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 ''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

| Avatar : Rufus Sewell

''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin Vba9
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

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''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-06-13, 22:33 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

Hera & Erwin
There's a humming in the restless air; And we're slipping off the course that we prepared ; But in all chaos, there is calculation ; Dropping glasses just to hear them break

De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages

Depuis l’âge de désirer, Erwin Preminger songeait sans crainte, qu’il ne s’était accordé aucune barrière à ses volontés, toutes diverses qu’elles puissent être. Sa devise s’était inscrite et affûtée à la force de ses convictions et des moyens qu’il mettait pour obtenir ce qu’il voulait. Aucun obstacle n’existait entre Lui et ce qu’il voulait, ce qui le poussa progressivement à viser de plus en plus haut. Aucune limite ne se présentait à son mental, rien qu’il ne pouvait délier, écarter, anéantir. Tout ce qui ne servait pas à sa propre satisfaction devait être expié. L’inutilité polluait suffisamment le Monde de part l’omnipotence de ces êtres humains ordinaires. Fort heureusement, à ses yeux, ils possédaient une fonction : servir d’engrais à ses manigances…
Ce ne fut pourtant pas le sujet qui le poussa, un jour, à requérir une audience avec Aphrodite, la déesse de l’Amour. Au gré de ses stratagèmes pour acquérir pouvoir et influence, ses accointances l’avaient amené à croiser le chemin d’Alexis Child, qui était devenue par intérêts divers sa maîtresse. Ce fut à son sujet qu’un jour durant, il prit le chemin qui menait à cette chère divinité. Il ne fallait pas escompter que, puisqu’il entretenait avec cette charmante jeune libraire une liaison sinon honnête tout au mieux honorable - si tenté que l’on puisse accoler le mot sur un sujet le concernant- il en était venu à devenir tel un ménestrel enhardi des joies de l’Amour.
Non. Preminger persistait à dénier l’Amour. C’était justement la raison pour laquelle, il faisait, à présent, le pied du grue en attendant qu’un garde olympien « daigne » lui accorder l’audience qu’il requérait auprès de la déesse dotée de cette attribution. Ce refus, bien qu’offusquant, ne l’étonnait pas. Il n’était pour ainsi dire, pas dans les petits papiers du Paradis des Dieux… Pour un homme aussi charmant et somptueux que lui, qui plus est : le Maire, à ses yeux, c’était une « tragique honte », comme il ne se priva pas de le signaler avec une courtoisie factice au garde imperturbable.
Aphrodite n’avait aucune raison de lui refuser le plaisir de sa visite… Sauf si bien sûr, outre le fait de craindre de tomber sous son charme - ce qui était, selon lui, un risque assez évident, pour une déesse de l’Amour en présence de la Beauté- cette charmante Hera s’était empressée de lui faire passer un mot désagréable à son sujet. Après tout, tous ces simagrées mutiques trouvaient forcément source chez elle… Une manière de se venger, assurément…Tout comme tout le ramdam qui se jouait actuellement autour d’Alexis… et de l’Erreur.
Qu’importe, il patienterait.

- « J’ai le Temps » avait-il signalé au garde, dans un sourire.

Ce qui était à la fois exact et faux. Preminger avait la journée devant lui, oui. Quant à avoir le Temps dans sa poche, en revanche, il ne disposait pas ENCORE de la quasi illimité de vie d’un dieu ou d’une déesse. Ce jour viendrait… En attendant…
Erwin piétina avec un agacement contrôlé le mégot de cigarette qui se trouvait à ses pieds. Bien évidemment, l’objet n’était pas sien. Preminger ne fumait pas, était, d’ailleurs, pour ainsi dire que très peu friand de toutes les marchandises risquant de désagréger son admirable corps. Il les dédaignait. Si les excès pullulaient à la Cour, le plus grand résultait dans le culte de la Beauté et jamais aurait-il ne serait-ce que pu y porter atteinte…
Il retira le haut de sa chaussure des miettes de cendre subsistant du mégot, admirant la brillance du cuir, rageant patiemment son attente. S’il avait fallu prouver sa mise à distance forcée des relations avec l’Olympe, cette présente situation suffisait à toute démonstration. Aussi ambitieux soit-il, Preminger avait grandement veiller, depuis le début de son mandat à ne solliciter aucune entrevue. Il envoyait parfois quelques missives polies et courtoises qui symbolisaient à son sens une diplomatie bienvenue et nécessaire, les choses s’arrêtaient là. Non pas que l’ambition du Maire ne se soit arrêtée au Monde terrestre, non... il avait bien évidement des projets bien plus pharamineux, mais...il savait se donner l’image et l’apparence d’un individu honnête et sympathique. Il dissimulait donc avec précaution toute inimitié à son égard.
Pour une fois qu’il sollicitait pour raison personnelle une entrevue, se voir éconduit équivalait à une honteuse mise au pilori…

« Dites, à nouveau, à la Déesse Aphrodite, que j’attendrai le Temps qu’il faudraaa qu’elle daigne me recevoir... » affirma-t-il sèchement lorsque le garde olympien se présenta de nouveau devant lui, avant de laisser un sourire aimable de façade envahir son visage.

Il ne l’avait pas laissé parler. Il connaissait suffisamment les mines que tiraient les larbins lorsqu’il s’agissait d’annoncer de mauvaises nouvelles. Mais il finirait par les user de sa légendaire patience… En attendant, il lissa son costume de soi d’un mauve qui tirait sur le lie de vin, avec un mouvement d’humeur, son autre main crispée sur le manche de son miroir. Il ne pouvait pas le sortir en pleine rue… Si par malheur quelqu’un s’amusait à dispenser le commérage que « Monsieur le Maire était un individu imbu de sa personne », Preminger craignait que sa réputation ne puisse s’y voir ternir. C’était vrai, il ne le déniait pas, mais le Peuple, tout en le sachant, n’était pas encore pleinement prêt à l’acceptation de sa Beauté…

« Si vous voulez bien me suivre... » finit par admettre le garde olympien à sa nouvelle réapparition devant lui «Olympe va vous recevoir... »

Enfin… ! Il manqua de rabrouer le garde quant à son relatif protocole. Qu’importait ! Il convenait de rester le plus diplomate possible, s’il sollicitait audience comme « n’importe qui » - qu’il n’était pas – il n’en demeurait pas moins Maire. Si une offense devait être portée, il convenait qu’elle ne vienne pas de lui. Et...il lui tardait de se trouver face à la déesse… Elle reviendrait sur ce qu’elle avait fait et cesserait de les tourmenter… Rien n’était plus aisé, pour elle et il ne doutait pas être capable de lui faire entendre raison. Il avait toujours été des plus persuasifs.
L’Olympe se révéla à lui. Cette terre ancestrale, dite sacrée pour certains, enfin accessible à ses yeux… Déjà ces derniers furetaient, avidement, à la dérobade sur les alentours, tentant de jauger prestement et de manière indécelable la richesse des lieux. Il avait songé à un gigantesque temple gréco-romain… Et ce qu’il y trouvait se révélait… particulièrement intéressant, prometteur même.
Y régnait une atmosphère de noblesse naturelle, dû à l’étalage de marbre et l’ancienneté des lieux. Malgré tout, tout semblait figé dans un lustre surprenant… suspendu au dessus du Temps et pourtant non soustrait à cet effet figé qui témoignait de son ancienneté…
Un bruissement de tissu le tira de son exploration visuelle, attirant son regard vers l’exact opposé. Une femme blonde venait à sa rencontre. Des cheveux vaporeux aériens flottaient sur ses épaules, s’arrêtant au haut de son buste et auréolant son visage d’une douceur dorée… Aphr… Non…

Hera

Preminger avait senti sa machoire se crisper, instinctivement, dans un rictus narquois, à la vue de la déesse. Il ne l’avait pas reconnue. Elle semblait différente. Et cela n’était pas simplement du à la modification de sa couleur de cheveux pour ce qui paraissait être sa vraie apparence.
De prime abord, habitué à ses tenues sobres et presque banales, la voir, ceinte d’une lourde robe de velours aux manches amples, rappelait la condition qu’elle tenait en réalité. Son orgueil criait que la déesse avait, peut-être choisi de paraître ainsi devant lui comme Incarnation de ce qu’elle était, afin de tenter de heurter son pouvoir.
Son intelligence tempérait néanmoins, lui rappelant qu’ici, sa tenue risquait d’être davantage une coutume qu’une envie subite liée à sa soudaine apparition. Hera dirigeait l’Olympe à présent. Et il songeait que cela n’était pas éloigné de son absence de liens avec cet endroit, n’en déplaise à sa fonction. Qu’importait… Tout autant qu’elle avait déjà vu son vrai visage, elle n’avait jamais pris parti en sa défaveur politiquement. Même si son silence semblait le désavouer, elle n’avait pas ouvert de quelconques hostilités à son encontre. Pourtant elle en possédait le pouvoir. Un pouvoir « divin », surnaturel qui hérissait l’ancien ministre comme il le fascinait malgré lui. La duper était exclu. Aussi, se borna-t-il à lui témoigner un respect quelque peu agacé qu’elle provoquait en lui ;

«  Chère Hera, vous ici… » commenta-t-il avec une politesse marquée de hauteur, dans un bref signe de tête.

Si ce commentaire pouvait sonner quelque peu étrange, puisque de par sa fonction : la Déesse se trouvait forcément à Olympe de manière conséquente, il ne visait clairement pas sa présence dans ces locaux. Bien évidement, que non ! Uniquement ce qui la poussait à se présenter devant lui, quand bien même en aucune manière, il n’avait mentionné son nom ou sollicité sa présence. Ils le savaient tous deux. Laissant traîner un silence, il finit par préciser, avec une affabilité minaudée :

- « Vous n’auriez pas du vous déranger, Hera, je ne cherchais qu’à obtenir une audience auprès d’Aphrodite. Ce qui n’est en aucun cas de...votre ressort, si l’on peut appeler cela ainsi, sans vouloir vous offenser. »

Sa bouche s’était tordue en une espèce de sourire poli, chargé de l’amertume qu’il lui portait, mais pas antipathique, énonçant simplement un fait. Elle avait beau faire dans les mariages, elle ne coordonnait en rien l’Amour. Ce qui suffisait, en soit, à démontrer que le Mariage était une affaire qui ne nécessitait guère ce sentiment.
Non sans lui avoir accordé une énième mimique policée, il pivota davantage, le buste tourné vers la porte.

- « L’affaire est minime mais je tiens à cette entrevue. Votre...parente ? » il s’interrompit un bref instant pour masquer son interrogation sur la nature de leurs liens, avant de reprendre « … s’est mis visiblement dans la tête de s’occuper d’affaires, qui me concernent. Je me demande bien la raison…» Un léger rictus flotta un bref instant, acide, sur sa bouche, se diluant dans la moue dédaigneuse de son visage « Cela importe peu, je viens seulement rétablir cela avec elle. Promptement et cordialement, ceci est entendu... »

Il ne comptait pas s’étendre plus sur le sujet. De toute manière, il n’avait pas besoin de le faire. Il tenait simplement à l’énoncer. Puisqu’elle savait déjà pertinemment tout. Mieux que quiconque, hormis Aphrodite, songea-t-il avec dépit. Mais puisque la connivence existait, rien n’aurait du le surprendre. Qu’importait… Il se moquait bien de la présence d’Hera. Qu’elle demeure donc jusqu’à l’arrivée de sa parente, s’il lui plaisait… Bientôt tous les éventuels « envoûtements » seraient défaits.

code by Silver Lungs
http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t80427-how-can-i-refuse-erwi


Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »

Victoire Adler

''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin Heradam04

I'll be with you from Dusk till Dawn





''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin Dujd
Edition Août-Septembre 2020

| Conte : Intrigue divine
| Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants

''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin 5ys2

| Cadavres : 722



''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-06-30, 23:33 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


De l'utilité de l'Amour et de ses marivaudages
S’il y avait bien une personne parmi les humains qu’elle pensait ne jamais accepter au sein de sa Cité, c’était bien lui et pourtant... la vie était parfois pleine de rebondissements. Après tout, elle en était la preuve vivante ? Qui aurait pu l’imaginer dans cette posture aujourd’hui en l’ayant connu par le passé ? Les choses changeaient et certaines choses arrivaient. Pourtant, Hera n’avait pas immédiatement cédé à la demande d’Erwin Dorian. Si elle avait fait durer le moment par pur plaisir, il n’en restait pas moins aussi qu’elle avait eu envie de le tester, voir s’il finirait par laisser tomber ou envisager une autre option. Pourtant, elle le savait depuis leur première rencontre, l’individu n’était pas prêt à céder facilement. Quand il voulait quelque chose il faisait tout pour l’obtenir. Toujours convaincue que son attitude était un plus que sérieux handicap dans son ascension, elle lui avait fermé les portes de son lieu, pour le confort de ne pas être embêté par de tels individus, elle qui s’était juré de plus jamais s’embêter d’une quelconque compagnie. Il était évident qu’elle détestait bien nombre de choses en lui et le manque de confiance flagrant qu’elle lui accordait n’avait pas non plus laisser son geste vide de sens. Ouvrir les portes de l’Olympe à un tel fouineur, c’était aller au-devant d’ennuis dont elle préférait se dispenser.

Malgré tout, il était resté un seul intérêt chez l’homme qu’elle n’avait su percer : la relation étrange qu’il entretenait avec sa jeune maîtresse. Elle aurait dû n’être qu’une impulsion, un caprice, une passade qu’Hera elle-même avait orchestré d’une certaine manière, espérant que la jeune femme se départirait dès lors de toutes ses illusions pour se renforcer. Mais les deux l’avaient surpris. Alexis par sa capacité à séduire pleinement le monde qui l’entourait sans en avoir même conscience. Dorian pour son mépris de tout ce qui n’était pas lui et qui s’accrochait pourtant à elle bien plus qu’il ne se l’avouait. Elle avait pourtant essayé de lui en toucher un mot, de l’aider, elle qui pourtant ne pouvait voir que d’un mauvaise œil cette situation vis-à-vis de son mariage. Elle n’était pourtant pas opposée aux séparations et aux divorces, elle tenait juste en haute estime l’union qu’elle défendait. C’était quelque chose de fort et de sacré qui alliaient deux être pour le pire et le meilleur. Et si elle pouvait entendre que parfois certains étaient allés un peu trop vite en besogne ou s’était fourvoyés par amour, elle refusait de le voir bafouer par des coucheries en tout genre. Mais cette coucherie avait quelque chose de plus que la simple tromperie qui se devait d’être démêlé tant pour lui que pour Alexis et pour Georgia, pour que chacun vive en paix et que quitte à ne pas avoir une union pleinement consommée, qu’elle s’arrête plutôt que de souffrir de l’hypocrisie. Comme à son habitude pourtant, le petit homme s’était rebellé, dans un mépris si profond qu’elle s’était bien décidé à ne plus avoir à lui adresser la parole. Elle ne conversait pas avec la stupidité, ça ne servait pas à grand-chose...

Il arrivait pourtant que parfois, stupidité laissait place à la réflexion...

— Reine Hera ? L’humain insiste, il veut voir la déesse Aphrodite... peut-être pourrions-nous lui dire qu’elle n’est pas présente ? Cela... éviterait peut-être une attente inutile ? J’ai l’impression qu’il va coucher dehors dans le cas contraire... Et j’ai bientôt fini mon tour... Basile...

Oui, si Alcibiade faisait encore partie de ces gardes qui avaient gardé un certain standing des anciennes époques, Basile en revanche faisait clairement partie de la nouvelle génération. Avec les discussions et les actions qui allaient avec. Si elle n’avait aucun dilemme moral à laisser Dorian dormir à même le sol et se faire malmener par le garde, son action piquait toujours un peu plus sa curiosité. C’était déjà la troisième fois qu’Alcibiade remonter discuter. Observant son reflet dans le miroir de sa coiffeuse, elle vit un sourire élargir ses lèvres tandis qu’elle précisait :

— Non. Ne lui dit rien. Dis-lui juste qu’Olympe va le recevoir. Dirige-le vers la salle du Trône sans le faire entrer cependant. Je vous rejoindrai.

Après un hochement de tête entendu, le garde avait disparu. Se levant lentement, elle termina le verre de vin qui était posé sur sa coiffeuse tandis que son paon tournait la tête vers elle, allongé sur coussin.

— Viens Argus. Tu vas rencontrer l’un de tes plus étranges congénères...

Le volatile l’observa d’un air des plus courroucés, sentant sans aucun doute le sarcasme dans sa parole, ce qui eut le don de faire rire la déesse.

— Je l’avoue, ce n’était pas très sympathique pour toi mon bon ami.

Elle lui fit un signe de tête avant d’ouvrir la marche, sortant de sa chambre. Le paon viendrait. Il la suivait toujours, bien que parfois il le faisait à son rythme. Elle ne s’en formalisa pas, se dirigeant dans les couloirs en direction de la salle du trône. Bientôt, elle vit la silhouette toujours si fortement apprêté du notaire, suivi du garde. Il la remarqua à son tour tandis qu’elle arrivait à sa hauteur, les mains jointes, un sourire sur le visage.

— Chère Hera, vous ici…

Le signe de tête avait été bref, crispé même, ce qui ne manqua pas de l’amuser tandis qu’elle lui répondait d’un même signe de tête. Elle constata alors que son regard doré avait parcouru en un éclair toute sa silhouette et se remémora que c’était sans aucun doute la première fois qu’il la voyait sous cette apparence.

— Vous n’auriez pas dû vous déranger, Hera, je ne cherchais qu’à obtenir une audience auprès d’Aphrodite. Ce qui n’est en aucun cas de...votre ressort, si l’on peut appeler cela ainsi, sans vouloir vous offenser.

— Oh vous ne m’offensez pas très cher, nulle crainte là-dessus. Sachez juste que tout ce qui se trouve dans ces murs fait partie de mon ressort, d’une façon ou d’une autre.

Elle lui avait souri sympathiquement, sachant pertinemment que ce n’était pas tout à fait ce qu’il voulait dire mais jugeant bon de lui repréciser aussi qui dirigeait en ces lieux.

— Je ne vous apprends rien bien sûr, vous avez été longuement proche de l’institution de pouvoir dans votre monde si je ne m’abuse.

Ce n’était pas une pique, bien plus une reconnaissance de ce qu’il avait été, sans doute trop peu à ses yeux à lui qui se voyait constamment plus royal qu’il ne l’était mais pourtant une véritable constatation de son passé. S’il avait été conseiller de la Reine, alors il ne devait pas ignorer que tout ce qui se passait dans son château était lié de près ou de loin à elle.

Ne se laissant pas pour autant démonter, l’homme poursuivit, rappelant une fois de plus la raison de sa visite. Elle s’était contentée de sourire lorsqu’il s’était interrogé sur leur lien de parenté, n’affirmant ou n’infirmant rien. Entendant la suite de ses propos, elle n’avait pu s’empêcher d’hausser un sourcil de surprise amusé en le voyant avouer presque sans détour à quel point le sujet devenu important. N’y résistant pas, elle précisa alors :

— Oh, vraiment ? S’agit-il d’Amour ? Aphrodite vous aurait-elle en définitive véritablement jeté au sort au point que... comment l’aviez-vous moqué déjà ? Que vous êtes un homme déchiré ?

Elle avait eu un sourire plus prononcé qui s’était transformé en rire :

— Je vous taquine cher ami, je ne vous ferai pas l’affront de recommencer cette discussion stupide que vous aviez tenté d’éviter avec une certaine agressivité, je dois le reconnaître... Dire que si vous aviez eu un peu plus confiance, vous auriez gagné un an... à chacun son rythme, n’est-ce pas ?

Elle se tourna alors vers le garde, précisant :

— Je te remercie Alcibiade, tu peux retourner d’où tu viens. Il va rester avec moi quelques temps, je me chargerai de son retour.

Le garde disparut tandis qu’elle reposait son regard sur Erwin qui semblait légèrement interrogatif sur la suite des évènements. Elle lui précisa alors ce qu’il ne pouvait pas encore savoir et qui lèverait le mystère sur le fait que c’était elle qui se portait garante :

— Aphrodite n’est pas là. Elle ne pourra pas répondre à votre appel aujourd’hui. Mais je vous assure que l’Amour et le Mariage ne sont pas toujours si différents, surtout de nos jours. Je me doute que vous ne veniez pas pour parler de votre douce épouse puisque vous avez bien préciser que cette affaire ne me concernait pas. Il s’agit donc d’Alexis. Peut-être pourrons-nous alors parler de ce formidable geste que vous avez fait lors de son accouchement.

Elle l’avait regardé avec une véritable intensité, mais sans aucune agressivité.

— Oui, je l’ai sentie. Cette partie est de mon ressort en revanche, vous ne l’ignorez pas.

Elle laissa un instant le silence se faire, le dévisageant toujours avant de préciser d’un ton grave :

— Elle serait morte, Erwin.

C’était une phrase sans équivoque. S’il n’avait pas agi, elle ne serait plus de ce monde. Une façon de dire qu’il ne l’avait pas fait en vain. Une façon aussi de lui faire comprendre que si elle l’avait senti en cet instant, elle savait déjà depuis quelques temps déjà ce qu’il ressentait toujours un peu plus pour elle. Voyant qu’il pourrait reculer à tout instant, elle précisa alors d’un ton plus léger.

— Marchons, voulez-vous ? Nous n’allons pas rester planté au milieu du couloir, allons vers les jardins, nous aurons de quoi nous installer et de quoi boire aussi, si le cœur vous en dit... où en aurait besoin pour poursuivre cette négociation... puisque vous veniez pour négocier, n’est-ce pas mon cher ?

Un bruissement d’aile s’était fait entendre derrière elle. Tournant la tête dans sa direction, elle tira un peu sur un pan de sa robe pour laisser plus encore apparaître le volatile.

— Je vous présente Argus, mon paon. Ne faites pas attention à lui, il a son petit caractère. En réalité, vous vous connaissez déjà. Vos yeux ont louché plus d’une fois sur ma broche en or lorsque je le portais sur mes hauts.

Elle lui sourit sympathiquement, toujours amusée de la situation avant de tendre le bras pour l’inviter à marcher en direction des jardins de la Cité. Il n’était pas question qu’elle le dirige vers feu son jardin des Hespérides. Les jardins environnants à la Cité seraient amplement suffisants. Elle marcha à ses côtés jusqu’à atteindre une petite terrasse d’où on pouvait entendre la mer de la Cité, un peu plus loin et où le vent caressait les feuilles des figuiers environnants. Une odeur sucrée se dégageait du lieu tandis qu’ils s’asseyaient autour d’une table en marbre à l’ombre. Le paon les avait d'ailleurs rejoins et se baladait nonchalamment sur la terrasse.

— Je vous sers quelque chose ?

Elle avait tendu la main pour lui montrer son verre et son pichet de vin qui venaient d’apparaître, attendant qu’il fasse son choix... et se jette à l’eau.
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Erwin Dorian
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''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-07-29, 22:34 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

Hera & Erwin
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De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages

Etant deux personnalités influentes, les voies de Preminger et de Hera se trouvaient vouées à, potentiellement, se rencontrer. Même si leurs desseins respectifs ne recherchaient pas nécessairement à le permettre.
Cette fois, cependant, elle était venue à sa rencontre, alors qu’il ne l’avait nullement sollicitée.
D’une certaine manière, la présence de la déesse ne lui déplaisait guère. Il s’amusait à la voir paraître, se rendant presque maîtresse d’une situation où, pourtant, il avait bien veillé à ne pas citer son nom. Tout comme il était intéressant de la découvrir dans une apparence différente de ce qu’il avait eu l’occasion de voir, précédemment. La prestance qu’elle renvoyait au monde extérieur s’en trouvait décuplée. Et pourtant, dès le départ, le notaire n’avait pu que noter que celle qui s’était faussement présentée comme avocate, imposait naturellement une certaine autorité. S’il avait douté de sa fonction, à la minute où elle s’était tenue devant lui, l’assurance de son maintien aurait joué des tours à plus crédule que lui.
Sa bouche s’était relevé d’un tiers, lorsque la déesse avait souligné, sans réelle volonté de dissimuler l’intention qui se cachait derrière cette précision polie, que rien n’échappait réellement à son ressort en ces lieux. Oui. Elle en était la Reine.
Une manière élégante de lui rappeler à quel point, ici plus tout autre lui, elle se trouvait influente. Preminger se serait bien gardé de l’oublier, quand bien même son arrogance était grande, et force était d’admettre qu’il aurait sûrement usé du même stratagème si elle s’était présenté à la mairie pour une raison diverse. Elle n’avait même pas besoin de battre des cartes, il lui suffisait seulement de signifier au notaire où se trouvaient ses pions. La Terre qu’il foulait vibrait selon les désirs d’Hera. Il allait de soit, qu’il considérait la déesse bien davantage vouée à l’harmonie et une sorte de démocratie que sa propre manière d’envisager le pouvoir. Néanmoins, elle possédait l’avantage du terrain et de la force.

Je ne vous apprend rien, bien sûr, vous avez été longuement proche de l’institution de pouvoir dans votre monde, si je ne m’abuse. »

Cette précision n’était pas dite spécialement dans le but de le vexer ni de le provoquer, crut-il, pourtant, déceler. Bien davantage pour remémorer à son esprit quelques souvenirs par trop vivaces encore… Elle avait raison, oui. Il avait été longuement proche de l’institution du pouvoir. En même abusé de cette institution de pouvoir pour arriver à ses faits. Belle époque…
Même si, d’une certaine manière….

« C’est tout à fait exact. Et, d’une certaine manière, encore d’actualité. Bien qu’il va sans dire que la gestion d’une ville est incomparable à tout ceci... » il eut un geste vaporeux de la main, désignant l’imposante structure qui les accueillait.

Ou plutôt l’accueillait. Hera y trouvait sa demeure quotidienne. Chose rare, son sourire s’était teinté de modestie. Et si ce sentiment était l’un des plus étrangers à Preminger, il devait reconnaître que les problèmes qui se présentaient dans sa ville n’étaient que des pis-aller face à ceux hantant ces lieux millénaires. Les affaires divines et titanesques menaçaient l’équilibre de ce monde… avec plus ou moins de succès, selon les combats. Les principales difficultés rencontrées à Storybrooke n’en n’étaient que des répercussions.
Tout aussi tentants soient les débats que ce point suscitaient, il l’écarta d’un simple revers de la mai de l’équation. Il ne se présentait pas pour discuter politique et...par ailleurs, la déesse ne requérait pas son avis en la matière. Il allait de soit que son exclusion de l’Olympe s’entendait de paire avec une volonté manifeste de l’exclure sciemment de toute incursion sur la scène politique divine.
Outre sa nature humaine, qui avait tôt fait de l’évincer du débat pour certains, il pariait que Hera, devinant son intéressement, avait su l’en tenir à distance par le silence d’Olympe à son égard. Ce qui était, il devait l’admettre une excellente décision, s’il évaluait son propre danger, demeurant cette couleuvre malfaisante, habile à se faufiler dans la moindre lacune exposée.
Toute aussi doux que l’accueil réservé pouvait être, Preminger n’oubliait pas la raison de sa visite, qui n’était nullement une visite de courtoisie à l’encontre de la Déesse du Mariage. Non. C’était Aphrodite, comme il le rappela. Cette mythique ensorceleuse qui avait affûté son arme pour persécuter. A la demande d’une autre, il aurait pu le parier.
Ce qui le poussa, ensuite, à se borner à pincer la bouche dans une mimique altière, sous la raillerie de la déesse du Mariage. « Déchiré... » Cette dernière, avait semblait-il, reprit jusqu’à des propos de l’année précédente dont il avait allégrement oublié la tournure précise.
Elle récolta, en échange, que ce vague sourire lointain et hautain, « flatté » qu’elle puisse avoir tant été marquée par ses paroles au point de les avoir retenues…. A moins que son statut d’immortelle ne la poussa à considérer la longueur d’une année avec la même netteté qu’une minute écoulée...
Par ailleurs, la pique assenée, la déesse semblait bien décidée à arrêter là l’attaque et à apaiser la discussion. Pourquoi diantre ? Pourquoi cette politesse à son égard ? Preminger analysait cela comme une volonté non déguisée d’aplanir la situation. Mais pourquoi donc lui prêtait-elle cet égard ? Pourquoi même se prêtait-elle à ce jeu des politesses ?
Fallait-il l’analyser comme une volonté d’apaiser son éventuelle colère ? Ceci n’était pas vide de tout sens. Au regard du tournant… chaotique qui avait pris vie dans sa liaison quotidienne, dire que son humeur se trouvait particulièrement échauffée était un euphémisme. Pourtant, il demeurait figé dans son irritation.
La prudence de la déesse dissimulait peut-être une volonté de l’amadouer qui laissait supposer qu’elle avait potentiellement plus à perdre que prévu, lorsque surviendrait son entrevue avec Aphrodite.
Pour autant, Preminger demeurait, on ne pouvait plus dubitatif quant à la posture qu’Hera essayait d’adopter au fil de sa conversation… faisant mine de croire presque qu’elle n’avait demandé qu’à… quoi ? L’aider concernant l’amour ? Réellement ? Un pli ironique avait relevé sa lèvre supérieure, tandis qu’un filet de rire s’échappait de ses dents blanches.
Vraiment ? « S’il avait eu un peu plus confiance, il aurait gagné un an? » Elle ne pouvait sérieusement penser raisonnablement ainsi !
« Même s’il y avait eu matière à confidence, Hera, comprenez, ma très chère, que la confiance, en revanche fait débat… Je vous estime par trop pour le faire pleinement » rétorqua-t-il en pensée, avec une douceur fielleuse.
Ceci n’était même pas la flatter, mais sa réelle conception de cette imperturbable stratège qui l’observait, un sourire paisible et railleur que le visage.
Preminger avait, en se confrontant à la déesse du mariage, décelé une réelle intelligence chez elle. cette dernière, se révélant une adversaire redoutable. Tant par la magie maîtrisée et qui lui concédait un avantage non négligeable, qu’un esprit stratégique réel. Hera était son ennemie. Elle ignorait sûrement en revanche, à quel point il pouvait être le sien, mais elle avait décelé son potentiel. Il convenait qu’il en resta ainsi.
Aussi, pourquoi diantre aurait-elle sincèrement souhaité l’aider ? Un individu qu’elle méprisait, de facto, par ses valeurs et son allure ostentatoirement vénéneuse. Nombre de personnes pardonnaient aisément aux individus leurs péchés, Hera, dans l’opinion qu’il se faisait d’elle, était bien trop rusée pour être crédule à ce point.
Mais, peut-être la vexerait-elle en l’affirmant ainsi. Peut-être, cette sorte de confiance qu’elle cherchait à instaurer entre eux n’avait rien de particulièrement inquiétant. Et il était possible d’observation la situation sous un angle nouveau, différent.
La déesse ne méprisait pas les mortels. Il avait constaté qu’elle avait su, dès qu’elle l’avait décelé, prendre la mesure de sa menace à l’égard d’Alexis. Mais… peut-être que bien qu’ayant pris connaissance de son potentiel, ne l’avait-elle jamais appliqué à son propre cas. Pouvait-il l’en blâmer ? C’était une déesse. Par conséquent, un être immortel aux pouvoirs disproportionnés. Il n’était qu’en apparence un mortel bien démuni face à toute trace de magie. Hera pouvait facilement venir à bout de l’un même par le seul claquement paresseux de ses doigts. Aussi, pouvait-elle tout à fait se croire à l’abri de tout risque et ne le considérer comme proche d’un ennuyeux moustique que la couleuvre vénéneuse et mortelle qu’il pouvait être.
Aussi, tout ce qu’il prenait pour de l’information mesquine cachait davantage, selon ce prisme, un intérêt condescendance à son égard… Et servait ses propres intérêts.

