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 La Famille n'est pas qu'une question de sang | Stefan

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Honey Lemon
« Science is magic that works. »

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La Famille n'est pas qu'une question de sang | Stefan _



________________________________________ 2021-08-01, 19:01 « Science is magic that works. »

Bien des choses s'étaient produites depuis le mariage noir dont Honey avait réchappé de justesse, à commencer par l'officialisation de sa relation avec Stefan, un vampire plus que centenaire qui, non content de boire le sang des semblables à la jeune femme, l'avait, au travers des âges, souvent fait couler. L'héroïne ne pouvait qu'en avoir conscience et, pourtant, elle l'aimait, tel qu'il était, pour commencer, mais également tel qu'elle le savait capable d'être s'il arrêtait une bonne fois pour toutes de s'envisager uniquement comme un monstre sanguinaire à qui la rédemption était interdite. Peut-être, au fond d'elle, Honey espérait-elle être la part lumineuse qui l'entrainerait vers une autre destinée, pourvu que ce ne soit pas lui qui entraine la jeune femme dans des abîmes dont elle ne pouvait que soupçonner la noirceur. Mais si la probabilité existait sans doute, ce n'était pas elle qui préoccupait Honey.
Si la jeune femme appréciait d'être régulièrement l'amante d'un être aussi expérimenté que Stefan, elle n'était pas mécontente de garder, au moins dans un premier temps, leur relation relativement secrète. Ainsi, si leurs corps se mélangeaient fréquemment, ils ne passaient jamais complètement la nuit ensemble. La plupart du temps, Stefan retrouvait Honey dans l'appartement qu'elle partageait avec Wallace, profitait que ce dernier soit de sortie afin de ne jamais le croiser. A.S.T.R.I.D. l'intelligence artificielle connectée à l'appartement avait pris l'habitude de saluer ce nouvel élément qui gravitait dans la vie de sa créatrice, de la même façon que Schrödinger, le chat borgne et noir de Honey,venait systématiquement se frotter aux jambes de Stefan, dans l'espoir de récolter quelques caresses derrière les oreilles ou toute autre marque d'attention de sa part. Il repartait ensuite vaquer à ses occupations de chat et ne retournait dans la chambre de Honey, où il avait, depuis toujours, pris l'habitude de dormir, pelotonné à ses pieds, qu'aux petites heures du matin, celles auxquelles Stefan s'éclipsait, généralement par la fenêtre.
Il attendait généralement qu'elle se soit endormie pour disparaitre, ne s'attardant plus longuement que pendant les nuits d'orage, sans même parfois que Honey en ait conscience. Il lui était toutefois déjà arrivée de s'éveiller en sursaut au son des coups de tonnerre et de constater, assez peu surprise et plutôt soulagée, qu'elle s'était assoupie contre son torse et qu'il semblait veiller. Mais au petit matin, il n'était jamais plus à ses côtés, ce qui faisait, d'une certaine façon, partie de leur arrangement.
Jusqu'à présent, seul le matin du 13 mai, celui du vingt-huitième anniversaire de la jeune femme, avait été quelque peu différent. Ce matin-là en se réveillant Honey avait trouvé un petit écrin sur le rebord de sa fenêtre, écrin qui contenait un médaillon plutôt ancien que, dans ses connaissances, seul Stefan était du genre à offrir en cadeau. La jeune femme n'avait effectivement pas voulu croire à une coïncidence et avait supposé qu'il connaissait la date de son anniversaire, une perspective qui l'avait conduite à un constat assez navrant quant à ses propres connaissances : elle ignorait quel jour Stefan célébrait son anniversaire (si tant est que, comme les mortels, il s'en soucie encore un tant soit peu).
Heureusement, sa secrétaire à l'université, avait, la semaine suivante, remédier à cette lacune en faisant suivre à tout le corps enseignant l'information. Manifestement, cette jeune femme semblait penser que les petites attentions telles que celles pour les anniversaires comptaient devait probablement croire que son supérieur direct serait absolument ravi si les autres professeurs pensaient à lui ce jour-là.
Honey ne s'était pas particulièrement plainte de la façon de penser de la secrétaire et avait réfléchi pendant plusieurs jours à ce qu'elle pourrait bien offrir à quelqu'un vieux de plus de cinq cents ans qui avait, en témoignait notamment son manoir, suffisamment d'argent pour s'offrir tout ce dont il pourrait rêver, ce qui rendait la tâche encore plus compliquée, même pour un esprit aussi génial que celui de Honey.
Cette dernière avait donc finalement opté pour un message codé, fait de 0 et de 1, qu'elle avait adressé à la secrétaire de Stefan qui, ainsi que le stipulait son premier message, s'occuperait de transmettre les souhaits d'anniversaire à leur "cher président de l'université de Storybrooke" le jour J. Se doutant qu'il devinerait sans peine l'émettrice d'un message aussi énigmatique, Honey s'était contentée d'un paraphe dans le coin inférieur droit de la carte, jugeant peu probable qu'il connaisse pléthore de personnes dont les initiales étaient H et L. Une fois la missive envoyée, la jeune femme n'y avait plus réellement pensé, du moins, pas jusqu'à apercevoir Stefan au laboratoire de la ville en fin de journée. Carte de vœu à la main, il avait alors expliqué ne pas avoir immédiatement compris la signification du message (ce qui n'était pas étonnant) jusqu'au moment où, parcourant les pages d'un livre sur les énigmes et les codes, il avait découvert l'existence du binaire. C'est à cet instant-là que Honey avait commencé à franchement rougir. Avec le recul, elle ne trouvait pas son idée de cadeau vraiment génial, même si jusqu'alors elle ne lui avait jamais ouvertement dit qu'elle l'aimait (d'ailleurs, puisqu'elle l'avait encodé dans son message, elle ne le lui avait toujours pas véritablement dit, dans les faits).
- Désolée, c'est tout pourri comme cadeau mais je savais pas quoi vous prendre, j'parie que vous avez déjà tout ce que vous pourriez bien désirer, s'était-elle excusée juste avant qu'il ne la prenne dans ses bras pour lui souffler qu'il l'aimait aussi.
Le baiser qui s'en était suivi avait eu l'air de sous-entendre que Stefan n'était pas désolé de quoi que ce soit. C'était peut-être ce qui avait enhardi Honey pour qu'elle déclare ensuite, ses yeux rivés à ceux du vampire :
- Je le pense vraiment quand j'écris que je v... Que je t'aime, s'était-elle corrigée.
La familiarité envers une personne comme Stefan n'était pas une mince affaire pour Honey qui était pourtant d'ordinaire très prompte à en témoigner à toutes sortes de personnes. Cependant, il était différent des autres. Même s'ils avaient fini par devenir plus complices et que les sentiments ne s'embarrassaient pour le choix d'un pronom plutôt qu'un autre, force était de constater que Honey faisait toujours un effort particulier pour s'adresser à lui.
Le mois suivant, en juin, Stefan et Honey avaient commencé à sortir ensemble dans le monde, même si leur première sortie était, en fin de compte, liée à un timing plutôt mauvais de la part du vampire. Il était effectivement venu la voir à son appartement un weekend juste au moment où la jeune femme sortait pour se rendre au cinéma.
- Mais vous pourriez venir ! s'était-elle aussitôt écriée. Enfin... si le film que j'avais prévu de voir vous convient, avait-elle nuancé, un peu désolée de la façon dont elle s'y prenait. Ca pourrait être sympa... Non ?
- Ce sera avec plaisir, sauf si votre colocataire vous accompagne, avait répondu Stefan, ce qui avait ostensiblement fait glousser Honey.
- Oh y a pas de risque, je vais voir un rape and revenge movie, c'est pas trop son truc, avait expliqué Honey avant de constater que Stefan n'avait manifestement rien compris à ce qu'elle racontait.
Heureusement, sur le trajet vers la salle de cinéma, elle avait eu le temps de clarifier ses propos. Puis ils avaient pris place au dernier rang de la salle obscure, Honey dans l'allée, fauteuil roulant oblige, et Stefan sur le premier fauteuil de la rangée. Cette configuration, qui s'ajoutait au sujet sérieux du film Promising Young Woman, n'avait rien eu d'idéale pour un rencart particulièrement romantique, ce qui n'avait toutefois pas découragé les mains aventures de Stefan pendant les bandes-annonces. Par la suite, il avait rapidement constaté que Honey était déterminée à véritablement suivre le film et s'était abstenu. Honey avait trouvé ça chouette qu'en dépit de son expérience, Stefan ne soit, sur certains aspects, finalement pas si différents des hommes de son âge, à elle. Le temps qui passait aidant, elle avait commencé à éprouver de moins en moins de gêne à l'idée de s'afficher à son bras, ce qui n'avait pas été pour déplaire à quelqu'un comme Stefan qu'assez peu de choses gênaient, de toute façon. Pour autant, ils étaient restés très discrets sur leur lieu de travail et Honey n'avait même pas vu Stefan lors des portes ouvertes du laboratoire, le 23 juin. C'était, en fait, sans doute une excellente chose puisque le jeu qu'elle avait présenté avait en premier lieu aspiré une demi-douzaine de personnes dans une partie. Et si Honey en était ressortie avec des jambes en meilleur état de fonctionnement, elle n'était pas certaine que quelqu'un d'aussi peu familier avec l'informatique aurait apprécié l'expérience. Elle avait d'ailleurs pris un soin tout particulier dans la manière dont elle lui avait relaté l'expérience, afin qu'il comprenne pourquoi, pour un temps, du moins, elle parvenait à se déplacer avec une cane. Honey était, en effet, persuadée que cette évolution ne durerait pas.
Mais elle avait pu constater, au début du mois de juillet, quand elle avait revu son ancien petit ami pour la deuxième fois, que ce changement en interpellait certains - et même que Michel-Ange, instigateur de sa rééducation, avait été déçu de voir qu'elle avait fait plus de progrès sans lui. Mais ce n'était pas comme si Honey y pouvait quelque chose ! A.S.T.R.I.D. lui paraissait même bien plus responsable de cette histoire qu'elle ne le serait jamais mais la jolie blonde préférait ne pas débattre sur ce sujet et n'avait pas mentionné les bouderies de Michel-Ange à son compagnon actuel. En revanche, il avait su qu'elle avait recroisé son ancien copain et ne pouvait qu'imaginer que les deux hommes étaient très différents. Honey n'avait, en effet, pas jugé pertinent de cacher cette rencontre d'autant qu'elle n'éprouvait plus aucun sentiment amoureux envers Michel-Ange mais avait préféré ne pas s'appesantir sur la question plus que nécessaire.
L'été avait donc continué normalement son cours et août commençait à pointer le bout de son nez quand, une fois n'est pas coutume, Stefan proposa que Honey vienne profiter de son manoir pour changer. Sans doute Damian (qui n'était pas au courant de leur relation) serait-il absent et son père avait trouvé l'occasion trop belle pour ne pas la saisir. Disposer des faveurs de Honey dans sa propre demeure, sans l'ombre planante de son colocataire. Que pouvait-il espérer de plus ?
Après un succulent dîner et une conversation toute aussi nourrissante, ils entamèrent une partie d'échecs, ce qu'ils faisaient régulièrement. Honey n'était pas mécontente d'avoir retrouvé un compagnon qui savait y jouer et de découvrir, au fur et à mesure des parties, qu'il était vraiment talentueux dans ce domaine. Ni l'un ni l'autre n'avaient besoin d'une chronomètre car leurs esprits affûtés prenaient des décisions si rapides que les parties étaient, en fait, relativement courtes. Et dans ces moments-là, Honey avait l'impression qu'ils étaient plus complices que jamais, à s'observer du coin de l'œil et à se défier en tâchant d'anticiper la tactique de l'adversaire. La stimulation intellectuelle des parties comptait davantage que le résultat de cette dernière. Ce n'était pas tant gagner qui les excitait mais bel et bien d'avoir en face un partenaire à la hauteur. D'ailleurs, il était déjà arrivé à plusieurs reprises que l'échiquier finisse renverser sur le sol car, force était de constater, ces parties constituaient d'excellents préliminaires.
Ce soir-là, pourtant, était relativement calme pour le moment. Du point de vue de la femme, la partie était pratiquement pliée et elle ne manqua pas de le signaler :
- Je pense que dans deux coups max vous êtes échec et mat.

