivre mon raisonnement :

- Hyperion a une certaine maîtrise de la Nature. Il vit à travers elle, comme nous tous, mais avec une force plus imposante que nous. Si Manu dit vrai, quelque chose l’empêche de nous rejoindre SOIT parce qu’on est trop perdu pour eux et qu’il n’arrive plus à nous atteindre SOIT parce qu’ils sont plus perdus que nous et donc il perd de ses facultés. Dans les deux cas... je dirais qu’il faut qu’on augmente notre lien avec la Nature, t’en pense quoi ? Peut-être qu’on ferait mieux de tenter de sortir ? S’ils sont moins perdus que nous, on va les trouver sur le chemin... s’ils le sont plus, une fois qu’on sera sorti, notre lien à la Nature sera maximal. Il nous suffira de l’appeler et peut-être qu’il parviendra à se raccrocher plus à nous, comme une sorte de pont entre lui et la Nature et on le sortira d’ici... Non ?

Je les observais tous les trois, j’étais complétement incertaine. Je disais peut-être une grosse boulette et ça ne réglait pas le problème de Lyra... et si elle était encore plus perdue que nous ? Me tournant vers Manu, je lui demandais :

- T’arriverai à sentir Lyra ? Ou son daemon ? On a essayé avec Vesper tout à l’heure mais ça n’a pas fonctionné... je sais pas où elle est et j’ai peur qu’on l’oublie si jamais on fait sortir Anatole et qu’il n’est pas avec elle...
- Je ne sens pas les autres, Alexis.

Il avait un ton désolé.

- J'essaie juste de garder l'esprit ouvert.
- Ouais, on va tous bien ouvrir notre esprit en taille XXL. Si on se concentre tous les quatre sur Anatole, il va forcément se passer quelque chose ! Ou alors, on se concentre sur la Nature ! C'est peut-être mieux sur la Nature, en fait. Parce que si on pense à la Nature, on finira par sortir. C'est bien ça ton idée, non ?

Elle m’avait observé et j’avais hoché la tête en haussant les épaules. C’était presque mon idée ouais... j’avais pas vraiment réfléchi à cette partie du plan pour être honnête mais elle avait du le voir d’elle-même.

- On fait comment ? On se donne la main ?

Pour toute réponse, Vesper s’était redressé pour me tendre sa patte et j’avais posé ma main en dessous. Manu s’était approché de Vaiana qui avait mis sa main sur les ailes de l’oiseau. De son autre patte, ma loutre avait saisi les plumes de l’albatros tandis que je prenais mon autre main pour la mettre dans celle de Vaiana, nous formions désormais un cercle.

- De cette manière, on crée un circuit d'énergie pure.

J’avais hoché la tête d’un air entendu. J’avais vraiment l’impression que c’était nous plus qu’Anatole qui étions désormais les apprentis chamans mais il fallait bien tenter quelque chose. Les yeux clos, j’avais tenté de me rapprocher de tout ce qui faisait la Nature, comme si j’étais une Jedi qui tentait de se rapprocher de la force. Je tentais de repercevoir le vent, le froid de la nuit, l’humidité de la neige, la Vie qui s’écoulait en moi et celle aussi qui naissait en moi, de prendre conscience de mon Daemon. De me remémorer le Photogramme. Et soudain, j’avais senti un truc étrange entre mes doigts, comme une énergie qui passait encore ma main qui tenait Vesper et celle qui tenait Vaiana. Cette dernière avait d’ailleurs bougé les doigts, comme si elle sentait aussi quelque chose. Ca marchait, on allait sortir de là...

- Aidez-moi, s'il vous plaît.

Ou pas. J’avais brusquement ouvert les yeux pour découvrir un petit garçon, vêtu d’un pantalon de velour marron, d’un pull et d’un manteau ouvert, nous observait à moins de 5 mètres de nous. Je l’observais un peu perplexe :

- Zoran ?

Je ne voyais pas qui il pouvait être d’autre, c’était forcément le gamin du conte... mais ce n’était ps pour autant que je me sentais en sécurité. Il avait un truc flippant dans le regard, j’entendais presque encore la voix d’Eleonor qui hurlait à l’aide en tambourinant à la porte de l’église où nous nous étions barricadés avec Anatole. Elle avait tenté de me brûler vive quelques seconds avants. Nous n’étions pas chez nous, nous étions toujours dans l’Hôtel Bleu alors qu’elle que soit le gamin qui me demandait son aide, je restais sur mes gardes. Le gamin acquiesça légèrement avant de pencher la tête sur le côté :

- Qu'est-ce que vous faites ?

L’albatros le regardait intensément. Il ne semblait pas plus confiant que moi face au gamin. Pour éviter d’en dire trop, j’avais juste précisé :

- On ressent la Nature.

Comme s’il sentait ma suspicion, ou pire, la ressentait aussi, Vesper plissa les yeux en sa direction :

- T'avais pas besoin d'aide y'a 2 minutes ?

Bien qu’il était toujours aussi mignon physiquement, je me rendais compte qu’il était aussi capable d’une grande froideur quand il n’avait pas confiance.

- Si... Vous devez m'aider. Il va détruire mon Hôtel Bleu s'il continue.
- Qui, “il” ?

Sa voix était anxieuse mais pourtant son visage était extrêmement calme. J'avais l’impression d’être au milieu d’un film d’horreur où le gamin était possédé par une entité maléfique, comme une marionnette :

- Votre ami.
- Anatole ? S'il continue quoi ?
- Il cherche à entrer plus loin... Il n'a pas le droit de faire ça.

Une ride soucieuse était venue barrer le front de l’enfant. De mon côté, j’avais perçu son explication avec une certaine surprise. Aller plus loin ? Comment ça “aller plus loin” ? Pour trouver Pantalaimon ? Ou nous ramener chez nous ? J’avais échangé un regard perplexe avec Vaiana :

- C'est dangereux pour vous et pour lui.
- Entrer plus loin ? Qu’y a-t-il plus loin ? Ecoute... nous tout ce qu’on veut c’est récupérer un daemon du nom de Pantalaimon et trouver des réponses pour rentrer chez nous. Nous ne venons pas de ce monde... nous pouvons trouver les réponses ici ?
- Vous pouvez obtenir des réponses, mais elles risquent de ne pas vous plaire.

Il avait dit cela avec une moue et j’avais presque envie d’en faire une aussi, pourquoi je m’en doutais ?

- Pantalaimon appartient désormais à l'hôtel bleu. Il ne sert à rien de vouloir braver cette fatalité.
- On s’en fiche qu’elles nous plaisent pas les réponses, on les veut !

Vesper l’avait précisé avec un tel aplomb qu’il avait même hoché la tête d’un coup sec pour faire bonne mesure de ses mots ? J'avais eu un petit sourire à son attention avant de préciser :

- Il n’a pas tort... Pourquoi Pantalaimon ne pourrait pas revenir avec nous après tout ? C’est quoi ici, une sorte de fin ? La mort au bout du chemin ? Les “Enfers” ?

J’avais fait des guillemets avec mes doigts, ignorant si les “enfers” comme on les voyaient dans la mythologie étaient connu de ce monde ou s’ils ne connaissaient que les enfers de la religion monothéiste. Le garçon avait eu l’ombre d’un sourire en secouant la tête de gauche à droite :

- La mort n'existe pas, ici. La douleur non plus. C'est un endroit merveilleux pour tous. Seulement, certains n'acceptent pas l'immense chance qu'ils ont.

Il marqua une pause, pensif, avant d’ajouter :

- C'est un paradis miniature.

Il avait l’air réjouit tandis que Vaiana intervenait à voix basse :

- Les gars... Vous avez remarqué qu'il n'a pas de daemon ?
- Tous les daemons sont les miens.

Au même instant, comme pour faire bonne mesure de ce qu’il venait de nous dire, un cavalier king charles apparut dans ses bras. Il semblait trembler de tout son corps même si le gamin n’avait pas l’air à première vue de lui faire du mal. Cette vision m’avait choqué presque autant qu’elle avait choquée Vesper qui l’observait, la gueule ouverte. De nombreux animaux apparurent alors autour de lui, tous avaient le même regard, la même tétanie, le même choc au fond des yeux et du corps, c’était si triste à voir que j’en avais presque les larmes aux yeux. Il y avait de tout, un rouge-gorge, un iguane, un wombat, un chimpanzé... il devait y en avoir au moins une dizaine.

- Les vôtres seront à moi aussi, un jour ou l'autre. Ils sont différents parce que vous venez d'un autre monde, mais ça n'est pas grave. Je suis patient.

Il avait un ton assuré. Dans ses bras, le chien avait émis un couinement. Super, il nous avait pas fallu longtemps pour passer du petit garçon sans défense au taré psychopathe et collectionneur, j’en étais sûre... Ne jamais faire confiance à un gamin quand on atterrissait dans un monde chelou. Je m’étais alors rendue compte que je tremblais de fureur et de dégoût, c’était inimaginable de faire une chose pareille. De son côté, Vesper s’était redressé, visiblement prêt lui aussi à en découvre mais je l’avais intimé au silence mais une nouvelle pression sur sa patte que j’espérais qu’il sentirait. J’avais observé les animaux les uns après les autres, tentant de garder mon calme :

- Je ne comprends pas... comment sont-ils tous venus jusqu’à toi ? Où sont leurs humains ? Et les ours de Reinofur, ce ne sont pas des Daemons, eux... ils sont désormais obligés de travailler pour toi ?

Je tentais de gagner du Temps tout en essayant de comprendre. Je préférai ne pas rebondir sur le fait qu’il voulait Vesper ou Manu, moi vivante, il aurait aucun des deux. De leur côté, Vaiana et l’albatros s’étaient aussi approché instinctivement l’un de l’autre en voyant l’horreur de la situation.

- Ils se sont perdus. Heureusement, L'hôtel Bleu les a trouvés. Leurs humains sont auprès d'eux.

Perso je voyais aucun humain dans les parages... je me demandais vraiment ce qu’il en avait fait mais j’avais trop peur de la réponse pour pousser plus loin l’investigation. Il l’avait dit avec une voix tellement nébuleuse que ça n’annonçait absolument rien de bon.

- Quant aux ours, ils ne me sont d'aucune utilité. Ils se contentent d'errer puisqu'il n'existe aucune sortie.

J’avais serré les dents en précisant :

- Si y’a une entrée, y’a forcément une sortie. C’est pas parce que vous avez envie de nous la cacher qu’elle n’existe pas. Vous êtes quoi au juste ? Je doute que le petit garçon que nous avons devant nous est à l’origine de tout ça, l’hôtel Bleu existait avant son arrivée. Vous êtes une sortie d’entité qui a pris possession de lui ?

Il avait marqué un temps de réflexion avant d'ajouter :

- Aidez-moi à empêcher votre ami de nuire à L'hôtel Bleu et en contrepartie, je ne toucherai pas à vos daemons.

Je n'avais aucune envie de faire ce qu’il voulait. Si ça se trouvait, Hyperion était plus fort que lui, c’était même possible sinon il ne nous demanderait jamais de l’aide pour faire un truc pareil. Et son prix était pas assez élevé pour me demander de trahir mon ami. Juste ne pas toucher à mon daemon ? Et puis quoi encore ? Je voulais le daemon et la porte de sortie, au minimum. Pourtant, je me tournais tout de même vers Vaiana pour l’interroger du regard, je ne voulais pas prendre cette décision seule, elle était mon amie elle aussi et elle était en danger, elle avait le droit à sa voix au chapitre. Et nous avions l’air plutôt sur la même longueur d’onde car elle n’avait pas l’air d’avoir plus envie que moi de se lancer dans un pacte avec le diable. Au même moment, un nouveau daemon apparut entre nous. Il trottinait joyeusement, loin d’être aussi effrayé que les autres en chantonnant d’une façon guillerette pour lui-même. Il avait l’air déterminé et il tenait... une boussole à la main. Je l’observais, ébahie par la scène qui se déroulait sous mes yeux. Zoran l’observa d’un air oblique :

- Tu sais que tu ne peux aller nulle part.

Pour toute réponse, le Daemon sursauta, se rendant apparemment compte brusquement qu’il y avait pleins de personnes autour de lui. Il nous observa de ses grands yeux globuleux, Vaiana et moi, clignant des yeux au passage.

- Oooh pleins de clients et je n'ai plus mon étal !

Il agita sa boussole au bout de ses pattes :

- On peut sortir ! On peut sortir !

Apparemment, lui, il avait pas perdu la foi. Contrairement aux autres qui s’étaient ratatinés en observant Zoran en tremblant. C’était plus qu’étrange, comme si les daemons craignaient qu’il se mette brusquement en colère... pourtant s’il n’y avait pas de sorti, il n’avait absolument pas à se mettre en colère, juste à rire de ce pauvre fou qui n’avait pas encore compris où il était tombé. Cette pensée fit monter en moi une nouvelle bouffée d’espoir : il y avait bien une sortie, envers et contre tout et Zoran ne pouvait pas la contrôler sinon il ne craindrait pas le danger. Comme si Vesper avait entendu mes pensées, il avait alors lâché Manu et ma main pour se faufiler vers le petit bonhomme qui n’était pas loin de nous. A sa hauteur, il observa à son tour sa boussole.

- Salut, moi c’est Vesper. Elle est super belle ta boussole, où l’as-tu trouvé ?

Il observa la boussole plus intensément comme tentant de comprendre ce qu’il était en train de faire :

- La sortie est au Nord ?
- La sortie ? Quelle sortie ?

Il le fixa de ses yeux globuleux et Stellavesperum avait ouvert sa gueule pour lui répondre avant de se figer sur place, pantois de sa réponse. Un peu déboussolé, il avait fini par tourner le regard vers moi, je l’entendais presque me dire “il est sérieux, là ?”. Déglutissant, j’avais repris avec patience :

- T'as... t'as dit qu'on pouvait sortir... tu parlais de quoi ?

Pour toute réponse, il agita de nouveau sa boussole qui disparut brusquement.

- NOOOON !

Il observait ses pattes d’un air attéré :

- Je l'ai perdue, perdue ! Non, elle s'est perdue toute seule. Toute seule ?

Il s’était mis à chercher de tous les côtés, même sous ses pattes arrière tandis que Zoran intervenait, agacé :

- Ça suffit. Soit vous m'aidez, soit v...

Il se coupa brusquement, visiblement dérouté par quelque chose. Il jeta le King Charles au sol qui couina en se retirant légèrement de la prise du démon, bientôt rejoint par les autres daemons qui tentaient de l’apaiser en le câlinant. Zoran avait posé les paumes au sol, visiblement très concentré. Je m’étais relevée d’un bond, entraînant Vaiana dans mon action tout en lui hurlant :

- HE ! STOP ! Qu’est-ce qui se passe ?

Hyperion devait sans aucun doute le mettre en difficulté, c’était une bonne chose mais apparemment il était en train de reprendre le dessus. J’avais regardé Vaiana, avant de poser les yeux sur Vesper qui avait compris en un instant qu’il devait revenir dans ma direction. Prenant la main de Vaiana je lui avais dit :

- Il faut qu’on l’aide ! Anatole ! Comme tout à l’heure, mais vers le sol. Si on arrive à recréer un cercle d’énergie pur avec le sol, peut-être qu’on parviendra à lui donner suffisamment de force contre Zoran ?

Vaiana avait accepté d’un hochement de tête et nous nous étions toutes les deux accroupies. Chacune de nous avait posé sa main libre sur le sol tandis que l’Albatros s’accrochait de ses ailes à mon amie et que Vesper était venu se loger sur mes épaules. Ensemble, nous nous étions concentrés de nouveau sur ce fameux cercle d’énergie pure dont avait parlé Manu. Une fois de plus l’énergie avait parcouru tout mon corps, jusqu’à ce Zoran reprenne d’une voix hachurée, comme luttant contre quelque chose d’assez fort :

- Vous êtes... des idiotes...!

J'ignorais si c’était ce que nous étions en train de faire qui le faisait combattre ainsi ou si c’était autre chose, comme Hyperion qui luttait de son côté. Motivée par une potentielle force que nous avions et pleine d’orgueil de cette éventualité, j’avais ajouté, toujours concentrée :

- Peut-être mais t'as l'air de galérer mon gars...

Vesper lui avait lancé un ricanement triomphant pour appuyer ma phrase. Zoran me lança un regard meurtrier mais je tenais bon. Au même moment, un bruit assourdissant se fit entendre, comme si de la glace très épaisse était en train de craqueler sous nos mains et sous nos pieds. Le sol s’était d’ailleurs mit à trembler. Le gamin avait disparu mais les daemons s’étaient mis à s’agiter, anxieux à l’idée que le sol se dérobe sous leur poids. De son côté, Synster s’écriait :

- C'est les sooooldes ! Les Sooldes !

Une fissure énorme se créa alors dans la neige, révélant alors la glace qu’il y avait en dessous. La brèche s’agrandit si rapidement que bientôt je pu voir avec un étonnement concentré un sol bleu qui apparaissait en dessous et qui se fissurait à son tour. Tout était en train de partir à volo... étions-nous en train de gagner ? Je l’espérai et plus que tout, j’espérai qu’où qu’il soit, nous avions pu aider Anatole. Il ne nous manquait plus que Lyra et bientôt, on dirait au revoir à cet endroit de malheur, j’en étais persuadée.

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Lyra Parle-d'Or
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Lyra Parle-d'Or

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Nwd4

We are all broken.
That's how the light gets in.



| Conte : A la Croisée des Mondes
| Dans le monde des contes, je suis : : Lyra Belacqua / Parle-d'Or

| Cadavres : 63



Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 _



________________________________________ 2021-02-10, 22:23



“L'univers est rempli d'intentions. Tout ce qui se produit a un but.”

☆ ★ ☆
Lyra n’avait pas eu le temps d’étouffer sous la neige, car elle fut emportée jusqu’à une sorte de sous-sol aux murs d’un bleu terne. Aucune trace de poudreuse sur ses vêtements. Perplexe, elle leva la tête. Le plafond était fermé. Elle se tenait sur ses pieds comme si on l’avait simplement déplacée. Bien qu’il n’y ait aucune source de lumière, elle voyait étrangement bien. Des ronds de clarté semblaient suinter des murs.

Le lieu lui semblait curieusement familier. Il s’agissait d’un caveau. Sans doute qu’elle ne ressentait pas autant d’appréhension qu’elle aurait dû car cela lui rappelait les catacombes de Jordan College, dans lesquelles elle avait passé une grande partie de son enfance à jouer et boire du vin en cachette. Ce genre d’endroits ne lui faisait pas peur. Si L’Hôtel Bleu cherchait à l’intimider, c’était très mal choisi.

La jeune fille chercha immédiatement une sortie. Elle parcourut le caveau en long, en large et en travers, sans en trouver aucune. Il comportait une cinquantaine de sépultures. Chaque corps était allongé sur une sorte de stèle funéraire. Des hommes, des femmes, très peu d’enfants. Ne pouvant rien faire d’autre, elle décida de s’y intéresser. Peut-être découvrirait-elle un quelconque indice lui permettant de s’échapper ? Elle remarqua très vite que les cadavres s’apparentaient à des momies. La majeure partie n’avait presque plus rien d’humain et était vêtue de morceaux d’étoffe terne couvrant à peine leurs membres décharnés, mais certains semblaient posséder encore un souffle de vie, cela étant sans doute conféré par leurs habits pratiquement encore intacts.

Elle stoppa net en sentant une chose indéfinie l’écraser de tout son poids. Fort heureusement, cela ne dura qu’une ou deux secondes. Elle haleta et se cramponna à une stèle. De quoi s'agissait-il ? Elle tenta de garder contenance et passa près d’une stèle funéraire vide avant de s’approcher d’un homme vêtu d’un long manteau d’alpiniste. Le corps momifié était couvert de poussière, comme tous les autres, et lorsque la jeune fille souleva délicatement un pan du manteau, la poussière s’envola dans la faible clarté. Elle remarqua que cet homme avait des montres pleins les poches. Différents modèles sur lesquels étaient accrochés des étiquettes avec des chiffres. S’agissait-il d’un vendeur de montres ? Lyra pencha la tête vers la stèle et lut ce qui était gravé :

Gary & Synster

Elle fronça les sourcils, puis accorda de l’attention aux autres stèles. Sur chacune d’elle étaient notés deux prénoms.

L'humain et son daemon, réalisa-t-elle dans un frisson.

Bien entendu, les daemons avaient disparu à la mort de ces personnes. Lyra se rendit compte que la stèle vide ne comportait aucune inscription. Elle se rapprocha de Gary, le présumé vendeur de montres. Quelque chose était étrange avec ces cadavres. Ça n’était pas une pratique courante de momifier les corps dans le grand Nord. D’un autre côté, rien n’était logique dans cet Hôtel Bleu.

Mue par une intuition, Lyra posa une main contre la poitrine du cadavre. Elle attendit, attendit encore... Soudain, elle sentit une fragile pulsation contre sa paume. Elle sursauta et écarquilla les yeux. Horrifiée, elle appuya davantage sa main contre le thorax desséché de l’homme. Son cœur battait encore. Très faiblement. C’était impossible ! Et pourtant, contre toute attente, il vivait.

Réprimant sa répulsion, la jeune fille approcha ses doigts des orifices qui avaient jadis été le nez du vendeur de montres. Elle perçut un souffle à peine perceptible. Elle-même cessa de respirer pendant une bonne minute. A présent, elle commençait à avoir peur.

Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? Oh Pan... si seulement tu n’étais jamais venu ici...

Fébrilement, elle se rendit jusqu’à une autre stèle et prodigua le même examen au corps d’une femme dans un état de détérioration si avancé que son visage n’était plus qu’une ébauche grossière. Son cœur fonctionnait également, à raison d’une seule pulsation par minute. Elle fit de même avec d’autres momies. Elles vivaient, mais leurs cœurs étaient considérablement ralentis. Allaient-elles se lever d’un moment à l’autre et tendre leurs bras décharnés vers elle, comme dans un roman d’épouvante ? Lyra redoutait moins cette éventualité qu’une autre aberration de L’Hôtel Bleu : au moins, elle s’y était préparée. Qui plus est, elle avait déjà affronté la mort. On ne peut avoir peur de ce que l’on connaît. Seul l’inconnu est effrayant.

