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 Tout est sous contrôle. [Fe] | Vaiana

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Hermès
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Tout est sous contrôle. [Fe] | Vaiana _



________________________________________ 2021-11-18, 13:16


         


Tout est sous contrôle.
CAPITAINE COMPETENT! A VOS ORDRES.






« Gaston. Bon sang Gaston ! »


Je perdais rarement le contrôle. Très rarement. Mais là, c’était bien plus qu’assez. Au milieu de plusieurs milliers de lettre, j’avais donné un grand coup de pied dans un tas. Tout l’entrepôt avec été décoré pour Noël, et j’avais rajouter des poêles pour l’hiver. Ce qui faisait qu’il faisait une très grand chaleur. Après avoir donné un coup de pied dans un tas de lettre, j’en attrapais un autre et le jeter sur le Garde Olympien. Heureusement pour lui, c’était pas lourd.

« Mais vous m’avez dit, « Gaston, débarrasse moi de ces lettres. » Alors c’est ce que je fais. »


Il était penché sur un poêle, en train d’envoyer des paquets de lettre entiers. Finalement, je capitulais. Il était idiot, et je ne pouvais rien faire contre les idiots. Nous étions des dieux, mais nous avions cette limite. Guérir les idiots.

« Ca signifiait que tu devais répondre... »


Une seconde. Deux secondes. Trois. Ah, c’était bon. Son visage s’illumina.

« Répondre ? Mais comment ? Je connais pas ceux qui m’écrivent ! »


Les courriers arrivaient encore. Encore et encore. J’étais dans une tourbière de lettre et j’en avais jusqu’au genou. Un garde Olympien était au téléphone.

« Oui ? Pour une réclamation ? Oui ? Vous voulez réclamer quoi ? Ou qui ? »


Un autre était en train de faire des cercles avec un chariot élévateur. Celui au téléphone lâchait de temps en temps le combiné pour applaudir. Puis reprenait le téléphone. 

« Désolé. Gustave s’améliore de jour en jour. On disait. Ah oui, réclamer qui ? »


Je massais mes tempes. J’avais eu pour idée de faire de Hermès Express un lieu d’échange épistolaire avec le père Noël. Au départ, l’idée m’avait semblé fabuleuse, je l’avais piqué à la poste Française. Puis, ça avait dégénéré. Même si j’étais un dieu, je n’étais pas omniscient. Je ne pouvais pas répondre à tout le monde. J’avais du prendre du personnel… Enfin… Emprunter du personnel.

« S-T-O-P ! »


Toutes les lettres disparurent d’un seul coup. Ainsi que tous les meubles. Le chariot élévateur aussi, ce qui fait que le Garde retomba sur les fesses, surpris. Il se mit à pouffer, mais quand il se rendit compte que j’étais énervé, il s’arrêta.

« Du balais. »
dis-je sèchement.

Les deux gardes disparurent. Gaston, le défaillant, fit apparaître un balais et commença à le passer en ronchonnant. Mes bras m’en tombèrent. Je me retournais pour regarder la pièce vide. C’était comme toute ma vie. Je commençais un truc, c’était bien, puis quand je me rendais compte que c’était au dessus de mes capacités, j’arrêtais tout. Peut être allais-je arrêter l’entreprise. Charlie serait déçu. Mais… Ce n’était pas la première personne que je venais de décevoir. Les bras le long du corps, je restais un instant pris dans le présent, observant Gaston en train de passer le balai très lentement.

« Gaston tu devrais... »


J’étais tellement absorbé, que je n’avais pas fait attention que l’aura de Vaiana était tout proche. Me retournant avec gravité, je clignais des yeux. Qu’est ce que j’allais lui dire ?!

« Tu devrais commencer à répondre aux lettres. »


Les lettres réapparurent. Cette fois-ci, extrêmement bien empilées. J’avais plissé les yeux de concentration. Je sentais Vaiana dans mon dos. Je voulais en jeter, je voulais briller. Je voulais qu’elle me voit comme quelqu’un qui a la tête sur les épaules.

« Tu commences par répondre aux enfants. »


Je lui indiquais le premier gros tas bien rangé par âge.

« Puis les adultes. »


Je lui indiquais le deuxième. Alors, il posa son balais. Puis, lentement, se dirigea vers le bureau, prit une plume, trempa l’encre…

« C...h...e...r… M...a….t ...t….h….e….w. »


Je me tournais alors vers Vaiana. Mes yeux tiquèrent et clignèrent plusieurs fois. Ca faisait combien de temps que je ne l’avais pas vu ? Des jours ? Des semaines ? Je penchais la tête pour observer les tableaux des employés du mois et comptaient ceux où Charlie me faisait un grand sourire. Beaucoup de mois.

« Ah, bonjour. »


C’était pas mal, pour un début. Je croisais les bras, réfléchissant à une attitude à adopter. Devais-je paraître fâcher ? Exprimer mon mécontentement de la situation qui avait eu lieu ? Devais-je lui crier dessus ? Lui en vouloir ? J’étais mitigé. J’avais créé cette situation, par ma maladresse habituelle.  Donc j’en étais aussi responsable. Mais… Traite-t-on quand même ses amis ainsi ? Enfin, si elle me considérait encore comme une amie.

« Vous avez bonne mine. »


Elle avait pas spécialement bonne mine. J’en savais rien. J’avais oublié son visage, en six mois.