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________________________________________ 2021-08-02, 08:11


Depuis le mariage mortel, le temps avait passé et la relation unissant Dracula et la jolie blonde avait évolué. Au départ, il n’y avait rien d’officiel entre eux. Cela faisait l’affaire du vampire qui ne voulait pas vraiment perdre son image de tombeur trop tôt, au cas où que les choses prennent un tout autre tournant que prévu, mais il devait bien constater que ça allait bien. Tout allait bien… Incroyablement bien. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus été aussi heureux. Avant elle, ses sourires étaient aussi faux que ses belles paroles. Même s’il aimait torturer ses proies, ce n’était qu’un plaisir passager qui ne lui procurait qu’un peu de plaisir sadique, tout au plus. Il aimait aussi l’ironie et les jeux de mots et même s’il arrivait à rire, cela ne représentait jamais vraiment son état d’âme qui était noir et glacial. Depuis qu’elle était là, celle qu’il pouvait appeler « son aimée », il avait l’impression qu’un soleil le réchauffait de l’intérieur. C’était une chaleur agréable qui lui faisait oublier qu’il était techniquement mort. L’homme revivait.


Puis, ils finirent par s’afficher en public. Bien sûr, au début, on les regardait. Physiquement, il était tout de même plus vieux qu’elle malgré que les mortels ne connaissent pas sa nature. Ainsi, personne ne pouvait échapper la différence d’âge entre eux, mais il n’en avait rien à faire. Les gens étaient plus ou moins habitués à sa débauche avec tout ce qui pouvait dire « on baise » et il n’avait nullement besoin de leurs approbations d’ailleurs. C’était sûrement plus étonnant de la part de la blonde dont les exs avaient tous à peu près son âge, du moins en apparence. Stefan avait remarqué le regard insistant d’un brun qui lui était totalement inconnu. Il n’avait rien dit à sa belle, pensant qu’il était inutile de l’inquiéter pour rien. S’il osait venir leur dire quelque chose, il se chargerait de son cas, mais puisqu’il se contentait de les suivre du regard de loin, l’homme n’allait pas intervenir. Il avait quand même promis plus ou moins implicitement à la demoiselle qu’il deviendrait quelqu’un de meilleur à ses côtés. Il ne pouvait pas juste tuer ce gars et retourner lui prendre la main comme si de rien n’était. Maintenant, le vampire devait trouver des alternatives à la cruauté pour régler ses soucis. C’était malgré tout un exercice difficile lorsqu’on était un être immortel assoiffé de sang qui tuait tout ce qui l’agaçait depuis 500 ans. Peut-être qu’il devrait suivre un groupe de gestion de la colère… C’était assez ironique de songer que l’un des plus grands méchants de cette ville essayait de devenir une meilleure personne. Il ne manquait plus qu’un héros change de camps!