Soudain, elle s’aperçut de quelque chose d’inquiétant et désagréable : des fourmis parcouraient ses jambes et ses bras. Elle les agita, cependant rien n’y fit : ses membres s’engourdissaient irrémédiablement. Bientôt, elle perdit l’équilibre. Elle ne possédait plus aucune sensation de son bassin à la pointe des pieds. Quant à ses mains... elle les voyait mais ne parvenait plus à plier les doigts. Un gémissement lui échappa. Elle mettait toute son énergie à lutter contre cette agression interne. Elle aurait tant voulu un ennemi de chair afin de pouvoir l’affronter en face à face...

Un son misérable franchit ses lèvres. Elle aurait souhaité prononcer le mot “Pan”, mais cela n’y ressemblait pas. Tout en restant consciente, elle sentait son corps l’abandonner. La panique la secouait de toutes parts. Bientôt, respirer lui devint difficile. Ses poumons se fermaient, l’oxygène lui manquait. Des points noirs parasitèrent sa vision. Elle faisait une bradycardie. Bientôt, son cerveau ne serait plus irrigué et elle sombrerait dans l’inconscience.

Les yeux écarquillés, elle vit les noms “Lyra & Pantalaimon” apparaître sur la stèle vide, à moins d’un mètre d’elle. L’emplacement leur était réservé. A jamais.

Non, non, NON ! Pan, bats-toi. Ne disparais pas.

Ses pensées désordonnées étaient adressées à son daemon. Elle espérait qu’il puisse l’entendre... Brusquement, elle se rendit compte que quelque chose l’aidait à lutter. Cela ressemblait à l’aura d’Anatole quand il l’avait réchauffée au bord du lac. L’engourdissement fut repoussé, les fourmis refirent leur apparition, parcourant son système nerveux de leurs milliers de petites pattes. Puis, elle s’aperçut que plus qu’une aura, il s’agissait d’une caresse. Un apaisement profond qui touchait son être d’une manière qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. Elle eut un hoquet de surprise. Désormais, elle en avait la confirmation : Anatole se trouvait auprès de Pantalaimon et il prenait soin de lui. Ses yeux s’embuèrent de larmes car elle percevait de nouveau son daemon. Le lien, bien que très faible, était de nouveau tissé entre eux.

Rassemblant le peu de forces qu’elle avait encore, elle rampa sur le sol et se redressa sur ses jambes flageolantes en s’agrippant à une stèle.

A cet instant, un grand tremblement se fit entendre au-dessus de sa tête, comme un énorme coup de tonnerre. A moitié sonnée, Lyra plaqua les mains sur ses oreilles et s’accroupit au sol, cherchant à se protéger. Les lumières du Nord envahirent le caveau, promenant leurs lueurs colorées sur les murs bleus ainsi que sur les morts-vivants figés. La jeune fille risqua un coup d’oeil vers le plafond éventré. Son cœur rata un battement lorsqu’elle aperçut le museau de Pantalaimon.

“LYRA ?”

“PAN !”

Elle ne sut pas très bien comment la suite se déroula, elle sentait seulement la chaleur du petit corps de son daemon qu’elle serrait contre elle, à genoux dans la poussière.

“Je suis désolée, tellement désolée, Pan...”

“Je te demande pardon, moi aussi.” murmura-t-il.

Il nicha sa tête dans son cou et s’y réfugia.

“Anatole avait promis qu’on te retrouverait.”

Lyra leva la tête vers le jeune homme qui les observait à travers le plafond béant. L’aurore boréale dansait au-dessus de sa tête et un papillon translucide voletait près de lui. Il semblait fatigué.

“Merci beaucoup.” dit-elle d’un ton humide.

“Qu’est-ce que c’est que cet endroit ?”
demanda Pantalaimon, horrifié.

Sur l’épaule de Lyra, il fixait la stèle sur laquelle leurs deux prénoms étaient gravés. Ses griffes s’étaient instinctivement plantées dans le manteau de la jeune fille. Elle posa une main sur son petit corps.

“Nous avons été plus forts que L'Hôtel Bleu, Pan.” dit-elle d’un ton féroce, en guise d’explication.

Le daemon observa le caveau dans son intégralité, s’attardant sur les momies. Il retint son souffle en fixant la stèle portant l’inscription “Gary & Synster”, et quitta l’épaule de Lyra afin de s’y précipiter.

“Qu’y a-t-il ? Tu les connais ?”

Il n’eut pas le temps de répondre car plusieurs éclats de voix se firent entendre à la surface, dont celle-ci, mi surexcitée, mi-épouvantée :

“C'est les sooooldes ! Les Sooldes !”

“Oh non...” murmura Pan, désemparé. “Il ne faut pas qu’il...”

La tête d’un daemon-galago apparut au bord de la fissure.

“Ah, les vandales... Ils n’attendent jamais qu’on ouvre le magasin ! Ils cassent tout ! Tout !”
fit-il comme s’il inspectait les dégâts causés dans la glace.

Puis, une lueur de curiosité s’alluma dans ses gros yeux orange quand il aperçut le caveau, en contrebas.

“C’est quoi ? C’est quoi ?”

Il glissa sur une forme arrondie de la paroi bleue et sauta dans les airs pour atterrir sur une stèle.

“Ouh, produit périmé ! Périmé !” dit-il en reniflant une momie.

Lyra renversa la tête en arrière, remarquant que d’autres daemons approchaient, craintifs. Certains avaient déjà compris et leurs yeux s’agrandissaient de terreur même si, au fond d’eux-mêmes, ils l’avaient toujours su.

Le daemon-galago trottina entre les stèles, imperturbable et se planta devant Lyra.

“Permettez-moi de vous dire, mademoiselle, que je vais devoir fermer cette boutique. C’est honteux, honteux !”

“Synster...” débuta Pantalaimon d’un ton prudent. “On devrait remonter.”

“Je n’ai pas fini fini mon inspection !”

Lyra sentit son cœur se serrer. Synster... Le nom écrit sur la stèle, à côté de Gary. Contre l’avis de Pantalaimon, le daemon-galago poursuivit son chemin entre les catacombes et inévitablement, stoppa net devant celle portant son nom ainsi que celui de son humain. Ses oreilles pointues lui en tombèrent. Ses yeux énormes s’agrandirent davantage.

“Gary Gary ?”

Il grimpa sur la stèle, près de l’homme momifié. Il resta figé quelques secondes, sa petite patte rose tendue vers le manteau contenant les montres.

“Gary Gary ?”

Il hoqueta, le fixant sans ciller. Il ne comprenait pas.

“GARY GARY !”

Sa voix n’était plus qu’un couinement pitoyable. Soudain, il se jeta sur le corps décharné et éclata en sanglots. D’autres daemons avaient rejoint leurs humains, s’étaient lovés dans leur cou ou s’étaient recroquevillés sur leur poitrine. Le caveau n’était plus qu’un immense abîme de lamentations à peine murmurées, car la véritable peine ne fait pas grand bruit.

Pantalaimon avait retrouvé la chaleur des bras de Lyra, et la jeune fille le serrait de toutes ses forces.

“On ne peut pas les laisser là. On doit faire quelque chose.” dit-elle à voix basse, tétanisée.

“Pourront-ils survivre sans eux ?”
s’interrogea Pan.

Lyra ne supportait plus d’assister à toute cette souffrance. Il fallait trouver un moyen de secourir ces daemons.

“Est-ce que vous pouvez faire quelque chose pour eux ?”
demanda-t-elle à Anatole qui l'avait rejointe.

Le jeune homme leva les yeux vers Alexis et Vaiana, penchées sur le caveau. Lyra se sentit rassurée de les savoir vivantes. Deux daemons aussi translucides que le papillon se tenaient à leurs côtés.

"On a croisé Zoran." intervint Vaiana. "Il n'a pas l'air de vous porter dans son coeur."

"Si tant est qu'un être comme lui ait un coeur !"
appuya le daemon-albatros.

Anatole réfléchissait intensément, sans lâcher Lyra des yeux. Puis, il regarda Pantalaimon dans les bras de la jeune fille. Ensuite, il leva la main afin que le papillon s'y pose et délicatement, le conduisit jusqu'à son épaule. Enfin, il déclara :

"Laisse-moi avec mes amis quitter cet Hôtel et je fermerai les yeux sur ce que je viens de voir."

Abasourdie, Lyra écarquilla les yeux. Avait-elle bien entendu ? Etait-il vraiment en train de passer un pacte avec Zoran ? Zoran était quelqu'un de mauvais ? Chamboulée, elle avait mille questions en tête mais les garda pour elle, car l'heure était trop grave pour demander des précisions.
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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Jvi6

« Il existe 175.000
espèces de papillons... »


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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Nono12

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 _



________________________________________ 2021-02-12, 20:01 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Bonjour mon ami...
...j'étais impatient de faire ta connaissance. »
▼▲▼

Il n'y avait qu'une seule et unique façon de quitter cet endroit, mais je ne voulais pas en arriver là. Ma Force était diminuée. Alexis et Vaiana en étaient totalement démunies. Il me restait le Sable Noir. Je savais que si je le libérais ici, je ne pourrais pas le contrôler. J'ignorais également pendant combien de Temps je pourrais lutter à ses côtés. A chacune de ses interventions, cela me rongeait de l'intérieur. Ce n'était pas une option envisageable et pourtant, je n'en voyais aucune autre. Notre liberté dépendait totalement de ce Zoran et je n'aimais pas cela.

« Laisse-moi avec mes amis quitter cet Hôtel et je fermerai les yeux sur ce que je viens de voir. » lui dis-je.

Les filles devaient rentrer. On devait partir. C'était maintenant ou jamais. Et comme je l'envisageais, je tiendrais promesse. Si il nous laissait quitter cet endroit, mes amis et moi, je fermerais les yeux sur ce que je venais de voir. On ne pouvait pas sauver tout le monde. Le futur, on pourrait l'envisager autrement. Mais pour l'heure, il fallait partir. C'était vital.

« Vous avez craqué votre slip ou quoi ? » s'exclama Vaiana.

Lyra observait Vaiana avec un air indécis.

« On ne peut pas fermer les yeux. C'est hors de question ! » renchérit Lyra d'un ton sec.

« Que suggérez vous ? » demandais-je aux filles, sans la moindre expression.

Je les regardais toutes les trois à tour de rôle. Si elles ne voulaient pas aller dans mon sens, je me demandais à quoi elles songeait. J'avais achevé mon tour d'horizon par Alexis, pour voir si elle me soutenait ou non.

Alexis laissa un long moment de silence s'installer. Elle réfléchissait sans doute à ce que je venais de lui dire. Depuis le début, elle n'avait pas parlé. Elle s'était contenté d'observer. Je sentais que ce qu'elle voyait, lui briser le coeur. On était tous dans ce cas.

« Il faut les achever... » finit-elle par dire d'une voix convaincue et triste.

Je la fixais, une nouvelle fois sans laisser paraître la moindre émotion. Elle pensait réellement cela ? Comme je l'imaginais, Vaiana venait de jeter un regard scandalisé à Alexis.

« Ca va pas la tête ? On peut pas faire ça ! Y'a forcément une autre solution ! Hyperion, vous pouvez téléporter humains et Daemons ailleurs, quand on partira, non ? Et si... si on leur fait un check up dans un hôpital, ils pourront s'en remettre, non ? »

« Elle a raison. » approuva Lyra à mi voix.

Pan grelottait dans ses bras. Quant à Vaiana, elle avait l'air soulagée que quelqu'un prenne son partit.

« Il faut les faire reposer en paix. » acheva Lyra en levant les yeux vers Alexis.

Vaiana était complètement estomaquée. Aurora, quant à elle, venait de se poser sur mon épaule. Qu'elle que serait ma décision, elle l'approuverait. Je me sentais soutenu par elle.

« Justement. » poursuivit Alexis. « Regardez-les. » dit-il l'air écœurée mais de tristesse. « Ils sont morts vivants... comme des rats de laboratoires dans du formol... le formol en moins. Ils sont en pleine décomposition, il ne reste plus rien à sauver d'eux, ils ne sont déjà plus là... »

Vesper s'était collé contre elle sans doute dans le but de lui donner du réconfort. Nos Daemons s'approchaient de nous, se liaient à nous, quand nos émotions étaient fortes. Je venais de m'en rendre compte.

« Espérer les sortir de là, c'est de l'utopie. Si on veut vraiment les aider, il faut les achever... on sait même pas comment ils sont, si ça se trouve, ils nous entendent, ils sont conscients, ils souffrent et se voient déperir sans pouvoir rien faire pour arrêter leur cauchemar. Et en attendant leurs Daemons vivotent, survivent par leur coeur battant... les achever, c'est leur laisser l'occasion de partir pour de bons et d'abréger leurs souffrances, c'est l'occasion de sauver les Daemons et de les libérer enfin pour de bon... ils ne pourront pas sortir, Zoran avait raison... ils ne peuvent pas rester loin de leur humain... il suffit de voir comment ça c'est passé pour Lyra... »

Elle avait tourné la tête vers elle avec un faible sourire. Puis, elle s'était adressée à Pantalaimon.

« Je suis super contente que tu sois pas une grosse mygale en vrai. » dit-elle avant de redevenir sérieux et de poursuivre en me regardant. « Mais si on fait ça... on détruit l'Hôtel Bleu... et tu n'as plus rien pour marchander... » douta t'elle, sans détacher mon regard de moi.

J'avais vue petit à petit son doute diminuer, et un léger sourire apparaître à la comissure de ses lèvres. Vaiana, quant à elle, elle avait secouée la tête.

« Je peux pas valider ça. C'est... c'est comme si on baissait les bras. »

Manu avait passé une aile autour des épaules de la jeune femme pour la serrer contre lui. J'étais un peu perdu. Je n'avais pas envisagé cette option. Je voulais quitter cet endroit, avec les filles, et revenir par la suite avec Thémis et Atlas. Mais là... ce qu'elles demandaient, c'était... inacceptable.

« Non. » leur répondis-je, sans donner plus d'explications, tout en tournant la tête vers Alexis. « Que vous a dit précisément Zoran ? »

« Il nous a demandé de l'aide. Il nous a dit que tu allais détruire l'Hôtel Bleu si tu continuais, que tu cherchais à entrer plus loin et que tu n'avais pas le droit. Il nous a expliqué que l'Hôtel Bleu est une espèce de paradis miniature et je commence à comprendre pourquoi. » me répondit-elle d'un air dégoûtée en observant les cadavres. « Il nous a dit que la mort et la douleur n'existait pas ici et pourtant je peux voir que c'est faux... t'aurais du le voir avec les Daemons, ils étaient tous terrorisés, il en a martyrisé un. Il a voulu passer un marché avec nous, si on l'aidait à t'arrêter alors il nous laisserait nos Daemons. »

Son visage s'illumina. Elle se rappelait de quelque chose.

« Ah oui, il a d'ailleurs dit que nos Daemons étaient différents et que ça lui prendrait plus de temps à les avoir mais qu'il était patient. »

Elle marqua une pause.

« Je trahis pas mes amis. » me précisa t'elle. « Avec Vaiana, Manu et Vesper, on a apprit à faire des cercles d'énergie pure en priant la Nature... et on a tout cassé pour vous retrouver... enfin je crois qu'on t'a aidé, je sais pas ce que tu faisais mais il avait l'air vachement énervé à un moment. Il a arrêté de nous parler pour tenter de te contrer. C'est là qu'on a fait notre truc et il a dit qu'on était des idiotes avant de disparaître... »

Elle avait adressé un regard en direction de Vaiana. Puis, elle tourna une nouvelle fois la tête vers moi.

« Tu comprends pas ? On a pas besoin de marchander en fait... on peut sortir d'ici ! Manu nous a dit que l anture était moins présente ici, mais on a réussi à la ramener vers nous. Si on recommence, je suis sûre qu'on pourra sortir. Si on était pas une une menace pour Zoran, jamais il serait venu marchander. On a pas besoin de lui, on peut péter cet endroit et partir, j'en suis persuadée, il suffit de croire en nous. » acheva t'elle en me souriant.

Je ne partageais pas son point de vue. Elle avait raison sur ce qu'elle disait. On pouvait effectivement détruire cet endroit, mais ce n'était pas dans mes objectifs. Je soupirais, avant d'adresser un regard aux filles. A chacune.

« Je le redis... non. On ne touchera pas à cet endroit. » affirmais-je à Alexis. « Zoran tient à cet endroit, sinon il ne serait pas venu s'adresser à vous. C'est qu'un enfant. Il est apeuré et n'ose sûrement pas venir me voir en personne. Je peux le comprendre. Il est faible, et je doute que si on souhaite détruire cet endroit, il puisse nous en empêcher. Mais je ne veux pas le détruire. Je veux simplement le quitter. C'est pour cela que nous avons besoin de lui. Afin qu'il nous ouvre un passage. Si il est lié à cet endroit, il le contrôle dans son intégralité. La décision lui appartient de nous venir en aide ou non. Ensuite, nous aviserons. »

« Vous l'avez pas vue. Il est tout sauf faible. » objecta Vaiana. « C'est pas un gosse. C'est un... psycopathe déguisé en gosse. »

« Je connais ce genre de personnes, mieux que tu peux l'imaginer, Vaiana. »

Les enfants capricieux et colériques, qui pensent que le monde leur appartient... Chronos. Elle marqua une pause en se mordant les lèvres. Finalement, elle s'emporta.

« Pourquoi vous ne nous faites pas confiance ? On vous dit qu'on peut péter cet endroit et tout régler ! »

« Parce que je ne souhaite pas détruire cet endroit, Vaiana. Comment dois-je te le dire ? » levais-je un peu plus la voix moi aussi.

Alexis me regarda d'un air choqué et dégoûté.

« C'est quoi que t'as pas compris dans le fait que c'est une entité démoniaque ? C'est pas un gamin, il avait l'air bien plus monstrueux qu'un gamin perdu... Tu veux vraiment laisser ce truc sur pieds alors qu'on a la capacité de se débrouiller de nous-même ? Cet endroit c'est une prison. Pourquoi accepter de laisser vivre cette foutue prison et de demander l'aide d'un tortionnaire plutôt que de s'en occuper nous-même et sauver toute personne qui pourrait finir ici ?! Je pensais que t'étais quelqu'un de bien... » s'emporta Alexis, à son tour.

Elle déglutit avec difficulté. Je sentais que ça lui faisait vraiment mal au coeur.

« Le monde est une prison pour beaucoup de personnes. Ca ne semble pas vous affecter plus que cela. Vous fermez les yeux sur déjà beaucoup de choses. Une de plus... » dis-je en faisant des vas et viens entre Vaiana et Alexis, d'un ton très calme.

« Vous nous demandez de fermer les yeux, sérieusement ? SÉRIEUSEMENT ? » s'exclama Vaiana, outrée et sérieuse.

« Non, Vaiana. Je vous demande de faire comme un jeune garçon que j'ai connu par le passé et qui a pris la décision d'agir pour le bien de tous. » répondis-je en soutenant son regard.

C'était bien entendu ironique. Car Chronos n'avait agis que d'une manière égoïste en ne prenant en compte que ses envies. On pouvait tout détruire. Mais qui étaient elles pour prendre une telle décision ? Alexis semblait choquée. Finalement, elle ne répondit pas.

« On ne peut pas prendre une décision de cette ampleur. Ca ne nous concerne pas. Ce monde, n'est pas le nôtre. Il ne répond pas aux mêmes règles, aux mêmes lois. On ne peut pas se mêler de ce qui se passe ici. » affirmais-je.

« Ne rien faire, c'est déjà prendre une décision. » répondit Alexis.

« Ca me dégoute... » laissa échapper Vaiana en me regardant d'un air écœuré.

Ce n'était pas facile de leur tenir tête. Surtout dans de pareilles circonstances. Mais je devais aller jusqu'au bout de ce que je jugeais bon. Elles finiraient par comprendre quelles étaient mes attentions et aller dans mon sens. On ne pouvait rien faire seul. Avec mon frère et ma soeur, on finirait par trouver un moyen de libérer ces Daemons, sans pour autant tout détruire. Le règne de Zoran ne durerait pas. Mais dans l'immédiat, il fallait laisser les choses tel quel. C'était ça, ou sacrifier un les Daemons autour de nous. Sans avoir la garantie qu'on pourrait détruire cet Hôtel Bleu. On ignorait si Zoran avait utilisé toute sa puissance, ou si il avait d'autres cartes dans son jeu.

« Vous prenez enfin une décision avisée. » prononça une voix qui m'était inconnue.

La personne venait d'apparaître dans le caveau. Il était à un mètre de nous. Il s'agissait d'une silhouette adulte, très lumineuse. On avait du mal à discerner son visage.

« Nous trouvons enfin un terrain d'entente. » ajouta t'il.

Un enfant... un enfant adulte. Voilà pourquoi il ne fallait pas se précipiter. Cet Hôtel avait encore beaucoup de choses à nous dévoiler.

« Zoran ? » demandais-je.

« C'est le nom que je me suis choisi. » dit-il.

« Évidemment que c'est Zoran. » lança Vaiana. « On vous a dit que c'était un grosse creepy ! »

Je n'adressais pas le moindre regard à la jeune femme. Son comportement m'exaspérait un peu, même si je la comprenais. Ca ne devait pas être facile pour elle.

« Et je suppose que vous ne formez qu'un avec ce lieu. » lui répondis-je.

« En quelque sorte. »

Zoran leva la tête vers Vaiana.

« Vos yeux vous montrent ce que vous êtes en mesure de comprendre. »

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. Pourquoi s'adressait-il à Vaiana ? En levant la tête pour observer la jeune femme, je me souvenais ce qu'elle venait de dire. J'avais pris sa phrase comme une moquerie, mais en réalité, ça n'en était pas une. Elle m'avait dit que c'était Zoran, parce qu'elle le voyait réellement comme Zoran. Un enfant. Il était un enfant à ses yeux. Quant à moi, je le voyais comme un adulte ?

« Il est en train de sous-entendre que je suis conne ? » demanda Vaiana.

Manu lui tapota l'épaule avec son aile sans doute dans le but de l'apaiser. J'observais Zoran avait une certaine appréhension. Son pouvoir dépassait ce que je pouvais imaginer. Il était capable de nous apparaître sous la forme qu'il souhaitait, en fonction de qui le regardait. Je n'avais pas encore connu une personne capable de faire cela, si tant est qu'il s'agissait encore d'une personne. Il fallait rester sur ses gardes. Il ne nous avait pas tout montré de ses facultés.

« Ce n'est pas un enfant, Vaiana. C'est un adulte. » lui précisais-je. « Du moins de la manière dont il m'apparaît. »

Je continuais à l'observer, attendant de voir ce qu'il comptait faire.

« Je ne suis ni l'un, ni l'autre. » répondit calmement Zoran.