« Vous êtes ?... »


Je fronçais les sourcils, faisant semblant de ne pas me rappeler à qui j’avais affaire. Bah oui, je l'avais vouvoyez exprès.

« J’ai tendance à oublier les visages. »


« T...a… L….e...t….r….e ….m….a….f….a….i...t…...ch…..aud….au….coeur. Ah ! Y’a deux t à lettre ! Oh non... »


Je l’entendis chiffonner la lettre.

« C...h...e...r… M...a….t ...t….h….e….w. »


Je fis une moue, imperceptible. J’allais le tuer. Mais il allait revenir, avec une autre personnalité encore plus pénible, c’était certains. J’étais maudit.

« Je plaisante, je t’ai pas oublié. Je t’ai remplacé par Gaston. Nul n’est irremplaçable. »


Mon ton était… neutre. Qu’est ce qu’elle voulait ? J’étais à la fois soulager de la voir, et en colère. En colère parce qu’il y avait un truc, un seul, qui me faisait beaucoup de peine et que j’avais toujours eu de mal à gérer, c’était l’abandon.

« Et il est très compétent. »


« CAPITAINE COMPETENT, PRESENT. »


Il s’était mis debout, au garde à vous. Je l’avais entraîné à réagir à ce mot. Ca lui donnait du style. Au final, j’étais fier de lui. Je regardais Vaiana, j’en étais moins fier, mais en même temps ; c’était ce qui me plaisait chez elle. Sa façon d’en faire qu’à sa tête.

« Tu… Euh. Je... »


Je suis désolé ? Tu veux reprendre ton poste ?

« Tiens. »


Je fis apparaître un tas énorme de lettre pour enfant. Et lui mit dans les mains. Voilà, y’avait moins de génance maintenant que je la voyais moins.




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________________________________________ 2021-11-21, 17:36



De la discussion jaillit la lumière.

Même si je la vois pas au bout du tunnel.

. Vaiana ϟ Hermès .

Quand on amorce un virage à 360° de sa propre vie, on doit le faire pour tout. Depuis deux mois, j’étais clean. Pas un milligramme de poudre ou d’opiacé. Dans ma tête, ce n’était pas mieux rangé pour autant. Il y avait encore un sérieux ménage à faire. Mais c’était déjà mieux qu’avant. J’avais aussi stoppé la mauvaise habitude de coucher avec les bad boys. Quand j’en décelais un, je passais mon chemin, ce qui était une nette amélioration. J’étais sur la bonne voie. Ou du moins, je faisais tout pour m’en persuader. Parce que je ne me sentais pas mieux pour autant. Au contraire, certains jours, c’était carrément l’enfer. J’avais un vide en moi impossible à combler. Quoi que je fasse, ce vide me suivait partout. Certains l’auraient peut-être imagé par un nuage noir au-dessus de ma tête. Personnellement, je me le figurais plutôt comme un trou béant dans ma cage thoracique. J’étais emplie de rien. Et ce rien allait finir par me dévorer.

Je faisais beaucoup de sport afin de ne pas craquer. Ne pas replonger. C’était mon idée fixe. Par moments, je me demandais pourquoi je me torturais à ce point. Pour rester en bonne santé, sans doute. Alors que je me “sentais” mieux quand j’étais déglinguée... Sans doute parce que les drogues endorment les douleurs, même celles qui sont tapies à l’intérieur.

Bref, je m’étais enfin décidée à aller voir Hermès. Cela faisait des mois que je l’évitais, et c’était beaucoup moins louable que le reste de mes résolutions. Entre lui et moi, ça avait toujours été compliqué, tendu, plein de sous-entendus, bourré de quiproquos. J’avais cessé toute relation le jour où il m’avait fait comprendre qu’il en pinçait pour moi. Quelle fille censée réagit de cette manière ? Hermès était un homme – un dieu – gentil, loyal, avec le cœur sur la main. Certes, un peu naïf sur les bords mais... qu’est-ce qui m’avait poussé à faire machine arrière à ce point ? A ce moment-là, j’ignorais ce que je ressentais pour lui, c’est sans doute ce qui m’a terrifié. Je ne voulais pas le blesser en repoussant ses avances et au final, j’avais détruit tout ce que nous avions construit. Était-ce possible de réparer notre lien ? Je tenais à lui. C’était plus qu’évident. Les mois passant, il m’avait manqué à de nombreuses reprises. Je m’en étais rendu compte trop tard. L’était-ce vraiment... trop tard ?

Il était temps de crever l’abcès. Aussi, j’avais enfourché mon vélo et étais allée jusqu’à l’entrepôt Hermès Express. A l’intérieur, ça avait beaucoup changé. Les décorations de Noël occupaient tout l’espace, en plus des innombrables lettres entreposées un peu partout. De plus, il régnait une chaleur accablante en raison des multiples poêles disposés tous les dix mètres. A peine entrée, j’ôtai mon écharpe et la gardai en main. Je repérai rapidement Hermès à quelques mètres, occupé à donner des directives à un Garde Olympien pas très dégourdi. Même si j’approchais silencieusement, je me doutais qu’Hermès ait perçu mon aura. Il avait donc choisi de ne pas se retourner. Ou alors, il était trop accaparé par son travail. Possible aussi.