Il y avait eu plusieurs moments notables. L’anniversaire d’Honey où il lui avait laissé en cadeau un pendentif victorien, le code secret d’anniversaire de la part de la blonde qui avait fini par le tutoyer pour la première fois avant de retourner au vous, une soirée découverte du cinéma et les innombrables parties d’échecs qui finissaient au lit avaient marqué les dernières semaines de l’homme. Ces souvenirs seraient précieusement gardés en mémoire, ce dernier chérissant ce nouveau départ au bras d’une femme aussi brillante et merveilleuse que la scientifique. Ce soir-là ne ferait pas exception, le couple s’étant réuni au manoir Vulpesco pour faire changement (et éventuellement ne pas croiser le colocataire de la blonde qu’il exécrait tout autant que le boudin. Comment on pouvait gâcher du sang frais pour créer cette horreur?! Bref...) Une partie d’échecs était en cours et à première vue, la blonde allait le vaincre.

- Je pense que dans deux coups max vous êtes échec et mat.

Il eut un petit sourire en coin et il lui fit un clin d’œil se voulant complice.

- Très chère, je ne croirais pas cela à votre place. Voyez-vous, j’ai plus d’un tour dans mon sac…

Le vampire avait encore de bons pions et il lui suffisait de ruser un peu pour arriver à prendre la reine de son adversaire et gagner la partie sans plus d’effort. Par contre, il fallait s’assurer qu’elle oublie le mouvement qu’elle devait faire au bon moment pour réussir son coup. Il savait quoi faire pour y arriver et cette perspective l’amusait tout autant qu’elle l’excitait. Stefan était peut-être très âgé, mais il avait la libido d’un jeune homme découvrant les joies du sexe! Sans montrer le moindre signe sur son visage, il dirigea sa jambe vers celle de son amante pour la caresser sous la table, la faisant remonter doucement en ne manquant pas de la regarder dans les yeux tout en bougeant sa pièce presque instinctivement sur le plateau.

- Je pense que c’est à vous de jouer…

Cette petite ruse eut son effet puisqu’il put prendre la reine de la jeune femme et son expression changea pour montrer toute sa malice, démontrant qu’il avait bel et bien fait exprès de la désarçonner. Il était fier de son coup, aucun ne doute là-dessus.

- Et bien, c’était une partie formidable! Une meilleure chance la prochaine fois. Puis bon, ce n’est pas comme si vous ne pouvez pas profiter du prix que j’aimerais bien demander ce soir. Si vous avez bien compris mon sous-entendu, bien sûr.

Il lui tendit la main, comme pour l’inviter à se lever et s’approcher de lui. Son mouvement n’est pas brusque, mais assez sec pour la faire tomber sur ses genoux. Ils sont l’un en face de l’autre, lui l’entourant de ses bras pour la maintenir en place. Son visage était à quelques centimètres du sien. Il déplaçait une de ses mains dans le creux de ses reins en songeant qu’elle était vraiment séduisante.

- Oh, désolé! Je vous ai fait tomber! Quel idiot que je suis! Comment je peux me faire pardonner, miss Lemon?, il murmure à son oreille sur un ton mielleux, montant qu'il était loin d'être "désolé".


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________________________________________ 2021-08-02, 08:11

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________________________________________ 2021-08-02, 14:25 « Science is magic that works. »

Perdre, gagner, au fond, était-ce réellement important ? Pour Deborah Gust, sans doute. Mais pas pour Honey Lemon. Elle jouait avant tout pour l'effort mental qu'une partie d'échecs requérait. Gagner, c'était éventuellement la cerise sur le gâteau, à laquelle elle n'avait jamais goûté sans le mériter. Même lorsqu'elle était très jeune et apprenait l'art noble des échecs auprès de son père, il n'avait jamais triché pour la faire gagner, lui apprenant, de fait, l'art tout aussi noble qu'un adversaire avait de se coucher quand il perdait. Bien sûr, quand elle pouvait mener un homme pluriséculaire à la défaite, la jolie blonde ne boudait pas non plus son plaisir.
Mais contrairement au vampire, la jeune femme n'usait et n'abusait jamais de ses charmes pour désarçonner son adversaire. Ou, si ces mêmes charmes fonctionnaient, c'était de façon inconscience pour Honey qui n'avait jamais tout misé sur le physique. Même s'ils avaient été plusieurs, au cours de sa vie de jeune femme, à assurer que Honey était ravissante, ce n'était pas quelque chose qu'elle vouait vraiment. Et si elle s'apprêtait avec élégance et féminité, c'était par pur amour pour la mode. Honey était, la plupart du temps, juchée sur des talons vertigineux mais continuait, paradoxalement, de penser qu'elle était trop grande et que c'était surtout ce qu'on remarquait chez elle. Du moins, quand elle ne se déplaçait pas en fauteuil roulant.
Manifestement, toutefois, Stefan était bien plus assuré de ses charmes et s'en servait sans vergogne pour obtenir ce qu'il désirait - qu'il s'agisse d'elle ou simplement de sa défaite. Et devant le fait accompli, Honey ne put que constater son échec et hausser les épaules tandis que Stefan ne se prouvait pas pour savourer sa victoire, en ayant jusqu'à l'audace de lui souhaiteir davantage de chance la prochaine fois. Pas de doute, il était gonflé !
- En compétition officielle je ne pense pas que vos méthodes seraient acceptées, mais je m'incline, mina la jeune femme. Longue vie au roi, ajouta-t-elle en attrapant son verre de vin presque vide pour porter un toast au vainqueur.
La jeune femme reposa ensuite le verre, vide, à présent, dans un bruit mat sur la table avant d'accepter la main que Stefan lui tendait. Songeant qu'il avait bien assez de forces pour deux, la jolie blonde délaissa la cane qu'elle utilisait depuis déjà un mois pour se déplacer et se laissa guider sur la courte distance qui la séparait de lui. Ses yeux rivés à ceux, noirs, de Stefan, Honey semblait presque oublier tout le décor, pourtant accueillant, qui les englobait et fut, de fait, d'autant plus surprise quand, par un mouvement tout aussi savant que ses manières pour la déconcentrer, il la fit tomber à la renverse sur ses genoux sans qu'elle n'ait rien pu voir venir. Et ce n'était pas comme si Stefan ignorait tout de la fébrilité des jambes de son aimée !
Mais ce n'était pas comme si Honey allait s'en plaindre. Elle était loin d'être mal installée et réprimait déjà depuis avant une irrépressible envie de glousser comme une adolescente découvrant pour la première fois l'effet du regard d'un homme posé sur soi.
- Vous n'êtes pas désolé, assura la jeune femme, le sourire malicieux au coin des lèvres, en passant ses bras autour des épaules de Stefan. Vous êtes sans doute un tas de choses, mais pas désolé. Même moi je peux l'affirmer, poursuivit Honey, fébrile, avant d'enfouir sa tête dans le creux de son cou.
Il y avait, chez Stefan, un magnétisme certain auquel la jolie blonde était loin d'être insensible et leur entente charnelle semblait satisfaire également les deux parties. Honey était ce qu'on pourrait appeler une romantique, toutefois, elle ne niait pas les vertus réelles de l'activité sexuelle et aurait trouvé idiot de réprimer sa libido, sous prétexte qu'elle était une femme. Aux dernières nouvelles, ce n'était certainement pas Stefan qui allait se plaindre de ses prédispositions, d'autant qu'au fil des mois, la jeune femme avait gagné en assurance face à lui.
Il avait dû avoir conscience du point auquel il pouvait la subjuguer et l'électrisait au point que Honey se demandait parfois si elle ne perdait pas la tête, au moins momentanément, quand elle était dans ses bras. Avec lui, Honey se sentait plus femme et désirable (désirée, aussi) que jamais, un sentiment qu'elle trouvait tout à fait étourdissant. Mais avec les mois, la jeune femme s'était enhardie.
- Remarquez que je suis pas désolée non plus, souffla-t-elle contre sa peau froide avant d'y déposer un baiser fiévreux.
D'une main aveugle, elle trouva les premiers boutons de la chemise de Stefan et les déboutonna lentement, se retenant de s'accrocher à Stefan comme si elle allait ployer sous le poids du désir qui la brûlait et qui avait commencé à la consumer bien avant les tentatives réussies du vampire pour gagner sa partie par tous les moyens.
Le fait était que Honey se savait sur la même longueur d'ondes que lui. Ils avaient envie de la même chose, au même moment et, en ce qui la concernait, elle mourait qu'il pose enfin ses mains sur elle. Jugeant, d'ailleurs, que les réactions de Stefan n'étaient pas assez empressées à son égard, la jeune femme guida sa main gauche sur son sein droit et susurra :
- Faites moi l'amour et je vous pardonnerais presque tout ce que vous pouvez bien avoir à vous faire pardonner...