« Alors vous êtes quoi au juste ? Un Ange ? » lui répondit du tac au tac Alexis.

« Comment en es-tu arrivé à cette conclusion ? » lui répondit Zoran.

« Il ressemble trait pour trait à l'enfant dans le conte. » laissa échapper Lyra, en se rendant sans doute compte que la description correspondait à la perfection.

Ce dernier posa ses yeux sur elle.

« J'aime beaucoup cette histoire. Elle m'a permise d'entrer dans l'imaginaire collectif des hommes et de les mettre en confiance. »

« Qu'en est-il de notre proposition, Zoran ? » lui demandais-je afin de couper court à la discussion.

« Ta proposition... » dit-elle entre ses dents.

Je ne lui répondis pas, restant concentré sur notre hôte. Alexis lui répondit à ce qu'il lui avait demandé.

« J'ai entendu que les Anges de ce monde étaient des êtres puissants, imbu d'eux-mêmes et qu'ils ne se mêlaient pas aux humains. La seule personne qui en a vu n'est même pas sûre de ce qu'elle a vue... et vous... on ne peut pas vous décrire, on ne voit pas la même chose... ça rejoins un peu sa façon de penser je trouve... sans compter que je pense qu'il faut beaucoup de puissance pour créer un monde pareil... vous avez parlé de paradis miniature... de là où je viens, les anges peuplent le paradis... »

Elle baissa les yeux vers Vesper un instant, comme si elle réfléchissait. J'essayais de voir où elle voulait en venir.

« Je me dis que vous avez peut-être été abandonné par le vôtres... que vous avez recréé votre monde à vous, où vous ne serez plus jamais seul, entouré de ceux qui le sont à force de se perdre... alors, vous en êtes un ? »

« Vous allez partir. » me répondit Zoran, sans donner suite à Alexis. « Je garde Lyra et Pantalaimon. Ils font déjà partie de l'Hôtel Bleu. Je ne puis rien y changer. »

Les muscles de mon visage se contractèrent. Je me doutais qu'il y aurait un hic à ma requête. Je décidais de regarder ni Lyra, ni Pantalaimon, continuant de fixer Zoran. J'essayais de faire la part des choses. De voir si il y avait un moyen de quitter cet endroit, autre que celui qu'il m'imposait.

« Qu'adviendra t'il si cet Hôtel venait à disparaître ? » songeais-je dans mon esprit.

A dire vrai, je m'adressais à Aurora. Elle était mon Daemon. Elle pouvait sans doute converser avec moi par la pensée.

« Qu'adviendra t'il de toi ? » ajoutais-je toujours sans ouvrir la bouche.

Elle m'avait dit qu'elle serait là le Temps que je l'aurais décidé. Mais à quel moment la décision allait prendre fin ? Est ce qu'elle avait anticipé ce qui était sur le point de se produire ? Ce que ce jeune homme, enfant, allait me pousser à faire ? Ce que les filles avaient déjà en tête ? Il y avait forcément une autre option. On ne m'avait pas fait venir dans ce monde dans le but de détruire. C'était insensé.

« Tu ne te poses pas les bonnes questions. » me répondit Aurora. « Tu connais déjà les réponses. Tu redoutes seulement ce qu'elles vont entraîner. »

Elle marqua une pause. Je la laissais continuer. J'avais la sensation qu'elle voulait dire autre chose.

« Peu importe ce que tu choisis de faire, je serais toujours auprès de toi. Je l'ai toujours été, Hyperion. Quoi qu'il arrive, cela ne changera jamais. Je ne te quitterai pas. Nous serons ensemble, même si tu ne me vois plus. »

Elle avait quittée mon épaule pour voleter jusqu'à ma joue afin de l'effleurer. Je la sentis comme une caresse. Quant à Zoran, il avait porté son attention sur Alexis. Je sentais que quelque chose l'amusait dans cette discussion, et en même temps que ça l'affectait.

« Ce que tu as dit est un peu plus complexe que cela. » répondit Zoran. « J'ai choisi l'exil car des divergences d'opinion se sont créées. Tout être est voué à s'éteindre. Les miens n'ont pas approuvé mon idée audacieuse. Quant à moi, je n'ai pas accepté la fatalité qui nous ait imposée à tous. J'ai changé les codes. J'ai refusé de disparaître. Je suppose que tu comprends mieux que quiconque, Hyperion. »

Il tourna la tête dans ma direction. Lyra eu l'air étonnée de l'entendre m'appeller de cette manière. Je songeais une nouvelle fois à Aurora, qui continuait de voler autour de moi et à ce qu'elle venait de me dire. Elle était une partie de moi. Mais c'était bien plus facile de pouvoir converser avec une partie visible de soi et capable de me donner des réponses, qu'à rester dans le doute constamment. Zoran m'avait offert quelque chose d'unique, de précieux et voilà qu'avec ses agissements purement égoïste, il comptait me la reprendre.

« C'est pour toi que je suis ici, n'est ce pas ? » murmurais-je à voix haute, à ma papillote, en tentant de sourire sans laisser paraître ce que je ressentais au plus profond de mon âme.

Je me tournais vers Alexis.

« A une époque j'ai fait quelque chose dans le but de te préserver. » lui avouais-je « Je ne voulais pas prendre le risque de te perdre. »

Je marquais une pause avant de poursuivre.

« Si ça a marché dans un sens, ça marchera dans l'autre. » précisais-je avant de baisser mes yeux vers son ventre, avant de le relever vers elle. « Il ne lui arrivera rien. Je le protégerais. »

Puis, je tournais la tête vers Zoran, fermant le poing.

« Il y a pire que de disparaître. Bien pire. Mais ça, tu ne ne peux pas le comprendre. »

Alexis m'observait. Je tournais la tête dans sa direction, voyant son visage choquée. Ses yeux étaient légèrement écarquillés, la bouche close. J'avais la sensation de lui avoir coupé le souffle et je m'en voulais. Elle avait instinctivement posé ses mains contre son ventre.

Vesper c'était approché de la jeune femme, avec lenteur. Il avait posé ses pattes sur ses cuisses, la regardant avec amour, les yeux brillants, le regard compréhensif.

« Moi je crois en toi. » lui dit-il.

Je vis Alexis caresser la tête de sa loutre avant de me regarder droit dans les yeux.

« Alors fais-le. »

Détachant mon regard d'elle, je fixais une nouvelle fois Zoran. Je crois qu'à ce jour, je n'avais jamais autant haïs quelqu'un que lui.

Serrant d'avantage le poing, je sentais qu'Aurora voletait difficilement, avant de se poser sur le museau de Pantalaimon. Il se trouvait le plus proche d'elle.

« Tu es la meilleure partie de moi. » lui murmurais-je avant de la voir disparaître.

Une larme coula le long de ma joue, avant de tomber sur mon poing que j'ouvris, laissant apparaître une petite boule de Sable Noir qui tourbillonnait à une vitesse fulgurante. Je pouvais enfin la libérer. Je levais la main pour la laisser s'échapper en direction d'Alexis...

J'espérais ne pas me tromper. J'avais une idée en tête. Un plan qui ne pouvait pas se permettre la moindre faille. Car quoi qu'il se passerait désormais, je savais ce que je venais de faire. C'était un moment unique qui venait de se créer. Celui où j'acceptais réellement ce qu'elle était, rendant cette chose inéluctable. En elle résidait mon tout dernier Espoir...

CODAGE PAR AMATIS

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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________________________________________ 2021-02-13, 22:02 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Anges & Daemons


« A une époque j'ai fait quelque chose dans le but de te préserver. »[/b] lui avouais-je [b]« Je ne voulais pas prendre le risque de te perdre. »

Je l'avais observée, choquée. Les yeux légèrement écarquillés, la bouche close, il était parvenu à m'en couper le souffle en un instant. J'avais perdu espoir en lui à l'instant de notre divergence, en ce qu'il semblait être jusqu'alors pour moi, pour nous. Comme si je n'avais fait que me voiler la face toutes ces années, les mauvais souvenirs me revenant brusquement en mémoire. Son absence, ses mensonges. Et pourtant en un instant, il vanit de tout faire voler en éclat une nouvelle fois. Me préserver ? Risquer de me perdre ? Avait-il fait ça par amour bien plus que par indifférence ? Le grain de poussière que j'avais supposé être à ses yeux pendant tout ce Temps était-il finalement quelque chose de plus important ? Il m'aimait au point de ne pas vouloir me perdre, pourquoi la nouvelle me semblait brusquement si assourdissante ? Pourquoi me décevais-je alors de ne jamais y avoir pensé? Je n'avais pensé qu'à de la méchanceté, de la haine, du dégoût, sans doute parce que son geste avait été accompagné de silence. Mais je savais désormais à quel point son silence pouvait parfois peser lourd... et dire beaucoup.

« Si ça a marché dans un sens, ça marchera dans l'autre. »

J'avais dégluti. Gardant toujours le silence. Il voulait apparemment défaire à présent ce qu'il avait fait. Il avait l'air d'avoir la certitude que peu importe ce qui bloquait mon pouvoir dans ce monde, il avait la capacité de le défaire. Mais le défaire, était-ce finalement me ramener au même risque ? J'avais retrouvé mes pouvoirs il y avait un peu plus d'un an et il ne s'était absolument rien passé. Pas de danger, pas de mort alors pourquoi s'était-il inquiété à ce point ? Tout allait très bien... hormis que je ne contrôlais plus vraiment mon pouvoir comme avant... comme bridé, depuis ce moment où il avait été galvanisé et que je m'étais sentie attirée, inéluctablement, vers quelqu'un qui avait le même pouvoir que moi. Un ami ? Un ennemi ? Et si c'était de ça dont il voulait me préserver ? Mais dans ce monde, serait-il capable de le brider à ce point ? Peut-être pas...

« Il ne lui arrivera rien. Je le protégerais. »

Il avait posé ses yeux sur mon ventre et j'avais instinctivement posé mes mains dessus. Mon enfant. Mon fils. Mon monde à présent. Il parviendrait à le protéger, il me le promettait d'un simple regard... il ne promettait rien en ma personne. Et si ce qu'il avait tenté d'empêcher finirait par advenir dans ce monde ? Comment pouvait-il protéger ce petit être, si fragile, si petit, si peu formé, dans un corps qu'il ne pouvait apparemment pas protéger ? Devais-je lui faire confiance ? Devais-je accepter ? Il me permettait d'en savoir plus, peut-être au prix de ma vie. Ces réponses que je voulais ardemment depuis si longtemps valait-elle véritablement le vol de mes instants avec mon fils ? Est-ce que je l'acceptais en risquant de mourir, de le laisser vivre dans un monde sans sa mère... avec CE père... Et pourquoi ? Par égoïsme ? Pouvais-je encore être égoïste à présent ? C'était un luxe que je ne pouvais plus me permettre et pourtant j'avais l'impression qu'il ne s'agissait plus d'égoïsme... il s'était tourné vers Zoran, fermant le poing, comme partant en croisade. Il voulait sans doute la fin de cet être dangereux presque autant que moi à présent... avions-nous finalement trouvé un terrain d'entente ? Cela supposait-il qu'il avait besoin de moi pour ça ? Pour les sauver tous ? Lui, Vaiana, Lyra, Pantalaimon, les morts et les daemons... Comme pour m'aider dans ce choix, Vesper s'était approché de moi, il avait posé ses pattes sur mes cuisses, me regardant avec amour, les yeux brillants, le regard compréhensif. Avec lenteur, un faible sourire semblait s'être dessiné sur sa gueule : Moi je crois en toi... C'était ça, mon étoile du soir. Plus que de ne pas faire confiance à Hyperion, je ne me faisais pas confiance non plus. Et pourtant s'il le faisait, c'est qu'il avait pesé le pour et le contre, qu'il avait estimé que c'était la meilleure solution ou peut-être même la seule viable... il protégerai Isaac... tout irait bien pour mon fils. Hochant la tête face à la loutre d'un air décidé, je lui avais caressé la tête avant de préciser en direction d'Anatole :

- Alors fais-le.
- Que fais-tu ? Arrête.

Avait ordonné Zoran, l’air tendu. Mais Hypérion ne l’avait pas écouté. Sa main s’était alors révélée, paume ouverte, faisant apercevoir une sphère de sable noir. Sans attendre, il l’avait envoyé dans les airs, dans ma direction. C’était la première fois que je voyais le sable noir filer dans ma direction. Instinctivement, je m’étais crispé, serrant mes poings et ma mâchoire, luttant contre l’envie de m’en protéger, fermant les yeux pour éviter de voir l’inévitable. Mais au lieu de l’impact, de la douleur, de tout ce que je m’attendais de ressentir, j’avais juste senti la boule m’atteindre comme une petite pichenette au centre de ma poitrine. Une pichenette, rien de plus. Tout s’était stoppé en un instant. Avait-on échoué ? Je refusais de croire qu’il avait tenté de me bloquer uniquement pour une pichenette. Un peu abasourdie, j’avais tourné la tête vers Vaiana, interloquée, avant de regarder Anatole, puis Lyra et Pantalaimon. C’était eux qui m’avaient fait comprendre que quelque chose n’était pas normal. Ils m’observaient tous les deux avec des yeux ronds, sans voix. Lentement, j’avais alors baissé les yeux vers ma main droite. Je ne l’avais pas encore remarqué mais pourtant, je le voyais à présent, une multitude d’éclairs dansaient entre mes doigts. C’était étrange, absolument nouveau. Là où je les avais toujours sentis, comme une arme entre mes mains, une arme que je pouvais contrôler, j’avais à présent l’impression de ne faire plus qu’un avec eux. Je ne contrôlais plus la Foudre, J’ETAIS la Foudre.

J’avais toujours imaginé le Sable Noir comme une menace, quelque chose de nocif et dangereux. Je me souvenais de celui que j’avais appréhender dans l’oreille de Lily, sa façon de me relier à mon pouvoir tout en m’attaquant en même temps, m’envoyant des décharges électriques douloureuses. A présent, je le comprenais différemment. Je comprenais ce qu’Hyperion avait goûté, je comprenais ce que Chronos avait ressenti. Le Sable noir n’était ni bon, ni mauvais. C’était ce que nous en faisions qui le définissait comme tel. Juste ainsi, il était nous, chacun d’entre nous, chacun des êtres vivants, comme une substance ancrée en nous depuis toujours, comme une substance qui nous avait toujours entourée. A la manière de Rey dans les derniers Star Wars, j’avais l’impression pour la première fois de ressentir enfin la Force, de ne faire qu’une avec elle. De la sentir en moi, entièrement en moi, complètement en moi... C’était... Moi.

J’avais ramené mes deux mains vers ma poitrine, les observant toujours, comme subjuguée parce que j’étais en train de voir et de ressentir, cette aura puissante mais pas écrasante avec laquelle je ne faisais qu’un. Après un court instant d’hésitation, je dirigeais alors mes deux mains en direction de Zoran, laissant une salve d’éclairs s’échapper de moi dans sa direction pour venir le frapper, à une allure folle, comme si j’étais à la fois dans mon corps et en train de m’élancer contre lui pour le frapper de mon poing. Je n’avais pas pris le Temps d’observer Vesper qui pourtant, malgré son apparence toujours aussi translucide, s’était parée d’une espèce d’aura électrifié, tout autour de lui. Il semblait fasciné par sa nouvelle apparence, observant ses pattes avant avec de grands yeux émerveillés, me confirmant que nous ne faisions désormais plus qu’un avec l’élément.

La salve d’éclair que j’avais envoyé avait traversé Zoran sans l’atteindre. Je l’avais observé d’un air surpris, ne stoppant pas mon attaque pour autant, tandis qu’il ricanait :

- Et dire que j'ai failli avoir peur...

Avec un sourire amusé, il avait placé sa main devant lui, en direction des éclairs. Ceux-ci avaient alors directement ricoché loin de son corps, heurtant de plein fouet Vaiana à côté de moi. Je l’avais entendu se faire électrocuter à côté de moi avant de tomber lourdement sur le sol, tandis que Manu disparaissait. J’avais hurlé de peur en me précipitant sur elle. Elle avait les cheveux dressés sur la tête. Posant avec douceur ma main sur son menton pour l’observer plus en détail, j’avais pu voir des traces de brûlure sur sa mâchoire. Mes lèvres avaient tremblé sur le coup de l’émotion, les yeux emplis de larmes. Je venais de la blesser violemment, au point de faire disparaître son daemon et la rendre inconsciente. Tétanisée par mon geste, j’avais cherché son pouls d’une main tremblante pour me rendre compte qu’elle était toujours en vie, juste affaiblie, complétement sonnée. Seul le hurlement de Zoran m’avait ramené à la réalité. J’avais relevé la tête, le visage fermé, le regard vengeur, tandis que je me plaçais de nous devant la brèche, observant les autres en contrebas. J'avais compris un truc, il avait la capacité de devenir immatériel, ce qui avait expliqué que les éclairs lui étaient passés à travers tandis que sa main avait pu ricocher mon sort, lorsqu’il l’avait de nouveau matériel. Et je venais aussi de comprendre qu’il venait de faire une énorme erreur. Avec un sourire mauvais, je l’avais observé se tordre de douleur en observant sa main. Ce n’était pas seulement les éclairs qui avaient touchés sa main, c’était aussi le sable noir grâce auquel ils avaient été créés et si certaines personnes étaient intolérantes au lactose, il était apparemment intolérant au sable noir. Les grains qui étaient tombés sur sa main l’avaient traversé de part en part, comme un acide surpuissant tendant à le faire disparaître. Folle de rage pour mon amie, j’avais lancé une nouvelle salve d’éclairs avec un cri vengeur, les dirigeant cette fois-ci contre le plafond bleu derrière lui, dans un angle propice au ricoché. Il voulait la jouer déloyal ? Je pouvais jouer sur le même terrain et si je voulais qu’il reste malgré lui tangible, je n’avais pas le choix. Le courant avait ricoché du plafond contre le mur des catacombes avant de s’écraser violemment sur son dos, entre ses omoplates. Zoran avait hurlé, tombant à genoux, impuissant, sentant le sable noir s’insinuer dans la peau de son dos, le rongeant petit à petit.

- Vise l’Aurore !

J’avais jeté un regard surpris à Anatole. Il semblait concentré sur Zoran et je comprenais alors qu’il le maintenait à genoux, en respect, l’empêchant sans doute de se défaire de sa malédiction en devenant intangible. J'avais hésité un instant. Pourquoi frapper l’Aurore ? Il était là, à notre merci, il suffisait que je me lance contre lui à pleine puissance et tout serait fini. Mais j’avais confiance en mon ami et après un dernier regard vers lui, j’avais dégluti avant de placer mes mains devant moi, paumes contre ciel, pour déverser une salve d’énergie droit sur l’Aurore Boréale, dans un crépitement sonore. Celle-ci avait commencé à se gondoler de plus en plus, comme un toit de voilure plutôt qu’un véritable ciel, me rappelant que nous n’étions finalement pas dans une plaine à ciel ouvert mais dans un Hôtel Bleu qui nous retenait prisonnier. Me concentrant un peu plus, j’avais augmenté ma puissance jusqu’à ce que le “ciel” au-dessus de nous fasse quelque chose.

- Pauvre folle... Cesse tout de suite !

Mes mains toujours vers le ciel, j’avais tourné un regard inquiet vers lui pour observer ce que faisait mon ennemi. Il semblait vouloir se relever pour me combattre sans pourtant y arriver, retenu par des liens invisibles qui confirmaient ma théorie. Il lança un regard plein de haine à Hypérion, tout en lui crachant son venin :

- Espèce de sale...

J’avais relevé la tête vers le ciel juste à temps pour le voir se fissurer. A l’instar de celle créée dans la glace par Anatole, un trou béant était en train de se créer dans le ciel. Par-delà la faille, sur l’écran qui nous servait de “toit”, un énorme orage était en train de se créer. Des nuages menaçants étaient en train de remplir le ciel faisant disparaître le ciel étoilé au profit de gros nuages. Un orage sec était en train de se créer, sans aucune pluie mais avec des éclairs qui striaient le ciel comme un stroboscope. Un petit cri de surprise m’avait alors poussé à regarder en contrebas. Dans le caveau, Lyra avait pris Pantalaimon dans ses bras et semblait reculer face à une nouvelle menace. Je remarquais alors que du sable noir s’était déversé dans le caveau, je ne savais comment, emplissant tous les murs et se déversant sur le sol. En passant sur les corps des humains en décomposition, le sable noir les avait rongés, faisant disparaître en même temps leurs daemons jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. Est-ce que je venais de créer cette chose ? Paniquée, j’avais brusquement cessé de charger le ciel pour m’approcher de la faille au sol pour les observer. Le sable noir avançait dangereusement vers Lyra et Pantalaimon. C’était encore pire... j’étais en train de créer un enfer sur Terre... le sable noir était inexistant dans le monde de Lyra et j’étais de lui en faire prendre pleinement possession. Avais-je fait une énorme bêtise ? Avions-nous fait une énorme bêtise ? J’avais posé un regard paniqué sur Anatole. Il avait hésité un instant avant de me répondre :

- Libère tout ce que tu as.

J’avais eu un moment de stop. J’avais regardé le ciel d’un air paniqué. Comment ça il voulait que je continue ? Mais je risquais de déverser encore plus de sable noir, c’était une évidence... Et celui-ci continuait à se renverser dans le caveau. Le cœur battant, je lui hurlais :

- Tu pourrais pas tenter de téléporter les autres avant ? J'ai peur pour les autres. Regarde Lyra !
- Ça va aller. Frappe plus fort.

Il avait observé le ciel. Je l’avais observée, choquée, me rendant compte qu’il ne souhaitait même pas tenter ma solution. J’avais ouvert la bouche pour tenter de répliquer qu’il fallait au moins tenter de les sauver, mais un regard vers Lyra et le sable noir m’avait fait capituler. Il fallait agir, tenter le tout pour le tout et si Anatole ne voulait rien faire, je n’avais plus qu’à prier pour que sa solution marche. Les mains tremblantes, je les avais levées au-dessus de ma tête, complètement paniquée. Je risquais de déverser encore plus de sable noir sur Lyra et qu’est-ce qui me disait que ça n’allait pas la détruire comme c’était en train de le faire avec Zoran. Je sentais une colère violente monter en moi. On risquait de tuer Lyra et Pentalaimon, Vaiana était déjà mal en point et il s’en contre fichait. Il me donnait un pouvoir, soi-disant pour que je nous aide mais refusait de m’écouter. Je ne lui avais pas demander grand-chose. Si on mourait tous ici, ce serait autant ma faute que la sienne. Il aurait pu sauver à coup sûr 4 personnes si ça avait fonctionné, certes je risquais d’y passer mais j’avais déjà fait mon choix. Mais les autres... Et pourtant si moi je me devais de lui faire confiance, la confiance n’agissait encore et toujours que dans un sens. Fermant les yeux, serrant les dents, me concentrant sur toute la rage que j’avais au fond de moi pour qu’elle explose avec la force de mon pouvoir, j’avais envoyé mes éclairs à pleine puissance contre le plafond.