Tout en avançant, j’écoutai de quoi il était question. Apparemment, Hermès s’était lancé dans la rédaction de lettres au Père Noël. C’était surprenant et coloré, à son image. Un sourire apparut sur mon visage sans que je m’en aperçoive, qui disparut très vite à l’instant où le dieu pivota vers moi. Un simple bonjour. C’était déjà pas si mal. En comparaison, je fus incapable d’articuler le moindre mot. Semblait-il mécontent ? Rancunier ? Indifférent ? Un peu des trois. Je déglutis. Devais-je commencer par des excuses ? Embourbée dans mes principes, je ne pipai mot. Hermès fit semblant de ne pas me reconnaître. Partagée entre l’envie de rire et de rouler des yeux, je parvins à rester parfaitement neutre. L’intervention du dénommé Gaston, qui rédigeait la lettre avec application, me sauva d’une situation qui s’envenimait à vue d’œil.

— Je t’ai remplacé par Gaston. Nul n’est irremplaçable.

Tout compte fait, la situation ne s’améliorait pas vraiment. Lorsque le Garde Olympien claironna “Capitaine Compétent, présent !” en se levant et saluant militairement, j’éclatai de rire pour de bon. Hermès parut déstabilisé. Il bégaya des pronoms sans phrase complète - ce qui me conforta dans l’idée que ne pas parler était la meilleure solution – avant de me coller un tas de lettres dans les mains. La pile était si haute que je le discernais à peine, désormais. A l’aveugle, je me dirigeai jusqu’à un bureau pour poser les lettres, dont la moitié glissa jusqu’au sol.

— Je dois les acheminer ? Ou... je...?

Hermès me mettait à l’épreuve. Il me donnait du travail. Comme une dernière chance de me racheter. Si je ne la saisissais pas, c’était la fin. Pas seulement de mon taff, mais de notre drôle d’histoire.

J’attrapai donc un stylo et m’assis sur la chaise face au bureau. Fort heureusement, j’avais fait des progrès en lecture et écriture depuis mon arrivée dans ce monde. Je n’eus pas trop de difficulté à lire la première lettre qui me tombait sous la main. C’était une Autumn qui l’avait écrite, sans doute avec l’aide de sa maman car l’écriture était bien trop mature, même si elle était si vive qu’elle en devenait difficile à déchiffrer.

Cher Père Noël,
Je m’appelle Autumn et j’ai été très sage toute l’année. J’espère que tu vas bien dans ton pôle nord. Il faut boire du chocolat chaud au piment si jamais tu as froid aux pieds.
Pour Noël j’aimerais bien des chaussons monstre bleu tout doux assortis à mon pyjama. Je te fais des gros bisous.

Attendrie, je me retrouvais néanmoins démunie pour y répondre. Même si j’eus un peu honte, je copiai les propos de Gaston-le-Capitaine-Compétent :

Chère Autumn,
Ta lettre m’a fait très plaisir. Je ne doute pas que tu aies été très sage. Mes lutins s’occupent déjà de...

Soudain, je levai le stylo du papier. Avant de raconter des bêtises, je préférai vérifier. Aussi je sortis mon téléphone afin de consulter Amazon. Il existait plusieurs modèles de “chaussons monstre bleu”. J'ignorais lequel la fillette souhaitait, mais je pourrais y revenir plus tard.

Mes lutins s’occupent déjà de réaliser ta demande. Tu auras les plus beaux chaussons monstre bleu du monde !
Joyeusement,
Le père Noël.

Je mis un point final avec l’ombre d’un sourire. C’est que je m’étais montrée inspirée, finalement ! J’en étais la première surprise. D’ordinaire, tout ce qui se rapprochait à du travail de bureau me filait des sueurs froides.

A présent que j’avais honoré ma part du marché, j’estimais être en droit de parler. J’étais une fille réglo. Je me levai donc de ma chaise pour rejoindre Hermès. Prenant une grande inspiration, je me plantai devant lui et déclarai :

— J’ai merdé. Tu as merdé. On a merdé. Je conjugue bien le verbe “merder”, hein ? Bref, je pense que le mieux c’est de repartir sur de nouvelles bases. Si tu en as envie. La vérité, c’est que tu m’as manqué. Sauf que j’ai jamais eu le cran de venir te le dire en face... avant aujourd’hui. Je pense que... tu étais mon ami, mais je l’ai pas compris à l’époque. Et sûrement que maintenant, c’est trop tard.

Je haussai les épaules, dans une vaine attitude de paraître nonchalante. Ca me coûtait de dire tout ça. Je n’étais pas habituée à “ouvrir mon cœur" de la sorte. Je ne disais jamais à mes amis que je tenais à eux. Je le faisais comprendre par de petites attentions. Et parfois de gros rateaux.

— Mais au moins, je l’ai dit. Et... je sais pas si vous voulez que je travaille pour vous. Je veux pas que vous vous sentiez obligé parce que je suis revenue et que je viens de répondre à une lettre.

Bizarrement, à l’instant où je parlai boulot, je me remis à le vouvoyer. A croire que je voulais faire la différence entre l’ami et le patron. Était-ce une bonne chose ? Je secouai la tête : je me filai des migraines à moi-même.

— C’est qui ce gars ?

Voilà, change de conversation, Vaiana. Excellente idée. Douchée par mon propre sarcasme, je fixai la série de photos du nouvel employé du mois qui s’étalait sur le mur derrière Hermès. Beau gosse, les épaules carrées, le sourire jovial, il avait l’air d’être dans son élément.