Pendant qu’il se livrait à ses pensées, Hera congédia le garde. Preminger nota au passage le prénom, par précaution. Alcibiade. Un prénom grec. Aurait-il du s’attendre à autre chose ? Cet homme devait sûrement faire ce travail depuis des années… Un roc parmi d’autres, dans cet agrégat de pierres et d’antiquités en tout genre. Si tel était le cas, pouvait-il aussi revendiquer la qualité de divinités ? Ou ceci n’était-il réservé qu’à ceux, qui comme Hera possédait des pouvoirs ? Peut-être lui poserait-il la question, puisqu’elle semblait si avenante.
Restait malgré tout la question d’Aphrodite… et son complot fomenté.
Et peut-être l’absence de la déesse de l’Amour, comme elle le lui annonça, expliquait une grande partie de son humeur joyeuse. Preminger contracta la mâchoire, de manière infime. Peste. Il se déplaçait et comme par hasard, elle s’absentait… Les dieux pouvaient se téléporter, non ? Elle n’avait pas précisé, évidement, depuis quand cette dernière s’était absentée.
Il fouilla le visage impassible d’Hera, à la recherche d’un éclat de mensonge et d’une miette d’information, ne trouva aucune de ces choses. Elle possédait les talents nécessaires pour rien ne faire paraître de la vérité. Mais à quoi bon lui avoir accordé de monter si ce n’était pour lui mentir à présent ? La déesse goûtait peu à l’humour futile pour qu’il ne fusse l’objet d’une simple farce. Il eut suffit d’attendre que sa patience ne s’érode.
Aphrodite partit… Hera ne paraissait pourtant pas le congédier. Fort bien. Il n’en n’avait guère l’intention. La véritable « investigatrice » de ce « simulacre de tragédie grecque » ne se trouvait-elle pas devant lui ? Bavassant avec lui tout en reprenant sa comparaison entre amour et mariage, analysant son attitude, comme tentant d’y décrypter, tel un étrange sujet de laboratoire.

- « Peut-être pourrons-nous parler de ce formidable geste que avez fait lors de son accouchement ».
« Je n’ai aucune envie de parler de quoique... » Mais sa réponse s’était trouvée mort-née avant même de franchir ses lèvres, n’ayant pas eu même seulement le temps d’ouvrir la bouche. Seules ses pupilles dorées étincelèrent sous le choc, d’une malveillance défensive. Comment.. ? Comment avait-elle su ? Il fouilla la liste des témoins, les écartant, l’un après l’autre. Alexis. Regina. Hadès. Cerbère. Elliot. Kelly. Certains individus brillaient parfois par leur langue bien pendue, néanmoins l’information n’ayant jamais fuitée, il évinçait l’idée que l’un d’entre eux puisse avoir amené le sujet jusqu’à Erwin. Quant à lui… l’orgueil du ministre n’était pas à prouver ni même à démontrer. Depuis sa naissance, il avait bâti son existence à l’aune de sa vanité. Malgré tout, il demeurait clairement dubitatif quant à sa perception de ce geste.
Son corps seul avait réagi et déjà, observatrice et sûre de son avance, Hera précisait :

« Oui, je l’ai senti. Cette partie est de mon ressort en revanche, vous ne l’ignorez pas. »

Il ne l’ignorait pas, c’était certes vrai. Et elle l’assurait avec un tel aplomb, qu’il n’aurait guère osé la contredire à ce sujet, si ceci avait été source de débat. Il observait cet aplomb, lorsqu’un doute effroyable lui vrilla, subitement, la tête.
Preminger s’était toujours senti maître de son corps. Plein possesseur de tout, décideur en tout Temps. Mais, il n’était pas sans ignorer les pouvoirs de la déesse. Comment l’aurait-il pu l’effroi causé à Crafty ainsi que les pages, depuis vierges, de l’acte de propriété passé dans ses mains laissaient des traces et des rancoeurs. Si bien, les gestes et la morale particulière de cette dernière flottaient dans son esprit. Ses actions de ce jour, se mélangeaient aux siennes, plus récente, sous le coup du sang et des cris. Le Tout, le néant et la vie. Un tourbillon désagréable et flou qui ne s’était estompé qu’au sortir de l’être vivant né. De l’Erreur.
Aussi rarement qu’il y pensait, Preminger avait interprété son intervention « miraculeuse » comme un refus de la mort d’Alexis face à l’incompétence régnant dans ce lieu. S’était senti agir, tel presque un automate, dans la rage et le flou. Ce qui n’était en rien siiii surprenant, non ?
Mais les mots de la déesse ajoutait une ligne imprévue à l’équation. Une ligne qu’il avait omis. Sa ligne… Divine.
Ces paroles n’avaient pu que vouloir remémorer à son esprit son impact magique sur les naissances.
Mais justement. Se pouvait-il qu’elle puisse l’avoir… forcé ? Incité ? Inculqué l’ordre par sa magie ?

« Elle serait morte, Erwin »

La voix nette et assurée d’Hera coupa le vif de sa réflexion. Le déstabilisant. Il accusa le coup, silencieusement, crispant sa mâchoire, conservant en apparence son air hautain et glacé imprégné sur son beau visage.

« Eh bien !… Voilà qui aurait été... fort regrettable »

Il l’articulait avec force, mais sa gorge restait sèche et ses yeux fixes et flamboyants. Comme plantés dans la vérité qu'elle lui offrait.
Sachant ce qui se trouvait derrière : l’ubiquité possédée par Hera qui n’avait pu la faire menteuse.
Elle serait morte. Morte. Il lui sembla distinguer les bruits, les cris encore, la marque de l’incompétence et l’odeur ensanglanté qui imbibait le moment. Mais ce n’était qu’un mirage… Un simple mirage. Le lieu était paisible, dans un silence étiré et ne flottait dans l’air qu’une fraîche odeur de coton. Un mirage.
Son regard n’avait pas quitté Hera. Seule une agitation s'était levée derrière ses yeux. Pourquoi lui faisait-elle part de cette information ?
En lui livrant ceci, se cachait-il une sorte de curieuse volonté de le libérer de cette sorte de malaise dédaigneux quant à l’acte qu’il avait pu accomplir ? Une manière de lui crier, subtilement, que l’action portée s’était réalisée à raison. Qu’il avait eu, ainsi, plus qu’une vie entre ses mains. Mais deux. Il avait frémi d’orgueil et d’effroi. Il admettait sans gêne que seule l’âme d’Enora avait possédé, à cet Instant décisif, une valeur à ses yeux. Et sa douleur clouée à même sa vision avait éveillé en son corps une rage qui avait impulsé son mouvement. Il n’aurait pu rester ainsi, à la regarder se vider de son sang, goutte après goutte, dans les cris et la douleur.
Du poids de la révélation d’Hera émergeait cependant quelque chose qui touchait à l’intime.
Il semblait qu’elle voyait bien plus. Bien plus peut-être qu’il n’avait su ou voulu voir. Et qui rejoignait le motif de sa venue…
Son visage avait eu un léger recul, alors...

Elle lui proposa subitement de marcher et il nota soudainement combien ses jambes lui paraissaient lourdes dans leur immobilité. Son temps d’attente dans la rue de Storybrooke n’avait pas arrangé les choses… Et puisqu’elle semblait décider à le recevoir comme il se devait… L’air de rien, d’ailleurs. Comme si elle n’intriguait pas dans son dos, comme si elle ne s’amusait pas à l’éprouver ou le sonder. Malgré tout, il l’avait suivie, sentant s’estomper son envie subite de prendre congès.
Son menton se releva, tandis que ses paupières se fendaient, tel un reptile, mais sa bouche en revanche avait pris le chemin d’un sourire aimable.

« Je viens effectivement pour négocier et je pense, qu’à défaut d’Aphrodite, le faire avec vous n’a rien d’extravagant, n’est-ce pas ? Après tout, vous êtes si clairvoyante que rien ne vous est jamais longtemps caché, ma chère Hera... »


Aussi sympathique que demeurait sa voix, ses yeux n’y trompaient pas et visaient la grande perspicacité dont elle avait fait si flagrant étalage. Que voulait-elle ? A quoi jouait-elle ?
En évoquant la négociation, elle ne pouvait plus feindre découvrir ses motivations, sinon prétendre fort bien connaître son fonctionnement. A défaut, c’était là aussi admettre une connaissance plus grande sur l’affaire. De la connaissance à sa propre implication, il n’y avait qu’un seul pas. Ce faisant, ne se révélait-elle pas finalement comme l’instigatrice ?
Un bruissement s’était fait entendre derrière le bas de la robe opulente de la déesse. Presque aurait-il pu croire à une illusion si cette dernière n’avait tiré sur le pan de son vêtement, laissant apparaître un splendide et opulent paon bleu et vert. Comme conscient des yeux qu’il avait attiré, l’animal s’était ébroué, pour mieux faire luire ses plumes aussi brillantes que l’émeraude et le saphir dont il empruntait les couleurs. La lueur de convoitise s’était accentuée dans les yeux du ministre et à l’instar de l’amabilité policée de la déesse, il avait énoncé dans un sourire altier :

« Un splendide spécimen, vraiment… Votre broche possédait de forts attributs, mais j’étais bien loin de pouvoir me douter de sa valeur quelque peu inédite… Tout comme je n’avais noté, jusqu’alors sa présence. Il semble doué de forts prédispositions, lorsqu’il s’agit de se dérober à la vue de tous ».

Il ponctua d’un rire frais, agréable. D’un de ces rires séduisant et musical qu’il maîtrisait bien et charmait ses interlocuteurs les plus réfractaires.

« D’ailleurs de plumes se faire or… ! Quelle curieuse transformation. Est-ce une illusion ? Ou devient-il réellement métal ? »

Cela les amenait loin de l’information précédente, mais Preminger devait admettre être fort peu mécontent de pouvoir reléguer dans un coin obtus de son esprit si vaste, l’information transmise par Hera. Il ne voulait s’y attarder. Il ne fallait pas. Les questionnements de ce genre ne devaient être invoqués en ces lieux.
Il était bien plus aisé que de discourir sur l’attrait tout particulier que semblait avoir la déesse pour ces volatiles. Ainsi, elle aimait les paons. Lui aussi les affectionnait tout particulièrement. Le plus beau du panthéon animal et dont il s’attribuait la ressemblance, jusqu’aux vices connus de l’animal. Cela leur faisait un point commun.
Hera avait commencé à cheminer dans les allées et il l’avait suivie, profitant de leurs déambulations au gré du Palais d’Olympe pour observer la démarche louvoyante de l’animal et le reflet turquoise de ses plumes. Peut-être aurait-il du acquérir pareil spécimen. Le paon aurait du être l’emblème de la royauté, assurément. Tout aussi fasciné qu’il pouvait être par l’animal, une part de son esprit, qu’il tentait de chasser au loin, demeurait néanmoins préoccupée.. Et des cris lancinants vrillaient ses souvenirs se superposant à des interrogations plus récentes.
Bientôt atteignirent-ils une charmante terrasse, où une table avait été dressée à l’ombre des figuiers. Le sucre des arbres se mêlaient à l’air salin, chargeant l’atmosphère d’un contraste saisissant et estival. Il s’en gorgea, en s’asseyant, croisant les jambes nonchalamment, non sans jeter un coup d’oeil au nommé Argus qui continuait de déambuler non loin d’eux.

Je vous sers la même chose ?
« Oui, comment refuser?  ».

Il n’avait même pas cillé lorsqu’un verre et un pichet rempli de vin rouge étaient apparus devant la déesse, ne réagit encore moins lorsqu’un verre de cristal apparu magiquement en face de lui sur la table de granit. Pris néanmoins le Temps de l’observer le servir avant d’ajouter quoique ce soit. C’était la fin des banalités, la mise en jeu des importance, l’Heure des comptes.
Il laissa ses lèvres tremper sans le verre, s’imprégnant de la couleur rubis, avant une gorgée.

«  Vous avez déploré que je ne savais me confier à vous Hera. Puisque j’ai pu vous négliger à ce sujet, alors soyez rassurée, ce sera chose faite. Aussi, soit soyons francs et sans dissimulation aucune. Je venais effectivement vers Aphrodite… et vers vous, à présent au sujet de Miss Child et non de mon épouse… »

Sa voix n’avait subit aucune hésitation. Loin de là. Il pencha la tête de côté, pour mieux la dévisager avec une acuité nouvelle, ponctua son discours d’un geste vague et horizontal de la main gauche :

« Nous rencontrons...appelons ceci une perturbation dans notre liaison. Comprenez-moi, bien, je règle à merveille mes relations tant civiles que professionnelles, je n’ai pas besoin d’aide. Néanmoins, la perturbation qui nous oppose porte un nom très aisément connu et il est l'apanage de votre parente. Disons que tout le nœud tourne autour de ceci. »


Il fronça les sourcils, chassant une goutte imaginaire sur le rebord de son verre. Le sujet l’agaçait, depuis Noël. Depuis qu’elle avait formulé cette question. Depuis qu’en y répondant, une brèche s’était créée. Il ne pensait pas à celle qui avait lézardé leur relation mais à la vague d’interrogations et de frustrations colériques qui en avaient suivi. Certaines choses devaient être tues. Certaines choses n’avaient pas besoin d’être sues. Certaines choses n’avaient même pas besoin d’être comprises. Il s’en était rendu compte au cours de cette discussion, alors qu’il plongeait dans sa propre psyché. A quoi bon s’interroger sur la place qu’occupait un être dans votre vie ? Il ne fallait pas. Et s'y sentir obligé n'avait rien d'anodin ni même de normal.
Il poursuivit, les sourcils toujours froncés:

« Cette jeune femme est on ne peut plus perturbée par mon manque d’affection à son égard. Je sais maîtriser les effluves et les conséquences de l’Amour, dans un cas particulièrement ordinaire. Le fait est que la situation ne l’est guère, et vous savez pourquoi ».

Sa voix se tendit, même s’il veillait à demeurer courtois. Il n’était pas venu pour faire œuvre de menaces. Mais pour négocier, oui.
Aussi, ne menaçait-il pas, constatait seulement. Une réflexion qui avait pris corps à Noël, à l’issue de son entrevue chaotique avec la libraire. Elle avait eu cette phrase à son encontre, afin de le rassurer sans en mesurer l’erreur. L’Amour n’était pas empreint de sa propre vie. Oh si, il l’était. Et au regard de ceux qui en détenaient les rênes, il devenait politique. Tout aux prises à son raisonnement, il décréta doucement avec la sérénité de l’assurance :

«  Nous savons très bien ce que l’Amour est : Par le biais de votre parente, il devient plus que le sentiment aléatoire, médiocre et insignifiant qui nait, parfois, en chacun. Non, il est empreint, par son intermédiaire, de sa propre vie, de ses convictions. »

Ce qu’il avait réalisé ce jour là.
Ce risque, un danger sur lequel il n’avait aucune prise… Il en avait été progressivement convaincu – ou s’en était progressivement convaincu- au fil des jours et des semaines passant. Le Temps défilait, et Erwin avait parcouru son passé, l’historique de sa liaison avec la jeune femme jusqu’à son attitude tempérée à son égard qui ne s’apaisait pas, comme nombre d’alertes sur l’ingérence cachée de la déesse dans sa liaison. Bien que s’étant promis de ne pas interférer dans le cheminement de la jeune femme, il commençait à s’impatienter quelque peu, sans n’avoir rien perdu, pourtant. Ceci mis bout à bout avait fait croire la certitude d’une main divine au-dessus d’eux. Non un Destin aléatoire dont il pouvait aisément choisir la roue du Temps. Non. Une main divine, dans le sens le plus simple du terme, lorsque l’on savait que les dieux peuplaient ce monde et que certains ne portaient pas à son égard, des sentiments les plus cordiaux.

« Nous avons maintes discussions au sujet de Miss Child, vous et moi. Je me souviens parfaitement que vous aviez manifesté à l’époque, un intérêt particulier pour cette jeune femme. La suite des événements m’en a rapproché, fortuitement » un sourire vicieux teinta son visage hautain. Il demeurait toujours satisfait de ce dénouement. Quand bien même les circonstances présentes se trouvaient particulières.

« Aussi, il va s’en dire que cette relation vous dérange, sûrement, mais semble vous intriguer davantage. De là, à ce que vous y trouviez votre terrain de jeu… peut-être.
Mais, je tenais à vous rappeler que je suis loin d’être un cobaye. Quoique cette liaison puisse vous évoquer, cela ne justifie pas que l’un d’entre nous, soyons l’objet de quelconques… expérimentations ou que sais-je.  »


ll avait bu une nouvelle fois, une infime gorgée du nectar rouge et odorant, le laissant se diffuser dans sa gorge, pour diluer son irritation avant qu’elle ne perce. La déesse n’avait pas cillé. Il ne s’attendait à rien d’autre. Peu importait, il savait pertinemment. Ce qu’elle avait initié avec l’aide de sa parente.

« Après tout, vous vouliez rendre plus forte cette jeune femme, sûrement considérez-vous que l’état de sa psychologie présente, sa souffrance ne pourront que l’endurcir pour l’amener à ce que vous souhaitez d’elle. En parallèle, vous vous jouez de mon mépris quant à tout état d’affection quelconque… Soit. Vous avez pu faire étalage de vos pouvoirs d’influence sur autrui. J’en fais grand cas. Mais, cette démonstration étant faite, je requière aimablement, à votre égard et celui de votre parente que vous cessiez toute ingérence dans cette affaire. Ceci ne vous regarde pas. Je vous convie donc de cesser tout endoctrinement d’une part et tout sortilèges de l’autre. »

Aussi risible que cela eut pu paraître, Preminger en était à présent, pleinement persuadé. Elle l’avait influencé. C’était elle, sûrement, qui, dans une volonté d’atteindre la survie de la jeune femme l’avait poussé à agir ainsi.
C’était elle qui l’avait poussé à mettre au monde ! Ces mots et cette situation surréalistes ne pouvaient qu’avoir été dictés par elle. Elle la déesse des naissances.
C’était elle, aussi, qui avait créé ce… sentiment dont il ne voulait pas. Avec la complicité de sa parente. Ce n’était pas de l’Amour, sûrement. Mais. C’était déjà bien trop. Notamment par son aisance à revenir dans ses pensées, le forçant à y réfléchir. S’il ne trouvait pas les mots, s’il ne parvenait pas à désigner ce lien par un mot quelconque, c’était sûrement parce qu’elle s’immisçait dans ses pensées. Pour s’amuser à le guetter, attendant le faux pas.
Mais il ne faillirait pas.
Il était persuadé qu’Hera demeurait, femme de conscience. Une intelligence rare et puissante qui, quand bien même, ne savait déceler sa puissance réelle, avait pu devenir la force de son impact. Si « infime » qu’il puisse lui paraître, elle ne souhaiterait pas l’avoir contre elle. Elle accepterait. Peut-être même, le but de sa manœuvre n’avait été que pour le conduire ici, à solliciter l’arrêt de cette mascarade et donc à admettre la puissance de sa magie. Et donc sa dangerosité.

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Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »

Victoire Adler

''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin Heradam04

I'll be with you from Dusk till Dawn





''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin Dujd
Edition Août-Septembre 2020

| Conte : Intrigue divine
| Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants

''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin 5ys2

| Cadavres : 722



''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-07-31, 22:25 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


De l'utilité de l'Amour et de ses marivaudages
Il était si fascinant de le voir se débattre avec la Vérité. Si Erwin Dorian avait rejeté avec force et véhémence cette hypothèse l’année précédente, ne prenant nulle conscience de ce qui se tramait autour de lui et à l’intérieur de lui, il semblait pourtant aujourd’hui en proie à ce sentiment et en était plus perdu que jamais. Il mettait tant de force et d’énergie à le réfuter qu’il n’avait même plus suffisamment de vivacité pour se trouver des excuses, des raisons erronées qui le ferait se sentir mieux. Elle avait observé la réaction qu’il avait eu quand elle lui avait annoncé qu’Alexis serait morte sans lui. Pour la première fois sans doute de sa vie, il avait fait ce geste par pure bonté et sans calcul. Certes, il pouvait se figurer de l’avoir fait pour s’assurer son avenir mais la Vérité derrière tout cela, c’est qu’il avait vu sa souffrance, la mort couler lentement dans le fond de ses yeux et cela lui avait été insupportable. Il n’avait pas voulu la perdre. Il avait fait quelque chose pour la soulager... et la sauver. Il avait tenté de s’y dérober avec une phrase des plus neutres mais son regard flamboyant et le son de sa voix, guidée par une gorge sèche en disait bien long sur l’horreur que cette pensée créait sur lui. Elle n’avait rien répondu cependant, le laissant en proie à son sentiment, refusant de le torturer plus sur le sujet de peur de le brusquer.

Si cela la fascinait autant, c’était peut-être parce qu’elle avait cette même peur au fond d’elle-même, cette même force qui se refusait à plier devant l’Amour. L’Amour, elle l’avait sans doute espérée enfant, comme toutes les petites filles, tous les petits garçons, elle l’avait peut-être même imaginé quand Zeus l’avait prise pour épouse, loin devant le joli minois d’Aphrodite, pourtant perle envoûtante qui lui causerait bien des tourments des années plus tard. Mais ce qu’elle avait vécu, ce n’était pas de l’Amour. Elle n’avait vécu que l’horreur, la douleur, la solitude et la torture. L'Amour, elle ne l’avait ressenti que pour ses enfants. Pour chacun d’entre eux, malgré l’horreur de leur conception. Elle avait commencé à les aimer en les sentant se développer à travers elle, en les sentant bouger. Elle avait irradié d’Amour à l’accouchement, en croisant leur regard pour la première fois, juste avant qu’ils ne lui soient arrachés à jamais et qu’il ne lui reste plus que sa souffrance, leur souvenir et un corps encore éprouvé de leur présence pour s’en torturer. Ils étaient morts. Les uns après les autres. Et le Poison les avait définitivement faits disparaître de la surface de cette Terre, il y avait quelques années de cela. Depuis, Hera s’était jurée de ne plus finir à l’amende de l’Amour. De ne plus ressentir la douleur de la disparition d’un enfant. De ne plus croire qu’un être étranger pouvait l’aimer plutôt que de la faire souffrir. Depuis sa Liberté, elle avait papillonné, à la découverte de son corps et des plaisirs charnels auxquels elle avait été privée. Mais dès qu’elle avait senti un attachement se faire d’un côté ou un autre elle avait fui, sans doute avec plus de force qu’Erwin ne le faisait à présent. L’être avait beau être antipathique au possible, il semblait à cet instant avoir suffisamment de force et de courage pour affronter ce qu’il l’effrayait tout en évitant de l’admettre... à moins que l’Amour ne l’empêche déjà de s’enfuir...

Tout en faisant route vers le lieu qu’elle lui réservait, il avait fait les louanges de son fidèle compagnon et elle accompagnait ses remarques avec un sourire franc, fière d’Argus et de ce qu’il représentait à ses côtés. Elle s’était contentée d’hocher positivement la tête quand il avait soulevé la possibilité de négocier avec elle mais elle se sentait plus libre de discuter sur son fidèle paon. Alors qu’il lui avait tendu son bras comme le voulait la bienséance, elle l’avait pris et pris même l’occasion de lui tapoter légèrement la même avec un petit rire :

— Et bien et bien, mon cher, si je ne vous connaissais pas, j’aurais pu croire que vous étiez en train d’estimer mon volatile dans le but éventuel de vous en emparer.

Elle lui avait souri en plantant ses yeux vers dans les siens. Bien sûr, tout cela était purement ironique et ils le savaient l’un et l’autre. Elle ajouta pourtant avec sincérité :

— Je vous préciserai donc par sympathie pour vous que je vous déconseille de vous y risquer. En dehors de ce que je pourrai penser de cet enlèvement, je dois vous avertir qu’Argus est plutôt... bougon et rancunier, pas facilement manipulable par autrui. Certains risqueraient d’y laisser... quelques plumes dans le meilleur des cas. Pour vous répondre tout de même, je dois bien avouer que oui, il a quelques prédispositions pour la discrétion malgré son extravagance habituelle. Quant à son apparence... disons que la vérité se trouve à mi-chemin. Tout n’est pas toujours blanc ou noir chez nous, mon cher.

Ils avaient fini par s’installer et Hera avait servi un verre de vin à son hôte, le laissant commencer ses explications tout en sirotant son verre. Comme elle regrettait son manque d’alcoolémie grandissant. Ce moment aurait été tellement plus séduisant si les deux protagonistes avaient l’occasion de se laisser aller à l’ivresse légèrement. Dorian était plutôt du genre mesuré et dans le contrôle mais la déesse était prête à parier qu’il méritait un peu de légèreté face au nœud qui se créait dans son esprit avec cette situation.

Elle l’avait écouté attentivement, le laissant parler sans chercher à l’interrompre. Pour une fois, son ton présomptueux et supérieur avait semblé être un temps mis au placard pour quelque chose de plus analytique et tendu aussi. On sentait que la situation commençait à le peser plus qu’il ne le voulait, peut-être perdait-il aussi un peu patience. L’inévitable était arrivé. Avant qu’il ne perde patience, c’était visiblement Alexis qui l’avait fait. La jeune fille était un exemple de vie et de lumière. Elle avait cette façon bien à elle de rayonner sur le monde et son entourage, distillant son amour et sa patience à ceux qui croisaient sa route et à qui elle s’attachaient. Erwin avait eu l’occasion d’y goûter pendant plus d’un an à présent. De sa douceur, son soutien, son amour sans jamais lui en donner sans doute en retour. Elle avait été patiente. Jusqu’à ce qu’elle demande l’impossible. Enfin l’impossible... c’est ce que lui pensait... sans se rendre qu’il lui réservait déjà, sans pourtant s’autoriser à lui donner. Hera pensait à la pauvre jeune fille qui gérait d’une main de maître cette vie en solitaire sans jamais se plaindre. Elle pensait à cette pauvre femme qu’était Georgia aussi, laissée dans l’ignorance et maintenu dans un écrin pour ce qu’elle représentait sans doute sans pourtant jamais se voir accorder ce qu’il offrait à la brune. La déesse se revoyait peut-être un peu dans son épouse, elle pouvait éprouver sa solitude, bien que pourtant l’amour était entièrement absent de ce qu’était Zeus.

La suite de la conversation la surpris tellement qu’elle n’avait pas cherché à cacher le haussement de sourcils qui en avait découlé. Il avait tant cherché une raison pour expliquer ses agissements envers Miss Child qu’il en avait trouvé une des plus caustique. ELLE en était la cause. Hera... et sa “sœur” Aphrodite. Comment en était-il arrivé à une conclusion aussi ubuesque ? Il semblait évident qu’il n’avait jamais cherché à s’intéresser à ce qu’étaient les dieux dans leur essence la plus profonde. Il avait dû faire ses propres conclusions avec ce qu’il en avait peut-être lu et ce qu’Alexis avait dû lui en dire et l’inévitable était arrivé. L’Amour n’existait vraisemblablement pas sans Aphrodite qui forçait tous les couples sur son passage. Elle aurait pu crier à la prétention de l’individu de croire qu’ils n’avaient que ça à faire que de se mêler de sa vie mais l’argument suivant tenait plutôt bien, elle devait l’avouer. Elle s’était elle-même immiscé dans la relation à plusieurs reprises, pour protéger Alexis d’une part quand celle-ci l’avait demandé et pour protéger Georgia et son mariage d’autre part quand elle avait vu ce que la petite étincelle et son grand méchant loup d’amant avait provoqué comme séisme. Ce n’était qu’une occupation parmi tant d’autres... une de celle qu’elle avait délaissé après leur désastreux voyage à Dublin. De là à l’imaginer continuer à le torturer... il le faisait d’ailleurs parfaitement bien tout seule. Cette pensée la ravit alors et lui arracha un léger sourire tandis qu’elle le toisait en silence depuis quelques minutes depuis la fin de son discours où il lui avait demandé de cesser tout “agissement”. Posant les coudes sur la table, elle s’était avancé doute en posant son menton sur le dos de ses mains tenues en hauteurs, l’observant un instant de plus. De but en blanc, elle finit alors par lui demander :

— Que buvez-vous lorsqu’il vous arrive de prendre quelque chose de plus fort ? Whisky ?Vodka ? Ce que vous voulez...