Le ciel s’était encore plus déchirant dans un grondement assourdissant. Le sol et les murs de la crypte en dessous de mes pieds étaient en train de de trembler dangereusement. Dans la plaine, l’orage était en train de possession de tout et la Foudre se mit à frapper à plusieurs reprises le sol. L’un des éclairs se dirigea dangereusement vers Vaiana et je levais la main d’un air paniqué pour dévier l’éclair afin de l’envoyer valser plus loin. Je refusais d’être concentrée sur autre chose, tentant comme un chef d’orchestre de déplacer loin de nous tous les impacts de la foudre qui étaient en train de détruire la plaine. Le ciel se gondola de plus en plus jusqu’à ce qu’un morceau de ciel se détache complètement du tout, chutant lentement avant de s’écraser à une vingtaine de mètres de nous dans un fracas retentissant. J’avais poussé un petit hurlement, perdant légèrement l’équilibre en avançant difficilement vers le corps inerte de Vaiana pour tenter de la protéger du mieux que je pouvais. En contrebas, j’avais jeté un coup d’oeil vers Lyra, toujours aussi paniquée, qui se recroquevillait à présent sur un tout petit espace de sol encore vierge de sable noir, celui-ci s’approchant toujours d’elle.

- Vous... avez... tout... détruit avec... votre arr... arrogance !

L’Ange grognait de douleur, se contorsionnant pour tenter de se libérer vainement du sable noir. Celui-ci commença à se pencher lentement en avant, de plus en plus et je comprenais alors que le Titan appuyait toujours plus son aura sur le corps de Zoran, sa tête s’approchant dangereusement du sol et du sable noir qui le rejoignait... tout autant qu’il rejoignait les pieds de Lyra :

- HYPERION, LYRA !!! TELEPORTE LA, BON SANG !!!

J’avais éclaté toute la colère, n’y tenant plus. J’avais fait ce qu’il m’avait demandé, on était en train de se libérer de ce foutu Hôtel Bleu, il pouvait le faire, j’en étais sûre, ne pouvait-il pas deux secondes tenter de la sauver ?! L’envoyer au moins à notre étage ? Je me chargerai des éclairs. Les éclairs... rejoignant mes mains paume, vers paume, je tentais de créer un cercle avec celles-ci, que je dirigeai vers Zoran. Petit à petit, une cage électrifiée apparue autour de lui, l’empêchant de bouger, le frôlant pour le dissuader un coup de Trafalgar. Une fois la cage en place, toujours concentrée dessus, je tournais les yeux vers le Titan avec un petit signe de tête, lui spécifiant que je lui venais en aide pour qu’il puisse ENFIN tenter de sauver Lyra. Sans lâcher du regard Zoran, comme pour maintenir un lien avec lui, je l’avais vu s’accroupir avant de poser sa main sur le sable noir.

- Cesse maintenant.

Il détacha alors son regard de Zoran pour observer Lyra et Pantalaimon. De mon côté, je luttais toujours avec ma cage tandis que Vesper s’activait à côté de moi, s’approchant un peu plus du bord de la faille pour observer la scène et me la commenter.

- C’est bon ! Lyra et Pantalaimon sont sains et saufs, le sable a arrêté de glisser vers eux... Aaaah par contre il se dirige encore plus vite vers Zoran... Aaaah il le recouvre complètement...
- Merci mais je le vois ça, Vesper.

Je le lui avais précisé entre mes dents, luttant toujours un instant pour maintenir mon emprise. Une fois le sable l’ayant entièrement recouvert, j’avais cessé pour m’occuper de nouveaux des éclairs tandis que l’Ange hurlait de douleur de son côté. Soudain, un puissant éclair de lumière nous aveugla.



C’était fini. Nous étions de retour dans la plaine. Le froid était de nouveau mordant. Un peu plus loin, l’Hôtel Bleu semblait se faire engloutir par le sable noir, celui-ci agissant comme une espèce d’entité, en suspension dans les airs, comme une forme instable pourtant contenue dans un bouclier invisible. C’était presque beau à voir et un peu flippant aussi. Deux femmes en robes plutôt légères pour la saison semblaient observées le spectacle, chacune placée autour de l’espèce de dôme, assez éloigné du sable noir. Une troisième se dirigea vers nous :

- Vous êtes en sécurité, maintenant.

Elle avait souri à Lyra, toujours très choquée et à Pantalaimon dans ses bras :

- Tu as le courage d'un lion, Lyra Parle-d'Or . C'est étonnant que Pantalaimon soit une hermine.

J’avais soudain eu un sursaut, cherchant tour autour de moi ma loutre que je ne voyais pourtant plus :

- Où... où est Vesper ?

Je n’avais pas besoin de réponse, j’avais plutôt besoin de le dire. L’hôtel Bleu me l’avait donné, il me semblait évident qu’il me l’avait repris maintenant que nous n’y étions plus. Avec tristesse, j’avais posé ma main sur mon cœur, me souvenant qu’il était toujours là, mais surtout ancré au fond de moi, invisible. J’avais dégluti en voyant Hyperion s’approcher du corps endormi de Vaiana, toujours mal en point. Il s’était accroupi à ses côtés, posant une main sur son ventre. De mon côté, mes mains continuaient de crépiter avec moins d’intensité et je tentais de calmer et de faire disparaître mon pouvoir, sans vraiment savoir comment le faire pourtant.

- Vous êtes dotée d'un très grand pouvoir.

J’avais brusquement levé la tête en entendant l’une des femmes me parler. Elle avait l’air impressionnée, elle semblait aussi être la chef des autres sans que je ne sache vraiment pourquoi. Un peu gênée, je ne savais pas vraiment quoi répondre :

- Merci...

Mais vous semblez également fatiguée. A présent, vous pouvez vous reposer. Ce que vous avez accompli dépasse notre entendement.

Elle avait tourné la tête vers les deux autres femmes toujours postées vers le sable noir. Je pouvais comprendre que tous les dépasser, le Sable Noir ne faisait pas partie de ce monde, il était évident que c’était pour cela qu’elles me voyaient bien plus importante que je ne l’étais vraiment. Est-ce que j’étais fatiguée ? Je me sentais pas fatiguée. Je me sentais triste, en colère, stressée mais pas fatiguée... électrisée était sans doute le mot juste. J’avais pourtant observé les tentes qui se trouvaient au loin, remarquant que le soleil commençait à se lever étrangement.

- On... On est resté là-dedans combien de temps ? Toute une nuit ?! Merci... de nous être venus en aide mais... je crois que je préfère rester auprès de mon amie.
- Vous êtes restés un peu plus longtemps. Mais votre ami vous expliquera tout mieux que moi. Il dort sûrement encore.

J’avais hoché la tête tout en fronçant les sourcils, ne comprenant pas tout le mystère qu’il y avait autour de cela. J’avais tourné la tête vers Vaiana et Hyperion, toujours au sol. Les deux autres femmes s’étaient approchées de lui et l’une avait précisée :

- Nous pouvons la soigner.

Elle semblait attendre son approbation avant de faire quoi que ce soit. Etaient-elles les fameuses sorcières dont Lyra avait parlé ? Elles n’avaient pas l’air choquée de mon pouvoir, elles semblaient si calmes et respectueuses aussi. C’était la dernière carte manquante de mon Panini “Monde de Lyra” apparemment. Pour toute réponse, il hocha la tête, attendant de voir ce qu’elles allaient faire apparemment. La suite me donna la confirmation qu’elles étaient forcément les sorcières qu’on attendaient. Des branches des sapins aux alentours revinrent en direction du corps de Vaiana pour s’entremêler afin de lui faire un brancard de fortune. Une fois posée dessus, elles l’emmenèrent à l’intérieur de l’une des tentes. J’avais voulu leur emboîter le pas d’un air anxieux mais Malcolm venait de sortir de la seconde, le manteau ouvert pour se précipiter vers nous, l’air surpris. Il prit alors Anatole dans les bras, soulagé :

- Je savais que vous réussiriez !

Il s’était ensuite tourné vers moi pour me prendre dans les bras mais s’était arrêté de justesse, les yeux rivés sur mes mains. Un peu gênée, je les avais secouées jusque faire disparaître les derniers filaments autour de mes doigts. Etrangement, même si je sentais que mon pouvoir était toujours là, l’aura puissante du sable noir que j’avais sentie ne faire qu’un avec moi avait disparue.

- Voilà, c’est mieux comme ça, excuse-moi. Je t’expliquerai si tu veux mais c’est compliqué.

Sans lui laisser le temps, je l’avais alors pris dans les bras. J’étais vraiment heureuse de le revoir. Ce n’était sans doute pas de lui que j’avais le plus besoin de réconfort mais il était là et bien disposé à m’en donner et sentir de nouveau son odeur, celle identique à l’auberge dans laquelle nous avions dormi notre première nuit me donner l’impression d’être de nouveau ancré dans la réalité, comme si nous étions presque de retour à la maison, ce qui était vraiment soulageant. Asta s’était aussi approchée de nous, avec grande difficulté, ses pattes s’enfonçant dans la neige. Je remarquais alors avec un certain choc que Malcolm avait désormais une barbe hirsute et les cheveux plus long qu’il ne les avait jusqu’alors.

- Oh la vache ! Mais on est resté là-dedans depuis combien de Temps ?!
- Vingt jours ! Je me suis fait un sang d'encre !

Il n’y avait aucune réprobration dans sa voix, il semblait juste être sincère et soulagé et moi... j’étais choquée. Vingt jours... VINGT JOURS ?! Est-ce que le Temps s’écoulait de la même façon ici et dans notre monde ? Est-ce qu’on avait fini par nous enterrer comme Eulalie ? Rien que cette pensée me donnait le vertige, j’avais brusquement envie de vomir. Vingt jours... et encore ça aurait pu être pire... J’avais posé une nouvelle fois ma main sur mon ventre, de peur que celui-ci ait pris vingt jours d’un coup dans la vue mais non, j’étais toujours aussi plate, ce qui n’avait semblé être que les 3h ou 4h dans l’Hôtel Bleu l’avaient vraiment été pour mon corps... j’allais donc être une des seules femmes qui allait avoir une gestation de 10 mois... SU-PER...

- J'ai attendu patiemment votre retour. Je savais que vous finiriez par revenir. Du coup, je me suis installé.

Il nous avait montré un signe de la main les deux tentes et le feu de camp. Il avait apparemment pris le temps de retourner dans un village voisin pendant les vingt jours d’absence pour préparer notre retour.

- Iorek a renvoyé ses ours mais il est resté. Il est parti chasser.

Il posa un regard radieux sur Lyra, apparemment véritablement heureux de la voir avec Pan. Ce dernier s’était d’ailleurs bien fait recevoir par Asta qui était venue le saluer en touchant le bout de son museau. J’avais observé la scène d’un regard attendrit, un sourire douloureux sur les lèvres, repensant à Vesper.

- Merci de nous avoir attendu... vingt jours, punaise... T’es du genre à être tenace toi ! Beaucoup auraient pensé qu’on reviendrait jamais... alors, merci !

Je lui avais lancé un sourire sincère avant d’ajouter à regret :

- Par contre, on sait toujours pas comment rentrer mais bon... on est déjà sorti d’un truc impossible à sortir alors plus rien ne me semble impossible.

J’avais tourné la tête vers ce qui restait de l’Hôtel Bleu et du sable noir qui était en train de toujours se mouvoir dans les airs et je m’étais alors rendu compte qu’Hyperion s’était entièrement désintéressé de notre conversation pour se diriger vers la boule flottante. Bon débarras, j’étais encore beaucoup trop énervé pour lui prêter une quelconque attention. Lyra en revanche... tournant la tête vers elle avec un regard inquiet, j’avais hésité avant de lever mon bras pour toucher le sien.

- Ça... ça va ? Je suis désolée pour tout ce qui s’est passé et tout ce qui t’es arrivée... et... je suis heureuse que tu aies retrouvé Pantalaimon.

J’avais lancé un sourire à l’hermine avant de préciser :

- Si... si tu as des questions, tu peux me les poser si tu veux, je sais que c’est dur à encaisser... j’ai pas toutes les réponses mais je peux essayer d’aider...
- Je ne sais même pas par quoi commencer.

Elle avait passé la main sur son front, visiblement dépassée par la situation.

- Tu... tu es comme lui ?

Elle avait désigné du bout du menton Hyperion qui se trouvait derrière moi. Sans me retourner, j’avais mes lèvres s’étaient crispés en un signe de dégoût avant de secouer la tête de gauche à droite.

- Non. Je suis loin d’être comme “lui”.

Dans tous les sens du terme. Autant sur ma Nature que là, par ce que la colère voulait me faire dire, sur nos caractères et notre façon de penser. J’avais l’impression de devoir prenre de la distance avec lui, avant d’exploser, de lui hurler dessus toute ma déception. C’était étrange, j’avais cru comprendre qu’il avait bloqué mes pouvoirs et prit ses distances pendant tout ce Temps comme un geste d’Amour et je n’y voyais à présent qu’une amère manipulation pour m’obliger à devenir l’arme dont il avait eu besoin, m’infantilisant encore et toujours plutôt que de m’écouter, de me faire confiance. A quoi bon me booster mon pouvoir si ce n’était finalement pas pour me faire confiance ?! Mais Lyra n’y était pour rien, déglutissant, j’avais tenté de reprendre mon calme en précisant :

- Je suis plutôt comme toi, en quelque sorte. Hyperion est un être particulier, vieux de plusieurs milliers d’années. Il s’apparente pas aux humains de ton monde mais plus à des êtres plus puissants, plus élevés comme vos Anges, tu vois ? Moi je suis plus comme toi... j’avais pas de pouvoir, je viens d’un monde similaire au tiens. Et un jour, j’ai voyagé dans un autre monde, un peu comme quand je suis venu chez toi. Et depuis là, ma vie est différente. J’ai hérité du pouvoir de la Foudre et... je la contrôle en quelque sorte, plus ou moins bien... Je suis plus proche de Vaiana... Elle est aussi une humaine mais particulière, qui vient d’un peuple ancien... un peu... un peu comme tes sorcières je dirais ? Et elle possède aussi un don, un peu explosif, j’ai jamais trop compris comment ça fonctionne même si on m’avait un jour dit qu’elle avait un lien avec la Terre. Quand on est arrivé dans ton monde, son pouvoir et le mien ont été bloqués. On croit que c’est l’activation de son pouvoir qui nous a amené ici mais on sait pas comment ni pourquoi... Ca va ? C’est clair ?

J’avais grimacé, de peur d’oublier quelque chose. Lyra avait hoché la tête, tentant d’assimiler tout ce que je venais de lui dire. C’était apparemment pas évident mais elle tenait bon. Malcolm, de son côté, avait des yeux ronds et m’observait régulièrement en alternant avec Hyperion au loin :

- Ah, c'est pour ça que vous aviez des...

Il avait tenté de mimer les filaments d’électricité autour de mes doigts et j’avais hoché la tête avec un sourire en levant ma main, paume contre ciel, pour lui montrer. En un instant, de nouveaux filaments étaient apparus autour de mes doigts. C’était étrange, pour la première fois depuis que j’avais retrouvé mes pouvoirs, j’avais l’impression que je les avais retrouvés pleinement, à la maîtrise que j’en avais avant qu’Hyperion ne me les bloque. Cette pensée m’avait rassurée, c’était comme si une partie de moi était rentrée à la maison. J’avais fait disparaître les filaments avant de baisser de nouveau ma main.

- Elle nous a tous sauvés. C'était impressionnant.

Je m’étais senti rougir jusqu’aux oreilles lorsque j’avais bredouillé :

- Euh... oui enfin... j’ai surtout été aidée par Hyperion et le sable noir. Ah oui, le sable noir ! C’est l’espèce de truc que vous voyez là-bas.

J’avais montré d’un signe de pouce l’étrange nuage derrière moi.

- C’est le truc que vous avez vu en nous sur les Photogrammes. Apparemment, nous en sommes tous composés dans notre monde... C’est notre Poussière à nous.

J’avais haussé de nouveau les épaules avec un sourire timide. Lyra avait ajouté à voix basse :

- Je suis désolée pour ton daemon.

J’avais dégluti avec tristesse avant de secouer la tête de gauche à droite une fois, avec émotion. Elle me prit la main pour me montrer son soutien et j’avais serré la mienne dans la sienne. De son côté, Malcolm semblait avoir beaucoup de questions mais essayait de se retenir :

- C’est rien, t’en fais pas. Je sais qu’il est toujours au fond de moi, quelque part. L’important, c’est que toi, tu es retrouvé Pan. Je suis contente de te rencontrer enfin sans avoir des problèmes à gérer aux alentours.

Je lui avais lancé un clin d’œil, complice. Il m'avait regardé avec un air sympathique, il avait vraiment l'air plus cool que l'araignée du départ.

- Le bonheur est partagé.

Malcolm s'était mit à réfléchir avant de préciser :

- Concernant votre retour chez vous, j'ai peut-être des éléments de piste.

Il frotta sa barbe avant d'ajouter :

- Pendant votre absence, j'ai beaucoup observé le ciel. Il y a quelques jours, un violent orage a sévi. Suite à ça, l'aurore boréale a montré les reliefs d'une ville différente. J'ai trouvé un télescope bon marché sur lequel j'ai effectué quelques améliorations, ce qui m'a permis de mieux analyser l'aurore. La réponse se trouve peut-être là-bas.

Je l'avais regardé, surprise. Avait-on ENFIN une porte de sortie ? Il faisait encore jour, on ne pouvait de toute façon rien faire jusqu'au coucher du soleil ce soir, ça nous laissait un peu le temps de peaufiner cette idée. En tout cas, si on avait encore besoin d'un orage pour l'aider à voir correctement, je pouvais désormais prêter main forte. Malcolm jeta un coup d'œil vers le sable noir condensé, les sorcières et Hypérion et ajouta :

- On en parlera davantage plus tard. La priorité est ici pour l'instant.

J'avais hoché la tête d'un air entendu, l'observant rejoindre Hypérion.

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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

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« Il existe 175.000
espèces de papillons... »


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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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________________________________________ 2021-02-16, 14:32 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Vous vous rappelez de Kerin, les amis ?
...alors retrouvons-le, une fois pour toute ! »
▼▲▼

Je m'étais éloigné du groupe. Face à moi se tenait désormais du Sable Noir. Deux sorcières se trouvaient autour de lui. L'une sur sa gauche, l'autre sur sa droite, observant le sombre tourbillon. Serafina nous avait rejoins.

« Cette entité est issue de votre monde. Je n'ai jamais rien vue de tel. Ni aucune de mes soeurs. »

D'ici, je pouvais entendre Malcolm expliquer aux filles qu'il avait observé le ciel pendant notre absence, et que ça faisait quelque jours qu'un orage sévissait dans ces montagnes. L'aurore boréale indiquait les motifs d'une ville différente de celle qu'on avait vue. Je n'avais pas besoin d'attendre la nuit tombée pour en déduire qu'il s'agissait sans doute de Storybrooke. Mais pourquoi était-elle apparue ? Qui nous montrait le chemin à suivre ?

« C'est vous qui le maintenez ainsi ? » leur demandais-je sans leur apporter plus de précisions sur ce qu'était cette chose.

Je me doutais que leur réponse serait négative. Elles ne le connaissaient pas. Elles ignoraient de quoi le Sable Noir était fait, ou ce dont il était capable. Elles ne pouvaient pas conséquent pas le contenir. Alors qu'est ce qui oeuvrait ? Comment cela se faisait-il qu'il était comme piégé dans ce mini espace ?

« Ca ne doit pas rester ici. En aucun cas. » leur indiquais-je avant de m'approcher et de tendre ma main en avant.

Je voulais voir si je pouvais le toucher ou non. Est ce que c'était judicieux de vouloir absorber une aussi grande quantité de Sable Noir ? Se laisserait-il faire ?

« Etes vous vraiment capable de le faire disparaître ? » me demanda Serafina.

J'ignorais la réponse à cette question. Mais je me devais de tenter. A dire vrai, je ne savais pas comment agir dans ce genre de situation qui m'était totalement inédite.

Je fus coupé dans mon élan, en me rendant compte que le Sable Noir commençait tout doucement à se résorber. Ca n'était pas de mon fait. Ma main était toujours tendue en avant, mais je n'agissais pas sur l'entité. Pas encore.

Malcolm et les filles m'avaient rejoins. Baissant la main, j'observais le Sable Noir agir.

« Quelqu'un peut m'expliquer de quoi il s'agit ? » nous coupa Malcolm.

Je ne lui répondais pas, observant le Sable Noir diminuer encore plus d'intensité, jusqu'à totalement disparaître. Il m'était impossible de le sentir. De savoir si il avait réellement disparu, ou s'il était toujours là, mais invisible à nos yeux. Je ne lui connaissais pas cette faculté. Cela voulait-il dire que c'était fini ? Comme cela ? Aussi facilement ?

« Vous l'avez détruit ? » demanda Lyra.

Je fixais toujours l'endroit où il se trouvait quelques instants auparavant. On l'avait détruit ? Peut-être qu'en dehors de l'Hôtel Bleu, il était trop faible pour survivre dans un monde dénué de Sable Noir.

« L'Hôtel Bleu n'existe plus. Désormais, il n'y a plus rien ici. » affirma Serafina en observant les deux sorcières à ses côtés, qui tout comme elle, avaient regardé autour d'elle, comme si elles pouvaient sentir ce qui nous entourait.

« Pourquoi ont-ils laissé l'un des leurs agir comme il l'a fait ? » leur demandais-je en faisant référence à Zoran.

« Les Anges n'interviennent pas dans les affaires humaines. Quand Zoran a créé l'Hôtel Bleu, les autres ne l'ont pas empêchés, car il a choisi l'exil. »

« Et comment savez vous cela ? » leur demandais-je en fixant Serafina droit dans les yeux. « Vous saviez ce qui se passait ici et vous l'avez laissé agir sans rien faire ? »

« Nous ne savions pas tout. Nous savions seulement qu'il a créé l'Hôtel Bleu et que c'était un endroit dangereux pour tous. Nous vous sommes reconnaissants d'y avoir mis un terme. » dit-elle en posant ses yeux sur moi et sur Alexis.