Ma question était idiote, puisque son nom et prénom figuraient juste en dessous de tout le photoshoot : CHARLIE HALE. Ca ne me disait rien. Hermès l’avait-il embauché pour me remplacer ? Avec un pincement au cœur, je me souvins que c’étaient mes photos qui recouvraient les murs de l’entrepôt, au tout début. J’avais vraiment tout gâché.

— Il a l’air compétent. Ca a l’air d’être un vrai Capitaine Compétent, glissai-je à voix basse pour que Gaston n’entende pas.

Un peu crispée, j’esquissai un bref sourire à Hermès avant d’afficher une moue. Devais-je partir ? Rester ? Mes jambes avaient la bougeotte ; elles cherchaient à fuir à nouveau. Mais ma tête leur ordonnait de rester sur place. Pour l’instant, en tous cas.



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________________________________________ 2021-11-22, 12:38


         


Tout est sous contrôle.
CAPITAINE COMPETENT! A VOS ORDRES.






Je relevais le regard vers elle. J’avais fait apparaître des lunettes. C’est fou ce qu’une paire de lunette pouvait changer mon visage. Je la regardais, l’air vaguement intéressé alors que j’étais en train de lire le courrier d’un petit garçon qui me demandait la lune. Littéralement, la lune. Peut être que je devais lui apporter ma sœur.

« Hm ? »


Je posais mes lunettes, comme Horacio dans les experts. Depuis que je faisais semblant de porter des lunettes dont je n’avais pas besoin, je m’étais entraîner à les enlever avec panache.

« De quoi tu parles ? »


Autour de nous, les lettres continuaient d’arriver et de repartir. Finalement, les deux autres gardes étaient revenus. Je regardais toujours Vaiana. J’avais merdé. J’avais manqué aussi. Elle avait merdé, aussi. Et elle avait manqué. C’était fou ce que c’était compliqué cette histoire, je clignais des yeux.

« Amis ? »


Je clignais encore des yeux. Je crois que jamais personne ne m’avait demandé ça. J’avais ma famille, qui regroupait les Olympiens. Et même si je n’étais pas de ce monde, j’avais fini par accepté qu’ils étaient les même dans mon coeur. Et vice versa. Mais je n’avais jamais eu d’amis. Jamais.

« C’est difficile ? D’être amis ? »


Je baissais le bras, la lettre contre mon corps, complètement perturbé par ce qu’elle venait de dire. Je restais un léger moment en suspens, puis, sans détour, je regardais autour de moi comme si je voyais les locaux pour la première fois.

« Tu as travaillé, parce que c’est ton travail en fait. Et je t’ai dit dés le début que tu pouvais aller et venir quand tu voulais. A l’époque, j’avais en face de moi une jeune fille qui n’allait pas bien du tout, et en qui je voyais un super potentiel. Alors je t’ai proposé ça. Et tu faisais comme bon te semblait. »


Je pliais soigneusement la lettre et la mit à l’intérieur de ma veste de costume en tweed. Pour Noël, j’aimais porter du tweed, même si ça faisait ringard.

« Tu étais perdu. Je t’ai juste proposé de t’occuper l’esprit. C’est le meilleur remède contre nos démons, s’occuper. Et aujourd’hui, je vois que j’ai une jeune fille qui remonte la pente, et qui me propose d’être son ami. Je trouve ça… étrange. »


J’avais remis mes lunettes et je la regardais par dessus, en essayant de faire comme Dumbledore. Je m’étais aussi entraîné à ça.

« Est-ce qu’il y a quelque chose qui te tracasse et dont tu voudrais me parler ? Hm ? »


Je clignais des yeux. Plusieurs fois. Et cette fois-ci, j’enlevais les lunettes sans grâce. Je la regardais et commençait un peu à m’emporter.

« Bon ! Trêve de blague, et fini les plaisanteries. T’as pris un truc ? Pourquoi tu voudrais être mon ami ? »


Je m’approchais d’elle, les sourcils froncés.

« Je n’ai jamais eu d’amis. »
dis-je gravement. « J’ai peur de te décevoir là dedans. Je préfère qu’on reprenne là où on s’en était arrêté, sans les trucs gênants. »

Je passais ma main derrière la nuque. J’étais mal à l’aise. J’avais vu tout ces gens qui étaient des amis dans les rues, et j’aimais bien ça. Mais le problème ; c’était que j’avais un peu peur de ce genre de truc. Et si je décevais les gens ? J’étais le spécialiste dans ce genre de situation. Puis, à la réflexion, je me rendis compte que Vaiana m’avait déçu. Au final, j’étais plutôt content, ça voulait dire que je pouvais certainement être ami avec elle. Je me donnais moi même mal à la tête avec cette histoire d’amitié.

« Tu étais où ? Je veux dire, dernièrement. Je ne t’ai plus senti. »


Je l’observais, inquiet. Mes yeux se firent rieurs.

« Ni ton aura, ni ton parfum à la noix de coco. T’as disparu. Et quand les gens disparaissent pour de vrai, là je m’inquiète. »


J’avais posé ma main sur son épaule et je commençais à la frotter un peu gentiment. J’avais vu ça dans les films, les amis faisaient ça. Les mains sur les hanches, je passais finalement mes doigts sur l’arrête de mon nez, réfléchissant trop. J’aimais pas tellement réfléchir autant.