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________________________________________ 2021-08-02, 19:15

Dracula songeait que les humains de l’époque moderne pouvaient être extrêmement barbants quand ils le voulaient. Pourtant, ils avaient inventé la livraison à domicile avec Tinder. Pourquoi mettre des règles pareilles dans une partie d’échecs? Le but n’était-il pas de comparer la ruse et l’intelligence des deux adversaires? Il lui semblait que tous les coups devraient être permis à ce genre de compétition. De toute façon, il n’était pas un joueur d’échecs professionnel et ne comptait pas le devenir. Tant que la demoiselle en face de lui le laissait s’amuser, il n’avait pas à se plaindre.

Dans tous les cas, il y avait plus intéressant à penser et à toucher. Le vampire avait attiré sa proie dans ses bras. Ils se faisaient face, la blonde assise sur lui. Elle pouvait parfaitement remarquer plus les secondes passes qu’il commençait à la désirer énormément. Il se contentait de la garder contre lui et de l’observer agir, amusé de constater que plus elle passait du temps avec lui, plus elle osait prendre les devants et cela lui plaisait beaucoup. Clairement, ce dernier n’allait pas se plaindre qu’elle lui embrasse le coup et en profite pour déboutonner sa chemise. Encore moins qu’elle prenne sa main pour la déposer sur son sein. Il n’allait pas rater la moindre occasion de la faire soupirer sous ses doigts. Les propos qu’elle lança ne tombèrent pas dans l’oreille d’un sourd. Il haussa un sourcil, en signe de défi en continuant de sourire, toujours aussi amusé.

- Ma chère reine, vous faire l’amour est un devoir auquel je ne risque pas de vouloir m’échapper. Vous me pardonneriez « presque » tout? Qu’ai-je bien pu faire qui ne peut pas être pardonné au lit, hum?

En disant cela, il avait descendu sa main pour rejoindre sa cuisse et remonter doucement, s’approchant de l’endroit convoité avant de reculer, pour la taquiner en prenant tout son temps.

- Vous semblez me trouver trop lent, je me trompe? Et si je vous enseignais la patience, miss Lemon? « Tout vient à point à qui sait attendre », comme le dit si bien ce proverbe français. J’ai envie de jouer avec vos nerfs, de vous titiller, vous emmener à me supplier de vous faire mienne avant de rejoindre le septième ciel. Hum… Sublime créature… Cette robe vous va à ravir, mais je dois avouer que je vous préfère sans… Puis-je?

Ayant l’autorisation de la blonde, il passe le vêtement par-dessus sa tête et il en profita pour observer son corps et la lingerie qu’elle avait choisis pour la journée. C’était des dessous accordés à sa tenue. Rien de surprenant de la part de l’humaine, me ce petit détail suffisait pour lui plaire. Venant enfouir une de ses mains dans ses cheveux, il vient l’embrasser avec passion. Sa main libre en profitait pour se balader sur sa peau mise à nue, profitant de la douceur de cette dernière sans se priver. Ses lèvres finirent par venir rejoindre son coup, descendant lentement en prenant le temps de recouvrir la surface laiteuse de ses baisers. Quand il arrive non loin de sa poitrine, ses mains prennent la direction des fesses de la jeune femme, semblant vouloir lui donner une certaine stabilité puisqu’il la fit se redresser afin que les deux monts se retrouvent devant son visage. Ses doigts agiles virent dans son dos dégrafant le tissu qu’il ne laissa pourtant pas tomber, laissant ses lèvres se balader sur le dessus visible. Il eut un gémissement rauque entre deux baisers avant de remonter son visage pour regarder celui de son amante.

- Ma chambre ou je pousse le plateau pour vous y asseoir dessus?, il murmure en sentant la pression augmenter en lui.

Il avait dans ses bras une femme sublime et offerte à lui. Comment rester de marbre devant une telle tentation? Elle avait beau se considérer ordinaire, pour lui, elle était magnifique et il n’y avait pas de non possible. La beauté étant dans le regard de celui qui regarde, elle était forcément belle puisque lui, il pouvait passer des heures à l’admirer dormir.

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________________________________________ 2021-08-03, 00:36 « Science is magic that works. »