Elles n'avaient pas agis. Etaient-elles moins fortes que lui ? Avaient-elles peur de lui ? Je n'arrivais pas à comprendre où était la place des sorcières dans ce monde. Je me contentais de la fixer, avant de lui adresser un petit geste de la tête me montrant reconnaissant de ce qu'elles avaient fait pour nous. Mais je n'étais pas d'accord sur le fait qu'elles avaient agir aussi tardivement et que par intérêt. Car elles auraient pu sauver bien plus de personnes que nous. Et c'est pour nous qu'elles sont venues.

« Il est mort ? Zoran, je veux dire... » nous coupa Alexis.

« Cela c'est à vous de nous le dire. »

Je les regardais, sceptique. Pouvaient-elles réellement sentir l'absence de Sable Noir et non pas celle de l'un des habitants de ce monde ?

« Comment était-il juste avant que vous quittiez l'Hôtel ? »

« Euh ben... englouti sous le sable noir et en train d'hurler... mais s'il a la faculté de devenir intangible, peut-être que le Sable Noir l'est devenu aussi et qu'ils ne font plus qu'un... ce qui serait pas spécialement une bonne nouvelle ! Le Sable Noir est puissant... mais je suis pas la spécialiste... » acheva Alexis.

Je ne voulais pas affirmer que le Sable Noir n'était plus là. Je n'en avais pas la certitude. Et j'avais encore moins celle que Zoran n'était plus. Car je ne connaissais pas les Anges d'ici. J'ignorais où étaient leurs limites. La seule chose dont je me souvenais, c'était que Zoran luttait contre la mort. Il avait construit cet Hôtel Bleu dans le but de survivre. Ce qui signifiait que les Anges d'ici, n'étaient pas comme les Titans de chez nous. Ils pouvaient mourir. Ils ressemblaient plus à nos dieux. Ca ne me rassurait pas pour autant, mais peut-être que oui, Zoran était bel et bien mort.

« Si vous êtes dans l'incapacité de le savoir, j'ai bien peur que nous ne soyons pas d'une grande aide. Notre magie est limitée face aux anges, alors contrer ce Sable Noir... » dit-elle d'un air soucieux. « Nous allons jeter un sort sur cet endroit. Si une activité surnaturelle survient, nous en serons immédiatement informées. »

Je hochais la tête, avant de lever les yeux au ciel pour observer la vue. Il n'y avait pas encore la moindre trace de Cité. Nous étions en début de matinée. Ca signifiait qu'on ne pourrait repartir que dans de nombreuses heures. Mais pour cela, je voulais m'assurer de certaines choses. Du coup, j'avais adressé un signe de la tête à Malcolm pour lui faire comprendre que je souhaitais lui parler. Une fois à l'écart, j'avais débuté la conversation. Je ne m'étais pas trop éloigné du groupe. Je voulais simplement créer un dialogue à deux avec le jeune homme. Même si ça ne me dérangerait pas, si Alexis et Lyra nous rejoignaient. C'était plutôt les sorcières qui ne m'inspiraient pas confiance.

« A quoi ressemble la Cité que tu as vue dans le ciel, Malcolm ? » lui demandais-je.

« La décrire serait difficile, car elle ressemble à une ville ordinaire sans véritable architecture distinctive. La seule chose qui m'ait marquée, c'est une espèce de tour avec une horloge. Je peux vous montrer un photogramme, si vous le souhaitez. Il est un peu flou mais vous permettra de vous faire une meilleure idée. » dit-il en se dirigeant vers les tentes.

Je décidais de le suivre tout en continuant de parler.

« Quand la ville est apparue pour la première fois ? »

« Ca sera la cinquième nuit ce soir. » me répondit-il.

« Malcolm a couplé un vieil appareil à photogrammes avec un télescope de seconde main, de sorte à pouvoir prendre des clichés de ses observations. » expliqua Asta.

Tout en marchant, je penchais la tête vers la chatte du jeune homme, afin de la regarder quand elle s'adressait à moi.

« C'était une manière comme une autre de m'occuper. Les journées ont été très longues. »

« Oh ça, oui ! » soupira Asta.

Une fois devant la tente de droite, Malcolm l'ouvrit. A l'intérieur, ça ressemblait plutôt au coin d'un bricoleur. Il y avait des pièces détachées de divers appareils dont je me demandais où il les avait trouvés. Un peu plus loin était posé un télescope bricolé, prêt à servir, et un sac de couchage, un petit réchaud, ainsi que quelques boites de conserves. C'était pas très rangé et ça donnait la sensation de se trouver dans un petit garage. Je trouvais que ça collait bien au personnage. Ce dernier s'était mis à fouiller près du télescope, tandis que Alexis, Lyra et Pantalaimon nous avaient rejoins.

« Il n'a jamais été un as du rangement. » m'expliqua Asta.

« Si tu m'aidais, ça irait plus vite. » lança Malcolm à son Daemon, tout en soulevant un peu tout ce qui se trouvait sous la tente.

« Non, ça m'amuse beaucoup de t'observer. » s'exclama t'elle à son tour, tout en s'asseyant et le fixant.

J'avais tourné la tête vers les filles et j'avais adressé un regard à Alexis pour voir si elle allait bien. Je n'avais pas encore eu le temps de prendre des nouvelles de toute le monde depuis notre sortie de l'Hôtel. Je voulais m'assurer que ça allait pour elle. D'ailleurs, j'avais penché la tête vers son ventre, tentant de sentir la moindre aura, mais sans succès.

« Malcolm ? Est-ce que je peux te prendre une boite de conserve ? Je pense que les filles ont besoin de reprendre des forces. »

Je songeais principalement à Alexis et à son bébé. Elle avait dégagé une forte quantité d'énergie. Il fallait se ménager.

« Servez-vous. » me répondit Malcolm en hochant la tête.

« Prenez le thon à l'huile. C'est délicieux. » compléta Asta.

Je hochais la tête avant de faire disparaître une boite de conserve et de faire apparaître son contenu sur deux assiettes. Je les pris de sur la petite table, avant d'en tendre une à Lyra, puis la seconde à Alexis.

« Non merci, je n'ai pas très faim. J'ai encore beaucoup de choses à digérer. » dit-elle en me faisant un sourire entendu.

Malcolm poussa une exclamation victorieuse avant de venir vers nous avec un photogramme.

« Comme je vous l'ai dit, c'est flou. Je n'ai pas pu zoomer autant que je l'aurais voulu. »

Sur le cliché que j'observais, on y voyait des reflets flous de la grande place de Storybrooke à travers une aurore boréale. Il y avait la grande horloge.

« Cet endroit vous parle ? » me demanda t'il, tandis que je lui tendais l'assiette de Lyra, qu'elle n'avait pas voulu, afin de prendre le photogramme en main.

« Oui. C'est chez nous. » lui répondis-je. « Merci Malcolm. » ajoutais-je, tout en contemplant le photogramme.

« Attendez, quelque chose ne me semble pas logique. » intervient Lyra. « Votre ville se situe en hauteur ? »

« En hauteur ? » lui répondis-je, surpris, tout en continuant d'observer le photogramme.

« Lorsque j'ai voyagé à travers les mondes, j'ai appris qu'on pouvait uniquement accéder aux endroits situés sur un même niveau. Par exemple, la cité que l'on voyait au départ dans l'aurore, Cittàgazze, est visible depuis les hauteurs de cet autre monde. Quand on franchit l'aurore, de l'autre côté, on se retrouve sur une montagne, comme depuis l'endroit où on est passé. » tiqua t'elle avant de passer une main dans ses cheveux. « Je ne sais pas si c'est très clair. Votre ville ne se situe pas en hauteur, c'est étrange que l'on puisse la voir du ciel. » ajouta t'elle sceptique.

« Tu veux dire que si on est sur une montagne ici, on devrait voir une montagne de l'autre côté, c'est bien cela ? Si tel est le cas, non. Storybrooke n'est pas situé en hauteur. »

Je n'étais pas sûr de comprendre réellement ce qu'elle voulait dire. Elle parlait de niveau et de montagnes. Si on était dans les hauteurs ici, on devrait être dans les hauteurs chez nous. Mais ce n'était pas le cas. Est-ce que ça avait son importance ?

« C'est cela. Ce sont les mondes qui possèdent le même relief. Si on se trouve dans une plaine entourée de montagnes, dans le monde sur lequel est ouvert une brèche, on verra une plaine entourée de montagnes, mais pas forcément de neige. C'est semblable tout en étant différent. »

« Storybrooke se situe sur une plaine. » lui confirmais-je. « Mais c'est un lieu à part. Il est le berceau de la vie. » ajoutais-je. « Celle de notre monde. C'est un peu difficile à expliquer. En tout cas, cela pourrait justifier que ce soit à cet endroit que le portail s'ouvre et nulle part ailleurs. »

Lyra eu l'air pensif. Elle bloquait sans doute sur le fait que tout ceci ne lui semblait pas logique. On aurait tout le temps de comprendre de quoi il était réellement question par la suite. Pantalaimon, quant à lui, s'était mis à renifler le photogramme.

« Le changement de ville s'est produit la nuit de l'orage. Iorek a été surpris car il n'en avait jamais vue de sa vie. Ce phénomène atmosphérique en Arctique est plus que rarissime. » dit-il en posant les yeux sur Alexis.

Je ne savais pas si il fallait s'en inquiéter ou non. Ca ne changerait sans doute rien aux habitudes climatiques de l'Arctique. Ce n'était qu'un orage unique et provisoire. Je décidais de quitter la tente, afin de prendre l'air. Qui plus est, nous étions un peu à l'étroit à l'intérieur. Et ça sentait réellement le renfermé.

Faisant quelque pas au dehors, je vis au loin les trois sorcières, les mains paumes ouvertes en direction de l'espace où se trouvait le Sable Noir. Je les laissais faire sans les déranger. Quant à Vaiana, elle devait encore se trouver dans la seconde tente. Je ne voulais pas la déranger non plus, au cas où les sorcières avec elles, étaient encore occupées à l'aider. J'avais entrepris de m'éloigner un peu des tentes, afin de me retrouver seul quelques instants et de réfléchir à tout ça. A peine je m'étais stoppé, que j'avais, en penchant la tête sur le côté, vue que Pantalaimon s'était stoppé à son tour. M'avait-il suivi ? Je lui adressais un petit regard. Il leva la tête dans ma direction, une patte en l'air, comme si il était surpris de me voir me stopper. Pensait-il que je ne le remarquais pas ? Au final, je lui avais souris et il avait fini par poser sa patte sur le sol.

« C'est étrange, n'est ce pas ? Que d'un autre monde j'ai pu percevoir ce que tu disais ici. Et crois moi, cela n'a rien à voir avec mes dons. Je ne l'explique pas. »

« Vous avez... quoi ? » me répondit-il, surpris.

« Je t'ai entendu. De là où j'étais, j'ai su que tu te rendais à l'Hôtel Bleu. Mais j'ignorais que tu étais quelqu'un d'ici. Un habitant de ce monde. A dire vrai, j'ignore toujours pourquoi on est ici et quelle force nous a conduit jusqu'à vous. »

Pan eu l'air perplexe.

« Effectivement, c'est étonnant. Je ne savais pas que mes pensées pouvaient être entendues par quelqu'un. Même Lyra ne les partage pas. » dit-il en m'observant, la tête penchée. « Vous êtes une personne spéciale, Anatole. »

Il marqua une pause. Puis, il piétina un peu la neige tout en se dandinant comme si il hésitait à dire quelque chose.

« C'est toi qui l'est, mon ami. » lui dis-je avec un petit sourire.

« Je ne suis pas une personne. » me corrigea t'il, surpris. « Pas vraiment. »

Il regarda de gauche à droite, afin d'être assuré que personne nous observait. Puis, il grimpa sur le rocher juste à côté de lui, afin d'être un peu plus en hauteur, et de continuer cette discussion à voix basse, sur le ton de la confidence.

« J'ai l'impression qu'un lien s'est créé entre nous. Je ne comprends pas de quoi il s'agit. Peut-être que ça date du moment où vous avez entendu mes pensées, la première fois. » me confia t'il en me fixant de ses petits yeux noirs. « En tout cas, je ne me suis pas senti agressé quand vous... m'avez touché. » ajouta t'il intrigué et reconnaissant également.

Je hochais la tête pour lui faire comprendre que je voyais bien de quel moment il parlait. Et que je m'excusais une fois encore d'avoir du en arriver là. Mais si ça ne l'avait pas perturbé, c'était encore mieux. Je soupirais, avant de lever les yeux vers le ciel, toujours intrigué par ces portails qui s'ouvraient dans les cieux et par ces Anges qui devaient s'y trouver. Je ne comprenais toujours pas pourquoi ils n'avaient pas agis.

« Quand le moment sera venu, j'aimerais partir avec vous. » me confia Pantalaimon à mi-voix. « Découvrir votre monde. »

Le Daemon eu le regard fuyant après avoir achevé sa phrase. Quant à moi, je l'avais observé un petit moment, avant de regarder en direction de Lyra, qui se tenait au loin.

« Comment imagines tu mon monde, Pantalaimon ? » lui demandais-je intrigué.

Que pensait-il y trouver ? Qu'avait-il en tête en voulant se rendre chez moi, chez nous ?

« Je ne sais pas. Je suppose qu'il sera merveilleux étant donné quelles personnes extraordinaires vous êtes, Alexis et vous. J'ai besoin de voir de nouveaux horizons. J'ai cherché quelque chose qui n'existe pas ici : l'Espoir. » dit-il en regardant vers l'endroit où les sorcières lançaient leur sort et par conséquent là où se trouvait l'Hôtel Bleu, par le passé. « Mais il me semble qu'il réside en chacun de vous. Je ne veux pas m'éloigner de cette chance. »

Je continuais de l'observer sans rien dire. L'Espoir ce n'était pas de croire que tout irait bien, mais de croire que les choses auront un sens. L'Hôtel Bleu n'était pas une bonne chose. Mais la promesse qu'il offrait, aurait pu être accomplie de manière grandiose ! Toute chose est belle, mais tout le monde ne peut pas le voir.

« Ta chance est d'être auprès de Lyra. » lui répondis-je tout en jetant un oeil en direction de la jeune femme.

Une petite pensée m'effleura l'esprit. J'avais eu la chance d'être auprès de la meilleure personne qui soit. Non pas aux yeux des autres personnes, mais aux yeux de moi-même. Aurora. Elle était la plus belle partie de mon être. Comme chez le Daemon pour un humain, ou chez l'humain pour le Daemon, l'autre devait symboliser la plus belle partie de soi. C'était là que résidait notre chance. La chance de pouvoir se voir à travers nos propres yeux et d'aller de l'avant, ensemble.

« Tous les mondes sont merveilleux, Pantalaimon. La seule chose qui les rend moins beau, c'est la manière dont nous agissons. Il y a et il y aura toujours des personnes pour oeuvrer contre la Nature. Mais il y aura aussi et toujours, des personnes qui te rendront le sourire et t'aideront à avancer. Tu peux trouver ta voie dans tous les mondes. Tout dépend vers qui ta confiance se tourne. Et je crois que tu as déjà trouvé avec qui tu souhaites avancer. » achevais-je en lui indiquant Lyra d'un simple regard.

Il hocha sa petite tête.

« De toute façons, elle ne voudra jamais vous accompagner. » reconnu t'il. « Elle ne se rend pas compte à quel point sa vie est triste à Oxford. Je ne veux pas y retourner et je ne veux pas qu'elle y retourne. Là-bas, elle s'acharne à se conformer, à faire le moins de bruit possible. C'est insupportable. Je voudrais qu'elle se rende compte qu'on peut retrouver ce qu'on avait autrefois. Grandir, ce n'est pas s'effacer. » acheva t'il en levant les yeux dans ma direction d'un air triste.

Il y avait une question qui me brûlait les lèvres. Mais je ne savais pas comment le lui demander. Il avait l'air de se confier à moi. Mais jusqu'où irait-il ?

« Qu'est-il réellement arrivé à Lyra ? » lui demandais-je. « Que vous est-il arrivé à tous les deux pour que vous en veniez à vous séparer ? »

Je me demandais dans quel cas deux êtres identiques pouvaient en arriver à se retrouver éloigné l'un de l'autre. Je n'avais pas vécu assez longtemps aux côtés d'Aurora pour répondre à cette question. J'ignorais si on aurait eu des désaccords ou non. Dans le cas de Lyra et de Pantalaimon, il s'agissait d'une véritable cassure. Une qu'on avait du mal à recoller. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Qu'est ce qui faisait que deux êtres aussi similaires en arrivaient à s'éloigner l'un de l'autre ?

Après une hésitation, Pantalaimon me répondit.

« Il y a longtemps, elle m'a abandonnée. Elle n'avait pas le choix mais la séparation a été si douloureuse que je lui en ai énormément voulu. Mon amertume a creusé le premier sillon. Ensuite, au fil des années, nous nous sommes éloignés petit à petit. Nous ne nous intéressions plus aux mêmes choses, nous nous disputions pour tout et rien... Puis, elle a commencé à lire des ouvrages accusant les Daemons de n'être qu'un fantasme de l'esprit. Suite à ça, elle ne m'a plus parlé. Elle faisait comme si je n'existais pas. Je me suis senti isolé. J'ai vu le mal qu'elle se causait et qu'elle m'infligeait... J'ai voulu agir. »

Il marqua une pause. Puis, il soupira avant de poursuivre.

« Je ne sais pas si ce que j'ai fait va véritablement arranger les choses entre nous. Peut-être que c'est juste un sursis. Mais... je veux y croire. »

Il croisa mon regard, tandis que je laissais échapper un petit sourire. Il était plein d'optimisme et d'Espoir. J'aimais beaucoup cela.

« Quoi que l'avenir te réserve, mon ami, je suis sûr que tout s'arrangera pour vous deux. »

Lyra était passé par beaucoup d'épreuves dans le but de le retrouver. Et il avait fait de même. Ca avait sans contexte fortifié leur relation. J'étais persuadé que tout se passerait au mieux pour eux, que ce soit dans ce monde, ou ailleurs.

« J'aimerais beaucoup te montrer mon monde. Mais la décision ne m'appartient pas. » lui dis-je avec un petit regard compatissant. « Mais qu'importe où tu seras, je suis sûr que notre lien à tous les deux ne se brisera pas. Tout comme celui que tu as retrouvé avec Lyra. »

Tournant la tête vers le groupe, je me disais qu'il était temps de les retrouver. On allait devoir chercher le moyen de rentrer. Malcolm nous avait ouvert la voie. Mais je me doutais que ça ne serait pas aussi simple que cela. La dernière fois que j'avais tenté de nous téléporter à travers cette aurore boréale, ça n'avait pas marché. Même si là, c'était notre monde qui s'y reflettait, je doutais que ça marche. Il fallait sans doute autre chose. Mais j'ignorais quoi. Si ils avaient un Asbru, cela aurait été bien plus facile.

« Tu te souviens de ce qu'ils ont dit sur la façon dont ils nous sont venu en aide ? » lui demandais-je. « Les sorcières nous ont sortit de là, mais j'ignore comment elles ont fait. »

Sans attendre de réponses, car Pantalaimon était avec nous dans l'Hôtel Bleu quand c'était arrivé, j'avais fait route vers le groupe, Le Daemon suivant mes pas. Je m'étais approché de Malcolm.

« Malcolm ? » l'interpellais-je. « Les sorcières nous ont dit qu'elles étaient arrivées juste à temps. Mais comment ont-elles fait pour nous aider à quitter l'Hôtel Bleu ? »

« J'en ai aucune idée. Mieux vaudrait leur poser la question directement. » me répondit-il.

« Et quand sont-elles arrivées ? »

« Il y a trois jours. L'orage les a faites venir. Elles étaient très intriguées. »

Je hochais la tête. Ca me semblait assez logique que ça les ai attirées. Comme ça aurait pu attirer les Anges.

« Merci. » lui dis-je avant de tourner la tête vers les sorcières qui ne semblaient pas avoir fini ce qu'elles faisaient.

Je leur poserais la question quand elles en auront fini avec leurs protections.


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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 Oflm
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2021-02-18, 20:02 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Anges & Daemons


Après le repas, nous avions fini par sortir de la tente, nous aussi, pour voir au loin Hypérion et Pantalaimon revenir vers nous. J’avais mangé de mauvaise grâce mais j’avais mangé quand même, prenant l’assiette que me tendait le Titan avec une certaine froideur. J'avais faim. A mesure que les secondes s’égrainaient, je me rendais de plus en plus compte à quel point la fatigue me revenait comme un boomerang et à quel point ça m’avait creusé l’estomac mais ma colère sous-jacente continuait de me couper l’appétit. Je n’arrivais plus à me focaliser sur le pseudo geste d’amour que celui que je pensais être mon “ami” avait eu envers moi, je restais uniquement concentrée sur sa façon de penser, sur son délaissement de Lyra, sur ce qu’il m’avait ordonné de faire comme un vulgaire pantin sans songer apparemment aux conséquences. Je me rendais alors compte que c’était le lot quand on était avec Anatole : il savait tout ou presque et ne disait rien ou peu. Maintenir les autres dans l’ignorance pour maintenir son aura. Comme une sorte de dictateur, il protégeait par envie et oubliait aussi par envie. A chaque fois qu’il semblait se rapprocher d’un ami pour moi, quelque chose venait me rappeler ce que j’avais compris avec douleur à l’explosion de notre colocation 4 ans plus tôt : nous n’étions pas amis. J’étais son amie car je l’aimais profondément et je pensais être capable de beaucoup de chose pour lui. Mais il n’était pas le mien, se servant sans aucun doute de moi à d’autres desseins. M'avait-il protégé par amour ou simplement pour me laisser mourir au bon moment ? Était-il finalement une sorte de Dumbledore ? Toutes ces années de silence et d’ignorance avait fini par avoir raison de moi, de mes certitudes et l’affection que je lui portais était en train de me ronger aussi sûrement que l’acide rongeait la chair : avec douleur et irrémédiablement.