« Bref. T’es pas obligé de me répondre. Je suis le dernier au courant de toute manière. Ce qui compte c’est que tu sois là. Et je prendrais bien un jour de repos, on peut se fier à eux. Du moins, Charlie devrait pas tarder. C’est lui . »


J’indiquais du pouce le portrait de Charlie derrière moi.

« Lui aussi à l’air perdu, je crois qu’il a besoin de s’occuper l’esprit. »


J’avais plus grand-chose à dire. En fait, je me sentais un peu inutile. Quand on ne voit pas quelqu’un qu’on a aidé pendant longtemps, on perd certaines habitudes.

« Tu veux qu’on aille boire un verre ? C’est ce que font les amis. Je crois. »




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________________________________________ 2022-01-20, 19:14



De la discussion jaillit la lumière.

Même si je la vois pas au bout du tunnel.

. Vaiana ϟ Hermès .

Je me demandais sérieusement si Hermès se payait ma tête. En plusieurs millions d’années d’existence (je n’étais pas certaine du compte), il n’avait jamais eu AUCUN ami ? Son expression sincère termina de me le confirmer. Aussi incroyable que ça puisse être, il disait la vérité. Un élan de compassion me traversa. Il avait dû se sentir tellement seul... Depuis que j’étais née, j’avais eu peu d’amis. Beaucoup étaient partis, m’avaient trahie ou m’avaient déçue. Pendant longtemps, j’avais considéré Hei Hei comme un véritable ami (ce qui en disait long sur mes problèmes). Le fait qu’Hermès se livre aussi librement me laissa perplexe et déroutée quelques instants. Heureusement, comme il parlait beaucoup, il ne s’aperçut pas de mon embarras. Puis, il proposa d’aller boire un verre, ce qui m’obligea à répondre par une phrase sujet-verbe-complément.

— Si on boit ce verre de l’amitié, ça veut dire que tu acceptes d’être mon ami. Attention, y a pas de retour en arrière possible.

Je levai l’index en l’air comme pour lui montrer à quel point mes propos étaient sérieux. Puis, je réalisai qu’il avait posé une question pertinente, qui en disait long sur notre lien. Bien qu’éloignés, il avait continué de “flairer” mon aura. Devais-je me sentir réconfortée ou flippée par cette idée ? Je décidai de laisser mes craintes de côté. On avait mis les choses à plat. Et si je voulais qu’il devienne mon ami, je devais lui faire confiance.

— J’ai... c’est compliqué ce qui m’est arrivé, dis-je en passant une main sur ma nuque. J’ai rencontré un gars...

Son expression m’obligea à enchaîner direct :

— Je suis restée sage. De toute façon, il est super vieux. Mais même s’il avait été jeune, je serais restée sage. Parce que j’ai changé. J’essaie de ne plus faire n’importe quoi... avec n’importe qui.

Un peu nerveuse, je me mordis les lèvres.

— Bref, ce gars a des pouvoirs. Il m’a emmené dans une sorte de boucle temporelle, ou plutôt une copie de Storybrooke pendant la Malédiction... Je ne sais pas vraiment où on se trouvait. Mais les titans ont débarqué et l’ont mis en prison. Il prétend connaître des choses sur mon peuple et surtout mon père...

Je passai une main dans mes cheveux, puis laissai échapper un soupir.

— Comme je te l’ai dit, c’est compliqué. Bon, on se le boit, ce verre ?

Je préférais changer de conversation. Même si je souhaitais qu’il devienne mon ami, je n’avais pas envie de parler d’un sujet aussi personnel, qui me plaçait dans une position inconfortable. J’ignorais si Mavery était dangereux mais il possédait des informations sur mon père, ainsi que sur mon peuple. Par conséquent, je ne pouvais l’ignorer. Et c’était trop tôt pour prendre une décision le concernant. Je préférais laisser ce “souci” de côté pour l’instant.

A cet instant, tandis que j’amorçais un pas vers la sortie, un drôle de bruit me fit stopper. C’était un son profond et “dense”, comme si quelque chose obstruait un conduit. Pivotant lentement sur mes pieds, j'observai les murs ainsi que le plafond de l'entrepôt. Gaston semblait inquiet, lui aussi.

— C'est un séisme ? On doit se cacher sous la table ?
demanda-t-il.

L'idée qu'un garde olympien se réfugie sous un meuble comme un mortel aurait pu me faire sourire, si à cet instant une lettre n'avait pas surgi de nulle part en manquant de me décapiter. Heureusement, j'avais baissé la tête de justesse. D'autres enveloppes s'engouffrèrent bientôt par plusieurs conduits qui poussèrent des chouintements réprobateurs. En moins d'une minute, nous nous retrouvâmes agressés par quantité de missives qui volaient en tous sens. Certaines me griffèrent le visage. J'agitai les mains en tous sens afin de les repousser.

— Ca me rappelle un film, ça...

— ON NOUS ATTAQUE !
s'écria Gaston tout en dégainant une épée.

Il chercha à faire rendre gorge aux enveloppes qui volaient par centaines autour de nous. Au final, il agitait tant et si bien son arme qu'il en devenait plus dangereux pour nous que pour les lettres.

Je me penchai afin d'éviter les coups d'épée et fis signe à Hermès d'en faire autant.

— On s'arrache ? Il a l'air de gérer comme un pro.