Pourquoi ne pouvait-il pas se taire et faire ce qu'on lui demandait ? Cette question emprunte d'exaspération traversa certes l'esprit de Honey mais elle l'étouffa dans un soupir excédé qui lui-même vint mourir contre le torse de Stefan. D'ordinaire, la jeune femme adorait les questions et les explications que celles-ci appelaient mais pas dans ces moments-là. Pas quand son corps semblait sur le point de s'embraser. Pas quand, en plus de convenir de sa défaite même si Stefan trichait, elle s'offrait à lui de la sorte.
D'un autre côté, il y avait bien une question qu'elle-même aurait pu vouloir posé, s'étant étonnée qu'il l'appelle "ma reine". Le surnom était aussi flatteur que nouveau. Filait-il la métaphore des échecs ou le sens de ces quelques paroles étaient-ils plus profonds ? Stefan avait, après tout, été roi, jadis. Mais peut-être aussi (sans doute, en fait) que l'esprit de Honey allait chercher trop loin et qu'elle faisait tout aussi bien de se taire à ce sujet.
- Pour le moment rien, haleta la jeune femme, je prends seulement une assurance pour l'avenir en disant cela. Vous savez, juste au cas où.
La jolie blonde s'en tint à ces explications concises, une fois n'est pas coutume. Elle avait conscience que la situation n'était pas propice au déroulement d'un long raisonnement selon lequel, ne connaissant pas l'avenir, elle était bien incapable de jurer dès à présent qu'elle pourrait toujours tout lui pardonner et, qui plus est, le faire de cette façon. Même si elle aimait sincèrement Stefan, Honey n'était pas devenue stupide pour autant : elle avait conscience de s'être entichée d'une personne complexe qui n'avait rien d'un enfant de chœur. Selon elle, la confiance n'excluait pas la prudence.
Heureusement, le cerveau de Honey n'était pas en état de livrer toute cette réflexion qui aurait sans doute casser l'ambiance. En fait, le cerveau de Honey n'était actuellement pas en mesure de faire grand-chose hormis se laisser porter par les différentes hormones qui s'y propageait plus vite que son cœur ne battait.
De sa poitrine, la main de Stefan avait glissé sur son flanc puis sa cuisse, s'aventurant entre ses jambes pour s'en éloigner presque aussi rapidement. Honey étouffa un nouveau soupir contrarié mais ses doigts fébriles n'abandonnèrent pourtant pas leur tâche minutieuse et lente. C'était dans ces moments que la jeune femme s'apercevait du nombre de boutons nécessaires pour boutonner une chemise et donc pour la déboutonner. Enfin, pourtant, Honey arriva au terme de son périple et, après avoir écarté les pans déboutonnés, remonta la tête pour croiser le regard de Stefan justement à l'instant où, manifestement toujours amusé, il continuait de poser des questions. Il adorait ça et Honey pouvait le lire sur chaque ligne de son visage. Malgré elle, la jeune femme esquissa un sourire - même si elle s'en voulait un peu que son empressement flatte un égo qui n'avait sans doute pas besoin de davantage de flatterie. En témoignait la confiance qu'il plaçait envers les hypothétiques futures suppliques de la jeune femme.
Non pas qu'elle voyait un quelconque inconvénient, Honey voyait plutôt un manque de logique dans l'idée. Stefan, après tout, était loin d'avoir la patience d'une sainte et elle ne l'envisageait pas capable de la faire languir à ce point. Même par orgueil.
D'abord reine, elle devenait, au fur et à mesure que la soirée progressait, une sublime créature. Pour un peu, la jolie blonde aurait presque eu l'impression de s'être soudainement changée en sirène. Quelqu'un avant Stefan l'avait-il seulement déjà trouvée sublime ? Il avait le don de la désarçonner au propre comme au figuré et ce constat avait quelque chose de presque bouleversant, si bien que pour toute réponse, la jeune femme se contenta de hocher la tête. Oui, il pouvait lui retirer cette robe. Elle en avait envie, pour ne pas dire besoin.
Et, en effet, l'instant d'après, l'élégante robe mauve jonchait le sol. Honey frémit, loin, cependant, d'avoir froid. A chaque fois c'était comme Stefan jouait une partition qu'il maitrisait si bien qu'il pouvait l'exécuter les yeux fermés. Honey et lui ne se fréquentaient pourtant pas depuis très longtemps et pourtant, entre ses bras, la jeune femme avait l'impression qu'il la connaissait par cœur et depuis toujours, comme s'il pouvait lire en elle. Ce constat l'avait déjà sidérée la première fois et il continuait de laisser la scientifique sans voix. Métaphoriquement, du moins.
Entre deux baisers fiévreux, Honey soupirait d'un plaisir qui grandissait à mesure qu'il l'effeuillait. Preuve était donc faite qu'il n'avait pas attendu qu'elle le supplie, exactement comme le sens le lui avait indiqué quelques instants plus tôt. C'est le souffle court et la poitrine soulevée par les profondes inspirations nécessaires à réoxygéner son cerveau, que les yeux verts de la jeune femme croisèrent ceux, noirs, de Stefan.
Encore une question, songea Honey, presque amusée qu'un vampire torde le cou aux clichés sexistes sur les femmes bavardes même pendant l'amour. Replaçant ses bras autour du cou, justement, de Stefan, Honey fit mine, un court instant, d'accorder une intense réflexion à l'alternative qu'il lui offrait.
- Vous n'avez pas envie de balayer d'un revers de main une victoire obtenue siii honnêtement, conclut-elle à haute voix, ironique comme elle l'était rarement.
L'argument fit mouche puisque presque instantanément, Stefan se souleva de la chaise et, resserrant son emprise sur sa proie, l'emmena dans les escaliers puis jusqu'à sa chambre avait une aisance presque déconcertante et diablement satisfaisante. Mais c'est pourtant avec douceur et tendresse, sans doute, qu'il la déposa sur son lit, l'y rejoignant aussitôt pour l'y aimer, encore et encore, à lui en faire presque perdre la raison, le contrôle et la notion du temps.
Après un moment suspendu dans le temps, le corps de Stefan retomba à côté de celui, haletant, de Honey. La jeune femme s'y lova, le silence troublé, pendant plusieurs minutes, seulement par sa respiration qui retrouvait peu à peu un rythme normal. C'était toujours un peu étrange de s'allonger contre un corps dont le cœur ne battait plus et qui respirait seulement lorsqu'il s'exprimait. Paradoxalement, c'était Honey qui se sentait généralement anormale, parce qu'elle ne réfléchissait jamais comme personne.
Quand la jeune femme eut totalement retrouvé ses esprits, que sa sensation d'ivresse se fut dissipée, elle se redressa sur un coude et relança la conversation. Mais après un temps, elle commença à avoir froid et, puisque sa robe était restée à l'étage du dessous, récupéra sa culotte mauve avant d'enfiler la chemise de Stefan sans la boutonner. Elle était naturellement trop grande, quoique pas suffisamment pour que Honey y nage complètement une fois dedans. Elle aussi, après tout, était grande - pour son sexe, en tout cas. Stefan, en tout cas, ne semblait pas mécontent de la voir dans ses vêtements, ce qui était probablement la suite logique de son contentement à la voir dans sa maison, puis sans vêtement et finalement dans son lit.
Honey y avait déjà dormi lors d'une soirée épouvantable organisée par la télévision locale. Mais ce soir-là, elle ne pensait plus à cette désagréable expérience, presque comme si elle appartenait à une autre existence. Ce soir-là, Honey se sentait pour ainsi dire chez elle et se glissa naturellement sous les couvertures. Pourtant, d'ordinaire, Stefan ne restait pas dormir chez elle. Il en avait toujours été ainsi et ils n'avaient convenu d'aucun changement. Mais, la fatigue aidant, la jolie blonde posa sa tête sur l'oreiller et, se tournant vers Stefan, poursuivit leur conversation jusqu'à finalement s'endormir au détour d'une phrase qu'elle conclut dans son sommeil, dans un marmonnement absent.

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La Famille n'est pas qu'une question de sang | Stefan _



________________________________________ 2021-08-03, 22:11

Dracula était comme ça. Il aimait taquiner ceux a qui il tenait et s’il fallait qu’il sorte légèrement de sa nature pour le faire, il le ferait. Voir la jeune femme limite désespérée l’amusait grandement. Puis, si cela pouvait l’aider à faire savoir ce qu’elle voulait et même prendre les devants pour y arriver, c’était tout simplement parfait. Parce que l’homme n’était généralement pas une pipelette. C’était quelqu’un d’action, préférant s’exprimer par ses gestes que par des mots, mais il arrivait parfois qu’il rompe cette habitude si cela avait le moindre intérêt. Cette fois, il ne fut pas déçu. Il avait pu constater une part de la demoiselle qu’il n’avait pas encore vu. L’ironie dans ses paroles en mentionnant sa victoire « honnêtement » remportée avait fait étirer le sourire qu’il portait déjà sur le visage avant de la soulever dans ses bras pour la porter à sa chambre. Elle ne pesait pas plus lourd qu’un chiot pour le vampire qu’il était.

Une fois que la blonde fut délicatement déposée sur les draps de satin rouge, il ne manqua pas de jouer avec elle. Ses mains se baladaient sur sa peau laiteuse et ses lèvres descendaient lentement pour rejoindre un certain objectif. Il ne manquait pas d’assurance, sachant bel et bien ce qu’il valait au lit, même si ses pensées étaient plus dirigées sur la blonde et les plaisirs qu’il voulait lui offrir. Les vêtements furent rapidement enlevés. Malgré sa promesse de prendre son temps, il ne pouvait pas nier qu’il n’était pas du genre pé. Au contraire, il avait envie de la faire sienne et perdre la tête entre ses bras. En de tels moments, il n’y avait plus de Dracula, plus de vampirisme, plus de peines ou de malheurs. Ils n’étaient que deux âmes se retrouvant, se mélangeant à la fois brutalement et doucement. Au-dessus d’elle, il en profitait pour constater sa beauté. Ses magnifiques yeux verts, ses lèvres roses gémissantes, ses joues rosies et le son de son cœur battant la chamade étaient tout ce qu’il adorait observer dans ces moments.