— Plus fort ?

Il l’observa un instant, perplexe. Il semblait ne pas s’être attendu à cette demande après celles qu’il avait formulé, ce qui était bien normal. Elle se contenta d’hocher la tête tandis qu’il poursuivait :

— … j'opterai pour le cognac, je présume, il en existe des exquis.

Elle avait détaché une de ses mains de son menton pour faire un geste circulaire devant elle qui l’invitait sans aucun doute à commander. Après l’avoir observé un instant de plus avec un air circonspect, il avait fini par opiner et commander celui qu’il désirait. Il l’avait d’un air un peu hautain, avec une moue peu convaincue et réticente qui semblait vouloir signifier “bon, pourquoi pas...”. Sans attendre un instant de plus, elle fit apparaître le verre adéquat, en cristal, avec la bouteille attendue et un seau à glaçon. Elle ne lui avait pas pour autant retirer son verre de vin et la tête qu’il faisait l’amusait tellement qu’elle ne put s’empêcher de le taquiner :

— Vous voulez peut-être que je vous accompagne ? Des fois que vous craignez l'empoisonnement ou que je tente de vous soûler...

C’était purement ironique dans la mesure où le fait qu’elle puisse l’accompagner ne le prévenait pas pour autant d’un des cas ou de l’autre. Il avait eu un sourire sarcastique, sans doute un peu piqué par son attitude mais il restait pourtant aimable :

— Non. Mais, si cela vous tente, je vous en prie, vous auriez tort de vous en priver, ma chère...

Faisant un mouvement comme pour le dissuader de vouloir éventuellement la servir, elle précisa :

— Je vous remercie de votre invitation, je terminerai mon vin dans un premier temps, cependant. Je préférai vous le proposer, vous semblez me croire à l’origine de tant de vos maux que cette idée vous avez peut-être aussi traversé l’esprit...

Elle avait attendu qu’il se serve et qu’il boive une première gorgée avant de recommencer à parler. Elle lui avait d’ailleurs spécifier en silence qu’elle ne ferait rien avant en coulant son regard vers son verre vide jusqu’à ce qu’il réalise l’action qu’elle souhaitait.

— Je vous assure que cela va vous faire du bien. Vous semblez en avoir besoin, mon pauvre ami. Vous avez raison, vous vous êtes fait avoir.

Elle lui avait souri, le toisant tout en buvant une gorgée, observant son regard flamber d’une flamme nouvelle, sans doute celle de la jubilation d’avoir enfin la vérité et celle de la vengeance qui se préparer. Elle attendit qu’il finisse d’y penser pour préciser tout en observant le fond de son verre :

— Tout comme moi d’ailleurs. Une vraie sirène, cette demoiselle.

Elle avait levé son verre comme pour lui porter un toast, reprenant rapidement un air sérieux et calme pour éviter de le voir exploser comme la première fois. Il n’était pas question de le brusquer. Il était venu pour négocier. Hera espérait au moins qu’il repartirait plutôt avec un éclaircissement.

— Il est vrai que lorsque je suis venue dans votre bureau, j’avais bien une idée derrière la tête. Mais je ne suis pas venue de mon entière volonté. C’est Alexis qui m’a convié. Vous possédez une intelligence pratique. Elle en a une aussi mais sans doute moins développée que la vôtre. Elle excelle bien plus dans l’intelligence émotionnelle. Je pense qu’elle a conscience de ses faiblesses et elle sait, sans doute inconsciemment, s’entourer des personnes qui lui permettront de combler ce qu’elle ne parvient pas à avoir d’elle-même. Par son amour et sa douceur, elle maintien un très grand cercle de relations et nombreux d’entre eux seraient disposés à lui venir en aide. Vous la mettiez en échec ce jour-là. Elle a senti qu’elle ne parviendrait pas à s’en sortir seule alors elle a prié... et a sollicité mon aide, d’une certaine manière.

Elle l’avait observé un instant pour être certaine qu’il prenait bien la mesure de ce qu’elle était en train de lui dire. Elle ignorait si Alexis et lui en avait reparlé mais il lui semblait primordial de refaire la chronologie de l’histoire pour lui montrer qu’elle n’était pas l’ennemie qu’il pensait avoir.

— Lorsque j’ai appréhendé l’individu que vous étiez, j’ai réalisé rapidement que vous pourriez être effectivement la pierre angulaire d’un projet plus vaste pour lui permettre de s’endurcir. J’ai sous-entendu que vous pourriez en faire ce que vous vouliez, sans doute la charmer et... voilà que... “fortuitement” comme vous le dîtes si bien, nous en sommes arrivés là. Je ne doute pas que vous aviez de votre côté votre propre projet pour en arriver à ce point, que ce petit dégourdissement a sans aucun doute dû vous faire le plus grand bien et je pense que vous admettrez sans peine qu’à cet instant précis, je ne vous ai forcé à rien. Vous avez décidé de vous-même d’aller dans cette voix, malgré mon sous-entendu dirigé je dois bien l’avouer mais vous ne m’en tiendrez pas rigueur. Vous savez aussi bien que moi que quand on sait manipuler... on sait difficilement s’en passer.

Elle lui avait lancé un sourire assez senti, ne se cachant pas de la manipulation qu’elle avait mise en place en cet instant.

— Je ne nie pas non plus que les charmes de la jeune femme ont su faire son effet ou l’emportement que vous avez pu avoir eu à l’encontre de votre épouse à cet instant... Néanmoins... et c’est là que nous avons été les dindons de la farce mon cher, ni l’un ni l’autre s’était sans doute imaginé que les choses iraient AUSSI loin. Vous l’avez vu comme une sucrerie, vous ne le nierez pas. Un divertissement fort amusant que vous avez pris plaisir à me mettre sous le nez en espérant sans doute provoquer quelques énervements de mon côté. De mon côté, j’étais persuadée que vous... feriez tout foirer rapidement, pardonnez mon impolitesse. Il était évident qu’un être tel que vous n’avez absolument rien à faire avec une jeune fille comme elle et qu’elle s’en rendrait bien vite compte. Mais à notre grande surprise à tous les deux, celle qu’on avait tous les deux pris comme l’objet parfait de notre plan respectif, la pauvre ingénue manipulée, a su faire son chemin au point que ni l’un, ni l’autre n’avions prévu ce retournement de situation. Vous avez trouvé votre relation plaisante à ses côtés et... j’ai réalisé qu’elle n’avait peut-être pas besoin de souffrir d’un abruti pour montrer sa force. Encore une fois, pardonnez-moi impolitesse.

Elle avait eu un sourire en coin en buvant encore une gorgée, l’invitant à faire de même avant de préciser :

— Comprenez moi bien. Je ne vous prends pas pour quelqu’un d’idiot. C’était plus une qualification que je pensais vous convenir face au cœur fragile d’Alexis, le genre de chose qu’on dit à son amie en peine de cœur “laisse le, c’est un abruti”, vous voyez ? Toujours est-il qu’à l’heure actuelle c’est bien plus elle qui nous donne une leçon que le contraire... Pour ce qui est du reste...

Elle avait tendu le bras pour récupérer la bouteille de cognac à côté d’Erwin. Elle lui versa dans son verre la quantité qu’il avait déjà bu avant de se faire apparaître d’un geste de la main un autre verre et s’en verser à son tour. Ils arrivaient sur une partie autrement plus intéressante pour elle et sans doute plus difficile à avaler pour lui. Autant s’armer d’alcool.

— Je suis curieuse... Miss Child a plus que l’habitude de notre... “famille” dirons-nous et face aux hypothèses que vous dressez, je me demande... Que vous a-t-elle dit AU JUSTE de ce que nous étions ?

Elle laissa le liquide ambré tourner quelques instants dans son verre d’un habile mouvement du poignet avant d’en boire une gorgée et lever l’objet dans la direction de son interlocuteur :

— Je dois admettre que vous avez bon goût en matière d’alcool.

Elle claqua sa langue contre son palais avant de reprendre :

— A vous entendre, nous sommes des espèces de démons persécuteurs, avides des faiblesses des humains que nous torturons grâces à nos super-pouvoirs que nous tenons de nos rôles. Je doute FORTEMENT que c’est le tableau que vous a dépeins la gamine... je l’espère du moins...

Elle laissa un silence les prendre tous les deux, l’observant, cherchant comme lui expliquer la suite sans qu’il ne se braque. Elle précisa alors :

— Nous ne sommes pas des sorciers, nous sommes des gardiens, très cher. Des protecteurs de quelque chose qui existait bien avant nous, créé par Nature. Chacun d’entre nous possède une affinité avec ces choses, ce qui nous permet de les ressentir, d’agir dessus, certes mais nous ne sommes pas des instigateurs pour autant. Aphrodite est quelqu’un de très séduisant, je serai bien de mauvaise foi de dire le contraire et il lui arrive de charmer pour obtenir ce qu’elle veut, c’est vrai. Mais elle charme par ses attributs, elle ne force personne à être charmé par quelqu’un d’autre.

Elle avait eu un sourire franc, doux par certains abords, presque compatissant.

— Savez-vous combien il y a d’âmes seules sur cette Terre ? Ne pensez-vous pas que si son rôle était de rendre amoureux les gens pour les tenir sous son contrôle, elle ne l’aurait pas déjà fait ? Savez-vous combien de bébés meurent en couche depuis des siècles ? Combien de femmes ? Mon rôle est de les accompagner. Ne pensez-vous pas que si je pouvais à ce point agir sur le cycle de leur vie, cela ne serait jamais arrivé ? Je vous l’ai dit, elle serait morte ce jour-là... C’est le domaine de notre cher Hadès, le parrain de votre fils si je ne m’abuse. Pensez-vous sincèrement qu’il a éprouvé une réelle volonté à l’idée de récupérer la mort de son amie ? Certes, Hadès a d’une certaine manière failli la tuer ce jour-là mais nous pouvons admettre sans peine que cela est bien plus lié à sa stupidité qu’à son pouvoir. Nous avons perdu un des nôtres il y a quelques années, Arès, dieu de la guerre. Pensez-vous que le monde vit en paix depuis son départ ? Comment alors Alexis...

Mais elle s’était tue. Peut-être en disait-elle un peu trop à ce sujet. Elle avait vu d’ailleurs dans les yeux de son interlocuteur que son nom à cet instant était une surprise. Pour cacher son arrêt subit, elle avait soupiré, comme en proie à un discours qu’elle ne savait pas comment rendre plus convaincant, le temps de trouver comment terminer cette phrase qu’elle avait pourtant devoir terminer.

— Comment alors Alexis pourrait être amoureuse de vous si Aphrodite savait la contrôler ? Elle est la meilleure amie de son fils, la marraine de sa petite fille. Vous pensez sincèrement qu’elle aurait pu lui jeter une telle malédiction ? Qu’Elliot l’aurait laissé faire ? Je crois qu’il ne vous porte pourtant pas énormément dans son cœur...

Ce n’était pas du tout ce qu’elle voulait dire, elle était pourtant partie sur les étranges manifestations de ses pouvoirs ces derniers temps et les bruits de couloirs qui commençaient à la supposer cavalier. Pourtant, ce n’était pas à elle d’en aviser l’homme, qui sait ce qu’il voudrait faire d’une telle information. Il n’en restait pas moins que ce qu’elle avait dit à la place restait pertinent. Repensant à ce qu’il avait dit un peu plus tôt sur le sentiment amoureux, elle avait alors laissé échapper un rire franc de sa gorge tout en secouant la tête de gauche à droite avant de reprendre une gorgée.

— Mon cher... Si ce sentiment est plus fort, plus différent de l’Amour habituel que vous jugez médiocre et insignifiant, ce n’est pas parce qu’il est dirigé par Aphrodite. C’est uniquement parce que vous êtes un égocentrique invétéré et un narcissique de la pire des espèces. Vous le jugez de meilleure qualité uniquement parce que c’est vous qui le vivez, très cher... plutôt que de l’observer d’un regard extérieur... Si je suis votre raisonnement, vous avez sorti cet enfant parce que je vous ai forcé à le faire ? Je vous l’ai dit, ce n’est pas à moi de décider qui doit vivre ou mourir, je ne bénis que ceux qui vivent et accompagnent ceux qui restent quand il y a la mort. Si vous avez accouché Alexis de votre fils... c’est parce que vous avez vu qu’elle allait mourir... et que vous l’avez refusé.

Elle l’avait observé gravement, le laissant prendre conscience de ce qu’elle venait de lui dire. Soupirant, prise d’attendrissement face au sentiment de déracinement qu’il ressentait, elle poussa encore un peu le verre de l’homme dans sa direction.

— Buvez un coup avant de parler, ça va vous faire du bien. Je pense que vous êtes en train de comprendre à l’heure actuelle qu’il n’y aura pas de négociation. Parce que vous êtes un homme intelligent que vous commencez à comprendre qu’il n’y a – malheureusement pour vous – rien à négocier et rien qu’on ne puisse faire pour vous... hormis vous accompagner.

Elle laissa un silence naître. Le voyant prendre une gorgée du liquide, elle précisa alors avec douceur :

— Peut-être avez-vous été aimé dans votre passé. Par une femme, un homme qu’importe l’être. C’était sans aucun doute quelqu’un d’insignifiant pour vous, quelqu’un avec qui vous ne ressentiez aucune connexion. Vous l’avez vécu d’aussi loin que si vous observiez deux amants qui ne vous concernez pas. Aujourd’hui, vous êtes aimé pleinement par quelqu’un pour lequel vous ressentez une connivence. Vous avez sans doute des points communs ou des centres d’intérêts communs, vous qui avez sans aucun doute aucun mal à laisser une femme amoureuse derrière vous, vous êtes avec cette jeune femme depuis plus d’un an, vous lui avez donné un fils et vous souhaitez les avoir dans votre vie malgré les risques que ça représente. Vous réalisez alors sans doute que ça a une autre saveur... et ça vous effraie parce que vous n’avez aucun contrôle dessus. Je compatis. Sincèrement, très cher. Mais l’envoûteuse, ce n’est pas Aphrodite dans votre cas... c’est Alexis.

Elle lui avait lancé un sourire compatissant avant de reprendre assez rapidement :

— Et avant que votre stupidité en matière de contrôle et d’égo ne reprenne le dessus, je préfère vous prévenir d’ores et déjà : rien ne sert de tenter de négocier avec elle de ce fait. Elle ne contrôle pas plus que vous.
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« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-08-17, 19:31 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

Hera & Erwin
There's a humming in the restless air; And we're slipping off the course that we prepared ; But in all chaos, there is calculation ; Dropping glasses just to hear them break

De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages

Preminger avait sondé le récipient de cognac se trouvant devant lui. La robe de l’alcool s’accordait à ses yeux flamboyants. Il se souvenait de l’introduction de cet alcool à la Cour et à la consommation déraisonnable qui en avait suivi auprès de la noblesse et des courtisans.
Pour sa part, Preminger avait toujours veillé à ne pas se soumettre à ces excès dangereux qui corrompaient l’esprit d’obsessions consomptibles et abrutissantes. Mais il se livrait parfois à ces soirs d’opulence et d’excès lorsque le poids de la charge devenait conséquent et lorsqu’il le faisait, le cognac soulignait à merveille son humeur en liesse.
Il n’était pas en fête ce jour pourtant… si bien qu’il contemplait le liquide comme peu convaincu de ses vertus. Dans une discussion telle celle qu’il venait d’initier, on eut pu songer au contraire qu’il convenait de conserver toutes ses facultés. Pourquoi diantre, le lui proposait-elle ?
Qu’importe, un verre ne l’enivrerait pas.
Comme suivant de son expression, la trace d’une hésitation, la blonde déesse prit la peine de démentir l’accusation d’un empoisonnement qu’il n’avait même pas formulé. A vrai dire, il n’y avait même pas songé. A vrai dire, cette précision lui arracha même sourire pincé.
Pour ça, il savait. Si toutes ses dernières mésaventures avaient accrus sa méfiance à l’égard de la solennelle et rusée maîtresse de l’Olympe, ça n’incluait pour autant pas qu’il céda à la paranoïa. Non, Hera ne voulait pas sa mort. Et même si elle l’avait voulu, cette dernière aurait pu intervenir à tout endroit, à n’importe quel moment. Le moment le moins opportun étant justement celui-ci. Lorsque l’on savait pertinemment où il se trouvait et lorsqu’il l’accusait frontalement. La teneur de la discussion avait beau être clandestine, sa présence en ses lieux l’était moins. Et puis...à quoi bon l’aurait elle tué ? Parce qu’il avait mis à jour sa petite manigance ? Elle aurait commis une erreur en agissant ainsi. Et se serait privée de sa charmante compagnie, si elle avait su seulement en saisir la qualité.
La proposition de la boisson, montrait en revanche assurément une volonté d’affaiblir son humeur. Elle n’était pas sotte au point de croire qu’il en viendrait jusqu’à se soûler. Ou alors présumait-elle mal son état. Certes, il était sur les nerfs, exaspéré de la situation mais tout de même ! Mais cela semblait signifier en revanche qu’elle comptait jouer franc-jeu à son tour et comptait sur les effluves d’un alcool fort pour modérer ses réactions et sûrement sa perception de la négociation. Les révélations risquaient d’être fort intéressantes, alors…
Presque rasséréné, il lui retourna la proposition. Après tout, quitte à boire, pourquoi ne pas boire ensemble ? C’était une technique. Si elle acceptait, alors enverrait-elle un signal positif quant au fil que suivrait la conversation. Si elle refusait clairement avec réticence, il y verrait une alarme.
Elle ne fit ni l’un ni l’autre mais différa à l’issue de son verre de vin, incitant indirectement Erwin a y diriger le regard. Puis tourner ce dernier vers son propre verre de vin, encore quasiment intact, et le second verre vide qui n’attendait qu’à se remplir de cognac. Visiblement, au regard de son attitude en suspend, elle n’ajouterait rien tant qu’il ne se serait pas servi. Une telle attitude, dans un autre contexte, face à un autre adversaire, aurait pu lui inoculer le doute de l’éventuel empoisonnement. Pas ici. Si elle le voulait, Preminger était près à parier qu’elle avait la faculté de mêler le poison à son verre à tout moment, par le simple usage de ses pouvoirs.
Jusqu’où s’arrêtaient la faculté de ces derniers, il l’ignorait, mais aurait été prêt à tout pour le savoir. Il savait seulement que le Temps était en revanche une barrière non négligeable pour eux.
Il finit par se redresser posément, pour mieux faire couler l’alcool dans son verre. Une dose raisonnable. Hera ne s’étant pas décidée encore à entrer dans le débat à cette seule vue, il plongea ses lèvres dans son verre, absorbant une faible quantité de cognac, non sans qu’un fin rictus n’ait accompagné son geste. Il concédait à l’adversaire le petit avantage requis par elle. Un détail si moindre. Et cela porta ses fruits.
Ce fut à cet instant qu’elle l’admit. D’une manière qu’il aurait pu juger offensante à son égo, s’il n’avait pas surtout applaudi la finalité. Elle l’admettait. Enfin. Sa participation.
Dans un sourire assuré. Dans une tranquillité qui lui ressemblait parfaitement, sirotant une gorgée de son vin rouge, telle une maîtresse de cérémonie. Comme si elle s’était contenté d’énoncer une évidence. Mais après tout, pourquoi aurait elle donc perdu le contrôle ? Elle possédait une force qu’il ne maîtrisait pas.
Il jubilait déjà.
Puis d’une nouvelle phrase Hera balaya d’un revers de la main, à la lueur du toast porté à son encontre, l’entièreté de sa confession.
Comment !! Le regard flambant de l’ancien ministre mugit de colère. Accuser quoi ? Alexis de les manipuler ? Ridicule. Pourquoi faisait-elle ceci sinon pour piquer son égo ? Personne ne le manipulait. Quoiqu’il puisse songer de la jeune femme, c’était LUI qui en était l’instigateur et leur seul décisionnaire, personne d’autre. Personne ne possédait l’emprise permettant de le manipuler. Hormis...ceux dont les pouvoirs leur permettaient de le faire. Auquel cas, il venait, comme dans le cas présent, signer la fin de ces agissements.
Elle sentit sûrement son normal déplaisir puisqu’elle s’apaisa, gommant son attitude presque provocante, instantanément, reposant le verre devant elle. Ce n’était pas la première fois qu’elle agissait ainsi depuis son arrivée. Sûrement, le fruit de se savoir découverte ? Plus elle tâcherait de l’irriter et plus la négociation risquait d’être âpre, elle ne pouvait que s’en douter, ce qui expliquait sûrement son attitude.
Elle se remit-elle à parler. Reprenant l’évocation de leur première rencontre qu’il écouta sans intervenir. Qu’Alexis ait provoqué ou non l’arrivée de la déesse changeait peu de choses, selon lui, à la perspective. Il savait très bien le socle de connaissances possédé par la jeune femme, puisque qu’il s’agissait d’un des éléments qui avait construit son envie initiale de l’avoir pleinement sous sa coupe. Elle était un lien vers le pouvoir et une monnaie d’échange contre ses ennemis. Et possédait une intelligence non niable. Aussi, qu’Alexis ait prié Hera d’intervenir se tenait et s’expliquait, face à l’effroi qu’elle avait du ressentir dans son office. Peu importait. Le rôle de la libraire n’était pas ce qui comptait dans cette histoire, à son sens. C’était l’après. La discussion qu’ils avaient eu dans son bureau, après le départ de la jeune femme. C’était à cette occasion qu’il avait vu en la déesse toute l’ambiguïté dont elle savait faire preuve. Aux yeux de l’ancien conseiller, Hera avait dévié de son rôle de pure et simple protectrice à l’instant où ils avaient passé ce pacte. Elle avait révélé à ses yeux un intérêt tout différent et des plans qui bien qu’obscurs, demeuraient loin d’être en pleine faveur de la libraire. Dans ce moment particulier où ils avaient négocié le sort de la jeune femme, la déesse du mariage lui avait accordé une faveur qu’il avait veillé à conserver intacte pour le moment. Même dans cette négociation présente. Et Hera l’admettait d’une certaine manière. Elle admettait tout ceci, l’encouragement qu’elle avait eu à l’inciter à s’amuser avec elle. Puis l’amusement qu’il avait pris avec elle, sachant attraper la déesse à son propre jeu. Elle avait sûrement cru qu’Alexis s’éloignerait de lui, nonobstant son talent pour happer son âme.
Elle s’était senti la maîtresse de la situation. Lui aussi. En étaient-ils pour autant les dindons de la farce comme elle l’affirmait à présent ? Il en doutait. Bien que la situation présente se trouvait être...moins évidente qu’auparavant. Il pianota sur la table, haussant les sourcils aux propos de la déesse, résistant à l’envie de se gorger d’une nouvelle goutte d’alcool.
Ses derniers propos attirèrent néanmoins sur ses lèvres un ricanement dédaigneux. « Un abruti ». Lui ? Qu’elle le laisse rire. Il était hautement amusant de se sentir si… sous-estimé, d’une certaine manière. Cela ne pouvait que la desservir en réalité et lui offrait un champ d’action plus long. Le pli dédaigneux de son visage avait soulevé quelque peu sa lèvre supérieure, dans une moue hautaine. Même lorsqu’elle tenta de rattraper ses propos. Sûrement ne l’avait-elle pas dit à des fins aussi catégoriques et méprisantes qu’on l’utilisait parfois. Oh sûrement. Il était prêt à lui accorder cette vision. Elle l’estimait... à une moindre mesure. Comme un mortel tout d’abord, et comme un individu d’une intelligence inférieure à elle. Moins redoutable. Pour autant, elle ne semblait pas avoir pris grande mesure de ce qu’il avait tâché de faire. Et de jusqu’où montaient ses projets. Ou peut-être les percevait-elle comme irréalisable à quelqu’un comme lui. Une partie de lui n’avait que la hâte de se venger. Mais pour se faire, loin se trouvait la nécessité de lui démontrer point par point, ô combien elle pouvait se méprendre sur son compte. La méprise valait mieux…. Même si cela lui était offensant, elle servait ses ambitions. Après tout, c’était ce qui l’avait perdue quant à la réalisation de la tâche qu’il lui avait confié. Sûrement l’avait-elle jugé si arrogant sans fondement qu’elle s’était aventurée à croire la brièveté de l’idylle avec la libraire acquise.
Si aujourd'hui, elle semblait en reporter toute la considération sur la jeune femme, s’en prouvait le peu de cas qu’elle faisait de lui, elle omettait, visiblement, selon lui, ainsi l’attraction qu’il était capable d’inspirer, la manipulation qu’il était capable d’instaurer et l’obsession qu’il pouvait devenir.
Elle le considérait mal, de ce qu’il voyait. Tant mieux. Il fallait se sentir profondément flatté que certaines choses puissent rester troubles à son analyse. Elle n’était pas infaillible. Mais s’il lui en donnait l’illusion, elle persévérerait dans son jugement et serait davantage mortelle aux mensonges.
Aussi finit-il par lui, répondre, chassant ses excuses d’un geste las de la main, non sans boire une nouvelle fois :

« Qu’importe, comment vous me considérez. Laissez-moi en seul juge »

Ce qui était une réplique qu’il jugeait suffisamment adéquate pour renforcer l’image qu’elle s’en faisait.
Il s’interrompit, néanmoins, soufflé de la voir se saisir de la bouteille de cognac pour lui réinitialiser la dose à consommer tout en se servant à son tour… Effectivement, elle avait vidé son verre, nota-t-il du coin de l’oeil. Une déesse pouvait-elle se soûler ? Il fallait croire qu’à défaut de le pouvoir, Hera en avait envie. Ou du moins, le simulait particulièrement bien. Il aurait été intéressant de la voir à ce réel état. L’alcool désinhibant, découvrir les couches d’assurance et de fermeté qui la paraient pour la révéler… Quelle serait-elle ? Il l’ignorait encore, un peu. Mais souhaitait le découvrir. Il connaissait visiblement les contes et les mythes de suffisamment près pour savoir que tous recelaient une part de vérité.
Par fausse sympathie, il en profita pour s’autoriser une nouvelle gorgée, sentant celle-ci se diluer promptement dans son esprit crispé.

« Rassurez-vous, elle me vous a guère dépeint en un noir portrait. Vous concernant, je pense que vous l’impressionnez…ce qui n’est guère insultant et même plutôt flatteur. » il n’ajouta rien de plus cependant, préférant garder le silence sur ce sujet.

Ils en parlaient. Mais non nécessairement de ce qui faisait le fondement des dieux. Enora racontait parfois des anecdotes de ces derniers et sa mémoire avide les notait, fondant une petite compilation de choses et points importants à retenir d’eux, pour plus tard. Pour le Futur. Quant à ce qu’ils étaient en tant que tels… il devait admettre n’avoir que des théories à ce sujet et non des certitudes.
Hera s’étant néanmoins permis une coupure de légèreté pour louer l’alcool qu’il avait suggérait, il leva son verre à son intention, dans un même rappel, plissant les yeux :

« Si j’ai contenté une déesse, alors, je suis satisfait que ceci trouve grâce à vos yeux, très chère. » répliqua-t-il avec emphase, s’accordant une nouvelle gorgée avant de rejeter un bref instant la tête en arrière.

Son ton était poli, minaudant sans nécessairement pour autant se trouver méprisant. Juste narquois. Il reposa son verre, néanmoins, sans y replonger, plus qu’une gorgée, trop intéressé par ce qu’elle comptait annoncer. Le nœud se trouvait là. Dans cette amorce. Ce qu’ils étaient. Ce qu’ils avaient fait. Il s’était penché un peu en avant, les pupilles noires.

A vous entendre, nous sommes des espèces de démons persécuteurs, avides des faiblesses des humains que nous torturons grâces à nos super-pouvoirs que nous tenons de nos rôles. Je doute FORTEMENT que c’est le tableau que vous a dépeins la gamine... je l’espère du moins...

Il se borna à l’observer, un léger sourire fin, sur les lèvres. Ce serait tout ce qu’elle obtiendrait de lui. Une incertitude. S’il s’était empressé de l’approuver, elle n’y aurait cru. Si l’idée pouvait faire son chemin dans son esprit, cela serait intéressant. Après tout… bien qu’elle puisse se douter que l’image qu’en avait décrit Alexis n’était pas néfaste, elle ne pouvait être sûre que la jeune femme assimile toute cette divinité environnante avec acceptation et bienveillance. Surtout pas, une fois qu’il résidait à ses côtés, non ?
Et après tout, n’était-elle pas sur le point d’avouer ? Son rôle méprisable qu’elle avait tenté d’exercer sur Lui, sur elle et sur eux ?
Il cilla, néanmoins, lorsque la déesse évoqua son rôle de gardiens. Ecouta tout du moins. Au moins, possédait-elle la modestie de ne pas s’arroger l’Univers. Et son point de vue, plus qu’intéressant, se révélait être...réel. Aussi, se redressa-t-il, empêchant son pied de battre la cadence de son agacement, pour se gorger de ce qu’elle portait à sa connaissance. Ainsi… C’était ce qu’ils étaient ! Des Protecteurs. Créés pour ressentir les choses, une affinité avec les thèmes divers qu’ils incarnaient aux yeux des autres. Oui… oui pourquoi pas. Oui, il parvenait aisément à admettre ce statut. C’était cohérent. Logique…
Mais… Elle se moquait de lui. En déniant leur intervention. Non. C’était impossible. Elle mentait. Mentait à nouveau.
L’or de ses yeux se mêlait à la rouille, sous la flambée de ses pupilles. La maudissant. Comment pouvait-elle oser se jouer de lui ? Persévérer dans son déni, dans une flopée d’exemples. Preminger ouvrait déjà la bouche pour les contrer, un par un. Finit par la refermer, quelque peu...désarçonné. Et inquiet…
Ce qu’elle affirmait...se tenait. Cela ne l’exonérait d’aucune suspicion. Mais les arguments avançaient…s’entendaient, possédaient même une certaine cohérence...effrayante à son niveau.
OUI. Au cours de l’accouchement d’Alexis, il n’avait pas songé à ce que Hadès puisse faire quelque chose pour la sauver. Non pas à cause de l’originalité particulière de ce dernier...mais bien à cause du fait que ceci lui paraissait impossible. Hadès veillait sur la Mort. Mais ne la maîtrisait pas. Un soubresaut nerveux s’agita en lui.
Et ce que faisait Hera n’était qu’un rappel. Un rappel de ce qu’il savait déjà. N’était-il pas plein Maître de son Destin ? Alors pourquoi s’inventer une vendetta menée par deux déesses avides d’expérience ?
Pourquoi avait-il envisagé les choses différemment pour Aphrodite ? Il savait sûrement pourquoi, même s’il ne voulait pas l’entendre. C’était quelque chose de bien plus…ridicule.
L’espace d’un instant, cependant, son esprit avait été rappelé à un élément notable. La mort d’Arès. Le Dieu de la Guerre… Et si l’exemple s’ajoutait à la pertinence de ces propos, il ignorait là si, emportée par son raisonnement, elle n’avait pas là donné trop d’informations à sa connaissance.
Et comme pour confirmer ce pressentiment, elle se coupa d’elle-même dans son élément. Par une légère dose de méfiance, dont Preminger avait reconnu les marques.
Ce qui ne le rassura pas… Eh quoi ? Si elle disait vrai, alors que se passait-il ? Pourquoi Alexis semblait s’enfermer dans cette spirale gangreneuse ? Et pourquoi se voyait-il particulièrement travaillé par le sujet ? Sa main, demeurée sur le verre, le porta à ses lèvres, le gratifiant d’une gorgée plus conséquente.