Ce n'était peut-être pas très sympa de laisser Gaston à la merci de ces enveloppes mais je ne voyais pas comment résoudre le problème. Malgré tout, une question me taraudait. Tandis que j'attrapai Hermès par la manche afin de l'entraîner un peu à l'écart, je lui demandai :

— Quelqu'un aurait un intérêt à te mettre des bâtons dans les roues ? Je veux dire... il est clair que ces lettres ont été ensorcelées. Soit c'est une plaisanterie, soit quelqu'un est en rogne.

Je ne voyais pas comment Hermès aurait pu avoir quelque grief contre autrui, mais d'un autre côté, il se montrait parfois tellement maladroit qu'il pouvait inspirer la rancune sans même sans rendre compte. Le mystère était donc entier. Peut-être qu'il aurait de quoi éclairer ma lanterne.



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________________________________________ 2022-02-01, 13:09


         


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Je l’observais, toujours mon calepin dans les mains. Je notais beaucoup de chose dans ce calepin. Mais là, j’étais en suivre les commandes tout en écoutant Vaiana. Mes yeux se portèrent vers elle, et j’étais, pour une fois, extrêmement attentif à ce qu’elle était en train de me dire.

« Tu as changé ? »


Je déposais le calepin sur une table. Parce que les tables, ça servait à ça. Poser des trucs. Je le déposais au milieu d’un cafarnaeum invraisemblable, remplit de divers objets en tout genre. Des pièces de vélos, des lettres, des stylos, et même un carburateur de moto. D’ailleurs, je le décalais un peu. Dans mon bazar, j’aimais quand même quand les choses étaient à leurs places.

« Personne ne change vraiment en réalité. C’est juste que nous nous tournons différemment devant la réalité, qui nous apparaît alors sous un autre angle. »


Je pris, sur la table, un calepin vide, et un stylo.

« Tu devrais noter quand je dis ce genre de chose. Je pense que c’est important. »


Je l’observais, toujours en détails. Apparemment, elle disait avoir changé. J’en avais pas trop l’impression. Elle était avec moi, comme au premier jour. Peut être que j’étais juste un peu naïf.

« Tu devrais quand même te méfier. Et rester vigilante. Les promesses, tant qu’on en a pas vu le bout, il ne faut pas y croire. »


Je fis une mine surprise, je levais alors un doigt, avec un visage… toujours surpris.

« Ca aussi, tu devrais le noter ! »


Mais, juste après, une détonation se fit entendre. Et des centaines, voir des milliers de lettres envahirent alors la salle. Battant des bras pour éviter qu’elles n’abiment mon amie, j’entendais à peine la voix du Garde qui essayait de résoudre le problème.

« T’as raison ! »
criais-je au milieu du vacarme.

Hop. Je lui attrapais la main, et l’instant suivant, nous disparûmes. Pour réapparaître au sommet d’un rocher, devant une cabane, en pleine tempête. Tenant toujours Vaiana par la main, je la fis rentrer pour éviter qu’on soit encore trempé.

« C’est le premier endroit auquel j’ai pensé, va savoir pouquoi... »


Un sourire malicieux sur le visage, j’entrais dans la cabane, qui devait être une ancienne demeure de garde côte, oui d’un contrebandier. Entrant à l’intérieur, je m’avançais vers la cheminée vide. Faisant apparaître plusieurs buches, du journal et un briquet, je l’allumais rapidement.

« Au moins, ici, on est tranquille. »


J’avais toujours une lettre dans mon pull, qui avait réussi à rentrer. Avec calme, je l’ouvris et je lus pour moi même.

Tu l’acceptes ELLE, mais pas moi ? POURQUOI ? P.


Dans un soupire, je jetais la lettre dans le feu. Elle brûla rapidement. Je me tournais alors vers Vaiana, et je lui indiquais un des deux fauteuils.

« On va rester là le temps que je réfléchisse au coupable. Ca commence par un P. »


Je savais très bien de qui il s’agissait, mais ça me donnait un prétexte pour rester là, avec Vaiana, complètement isolé, pour parler. Car ça faisait longtemps qu’on avait pas discuté. Je m’avançais vers les placards. De vieilles boites de conserves étaient présentes, ainsi que des bouteilles d’eau de vie certainement périmées.

« Ah. Bon, on va faire autrement... »


Je fis apparaître des bougies sur la table basse, une bouteille de champagne et deux verres, j’observais le résultat.

« Ah. Ca fait peut être un peu trop romantique ça. C’est pas le top. »


Je fis disparaître le champagne, pour faire apparaître une bouteille de rhum arrangé. Je levais le doigt vers Vaiana, fier de moi.

« Mieux non ? »


Je m’avançais dans le fauteuil, et je me servis un verre. J’aimais le goût, car ce truc n’avait aucun effet sur moi. Je fronçais les sourcils.

« Tu veux peut être autre chose ? »


Peut être qu’elle avait beaucoup changée. Quoi qu’il en soit je reposais la bouteille et je me grattais la tête.

« Tu disais donc… Avant qu’on soit attaqué par cette mystérieuse P… Ton peuple… Il sait des trucs sur lui… Il a été enfermé par les titans… Je vois je vois... »


Mon fauteuil était tourné vers le feu, j’étendais mes mains pour me réchauffer.