Pour la première fois depuis notre sortie de l’Hôtel Bleu, je l’avais observé. Frontalement. Je l’avais vu s’avancer jusqu’à nous, poser sa question à Malcolm avec nonchalance. Il ne voyait même pas la colère monter en moi de plus en plus. Pour lui, tout allait bien. Tout simplement parce que tout s’était passé selon son plan et qu’il se fichait éperdument de ce que pouvait ressentir les autres. Mes poings s’étaient serré jusqu’à faire blanchir mes jointures, tandis que je l’observais toujours, regardant désormais en direction des sorcières. Je serai tellement la mâchoire qu’elle avait toujours cette certaine rigidité quand soudaine je m’étais entendu dire :

- Je peux te parler ? SEUL.

C’était sans appel et clair. Je n’avais pas envie que qui que ce soit d’autre puisse intervenir dans notre conversation. Ni Lyra, ni Malcolm. Personne. J'en avais marre d’attendre, d’espérer et de pardonner. J’étais tellement monté en puissance dans ma colère que j’avais envie eu le courage de lui demander ce que je voulais lui demander depuis longtemps : une conversation à cœur ouvert... et peut-être à couteaux tirés. Il avait semblé surpris de ma demande mais avait hoché la tête avant de me proposer :

- On marche ?

Comme d’habitude, il avait montré le chemin. J'avais une furieuse envie de ne pas suivre ce qu’il avait proposé et de prendre une direction opposée mais ce n’était que de la colère et de l’égo mal placé, un point qui lui permettrait sans doute de prendre une porte de sortie paternaliste du type “tu n’es qu’une enfant, je ne parle pas avec des gens immatures.” J’étais contente que nous marchions. Ça me laissait aussi le temps de descendre mon surplus de colère et de douleur dans mes jambes, me dépenser pour ne garder en esprit que le factuel.

- Tout va bien. Je m'en suis déjà assuré.

Dans quel monde il avait vu que tout allait bien au juste ? Je l’avais regardé surprise, il avait eu un petit sourire qui se voulait rassurant en zieutant mon ventre et j’avais de nouveau posé ma main dessus. Il pensait sans aucun doute que je voulais lui parler du bébé, ce qui n’était pas le cas, même si de le savoir me faisait du bien. J’avais marmonné à son intention :

- Merci.

J’avais laissé le silence s’installer entre nous, déglutissant pour laisser le temps à la colère de prendre forme dans ma tête, laisser aussi passer mon remerciement qui était sincère. J’avais alors fini par lui lancer :

- Est-ce que tu comptais un jour m’en parler ? De tout ça je veux dire...

J’avais levé mes mains pour lui montrer que je parlais de mon pouvoir.

- Ou peut-être espérais-tu juste qu’on en arrive à ce qu’on a fait aujourd’hui ? A ce qu’il n’y ai plus d’autre choix que d’agir pour tout me balancer dans la tronche ?! Est-ce que... est-ce qu’un jour tu me feras suffisamment confiance pour me parler ou tu comptes me laisser à l’état d’ignorance et de jouet jusqu’à la fin de ma vie ?

Sans le vouloir, j’avais accéléré la cadence, le visage rivé sur le fond de la plaine. Je marchais vite, le regard déterminé. Mon ton était contrôlé mais il n’était pas équivoque : une colère sourde montait en moi. Il avait gardé le silence pendant quelques minutes. J’ignorais s’il réfléchissait, s’il était choqué de comprendre que cette conversation n’avait rien d’amical ou s’il voulait juste me laisser redescendre mais de mon côté, je continuais à avancer à même allure, attendant qu’il dise quelque chose. Je ne lâcherai pas. Il avait plutôt intérêt à parler. Je remarquais que je ne ressentais rien venant de sa part, pas d’Aura, ce qui me rassura. J’aurai sans aucun doute explosé encore plus fort s’il avait tenté de m’apaiser de lui-même.

- Je te l'ai dit. Je voulais te préserver. Te mettre à l'écart de tout ça.
- Aaah ben ça, pour me mettre à l’écart, je te rassure tu m’as BIEN mise à l’écart. Me préserver en revanche...

Je l’avais précisé entre mes dents, me souvenant de mes mois de galère à chercher un nouveau foyer, mon retour chez Regina, le temps avant de trouver ma librairie et mon appartement. Et son silence... fracassant. Il avait pourtant levé les mains pour parler de mon pouvoir, de ce qui était en mois plutôt que cette partie-là, mais je m’étais focalisé sur ce qui était le plus douloureux.

- Certaines choses ne sont pas faciles à accepter, ou à encaisser. Ni pour la personne qui est au cœur de ces choses, ni pour celle qui est à côté. Ce que certains jugent inéluctable, ne l'est pas pour d'autres.
- Et qu’est-ce qui t’a fait croire que j’aurai été incapable de l’encaisser ?! Tu ne sais PAS comment j’aurai réagi, tu n’en as AUCUNE idée parce que tu ne m’as même pas laissé cette chance de comprendre. Du jour au lendemain, j’ai TOUT perdu. Ma maison, les pouvoirs avec lequel j’avais appris à vivre... mes amis... Vaiana est partie, Robyn a préféré ne plus voir personne, quant à Nora, je n’ai jamais vraiment eu le temps de la connaître. Et... TOI. Je pensais qu’on était amis... mais je me suis rendue compte ce jour-là que c’était pas le cas... JE suis ton amie... je pourrai faire beaucoup pour toi et je pense l’avoir déjà prouvé. Mais toi... quand j’ai eu besoin de toi, t’étais pas là... Je me suis retrouvée à la rue, je n’ai plus eu une seule trace de vie pendant 2 ans ! Au bout de 2 ans t’es venu manger une glace à Rome et tu es parti comme si de rien n’était... tu t’es excusé, je t’ai “pardonné” mais tu ne m’as RIEN dit... Ce n’est PAS ce que font les amis.

Je m’étais stoppé de marcher d’un geste vif pour le fixer droit dans les yeux, prenant un instant pour reprendre mon souffle de tout ce que je venais de lui balancer avec une vitesse folle. Après un moment, j’avais fini par lui dire :

- Tu sais ce que j’entends depuis des années ?! Les gens qui m’ont vu dans le futur me disent que je suis pas belle à voir. Que j’ai la moitié du visage cramé, que je suis seule et solitaire, plus dure qu’avant. Que je vis sur les ruines de Storybrooke. Ils m’ont aussi dit que je les avais guidés pour certains, pour d’autres j’ai des pouvoirs et on veut ma mort. Et tu sais quoi ? J’en ai rien à carrer ! Je m’en contre fiche !

J’avais levé les bras de chaque côté de mon corps avant de les faire claquer sur mes cuisses.

- Parce que pour moi le futur n’est pas écrit. Parce que oui, je fais partie de ceux pour qui l’inéluctable n’est pas présent. Je fais attention à ce que je fais, je sais déjà que la vie de cette fille ne ressemble pas à celle que je vis car elle est partie de Storybrooke a un moment où j’ai personnellement décidé de rester. Ce qui adviendra, adviendra. Tant pis. Mais ce que je peux pas supporter, c’est que des gens qui font semblant de se soucier de moi me mentent en m’infantilisant. Je suis PLUS une enfant et j’ai le DROIT au respect, j’ai le DROIT à l’erreur, j’ai le DROIT de savoir. Surtout quand ça me concerne. Je pensais pas que ça pouvait être pire entre nous... et puis j’ai appris que mes années de doutes... en plus de mes années de tristesse... c’est à toi que je les dois. Parce que c’est TOI qui m’as bloqué ! Pour me “préserver” comme tu dis... alors crois moi, t’as intérêt à me dire de QUOI tu m’as préservé et j’espère que c’est d’un truc au moins aussi fort que la mort parce que concrètement là, je vois pas la préservation... je vois juste de la trahison... et que t’as fait de ces derniers années de ma vie un enfer.

J’avais senti alors une larme couler sur ma joue, cristallisant presque aussi vite face au froid ambiant. D’un geste du bras, je l’avais essuyé et écrasé la suivante qui menaçait de couler, détournant le regard un instant pour l’empêcher de me voir pleurer. Reniflant, j’avais fini par relever les yeux vers lui :

- Tu vois... même avec tout ça, même avec toute la colère que j’ai en moi, j’étais là pour toi. J’espérai peut-être aussi un peu que ce voyage nous permettrait de parler... mais je me rends encore plus compte que tu ne me fais pas confiance... j’ai un dernier Espoir, pourtant. L’Espoir que je ne te comprenne tout simplement pas. Qu’on soit pas sur la même longueur d’onde parce qu’on vient pas de la même planète et que les années qui se sont écoulées pour toi t’ont rendu illisible pour moi, pauvre grain de poussière dans l’univers. Mais là... là j’ai besoin de savoir, S’IL TE PLAÎT, laisse-moi tenter de comprendre... Si tu tiens ne serait-ce qu’un peu à nous...

J’avais de nouveau détourné le regard, sentant ma voix se briser sous un nouveau sanglot que je tentais de faire disparaître une nouvelle fois, refusant de le laisser aller. Je m’étais rendu compte qu’il ne m’avait pas interrompu, me laissant parler jusqu’au bout. Il avait semblé surpris quand je lui avais dit que certaines personnes m’avaient parlé de mon futur, j’ignorai pourquoi, j’avais même préféré l’oublier pour continuer sur sa lancée. Peut-être ne savait-il tout simplement pas qu’on me l’avait dit ou alors il était surpris que j’ai aussi bien tenu le choc après les révélations...

- Tu vas avoir un enfant, Alexis. Peut-être que je n'ai pas réussi à te préserver de tout, mais de certaines choses, si. Tu n'aurais pas vue les choses sous le même angle. Tu aurais pris des décisions qui t'auraient conduite vers ce futur que tu ne souhaites pas voir venir. J'ai commis des erreurs, car quand on tente de changer les choses, qu'on essaye d'éviter ce qui peut arriver, on finit forcément par commettre de très nombreuses erreurs. Des erreurs qui auraient été sans doute encore plus catastrophiques, si on était resté là à attendre.

Il avait marqué une pause et j’avais gardé le silence. C’était pas suffisant. Fronçant les sourcils, j’attendais :

- J'ai entendu Pantalaimon quand on était dans notre monde, bien avant notre arrivée ici. J'ignorais qui il était, d'où il venait et comment on allait être lié lui et moi. J'ignore encore bien des questions que je me suis posé sur lui, sur tout ce qui nous est arrivé, ici. J'ai entendu une voix quand on a été emporté dans ce monde. Une voix différente de celle de Pantalaimon. J'ai ressenti des choses ici, que je n'avais jamais ressentis auparavant. C'est une multitude de choses qu'on nous a mise là, qu'on m'a mise sous les yeux et dont j'ignore qui en est responsable. Mais si je savais tout, si cette personne m'avait confié tout ce qu'elle savait, le futur serait désastreux. Car je ferais tout pour l'éviter, ou alors pour nous précipiter le plus rapidement possible vers lui. On se doit de faire nos propres choix. De tracer notre propre route. Ce que j'ai fait pour toi, je l'ai fait en pensant que ça serait le mieux pour ton avenir. Pour notre avenir à tous.

Un nouveau silence tomba, pendant lequel je tentais d’enregistrer tout ce qu’il était en train de me dire. C’était difficile de comprendre, de lire entre les lignes, je sentais qu’il ne voulait toujours pas en dire plus.

- Regarde où tu en es aujourd'hui. Ce n'est pas parce que je t'ai caché certaines choses que tu en es là. C'est parce que tu as pris les décisions que tu as prises sans avoir connaissance de ce que j'aurais pu t'apprendre et qui t'aurait influencé dans tes choix.

J’avais laissé le silence s’installer, réfléchissant toujours à ce qu’il était en train de me dire. Bien sûr qu’il avait commis une erreur en ne me disant rien et je lui en voulais toujours mais je comprenais à présent que ce qu’il avait à me dire était peut-être plus important que je ne l’avais envisagé et...

- Ça m’angoisse... Ce que tu me dis là. C’est pas pour autant que je vais m’allonger au sol et attendre la mort mais juste, ça m’angoisse. Parce que ce que tu as bloqué en moi, je sais pas ce que c’est. A t’écouter c’était nécessaire. Pour moi. Et d’une certaine façon pour plusieurs personnes. Pourtant tu l’as déversé en moi aujourd’hui, tu l’as laissé faire... Pourquoi ?

La question était moins anodine qu’il n’y paraissait. Bien sûr qu’il l’avait fait pour nous sortir de l’Hôtel Bleu, j’étais pas stupide, mais elle englobait bien plus de choses.

- Tu l’as soit fait parce que tu n’avais aucune autre façon d’agir, soit parce que c’était le moment. Je ne crois pas que t’avais pas d’autre façon d’agir, t’aurai pu très bien garder ce truc de sable noir en toi et t’occuper de Zoran et on le sait tous les deux. Ce que je comprends pas c’est... pourquoi t’as pris le risque que t’essaye apparemment d’éviter depuis tout ce temps ? Tu savais forcément que je poserai des questions... Et j’ai pas l’impression que tout a changé pour autant... Tu en sais plus que nous tous et tu luttes, constamment. Parce que tu as choisi de lutter. Mais à moi, tu me laisses aucun choix, je ne peux qu’attendre parce que tu refuses de me dire ce que je suis. Tu ne peux pas tout décider pour moi, Anatole. Il faut aussi que tu puisses compter sur moi. Tu m’as donné ce truc dans l’Hôtel en dépit de tout, de mes risques, de mes questions, de ce que ça pouvait potentiellement faire de mal... notamment à mon enfant et pourtant, tu n’as pas voulu m’écouter quand je t’ai parlé de Lyra. J’avais l’impression que tu me rendais enfin maître de mon Destin mais non... tu n’as fait que de me diriger... si c’était pour faire ça, pourquoi n’as-tu pas tout gardé en toi ?
- Parce que je ne le pouvais pas.

Il l’avait avoué avec une franchise désarmante, au point que j’étais restée bloquée sous le choc, ne faisant qu’écouter la suite :

- Quand on est arrivé ici, vous ne m'avez pas demandé si j'avais conservé mes dons. Vous vous êtes contenté de savoir que les vôtres ne marchaient plus. Si vous aviez su que je les avais toujours, vous vous serez fié à moi. Vous auriez totalement dépendu de moi et vous aurez baisser votre garde, comme on le fait tous quand quelqu'un est capable de nous protéger. Mais je ne le suis plus.

Il marqua une pause, comme pour chercher comment me dire la suite, tandis que ses mots raisonnaient en moi avec une nouvelle violence, je m’étais attendu à beaucoup de choses, mais pas à ça... j’avais peur de comprendre où il voulait en venir :

- J'ai été considérablement affaiblis dans mon combat contre Phobos. Affaiblis au point que je ne suis plus dans la capacité de faire tout ce que je pouvais faire par le passé. Tu sembles penser que j'aurais pu en finir avec Zoran en claquant des doigts, mais la vérité c'est que ça n'aurait eu qu'une infime chance de réussir. Tu étais là. Je savais que si je te confiais une partie de mon don, ne serait-ce qu'un instant, non seulement tu serais capable de l'encaisser, mais je pourrais te faire suffisamment confiance pour que tu en uses à bon escient. Et c'est ce que tu as fait. Tu nous as tous sauvés, non parce que tu en étais capable, mais parce que tu étais la seule à pouvoir le faire.

Il avait laissé encore un instant de silence tandis que j’essayais de digérer tout ce qu’il venait de me dire. Ça n’avait aucun sens. Il était un Titan, comment pouvais-je être la seule à faire un truc pareil ? C’était comme si ce qu’il me disait ne voulait pas s’imprimer dans mon cerveau, mais mon cœur savait que je me voilais tout simplement la face parce que la douleur s’installait lentement en moi.

- Ce futur dont ils t'ont parlé... tu as pris une décision à la hâte. Tu n'as pas pesé le pour et le contre. C'est ce qui t'as fait commettre une erreur et l'un de tes futurs possibles s'est retrouvé avec le visage cramé. Concentrer tes efforts pour sauver Lyra, aujourd'hui, ou les miens, en aurait été une autre. Quand tu es dans le feu de l'action, tu te dois de réfléchir à toutes les conséquences possibles. A peser le pour et le contre, même si c'est une tâche des plus compliquée quand tu es pris sur le vif. Je ne t'ai pas donné la possibilité de nous sauver pour te laisser seule ensuite, affronter Zoran. Je t'ai donné cette possibilité pour qu'on agisse ensemble. Qu'on se fasse mutuellement confiance. C'est ainsi qu'agit un ami. En combinant ses efforts à ceux des autres et non pas en délégant tout dès que l'occasion se présente. Tu ne pouvais pas l'affronter seul. Et je ne pouvais pas y arriver sans toi.

Il avait dégluti avant d’ajouter :

- Tu n'aurais jamais du connaître ce futur. Non pas par ce que tu devais rester dans l'ignorance, mais parce que connaître son futur le rend très souvent inéluctable. On a beau tenté de tout faire pour l'éviter, il finira toujours par se produire. Je ne dis pas que c'est une certitude pour ce qui te concerne, mais désormais c'est ancré dans ton esprit. Quelle que soit la personne qui t'en as parlé, elle a agi impulsivement sans prendre en compte les risques.

Il avait soufflé un instant, comme véritablement embêté. Je n’avais pas envie de lui dire qu’il ne s’agissait pas d’une mais de plusieurs personnes et encore moins de donner leur identité. Peut-être avais-je fait une erreur en lui en parlant :

- J'ai confiance en toi, Alexis. Et je ne t'ai pas donné quoi que ce soit dans cet Hôtel. Au contraire, le Sable Noir a simplement effacé tout ce qu'il y avait de moi en toi. Si j'avais pu l'éviter, je l'aurais fait. Mais c'est sans doute mieux ainsi. Car désormais, je ne suis plus lié à toi et je ne peux plus te protéger comme je le faisais avant. C'est à toi de tracer ta propre voie.

J'y étais. A la croisée des chemins. Des multitudes de routes s’offraient à moi, comme chacun pouvait en avoir dans leur vie. Certaines voies étaient parfaitement éclairées, d’autres restées sombres et mystérieuses, certaines étaient simple comme une balade en forêt et quelques-unes pouvaient se montrer rocailleuses, un guet-apens dont on ne sortait pas indemne. Il me lâchait la main. Pas parce qu’il l’avait voulu mais parce qu’il n’avait plus le choix. Il m’avait guidé parce qu’il pensait qu’il le faisait pour le mieux, même si je continuais à penser qu’il avait tort. Pouvais-je seulement lui en vouloir en revanche d’avoir fait ce qu’il pensait être le mieux pour moi ? Il n’avait finalement pas la science infuse et il ne me connaîtrait jamais comme je me connaitrais, même si le Grand Maître ne cessait de me dire que tout restait à découvrir. Les Titans étaient entièrement différents des Templiers ou du moins ce Titan. Là où le premier avait toujours tenté de me maintenir hors de l’eau en espérant que j’avancerai, les seconds avaient préférés me mettre la tête sous l’eau pour voir comment je remontrai à la surface... Il n’y avait pas de bonne méthode, mais celle des Templiers semblait plus me convenir. J'avais dégluti avant de tourner la tête en direction de la tente où reposait toujours Vaiana :

- En quoi je suis différente d’elle ?

J’avais de nouveau tourné la tête vers lui.

- Au début de l’histoire, on était censé être des “déesses magiques”, les pièces d’un puzzle commun. Mais après l’explosion... tu as pris tes distances avec elle, comme avec moi... j’aurai eu l’impression qu’on était toujours pareilles mais tu n’as rien bloqué en elle. Elle est devenue une “Racine”... et moi, je suis quoi au juste ? Il m’est arrivé quoi ? Tu dis que j’étais la seule à pouvoir le faire et pourtant Vaiana était aussi avec nous, elle était toujours debout à ce moment-là... Et on sait que son pouvoir peut tout péter... mais pour toi j’étais la seule... alors c’est qu’on est finalement pas si pareille, pas vrai ? Tout est flou pour moi, depuis toujours. On m’avait dit que Chronos m’avait choisi, j’avais accepté l’idée mais là, je sais plus qui a choisi quoi... je sais même plus ce que je suis... est-ce qu’on m’a transformé ? Quand j’ai touché la pierre... là-bas... on a rechargé mon pouvoir... en même temps que ceux des autres et... je me suis sentie attirée. Par quelque chose... par quelqu’un je crois... quelqu’un qui a le même pouvoir que moi, ça m’appelait, c’était effrayant, j’avais l’impression qu’il pouvait m’engloutir d’un coup, que je ne ferai peut-être pas le poids... ça me hante depuis presque un an... je me dis qu’il y en a peut-être d’autres comme moi ?

J'avais laissé un moment de silence pour scruter ses yeux, d’un air décidé :

- Si tu ne veux pas me dire mon futur, je le comprends. Je n’ai pas besoin de le savoir. Je sais pas s’ils avaient tort ou raison de me le dire, une chose est sûre, c’est que ça n’a RIEN changé en moi, en dépit de ce que tu peux croire. J’ai pas cherché à comprendre ce qui m’était arrivé, je continue à penser que ça arrivera peut-être, si ça doit arriver mais que ça arrivera peut-être pas... et pour l’instant je vis très bien comme ça. J’ai pas spécialement envie d’avoir une emprise sur ce que je ne peux pas contrôler... ça semble logique, non ? Par contre, je peux contrôler mon passé. Et c’est tout ce que je te demande. Je te demande pas où je dois aller, je te demande juste d’où je viens... ce que je suis devenue... le reste des décision m’appartiendra, mais je ne peux pas décider si je ne sais pas qui je suis...

J’avais une autre question qui me brûlait les lèvres, me dévorait le cœur, mais je ne me sentais pas encore prête de la poser, préférant pour le moment me concentrer sur le factuel, juste le concret, ce qui ne faisait pas mal et qui aidait à avancer.

- Je ne peux pas te dire qui tu es. Tu es la seule à le savoir. La seule à te connaître réellement. Et la seule à choisir ta destinée.

Il m’avait regardé droit dans les yeux. Il n’y avait aucune méchanceté dans sa voix, juste une certitude, la certitude qu’il ne pourrait jamais me connaître aussi bien que j’étais censé me connaître. Il me donnait l’impression de le dire comme s’il arrachait un pansement : le plus vite possible pour que ça ne fasse pas mal. Mais ça me faisait mal quand même. Pour la première fois, nous étions sur la même longueur d’onde mais pourtant nous n’espérions pas le même but.