Comment alors Alexis pourrait être amoureuse de vous si Aphrodite savait la contrôler ? Elle est la meilleure amie de son fils, la marraine de sa petite fille. Vous pensez sincèrement qu’elle aurait pu lui jeter une telle malédiction ? Qu’Elliot l’aurait laissé faire ? Je crois qu’il ne vous porte pourtant pas énormément dans son cœur...
« Je… Peut-être n’a-t-elle pas visé, Alexis. Il était bien plus logique de me viser moi. C’est peut-être la raison pour laquelle, vous vous amusez, à me tourmenter...à ... »

Pour toute réponse première elle avait rit. Un jugement existait dans son rire, même s’il ne portait aucune trace du mépris qui agrémentait chaque ricanement du ministre. Elle le jugeait et d’une certaine manière, lui qui subissait aucune observation sur sa propre personne, se sentit néanmoins...remis en cause. Pas par elle. Mais par Lui-même. Il s’ébrouait à défendre son point de vue, battant dans l’eau comme pour y retrouver une prise… dans le vide. Sûrement… Alors qu’elle tentait, aussi, parallèlement de lui livrer les clefs et de l’analyser… L’analyser au prisme de son narcissisme. Et plus elle faisait ainsi, et plus Erwin pinçait les lèvres, veillant à garder une attitude maîtrisée, claire, posée. Il était Maître de lui-même, maître de ses émotions. Immaculé face à l’adversité. Bien que bouillant intérieurement.
… Et Hera ne mentait pas. Cela lui peinait de l’admettre, pourtant.
Et il n’était pas en train de subir une énième manipulation de la part de la Déesse du Mariage. Aussi douée qu’il la supposait être dans l’art des mensonges et même au regard des scènes auxquelles il avait déjà été témoin, il savait que Hera ne mentait pas. Les yeux habités par une mine grave, elle se contentait de l’observer, bien plus avec une volonté de le contenir que de l’abuser.
Il l’aurait su. Si elle mentait, il l’aurait su. Senti. Elle n’en n’avait aucun intérêt. Pourquoi mentir lorsqu’il lui proposait une négociation ?
Et la mémoire du ministre rebroussa chemin de la discussion présente, pour revenir dans le passé l’analysant à la lumière des révélations accordées par la déesse.
Alexis allait mourir. Dans le travail et la douleur. Baignant dans son sang, donnant la vie en sacrifiant la sienne. Et il l’avait senti. S’y était opposé, certes. Une scène qui l’avait agrippé dans la colère, la haine, l’orgueil et la révolte.
Mais… Qu’y avait-il de curieux à empêcher une mort ? Pour lui comme n’importe qui, y avait-il réellement raison de s’en cacher ? Non… Après tout.
Hera soupira, soudainement, faisant remonter le regard du notaire sur elle, après qu’il ne se soit égaré dans le vide, crispé. Elle l’encourageait à boire et il ne ressentait rien d’agressif ni même de moqueur quant à son attitude à son égard. Seulement une dose conséquence de...compréhension ?
Un son mêlé de surpris et de scepticisme traversa ses lèvres… Ainsi, la déesse lui proposait de « l’accompagner »…. L’accompagner ? Lui ? Mais pour quoi ? Pourquoi diantre s’en mêlait-elle ? De quoi se mêlait-elle ? Il savait gérer ses problèmes tout seul… quand bien même y avait-il eu méprise, elle ne venait pas de lui. Non ? Non !
Il avala une gorgée supplémentaire de cognac, la main crispée sur le verre, le visage en tension.
Il souriait. Pour l’apparence, mais savait qu’il n’en n’était rien. Il doutait même de donner le change et de ne pas être un concentré de fausseté et de rage à peine compulsée. Contre qui ?
Contre ce sujet qui revenait sur le devant de la scène, là où il avait espéré l’envoyer au tapis. L’Amour. L’Affection. Et tous ces synonymes ou sentiments proches... Rien que ce mot le hérissait. Il n’avait pas besoin qu’on lui en parle. Encore moins qu’elle prenne cette expression pour s’adresser à lui. Pour qui le prenait-elle ? Il n’était pas un nourrisson dont elle était chargé de la protection !
Il écouta néanmoins son monologue, comme à l’arrière d’un véhicule. Un doux bercement d’un dialogue d’un chauffeur par trop insistant et intrusif.
Ceci ne la regardait pas. Ce qui lui donnait l’envie immédiate de se lever pour prendre congés. Après tout, puisqu’elle ne possédait soit-disant pas le pouvoir de l’aider, à quoi bon ? A quoi bon jeter sa situation en pâture ? Aux yeux de qui ? Elle n’était pas plus psychiatre qu’elle n’était avocate et sa santé mentale comme physique était idyllique. Tout allait parfaitement bien… Comme toujours.
Mais pourtant… pour lui accorder le bénéfice du doute, sûrement, resta-t-il assis, attendant patiemment qu’elle continua de s’expliquer. Ou plutôt de l’expliquer… Jusqu’à ce qu’elle termine… Et que règne le silence. Un silence lourd et sourd que seuls les picorements d’Argus sur le sol, entrecoupaient.
Il la toisait, le menton haut, les paupières fulminantes, le reste de son corps campé dans une posture arrogante et posée. Seule la manière dont la coupe frémissait dans ses mains témoignait de sa trop grande agitation intérieure. Pourtant, lorsqu’il prit la parole, sa voix parvenait encore à maintenir un semblant d’illusion.

« Tout ceci… n’est que sottise. » articula-t-il, d’une voix blanche « … Oui. Oui. Supposons que mon geste envers Miss Child ait été poussé par le désir de préserver sa vie. Soit. Soit je l’admets. Et en toute honnêteté…pourquoi déplorerai-je cet acte ? C’est une personne pleine de vie, de conviction et de passion. Sa mort aurait été des plus regrettable. Je ne suis pas sot – ou abruti pour reprendre votre terme- pour ne pas me rendre compte qu’il s’agit d’une jeune femme pleine de qualités. Je n’avais aucun intérêt dans sa mort. En toute franchise, je l’aurais déplorée.  »

Il reprit une goutte d’alcool. Finissait par ne plus les sentir, presque.

« Vous avez raison, je n’ai jamais éprouvé le moindre remords pour avoir bafoué les sentiments d’autrui. Chacun est responsable de ses penchants, après tout. Chacun supporte les risques liés à leur subsistance ou se doit de prendre la responsabilité d’y mettre un terme. Me concernant, c’est inné et comment les blâmer ? J’inspire spontanément une certaine forme d’amour ou de désir, après tout...je suis comme je suis » un pli orgueilleux creusa son sourire, tandis qu’il se désignait de la même « Je pense que c’est le lot de tout à chacun. Et puisqu’il est ordinaire pour eux d’agir ainsi, pourquoi devrai-je y accorder de l’importance ? Je sais ce qu’ils aiment tout comme je les méprise. Concernant Miss Child…  »

Il avait pris un Temps néanmoins… Laissé courir un silence avant de poursuivre :

« Il n’est pas aisé de trouver des personnes de qualité dans notre entourage, de nos jours, très chère. Et je suis persuadé que vous pensez comme moi. Vous n’avez pas d’attache spontanée avec l’extérieur ni le commun n’est-ce pas ? Sans remettre en cause, votre bienveillance ou votre gentillesse, ni vous faire l’offense de vous comparer à moi. Non. Mais après tout, vous avez vécu et vous survivrez nombre d’entre nous, pour qu’une personne attire votre attention, il faut qu’elle en vaille la peine. » il l’avait toisé un petit sourire en coin creusant sa joue « Je n’ai pas de soucis à reconnaître que Miss Child a su se faire connaître de moi bien davantage que beaucoup d’autres. Et puis qu’elle a, semble-t-il su le faire également auprès de vous, concédons ceci, donc.
Et oui, nous avons une connivence…"

admit-il dans un haussement d'épaules, dans un coup de menton sec, son débit de paroles se faisant quelque peu plus saccadé "Pourquoi, Diantre, cela serait-il censé me faire peur ? Je suis un homme censé et tout ce qu'il y a de pondéré. Et pourquoi, Diantre, le nierai-je aussi ? Loin de moi l’idée de le nier. Au contraire, comme vous l’avez dit, fort justement, je désire que sa présence dans ma vie persiste. La question de l’Erreur est un autre débat…Je considère que la relation entretenue avec cette jeune femme vaut la peine, tout comme je l’estime réellement.»
Etait-ce suffisant, était-ce trop ? Il l’ignorait. Il s’arrêta cependant.
Il aurait pu parler davantage…se livrer peut-être, avec parcimonie et une dose de rusée méfiance qui ne le quittait jamais en compagnie d’opposants… Mais son verre était vide et la vue du récipient causa sa stupéfaction. Il ne se rappelait pas avoir terminé… Et en parallèle refusait de poursuivre sans un moyen de désaltérer ses propos de sa sèche défiance.

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Victoire Adler
« T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »

Victoire Adler

''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin Heradam04

I'll be with you from Dusk till Dawn





''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin Dujd
Edition Août-Septembre 2020

| Conte : Intrigue divine
| Dans le monde des contes, je suis : : Hera, déesse du mariage, des femmes et des enfants

''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin 5ys2

| Cadavres : 722



''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-10-13, 23:18 « T'es qu'une putain d'armoire, Commode ! »


De l'utilité de l'Amour et de ses marivaudages
Pour quelqu’un qu’elle connaissait suffisamment belliqueux et méfiant pour ne pas se laisser aller devant un ennemi, il fallait dire qu’Erwin Dorian rompait toutes ses promesses. Où était donc passé cet être acariâtre, nappé d’un ton mielleux qui ne lui seyait guère ? Si elle avait eu devant elle pendant les premières minutes un homme décidé à en découdre, il fallait bien avouer que les premières paroles de la déesse avaient déjà commencé à l’apaiser. Parce que Dorian était détestable... mais il n’était pas un idiot fini pour autant. Il aurait beau le renier par tous les pores de son corps, une partie de lui soupçonnait peut-être déjà qu’elle avait raison. Sa peur et son égo jouaient contre lui, le berçant d’illusions, tentant de le convaincre qu’il valait sans doute mieux que les sentiments qu’il ressentait pour la jeune femme et que de ce fait, ceux-ci ne pouvaient être que faux, digne d’un envoûtement d’un super méchant. Pouvait-elle lui en vouloir d’avoir pensé à sa Famille ? Après tout, s’il avait vécu une vie paisible et sans divinité jusqu’à sa “rencontre” avec Child, il l’avait elle-même vue à l’œuvre dans ses affaires et avec quelle facilité elle avait changé le cours des choses. Oui, ils étaient les coupables idéals, mais dans l’Amour, il n’y avait que deux coupables avérés : les amoureux. Et s’il n’en avait pas encore la certitude, il semblait pourtant que l’idée faisait son petit bonhomme de chemin, à mesure que les verres qu’il avait acceptés pourtant avec tant de méfiance au début, se vidaient.

Il se rebellait pourtant, encore et toujours, elle pouvait le voir. A mesure qu’elle tentait de lui faire comprendre le mal qui le rongeait, elle le voyait se crisper, ses yeux enflammés par la colère et la rébellion et il buvait à en perdre la raison. Voilà pourquoi au final, il finissait par se laisser aller devant celle qu’il considérait comme un ennemi, parce qu’il ne se rendait même plus compte de ce qu’il faisait et en observant le spectacle, Hera devait se rendre à l’évidence qu’il n’avait pas tort : l’Amour était une plaie dont on pouvait bien se passer. Mais en l’observant se convaincre toujours plus que tout n’était que sottise, que toutes les preuves qu’elle lui avançaient ne signifiait rien, il lui semblait qu’elle pouvait toucher du bout du doigt une Vérité qui lui avait toujours échappé. La Vérité de sa “sœur”. Après tout, elle en était la gardienne, pouvait-il y avoir une autre personne plus à même d’en parler ? Cela pouvait paraître paradoxale venant d’une déesse aussi égocentrique mais après tout l’Amour de soit se révélait parfois aussi puissant que l’Amour de l’autre et ce n’était sans aucun doute pas l’individu en face d’elle qui irait la contredire. Il ne pouvait que la contredire sur la Vérité en revanche, celle qu’elle avait aussi si longuement refusé : l’Amour n’était jamais mauvais. Ce n’était pas l’Amour qui était douloureux, qui nous rendait parfois misérable ou en peine. Qui nous mettait à l’amende ou en servitude. C’était l’absence d’Amour au contraire. L'Amour se voulait toujours bon. Il éveillait en l’être une lumière si puissante que passer dans l’ombre ne serait-ce qu’une demi-seconde pouvait tout rendre intolérable. On ne souffrait jamais d’aimer. On souffrait de l’absence de l’Amour de l’autre. Erwin se fichait de savoir s’il aimait Alexis quand elle lui témoignait sa lumière. A présent en revanche qu’elle se faisait réticente, il en souffrait, courrait à la recherche d’un ennemi à combattre et à détruire pour retrouver ce qu’il avait perdu. Ce n’était pas l’Amour qu’il éprouvait pour elle qui le rendait si stupide avec ses suppositions, si faible dans son alcoolisme ponctuel, c’était son refus d’Amour. Le rejet que la jeune femme avait créé pour lui, celui aussi qu’il avait créé pour ses propres sentiments. Mais cela, il était peut-être trop tôt pour le dire en ces termes. Plus que de comprendre qu’il n’avait rien à craindre à aimer, l’idiot pourrait encore se méfier de ce fait que l’Amour le rendait faible par sa propension à le rechercher, sans comprendre qu’il le cherchait déjà, comme tout le monde, depuis sa tendre enfance. Il se voilait la face, se figurait que tout le monde l’aimait et l’admirer sans chercher à savoir si c’était bien une vérité, se fichait éperdument de la Vérité mais tout cela, c’est parce qu’il était effrayé par l’inverse. Oui. Erwin Dorian était comme tout le monde : il voulait être aimé et parfois même (surtout pour lui) admiré.

— Pourquoi, Diantre, cela serait-il censé me faire peur ? Je suis un homme censé et tout ce qu'il y a de pondéré. Et pourquoi, Diantre, le nierai-je aussi ? Loin de moi l’idée de le nier. Au contraire, comme vous l’avez dit, fort justement, je désire que sa présence dans ma vie persiste. La question de l’Erreur est un autre débat…Je considère que la relation entretenue avec cette jeune femme vaut la peine, tout comme je l’estime réellement.

Il semblait l’avoir dit avec tellement d’aplomb qu’elle l’avait laissé discourir, l’observant avec un visage amusé. Le mot “Erreur” l’avait fait tiquer un instant mais elle était restée concentrée sur le reste de son discours. Se pendant en avant, vers lui, elle lui précisa alors avec un sourire amusé, dans un chuchotement qui se voulait complice :

— Alors... pourquoi êtes-vous là ?

Elle n’avait pas bougé de sa position, l’observant, laissant sa question s’ancrer en lui afin qu’il comprenne peut-être l’absurdité de la situation, à quel point en tentant de se dédouaner, c’était le chat qui s’était mordu la queue. Il était venu ici, toutes griffes dehors, prêt à négocier contre la déesse qui semblait les avoir envoûté en créant un chaos dans la relation qu’il entretenait avec sa jeune maîtresse. Il ne pouvait pas s’attacher à ce point à quelqu’un après tout ? Alors il avait fallu qu’Hera lui ouvre les yeux. Mais Dorian refusait de perdre la face alors il fallait bien qu’il avoue lui-même être attachée à ce petit bout de femme, pire ! Qu’il n’avait aucunement peur de l’attachement qu’il avait pour elle. Alors pourquoi venir si finalement il assumait aussi bien qu’il le disait le lien qui les liaient. Voyant que sa posture, bien que chancelante n’était pas pour autant sur le point de s’adoucir, elle s’était reculée, reprenant position pleinement sur sa chaise, l’observant avec un léger sourire flottant toujours sur les lèvres. Croisant les jambes, elle avait nonchalamment posé la main sur la tête d’Argus qui l’avait rejoint, caressant les plumes de son crâne avec douceur. Se rendait-il compte de tout ce qu’il avait bu, tout en se persuadant qu’il avait une parfaite mesure de tout ? Une chose était certaines, ces yeux avaient louché sur son verre, d’abord de surprise, ensuite de volonté, comme si l’envie de boire pouvait encore lui être envisageable, pire totalement indispensable pour la suite de leur discussion. Tout en caressant son volatile, Hera hésitait. Elle avait certes une folle envie de voir l’homme se souler au point de perdre tout contrôle. Lui qui était si pédant et si peu proche d’intérêt de sa nature normale pouvait sans aucun doute se révéler un divertissement des plus intéressant, saoûl. Mais si elle le faisait... ne risquait-il pas un empoisonnement ? Les humains étaient si fragiles... ou à minima, une cuite si mémorable... qu’il ne se souviendrait ironiquement de rien. S’il y avait bien quelque chose qui lui tenait plus à cœur que de le voir dans un état d’ébriété, hors de contrôle, c’était bien qu’il retienne quelque chose de toute cette histoire. Pour lui, un peu. Pour Alexis, sans doute un peu plus. Par prudence, elle choisit alors de remplir son verre d’un geste de la main, uniquement son verre, pour garder un contrôle plus sérieux sur la quantité d’alcool qu’il ingérait. Tout en le faisant, elle avait alors soulevé, d’une voix légère, comme prise dans une réflexion :

— Vous avez dit “l’Erreur”... est-ce votre fils que vous appelé ainsi, très cher ? Vous avez dit ne pas nier la vouloir dans votre vie, je suppose que c’est donc ni votre relation avec elle, ni même ce choix que vous qualifiez de faute... Et quand on sait que j’ai soulevé le point que vous lui aviez donné un fils, il est fort à parier que vous parliez de lui. Qu’est-ce qui alors est un autre débat ? Le fait que vous avez pleinement fait le choix de lui en donner un ? Ou le fait que vous le vouliez dans votre vie ? Car malgré ce que vous semblez en dire, il est évident qu’il n’y a en revanche aucun débat à avoir sur ce sujet. Vous vouliez lui donner un fils. Et vous le voulez dans votre vie.

Son visage s’était fait sérieux tandis qu’elle plongeait ses yeux verts dans les siens avec une attention toute particulière.

— Si nous pouvions nous jouer de certaines suppositions sur le domaine de l’Amour, il n’est rien que vous puissiez me cacher concernant ce petit alors cesser de vous cacher à vous aussi la Vérité. Nous gagnerions tous du Temps. Isaac aussi.

Remplissant son propre verre de vin, elle le leva en signe d’un nouveau toast qu’elle lui portait, ou plutôt portait à ses paroles et au chapitre qui s’annonçait avant de prendre une gorgée et de reposer le verre avec douceur sur la table.

— Il a sans doute été une Erreur dans les premiers instants de sa conception, je vous l’accorde. Sans doute même l’a-t-il été pendant les 3 premiers mots de la grossesse d’Alexis. Il n’était pas prémédité, ni même voulu et son annonce a dû être du plus terrible des effets sur vous. Vous avez refusé cette idée, vous avez tenté de vous échapper de la vie qui prenait dans ce corps et même de l’arrêter. Mais à la seconde où vous avez décidé que cet enfant vivrait, à la seconde où vous l’avez scellé auprès de cette jeune femme, il n’était plus une Erreur, n’est-ce pas ? A moins que je ne vous juge mal depuis le début ? Moi qui vous pensait gorgé d’un égo surdimensionné et d’une grande certitude en vous-même... se peut-il seulement que vous qualifiez vos propres décisions d’Erreur ? Car la seule raison pour que ce petit en soit encore une, c’est que vous puissiez regretter de lui avoir permis de l’avoir, de mener cette grossesse à son terme ET... de rester dans les parages. Vous lui avez assuré que cet enfant ne grandirait pas sans vous, vous lui avez donné votre propre nom. Un nom de malédiction, certes mais celui que vous continuez pourtant de porter aux yeux du monde. Elle vous offrait les plus belles portes de sorties, celles qu’elle aurait pu taire mais qu’elle vous a offerte dans toute sa bonté et son courage : celle de la quitter, celle de rester auprès d’elle tout en l’évitant lui, en ne le reconnaissant pas autrement que le fils de sa maîtresse. Et malgré tout ce qu’elle vous portait sur un plateau d’argent, vous avez choisi de vous attacher à cet être. Là encore, vous nierez sans doute que vous l’avez fait par Amour...

Elle lui lança un sourire goguenard tout en levant une main pour lui préciser qu’elle ne souhaitait nullement lancer les hostilités, juste le taquiner. Après avoir bu une nouvelle gorgée, elle précisa :

— Peu importe la raison qui vous a poussé à le faire, vous ne pourrez pas me dire que vous ne l’avez pas fait en votre âme et conscience. Vous vous acharnez comme l’enfant colérique que vous êtes à l’appeler de ce surnom disgracieux pour vous rassurer sur la situation mais ouvrez donc les yeux sur la Vérité. La seule Erreur ici, c’est de croire encore ou de se forcer encore à croire que s’en est une... ce qui vous amène à une nouvelle bêtise nettement plus dangereuse pour vous, très cher. Savez-vous que les sentiments que nous portons aux enfants sont absorbé par eux ? Ils les nourrissent, les épanouissent jusqu’au jour où ceux-ci rejailliront droit sur ceux qui les ont offerts, aussi fortement qu’un boulet de canon. Les enfants sont le Futur, l’Espoir. Amusant de voir que votre douce amie porte d’ailleurs les deux mots à tour de rôle... et je suis désolée de vous décevoir mais... votre fils ne dérogera pas à la règle. Il est le Futur. Il est l’Espoir. Comment les sentiments que nous lui offront se révèleront avec lui, nous ne pouvons pas le prédire, mais nous pouvons le supposer.

Elle l’observa une nouvelle fois gravement avant de se lever d’un bond.

— Marchons, voulez-vous ? Cela nous fera le plus grand bien. Surtout à vous, vous êtes chancelant.

Elle lui avait tapoté la main avant de se relever et de se planter devant lui, attendant qu’il lui offre son bras avec une patience et un sourire redoutable. Lorsqu’il lui offrit, elle l’enroula de telle sorte à pouvoir plus le soutenir lui que de se faire accompagner, son état d’ébriété étant manifeste. Elle n’en montra rien pourtant. Sa force physique étant supérieure à la sienne par la condition, elle pouvait le maintenir debout sans que cela ne lui coûte le moindre effort, rendant cette marche, la moins embarrassante qu’elle pouvait l’être. A travers les allées du jardin, une douce brise s’était levée, comme pour permettre à Erwin d’aérer suffisamment son esprit pour lui permettre d’y voir clair.

— Ce petit réveille quelques animosités en vous, c’est un fait. Vous décidez de l’ignorer délibérément, vous refuser de lui donner le moindre élan qui trahirait un lien que vous avez pourtant accepté en votre âme et conscience. Je ne vous demande pas d’aimer ce petit, je ne peux pas vous y oublier mais je vous demanderai de prendre garde à l’engagement que vous avez pris. Voyez-vous, je reste sensible à ces promesses, je les ressens et les vois lier des liens invisibles entre les êtres. Vous avez assuré que cet enfant ne grandirait pas sans vous. Vous l’avez assuré à la mère mais par ce même biais, vous l’avez aussi assuré à celui que vous avez reconnu à cet instant comme votre fils. Alexis vous dépeint comme tel auprès de lui et à mesure qu’il s’éveille, il sait reconnaître à présent que vous êtes d’une certaine importance pour lui. Il sait aussi reconnaître le manque d’attention que vous lui accordez et les brimades, même silencieuses que vous envoyés dans sa direction. Et une distance est en train de grandir en lui à votre sujet...

Ils étaient entrés dans la Cité, marchant le long d’un grand couloir aux courants d’airs toujours aussi agréables. Les talons de la déesse claquaient doucement sur le marbre, à rythme régulier, paisible, tandis qu’elle lui faisait par de ce qu’elle ressentait. Ce qu’elle voyait.

— Vous auriez tort de vous passer de ce qu’il représente pour vous, Erwin. Votre fils est votre sang, votre chair, il a de sa mère bien sûr, mais celle-ci le gorge d’un amour déjà si puissant qu’il ne sert à rien de le préciser. Alexis est une tempête, je ne vous apprends rien. Il est agréable de se sentir protégé pendant qu’on observe les éclairs se déchaîner mais personne ne veut être dans l’œil du cyclone... Vous savez que vous jouez gros avec elle, elle vous est loyale par l’Amour qu’elle vous porte mais je pense que vous savez que vous la mettre à dos serait une erreur... et si votre fils doit un jour choisir entre son Bien et le Vôtre, ne lui facilitez pas trop la tâche... Et même si Alexis reste à vos côtés... son fils semble tenir d’elle... c’est une forte tête.

Elle eut un léger sourire amusé avant de préciser :

— Contrairement à ce que vous avez pu supposer plus tôt mon cher, je ne vous prends pas pour un abruti. Vous avez des réactions qui parfois sont un peu surprenante à la vue de votre intellect mais personne n’est parfait, n’est-ce pas ? Alors ne soyez pas stupide, vous faire un nouvel allier n’a jamais été aussi simple, pourquoi alors vous acharner à vous en faire un ennemi ? Votre douce amie le sait sans doute plus que personne, chacun vient dans ce monde avec une mission... et si la sienne était de vous aider ? Et si vous cachiez cette chance à chaque instant en n’honorant pas la promesse que vous avez pourtant faite ?

Elle n’en avait aucune idée en réalité. Hera ne lisait pas l’avenir. C’était le rôle d’Apollon, pas le sien. Même celui-ci s’y trompait parfois. Mais à défaut de connaître ce que tout le monde ignorait, elle connaissait ce que personne ne prenait le temps de connaître : l’âme humaine et tout ce que ses développements avaient comme conséquence. Isaac, comme tout être sur cette Terre et ailleurs avait une utilité. Une utilité bénéfique pour certains et mauvaise pour les autres. Hera ne parvenait pas à comprendre comment un homme qui avait fait tant de courbette à chaque instant pour séduire un maximum de monde, pouvait se défaire de cette facilité pourtant cruciale de séduire son fils. Elle n’avait aucune envie qu’il parvienne à ses fins. Mais pour le bien être de cet enfant et de celui de sa mère, elle se devait tout de même de lui ouvrir les yeux. Posant sa main sur la poignée d’une grande porte devant laquelle ils s’étaient arrêtés, elle se tourna vers lui, mystérieuse.

— Je me suis permise de récupérer un petit objet dont plus personne ne semblait avoir l’utilité. Je sais que vous détestez ce qui se rapproche d’une certaine forme de magie mais... je pense que celle-ci saura vous séduire...

Elle avait ouvert la porte, l’invitant à entrer. A l’intérieur, il faisait si sombre qu’on ne pouvait rien y distinguer. La pièce ne semblait pas avoir de fenêtre et la température avait au moins perdu une dizaine de degrés. Hera referma la porte derrière elle et ils restèrent tous deux un instant dans le noir. Soudain, une lumière aux reflets aussi dorés que le soleil s’était élevée au-dessus de leur tête, paisiblement, lentement, comme un nouveau jour. Quand la lumière devint suffisamment forte pour leur permettre d’y voir quelque chose, elle fit quelques pas sur le sol de pierre, chacun d’eux raisonnant dans le lointain. La pièce ne semblait pas avoir de mur, ni même de limite, il ne semblait y avoir que l’obscurité au-delà du rayon lumineux. Mais en son centre, un grand cadre ouvragé retenait tant bien que mal un morceau de miroir. Le cadre était posé au sol, le morceau devait faire un tiers du cadre et il semblait si affûté qu’il était évident que le véritable miroir avait été brisé et qu’il n’en restait plus que la partie devant leurs yeux. Tournant la tête vers Erwin, elle précisa :

— Ce miroir peut vous montrer différents chemins de vie. J’ignore comme il fonctionne réellement, il a été créé par un être magique. Certains habitants de Storybrooke se sont perdus dans ses reflets et ont témoignés de vies parallèles à son contact. Si vous voulez savoir ce que vous manquez avec votre fils, ce que vous pourriez gagner, je vous conseille de le traverser. Je resterai ici pour vous repêcher quand cela sera nécessaire. Je sais que vous êtes très difficilement sentimental. La preuve en est, vous voilà plein d’émoi pour Miss Child et vous pestez à la recherche d’un coupable en titubant. Alors si ce sont des preuves matérielles qu’il vous faut, je vous les offre, en espérant que cela soit bénéfique au plus grand nombre... c’est vous qui voyez.