« En fait, je vois rien, et j’en sais rien du tout. Tout ce que je peux te dire, c’est que j’en sais pas plus que toi sur les Titans. Mais j’ai des théories sur eux. Mais j’essaie de pas trop y accorder d’importance. Ils sont là, ils font, et on fait avec. C’est surtout de ne pas avoir d’explications qui font qu’on ne les apprécie pas tu sais. Mais peut être que leur vérité est dure à entendre… Ou alors c’est juste des gens qui se la racontent. J’en sais rien. »


Je tendais mes mains devant, observant Vaiana avec un sourire.

« Et je m’en fous. Et tu devrais faire pareil. Et tu peux le noter. »




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________________________________________ 2022-02-07, 14:48



De la discussion jaillit la lumière.

Même si je la vois pas au bout du tunnel.

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Hermès était bizarre quand il philosophait. Je me penchai sur ses réflexions. Etaient-elles profondes ou vides de sens ? Concernant les promesses, je n'avais pas besoin de conseil : j'avais suffisamment vécu pour savoir qu'il ne faut jamais les croire. Donc, j'étais d'accord avec lui.

Il nous téléporta devant une cabane qui me rappelait quelque chose, perchée sur un rocher au milieu d'une tempête de vagues. Je n'eus pas le temps d'être trempée car nous entrâmes très vite. Hermès alluma un feu dans la cheminée. Puis, il ouvrit une enveloppe qui avait réussi à venir avec lui. Le contenu sembla lui déplaire, puisqu'il le jeta immédiatement dans les flammes. Je fronçai les sourcils. Avait-il des soucis qu'il cherchait à cacher ? Il mentionna que le coupable commençait par un "P". Cela aurait été plus facile d'enquêter s'il m'avait laissé lire la lettre, mais peut-être voulait-il se débrouiller seul ?

Il fit apparaître deux verres ainsi qu'une bouteille de champagne, avant de prétexter que cela faisait trop romantique. Je répondis par une moue indécise. Je n'étais pas très champagne, de toute façon. Il l'échangea par du rhum arrangé qui me plut beaucoup plus. Sitôt qu'il eut fini de se servir un verre, je m'emparai de la bouteille pour faire de même.

— Tu veux peut être autre chose ?

— Ouais, je veux bien cent balles et un Mars.

J'émis un petit rire afin de lui signaler que je plaisantais. Puis, m'installant dans le fauteuil à côté du sien, face à la cheminée, j'ajoutai :

— Faut jamais poser ce genre de question. Y a beaucoup trop de profiteurs en ce bas monde. Et qui te dit que j'en suis pas une ?

Un sourire mutin fendit mon visage tandis que je lui lançai un regard en coin. On était cool dans cette cabane. Au calme. Bien au chaud. Alors qu'au-dehors, la tempête faisait rage. J'adorais ce genre de contraste. Je ne connais rien de plus grisant, de plus beau et terrible que le bruit des vagues se fracassant contre les rochers, accompagné du mugissement du vent et de la pluie cinglante. Curieusement, ce mélange de son me berçait.

Cette mystérieuse P...

Les propos de Hermès me laissèrent pensive. Il savait qui était l'émetteur des lettres. C'était une fille. Ce maigre indice ne m'aidait pas vraiment. Une admiratrice secrète ? Elle avait jeté son dévolu sur lui et il ne savait pas comment s'en défaire ? Tandis qu'il parlait des titans, je l'observai à la dérobée. Il n'était pas d'une beauté classique, mais il semblait musclé - juste ce qu'il fallait - et avait un visage ouvert, sympathique. Un regard doux, des yeux clairs. Ca pouvait faire chavirer. Sans compter que si la fameuse "P" avait vu ses ailes déployées, elle avait pu en perdre la tête. Ca lui donnait un profil un peu flippant.

— Je m'en fous des titans, approuvai-je. Ils peuvent les garder, leurs secrets. Ils font sûrement beaucoup de mystère pour pas grand-chose.

Malgré tout, les paroles de Mavery tournaient dans ma tête. Encore des promesses... Mais s'il les tenait, ça me permettrait de savoir enfin ce qu'était devenu mon peuple. Je ne voulais pas trop y croire. Juste un peu. Je ne pouvais faire autrement.

Pendant que Hermès tendait les mains vers les flammes, j'ôtai mes chaussures d'un coup de talon et levai mes pieds en direction de la cheminée. Ca faisait un bien fou !

— Cette P... n'a pas l'air si mystérieuse que ça pour toi, déclarai-je brusquement. Est-ce qu'elle te harcèle ? Hum... non, ma question est bête. Evidemment qu'elle te harcèle. Personne d'équilibré n'attaque quelqu'un d'autre avec un millier de lettres. Tu veux que j'aille lui parler ? C'est ce que font les amis. Ils se soutiennent quand il y a un problème. Je ne promets pas d'arranger les choses, mais je peux peut-être la calmer ? Lui faire comprendre que tu n'es pas intéressé ?

Cela pouvait paraître surprenant qu'un dieu craigne de mettre les points sur le I à une jeune femme trop entreprenante, mais je connaissais suffisamment Hermès pour savoir qu'il n'était pas toujours à l'aise avec les relations sociales. On était deux dans ce cas. Cependant, étant donné que je n'étais pas concernée, j'espérais parvenir à l'aider.

— Je préfère te prévenir, je risque de faire tout empirer. Mais dans ce genre de cas, quand la personne ne veut rien entendre, une tierce personne peut calmer le jeu. Parfois.