- Alors... ça veut dire que tu ne sais pas ce qu’était ce truc qui m’appelait ou que tu veux pas me dire ce qui m’appelait ?
- Vaiana et toi, vous êtes deux êtres différents. Vous avez des pouvoirs différents. La Nature nous a tous mis au monde. Mais pour certains d'entre nous, ce n'est pas directement d'elle que l'on vient. Là où Vaiana est une descendante directe de la Nature, les habitants de cette époque, toi, ne sont pas des descendants directs. Ils sont plus les... enfants de Chronos. Si ça peut t'aider à mieux le comprendre. Pour chaque monde créé, chaque acte qui modifie la base des créations de la Nature, quelque chose d'autre se développe. Je n'ai pas d'emprise sur ce qu'il y a en Vaiana. C'est pour cette raison que je n'ai pas pu l'aider.

A son tour, il détourna le regard en direction de la tente et j’avais fait de même. Il avait ensuite ramené son visage vers moi et je l’avais de nouveau observé également. Tout ceci était étrange. Elle venait d’un peuple d’Explorateurs. Ils étaient directement liés à la Nature. Nature était puissante, je le savais désormais depuis que j’avais rencontré ces êtres bleus ou du moins, le souvenir de ce qu’ils étaient. Hypérion était aussi un enfant de la Nature, comme nous tous apparemment c’était peut-être pour cela qu’il ne pouvait pas avoir d’emprise sur ce qu’elle avait au fond d’elle. En revanche... j’étais pour lui une “enfant de Chronos”. Je ne savais pas comment réagir à cette nouvelle, elle me donnait un peu le tournis et une certaine envie de vomir quand je pensais qu’il avait été un jour mon meilleur ami et qu’au fond de moi, il l’était peut-être toujours. Je savais qu’il avait fait des choses incroyables, au-delà de tout ce qui pouvait être imaginable. Il l’avait fait pour sauver Lily... son âme... je l’avais vu dans le Palais des songes. On m’avait dit que nous étions tous reliés mais je n’en avais pas vraiment compris le sens... je commençais maintenant à en mesurer l’ampleur.

- Si j'avais pu bloquer son pouvoir, je l'aurais fait. Mais le contrôle de son don ne dépend que d'elle. Et elle est loin de le maîtriser.

Il marqua une pause avant de préciser :

- Elle n'aurait pas pu nous aider dans l'Hôtel Bleu. Pas à ce moment-là.

J’avais hoché la tête d’un air entendu. Ça me semblait plus ou moins logique, avec ce que j’étais capable de percevoir de tout ça. Timidement, je risquais quand même :

- Qu’est-ce qui fait au juste que je suis une enfant de Chronos... ? est-ce que ça a avoir avec ce qu’il a fait pour sauver Lily... et son âme ?

Il avait soupiré. Pas par lassitude mais parce qu’il semblait tellement y avoir à dire sur Chronos qu’il ne savait pas par où commencer. J'avais l’impression en cet instant que je pourrai passer des heures dans cette plaine à l’écouter, des heures, des jours, des mois ou des années, qu’importait le Temps. La connaissance me semblait tellement plus importante... et pourtant... c’était une erreur que de rester plonger là-dedans, une chimère peut-être aussi.

- Elliot a fait beaucoup de choses à travers le Temps. Je suis persuadé qu'on peut en découvrir encore de très nombreuses. Mais oui. Il a œuvré à plusieurs reprises dans le but de maintenir l'âme de Lily en vie. Il est allé bien au-delà de là où aucun d'entre nous en est arrivé, en créant lui-même la toute première âme.

Son regard capta une nouvelle fois le mien quand il précisa :

- J'étais là, ce jour-là. Il me l'a montré.

Il avait l’air soudain songeur, comme s’il était de retour à ce moment-là, brusquement.

- C'était sans doute la plus belle chose que j'ai jamais vue. La plus merveilleuse et parfaite. Elliot peut se montrer ainsi et réaliser de somptueux exploits.

Pourtant, son visage s’assombrit à cet instant, il détourna même le regard, comme s’il en avait honte :

- Ça n'empêche pas que c'était contre Nature et qu'il n'a pas réussi à maîtriser ce don.

Il marqua une nouvelle pause. Il s’en voulait c’était évident. J'avais un peu bougé pour capter son regard, tenter de lui faire comprendre à travers lui que je ne lui en voulais pas d’avoir essayé, mais lorsqu’il me regarda enfin, il eût un moment d’hésitation :

- Il est notre faiblesse à tous les deux. Il aura toujours une place dans ton cœur et dans le miens. Et tu seras à jamais l'une de ses faiblesses tant que tu resteras à ses côtés.

Je l’avais regardé bien droit dans les yeux, décidée. Nombreux étaient les gens autour de moi à croire que l’amour était une faiblesse, une chose dérisoire. Je n’étais pas d’accord. C'était pour moi la plus belle chose qui pouvait exister, le sentiment le plus fort. Et comme toute Force de la Nature, elle pouvait être destructrice, douloureuse. Pourtant, je n’avais pas peur et je ne regrettais rien. Je ne regretterai jamais d’aimer. Ma mère, mes frères, mes amis... Erwin... la plus grande des faiblesses pouvait aussi être une force incroyable, il suffisait d’y croire. Je n’avais l’intention d’aller nulle part. Si Elliot était destiné à me faire mal, alors il le ferait, car c’était déjà trop tard, que je le veuille ou non, je l’aimais. Et je ne comptais pas sortir de sa vie, même si je devenais pour lui un poids, une douleur, ou une faiblesse. L’image de ma première rencontre avec Chronos me revenait en tête. Je ne l’avais vu que de dos, mais j’avais su, à l’instant précis où il était apparu que c’était lui. “Elliot?” c’était tout ce que j’avais su dire... et il avait tourné légèrement la tête, interpellé par ma voix. Il ne s’était pas tourné pour me voir, est-ce parce que j’étais déjà une faiblesse pour lui ? Ou parce que je l’avais déçu ? Une chose était sûre, ma vision ne lui était pas supportable.
Hypérion avait tourné la tête, loin, très loin, en direction des tentes et du groupe. Je remarquais que maintenant à quel point nous avions marché, à quel point j’avais bien fait de me stopper, sans quoi nous serions sans doute rentrés à Oxford à pied.

- On devrait les rejoindre. Ils vont finir par croire qu'on complote contre eux.

Il avait eu un petit sourire, je pouvais voir qu’il plaisantait et j’avais souris à mon tour, me rendant alors que toute colère m’avait quitté. J’aurai pu lui en vouloir pour Lyra, pour ce qu’il avait prévu pour l’Hôtel Bleu... mais notre discussion m’avait surtout fait comprendre qu’il n’y avait pas de bonne façon de faire le bien. Juste des convictions différentes et que je pense pareil que lui ou non, Anatole était quelqu’un de bien.

- Je pourrais te dire une multitude de choses qui pourraient arriver. Mais ça ne t'aiderait pas. Et tu ne devrais pas penser à ce qui pourrait se produire, mais à l'instant présent. Vie le à fond. Surtout maintenant...

Il avait posé les yeux sur mon ventre et j’avais souri, baissant la tête en direction de celui-ci. Il était bien rebondi... uniquement parce que le manteau créait une bulle d’air bien sûr. Rien n’était encore visible, mais je m’imaginais déjà qu’un jour je ressemblerai à ça. Encore un futur... un que j’avais vu cette fois-ci... et rien de similaire avec toute cette histoire de Ragnarok et de Chronos alors... pourquoi serait-il forcément moins valable que ce que tout le monde m’avait dit ?

- Ca tombe bien que t’en parle. Tu vois... ça c’est aussi un futur que j’ai expériencé dans le Laser game d’Elliot à Noël... et y’avait rien de tout ce que je t’ai raconté. Pas de visage cramé, pas de solitude. Juste... Erwin, moi et deux enfants... enfin presque...

J’avais grimacé.

- Mais c’est compliqué. Ce que je veux dire, c’est que j’ai pas pris ce futur plus pour argent comptant que celui qu’on m’a raconté... et pourtant...

J’avais posé ma main sur mon ventre.

- Il est là... ou elle... peut-être que ce ne sera pas “il”... mais j’espère... t’aurais dû le voir... il était magnifique. Et pourtant il reste un accident...
- Qui est cet Erwin ? C'est quelqu'un de bien ?

J'avais tellement divagué que j’avais entendu sa question de loin. Instantanément, elle m’avait bloqué sur place. Est-ce qu’il était quelqu’un de bien ? J'avais peur de connaître déjà la réponse, cette partie d’ombre entre aperçue encore et encore au fond de ses yeux dorés. J’avais hésité un instant avant de répondre en toute franchise :

- J’en sais rien... j’espère. Il est... notaire à Storybrooke. C’est comme ça qu’on s’est connu, avec ma librairie... décidément elle m’en fait vivre de toutes les couleurs, celle-là.

J’avais eu un petit rire nerveux avant d’ajouter tout de go :

- Il... il est marié. Je l’ai découvert y’a pas longtemps... il me l’a dit plutôt. Dans son monde il était roturier, il a aidé la reine de son Royaume à s’en sortir financièrement et elle lui a demandé un mariage pour sceller l’alliance. C’est... c’est un truc de convention en quelque sorte... Rien à voir avec ce qu’on vit nous... Il est plus vieux aussi...

Je m’embrouillais. Pourquoi je disais tout ça déjà ?! J’étais pas censé en peindre un portrait idyllique juste parce que j’avais envie qu’il m’approuve ? Peut-être que la franchise dont il avait enfin fait preuve me donnait envie d’en faire autant.

- Mais... je sais pas. Je suis tombée amoureuse en dépit de tout ça. Quand on est ensemble... plus rien n’a d’importance et tout en a... tout à une autre saveur. J’aurai jamais cru pouvoir tomber amoureuse d’un homme comme ça mais... malgré tout ça, malgré ce qu’il est, ce qu’il dit... je suis heureuse. J’ai juste un peu peur... quand nous sommes arrivés dans notre futur, il m’a avoué tout de suite ne pas vouloir d’enfants... il avait pas l’air très à l’aise non plus. Je flippe un peu de sa réaction je t’avoue... j’ai le droit de tout résumer par “c’est compliqué” ? Tu crois... que je fais une erreur d’aimer ?

J’avais levé une nouvelle fois les yeux vers lui, subitement prise de doute. Je n’avais jamais eu peur de la faiblesse que pouvait me donner l’amour, ça n’avait rien de paradoxal avec mon air décidé de bien plus tôt. Mais j’avais toujours eu peur de donner mon amour, cet amour inconditionnel et irrémédiable à la mauvaise personne. Jusqu’alors, j’avais toujours été extrêmement chanceuse et je gardais toujours une tendresse certaine pour les gens qui avaient quitté ma vie d’une certaine façon, comme Jack, car je savais qu’il était quelqu’un de bien. Mais si... si je me livrai entière à la mauvaise personne, qu’adviendrait-il ? Est-ce que je serai assez forte pour lutter pour mes convictions ? Tout cela m’effrayait tellement. Et en cet instant, j’avais l’impression que c’était une chose que je ne pouvais lui dire qu’à lui... qu’à Anatole. Car il ne réagirait pas avec la fougue de la jeunesse comme Elliot ou avec la colère destructrice de l’amour comme Regina... il réagirait juste... comme le sage qu’il était... Il m’avait regardé un instant avant de préciser :

- Vous allez habiter ensemble quand le bébé viendra au monde ?

J'avais de nouveau éclaté de rire nerveusement :

- Ben déjà on va lui dire qu’il y a un bébé qui va venir au monde, SON bébé et après on verra ?

Je m’étais mordu l’intérieur de la joue à plusieurs reprises. Je savais déjà que ça ne serait pas le cas. Déjà parce que j’étais pas certaine d’en avoir envie, ensuite parce que je pensais pas qu’il quitterait sa femme. Il avait toujours été honnête à ce sujet avec moi... à partir du moment où j’avais su qu’il y avait une femme. J’avais fini par lui dire :

- Dans l’absolu, je pense que oui... tôt ou tard...

Ce n’était pas un mensonge. Après tout, il avait pas demandé si je devais vivre avec lui ET sa femme et pourtant, c’était ce que le futur nous réservait si on croyait en ce truc d’escape game... De là à vivre que nous deux... c’était bien trop compliqué de le savoir, trop tôt aussi sans doute pour le vouloir... après tout, on avait entamé une relation que depuis 4 mois...

Il avait souri d’un air satisfait mais je pouvais voir qu’il restait un peu de scepticisme au fond de ses yeux. Hyperion était de la vieille école, c’était sans doute pas un truc qu’il cautionnerait de vivre ainsi mais il avait l’air de se satisfaire du faire que j’étais heureuse ainsi, se demandant peut-être au fond s’il était la meilleure personne pour juger ma vie affective. Je lui en étais reconnaissante de pas vraiment l’avoir fait, de ne pas y voir non plus quelque chose de si terrible même si au fond, quelque chose clochait, chose que je savais aussi et que je tentais vainement d’occulter. Je n’avais pas envie de me poser trop de questions, je voulais juste vivre mon bonheur tant que je le pouvais. Je l’avais vu alors se détourner, comme pour amorcer un retour vers les tentes, je m’étais mise à marcher aussi avant de trouver enfin le courage de lui demander ce qui me rongeait depuis le début de cette conversation. Attrapant sa main au vol, je l’avais empêché d’avancer un peu plus et tirant sur son bras, je l’avais forcé à me regarder. Après un moment de silence ou j’avais aperçu son air surpris, sans lui lâcher la main, j’avais fini par demander d’une voix détachée mais où on pouvait percevoir malgré tout ma douleur :

- Tu... tu vas mourir ?

Mes yeux s’étaient instantanément emplis de larmes. Il me disait ne plus être si fort, ne plus parvenir à faire ce qu’il était capable de faire avant. Il avait changé depuis quelques temps, semblait moins confiant et c’était aussi sans doute ce qui me faisait percevoir des changements dans notre amitié, dans ma façon de le comprendre que je n’avais pas compris avant. J’avais eu beau haïr ses idées, ce qu’il avait fait, il n’en restait pas moins quelqu’un que j’aimais et que je ne voulais pas perdre. Jamais jusqu’alors j’avais envisagé ça, il était un Titan, il était IMMORTEL. S’il y avait bien une personne que je pensais qui pouvais me succéder, c’était lui... et pourtant... toute notre discussion remettait ça en lumière, me faisait comprendre que malgré le fait que l’ordre était établi dans un sens, nous n’étions pas à l’abri de le chambouler dans l’ordre de nos morts... je n’avais pas envie de lui succéder. Je n’avais pas envie de succéder à aucune personne que j’aimais. Plutôt mourir en premier que de souffrir de leur solitude... c’était peut-être ce qui m’avait poussé à lui demander de m’abandonner. La voix pas plus haute qu’un murmure, je l’avais alors supplié, les larmes coulant sur mes joues :

- Me mens pas... S’il te plaît...

Il m’observa un instant, sa main toujours dans la mienne. Il finit par me sourire mais je n’arrivais pas à lui répondre, c’était beaucoup trop douloureux pour moi, c’était comme s’il venait de m’avouer ce que je savais déjà... un poids qui s’en allait, un autre qui s’ajoutait. Avec douceur, de sa main libre, il avait essuyé les larmes sur mes joues et je l’avais laissé faire, fermant les yeux à son contact, tentant de ne pas craquer définitivement.

- J'ai entendu dire que les femmes enceintes étaient très émotives.

J’avais eu un petit éclat de rire misérable, faisant couler une nouvelle larme tandis que j’ouvrai les yeux. Il tentait de se dédouaner par l’humour et je l’observais avec un air de reproche malicieux. Il avait prit un air un peu plus sérieux, sans se départir de son sourire pour me préciser :

- On ne perçoit pas la mort de la même manière. Mais si ça peut te rassurer, j'ai encore pas mal de choses à découvrir avant de partir.

La main qui avait ressuyé mes larmes avaient glissé jusqu’à mon ventre. Avec douceur, il y posa son doigt en précisant :

- Lui par exemple.

J’avais dégluti, un faible sourire sur les lèvres tandis qu’il ôtait son doigt. Il semblait vraiment décidé à faire partie de nos vies, bien plus en tout cas que ces derniers temps.

- Je veux être présent pour la naissance. J'ai déjà des idées de peluches géantes et hyper encombrantes que les gens ont tendances à offrir aux jeunes parents.

Je l’avais regardé surprise avant d’éclater de rire à imaginer mon fils étouffé sous une montagne de peluche. Plus que de me donner l’impression qu’il avait envie d’être là, il semblait l’affirmer. Je m’étais alors jeté dans ses bras pour le serrer sincèrement contre moi, le cœur battant. J’avais senti sa main se poser sur mon dos.

- Faudra t’y faire, c’est 9 mois d’émotivité qui t’attendent apparemment. Je serai vraiment heureuse si tu es là... pour lui... pour nous. Mais... promets moi que si un jour tu dois partir, si tu as l’occasion de me le dire avant... que tu le feras. Même si c’est pas aussi terrible pour toi qu’une mort l’est pour moi... on accompagne un ami à la gare quand il s’apprête à faire un long voyage... et je crois que ça sera le plus long que t’aura jamais fait pour moi alors... je veux être là.

Je le lui avais dit à même son oreille, le gardant serré contre moi. J’avais terminé mes paroles par une étreinte plus forte avant de le lâcher complétement, un peu gênée. Reniflant et ressuyant les dernières larmes qui avaient coulés quand je l’avais pris dans les bras, j’avais fini par lui dire d’un ton taquin :

- Bon on va les retrouver oui ou non ? Parce qu’à ce rythme c’est plus à un complot qu’ils vont croire, ils vont surtout penser que t’es le père de ce bébé, oui !

J’avais eu un éclat de rire avant d’embrayer la marche en direction des tentes. Arrivée près des autres, je les avais regardé avec un sourire, espérant que le froid avait suffisamment vivifier mes yeux pour éviter de montrer que j’avais pleuré. Tournant la tête vers Malcolm j’avais précisé :

- Vous savez, j’ai réfléchi à un truc... enfin deux... déjà désolée de vous avoir tutoyer plus tôt j’étais... un peu chamboulée, on va dire ça comme ça, je me serai jamais permise de... enfin bref.

J’étais tellement gênée que j’avais voulu enchaîner rapidement mais il m’avait rassuré avec un sourire :

- Il n'y a aucun problème. Vu tout ce que nous avons vécu ensemble, le tutoiement ne semble pas inapproprié.

J’avais hoché la tête, soulagée :

- D’acc ! Mais seulement si vous me tutoyez aussi, alors.

J’avais souris à mon tour avant d’ajouter :

- Et s’il y a besoin de vous aider pour votre télescope, je peux tenter. Vous dîtes qu’on est resté là-dedans 20 jours mais pour moi, ça m’a fait l’effet de... quelques heures tout au plus alors... je me dis que peut-être que l’orage que vous avez vu y’a trois jours, c’était... moi ? J’ai tenté de viser le ciel de l’Hôtel à un moment pour tenter d’en briser le plafond, peut-être qu’en y arrivant, j’ai aussi chargé le vrai ciel en électricité ? Je suis moins puissante que là-dedans mais... si vous avez besoin d’un peu de...”lumière”... ce soir... je veux bien retenter !

Je lui avais souris sympathiquement en lui tendant mes mains. Il avait prit le temps de réfléchir à ma proposition.

- Ça me semble logique. Les orages sont très rares dans cet endroit du globe. Nous vérifierons ce soir ce qu'il en est. J'ignore si c'est une bonne idée d'en déclencher un nouveau.

Il semblait à la fois sceptique et curieux, une lueur de tentation flottant au fond de ses yeux :

- Nous en reparlerons ce soir.

J’avais hoché la tête d’un air entendu avec un sourire avant de reposer mon regard sur la tente de Vaiana. Ça faisait un bout de temps qu’ils étaient là-dedans... je mourrai d’envie de voir si mon amie allait bien, si je ne lui avais pas fait trop de mal.

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Rage is a quiet thing
Ooh, you think that you've tamed it
But it's just lying in wait
Rage, is it in our veins?


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| Dans le monde des contes, je suis : : Vava, la fille du chef qui n'est pas une princesse même si elle chante et a des animaux de compagnie

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Anges et Daemons ♦ ALEXIS & HYPERION (11 février 2021) - Page 4 _



________________________________________ 2021-02-20, 21:59


Anges et Daemons
I want to touch the northern lights. We could leave the world behind...
▼۞▼

J’ouvris brusquement les yeux. Une odeur d’herbe rance me souleva le cœur. Mon corps me semblait aussi lourd que du plomb, mais j’y étais accoutumée. En revanche, je n’avais pas l’habitude de voir deux femmes penchées au-dessus de moi quand je me réveillais. Parfois, je trouvais un mec mais le plus souvent, c’était Hei Hei qui m’arrachait aux bras de Morphée en picorant mes cheveux. Hei Hei... Il me manquait tellement. Si ça se trouve, je ne le retrouverais jamais.

Je lançai un regard indécis aux deux nanas qui récitaient une sorte d’incantation. Elles fredonnaient une chanson complètement pourrie, les paupières presque closes, les mains levées au-dessus de mon ventre et de mon visage :

“Petite foudre, repars d’où tu viens.
Retourne dans la fureur des nuages.
Petite foudre, ne t’attarde pas
Poursuis ton chemin au-delà.”


Elles répétaient inlassablement ces paroles d’une même voix. Je déglutis. Ça faisait carrément flipper. J’étais tombée dans une secte ? Où étaient Alexis, Hypérion et Lyra ? Avait-on réussi à vaincre Zoran l’affreux ? Etais-je toujours dans L’Hôtel Bleu ?

Je voulus me redresser mais l’une des femmes posa une main tiède contre mon épaule. Elle prit le temps d’achever sa chanson avant de déclarer :

“Evite de bouger. Ton corps se régénère. Tu as été très éprouvée, mais grâce à notre incantation, tout va aller mieux très bientôt.”

Je haussai un sourcil dubitatif. En remuant un peu la tête, je remarquai qu’on avait appliqué des feuilles imbibées d’un onguent étrange qui sentait très fort, sur le bas de ma joue ainsi que mon menton. En palpant mon ventre, je me rendis compte qu’il comportait le même bandage. C’était ça qui puait à ce point ?

“Vous êtes qui ?”
demandai-je, méfiante.

“Oona Seredi et voici Sigma Ferrera.” répondit l’une des femmes. “Nous sommes des sorcières.”

Je décidai de rester sur mes gardes, car je me souvenais des infos que nous avait données notre grand ami Danil le pêcheur sur les sorcières. Etant donné que je n’étais pas un mec, je ne risquais sûrement pas grand-chose, mais mieux valait prévenir que guérir.

“Où sont mes amis ?”