Elle avait tendu le bras en direction du reflet pour l’inviter à le traverser, sans pour autant le forcer. Il était toujours temps de faire marche arrière.
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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-11-19, 23:39 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

Hera & Erwin
There's a humming in the restless air; And we're slipping off the course that we prepared ; But in all chaos, there is calculation ; Dropping glasses just to hear them break

De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages

"Alors pourquoi êtes-vous là ? »

Une phrase. Une simple question. Cela n’aurait pas du l’embarrasser. Fort peu de choses créaient en lui de l’embarras. Et pourtant, il avait beau lever le nez d’un air hautain, considérer cette interrogation comme purement rhétorique, elle restait dans son esprit, provoquant nombres d’images. Et une seule interrogation. Pourquoi était-il là ? Parce qu’il avait beau crier qu’il admettait ce qu’il pouvait se passer à l’intérieur de lui… Il ne pouvait pas le justifier. Le comprendre. Et qu’il était plus aisé de rejeter la faute sur autrui que de s’en prendre à lui-même, puisqu’il n’y parvenait jamais.
Il s’était abstenu d’y répondre pourtant… Et d’une certaine manière l’attitude de la déesse l’en avait permis. Tant mieux. Elle évoquait à l’inverse un sujet qui de prime abord ne le passionnait pas mais qui restait lié à la situation présente… Son fils. Et surtout son surnom. Le questionnant à ce sujet, pointant les éventuelles négligences qu’il pouvait commettre à son encontre.

« Je suppose, que je ne vous apprendrais rien en déclarant qu’il n’était pas prémédité. Je m’en serais passé. » précisa-t-il en opérant un geste vague de la main avant de saisir son verre « Bien évidement, sa présence dans cette vie résulte d’un choix...le mien »

Il se trouvait convaincu de cette vérité. Semblant croire, ou décidant de croire que c’était parce qu’il l’avait décidé que l’Enfant avait vu sa vie éclore et son âme s’éveiller.

« Je ne voulais pas de cet enfant dans ma vie. Mais j’ai revendiqué la place me revenant de droit dans la sienne. Mais je ne crains rien de cet enfant… Tout comme je ne crains pas la place qu’occupe sa mère, d'ailleurs. Pourquoi, craindrai-je de l’avoir dans ma vie ? » répéta-t-il en pinçant les lèvres jusqu’à les rendre pâles... Son esprit s'était brusquement focalisé sur autre chose, revenant à ce qui le hantait, jusqu'à motiver sa présence ici « Je n’ai jamais songé à l’y ôter. C’est simplement elle… Elle qui s’est mise en tête de solliciter plus que de raison. Si Miss Child m’aime pleinement, alors...elle devrait et comprendra pleinement qui je suis. Avec ce que je suis en mesure de lui donner. N’est-ce pas ceci qu’on attend de l’Amour ? Ne devrait-elle pas m’aimer pour ce que je suis ? MOI, la concernant je…. Je…. Je… Je…
Ce que je ressens n’est pas de l’amour. Non. Non. Non. Mais je… Je…. j’ai de l’affection pour elle. Oui. De l’affection. C’est différent, non ? Je… Cela m’insupporte de voir à quel point, les choses sont curieusement...nébuleuses, parfois et mystérieusement complexifiées. Il était aisé de soupçonner une manœuvre de votre part. Une tentative de nous troubler, de me troubler dans ma quiétude…  Mais je divague. »


Il stoppa avec agacement ne supportant plus le bruit de sa réflexion. S’abîmant dans un silence glacé. Tâchant de reléguer dans un coin de son esprit, l’ombre de la maîtresse pour parler du fils… Tout était si embrouillé. Alcoolisé, bien qu’il demeurait plein maître de son esprit, bien entendu… Pour mieux reprendre :

« Comme je vous le disais" articula-t-il avec grâce, comme si rien ne s'était précédemment produit "Vous n’êtes pas sans ignorer que cet enfant ne devait pas venir au monde. S’il foule cette Terre, c’est parce qu’il me le doit… Ai-je un égo surdimensionné ? Je dirais surtout j’ai l’égo que je mérite, ma chère. » une moue condescendante avait coloré son visage d’une dose complémentaire d’arrogance avant qu’il n’ingurgite à nouveau une dose d’alcool « Vous êtes fort avisée de souligner que compte-tenu de ma prédestination à toutes choses, mes décisions sont pleinement et mûrement réfléchies, surtout… les décisions de cet acabit.
Ainsi, lorsque l’existence potentielle de l’Err...disons mon… fils si cela vous agrée, a été portée à ma connaissance, j’ai pesé le pour et le contre lorsqu’il a fallu faire ce choix. Et j’admets qu’il s’agissait d’un Choix. Et que la prolongation de son existence ne m’a pas été imposée. Qui aurait pu ?
Je ne l’ai pas fait contraint et forcé, Ciel, non mais il est parfois des décisions logiques et profitables qui ne nous procurent pas autant de joie que nous le souhaiterions. Des choix de circonstances, des choix avisés.
Ce fut le cas lorsque j’ai décidé d’accorder la vie à cet enfant… Parce qu’en réalité, j’ai songé à la situation sous ce très simple problématique de ce que j’y perdrais et j’y gagnerai. Puis, en a résulté deux uniques solutions, un unique prisme de réflexion :… Il n’existera pas ou il sera à moi. Aurai-je créé quelque chose pour le voir s’épanouir face à autrui sans posséder ne serait-ce qu’un pouvoir sur lui ? Nooon !  Folie. »
il avait insisté en secouant la tête avant d’ajouter, un sourire sec «Qui regarderait autrui se développer sans ne serait-ce qu’un du le lui revienne ? Un sentimental. Mais je ne suis pas sentimental, ma chère, je suis pragmatique. J'ai bien vu que sa mère ne voulait pas s’en défaire. J’aurais pu la forcer bien sûr. Mais...disons que je peux admettre qu’elle puisse vouloir être mère, au regard de sa nature aimante et pleine, c’était évident, et cela aurait généré un très désagréable point de désaccord entre nous. La solution intermédiaire n’a jamais été une option. Je ne renoncerai pas à quelque chose auquel je tiens. On ne me fera pas renoncer à quelque chose à laquelle je n’ai pas décidé de renoncer. Encore moins pour un vulgaire rejeton. Encore moins, s’agissant d’une personne pour laquelle j’entretiens…un lien. »

Il avait plissé les lèvres au prononcé de ce mot, ce dernier lui faisant rejaillir des souvenirs désagréables sous les yeux. Il lui semblait qu’il parlait beaucoup, peu être un peu trop mais d’une certaine manière il trouvait cela…. Apaisant, agréable. Libérateur. Il avait peut-être trop bu, qu’importait, cela ne faisait que l’ancrer davantage non ?

« Je n’ai pas considéré cette hypothèse intermédiaire. Mais c’était tout à l’honneur de Miss Child de l’avoir proposé. Et cela a fait pencher la balance en sa faveur et en celle de l’Erreur. Proposer de telles propositions prouvait qu’elle connaissait parfaitement mon absence d’envie d’avoir un enfant et qui plus est ma situation. C’était désintéressé et parfaitement loyal… Et cela m’a convaincu de lui accorder ce présent. Qu’elle méritait que je lui fasse confiance pour savoir suffisamment me préserver de tous les risques s’y liant. Vous considérerez ceci comme de l’Amour peut-être ? » Un pli agacé s’était étiré sur son visage « Disons que je l’ai vu comme une preuve de loyauté, d'amour de sa part et une manière de me prouver qu’elle était digne de mon attachement. C’est effectivement un cadeau que je lui ai fait et je ne l’ai jamais regretté. En cela ce n’est pas une Erreur. Et en échange, je me suis immiscé dans la vie de l’enfant. Oui, je ne fais jamais rien gratuitement ou à défaut, je tâche d’en tirer partie. Faute d’avoir eu une décision quant à sa création, je peux en avoir une dans son développement. J’ai promis qu’il ne grandirait pas sans moi, je ne l’ai jamais entendu comme un engagement plein et entier. Il saura aussi ce qu’il me doit. Sa création et sa naissance. C’est pour cela que je le vois comme une Erreur. Pour lui rappeler sa dette. Sa situation dont j’ai eu la grâce de l’en tirer. »

Hera avait mis l’accent sur une notion sur lequel, il devait admettre être assez novice : le schéma de développement des enfants. Il ne savait que peu à ce sujet, s’était borné à feuilleter parfois, plus par besoin de tuer le temps quelques magasines ou livres acquis ou offerts qu’Alexis possédait et égarait dans son domicile. Lui qui apprenait si vite, n’en n’avait pas retenu grand-chose. Aussi, il aurait été bien mal en peine de savoir la manière dont Isaac assimilait les informations données. Il n’avait que son propre exemple en tête et n’en possédait aucun souvenir, seulement des témoignages de ses parents.
La déesse avait fait amené son propos d’ailleurs de la plus curieuse des manière, faisant un parallèle avec Alexis qu’il n’avait pas très bien compris. Parce qu’il ne le pouvait pas. Et pourtant, il pouvait jurer que les mots choisis par la déesse possédait un sens double et qu’elle les avait choisi à dessein. Comme une sorte de clin d’œil proféré devant lui pour le tester, s’amuser d’une connaissance qu’il ignorait, voir s’il était capable de la déceler.

« Vraiment ? » se borna-t-il à répondre « Il composera le Futur serait plus exaact à mon humble avis. Nous composons tous le Futur. Mais peu de personnes peuvent avoir le moyen de le marquer et l’incarner. »
Pas son fils en tout cas. Puisque personne n’était voué à l’éclipser d’une quelconque manière.

- « J’ai du mal à voir en quoi il sera l’espoir de quoique ce soit… Hormis les attentes que nous pouvons placer en lui… Quand bien même… Je ne vois donc pas de bêtise. Le boulet de canon me serait-il mortel ? Je ne suis pas voué à périr de tourments causés d’un trop plein d’émotivités d'un rejeton… Pitoyable fin pour un si grand monarque, non? Par ailleurs, quel sentiment pensez-vous donc que je porte à cet être ? Pensez-vous que je le hais ? Non. Il m’est indifférent. Je n’éprouve rien pour lui. Suis-je censé ? Selon le même code moral qui impose à tout individu d’aimer, je suppose. Quel sinistre individu n’éprouve rien pour la chair de sa chair ? Il a beau être tiré de moi, il n’est pas moi. J’avais plus d’affection pour ce cher Ursule, en définitive. Pourtant, je lui ai voué une haine farouche, initialement. Il était tout ce que je craignais qu’Isaac soit ou devienne… Moi. Et cela m’a appris qu’Isaac ne le serait jamais, qu’une telle chose est impossible. Je ne peux exister à doublement. La dernière fois, je n’étais d’ailleurs pas moi-même. J’étais...comme une sorte de vulgaire loque aimante, forcée. Je haïssais cette enveloppe. Ce ramassis d'affection, c'était tout sauf moi… Moi j’étais ailleurs.»

Il s’était levé à la suite de la déesse, lorsque celle lui avait proposé de la suivre, tout en observant, interloquée, la main de cette dernière venue tapoter la sienne.

« Soyez rassurée, très chère Je tiens remar… remarquablement bien l’alcool! »

C’était vrai. Mais… Bien évidement, il se garda bien d’admettre que le sol lui paraissait un peu instable. C’était le trop plein d’émotion et le fait d’être resté trop longtemps assis qui ne facilitait pas la circulation du sang. Pour le reste, il se sentait particulièrement fringuant. Et l’esprit très alerte. Puisque la déesse semblait loquace, il le lui rendait bien. Avec méfiance, certes, mais elle semblait après tout suffisamment renseignée sur sa personne et sa situation pour qu’il ne tente de lui dissimuler quoique ce soit. Au contraire, il fallait sûrement agir différemment avec elle. Au regard des nombreux conseils qu’elle dispensait, elle semblait...souhaiter le conseiller. Et bien, soit…
Il lui tendit son bras, de bonne grâce. De toute manière, elle semblait n’en attendre pas moins de sa part. « Apparemment nous en voici là... » songea-t-il avec un amusement médusé. Toute rivalité n’était pas à exclure loin de là, mais cela ne les empêchait pas de démontrer du respect l’un pour l’autre et visiblement une sorte d’étrange complicité… Si on pouvait dire cela ainsi. Tout le monde ne pouvait pas se vanter de marcher avec la Reine des déesses et tout le monde ne pouvait pas se vanter de donner le bras à Preminger. D’une certaine manière, cette sorte d’alliance allait de soit.
L’allure de marche était mesurée mais le vent fouettait le visage malgré tout, lui confirmant qu’il se sentait PARFAITEMENT CONSCIENT de ses faits et gestes. Si tant et si bien qu’il écoutait avec attention le petit monologue en guise de leçon que lui servait la déesse. Sur Isaac. Décidément… Il pensait pourtant qu’ils avaient changé de sujet, non ? Fronçant les sourcils pour plus de concentration, il l’écouta conseiller de suivre ses promesses et les liens qu’elle entretenait avec les enfants. « Elle se mêle donc de presque tout sauf de l’amour… En encore »songea-t-il dans une moue, en sachant qu'il était injuste, tout en montant avec précaution les quelques marches qui poursuivaient le sentier menant jusqu’à l’interieur du Palais.

« Je n’ai pas fait cette promesse vainement, mais je suis maître des engagements pris. Je sais à quelle hauteur je me suis engagé en faisant ce serment. Je doute qu’Alexis ait pu être abusée à ce sujet, elle a toujours compris que je ne ferais pas plus que je ne serais en mesure de donner. Si vous êtes… « connectée » avec les enfants et les serments proférés, alors vous êtes déjà au fait des limites que contenait cet engagement. J’ai promis que je serais dans sa vie. J’ai promis qu’il ne grandirait pas sans moi. Parce qu’il est de moi. »

Sa voix criait « à moi » sans qu’il n’ait besoin de le formuler.

«  Huumm… Je ne veux pas me forcer à capter son attention. S’il désire la mienne, qu’il l’obtienne. A mon sens, ce n’est pas parce que l’on naît que tout vous est du. Une sorte d’opinion commune semble croire ceci, parce qu’elle évalue tout sous le prisme de l’amour que l’on est censé porter à autrui et notamment au fruit de son engeance. Mais, c’est faux, c’est parce que vous le méritez. A ce jour, il ne m’a pas prouvé sa valeur. Il le fera peut-être, un jour. En attendant, il m’est indifférent. Et puis, nous savons, tous deux Hera, que hormis certaines exceptions, l’être humain est en recherche permanente d’affection. Il espère et recherche celle qu’il n’a pas, le manque qu’il a. Il n’en courra que plus lorsque j’aurais besoin de lui et qu’il se sentira...subitement important à mes yeux… »

Néanmoins… Il ne pouvait pas nier qu’elle soulevait un point des plus importants et notable. OUI. C’était vrai ; au regard de l’Amour qu’Alexis portait à son fils, le choix de ce dernier ne pouvait que le porter aux côtés de la jeune femme si un affrontement devait naître entre lui et cette dernière. Il l’avait vu dans le Futur. Chrysanthème lui était autant dévouée qu’Isaac collait davantage les talons de sa mère. Mais il ne bronchait pas.

« Je m’arrangerai, alors, pour qu’il n’ait jamais à choisir que le camp qui m’avantage. » rétorqua-t-il dans un sourire aussi policé que acéré « Alexis restera à mes côtés. Vous pensez que son fils tiendra d’elle au niveau du caractère? J’en doute, mais il est évident qu’il ne tiendra pas du mien. Et quand bien même si serait destiné à être une forte tête… je peux tout à fait, briser cela. »

Et puisqu’elle s’attacha à lui préciser qu’elle ne le prenait pas pour un abruti…

« Vous me flattez... » répliqua-t-il d’un ton qui signifiait pourtant tout le contraire. « Personne n’est parfait… Vous avez sûrement raison...Mais qu’est-ce que la Perfection après tout ? » persifla-t-il doucereusement « Mais qui vous dit que je tiens à m’en faire un ennemi ? Non. Je pourrais aisément faire en sorte qu’il m’adore, comme… Me croiriez vous si je vous disais que je n’y tiens pas? Pas encore ? Je n’ai pas envie de faire quoique ce soit de factice pour lui. Jouer au père exemplaire, feindre me soucier de ce qu’il pense, fait… Je l’ai déjà fait, Hera. Et je le referai s’il était ou devenait important pour mon plan. Tout ce que je dois songer si je l’y intègre c’est veiller à ne pas le mettre en danger, pour sa mère. Lorsqu’il sera plus grand, peut-être décelerai-je quelque chose… d’utile. Pour l’instant c’est perdre du temps et mentir. Et même à Alexis, je tâche d’être… disons honnête. Ce que vous appeleriez l’Amour, sûrement. Je travestis facilement mon tempérament, mais avec la chair de ma chair… Encore si petit pourquoi le devrai-je ? Et puis… concernant la promesse…

Il était ainsi. Il avait fait un nombre inconsidéré de courbettes pour obtenir ce qu’il désirait. A l’y observer, agir et servir comme il l’avait fait, certains auraient dit qu’il ne possédait aucun amour-propre. C’était mal le connaître. Il n’y avait pas plus grand égo que le sien. Et c’était parce qu’il le savait qu’il n’avait aucune difficulté à se donner les moyens d’obtenir ce qu’il désirait. Il n’y voyait rien d’humiliant pour lui, uniquement pour les autres. Ils étaient lisibles. Prévisibles.
Concernant Hera que désirait-elle présentement ? L’analyser et l’aider, le « tenir par la main » au sens propre comme au sens figuré à en juger par la manière dont elle tentait de le conduire. Pour presque, il aurait feint d’être davantage éméché. En réalité, il n’en n’avait pas vraiment besoin…. La déesse souhaitait prêter assistance, elle voulait le comprendre, le « réparer ». Presque en dépit des risques, puisqu’elle le conseillait en dépit de ses propres intérêts… Ce qui la rendait intéressante. C’était peut-être un point de danger, une faiblesse qu’il décelait là.
Aider. Prendre soin des autres. Se reprochait-elle quelque chose pour désirer intervenir dans la vie d’autrui quand bien même elle en connaissait la dangerosité ? Ou tâchait-elle de pallier un manque ?
C’était un risque que de se livrer à elle. Mais justement parce qu’il le prenait, elle pouvait finalement finir par omettre sa dangerosité, trop prise dans le rôle qu’elle s’affairait à endosser.

Ils étaient parvenus jusqu’à une porte, où Hera semblait, selon toute vraisemblance vouloir le guider, avant de s’y arrêter mystérieusement :

«  Je me suis permise de récupérer un petit objet dont plus personne ne semblait avoir l’utilité. Je sais que vous détestez ce qui se rapproche d’une certaine forme de magie mais... je pense que celle-ci saura vous séduire...»

Il aurait pu s’inquiéter de l’endroit où elle paraissait vouloir le conduire. Pourtant il n’en n’éprouvait nulle crainte et l’effet n’était pas du à l’alcool qui pétillait dans son sang et son corps, Hera était en terrain conquis depuis l’instant où il avait pénétré dans l’Olympe. Elle n’avait pas besoin de le conduire dans un endroit précis pour le capturer...il l’était déjà si elle considérait qu’il l’était. Alors pourquoi craindre davantage ?
Il rentra dans la pièce, opinant à l’information donnée. Une pièce refermant un objet magique… Intéressant oui.
Il n’y avait rien. Rien de visible. Et il faisait froid, il pouvait le sentir, s’engouffrer dans chaque pointe de ses vêtements, telles des petites pointes perforants son corps… Il se secoua un peu, tâchant de réprimer une envie de frisonner. Il sentait Hera non loin de lui, sans la discerner… et son étreinte sécurisante autour de son bras. Amusant… Soudainement… oui… quelque chose se mis à briller à dessus d’eux, attirant son regard comme un aimant, s’étirant avec douceur et clarté… Un effet de Hera ou de la pièce elle-même, il l’ignorait encore… Et tourna son attention sur ce que la lumière révélait. Une pièce sans murs, sans presque contours, vide de tout mobilier … hormis… le plus important d’ailleurs… qui avait capté son attention à la minute où la lumière s’était faite. Comment aurait-il pu en être autrement. Il s’était approché de lui, comme captivé, à la perspective de ce qui s’offrait à ses yeux. Ce n’était qu’un éclat. Mais il luisait avec une forme miraculeuse. Il n’était même pas complet, comme il aurait été somptueux s’il l’avait été… Il composait le tiers du cadre mais l’entier avait du être immense. Impossible de savoir en combien d’éclats il avait pu être brisé. S’il en suivait les lignes, comme sa main dévorait de le faire, il pouvait en déceler quelques uns…. Au moins dix brisures. Alors qu’il s’avançait, souhaitant y capter son propre reflet, il entendit la voix de Hera :

« Ce miroir peut vous montrer différents chemins de vie. J’ignore comme il fonctionne réellement, il a été créé par un être magique. Certains habitants de Storybrooke se sont perdus dans ses reflets et ont témoignés de vies parallèles à son contact.. »
« Faaaascinaant... »

Il avait un peu trop accentué l'admiration, l'esprit encore trop embrouillé mais qu'importait. C’était son objet. Il le revendiquait farouchement. Il ignorait s’il l’avait vu auparavant. Il eut pu parier que non… Et pourtant, chaque miroir était à lui. Chacun de ces objets personnifiaient sa personnalité si bien qu'il s'en sentait toujours l'initial possesseur. Pourtant celui-ci lui paraissait... d'un sentiment inédit. Farouchement inconnu et familier à la fois. Il avait été créé par un être magique. Il se demandait qui. Il le formula même à voix haute. Des vies parallèles à travers un miroir ? L’idée était saugrenue et vraie à la fois. C’était ce qu’était un miroir. Il personnifiait l’individu dans sa vérité. Mais dans son reflet, chacun y projetait quelque chose. Parfois une simple réalité, parfois une envie, un mirage. Et le reflet, aussi férocement réel qu’il pouvait être ne faisait que transposer la vérité. Mais il ne l’était pas….

« Si vous voulez savoir ce que vous manquez avec votre fils, ce que vous pourriez gagner, je vous conseille de le traverser » poursuivait Hera « Si vous voulez savoir ce que vous manquez avec votre fils, ce que vous pourriez gagner, je vous conseille de le traverser. Je resterai ici pour vous repêcher quand cela sera nécessaire. Je sais que vous êtes très difficilement sentimental. La preuve en est, vous voilà plein d’émoi pour Miss Child et vous pestez à la recherche d’un coupable en titubant. Alors si ce sont des preuves matérielles qu’il vous faut, je vous les offre, en espérant que cela soit bénéfique au plus grand nombre... c’est vous qui voyez »
 
Etait-il ce qu’elle disait ? Il aurait pu s’en sentir vexé. Il ne titubait pas. Force était de constater qu’il trouvait facilement son chemin tout seul vers le miroir… Il ne savait même plus à quel moment et comment il s’était dégagé de l’étau du bras de la déesse. Et après tout… Pourquoi refuser l’exercice ? Il n’y était pas convaincu, il devait l’admettre, cela lui paraissait risibles… Et elle disait vrai, il possédait une réelle réticence face à la magie. Et son usage. Et puis… Puisqu’Hera semblait n’avoir aucune prise sur cet objet, comment diable aurait-elle pu l’y guider ? Et être sûre qu’il puisse y trouver des preuves bénéfiques ? D’autant plus qu’elle affirmait espérer que cela soit bénéfique au plus grand nombre… Folie que d’espérer que l’aider aiderait le plus grand nombre… Mais puisque cela reliait l’envie, dangereuse, de la déesse de prêter assistance à autrui, ce fut ce qui le décida à s’y laisser tenter. Cela et son envie irrépressible de toucher le miroir…
Il s’était vu reflété soudainement. Comme surgissant d’un nuage trouble. Son visage, net. Eludé de tout artifices, d’une précision de maître, beau, acéré. Une version plus pointue de sa beauté en ressortait, cruelle, implacable, majestueuse. C’était son reflet ordinaire et pourtant, il témoignait d’une vérité plus forte, plus flagrante… Il l’aspirait… Comme une retrouvaille immuable.
Cela ne pouvait lui faire de mal, il en était certain, les miroirs ne lui causaient aucun trouble.
Il se voyait à présent plus distinctement que jusqu’alors, ses pupilles dilatées par l’alcool et l’exaltation et ses pommettes enfiévrées, et sa Beauté plus encore… Sa main s’était levée, ses doigts s’étaient tendu :

« Voyons ce que cela fait... »

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There's a humming in the restless air; And we're slipping off the course that we prepared ; But in all chaos, there is calculation ; Dropping glasses just to hear them break

De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages

"Preminger n’entendit même pas si Hera murmurait un dernier avertissement. Sa main avait rencontré la sienne, et il avait plongé dans le reflet …. C’était une sensation extraordinaire. Comme si un voile fin s’était déposé sur l’entièreté de son corps pour le recouvrir et se modeler à même sa peau… tandis que l’autour luisait de mille morceaux de lumières. Son esprit pourtant semblait s’éveiller d’un presque sommeil… Une brume se levait dissipant l’alcool sans l’anéantir… Et soudainement, les contours s’éveillèrent… Dessinant les formes bien connues d’un château familier… Le sien. Une sorte d’ébranlement intérieur acheva de l’ancrer dans cette sorte de réalité. Il était revenu… Non. Non c’était trompeur ce n’était pas chez lui… Mais cela l’avait été et cela le serait à nouveau un jour… Est-il… revenu à cette période ? Il en connaissait les recoins, les formes les couleurs…. Et pourtant… s’il pouvait affirmer avec certitude de l’endroit où il se trouvait. Pour cause, il ne s’y était rendu que fort peu de fois, lorsqu’il s’agissait de quitter le château sans attirer l’attention sur sa flamboyante personne. Une odeur forte de pain flottait dans l’air confirma son soupçon. C’était cela. Les anciennes cuisines. Un brouhaha progressif gagnait en intensité. C’était un lieu de vie, un lieu de passage. Un lieu où le Temps ne s’arrêtait pas, mais semblait s’accélérer et où l’effervescence pullulaient. Un clin d’oeil à sa tenue l’enchanta. Bien loin de ses tenues traditionnelles du XXIème siècle, il semblait s’être vêtu d’une composition entièrement novatrice et révélatrice de sa grandeur… Oui… Si par bonheur il parvenait à trouver un miroir… Ce qui lui arracha un sourire, songeant soudainement qu’il s’y trouvait pourtant, apparemment baigné dans un miroir même… Il souriait encore lorsque brusquement, un jeune homme sortit de la pièce se trouvant en face de lui, des dossiers sous le bras, tâchant de refermer la porte de sa main libre. Agé de 16 ou 17 ans… Preminger ne l’avait jamais rencontré pourtant… il lui semblait le connaître. Il fronçait les sourcils pour s’y attarder quand le jeune homme tourna la tête, sursautant à sa vue. Ses yeux dorés s’écarquillèrent d’une nette sidération, semblant considérer sa présence en ce lieu comme une totale aberration. Et ce fut à l’instant que Preminger le reconnu. C’était Isaac. Evidemment, quoi de plus normal, puisqu’il était censé être celui qu’il devait rencontrer ici. A savoir pourquoi, il s’était attendu à le croiser âgé de ses dix douze ans… A présent qu’il l’avait reconnu, ce fut pourtant l’intégralité de son visage que l’ancien ministre s’était mis à détailler avec une avidité presque maladive. Il notait..les similitudes et les différences qu’ils possédaient, les mêmes angles et pommettes anguleuses, la même noirceur originelle de ses cheveux bouclées, une douceur en revanche persistait dans son visage, un éclat plus apaisé dominait ses yeux. Il lui ressemblait certes. Mais il n’était pas pareil. Ne possédait pas cette beauté écrasante, luisante qu’Ursule lui empruntait et qui était restée sienne. Il possédait la sienne, moins flagrante, moins nauséabonde, plus simple, sans pour autant être inexistante.
Il avait fait un pas en arrière, reculant près de la porte pour se plier dans une révérence protocolaire parfaitement exécutée. « Au moins, avait-il appris en la matière » songea le ministre. Pour autant…elle n’avait pas été volontaire, animée. Ne s’était plié devant lui rien de moins mais rien de plus qu’un citoyen bien éduqué devant son roi. Qu’importait. Il se moquait bien de toute l’allégresse qu’il pouvait provoquer. Presque si la révérence s’avérait difficile, plus il en trouvait plaisir. Et pourtant, celle-ci ne semblait même pas comporter de frustration. Elle semblait vide, creuse, tout comme la manière dont il le salua :

« Père. »

Son ton était froid, déchargé de toute émotion. Une politesse que Preminger désapprouva, reprochant l’absence de toute référence à son titre, par ailleurs, mais il ne maîtrisait pas les codes pour l’en rétorquer. Quoique… il aurait pu. Après tout, il était Roi et fondateur de ce pays. Avait-il pu admettre de se laisser appeler simplement ainsi par son fils ? Il en doutait sérieusement…
Ce à quoi, il s’agissait d’une attitude pour le moins critiquable… Il s’était focalisé sur l’individu, tâchant de noter ce qui le différenciait de l’ancien enfant.. L’autre était craintif, réaliste mais pourtant encore mué par l’Espoir. Il souffrait de sa méchanceté quand bien même il en demeurait lucide. Ce dernier semblait… détaché. Presque absent. Tel un parfait inconnu. Le regard de Preminger tomba sur la tenue qu’il revêtait, perturbé par leurs aspects. Ils étaient inédits, cela allait sans dire et pourtant, il trouvait parfaitement les clefs de leur référence. Ils composaient la Cour, dans leur coupe et style et pourtant s’en éloignait diamétralement dans l’intention. Leur couleur notamment d’un noir jais, solennel sinistre répudiait toute la couleur qu’Il personnifiait. Le manteau noir qui lui enveloppait la taille possédait une similarité à l’attirail presque martial que portait sa mère dans leur simulation dans l’île où il avait croisé Ursule et Gaspard. Bien davantage proche d’une tenue presque cavalière que d’un noble, nota-t-il désapprobateur. Ce n’était pas laid. C’était hors propos.
En attendant… Il se trouvait là. Au détour d’un chemin, d’un couloir,par surprise visiblement et sans réelle idée de ce qu’il faisait là. Et sans indice quelconque à ce sujet non plus. Le miroir l’y avait amené, ce qui ne signifiait pas que son lui d’époque s’y trouvait non plus… Quand bien même, il n’avait pas d’autres choix que de rentrer dans son propre personnage. Il était le Roi. S’il se trouvait embarrassé cela n’aurait eu tout bonnement aucun sens… Aussi décréta-t-il avec autant de naturel qu’il disposait :

« Et bien vous voilà….vous. »

Il avait hésité sur le terme à adopter.
Comment diantre pouvait-il s’adresser à lui ? Fils semblait bien trop solennel et liant. L’Erreur trop affirmé. Isaac trop proche. Il ignorait s’il l’avait gratifié d’un titre quelconque… Et quand bien même, il supposait qu’il ne l’appelait pas, ordinairement. Et cela n’avait semblé affecter l’autre non plus. Cela avait été, visiblement le bon choix.
« Puis-je savoir ce qui vous amène ici...présentement ? »

Peut-être que cela résultait d’une habitude, Preminger ne pouvait pas le savoir. Il avait, pour borner sa question ajouté le « présentement » pour signifier qu’il visait uniquement l’instant présent et non l’éventuelle coutume qu’il pouvait reproduire régulièrement. Après tout, il avait été suffisamment surpris de le voir pour qu’il se senta apte à l’interroger sur le sujet. Une telle surprise pouvait signifier beaucoup de choses… Peut-être se trouvait-il ici malgré une interdiction… sa surprise pouvait révéler une faute. Et cela n’aurait pas paru surprenant… Quel diable d’enfant s’amusait à tenir compagnie aux marmitons ?
Il le toisa et s’étonna que l’enfant fasse de même. Impassible. Indifférent. Le seul mouvement qu’il fit n’eut vocation qu’à épousseter son manteau d’un air négligeant avant de lui répondre :

« Il n’est pas rare que je prenne mon petit-déjeuner dans cette cuisine... »

Le ton employait soulignait clairement l’habitude et la manière dont il traîna sur la fin de la phrase criait implicitement qu’il n’aurait pas eu besoin de s’en enquérir s’il avait daigné le connaître. Seulement le Preminger du passé ne le faisait vraisemblablement pas et celui qui se trouvait devant lui… n’en savait rien. De bonne foi.
Relevant ses yeux de son manteau, l’Erreur plongea son regard dans le sien.