Stefan finit par se laisser tomber sur le matelas quand le plaisir ultime fut terminé. Le point positif d’être mort, c’est qu’on n’avait pas besoin de se remettre de tous ses états comme devait le faire Honey, essoufflée après l’effort. Elle vint dans ses bras et il n’hésita pas à refermer ses bras autour de son corps, embrassant sa tempe par la même occasion, discutant avec elle avant de la laisser s’en défaire un peu plus tard. Elle semblait avoir froid et il se doutait bien qu’il ne devait pas aider avec sa peau glacée digne d’un cadavre. (ce qu’il était en partie, d’ailleurs). Elle revint au lit habillé seulement de sa culotte et de la chemise du vampire qu’elle avait laissée ouverte. Il n’allait clairement pas s’en plaindre, appréciant la vision. Il y avait quelque chose de sexy de voir son aimée portée ses vêtements même si à son époque, ce n’était pas vraiment commun. La discussion se poursuivit entre les deux protagonistes avant que le sommeil ne gagne l’humaine. Même s’ils n’avaient pas l’habitude de dormir l’un avec l’autre, il n’avait aucun problème qu’elle reste pour la nuit. Il avait oublié que son fils allait rentrer à l’aube après sa partie de chasse en forêt. Sinon, il l’aurait fait rentrer chez elle puisqu’il n’avait pas encore annoncé à son dernier qu’ils étaient en couple. Ce n’était pas simple de communiquer avec ce dernier qui se mettait toujours sur ses gardes quand cela concernait son père. Il ne lui faisait plus confiance et l’homme l’avait compris depuis longtemps. C’est en ne pensant nullement à cela qu’il s’endormit aux côtés de sa belle.

Il était presque quatre heures du matin, l’heure habituelle à laquelle le vampire se levait. Un vampire n’avait pas besoin de dormir aussi longtemps qu’un humain et encore moins avec l’aide de la chevalière qui empêchait les rayons du soleil avoir un impacte sur sa survie. Ainsi, il se levait toujours relativement tôt. Pourtant, ce n’est pas par lui-même qu’il s’était réveillé. En fait, il avait reçu un coup relativement vif au visage. Heureusement qu’il avait la peau relativement dure, mais ce n’était pas vraiment un réveil en douceur. Grommelant, il ouvrit les yeux pour constater les mouvements brusques de l’humaine à ses côtés. Ses yeux étaient fermés, mais sa tête s’agitait. Ses bras, eux, bougeaient de plus en plus. Elle semblait en proie à la panique, enfermée dans ce qui devait être un terrible cauchemar. Elle allait à nouveau le frapper, mais ses réflexes hors du commun lui permettent d’attraper son poignet avant. Il se redressa pour se mettre au-dessus d’elle et il attrapa son autre main, les mettant toutes les deux au-dessus de sa tête pour la maintenir en plus. « Chut », disait-il, essayant de l’apaiser et de la sortir de son rêve. Cela prit un certain moment avant qu’elle ne se réveille vraiment. Enfin de l’apaiser un peu, il tenta l’humour en remarquant que la chemise qu’elle portait était ouverte, le laissant admirer son corps.

- Et bien, vous pourrez me taper tant que vous le voulez si je peux admirer vos beaux seins de si bon matin… Je plaisante, bien sûr… Vous voulez en parler?

Il se redressa, la libérant de son poids et il s’assit dans le lit. Si elle avait besoin d’une oreille, il serait là.

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La Famille n'est pas qu'une question de sang | Stefan _



________________________________________ 2021-08-04, 00:40 « Science is magic that works. »

Courir ou mourir. Honey était revenue sur le domaine des Hunter, les chasseurs de mariées. Elle ne savait pas précisément où elle se trouvait tant la propriété était immense mais elle savait, au plus profond de son être, qu'elle y était revenue. Seule (pour le moment) au milieu des arbres qui occultaient le maigre rai de lune qui aurait pu l'aider à avancer, quelque part dans des hautes herbes humides de rosée, Honey les entendait qui se rapprochaient. Leurs cris indistincts et leurs pas dans les fourrés ne cessaient de se rapprocher, encore et encore, à lui en donner le tournis. Hagarde, elle tournait la tête dans toutes les directions à la recherche d'une échappatoire ou de n'importe quoi. Elle courait, ou, du moins, elle essayait. Mais ses jambes étaient lourdes, si lourdes et courir était si épuisant que Honey n'avançait pas.
Eux si.
Et plus la jeune mariée puisait dans ses ressources pour mettre le plus de distance possible entre elle et eux, plus ils semblaient se rapprocher... Jusqu'à totalement l'encerclée. Prise au piège comme un lapin au fond de son terrier, elle hurla de toutes ses forces.


Mais ceci était un rêve, personne, dans son subconscient, n'était là pour l'entendre. Pourtant, dans son esprit, le cri de Honey était tout bonnement assourdissant, suffisant pour qu'elle commence à prendre conscience qu'elle rêvait, qu'en dépit du sentiment de peur qui la tenaille, tout ce qu'elle voyait et ressentait, à cet instant précis, n'était pas réel. Si seulement ce simple constat avait suffit pour la réveiller...

Honey était seule et ils semblaient être des millions. Sans qu'elle ne puisse leur échapper, ils s'abattirent sur elle, tels des oiseaux de proie qui déchiquetaient (pour le moment) non pas ses chairs mais sa robe de mariée. Sous le poids de ses assaillants, elle chuta lourdement au sol et sentit bientôt la lame froide d'un poignard contre sa chair pétrifiée. C'est alors qu'elle croisa le regard abominable de son mari. Honey sentait ce qui paraissait être des centaines de mains, de poings et de piques qui parcouraient son corps. On lacérait sa robe et sa poitrine. Elle hurlait de tout sous soûl pour qu'on vienne l'aider. Mais personne ne venait. Il ne venait pas. Honey avait beau crier, hurler son nom, elle savait au fond d'elle qu'il ne viendrait pas. Qu'elle était seule et qu'elle allait mourir.

Dans le monde réel, Honey se débattait physiquement avec son cauchemar. Sous ses paupières closes, ses yeux roulaient dans leur orbite tandis que sa tête s'agitait. Ses bras aussi mais quelque chose les entrava. L'instant d'après, un poids lui bloqua également le bas du corps (pourtant peu agité in real life pour le moment), de nouvelles informations que son subconscient prit en compte à sa façon.

La jeune femme à moitié nue était à présent au fond d'un trou dans la terre. On l'y enterrait et chaque nouvelle pelletée de terre la faisait suffoquer encore un peu plus. Honey avait l'horrible impression qu'on étendait, petit à petit, un voile opaque sur son visage. Elle ne pouvait plus bouger et ne pouvait presque plus voir. C'était tout juste si elle distinguait les ombres qui se débarrassaient de son corps suffisamment vivant pour en avoir conscience mais déjà trop mort pour parvenir à s'extraire de sa tombe fraichement creusée.
Suffocante, Honey ne pouvait plus hurler, à présent. Mais elle entendait encore leurs sinistres ricanements.