Elles me racontèrent qu’ils étaient sains et saufs, occupés au-dehors. Elles expliquèrent qu’elles avaient aidé Malcolm peu après l’apparition de l’orage dans le ciel. Je demandai plusieurs éclaircissements qu’elles me fournirent sans hésitation. Pouvait-on leur faire confiance ? Elles semblaient serviables, mais leur expression lointaine me donnait l’impression qu’elles étaient sous LSD.

“C’est vous qui nous avez sortis de L’Hôtel Bleu ?”

“Vous vous en êtes échappés tout seuls, grâce au grand pouvoir d’Alexis Child.”

Peu à peu, je me souvins du coup de foudre que j’avais reçu. C’était ça qui m’avait mis KO. Pauvre Alexis... elle avait dû flipper à l’idée de m’avoir tuée sans le vouloir.

“Et... vous auriez pas vu un albatros transparent, par hasard ?”

Cette question me brûlait les lèvres depuis un bon moment, depuis que j’avais ouvert les yeux et constaté que Temanu ne m’enveloppait plus de sa présence rassurante. Les deux sorcières répondirent par la négative avec une expression perplexe.

“Où sont vos daemons ?”
m’enquis-je subitement.

“Ils sont capables de s’éloigner de nous. Ils volent plus au sud.”

J’ouvris la bouche mais un piaillement me fit oublier toutes mes questions. Je me redressai sur un coude et mon visage s’illumina en apercevant mon cher poulet.

“Hei Hei !”

Oubliant mes pansements et tout le reste, j'étendis les bras pour l'attraper pendant qu’il zigzaguait vers mon sac de couchage. Je le serrai contre moi avec bonheur. Oh, comme son corps squelettique et déplumé m’avait manqué ! Il émit une sorte de gloussement que je jugeai être une marque d’affection.

Les deux sorcières se relevèrent et se renvoyèrent un regard. Je me moquai de ce qu’elles pouvaient penser. Mon daemon avait disparu, mais Hei Hei l’Increvable était toujours là !

“Alexis t’a sauvé, toi aussi !” fis-je d’un ton exalté. “Elle est vraiment cool.”

“Bwrah.”
approuva le poulet.

“La volaille était déjà là à notre arrivée.” précisa l’une des sorcières, toujours aussi indécise vis-à-vis de mon comportement. “Malcolm a veillé sur elle.”

“Nous vous laissons vous... reposer.” intervint l’autre.

“Pas la peine, ça va beaucoup mieux !” lançai-je en repoussant le sac de couchage. “Je suis gonflée à bloc !”

Une fois sur mes jambes, je me sentis légèrement tanguer, mais je marchai d’un pas décidé vers l’ouverture de la tente, après avoir enfilé mon manteau, Hei Hei toujours dans mes bras. Ce fut le moment que choisit Alexis pour entrer. Je stoppai net. J’ignorais de quelle manière l’aborder car j’avais pleins de choses à lui dire et je ne savais par laquelle débuter. Finalement, j’optai par ceci :

“T’es badass.”

Je lui adressai un sourire en coin. En guise de réponse, elle me sauta dans les bras avec un cri de soulagement.

"Et toi t'es en vie !! Merci !! Merci..."

Elle me semblait très émotive et soulagée. Ca pouvait se comprendre vu ce qu’elle avait accompli. Je lui tapotai le dos doucement –une habitude que j’avais prise dans ce genre de moment- avant qu’elle s’éloigne pour essuyer ses yeux d’une main tremblante, même s’ils n’étaient pas humides. Puis, elle m’inspecta de haut en bas.

"Ca va ? Tu vas mieux ? T'es plus brûlée ? Comment ça va ?"

Je n’eus pas le temps de répondre qu’elle approcha ses mains de mon visage pour soulever mon bandage et regarder en dessous.

"Elles ont pas voulu que je m'approche..." Marmonna-t-elle.

Jetant un coup d’oeil vers les sorcières, je remarquai qu’elles fixaient mon amie d’un air réprobateur.

“Elles sont cheloues mais sympas... je crois.”
murmurai-je afin qu’elles n’entendent pas.

Je laissai Alexis vérifier mes plaies et ajoutai :

“Ca ressemble à quoi ? J’ai pas du tout mal mais parfois ça veut dire que c’est parce que la blessure c’est un cratère...”

Je tentai de masquer mon angoisse tandis qu’elle prenait le temps d’observer. Finalement, elle grimaça et répondant d’un ton grave :

“Beeen... disons que si t'aime le côté "dents apparentes", c'est pas trop mal... Je pensais pas que je t'aurai fait carrément disparaître la mâchoire mais c'est cool hein... ça te donne un style..."

J’ouvris des yeux ronds. Elle était sérieuse ? Si j’avais un trou dans la joue, j’aurais senti le vent, Non ? A moins que les plantes des sorcières combinées à l’incantation eussent un effet anesthésiant hyper puissant ? Avec appréhension, je passai ma langue à l’intérieur de ma joue, redoutant le moment où elle passerait au travers...

Alexis éclata subitement de rire.

“Mais non je déconne !! Tu devrais voir ta tête ! Non en vrai, ça va... j'ai... j'ai l'impression que ça va disparaître. On voit que tu as été brûlée mais tu as la peau toute rose, comme si ça cicatrisait... c'est bien, non ?”

Je laissai échapper un soupir soulagé et lui donnai une petite tape sur l'épaule. Pas trop puissante- car elle portait la vie et je ne voulais pas lui faire de mal- juste histoire de lui faire comprendre qu’elle avait abusé.

“Ouais, c’est bien, ouais.” fis-je en la lorgnant d’un œil méfiant. “T’es vraiment dingue, j’adore.”

Je marquai une courte pause pendant laquelle les deux sorcières quittèrent la tente, puis je repris :

“Je t’en veux pas, tu sais. Je préfère être claire là-dessus. Ca serait gonflé de ma part de t’en vouloir, vu qu’en plus c’est de la faute de Zoran si je me souviens bien.”

Alexis parut foncièrement soulagée. Elle resta silencieuse tout en hochant la tête plusieurs fois de façon saccadée avant de dire d’une toute petite voix :

"Je suis quand même désolée... J'aurai du faire plus attention... j'ai eu peur pour toi..."

“T’en fais pas, je suis solide. On le sait depuis le temps.” dis-je avec un sourire.

Puis je me grattai la tête de ma main libre tout en rehaussant Hei Hei sous mon bras.

“Tu l’as fumé comme il faut cet enfoiré.” dis-je en hochant plusieurs fois la tête.

Ca n’était pas une question. C’était une affirmation. Même si je n’avais rien vu, j’étais sûre qu’elle lui avait fait sa fête. Mon amie eut un sourire gêné et rougit un peu.

“Je suis dégoûtée d’avoir loupé ça. Ca a dû être grandiose.”
fis-je avec une moue déçue.

Elle haussa les épaules.

"En vrai... on l'a plutôt eu à deux... je sais même si si j'ai vraiment fait un truc, c'était chelou. J'ai d'abord fait ricocher des éclairs pour le prendre par surprise puis Anatole m'a dit que viser le plafond et j'ai déversé du sable noir dans toute la crypte... C'était un carnage... c'était un peu flippant aussi... et à la fin j'ai tout pété et le sable noir à recouvert Zoran pendant qu'Anatole le maintenait..."

Je suivais son récit avec une attention décuplée, les yeux ronds comme des soucoupes. C’était captivant. J’avais l’impression d’entendre le résumé d’un film de super héros. Elle conclut son histoire par un nouveau haussement d’épaules, comme si elle cherchait à minimiser ses prouesses.

“Dément.” commentai-je. “On va prendre l’air ? Je suppose que les autres sont dehors.”

“Carrément, ouais !” dit-elle en hochant la tête avec un sourire.

A l'extérieur, le soleil était à son zénith. Tout le monde était rassemblé autour d’un feu de camp, y compris Iorek contre lequel Lyra était appuyée. Un morceau de phoque cuisait au-dessus des flammes, grâce à un ingénieux système de branches entrecroisées. Les deux sorcières avaient rejoint les trois autres rassemblées à quelques mètres du feu. Elles avaient l’air d’être du genre à faire bande à part, tout en prêtant une oreille attentive à notre groupe. Je n’arrivais pas à les cerner. Quant à Hypérion, il se trouvait également à l’écart, sans être à côté d’elles. Il semblait plongé en pleine réflexion, voire dans une sorte de méditation.

Je marchai droit sur Malcolm qui me tournait le dos, assis près du feu de camp. Gardant Hei Hei sous le bras, je libérai l’autre pour le passer autour du cou du jeune homme. Surpris, il sursauta et Asta fit un bond du rocher sur lequel elle était allongée.

“MERCI MERCI MERCI !”

“Euh... mais... de quoi ?” balbutia-t-il.

“Vous avez veillé sur Hei Hei. Les sorcières me l’ont dit.”

Je le libérai enfin de mon étreinte. Il se retourna et je lui adressai un sourire plein de reconnaissance, qu’il me rendit de manière plus empruntée. Il frotta sa barbe touffue sur laquelle j’avais laissé un peu de feuille et de pommade, puis il déclara :

“C’est naturel, voyons. Je sais que vous tenez à lui. C’est important de se soutenir les uns les autres. C’est ce qui fait de nous des êtres humains.”

Ces paroles me donnaient envie de le serrer à nouveau dans mes bras, mais à force, il allait s’imaginer des trucs.

“Il est super reconnaissant aussi.” appuyai-je tout en plaçant Hei Hei dans mon manteau.

Seule sa tête dépassait et il braqua un œil mobile sur Malcolm. Ce dernier hocha la tête d’un air incertain.

“Ça a été le séjour le plus étrange de toute ma vie.” déclara-t-il dans un soupir pensif. “Attendre votre retour jour après jour en compagnie du roi des ours et d’un coq...”

“Ouais mais après les ‘vacances’ se sont pas mal améliorées, hein ?”

Mon expression mutine croisa son regard indécis. D’accord, il fallait que je me montre plus claire.

“Ça a dû devenir plus sympa quand les sorcières vous ont rejointes...”

Il ouvrit des yeux ronds et le rouge lui monta aux joues. Je me sentais presque coupable de le voir piquer un fard pour si peu.

“Pas spécialement.” dit-il avec un manque de conviction si grand qu’il manqua de s’étrangler. “Ce sont des personnes très sérieuses qui étaient concentrées sur le seul but de vous venir en aide.”

“Serafina Pekkala, oui.” intervint Asta d’un ton mutin. “Mais elles n’avaient pas toutes le même objectif que leur reine.”

Malcolm jeta un bref coup d’oeil à son daemon, qui l’observait de ses yeux perçants et très calmes. Je lançai un regard perplexe à Alexis. Non... le docteur Polstead avait-il conclu pendant notre absence ? Ça me paraissait carrément dingue !

“Mangez, vous parlerez moins.”
fit Malcolm tout en se levant pour me laisser son petit coin de rocher.

“Cool, merci.” dis-je en m’installant sans saisir le sarcasme.

Il me donna un bout de phoque grillé et je mordis dedans à pleines dents, avant de saluer Pantalaimon du menton. Il cligna des yeux vers moi en penchant la tête de côté, avant de retourner près de Lyra. C’était curieux qu’il reste à un mètre d’elle alors que la jeune fille s’appuyait contre Iorek. Probablement qu’ils avaient encore des choses à mettre à plat, tous les deux. Mais au moins, ils s’étaient retrouvés. Un coup d’aile mélancolique balaya mon esprit en songeant à Temanu.

Il est auprès de moi, toujours.

Il ne pouvait pas me manquer puisqu’il avait toujours existé sans que je le sache. Et pourtant... Sa voix me manquait déjà, sa sagesse, sa droiture, son audace. Il serait toujours meilleur que moi. Cependant, à présent qu’il m’avait montré la voie, je pouvais faire des efforts afin de tendre dans sa direction.

“J’ai eu le temps de réfléchir depuis ta proposition, Alexis.” lança Malcolm tout en pivotant vers mon amie.

Il agita les doigts dans sa direction. Je fronçai les sourcils puisque j’avais loupé un épisode, mais attendis la suite tout en mangeant.

“Et s’il ne fallait pas attendre qu’il fasse nuit pour créer l’impossible ?”

Il se tourna vers Hypérion, Lyra et Iorek.

“Depuis l’orage, la ville dans l’aurore est la vôtre. C’est forcément le chemin tracé pour rentrer chez vous. Pendant votre absence, j’ai eu le temps d’observer le ciel. La ville devient visible au moment du coucher du soleil, puis elle disparaît et revient en même temps que l’aurore boréale.”

“Soyez certains de ce que vous faites en déchirant l’étoffe du ciel.” lança Iorek de sa voix grave. “Ça ne sera pas sans conséquence.”

“Ça ne l’est jamais.” murmura Lyra.

Pantalaimon posa une patte sur la botte de la jeune fille. Ils échangèrent un regard puis elle ajouta à voix haute :

“Peu importe les risques, on doit les prendre. J’ai promis à Anatole, Alexis et Vaiana qu’ils rentreraient chez eux.”

Malcolm hocha la tête, partageant son avis. Alexis tourna la tête vers Hypérion, attendant son point de vue. Hyperion se leva afin de nous rejoindre. Je le regardais marcher. Depuis toujours, je le trouvais particulièrement beau. Surtout avec les reflets du soleil qui venaient se blottir tout contre sa peau. Il adressa un regard à Iorek, visiblement dérouté par sa mise en garde, ensuite il posa les yeux sur moi. Je battis des paupières, indécise. Il s’attendait à ce que je sorte quelque chose de super intelligent ? Puis, je réalisai qu’il cherchait sûrement à vérifier que j’allais mieux, aussi je levai le pouce en l’air pour le lui confirmer.

"J'ai bien peur qu'on ait déjà souillé cet azur."
Dit Hypérion vis-à-vis des paroles du roi des ours.

Il tourna la tête vers Lyra, l’observa quelques instants avant d’ajouter :

"Je crois que nous avons chacun fait beaucoup les uns pour les autres. Il n'y a plus rien que tu dois nous apporter, Lyra."

Je trouvais que ça sonnait drôlement pessimiste. La jeune fille fronça les sourcils. Je lisais dans ses yeux qu’elle ne voulait pas abandonner. Alexis l’écouta, anxieuse. Elle prit ensuite la parole calmement en regardant Malcolm :

"Dooonc... vous pensez que je peux ouvrir moi-même le portail vers Storybrooke ? Il ne faudrait rien d'autre que mon énergie ? Si c'est si simple je veux bien essayer !"

J’approuvai d’un hochement de tête. Pourquoi ne pas tenter, après tout ? Mon amie était déterminée et je ne doutais pas de ses capacités. Elle regarda Iorek et ajouta malgré tout :

"Mais on avait pas dit que ça pouvait aussi créer un déluge ? Et si c'est moi qui crée le déluge ? J'ai pas non plus envie de détruire votre monde au passage..."

Un peu angoissée, elle nous observa tous. Vu comme ça, effectivement, ça posait un peu problème.

“Je suis sceptique.” déclara Malcolm, une main sur le menton, le coude appuyé sur le genou. “Provoquer un nouvel orage dans cet endroit du globe me paraît risqué. Comme tu dis, on ignore ce que ça peut engendrer...”

Il posa les yeux sur Iorek qui émit un léger grognement difficile à identifier. Approuvait-il ou pas ?

“Mais a-t-on une autre piste à suivre ?”
soupira-t-il.

Lyra sembla hésiter avant de déclarer, les yeux rivés sur les flammes du feu de camp :

“Quand mon père a ouvert un portail entre les mondes, il a sacrifié mon meilleur ami Roger. Ca n’était qu’un enfant. Il l’a placé dans une machine qu’il avait inventé, a coupé le lien avec son daemon et...”

Elle déglutit. Visiblement, c’était dur pour elle d’en parler malgré les années qui avaient passé.

“... quand il a actionné la machine, l’énergie libérée a permis d’ouvrir une fenêtre sur Cittàgazze.”

Elle attrapa une petite branche qu’elle jeta dans les flammes, faisant s’envoler des étincelles dorées dans l’air. Elle conclut d’un ton brusque et farouche :

“Mieux vaut un orage que la mort de quelqu’un.”

“L’orage pourrait provoquer bien pire.”
souligna Malcolm.

Elle plongea un regard intransigeant dans le sien et il tiqua, mi-convaincu, mi-hésitant.

"Dans l'Hôtel Bleu, c'était contre l'Hôtel que les éclairs étaient dirigés. On ne visait pas la Nature." Intervint Hypérion.

Alexis approuva d’un hochement de tête qui ralentit à mesure qu’elle semblait réfléchir.

"N'empêche... on le voulait peut-être pas mais au final... on a quand même visé la Nature, non ?” fit-elle. “Quand j'ai brisé le plafond et intensifié mon pouvoir, je l'ai déversé sur le ciel c'est d'ailleurs ce qui a fait qu'on a vu Storybrooke... et y'a pas eu de déluge pour autant... c'est vraiment si grave de réessayer ?"

Elle demeurait sceptique.

"On voulait détruire un mur. Là on souhaite ouvrir une porte.” répliqua Hypérion. “Je doute que la manière forte soit la meilleure des solutions."

Puis, il ajouta à l’adresse d’Alexis :

"Le Sable Noir faisait partie intégrante de toi. Ce n'est plus le cas, désormais. Là on s'attaque à quelque chose de bien plus gros que l'Hôtel Bleu. Il faut qu'on ouvre une brèche entre deux univers."

Après quelques secondes de réflexion, mon amie demanda :

"Et tu pourrais pas me redonner un peu de sable noir ? Comme tu l'as fait dans l'Hôtel Bleu ? Je serai peut-être capable de le faire..."

Il posa les yeux sur elle, hésita puis détourna le regard. Par ce biais, sous-entendait qu’il n’en avait pas la capacité ? Il s’adressa à Lyra :

"Tu as supposé que c'était dans l'Hôtel Bleu que ton père a trouvé le moyen de concevoir cette machine et pour ainsi dire, d'ouvrir la brèche entre les mondes. Tu penses que c'est Zoran qui lui a apporté les réponses à ses questions ?"

“Je le pensais mais... j’ignorais ce qu’était L’Hôtel Bleu en réalité.” répondit la jeune fille d’un ton navré. “A présent, je doute que mon père s’y soit rendu. Il n’aurait jamais pu en revenir.”

Hypérion tourna la tête vers les sorcières :

“Les Anges pourraient nous aider à trouver une solution.”

“Les Anges n’interviennent pas dans les affaires humaines.”
assura Serafina Pekkala en pivotant vers nous.

“Ils sont venus pour le garçon au couteau.” intervint Iorek. “Je pensais qu’ils viendraient pour vous.”

Je perçus nettement Lyra se raidir et Pantalaimon frémir à cet instant.

“Les circonstances étaient différentes.” souligna-t-elle d’un ton haché. “En ce temps-là, nous étions en guerre.”

"Je comprends un peu mieux pourquoi le Magisterium a le dessus sur ce monde..."
Marmonna Hypérion entre ses dents.

“Et si...”

Je débutai d’une voix hésitante, déroutée par ma propre audace. C’était la première fois que je proposais une idée dans tout ce méli-mélo compliqué. Si ça se trouve, j’allais me vautrer complètement. Je posai les yeux sur Lyra et repris :

“Si on prenait la machine de ton père mais sans mettre personne à l’intérieur, et qu’à la place Alexis faisait péter ses éclairs dessus ? Ca pourrait générer de l’énergie pour ouvrir un passage sans tuer personne et sans provoquer un orage.”

Elle afficha une moue dubitative, avant de réfléchir à haute voix :

“Il reste sûrement des plans de la machine de mon père dans son chalet, près de la plus haute montagne. Peut-être même des prototypes. La véritable machine a dû être démantelée par le Magisterium depuis longtemps.”

J’approuvai d’un signe de tête puis la tournai vers Hypérion, Malcolm et Alexis. Cette dernière semblait grave partante, les yeux ronds avec un début de sourire. Qu’est-ce qu’on attendait ? Le titan ferma le poing, le rouvrit et jeta un coup d’oeil vers sa main. Un tout petit peu de sable noir tomba en poussière au sol.

“Ca signifie que vous voulez pas ?” demandai-je, indécise.

Il m’offrit un regard exaspéré, soupira et fit demi-tour pour s’éloigner.

“Vous trouvez l’idée mauvaise ?” demanda Malcolm au titan en dépit du fait qu’il lui tournait le dos. “Si j'ai les plans à disposition, je pourrais peut-être fabriquer la machine.”

Son intonation était empreinte de scepticisme, mais il songeait sûrement que c’était mieux que rien du tout. Il cessa de marcher et pivota vers le jeune homme. Hésitant, il finit tout de même par dire :

"On a beaucoup d'options, mais peut-être pas le Temps de toutes les tester. Alexis a fait apparaître un passage. Une porte. Ce qu'il nous faut, c'est la clef pour l'ouvrir. Je pense que c'est le Sable Noir qu'elle a envoyé sur le ciel qui a fait apparaître ce passage. Mais j'ignore combien de Temps il restera en place et s'il sera possible de le faire revenir."

A cet instant, il posa les yeux sur Pantalaimon, comme s’il cherchait à lui faire passer un message qui m’échappait totalement. Le daemon pencha la tête vers lui et inspira profondément. Lyra fronça les sourcils. Visiblement, elle ne comprenait pas non plus ce qui se passait entre le titan et son propre daemon.

"Cette machine a été conçue à mauvais escient.” poursuivit Hypérion à l’adresse de tout le monde. “Je doute qu'elle puisse nous apporter quelque chose de bon."

Il se tut quelques secondes, posant les yeux sur chacun d’entre nous. Puis, il articula entre ses dents :

“Si je pouvais forcer ces anges à venir, je l'aurais fait."

Je sentais clairement que ça coinçait de ce côté-là. Il était énervé que les fameux Anges ne se manifestent pas. Il observa Malcolm d’un air égaré. C’était flippant ce genre de regard venant de quelqu’un comme lui. Il était complètement perdu, n’avait aucune solution, ce qui le poussait à prendre de la distance avec nous. Peut-être comptait-il revenir avec la solution parfaite ? Pouvait-il seulement la trouver ?

Malcolm se leva d’un bond. Il avait une expression insondable au fond des yeux.

“Je vais faire quelques pas avec lui.” nous dit-il.

Il avança à grands pas vers Hypérion qui s’éloignait toujours. Je me mordis les lèvres. S’il essayait de le convaincre, c’était mal barré, quoique... Peut-être qu’entre mecs, ça fonctionnerait mieux.


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