« Puis-je vous retourner la question ? Il est largement plus étonnant de vous y voir, plus que moi, si je puis me permettre. »

En l’occurrence, si cela était vrai pour le Preminger Roi, l’inverse était faux pour l’ancien ministre. Quoiqu’il ne faisait pas des cuisines sont lieu de prédilection, il suffisait suffisamment le château pour en connaître jusqu’au moindre recoin, les passages détournés, les lieux de levée de garde. Et avait du en faire un endroit on ne pouvait plus gardé d’ailleurs, sachant cela. Pour autant...il ne pouvait pour ainsi dire pas répondre à la question… S’il lui avait raconté que son miroir l’y avait amené il serait passé pour un fou, si bien qu’il tâcha de détourner le sujet, se focalisant d’abord sur une évidence qui ne pouvait qu’offusquer son « lui » de toute époque confondue :

« Et bien ceci devrait cesser. Prendre son petit déjeuner avec les domestiques en s’encombrant de documents... »

Il se demandait bien ce qu’il pouvait avoir ramené et étudié dès le petit-déjeuner… A la vue de tout le petit personnel qui plus est… D’ailleurs de quoi pouvait-il bien être chargé ? Et à quoi pouvait-il être bon ? Il l’ignorait. Ses brefs instants avec lui alors qu’il n’était qu’un bambin ne pouvait pas suffire à lui attribuer une quelconque vocation ou prédestination. Il était assez doué aux échecs… Mais voilà tout. Suffisamment pour qu’il lui confie des dossiers royaux ? A en juger par l’attitude du jeune homme, visiblement pas. Ils ne semblaient pas se fréquenter assez pour qu’il puisse posséder une telle responsabilité… Alors quoi ?
Par ailleurs, il devait s’extraire assez promptement à la demande évoquée par Isaac de sa présence ici… Quoique concernant cela, la réponse était aisée et l’attitude toute trouvée :

« Non, vous ne le pouvez pas. Il m’est plus que permis de voguer au gré de mes envies dans mon palais et celles-ci ne regardent que moi… Sachez seulement que je m’intéresse à ce qui s’y passe….partout. »

Après tout, il était Roi. N’avait aucunement besoin de se justifier. Par ailleurs, il avait insisté sur la dernière phrase par instinct, par test. Un rappel de ce qu’il incarnait, un sourire hautain était venu pondre sur ses lèvres pleines, alors que ses yeux se crispaient sur ceux de son fils. Tächant d’y voir autre chose que la pure et tranquille placidité qu’il affichait. Il ne cilla pas, se bornant à répondre :

« Oui. Mère m’a déjà fait part de votre crispation à ce sujet mais comme elle vous l'a sans doute partagé, je ne vois pas le mal qu'il y a de se rapprocher de ceux qui travaillent pour nous. Ce ne sont ni des intouchables, ni des moins que rien, juste des être humains qui font leur travail et le font bien. Et quand on s'entends bien avec son personnel, je pense qu'on s'évite quelques désagréments, comme d'éventuels empoisonnements. Quant aux documents, je ne m'en prendrai qu'à moi s'ils venaient à se tâcher mais je suis plutôt quelqu'un de soigneux, merci de vous en inquiétez » Reprenant le même sourire hautain, il sortit une montre à gousset de sa poche ayant le culot d’ajouter « Bien. Si notre conversation vous a rassasié, puis-je prendre congés ? J’ai encore à faire en cette matinée. »

Son attitude entière criait un désintéressement blasé qui le sidéra. Comment diantre pouvait-il agir ainsi ? Tout son comportement n’avait aucun sens. Il était...bien trop impertinent, trop vide, trop désincarné face à cette discussion.
Preminger tout bonnement interloqué et pour le moins crispé qu’il réprima de justesse un ricanement entendu. D’ailleurs de quoi parlait-il ? Il n’avait pas besoin de faire « ami-ami avec le personnel » pour éviter d’éventuels empoisonnements !  Mais Ciel, le prenait-il pour un imbécile ? Il avait forcément une dizaine de goûteurs à son service pour vérifier ses plats, sans compter qu’il disposait d’une intelligence remarquable. Il était tout bonnement IMPENSABLE qu’il n’ait pas à son service un ou plusieurs agents infiltrés dans l’entièreté des services de son château et au sein même de tout le royaume. Mais que croyait donc ce misérable petit gamin? Qu’on pouvait le berner LUI qui avait été l’Intriguant principal du palais royal pendant plus de dix années ? Et qui visiblement avait conquis sa Couronne et bien plus encore ?

« S’entendre avec son personnel ? » répéta-t-il sous un ton de raillerie  «Je suis bien plus que leur employeur. Et ce sont, comme tu l’as si justement rappelé « juste des êtres humains ». 

Son sourire s’était accentué, naturellement mesquin.

« Et toi, tu as au moins un rang à tenir. Aussi… A l’avenir, tu ne déjeuneras plus ici. »

Puisque visiblement son alter ego n’avait jamais du être mis au courant de ces sortes de déjeuner, il valait mieux réparer cette situation, présentement. Qui plus est, cela servirait à remettre à sa place ce petit impertinent… Et pourtant...ça ne marcha pas réellement comme le Roi l’entendait.

«  Et quel rang pourrai-je bien avoir à tenir je vous prie ? » un rire acide perçait dans la voix du jeune homme.

Du dépit. De la jalousie, sûrement, décela Preminger. En voilà un qui se trouvait fort désappointé de n’avoir aucune vocation successorale, à n’en pas douter. Il avait beau feindre l’indifférence et le détachement, c’était sûrement cela qui le rendait si amer et si presque blasé. Il se sentait inutile, incapable. Qu’importait, il n’allait certainement pas mourir pour le contenter. Ce qui pourtant le dispensait pas d’un rang dans l’échelle de sa Cour. C’était même impensable qu’il ne le connaisse pas, si bien qu’il avait tancé, avec une vivacité naturelle :

« Ta naissance te lie et te voue à la Cour. Ce qui coule dans tes veines t’oblige à la déférence. A être, sinon digne de celui qui t’a donné la vie, ad vitam eternam reconnaissant de ce privilège inouï. Un tel porteur ne fraye pas avec la vermine. "

Il ne pouvait concevoir qu’il l’ignora. Il l’avait forcément élevé dans cette optique de peur et de respect. Tout le royaume vénérait le Roi qu’il était. Les autres étaient morts physiquement ou le décompte de leurs jours avaient déjà commencé… Ceux qu’il avait engendré bénéficiaient d’un statut particulier, ils avaient forcément conscience de la chance incroyable qu’ils avaient de partager son patrimoine génétique ! Ils tenaient du Roi. Ils n’en devaient que plus être irréprochables, les parfaits et loyaux sujets gravitant dans son cercle privé.
Et pourtant, Isaac l’avait observé un instant sans rien dire, toujours peu absorbé par ce qu’il lui disait, faisant bouillir le sang du Roi, avant de dire sur un ton neutre :

« Je doute que Mère m’oblige à tant de déférence mais si vous le dites... » son regard s’était détourné encore, comme pressé de s’en aller…

Preminger retint l’envie de l’envoyer valdinguer contre la porte. Peste qui diable lui avait donné un aussi exécrable individu comme engeance ? Il y retrouvait l’impertinence initiale de sa mère dans ses jeunes années sans la moindre grâce qui avait pu tempérer son jugement à son encontre. Mais même dans ses crises adolescentes, il avait su tempérer et dompter la jeune femme. Isaac n’échapperait pas à la règle… Alors pourquoi y échappait-il à présent ? Il était ROI. Il n’aurait jamais du avoir l’outrecuidance de tenir de tels propos à son encontre encore moins devant LUI. Il aurait du baisser le front, s’évanouir même sous le reproche, se courber et lui assurer que rien de ce qu’il n’avait fait n’avait jamais eu pour but de desservir son immense gloire. Tel était l’enfant qu’il avait croisé jeune, non ? Un petit enfant timide, craintif, lucide quant à son désintérêt mais pour autant respectueux et admiratif de ce qu’il incarnait. Quand bien même il ne le portait pas dans son coeur, pourquoi diantre ne le craignait-il pas ? Il aurait du, il n’avait pu que l’éduquer en ce sens… Pourquoi diantre bravait-il autant les coutumes, la bienséance tout en feignant de s’y plier ? Comment osait-il seulement rétorquer devant lui ? Prétendre croire qu’il évoquait sa mère ? Quand bien même Preminger tenait Alexis en haute estime, elle ne portait pas la Couronne. La Couronne était SIENNE. Un tel propos était passible de crime de lèse-majesté.
Comment avait-il pu changer à ce point ? Pourquoi ?

« Be Careful with your words, child. » s’entendit-il répliquer, ses yeux dorés crachant un venin létal.

Il avait choisi le dernier mot avec un soin tout particulier. Il tenait à son statut de fils d’Alexis visiblement… Mais il n’en demeurait pas moins sien. Il n’aurait probablement pas les réponses quant à son comportement mais il n’empêchait qu’il pouvait aisément corriger ce dernier. Visiblement, cet enfant n’avait été suffisamment encadré d’une éducation ferme et rigoureuse. Peut-être qu’Alexis s’y était opposée ? Hera avait souligné le choix que le jeune homme aurait fait à se retrouver opposé à son père et sa mère… Ce qui l’étonnait de lui-même. Quand bien même il ne s’intéressait pas à son fils à proprement parler… il n’avait pu que s’intéresser à son éducation…

« D’ailleurs où te rends-tu avec cet ardent empressement ? » ajouta-t-il après un temps de silence.

Il n’avait pu que noter qu’Isaac n’éprouvait qu’une envie : fuir. Ce qui était, en soi aussi une lourde atteinte au protocole royal. Personne n’était autorisé à témoigner d’ennui ou d’empressement face au Roi, le Temps était à Sa disposition. Nulle personne, nulle autorité ne s’y soustrayait. Preminger aurait pu outrepasser cette attitude si l’envie de fuir avait été motivée par une gêne ou une crainte… Cela n’avait pas été le cas. Tout ce que ce dégingandé incarnait était le désintérêt total. A moins évidement qu’il n’ait quelque chose à cacher.
Isaac avait soutenu son regard jusqu’à ce qu’il pose cette question. Une fois posée, ses yeux s’étaient écarquillés :

« Avec tout mon respect, pourquoi vous intéressez vous à ce point à ma personne aujourd'hui ? »
Il ne le cachait pas, il était surpris. Cela le poussa sûrement à ajouter, avec une pointe d’inquiétude dans la voix  « Mère vous a demandé quelque chose ? »

Ce qui constitua pour Preminger une sorte de soupape d’agacement. Dans quel monde se trouvait-il pour qu’on lui posa cette question ? Dans quel monde ne le craignait-on pas ? Ne le respectait-on pas et où l’inquiétude résidait là où Alexis pouvait s’immiscer ? Cela n’avait strictement aucun sens ! Il était Roi, pas un larbin ? Hera n’avait-elle pas trafiqué cette sorte de... simulation ? Le miroir s’était-il trompé ? Il y avait forcément une raison… Il y avait des problèmes flagrants avec cette vie ci...

« Outre le fait que je n’ai aucun compte à te rendre et que tu n’es pas sans l’ignorer… Non. Ta mère ne m’a prié d’aucune manière de m’informer de ton cas.»  répliqua-t-il vertement en pinçant les lèvres jusqu’à les priver de l’afflux de sang.

Il tournait la phrase de manière à montrer la manière dont Isaac aurait du présenter les choses. Qu’Alexis puisse l’interroger ou lui reprocher des choses dans leur cercle privé n’était en rien fou ou déraisonnable, le fait de porter la Couronne rendait son pouvoir incontestable, il ne privait pas la jeune femme de son opinion. Il l’imaginait tout à fait lui faire part de ses réserves ou de son mécontetement le cas échéant face à certaines postures, mais que son fils n’y voit que par cela, LA était le soucis…. Cela rejoignait l’idée que la déesse avait formulé avant la traversée du miroir. Les liens qu’Isaac formait avec sa mère… Et à quel point il lui serait plus aisé de prendre son parti. Il n’y avait jamais vu du mal étant persuadé qu’il parviendrait à assurer la présence d’Enora à ses côtés. Le Futur qu’il avait vu confirmait qu’il en était capable. Il n’avait pas envisagé ces paroles comme un renversement d’autorité. Et pourtant… cela semblait être le cas. Ou en tout cas l’adolescent en face de lui se trouvait en proie à une impressionnante crise d’adolescence et de rebellion. Et pourtant, toute son attitude semblait l’en éloigner, pour l’approcher d’un détachement plus viscéral.
Comme si son impertinence n’avait pas pour but de le provoquer mais venait simplement d’une certaine répulsion à son égard…
Par ailleurs… Il ne lui avait pas répondu. Eviter ses questions était lésion à l’en écouter… Il l’interrogeait en retour comme s’il eut cru pouvoir dévier son attention… Pourquoi avait-il quelque chose à se reprocher ? Et quand bien même ce n’était pas le cas, il DEVAIT lui répondre. Ce fut la raison pour laquelle, il égraina, la tête haute :

« Je vais donc réitérer ma question et je t’encourage fortement à y répondre dans les formes et grâces en cessant toute forme d’impertinence, car tu n’es pas sans ignorer qu’il n’est pas bon d’éroder ainsi ma patience, Isaac… » Son ton s’était asséché au prononcé de son prénom, comme l’effet d’une branche rompue d’un coup sec « Où désires-tu te rendre avec un tel empressement  ? »

Cela lui avait déplu. Oh fortement déplu. Ses mains et ses machoires s’étaient crispées à son ton. Il n’avait rien dit, rien murmuré, rien fait. Seule cette tension avait grandi dans son être pour l’habiter entièrement. Il n’était sûrement pas habitué à cela tout en paraissant révolté. Qu’à cela tienne, il aurait du au contraire être quotidiennement bordé dans ces manières et méthodes. Trop de bride avait été laissé à cet enfant. Il semblait tel un cheval sauvage et abandonné aller au-delà et au quatre vents sans la moindre direction… Tout en sachant pourtant ce qu’on attendait de lui.
Preminger l’observait, la tête haute du monarque figée sur l’adolescent. Il attendait. Soit il rompait, soit il tenait. Il espérait presque qu’il rompe, des miettes de compréhension l’aurait mis sur la voie…
Mais il ne le fit pas. Finit juste par préciser :

« Je retournais dans mon aile pour observer les derniers échantillons que j'ai mis en boîte hier soir. Ceux-ci doivent être observé après le levé du soleil et avant midi afin que je puisse compléter mes analyses. Ce sera tout, Père ? » il l’avait sifflé avec la même véhémence sèche que lui quelques instants plus tôt « Où souhaitez vous me suivre dans ce périple et continuer à faire semblant de vous intéresser à mon cas pour des raisons qui vous sont vôtres. »

Cela lui déplaisait visiblement d’être...tenu au secret, de ne pas le saisir. Peut-être l’agaçait-il aujourd'hui avec plus d’entrain qu’ordinairement. Son insolence s’était révélée davantage, matinée de miel.
Preminger ne pouvait cependant plus admettre une impertinence supplémentaire. Pour la Couronne et pour Lui-Même, il ne se pouvait qu’on le brava tant et tant sans la moindre conséquence. Il avait déjà manqué de lui interdire de déjeuner avec les marmitons sous peine d’en sacrifier un, il méritait ici une sentence moins sanglante mais néanmoins existante.

« Il suffit ! » sa voix avait tranché dans le vif, avant de reprendre langoureusement « Je suis las de ton impertinence, Isaaaaac. » il avait pris cette fois, le Temps de décortiquer chaque syllabe de son prénom « Tu resteras consigné dans tes appartements et cela jusqu’à ce que tu fasses honorable pénitence de ton affligeante conduite. »

Au pain sec et à l’eau. Voilà tout ce que méritaient les garnements sans cervelle ! Il le redresserait au besoin ce petit avorton. De son Temps, c’était ainsi qu’ils mataient les plus difficiles, avant de passer à tout châtiment plus façonnant. Il n’avait du n’avoir ni l’un ni l’autre s’il se trouvait là sans le craindre ni même le respecter. Et quand bien même il n’avait rien eu… pourquoi donc n’avait-il pas de traumatismes psychologiques ? C’était sa grande spécialité ordinairement… Il se glissait dans les âmes et les consciences, pour mieux les convaincre de ce qu’il désirait, sans avoir nécessairement à user de la force….

« Si tel est votre bon plaisir... » Isaac l’avait dit sobrement mais Preminger l’avait vu. Le bord des lèvres frémissant d’une presque jubilation.

Etait-il bêtement heureux d’avoir reçu une punition ? Sottement satisfait de se voir confiné loin de tout et de tous ? Qui plus est...l’adolescent avait tourné les pas, presque prêt apparemment à partir… Il l’avait d’un claquement de doigt impérieux.

« Isaac… N’oublierai-tu pas quelque chose ? » ronronna-t-il

Et lorsque, « conscient de ses devoirs » le jeune homme avait pivoté pour revenir jusqu’à lui, exécuter la révérence que lui imposait son rang, il lui avait glissé sur le ton de la confidence tout en s’éloignant avant même que la figure soit parfaitement exécutée :

« Hâte-toi de faire pénitence...Tu manquerais sûrement à ta chère mère. ».

La Enora de ce Futur, de ce qu’il avait pu en découvrir lors de son périple passé, admettrait cette punition. Avec les réticences normales d’une mère mais elle saurait comprendre qu’il le faisait pour le bien de l’Autorité de la Couronne. Si la Couronne n’était plus crainte, respectée ou adulée, elle perdait pied…
La punition semblait presque légère… Et pourtant… Il ne l’y aurait pas envoyé s’il n’avait pas pensé qu’il s’agissait là d’une punition peu évidente compte-tenu de l’état de l’enfant. Le cloîtrer jusqu’à obtenir des excuses sincères et un comportement exemplaire gommant tout irrespect et irrévérence ne serait pas chose aisée pour lui tant ce gamin semblait avoir la rébellion face à sa Loi chevillée au corps. Quand bien, il la lui extirperait ou il ne sortirait pas. Et las, il finirait bien par comprendre et plier le dos. Et ne se laisserait pas avoir par des regrets factices… Lui ou son Autre Lui de ce Monde….
Il ne semblait pas voué à le savoir...songea-t-il soudain, notant que les contours autours de lui se dissipaient progressivement, u ne fois le jeune homme disparu. Ils ne s’effaçaient pas, ils s’envolaient en fumée disparates… Pour rejoindre le néant…
Cette fois, Preminger ne se retrouvait pas dans les mille éclats de miroir… Il était… Dans le Néant dans ce qu’il représentait aux yeux des gens. Un espace vide et sombre, sans lumière, sans bruit. Il ne voyait pas le sol, ni les murs autour de lui. S’il avançait à tâton, il n’en rencontrait pas. Seul l’impact de ses chaussures lui indiquait la tangibilité du sol. Cela aurait pu devenir...dangereusement oppressant…si un bruit ne s’était pas fait entendre… C’était…. Comme… un receptacle… ? Quelque chose avait cogné contre le bord de l’objet… Puis le silence à nouveau. Jusqu’au grattement. « Une plume » réalisa Preminger, c’était le bruit d’une plume qui grattait le papier, le bruit précédent pouvait s’apparenter à l’encrier, sûrement… Où était-il ? Qui écrivait dans le noir ? Etait-il enfermé dans une sorte de placard gigantesque ?
« Cher Journal »

Il avait tressailli, à nouveau, levé la tête vers le haut de la « pièce » n’y rencontrant rien. Toujours cette obscurité et pourtant la voix venait de là. De là et de partout autour de lui. Etait-il ce journal ? Entendait-il les mots qu’Isaac couchait sur le papier au fur et à mesure que les mots se formaient ?
Comme pour se moquer de sa pourtant bonne intuition, la voix reprit :

«  Père est un abruti »

Il ricana d’un rire dédaigneux… Mais rien ne semblait voué à faire sortir son rire du journal. Dommage. Il imaginait la tête de son fils s’il y était cru soudainement espionné dans ce jet d’insultes ridicules à son encontre….
Mais puisque l’exercice le destinait à l’écoute, visiblement, il attendit, un rictus blasé plaqué sur ses lèvres.

«  Pardonne cette redondance excessive sur le sujet, je sais que ce n’est pas la première fois que je l’inscris entre tes pages et cela ne sera sans doute pas la dernière mais chaque mot a besoin d’être gravé à l’instant où je le réalise avec une force nouvelle. Les années passent mais le constat est de plus en plus alarmant. Maman me dit que ce n’est qu’une question d’adolescence, qu’un jour je réaliserai à quel point avoir un Père est précieux, que le mien n’est peut-être pas parfait mais il sera le seul que je n’aurai jamais et qu’il ne faudrait pas que j’aie de remords quand viendra le jour de sa mort. Je pense que ce qu’elle ne comprend pas malheureusement, c’est que son sort m’indiffère totalement. Je pourrai ne pas le voir pendant un mois, deux mois, cela ne changerait sans doute rien ni à ma vie, ni à mon esprit. Ce n’est pas qu’une phase d’adolescent, ce n’est pas un lien qui se romps ou qui est en ballottage, il n'a tout simplement jamais existé. »


Visiblement… Ce garçon avait un sérieux souci avec Lui… Pour avoir besoin de coucher sur ce papier « tout le mal qu’il pensait de Lui » tout en affirmant son sort lui indifférait tant. S’il s’en moquait tant, il ne lui offrirait pas tant de temps dans son journal. Erwin était prêt à parier que dans l’hypothèse où Il avait, en miroir, commencé à écrire ses Mémoires, il s’y trouverait fort peu de mention à Isaac. Non parce qu’il en avait honte ou parce qu’il le considérait comme une erreur, mais parce qu’il était indifférent dans sa vie… Ceci… ce n’était qu’un discours d’enfant « mal aimé »…. Il rejoignait clairement le discours d’Enora, sur le sujet.
En tout cas, peu importait le sentiment ou l’absence de sentiments qu’il affirmait lui porter, cela le travaillait tout de même… Suffisamment pour qu’il puisse s’en alarmer.
Quand bien même, aurait-il du s’émouvoir qu’il ne souhaita pas le voir et n’éprouva rien à l’idée de ne pas le voir? Sûrement, son Autre et potentiel futur lui se trouvait dans le même état. Mais quand même… Étonnamment, cette information lui procurait des sentiments mitigés. Il n’était pas si étonné que son fils puisse rechercher une vie hors de sa présence si imposante et puissante, une vie hors de sa cruauté…. Il était en revanche désolant et même incroyable qu’il considéra cela comme sans changement… Il souhaitait inspirer un sentiment réel à son Fils. L’imposant sentiment de Pouvoir et d’Autorité. Une sorte de tranchante et belle immuabilité… Et… il ne semblait pas ressentir cela. Mais une sorte de ressentiment déconnecté de tout affect et… du vide.
Qui l’interrogeait malgré tout et le renvoyait à certains comportements notés chez Isaac lors de leur « récente entrevue ».

«  Maman dit que Père n’est peut-être pas à l’aise avec les enfants, que mon adolescence complique sans aucun doute les choses mais elle nourrit toujours l’Espoir si peu secret que mon passage à l’âge adulte nous rapproche, nous trouve des affinités quelconques. A chaque fois qu’elle le suppose, je vois cet éclat brillant dans ses yeux bleus et je sens un mal de ventre me monter en même temps que la gêne. Elle se berce d’illusion. Je pense que nous sommes tous deux au courant, lui et moi. Seule elle l’ignore. Et ça la fait souffrir, plus que je ne voudrai jamais qu’elle souffre. A mesure que ma plume glisse sur tes pages, je réalise qu’elle ne m’a jamais parlé de son propre Père. En a-t-elle seulement eu un ? Le seul grand-parent que j’ai d’encore vivant est ma grand-mère maternelle, qui a adopté Maman il y a de cela bien longtemps. Je sais qu’avant elle, il y avait Sophia, elle m’en a souvent parlé de par notre condition. Mais rien sur ce Père inexistant. Est-ce qu’elle tente de palier son absence en projetant ce manque dans ma relation avec Père ? Ou bien vit-elle la même chose que moi sans réaliser pourtant qu’il faut accepter que cela soit le cas pour son fils aussi ?  »


La suite était...intéressante. Elle ouvrait un prisme et démontrait une volonté de recul pour analyser les comportements de sa famille et les schémas familiaux qu’elle générait…
Son Lui actuel semblait bien être particulièrement désintéressé de son fils, à l’écouter. Ce n’était pas forcément surprenant… Mais ça l’était devenu à la minute où ce dernier avait manifesté un désengagement manifeste en sa personne. Qu’il puisse se désintéresser de la personne d’Isaac… pourquoi pas, qu’il puisse se désintéresser de ce qu’il incarnait était plus surprenant. Certes, il n’avait de leçons à recevoir de personnes et se moquait de l’opinion générale ; mais il était aussi un individu souhaitant avoir la mainmise sur l’image qu’il renvoyait. Et cette image qui se réfletait dans le regard blasé de son fils, son Lui actuel n’en voulait pas. S’il n’en voulait pas, comment son Lui futur si puissant, si glorieux dans ce qu’il s’en représentait, pouvait-il le tolérer plus d’une seconde ?
La relation qu’Isaac soulignait d’Alexis avec son père confirmait ce que Preminger en savait. Alexis ne s’en cachait pas… Ce qui la rendait compatissante avec Isaac. Même si elle comprenait forcément ses opinions, selon lui. Sans compter qu’il n’avait pas abandonné Isaac, il le nourrissait, l’instruisait, lui offrait un abri… Tout ce qu’un enfant pouvait désirer. Il était présent pour, en apparence, subvenir à ses besoins et envies et au regard de leur « récente conversation », il ne semblait pas s’opposer à ses activités…

« En revenant à Père... »


Puisqu’on semblait revenir à Lui, Preminger y redirigea aisément l’entièreté de son attention.