Quelque chose d'autre aussi, en provenance du monde réel, parvenait également aux oreilles de la jeune femme. On lui parlait mais ça paraissait trop loin pour l'atteindre complètement. De toute façon, elle était bien trop gagnée par la peur pour prêter attention à cette petit discordance que les bruits réels, qui se mêlaient à son cauchemar, causaient dans l'abominable histoire où elle était en train de mourir.
Mais lorsque dans son rêve, elle comprit, par une illumination propre au rêve qui permet une certaine anticipation quant à l'avenir très proche, qu'elle prenait là son dernier souffle, Honey ouvrit brutalement les yeux sur le monde réel.
Il lui fallut plusieurs longues secondes pour comprendre où elle était - et surtout que personne n'essayait de la tuer, conclusion qu'il n'était peut-être pas évident de tirer quand on se réveillait les mains et les jambes entravées par une figure obscure que les yeux verts de la jeune femme n'identifièrent par immédiatement.
Le cœur battant la chamade et le souffle court, Honey se rappela finalement où elle était. Dans le manoir de Stefan, au premier étage, dans sa chambre, sur son lit. C'était forcément lui qui la maintenait de la sorte, probablement parce qu'elle s'agitait dans son sommeil. D'ailleurs, maintenant que Honey y songeait, la prise sur ses poignets était suffisamment forte pour l'empêcher de se faire mal mais suffisamment lâche pour ne pas lui faire mal. Ces derniers constats suffirent donc à faire totalement disparaitre l'alarme dans les yeux de la chimiste. Elle avait fait un cauchemar.
Encore.
Comme pour le lui confirmer, Stefan parla. Une partie de son cerveau nota son ton amusé et songea qu'il souriait certainement en proposant ce trait d'humour qui contrastait grandement d'avec l'horrible histoire que Honey venait de vivre en rêve. Maintenant qu'il en parlait, elle sentait, en effet, l'air frais de la nuit sur sa poitrine nue et tenta, tant bien que mal, de rendre son sourire à Stefan (qu'elle imaginait en train de sourire, du moins).
Ce ne fut pas réellement une réussite mais il s'en accommoderait sans doute, pas vrai ?
Lorsque Stefan cessa d'entraver le bas de son corps, Honey resta allongée dans la position dans laquelle elle s'était réveillée. Elle avait encore l'impression, malgré la pleine conscience qu'elle avait retrouvée, que son cœur n'arrêterait jamais plus de tambouriner à sa poitrine. Ce n'était, pourtant, pas la première fois qu'elle faisait ce cauchemar. En fait, il revenait dans ces nuits de façon assez récurrente sans que Honey ne sache comment s'en débarrasser. Mais cette nuit, il avait été particulièrement intense.
Après un moment dont elle n'aurait su évaluer la durée, Honey tendit finalement les bras vers Stefan, sans mot dire. Il saisit cependant le message et vint s'allonger contre elle, son torse contre le sien. Machinalement, Honey passa une main dans ses cheveux, sans réellement y penser.
- Désolée pour les coups, déglutit-elle après un autre moment d'une durée indéterminée. Ca m'arrive de parler dans mon sommeil mais je savais pas que je bougeais autant... J'ai fait un... un horrible cauchemar. C'était atroce... murmura la jeune femme.
Le seul fait d'y repenser donna l'impression à Honey qu'elle recommençait à manquer d'air, ce qui, bien sûr, était faux. Elle hésitait à en dire davantage, s'étant pour le moment cantonnée à des évidences dont Stefan avait certainement pris conscience lui-même. D'un autre côté, il était l'un des rares qui pouvaient à peu près comprendre son angoisse.
- Y avait mon mari... et tous les autres aussi. Je courais, je courais mais je pouvais pas avancer. Et j'avais beau crier, personne ne venait m'aider. J'étais toute seule et ils avaient l'air d'être des centaines. A un moment ils se sont tous jetés sur moi. Je suis tombée dans l'herbe, la tête contre la terre et je sentais leurs centaines de mains sur moi, j'entendais leurs rires mais je pouvais rien faire. Ils avaient des couteaux, je sentais leurs lames dans ma chair. Mon... mon mari était assis sur mes jambes, il avait ses mains sur ma poitrine... Il m'a déshabillée... Je voulais pas qu'il me déshabille, je voulais pas, tempéra la jeune femme en secouant la tête, les yeux à présent fermés très fort pour se prémunir de ces images encore fraichement imprimées dans son esprit. Ensuite, déglutit-elle de nouveau, ensuite ils m'ont jetée dans une tombe... ma tombe... Et ils m'ont enterrée vivante.
La conclusion de cette histoire tomba abruptement et Honey ne relança pas la conversation. Au fond d'elle, elle savait que c'était idiot de ressasser ses cauchemars, qu'ils n'étaient pas réels et que ce mari n'était plus réellement le sien. Qu'elle était en vie et que c'était lui qui était mort. Stefan devait sans doute trouver ça stupide de s'appesantir de la sorte sur un cauchemar. Un truc de mortels, en somme. Mais d'un autre côté, il avait proposé qu'elle lui en parle et s'était allongé sur elle, comme si son corps pouvait être un rempart contre les monstres qui peuplaient l'imagination de Honey.

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________________________________________ 2021-08-05, 01:10

Il est certain que Dracula n’était pas vraiment le genre d’homme à paniquer facilement. Il faisait rarement des cauchemars puisqu’il craignait très peu de choses. Cela arrivait, bien sûr, qu’il ressente la peur, mais c’était la possibilité de perdre ses rares proches qui le hantait la nuit. Quand on avait dans les 500 ans comme le vampire, même la mort n’était plus si menaçante. Au contraire, elle devenait une vieille amie. Ainsi, il ne pouvait pas réellement comprendre Honey qui semblait être en état de choc post-traumatique, mais il pouvait imaginer la peur qui la rongeait de l’intérieur. Il pouvait compatir aussi. Elle était la rare humaine à avoir le droit à sa compassion. C’est sans hésitation qu’il avait répondu à sa demande non verbale et était venu tout contre elle, la serrant contre son torse avec force. Juste assez pour imposer sur le corps de la jeune femme une pression rassurante et qu’elle retrouve plus facilement ses repères dans la réalité.

Pendant qu’il caressait les cheveux de son aimée, l’homme prenait le temps d’écouter ce qu’elle avait à dire. Elle avait rêvé de ce fameux marié assassin qui l’avait déshabillée contre son gré avant de l’enterrer vivante. Pendant qu’elle s’exprimait, il se souvint de vieux rêves qu’il avait déjà faits, humain, pendant qu’il était dans l’armée. Ses souvenirs étaient fragmentés et n’étaient plus très clairs, mais il s’en rappelait assez de détails pour se rappeler de la sensation que pouvait causer la peur de sa propre mort. C’est quelques secondes après, quand un silence se fit entendre qu’il se rendit compte qu’elle avait terminé son récit et qu’il était probablement d’usage de s’adresser à elle pour la consoler. Il n’avait plus l’habitude de prendre soin des autres, ainsi il devait réapprendre à ses cotés. Ses lèvres vinrent s’écraser délicatement sur son front avant de se reculer légèrement, sans la lâcher, pour regarder son visage.

- Ne vous excusez pas pour ça… C’est normal. Ce moment à été terrible pour vous et vous a laissé un bien mauvais souvenir. Il est tout à fait normal lorsqu’on est mortel de craindre de passer de vie à trépas. Vous vous doutez sûrement que je ne suis pas un spécialiste des rêves, mais j’ai lu sur le sujet. D’après ce que j’ai compris… C’est la solution qu’a notre cerveau pour faire des tris dans les informations que l’on a acquis. Il utilise aussi ce moyen afin de s’adresser à nous de manière inconsciente. Je pense que vous ne voulez peut-être pas inquiéter les autres avec vos sentiments, mais vous n’avez très certainement pas tourné la page sur cet évènement traumatique. Il y a aussi ce détail qu’il me revient de ce que vous m’avez dit… Qu’il vous déshabille est quand même un élément bien particulier de ce récit. Avez-vous comme crainte que l’on abuse de vous? Que cela soit dans ce sens comme dans un autre. Je ne suis pas psychologue, seulement un ancien roi devenu directeur d’université après avoir ciré les bonnes chaussures… mais…. Je pense que si vous essayez de comprendre le sens qu’a votre cauchemar pour vous, il est possible que vous réussissiez à intégrer que l’homme qui a voulu votre perte ne pourra plus jamais vous faire du mal.

Entre deux phrases, il approcha ses doigts de la joue de la jolie scientifique pour venir caresser son visage avec douceur. Stefan voulait se montrer rassurant et l’aider à avancer.

- Sachez qu’à mes côtés, vous êtes en sécurité. Je ne laisserais jamais personne vous faire du mal. Honey… Vous comptez énormément pour moi et je ne vous laisserais jamais tomber. Je ferais n’importe quoi pour vous sauver si cela s’avérait nécessaire. Vous ne serez jamais laissée seule. Ma chérie…N’ai pas peur. Je suis là.