Je lui adressai un sourire encourageant qui vacilla quelque peu. Je n'étais vraiment pas sûre de mon coup, mais je souhaitais faire de mon mieux. Je voulais lui prouver que j'étais son amie et que j'étais prête à prendre des risques si la situation l'exigeait.



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________________________________________ 2022-02-10, 12:32


         


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Les mains toujours tournés vers le feu, je tournais la tête pour observer Vaiana. Qui m’observait. Longuement. Très longuement. Je plissais des yeux, pas très certains de ce que j’allais dire. Mais peut être que j’avais raison. Et même si j’avais tort, on était suffisamment amis pour que ma remarque passe totalement inaperçu.

« Tu me reluques ? »


J’étais assez surpris. Mais aussi très flatté. Et d’ailleurs, je m’installais profondément dans mon fauteuil, le sourire aux lèvres. 

« Ne réponds pas ! J’ai pas envie d’être déçu. Oui, c’est ça. Tu devais me reluquer. C’est évident. »


Je contemplais le feu, puis je me mis à rire, sincèrement devant l’humour de la situation. Je fis alors apparaître cent dollars, en pièce une sur sa tête. Puis, un Mars lui tomba sur le front juste après. Sans même la regarder, je me mis à ricaner.

« Peut être que tu es une profiteuse. Mais peut être que j’apprécie que tu profites. C’est bien de profiter. Et on joue pas avec l’argent. Tiens. »


Les pièces disparurent et finirent toutes dans une petite bourse, que je déposais sur ses genoux. Avec un léger sourire, je la fis disparaître avant qu’elle ne put y toucher. J’avais toujours les mains devant le feu.

« Il faut être plus rapide. Elle n’allait pas resté là toute la soirée... »


Je pris une légère gorgée de rhum. C’était bon. Le goût était bon. Et j’aimais bien être ici, à rien faire, juste parler et profiter. Ca faisait longtemps que je n’avais pas fait ça. Et surtout avec Vaiana. Et j’aimais bien. Quand elle parla des Titans, je levais mon poing pour qu’elle me fasse un check.

« Bien d’accord avec toi. Un mystère quand il est croustillant, on le partage. Si on le garde c’est qu’il est naze ! »


Je fis un mouvement arrière avec mon bras une fois le check fait. Quand elle me parla de P. ou plutôt de Pégase, je me mis à éclater de rire. Bon, maintenant que j’avais bien ri, j’étais forcé de dire la vérité à Vaiana. Sinon elle allait se vexer que je me sois marré, et elle pouvait penser que je me moquais d’elle. Et je voulais surtout pas briser ce super moment.

« Ca pourrait être une solution. »
dis-je avec un sourire espiègle. 

Plusieurs scénarios s’ouvraient devant moi. Je pouvais lui dire la vérité. Ou allait dans son sens et la laisser prendre le relais. Et je les observerai s’entre-tuer. C’était très tentant mais…

« C’est Pégase. Une créature que j’ai créé. Enfin pas vraiment Puisque c’est l’autre Hermès qui l’a créé, et que la mienne dans mon monde est... »


Je regardais le feu un instant, un éclair passa sur mon visage. Je me rappelais encore de Pégase se faire tuer par un Hécatonchire de Zeus comme si c’était hier.

« Morte. Bref, je vais pas te faire un dessin, mais disons que c’est comme si c’était ma propre créature. On a une relation particulière et… elle est un peu jalouse, en fait. »


Je fis une moue, réfléchissant avec soin aux mots que j’allais employés. Je ne voulais pas que Vaiana ait une à priori. Mais je pense que c’était plutôt mal parti…

« Elle est un peu jalouse de toi. Parce qu’elle ne veut pas que je l’accepte dans l’entreprise. Et ça sera jamais le cas, et j’ai mes raisons, et croyez moi, il vaut mieux que vous n’en sachiez pas d’avantages sur le sujet. Bref, elle, pense que je suis inlove de toi. Et toi, tu penses qu’elle est in love de moi. »


Je fronçais les sourcils. D’ailleurs c’était bientôt la St Valentin ! Il fallait que je prépare un truc. Mais quoi j’en savais rien du tout. J’aimais pas trop cette fête de toute manière.

« Alors que… rien n’est vrai. Pégase est comme ma fille, ou ma petite sœur. Et toi tu es une très bonne amie. La seule, d’ailleurs, puisque les autres font partie plus ou moins de ma famille et... »


Qu’est ce que je parlais ! Je pris une minute de pause pour réfléchir. Après avoir attendu quelques instants, je me demandais encore si ce que je disais était véritablement intéressant. Pas vraiment. Et je ne m’y étais pas pris de la bonne manière, en réalité. J’aurai commencé par…

« Ah, et je suis revenu avec Athéna. En fait, j’aurai du commencer par là. Je me demande encore comment j’ai réussi à la reconquérir. Je suis pas si beau que ça. Mais… Je dois être excessivement malin pour arriver à une telle prouesse ! »


J’avais levé le doigt devant mon visage, pour appuyer mes propos. Je ressemblais beaucoup à un lutin perfide quand je faisais ça.

« Vous vous connaissez avec elle ? »


A la fin de ma question, trois coups sourds résonnèrent à la porte.

« Ah. Tu sais ce que ça sent ? L’attaque imminente d’une blonde. Et j’espère que c’est Pégase, parce que si c’est l’autre blonde que je connais, là, on est vraiment dans le pétrin toi et moi. »




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