« Il a eu l’excellente idée de m’interdire aujourd’hui de manger avec ceux qui prennent soin de nous. Quand je te dis qu’il est stupide... Sa soif de pouvoir et son amour pour lui-même l’empêche de voir à quel point le peuple gronde jusqu’à dans ses cuisines et à quel point moi, ce Fils qu’il n’a jamais désiré ni même observé, j’étais peut-être le dernier rempart d’accalmie que je pouvais apporter à cette famille. Je ne le fais pas pour lui. Il est une cause perdue depuis bien longtemps. Même Maman n’aura rien su y faire. Je me demande toujours autant ce qu’elle lui trouve, à croire qu’il lui a jeté un sort, mais cela est encore un autre sujet. Je le fais pour elle, pour Rose qui prends pourtant le même chemin abject que lui. Mieux que cela, alors que cela, alors que je ne faisais rien de mal, il a décidé de m’accorder une “punition”... une de celle qui me ravie au plus grand point. Interdiction de sortir de mes appartements tant que je ne me serai pas excusé. L’idiot et l’ignare qu’il est n’a toujours pas compris ce que j’étais et... aujourd’hui j’en tire un avantage considérable. Plus besoin de me mêler à la foule, à ces bals sans queue ni tête, à discourir de sujets qui m’ennuient sans pouvoir par moment apporter un peu de savoir dans ces mots vite de sens. Quelle TERRIBLE punition que voilà. Je finirai par céder, comme toujours, lorsque Maman viendra me supplier pour la énième fois de m’excuser et de reprendre ma place parmi la Cour. Pourtant, toi et moi savons à quel point celle-ci n’a jamais été ma place. »

Ce discours avait été ponctué de sifflements agacés. Ciel… Tout ceci n’avait strictement AUCUN SENS. Dans toutes les hypothèses du Monde, il aurait interdit à son fils de fréquenter la plèbe depuis le départ. Il se souvenait qu’enfant le petit semblait avoir été pris d’affection par le petit peuple…
Peut-être que son Lui n’en n’aurait-il rien eu à faire, s’il le déconsidérait au point de se dire qu’il ne valait pas mieux que les marmitons… Mais c’était en parallèle leur permettre de côtoyer en permanence un proche du Roi… Un proche de ses « secrets », n’était-ce pas ceci le plus dangereux ? L’idiotie ne résidait-elle pas non dans l’interdiction faite mais davantage dans le laisser-aller de son comportement précédent ? Il admettait que si ceci n’était jamais eu lieu, lui refuser cette compagnie pouvait paraître ridicule, à présent et sans fondement. Pourtant, il avait beau y réfléchir, il ne trouvait pas qu’il eut été bon de laisser une telle chose perdurer. La preuve en était ce que ce jeune homme laisser sous-entendre dans ses écrits et qu’il lui fait remarquer face-à-face. Le « peuple grondait ». Lorsque le peuple grondait, laisser vagabonder entre ses lignes une tête incarnant en partie la royauté possédait son lot de danger. Bien évidement, si ces marauds le connaissaient il savait que l’enfant ne représentait pas une monnaie d’échange considérable. Mais, cependant, pour ce qu’il représentait, pour Alexis qui s’en rendrait folle, il n’aurait pu que réagir. Et plus encore… c’était le moyen idéal de gléner des informations capitales et de nourrir toute leur opposition. Ils lui mettaient des idées en tête, l’engonçaient de fausses informations…
Isaac, il devait le reconnaître, ne semblait pas un idiot. Mais à en juger par sa prise de position et ses propos, devait se trouver dans un tel manque de reconnaissance qu’il s’en imaginait ciment voir maçonneur de l’équilibre entre le peuple et le Roi… Oh, il pouvait le faire et d’une certaine c’était tout à son honneur de le découvrir presque voué à secourir et préserver sa famille. Mais à se croire essentiel ? Ils se servaient de lui. Il pensait sûrement avoir des amis, il n’était qu’un moyen. Ils projetaient sur lui leur attente, prenaient potentiellement partie pour lui, le figeant aussi dans le rôle de la victime d’un système corrompu. Mais lorsqu’ils se rendraient compte qu’il demeurait l’un des Siens. Ils le broieraient avec d’autant plus de vigueur.
Personne n’aimait les traîtres.
Il notait malgré tout qu’il cherchait à les aider… Lui, malgré l’indifférence qu’il lui portait, Rose qui suivait ses traces, et Enora. Il avait sourit lorsque ce pauvre enfant avait énoncé l’hypothèse d’un sort jeté. Oui, en quelque sorte. Il possédait un charme magnétique… C’était étonnamment le seul à n’en n’avoir pas fait les frais positivement ou négativement… C’était illogique d’ailleurs…
Isaac utilisait à son goût, bien trop de adjectifs qualificatifs négatifs à son sujet mais ce ne fut pas ce qui le fit le plus grincer des dents. Non. Ce fut sa critique de la punition… La Cour ne lui plaisait pas ? Il l’avait supposé. Il avait toujours ce souvenir de ce petit garçon fade, timide, craintif. Rien d’étonnant à ce que ce tourbillon de charisme, de rire, de fête et de cruauté ne lui convienne pas. Il aurait pu s’y faire une place pourtant, il avait de l’esprit, pas de quoi la conquérir pleinement, mais suffisamment pour s’y faire apprécier. S’il préférait la compagnie de sa solitude et que sa punition lui plaisait la BELLE AFFAIRE, mais il était tout bonnement IMPENSABLE qu’il puisse penser qu’il suffisait de céder et de s’excuser pour revenir au point de départ. Non…Tout comme il était impensable que LUI puisse le gratifier de ladite punition régulièrement et se laisser abuser de la sorte. Il connaissait suffisamment son fils pour percer à jour son mensonge…
Il y avait quelque chose avec Lui-même qui était...particulièrement perturbant dans l’entièreté de cette histoire…
De tout aussi perturbant que ce qu’il appris ensuite, au fur et à mesure des mots et motivations que traçaient son « fils ».

« Il viendra un jour bénit où tout cela s’arrêtera. Nous œuvrons dans le plus grand des secrets mais nous œuvrons bien. Toujours dans la lumière, car c’est au détour d’une ombre que se trouve le mal, tu le sais bien. Viendra ce moment bénit où le Peuple se relèvera et retrouvera la justice et le pouvoir. Viendra ce jour où toute cette mascarade de terreur et de sortilège se brisera. Peut-être Maman retrouvera-t-elle aussi ses esprits. Mais le Jour n’est pas encore arrivé. Ils me pressent d’accélérer. Je n’ai pourtant toujours pas trouvé le moyen qui m’assurera que Père ne mourra pas. Que Mère et Rose ne souffriront pas. Que tout se passera bien pour notre Famille, tout en rendant à ce monde sa splendeur d’antan. Mais je suis un rêveur optimiste, tu le sais bien. La Solution est juste là, sous mon nez. Elle attend juste que je la découvre. Et je le ferai. Ce jour-là, Père réalisera peut-être à quel point il a été un abruti. Mais il ne lui restera plus qu’à expier ses fautes. Et personne pour le pleurer. A bientôt, Isaac. »


Sale. Petit. Traitre. Cela lui donnait furieusement envie...d’éclater de rire. Et d’étrangler ce malotru dans le même trait de seconde. Oui… au détour d’une ombre se trouvait le Mal. Et puisqu’il était là, tapis dans les ténèbres même, comment aurait-il pu l’en détromper ?
Ainsi, cette sotte pseudo « résistance » existait ? Il songea brusquement aux notes qu’Isaac avait emporté avec lui et qu’il n’avait pas pu manquer de remarquer. Cela l’avait intrigué sur le moment. C’était ça. La Résistance du Peuple… Quelle tragédie misérable. Au moins, encore « oeuvrait-il dans l’espoir de ne pas le tuer en menant à bien sa...révolte ?… La belle affaire. Il ne réussirait ni l’un ni l’autre. Ce qui commençait dans le sang s’y finirait, inéluctablement. Il se connaissait suffisamment pour savoir ne pas se rendre s’il devait à périr. Et a emporter ce qu’il pouvait emporter dans sa Chute.
Mais de toute manière, cela ne pouvait pas se produire. C’était insensé.
Il s’était mis à parcourir, par longues enjambées le néant, plongé dans sa réflexion. Isaac n’était pas un parfait imbécile. Non, il était même plutôt rusé, si on omettait son optimisme et ses rêveries. Il l’avait souligné lui-même. C’était sûrement cela qui le mènerait à sa perte. Les défauts et pires failles que l’on possédait en nous nous amenait trompeusement vers la lame aiguisée de la destinée que l’on traçait.
Lui-même s’était auto-poignardé lorsqu’il avait cédé aux sirènes de l’orgueil. Alexis foulait la Terre y cherchant les bras qui jamais ne l’abandonnerait. Isaac continuait d’espérer.
Quand bien même, il avait joué plutôt finement auparavant lorsqu’il s’était tenu devant lui, ne manifestant aucune tension particulière…. Il devait le reconnaître.
C’était inquiétant. Intéressant concernant son fils, oui. Témoignant d'un sang-froid et d'une intelligence réelle, détectable même.... Mais… inquiétant puisqu’il mettait le doigt sur une inquiétude plus conséquente…
Où était-Il ? Lui. Son Lui de cette situation là. Que diable faisait-il ? Comment avait-il pu ne pas voir tout ce qui se produisait visiblement sous son nez ? Preminger n’avait pu comprendre tout l’enjeu d’Isaac lors de leur brève rencontre mais avait néanmoins noté quelques choses curieuses sur lesquelles il n’avait pu faire de lien, étant privé du contexte… Néanmoins, il avait déjà, en fort peu de Temps mis le doigt sur des attitudes curieuses, un comportement inacceptable et il avait agi.
Le Roi Preminger en revanche…ne semblait pas faire quoi que ce soit. Ni même avoir remarqué quoi que ce soit. Ce qui était impensable.
Ou alors…. Il...devait le savoir. C’était ça l’explication censée. Ce qui n’avait pu manquer de se produire, la raison pour laquelle il se tenait devant la porte des cuisines.
Il était venu surprendre son Fils, la main dans le sac. Peut-être avait-il même écouté la réunion ou tout autre chose de ce genre et que son remplacement par Lui avait fait capoter son plan… Oui, ce devait être ça. Ca ne pouvait être que ça, il n’était pas complément ailleurs, il avait compris ce qui se tramait dans son dos et l’avait non pas coupé à la racine mais l’avait sûrement laissé faire. Pourquoi ? Peut-être pour avoir un pied dans le nid. Si la Résistance était occupée au sein même de son palais, avec son fils, il disposait sûrement d’un moyen d’épier toute leur correspondance. Peut-être lisait-il même ce journal ? Connaissant son fils, peut-être savait-il, au contraire, tout de sa volonté de limiter les dégâts, de son « bon cœur ». S’il n’avait pas agit c’était sûrement qu’il comptait les prendre la main dans le sac, le jour où ils compteraient frapper. S’il ne portait pas l’enfant dans son coeur c’était la manière de les prendre à revers et de s’en débarrasser potentiellement.
Oui… Cela ne pouvait être que ça. Il tournait la question dans son esprit, alors que la plume s’était totalement immobilisée… Il ne pouvait comprendre ce qui aurait pu mal tourner en dehors de sa réflexion présente.
Certes, il avait vu dans son Futur la relation qu’il entretenait avec son Fils : elle était inexistante. Bien davantage que celle qu’il avait entretenue lors de sa brève venue… Et peut-être davantage que là.
Il se demanda si Hera l’observait, encore. Auquel cas, il n’avait qu’à l’interpeler et elle l’entendrait. Si elle n’en n’avait pas la faculté, il parlerait dans le vide. Si elle l’entendait…
Pourtant sa bouche resta close encore, préférant réfléchir seul. Dans sa propre introspection. N’était-ce pas là tout le but de l’exercice qu’elle lui avait proposé ?
Partir à l’aventure par l’intermédiaire du Miroir pour voir ce que certains de ses choix pouvaient avoir comme impact sur sa relation avec Isaac. Et notamment sa non-relation. Au delà de la sorte de détestation que son fils ressentait à son endroit, c’était davantage le désintéressement.
Même s’il REFUSAIT de pouvoir croire être non pas un abruti, grand Dieu non mais aveugle à ce point dans ce Futur, il admettait certaines failles que l’attitude avait pu provoquer. Rien de ce à quoi il avait assisté n'avait été un plan de sa part... Trop de failles, trop d'incohérences... Juste des sortes d'"erreurs" - lui qui n'en commettaient pourtant jamais - d'éducation...
Il avait été… trop aveuglé par … il ne savait par quoi, pour jauger l’intérêt que pouvait présenter son fils. Il avait été trop aveuglé pour comprendre les risques et les enjeux qu’il portait… Trop aveuglé pour agir comme il convenait. Trop aveuglé pour s'en occuper...
Et à présent… Qu’allait-il se passer ? Le voile du Temps se lèverait peut-être bientôt pour l’emporter ailleurs, son esprit, lui, s’interrogeait encore.

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Isaac E. Preminger
« J'ai pas trouvé où on peut demander un rang personnalisé... ! »

Isaac E. Preminger

| Cadavres : 1



''De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages'' Hera & Erwin _



________________________________________ 2022-12-04, 23:12




De l'autre côté du Miroir



D’aussi loin que je me souvenais Père avait toujours été présent dans ma vie. Il n’avait pas toujours vécu avec Maman, il avait aussi sa façon d’être là avec nous mais nous avions su aux fils des ans trouver notre équilibre. Je ne pouvais nier qu’il était un peu particulier, qu’hormis nos traits physiques, je ne partageais pas autant de points communs avec lui qu’on aurait pu s’y attendre. Certains le disaient imbu de lui-même et si je n’acquiesçais jamais en public, je ne pouvais que leur donner raison. Il s’aimait profondément, avait peut-être une plus haute estime de lui-même qu’il n’en aurait jamais pour personne d’autre et il n’était pas rare de le voir chercher fiévreusement son reflet, comme si aucun miroir, aucune peinture ne lui suffisait, comme s’il ne parvenait presque pas à les voir et qu’il ne trouvait que son repos et son plaisir dans les yeux de Maman. Mais malgré ce trait de caractère plutôt coriace, il savait reconnaître en son prochain des personnes qu’il pouvait estimer et sur lesquels il pouvait s’appuyer. Tout avait commencé avec Midas de ce que j’en avais compris, même si à l’époque, celui-ci n’était qu’un chiot que Père avait acheté pour sa propre compagnie et donner à sa vie des allures de Cour qu’il avait finalement atteint. Plus tard, bien plus tard était venu Maman. Ils formaient ensemble un duo aussi improbable et mal assortis qu’ils étaient fort et complémentaires ensemble. Si les mauvaises langues disaient que le Roi était incapable d’aimer, il semblait pourtant évident aux yeux de tous que si amour il y avait, c’était à elle qui l’avait donné. Avec le Temps et l’imprudence de leurs sens, j’avais fini par voir le jour. Maman ne m’avait jamais rien caché de ma vérité. Je n’étais pas un enfant désiré... “mais ardemment aimé”, comme elle le répétait à chaque fois qu’elle me l’avouait. Je savais aussi que je lui devais bien plus ma vie qu’à Père qui lui avait proposé d’avorter. Mais il s’était rallié à son choix, il m’avait même aidé à venir au monde et depuis ce jour, il n’avait pas loupé un seul de mes instants de vie. D’abord de loin, par obligation mais surtout par envie, pas très décidé à m’offrir un quelconque intérêt sans que je m’en montre digne. Et puis un jour...

Je n’avais jamais su ce qui s’était passé. S’était-il rendu compte à quel point son raisonnement était incohérent ? Comment pouvais-je lui prouver que j’en étais digne s’il ne me laissait jamais la chance de le faire ? Ou bien était-ce autre chose ? Mais nous avions commencé à nous apprivoiser. Il était entré dans mon monde et moi le sien. Nous avions appris l’un de l’autre, découvert nos points communs, acceptés nos divergences, sans doute l’avais-je fait avec plus de pitié que lui mais nous y étions parvenus. Je ne pouvais pas dire que mon enfance avait été la partie la plus heureuse de ma vie avec mon Père. J'étais toujours en compétition avec moi-même, à espérer plus, à tenter de comprendre pourquoi je ne méritais pas mieux. L’adolescence avait été chaotique, j’avais voulu me rebeller. Mais Père n’avait pas lâché et en grandissant j’avais fini par apprendre cette chose qui avait alors transformé ma vie : on ne change pas les gens. On ne peut changer que sa perception d’une situation face à une personne. Pour avoir moins mal, il ne fallait pas que j’espère plus, il fallait que j’accepte ce que j’arrivais à avoir. Et au fil du Temps, nos parties d’échecs étaient devenues des mises en pratiques, nos discussions, des réflexions et petit à petit, en prenant une place à la cour qui ne me mettait pourtant pas à l’aise, il avait su me donner un rôle, des responsabilités, plus proche de ce que j’étais, peut-être moins proche de ce qu’il aurait voulu, mais nous avions fini par devenir une équipe, peut-être même mieux, une Famille. C’était peut-être pour ça qu’aujourd’hui la pression était si forte...

— Hé, tête d’épingle !

J’avais relevé les yeux vers cette jeune fille qui m’observait de toute sa hauteur, un sourire en coin au bord des lèvres, d’où ressortait toute sa malice. De son air revêche qu’elle arborait souvent, je pouvais voir toute sa force, tout ce qui faisait que contrairement à moi, elle aimait la Cour et savait en jouer. Elle avait une tenue de cavalière, ses cheveux bruns et cours lui tombaient en pluie de boucle sur ses joues, son petit nez en trompette pointaient dans ma direction et ses yeux bleus me transperçaient avec intérêt. Un ronronnement puissant s’était fait entendre à côté de moi tandis que le petit cochon se forçait à passer sa tête sous mon bras pour avoir des caresses, ce que je lui offrais volontiers.

— N’est-il pas un peu trop petit désormais pour que tu montes dessus ?

— T’es bête, abruti.

Elle avait eu un petit rire et je l’avais gratifié d’un sourire en coin. Beaucoup aurait pu se choquer de notre façon de nous parler. Pas nous. C’était notre façon de communiquer. Plus que de la méchanceté, elle transmettait toute la complicité et l’amour que nous avions l’un pour l’autre. Rose savait parfaitement ce qu’elle faisait, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, c’était en tout cas l’impression qu’elle donnait. Du haut de ses 16 ans, elle pouvait se montrer très impressionante. Et elle, se moquait de mon intelligence car elle savait au fond que peu pouvait se vanter de s’approcher de mon intellect. Elle s’était assise en tailleur sur la pierre, en face de moi, tandis que je collais ma tête avec douceur contre la vitre du bassin géant qui se trouvait dans mon dos.

— J’étais sûre que t’étais ici. Ça te dirait pas d’allumer la lumière un peu parfois ? C’est glauque, putain. A moins que ta tête d’ampoule éclaire assez tes environs...

— Si Père t’entendait parler comme ça...

— Je ne parle jamais comme ça en présence de Père, je suis une femme du monde moi, mon cher.

Elle avait battu les paupières avec un sourire carnassier et bien que j’en avais ris, je savais qu’elle avait raison.

— Tu t’en sors ?

Son ton s’était fait plus doux, plus protecteur, son regard plus inquiet. Elle connaissait ma propension à stresser pour rien. Et en cet instant, j’étais loin de paniquer pour des broutilles. Mon rire de détresse le lui avait confirmé :

— Absolument pas.

— Hé... panique pas comme ça.

Elle s’était glissée dans ma direction, plaçant à son tour son dos contre la vitre, posant sa tête sur mon épaule.

— T’es le meilleur, tu le sais ça ?

— Bien sûr que je le sais, mais que tu le dises...

— Je nierai si tu le dis à qui que ce soit.

On avait ri de bon cœur une nouvelle fois et j’avais senti sa main se poser sur la mienne.

— On va y arriver. On est si proche du but. Je suis sûre que ce n’est qu’une question de Temps. Garde Espoir.

— Oui mais QUAND ?! La solution qu’on a trouvée n’est que temporaire et on n’est même pas sûrs que ça ne le tue pas à petit feu ou que ça ne crée pas des complications...

— Et il est au courant. Et il a choisi ta solution en connaissance de cause.

— Parce que TU la convaincu.

— Parce que ça va être de ma faute maintenant ?

Elle s’était redressée avec un air interloqué et scandalisé qui me faisait tant penser à Maman.

— Non, c’est pas ce que j’ai dit, Rose. Je dis juste que... Tu sais... t’es meilleure que moi à ce jeu-là. Père t’écoute plus que moi.

— C’est faux, c’est toi qu’il écoute à travers moi. Et on le sait tous les trois. Ok tous les deux, Papa et moi si tu veux continuer à faire ta tête de mule. On est une équipe tu te souviens ? Chacun son talent. Toi t’as ton cerveau, ton imagination et...

— Et toi t’as ton talent de la Cour et des recherches...

— Voilà. Tu restes au château à trouver les solutions et moi je les applique sur le terrain. Mais pour que je les applique, faut bien que t’ai trouvé la solution. Et ça Père le sait. Elle marche ton idée. Elle est pas encore parfaite parce qu’il doit en prendre tous les jours, mais ça fonctionne quand même. Les analyses prouvent que son organisme se stabilise et se rajeunit même à certains endroits. Et ça c’est grâce à toi et à ton pote là.

Elle avait fait un signe de tête en direction d’Itzmin, mon Axolotl qui barbotait fièrement dans son énorme bassin. En captivité, l’Axolotl ne vivait que 5 ans... mais dans un espace plus grand, un vrai grand bassin comme celui-ci, il pouvait vivre jusque 30 ans... Il n’était même pas encore à la moitié de sa vie.

— A moi, à mon pote et... à ma petite sœur sans qui rien n’aurait été possible.

Je lui avais souri tendrement, elle me l’avait rendu avant de préciser :

— Sans nous deux ensembles, rien n’aurait été possible. Je n’aurai jamais trouvé ce que tu as été capable de trouver. Et tu n'aurais pas pu faire ce que j’ai dû faire pour l’accomplir. On est une équipe.

— Il faut vraiment que t’arrête de répéter ce que Maman dit à longueur de journée, je sais même plus avec laquelle des deux je parle.

— C’est simple, moi je suis la plus jeune.

— T’es vache.

— Je plaisante.

Elle avait rit avant de devenir subitement plus grave, comme si elle craignait de me dire quelque chose. Je l’avais observé en silence avec un air curieux, la poussant à me dire ce qu’elle avait à dire.

— A la base je venais te chercher... Père veut te voir... A propos de...

J’avais hoché la tête d’un air entendu. Elle avait eu un instant d’hésitation avant de me préciser :

— Tu veux que je t’accompagne ?

— Non t’en fais pas, je vais gérer. Occupe-toi de Troubadour, il a l’air de mourir de faim ce pauvre cochon.

Mourir de faim, oui mais “pauvre”, certainement pas. Rose le gavait tellement qu’il en était presque devenu obèse. Peint en blanc et avec une corne au milieu du front, il aurait pu ressembler à Pétunia. C’était d’ailleurs ce qui le poussait à réclamer toujours plus de nourriture... Nous étions sortis de mon labo, mon carnet sous le bras et j’avais pris la direction des appartements du Roi. Passant les gardes, je me plantais devant les portes et attendit qu’on m’annonce et m’ouvre les portes. Une fois rentrée j’avais lancé un rapide regard tout autour de moi. Mère n’était pas là. Il n’y avait que lui et le matériel médical qui m’attendait. Après une révérence, je lui demandais calmement :

— Vous m’avez fait demander, Père ? Pouvons-nous réaliser votre prise de sang en même temps ? Cela optimisera votre agenda.

Je lui avais souris, lui proposant le fauteuil, attendant de voir ce qu’il allait me dire, sachant pourtant pertinemment de quoi il était question. Tout en s’installant, il me précisa :

— Oui Isaac… soyons productif en effet… dis-moi… sommes-nous sur le point d’aboutir ?

Je m’étais assis à mon tour, posant mon carnet de recherche sur la table à côté de moi, rassemblant le matériel pour la prise de sang tout en déglutissant. Son ton n’était pas maussade, il était même plutôt doux et mielleux, ce qui ne l’empêchait pourtant pas de me presser. La Patience avait toujours été toute relative avec lui. Remontant sa manche en récupérant le garrot, je lui avais préciser :

— Je ne dirais pas que nous sommes “sur le point”, non malheureusement. Mes recherches avancent mais je ne comprends pas encore comment faire en sorte de les transposer à l’humain et de façon... durable qui plus est. Je pensais avoir une solution suite aux dernières recherches de Rose mais... elles se sont révélées infructueuses.

J'étais restée sobre sur la raison de mon échec, il n’avait peut-être pas savoir que le cobaye s’était tordu de douleur pendant des heures avant d’agoniser, ses organes explosant les uns après les autres. Père était quelqu’un de sanguin, bien plus que je ne l’étais. Lui préciser ce genre de détail pouvait l’emmener vers des réactions des plus vives.

— Hum… pourtant nous le faisons bien, non ? La courbe des résultats indique une stabilisation… c’est donc qu’une faille existe… sur quel procédé travailles-tu actuellement ?

— Attention, je sers.

Je l’avais prévu avant de placer le garrot entièrement. C’était loin d’être quelque chose d’agréable et nous le savions tous les deux. Sans lui répondre encore, toujours concentré sur ce que je faisais, j’avais piqué l’aiguille dans la veine que j’avais précédemment trouvé avant de lui clipser le pot à échantillon. Lorsque je fus sûr que le sang commençait à s’écouler, je continuer à observer le tube tout en précisant :

— Je tente toujours de percevoir les propriétés d’Itzmin. Mais les rendre compatible à l’humain est difficile. Plus difficile que je ne le pensais... Rose a bien trouvé le puit d’Hématite et a lancé l’installation d’une mine sur votre ordre mais pour l’instant ce que je reçois n’est pas concluant. Elle vous a peut-être déjà parlé de Samsara ? Elle envisage de se rendre là-bas pour voir si les légendes sont fondées... et de mon côté, je dois vous prendre quelques flacons supplémentaires comparés à d’habitudes si vous l’acceptez, j’ai besoin de chercher si notre solution ne vous fait finalement pas plus de mal que de bien.

Tout en parlant, j’étais passé d’un tube à l’autre, patiemment, les rebouchant quand je le pouvais, n’arrivant pas encore au nombre limite pour lui laisser l’occasion de choisir s’il acceptait ma requête. Je faisais de mon mieux pour rester factuel, ne rien montrer de plus que mes connaissances mais l’éclat de mes yeux trahissait la tristesse et la déception que je ressentais pour moi-même à l’idée de ne pas réussir. Et si je n’étais pas si doué ou intelligent que d’aucun le laissait supposer ? Je n’étais peut-être qu’un chanceux, un chanceux avec une solution bancale.

— Itzmin est précieux oui… Le puits d’Hématite serait donc à abandonner ? Parle sans crainte j’ai besoin de connaître ton opinion… tout comme ce que tu penses de Samsara et de ses légendes.

Je n’avais pas pu m’empêcher de rougir de gêne et de contentement en l’entendant dire qu’il voulait connaître mon opinion. Ce n’était pas que d’habitude ce n’était pas le cas, mais nous avions rarement autant l’occasion de nous le montrer. Il savait mon opinion plus au travers de Rose qui savait totalement le prendre, contrairement à moi. Depuis toute petite, avec avait ce lien avec Père si naturel qui ne nous avait pas été donné. Nous, nous nous étions apprivoisés, comme deux animaux d’une autre espèce, pas à pas, en concédant des efforts à entrer dans le monde de l’autre. Il n’était pas rare à la Cour d’entendre que j’étais le portrait craché de mon Père. Loin de ses oreilles pourtant, il ne semblait pas spécialement friand de cette information. Mais si on se ressemblait physiquement, les âmes de Rose et Père étaient nettement plus en adéquation. La preuve, une fois de plus, alors que j’avais tenté de l’apaiser, je n’avais fait que l’inquiéter. Il avait eu un moment de recul où j’avais dû serrer plus fortement ma main sur son bras pour éviter son repli total qui risquerait de lui faire du mal. L'aiguille était toujours dans sa peau après tout.

— Pourquoi ? N’as-tu pas dit que la solution s’avérait au moins stable? Et que le rajeunissement s’effectuait sur quelques cellules ? Quel mal ? Y aurait-il quelque chose que j’ignore et que tu as vu ou appris ?

J’avais d’abord tenté de le rassurer, ne sachant comment faire pourtant. Je devais bien avouer que j’étais surpris de sa réaction excessive, comme s’il découvrait ce point alors qu’il avait longuement été discuté en amont et qu’après de nombreux débats, il s’était rangé du côté de Rose plutôt que du mien : son Temps était précieux, il valait mieux commencer avec une solution encore non finalisée mais qui fonctionnait plutôt que d’attendre éternellement. Alors pourquoi ce revirement de situation. Je me sentais presque prêt à balbutier mais je revoyais dans mon esprit le visage de ma sœur, ce roc, qui ne se laissait jamais démonter, même prise au dépourvu. Elle semblait me dire de me ressaisir. Prenant une grande inspiration, je précisais :

— Je... je n'ai rien appris de plus pour le moment Père, nous savons que c'est stable mais nous ignorons toujours ce que cela peut produire sur le long terme. Quand nous vous l'avons expliqué avec Rose vous étiez du même avis qu'elle : c'était un risque à prendre... Nous... Nous pouvons tout arrêter si vous changez d'avis, je peux continuer à faire des recherches à part...

— Tu trouveras, Isaac, n'est-ce pas toi qui a trouvé et mis au point ceci ? Ce que tu me fais prendre... ce...

— Remède ?

Le choc de le voir me réconforter avait été si violent que j’avais répondu du tac au tac à la recherche de ses mots. Je m’étais aussitôt pincé les lèvres, tendu par ce que je venais de faire. Mon cerveau allait plus vite que la moyenne, je le savais, ce qui faisait que je m’impatientais souvent dans mon coin. Je tentais de le cacher pour le commun des mortels, tenter d’avoir une once de normalité mais je savais que c’était toujours quelque chose qui m’avait agacé lorsque les gens n’allaient pas aussi vite que moi. Alors depuis enfant, il n’était pas rare que j’aide les gens à finir leurs phrases pour aller au plus vite et passer à autre chose. Mère m’avait expliqué que ce n’était pas très poli, je tentais donc d’arrêter de le faire, même si certains étaient reconnaissant quand je le faisais. Pour moi, je ne faisais pas la différence entre ceux qui avaient vraiment besoin d’aide et ceux qui étaient dans une lenteur naturelle et que j’étais susceptible de vexer alors pour rester le plus poli possible je tentais de ne plus le faire du tout. C’était extrêmement dur, mais avec Père, c’était rentré nettement plus facilement. Parce que ça l’agaçait plus que les autres, il avait parfois juger que je tentais de le ridiculiser et les punitions n’avaient pas cessés de pleuvoir sur ce point. Je me contrôlais bien plus avec lui qu’avec quelqu’un d’autre. Non pas qu’il soit particulièrement lent, il ne l’était même que rarement, mais il faisait parfois des effets de style que je ne parvenais pas non plus à comprendre. Tout ça était beaucoup trop étranger de mon système de communication. Pourtant, en cet instant, gorgé de ce confort rare mais pas non plus inexistant, je m’y étais osé... et avec un certain soulagement j’avais constaté qu’il ne m’avait rien dit, reprenant juste le cours de sa pensée :

— Donc non. Nous n'arrêterons pas. Je préférais simplement savoir ce qui avait pu bien t'alerter...