Pendant ce temps, sans qu’aucun des deux ne le remarque, la porte d’entrée s’ouvre sur un jeune garçon qui renifle l’air avant de soupirer. Son père se mettait à inviter ses conquêtes dans leur maison maintenant? Elle avait même oublié sa robe au salon, il constatait en grimaçant.

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________________________________________ 2021-08-05, 17:04 « Science is magic that works. »

Ce n'était pas nouveau que Honey fasse des cauchemars. Elle en faisait depuis qu'elle était enfant et continuerait sans doute d'en faire. Les années passant, ces rêves avaient seulement changé de sujet et maintenant qu'elle était adulte, papa ne venait plus la border en l'embrassant sur le front. La plupart du temps, après un cauchemar, la jeune femme se redressait, seule, dans son lit, réalisait peu à peu qu'elle était revenue à la réalité puis se recouchant, en espérant que sous ses paupières lourdes l'histoire terrifiante dont elle venait de s'échapper ne recommencerait pas.
Pas cette nuit-là.
Si d'ordinaire Honey trouvait son réconfort contre le pelage soyeux de Schrödinger, toujours lové à ses pieds la nuit, cette nuit c'était un autre être nyctalope qui la consolait, reprenant, sans le savoir, les habitudes du père de la jeune femme. Cette dernière n'avait pas raconté son cauchemar dans tous ses moindres détails (Stefan, après tout, avait-il réellement besoin de savoir que c'était lui qu'elle avait, en vain, appelé à l'aide ? Probablement pas), après l'avoir extériorisé, elle se sentait néanmoins apaisée.
Honey ne voyait pas dans le nuit et chercha à tâtons les épaules puis le visage de Stefan pour le situer dans l'espace et s'assurer, dans la mesure du possible, de regarder à peu près dans sa direction. Elle savait qu'en revanche, il la voyait comme s'ils étaient en plein jour. Qu'il pouvait lire les émotions sur ses traits, ce dont elle était bien incapable à cet instant. La jeune femme ne pouvait se fier qu'à l'intonation de sa voix, chaude et étonnamment rassurante mais aussi savante, comme son discours. Malgré elle, la jeune femme sourit, songeant qu'il avait manifestement compris, et ce, vraisemblablement depuis longtemps, dans quoi Honey trouvait son réconfort : les faits et la science. C'était effectivement ce qu'il lui servait. Des informations qu'elle connaissait déjà, ayant elle-même lu sur les rêves, qu'il s'agisse des théories freudiennes (et passablement misogynes) ou jungiennes. Elle avait connaissance des différentes écoles de pensées qui prétendaient, de façon certes incertaine, avoir décodé le sens des rêves. Toutes avaient probablement en partie raison. Une chose cependant était certaine cette nuit-là : la décortication rationnelle du sujet était exactement ce dont Honey avait besoin.
La jeune femme apeurée avait donc tout naturellement laissé place à la scientifique en Honey qui répondit aussi normalement que d'ordinaire au questionnement de Stefan qui succédait à son analyse scientifique du monde onirique.
- Pas particulièrement, non, dit Honey en secouant négativement la tête, notant, dans un coin de son esprit, la décontraction avec laquelle Stefan affirmait avoir obtenu son poste actuel d'une façon discutable.
Ce n'est cependant pas l'information qu'elle fit tournoyait dans son esprit, comme si, par ce seul procédé, elle pouvait l'observer sous tous ces angles et la comprendre mieux. Quel était, fondamentalement, le sens de son cauchemar ? Se répétait-il parce que Honey était sidérée par la chance, défiant les probabilités, dont elle avait fait preuve cette nuit-là ? Parce qu'elle trouvait cela illogique ? Ou ces rêves étaient-ils créés par l'angoisse qu'elle avait ressentie en s'apercevant que si Stefan n'avait pas été là, elle serait probablement morte ? En d'autres termes, ces rêves témoignaient-ils, contre toute attente, d'une peur d'être abandonnée à son triste sort par le vampire le plus craint de tous les temps ?
Honey était persuadée des vertus de la psychothérapie mais ne s'imaginait pas confier à un médecin que, aussi bizarre que cela puisse paraitre, elle ne craignait pas de fréquenter un vampire mais plutôt qu'il se désintéresse de son sort. Car s'il l'avait fait cette nuit-là...
La jeune femme chassa cette pensée tandis que l'index de Stefan parcourait son visage. A leur première rencontre, jamais elle n'aurait pu imaginer un seul instant qu'un homme comme lui puisse ou sache se montrer rassurant et prévenant. Il faut dire que lors de cette même rencontre, il n'avait rien fait pour le laisser présager, se dépeignant lui-même comme le monstre dont elle n'aurait jamais envie d'approcher.
Moins d'un an plus tard, elle était dans ses bras et son lit, vulnérable psychologiquement et physiquement, presque nue contre lui. S'il avait voulu être ce monstre qu'il lui avait laissé présager, dieu seul sait ce qu'il aurait pu lui dire. Mais il n'agissait pas comme un monstre et la recouvrait de son corps tel une armure et l'enveloppait de sa douceur et de ses mots d'amour.
- C'est vrai... Vous avez raison, finit-elle par reprendre sans faire part à Stefan de la rapide réflexion qu'elle venait de mener et choisissant plutôt de faire écho à ses propres déclarations. Il ne peut plus rien me faire... Tu es là. Tout va bien.
C'était la conclusion d'un interlude nocturne mouvementé. Honey embrassa l'homme qui la surplombait avec la volonté de s'en retourner dans d'autres bras - ceux de Morphée - car, contrairement à son hôte (et à son fils qui rentrait de la chasse dans l'indifférence générale) elle avait besoin de huit heures de sommeil par nuit et ne dépréciait pas les grasses matinées. Stefan, en plus de sentir son apaisement, dût comprendre qu'elle avait, malgré ses rêves agités, encore sommeil et retomba à côté de Honey qui rabattit les pans de la chemise sur sa poitrine avant de remonter le drap sur ses épaules.
Roulant sur l'un de ses flancs, la jeune femme remonta ses genoux près de sa poitrine et, ainsi couchée en position fœtale, ferma les yeux pour laisser le sommeil l'emporter de nouveau avec lui. Avant de sombrer totalement, son cerveau ressassa cependant quelques unes des informations échangées pendant l'échange nocturne qui venait de se tenir. Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire, concrètement, "je ferais n’importe quoi pour vous sauver si cela s’avérait nécessaire" ? Sans doute qu'il tuerait pour elle, souffla une petite voix de l'esprit de plus en plus endormi de la jeune femme. Il l'avait déjà fait. Il avait tué l'homme de ses cauchemars. Vu sous cet angle, c'était probablement encore plus idiot d'en rêver encore, des mois après les faits...
Evidemment, au lieu de se rendormir, si Honey avait soupçonner que Damian, le fils de Stefan, venait de rentrer, la jeune femme se serait certainement hâter pour disparaitre au plus vite (du moins aussi rapidement que ses moyens physiques le permettaient). Si elle avait bien connaissance de l'existence d'un petit garçon (dont elle avait fait la connaissance avant de rencontrer son père) et qu'elle assumait davantage cette relation sentimentale aussi surprenante pour les autres qu'elle était inattendue pour ses protagonistes, Honey ne se rappelait pas avoir un jour discuté de l'officialisation de ce qui commençait franchement à ressembler à un couple s'inscrivant dans la durée auprès de Damian. Et même si elle n'était pas concernée, le mariage de ses parents étant le plus heureux qu'elle connaisse, Honey imaginait que les nouvelles unions suite au décès d'un des parents - et plus généralement les familles recomposées pour quelque raison que ce soit - était un sujet particulièrement épineux, qu'il fallait aborder pas à pas avec les enfants. La règle s'appliquait sans doute si l'enfant avant plus de cinq cents ans, non ?

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