— Rien de plus que t’habitude, Père, je vous le promets. Je vous en aurai tout de suite alerté le cas contraire. C’est juste que... je suis d’un naturel très prudent, peut-être trop, vous le savez bien. Je pense juste que quand les mortels défient la mort et qu‘ils n’usent pas de magie, il y a sans doute un prix à payer. La Nature est ainsi faite, il y a toujours un prix. La magie est payante et la science doit l’être tout autant... et comme nous avons acheté sans connaître le prix, je préfère m’assurer de toutes les manières possibles qu’il ne soit pas trop salé. Si vous me permettez de revenir sur un point Père, je voudrai juste apporter une précision à ce que vous avez dit. J'apprécie vos mots de réconfort mais je veux tout de même ajouter que je n’aurai jamais trouvé et mis au point tout ceci sans Rose, j’en suis persuadé. Elle m’est d’une aide, d’une réflexion et d’un soutien qu’aucune autre personne n’aurait pu m’apporter. C’est un travail commun. Je veux que vous le sachiez, pour Elle.

Ce n’était pas de la fausse modestie. Je n’en étais pas dénué quand j’avais une nécessité absolue de l’utiliser mais c’était loin d’être mon arme de prédilection, plus celle de ma petite sœur. J’étais juste sincère. Elle se donnait tant de mal pour Père, elle aussi. Elle était faite du même bois que Maman. Elle brûlait du feu de la passion et des convictions, de celui de l’amour aussi. Elle donnait tout pour ce à quoi elle tenait, coûte que coûte. Et plus que tout cela, elle avait une intelligence et un art de la manipulation qui la rendait redoutable. Une force de la nature. Ce que nous appelions ensemble en riant “le pire de ce que Maman et Papa pouvait produire”. Récupérant un mouchoir pour essuyer le sang qu’il avait fait couler dans son mouvement, je lui précisais avec une grimace :

— Je suis désolé de vous presser Père, mais... m’autorisez-vous donc à prélever un peu plus de votre sang ? Cette aiguille est dans votre bras depuis plusieurs minutes maintenant, j’ai peur de créer un hématome...

— Bien sûr que oui... fais, fais...Je veux des résultats. De toute manière, je suis persuadé qu'ils seront positifs... Après tout, souviens-toi que nous n'opérons pas un dérèglement mais un juste retour de ce qui doit être, à mon cher avis...

Il m’avait souri et je lui avais rendu son sourire, sincèrement. Père était de ceux qui pensaient de l’immortalité lui était dû, qu’il était plus que ce que son enveloppe charnelle avait fait de lui. Je n’étais pas d’accord, nettement plus cartésien, je restais persuadé que si Père était humain, c’est qu’il devait l’être et qu’il s’agissait bien d’un changement que nous opérions. Mais ce genre de débat ne servait à rien à part nous mettre en colère l’un contre l’autre. S’il voulait avoir accès à l’immortalité et que j’étais en capacité de m’y tenter, que pouvait-il faire que nous pensions qu’il y soit légitime ou non ? Il n’avait pas rebondi sur la précision que j’avais fait Rose mais j’avais vu à son regard et son air qu’il l’avait entendu, même mieux, qu’il le prenait déjà en considération. L’autorisation accordée, j’avais récupéré les tubes suivants pour continuer ma prise de sang, revenant sur ce qu’il m’avait dit plus tôt à propos des hématites :

— Non, je pense qu'il est trop tôt pour se prononcer sur la mine. Je dis juste que l'hématite est un matériel rare et fragile, il est beaucoup plus difficile à extraire que n'importe quel minerai qu'on aurait pu extraire jusqu'à présent... ce qui fait que mes échantillons sont moindres et que la recherche prend plus de temps. Mais la solution est peut-être là... Si nous arrêtions avant d'en avoir prouvé le contraire... nous perdrions un temps considérable... Quant aux légendes de Samsara... Rose est plus douée que moi pour extrapolée... je ne peux rien en dire tant que je n'ai rien à analyser... c'est elle l'aventureuse...

Une fois de plus, j’avais rougi, gêné. Je n’étais ni déçu de ne pas l’être plus, ni jaloux de ma sœur, chacun avait ses propres capacités et j’étais très content d’être moi-même. C’était juste que je craignais qu’il ne s’adresse pas à la bonne personne, ce qui avait le don de l’impatienter aussi... J’aurai du finalement accepter que Rose vienne avec moi... Mais pour toute réponse, il balaya mon inquiétude :

— Oui, je suis d'accord... Si nous arrêtions, maintenant, nous aurions perdu notre temps et potentiellement gaspillé une chance... Ta soeur est aventureuse, c'est vrai. Toi tu es fin analyste, non? Les légendes de Samsara ne t'évoquent donc aucune observation ?

Une fois de plus, notre accord m’avait fait plaisir. J’avais donc pris plus de temps à réfléchir pour répondre à sa question, tout en retirant l’aiguille de sa peau après le dernier flacon. J’avais directement appliqué un coton sur le point rouge et lui avait demandé d’appuyer à ma place le temps que je m’occupe du matériel et de récupérer un pansement.

— Si, bien sûr, je connais les légendes, Maman me les racontait avant de m’endormir, entre autres. Le conte dit qu’un homme ayant cherché à tromper son destin l’a finalement rencontré à Samsara quand la mort l’a pris dans ses bras. Les religions hindouiste, bouddhistes entre autres en parle également... Cette ville est presque un état, considéré comme étant un état de renaissance, de renouveau... Souvent, les histoires et les légendes, même les croyances, partent de fais réels. Peut-être pas aussi incroyable que les histoires les ont rendus, mais où une part de vérité se cache... Samsara a déjà été très dur à localiser donc... si quelque chose doit y être, je n’en serai pas étonné. Tout dépend d’où part l’inspiration... il peut être question d’une vraie piste, ou juste d’un style de vie, ce à quoi le voyage de Rose n’aura servi à rien. Mais tant qu’elle n’y est pas allée et n’en est pas revenue, je ne peux pas plus me prononcer...

— De Samsara découle quelque chose, indubitablement. Lorsque ta sœur s’y trouvera, nous verrons ce qui s’y révèlera.

Le fait de parler de Maman m’avait d’ailleurs donné une idée, comme un sursaut tandis que je me reculais de Père pour lui laisser de l’espace, tout en rangeant consciencieusement les flacons. Déglutissant, je m’y risquais, sachant que ce sujet était parfois un peu sensible avec Père :

— Est-ce que... Est-ce que Mère est toujours trop souffrante pour nous aider ? Je me disais que si l’hématite doit être extraite avec la plus grande précaution, son... son pouvoir pourrait peut-être nous aider à y parvenir... Comme elle n’est pas encore revenue dans votre chambre...

J’avais risqué un coup d’œil en direction de la pièce laissée entrouverte. Maman avait ses appartements mais cela faisait bien longtemps qu’elle ne faisait plus chambre à part avec Père... sauf quand elle était souffrante... et que plus personne hormis lui n’avait le droit de la voir pendant quelques temps... S’il avait opiné du chef dans les premiers instants de mon discours, il avait soudain changé d’allure, se stoppant malgré lui. Il avait semblé choqué de ma question, est-ce que je n’avais pas le droit de la poser ? Ou était-ce autre chose ? Je ne le saurais sans doute jamais car c’est éclair pourtant éclatant de son choc avait vite laissé place à son visage de nouveau calme et serein :

— Oui. Il est impensable de lui demander pour le moment. Même lorsqu’elle sera tout à fait remise, il faudra encore la ménager.




Le décor s’évapore brusquement, laissant Erwin seul avec ses pensées, Isaac ne réalisant rien. Après tout, il n’était pas vraiment présent. Nouvelle journée, nouveau décor.





Comme tous les matins, j’étais descendu dans la cuisine. Enfin... les matins qui le nécessitaient, ceux qui me faisaient commencer ma journée très tôt, plus que n’importe qui ou ceux qui m’avaient fait travailler extrêmement tard et où je me permettais une grâce matinée. Père était toujours informé en amont, de toute façon et quand Maman était souffrante, comme c’était le cas en ce moment, les petits-déjeuners familiaux étaient nettement plus rares. Père restait à son chevet et Rose et moi... vaquions à nos occupations.

— Non, votre Altesse Royale !

Un bruit mat sur la table de la cuisine était le seul vestige d’une tape que j’aurai du prendre sur la main mais que j’avais retiré à temps. Riant franchement, j’avais posé mon regard attendri sur la cuisinière qui s’exténuait dans ces grandes cuisines depuis de nombreuses années maintenant à notre service. J’avais toujours aimé passer du temps avec notre personnel, malgré nos différences de rangs. Je savais que je ne le pouvais pas toujours mais c’était quelque chose que j’appréciais et ils me le rendaient bien.

— Ne fais pas cette tête Rosalind, je suis en quête d’un petit-déjeuner. Je n’ai pas encore eu le temps de manger.

— Vous auriez dû me le dire, je vous aurais fait porter un plateau à vos appartements. Ceux-ci sont encore chaud et sont pour le buffet de ce midi. Je vais voir ce que je peux vous faire. Si vous voulez des Muffins, il doit y en rester quelqu’un que votre Mère, la Reine a laissé dans son panier.

— Comment va-t-elle ?

Je l’avais osé sur un ton anodin, m’empêchant de l’observer cependant. Je savais que son regard maternel et désolé en revanche était bien posé sur moi.

— Je l’ignore, Monsieur. Je n’ai pas encore eu de retours de sa suite mais... elle a bien mangé de ce que j’ai pu en voir.

— Bien... je suis content...

J’avais relevé mon regard vers cette femme replète, rempli d’amour qui changea de sujet d’un air énergique, comme pour faire disparaître mes pensées sombres.

— Vous savez quoi ? Je vais vous faire parvenir un véritable petit déjeuner, œufs brouillés, bacon, tout le toutim, qu’en pensez-vous ?

— Je ne veux pas te déranger.

— Mais non voyons, ça me fait plaisir. Avec un jus d’orange et un thé, comme d’habitude ?

J’avais hoché la tête d’un air entendu :

— Un Darjeeling, s’il te plaît.

— C’est parti ! Remontez, on vous apporte cela dans quelques minutes, et voilà de quoi vous faire attendre.

Elle m’avait fourré un muffin aux myrtilles dans la main avec un clin d’œil et je lui avais souri. J’aurai bien mangé en sa compagnie mais j’avais beaucoup de travail et Père n’en était pas très friand. Je l’avais donc chaleureusement remercié avant de sortir de la pièce, mon calepin sous le bras, croquant à pleines dents dans mon Muffin. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant brusquement la silhouette de Père se détacher du couloir que j’empruntais. Sursautant, j’avais exécuté une révérence, tout en retirant mon Muffin de ma bouche avant de le saluer :

— Bonjour, Père... vous... vous me cherchiez ?


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________________________________________ 2023-07-08, 14:40 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

Hera & Erwin
There's a humming in the restless air; And we're slipping off the course that we prepared ; But in all chaos, there is calculation ; Dropping glasses just to hear them break

De l'utilité de l'Amour et ses marivaudages

Cet Isaac là, n’avait rien à voir avec l’Autre. Le… révolutionnaire à risque parricide dont il avait vu défiler les pensées quelques Temps auparavant. Non, le dernier dont il avait fait connaissance à présent était différent… Dévoué était le terme adéquat. Il avait toujours attendu de son fils qu’il le soit. Avait toujours cru que l’éducation qu’il comptait lui inculquer lui ferait atteindre ce résultat, sans la moindre anicroche. D’autant qu’Il pensait, de manière non négligeable, que cette dévolution lui était due. Dans la projection d’un Noël, Preminger s’était vu terroriser cet enfant, avant même qu’il ne soit conçu, tout en constatant la faiblesse de son caractère. Isaac était un enfant sensible, rêveur, solitaire. Il n’aurait jamais du représenter une menace. Pour autant, la première version de cet progéniture, semblait avoir vécu cette enfance traumatique et avoir puisé dans cette éducation et cette indifférence manifeste à son égard, une force mêlée à de l’indifférence. Cet Isaac là, n’aimait pas son père, mais plus encore, ne le respectait pas. Preminger aurait pu affirmer que l’Amour qu’il pouvait inspirer l’indifférer au plus haut point ey rechercher qu’une sorte d’adoration pathologique. Mais son Fils d’auparavant ne possédait ni l’un ni l’autre, ce qui ne pouvait que signifier une réelle problématique dans son éducation. Lui si peu propice à se remettre en question, s’y voyait malgré tout contraint et forcé, par la force des choses… Par l’Avenir.
Le second Isaac auquel il avait été confronté était tout aussi surprenant… Mais la surprise qu’il suscitait se voyait être davantage…positive. Il était intelligent. Plus intelligent qu’Erwin n’aurait pu le soupçonner. Respectueux, studieux, calme, pondéré et plus encore...il était utile. Cette utilité là, Preminger n’avait jamais pu la rêver, mais elle s’imposait soudainement à lui, avec une Grandeur formidable. Dans le Futur, il attendrait l’Immortalité. Dans le Futur, il obtiendrait tout ce qu’il pouvait désirer et son fils œuvrerait pour Lui. Et son Fils en serait l’un des moteurs… Remettre son Destin à autrui ne l’avait jamais satisfait, mais il ne voyait pas cette information de telle sorte. Non. Il avait tiré de ce Fils tout ce que son talent pouvait offrir et cela, était davantage dans ses cordes. Et quel avantage ! Quel succès !
Il aurait pu se satisfaire de cette opération. De cette certitude. Et pourtant… Il avait voulu lui parler, encore. Lui qui n’en ressentait jamais l’envie de s’adresser spécifiquement à son fils en culottes, en éprouvait pourtant le besoin…
Puisque ce dernier sortait à présent, inopinément, des cuisines royales, un muffin doré dans sa main, qu’il savourait déjà des yeux, n’était-ce pas le moment parfait pour l’aborder et s’adonner à une petite et fructueuse conversation ?
Isaac croquait à pleines dents dans la pâtisserie lorsqu’il l’aperçut, bredouillant aussitôt:
« Père… Vous… Vous me cherchiez ? »
Étonnamment ou justement par un clin d’oeil du Destin, le Miroir plaçait leur rencontre au même lieu que sa rencontre précédente avec l’Autre Isaac. Un Autre Destin, qui laissait pourtant apparaître des similitudes. Même si celles-ci n’étaient, en revanche, dues qu’à la personnalité fixe de cet enfant. Son amour du petit peuple en était un exemple frappant.
« Oui » opina-t-il en pinçant la bouche. « Je voulais m’entretenir avec toi… Mais je note que tu mangeais. »
Son regard s’était prolongé sur le muffin croqué.
Les mots ne sortaient pas comme à l’ordinaire. Il perdait son aisance. Enfin, il en perdait une dose légère. Une pécadille. Oh, il aurait pourtant pu arriver en minaudant comme il savait si facilement faire avec le reste du commun. Pour autant, avec son fils, tout semblait toujours si mal accordé, difficile. Comme si la conversation qu’ils cherchaient à lancer n’était vouée qu’à sourires et avortement de tous sujets. Ce dernier ressentait-il aussi ce malaise ? Peut-être, puisqu’il secoua bientôt la tête de droite à gauche précisant :
« oh mais ce n’est pas grave, je comptais le manger sur le chemin du retour, je me dirigeais vers ma chambre... je peux faire ce qui était prévu pendant que nous marchons ou je peux le manger après notre entretien si vous le désirez..." surprenant son regard sur la pâtisserie, il hasarda, mal à l'aise "Vous en désirez un morceau ?"
Preminger avait ouvert de grands yeux outrés. La surprise et la sidération y étaient passés, si aisément, si bien qu’il avait répondu à la hâte, en secouant la tête.
« Non. Non. Bien sûr que non. Mange ».
C’était un ordre et un repli. Personne ne lui avait jamais proposé à manger ! En tout cas pas lorsqu’il avait acquis une certaine situation. Qui plus est en tant que Roi. Il n’avait pas besoin de pitié… Même s’il avait faim. Il était le Roi.Il mangeait à sa faim. Il pouvait avoir TOUT ce qu’il voulait. Bien sûr qu’il pouvait EXIGER ce muffin, mais Diantre, pourquoi aurait-il été réduit à lorgner sur le muffin de son fils ? Si outrageux que cela pouvait être perçu par son Altesse Sérénissime, il n’alla pas plus loin dans l’esclandre. C’était de la maladresse pure et il le savait. Une gaucherie par manque d’habitude et d’intérêt causé non par Isaac, mais par Lui. Après tout, si l’Autre semblait plus proche dans cette sorte de réalité, Erwin n’avait pu s’empêcher de noter que sa complicité allait vers Rose.
« Qu’as-tu fait de ta journée, aujourd'hui ? Des recherches » ?
Il le demanda et s’aperçut de son erreur par un simple nouveau regard au muffin. Chez Lui, la journée était passée. Ici… Ce n’était à peine que le matin. Ce qui signifiait qu’il se rendait suspect… Feignant de ne pas s’en rendre compte, il continua de déambuler aux côtés de son fils, corrigeant la légère raideur qui avait gagné son attitude.
Par élégance, Isaac n’avait pas osé lui faire la remarque, se borna d’un hochement de tête timide et humble, opinant :
« Oui entre autres... » il avait guetté son muffin tel un chien aux abois, attendant l’approbation pour croquer dedans. Mais ne s’y était pas résolu. A la place, il avait hésité mais fini par interroger : « Pardonnez mon éventuelle insolence mais... pourquoi ces questions, Père ? Aujourd'hui... de bon matin…"
Isaac avait eu la grâce d’éviter de lui offrir une observation davantage critique, mais il osait néanmoins l’interrogeait. Cela témoignait, s’il y en avait eu besoin, de l’incongruité de la situation. Ils ne faisaient cela que très rarement : discuter, bavasser.
Ce qui l’avantageait en quelque sorte et gommait sa inexpérience en la matière. C’était au contraire son envie de s’y intéresser qui posait questions. Et puisqu’il convenait de ne pas l’alerter, Preminger avait haussé les épaules, d’un air négligent :
« Ces questions me paraissent appropriées… au regard de la tâche d’importance qui te revient »
Une réponse simple. Évidente. Il n’avait pas besoin de se justifier davantage. Outre le fait qu’il ne se justifiait jamais, cela aurait causé des soupçons.
Après quelques bas dans le haut corridor, il avait fini par désigner son fils d’un coup de menton :
«  Moi et toi avons toujours eu une relation particulière, n’est-ce pas? Le simple fait que tu t interroges ainsi le démontre ».
Rien que la vérité. Une volonté de poser la situation de la reconnaître. Isaac ne pouvait qu’y être sensible. Et pour autant… Il y avait été sensible mais bien différemment que la manière dont le Roi s’y attendait. Il l’avait stressé… et vexé. Il avait pu le lire sur son visage. Stressé comme si le poids du monde pesait dorénavant sur ses épaules et qu’Erwin prenait un malin plaisir à le lui rappeler. Vexé… D’où venait la vexation ? Preminger l’avait observé quelques instants avant d’en percevoir l’origine. Isaac avait l’impression de se voir critiqué, remis en cause. Il n’avait pas pris son interrogation comme une marque d’intérêt profitable, non. Il l’avait vu comme le début d’une critique, d’un rappel à l’ordre, d’une insatisfaction. Ce qui prouvait, au besoin, que le jeune homme possédait encore une relation complexe avec son Père. Preminger eut pu croire que dans cette réalité, leur relation se révélait idyllique et presque improbable. Non. Elle n’était pas aussi parfaite et se rapprochait même de ce qu’il avait pu imaginer de leurs rapports. Ils étaient maladroits, presque forcés, malhabiles. Cordiaux, sans heurts mais sans sincère complicité. L’un semblant toujours appréhender l’autre, pour la première fois. Telle une partie d’échecs perpétuellement jouée.
Comme un défi à la remarque qu’il avait cru se voir asséné, Isaac avait mordu d’un coup sec dans son muffin. Ses dents sectionnèrent la gourmandise, comme un outrage à la bienséance. Ce qui n’émouva pas le moins du monde l’ancien conseiller. Cela aurait, sans nul doute, mis les nerfs en pelote au Roi qu’il était ici. Mais puisqu’il ne l’était pas encore et ne connaissait rien ou presque de ce grand garçon gauche mais élégant aux traits familiers, tout ce que cela provoquait en lui n’était qu’une dose complémentaire de curiosité.
« Il est vrai... » Pour autant… Isaac avait froncé les sourcils, cherchant ses mots « Disons que cela a toujours été nos habitudes… bien différentes de celles que vous avez avec Rose mais nous nous sommes toujours adapté… sans jamais se poser de questions à ce sujet…”
Après un instant de silence, comme prenant la mesure de ses propres paroles, Isaac avait tourné la tête vers lui, ses yeux dorés trouvant les siens, semblables, le sondant. Il se doutait de quelque chose, comprit Erwin. Il se garda, instinctivement d’un geste de recul. Il posait trop de questions sûrement. Mais qui aurait pu lui en vouloir ? Il le DEVAIT. La situation était sources de tant d’informations, tant de possibilités, tant d’inconnues ! Qu’est-ce qui différenciait l’éducation qu’il avait voulu donner à celle qu’il avait offerte ici ? Comment Isaac s’était-il construit cette loyauté ? Comment l’Immortalité avait été acquise ? Comment Rose et Isaac qui semblaient tant voués à se prendre en grippe, les années passants, avaient finalement atteints cette fusionnalité curieuse et raffraichissante ?
Preminger se devait de tenter d’obtenir ces réponses… Et quand même, l’aurait-on trouvé curieux… Il était LUI. Cet Autre Lui vivant dans ce Palais. Il n’y avait pas d’imposture autre que celle du Temps. Il était en DROIT d’obtenir ces informations des années auparavant. Quand bien même… Isaac n’était pas sot, son esprit scientifique cogitait à cet instant précis, et Erwin se doutait bien de ce qu’il faisait. Il repassait les scènes, soupesait ses mots, ses attitudes, les comparant. Aussi méthodiquement que possible. Avec autant d’intransigeance que possible. Rose pouvait sûrement s’aveugler sous les sentiments, Isaac possédait une analyse bien plus méthodique et redoutable…
Preminger avait deviné que les choses se corseraient pour lui, avant même que son fils ne parle. A la simple manière dont il s’était arrêté, en plein milieu du couloir, le dévisageant d’un regard intense sur sa face neutre, d’une neutralité presque implacable. Il était encore Temps. De fuir, de partir, de mentir… Mais… Non. Il ne bougea pas, resta tranquillement à l’observer, alors que les pupilles de son fils fondaient dans les siennes.
« Ne m’en voulez pas de vous poser ainsi cette question mais je sais que le Roi que vous êtes ne pourrait qu’apprécier la sécurité que j’impose à chaque instant : pourquoi mon animal de compagnie porte-t-il le nom qu’il porte ?”
La réponse était sans appel….Il l’ignorait. C’était un piège ingénieux qu’il ne doutait pas avoir pu orchestrer ou solliciter. Isaac tenait de Lui, son astuce, quoi que sa mère ne fut pas en reste en la matière… Et pour déclencher cette procédure, de sérieux doutes quant à son identité s’étaient mis en route… Presque machinalement, l’esprit de Preminger cherchait, déjà, la faille, la sortie. Il n’en trouva guère. Ou plutôt aucune n’était satisfaisante. Il pouvait feindre l’évanouissement, la crise cardiaque ou toute autre sortie théâtrale qui lui permettrait de gagner quelques minutes. Mais ne gagnerait pas la confiance de son fils. Bien sûr, Il pouvait démarrer un esclandre, l’humilier en hurlant que c’était là un outrage que de soumettre sa royale personne à un test aussi scandaleux pour un Père tâchant de tisser des liens nouveaux avec son fils, puis tourner les talons dans une sortie dramatique. Oui, il pourrait peut-être semer le doute avec cette dernière attitude, néanmoins… il ne les effacerait pas. Il perdrait du Temps. Et lorsque reviendrait l’opportunité des questions, Isaac saurait tenter de dissiper ses doutes de manière beaucoup plus fine, moins frontale. Et ne saurait toujours pas y répondre ou déceler le piège. Il y avait entre eux une vingtaine d’année d’une vie dont il ignorait tout.
Et au-delà de cela, c’était malin, rusé. Et la perspective de se voir acculer au mur, presque l’espace d’un instant, se trouvait séduisante. Le goût du risque, le plaisir de se voir effleurer les catastrophes… Après tout, que risquait-il réellement ? Il était cet homme. Il pouvait aisément le prouver…
Ce qui le fit détourner la tête de son fils, pour mieux fixer un point lointain au loin du couloir, dans un calme olympien, un sourire malin venant se dessiner sur son visage, tandis qu’il articulait avec détachement :
« Je l’ignore » Sa tête pivota, ses yeux flambèrent « Satisfait ? » ronronna-t-il « Bien sûr que non… reste la grande inconnue qu’un esprit comme le tien ne peut admettre de laisser insoluble … qui suis-je donc? As-tu laissé à la portée d’un inconnu malintentionné quelques secrets de ton Roi? » Il eut un rire, sec, mauvais alors qu’il avançait le buste pour mieux lui asséner « laisse-moi te dire une chose mon garçon… Personne ne possède le talent de se faire passer pour ton père, mon très cher Isaac. C’est la raison pour laquelle si je ne suis pas celui que tu as connu, je demeure Lui » Sa main était venue se poser dramatiquement sur sa poitrine « Comprends-tu ? Et comprends-tu pourquoi il convient d’en discuter dans un endroit plus clos aux oreilles sournoises? »
Jouer franc-jeu était périlleux, mais Preminger aimait le Danger. Il était persuadé qu’il ne pouvait l’atteindre. Il avait affronté un Orage vivant, et en avait franchi l’épicentre persuadé de ne rien risquer. Porté par la certitude qu’Enora ne saurait lui faire mal. Comment aurait-il pu seulement craindre pour sa vie en la mettant dans les mains de son Fils ?
D’ailleurs, Isaac l’avait écouté. Preminger savait que son discours ne tomberait cependant pas dans l’oreille d’un sourd. Jouer franc-jeu demandait du cran et cela imposait presque systématiquement le respect de son adversaire… Pour un Temps qu’il convenait ensuite d’exploiter utilement. Lorsque le jeune homme avait soupesé les différents doutes qui l’habitaient, Isaac avait aussi noté ceux qui plaidaient en sa faveur. Ainsi raisonnait un Homme Equitable et Raisonnable. Ce qu’Isaac semblait être. Les moments passés en compagnie de « son » Père attisaient aussi sa curiosité sentimentale et scientifique. Il connaissait parfaitement son Père. Ses habitudes, sa manière de parler. C’était aussi la raison pour laquelle Erwin n’avait pas craint de se montrer sous son vrai jour. Puisqu’il le connaissait suffisamment pour déceler l’étrangeté dans ses propos, il le connaissait suffisamment pour voir la véracité de ses paroles. Tout le monde n’aurait pu imiter le Roi. Preminger connaissait ses propres excès, il les connaissait suffisamment par coeur, pleinement, pour savoir là ou un commun l’aurait singé. Si Isaac était fin observateur, il le verrait aussi.
Et ses propos avaient fait leur bonhomme de chemin puisque son Fils l’avait écouté avec une réelle attention, sans se départir pour autant de la méfiance qui habitait son regard et le rendait, à cet instant précis, si semblable à sa mère. Oui, Erwin pouvait le voir à présent… Lui qui possédait énormément de ses traits physiques, ne les faisait pas briller de sa personnalité vorace et vaniteuse. Non… c’était la douceur farouche d’Alexis qui les habitait pourtant. Presque y trouvait-il davantage de ressemblance. Là où chez Rose, la beauté de sa mère s’animait pourtant de sa hargne vorace. Chez Isaac, cette douceur bienveillante, gommait toute la rudesse sauvage de sa beauté, le dotant en revanche d’une gentillesse adoucissant ses traits. Il possédait un charme différent,presque palpable d’émotions. Et puisque le Fils semblait avoir tant emprunté à sa mère, Erwin espérait qu’il ait pu bénéficier de la ruse compréhensive de cette dernière. Alexis savait voir au-delà du masque… Au delà des mots, des actions,.
Pour le moment, Isaac ne le croyait pas. Mais la curiosité familiale s’était éveillée, et cela était bien suffisant pour sauver sa vie.
Après un instant d’immobilité, son fils avait tourné les talons et s’était mis à marcher dans la direction opposée. Si son pas s’était intensifié, il ne cherchait pas à le semer ou à le planter là. Preminger l’avait donc suivi, calquant ses pas sur ceux, rapides et prestes du jeune homme. L’air s’était alourdi et seuls le bruits de leurs chausses résonnaient à présent les dalles soigneusement entretenues de l’aîle du château. Alors qu’ils bifurquaient à l’angle d’un corridor où s’incrustait au mur, un tableau splendide illustrant une scène de batifolage subtile, un serviteur sortit d’une des pièces qui en longeait le mur, tombant dans une révérence en les apercevant. Isaac s’arrêta à sa hauteur, l’arrêtant un peu durement alors que le majordome manquait de tourner les talons :
« Carlson ? » sa voix était fermée, son ton sans appel. Il venait de gagner en prestance simplement en élevant la voix. « Veuillez prévenir ma sœur que je souhaite la voir dans ma chambre dans 30 minutes. Si elle ne m'y trouve pas ou qu'elle n'a pas de nouvelles de moi, qu'elle pense à allumer la lumière."
Le majordome le scruta pour toute réponse d’un air perplexe, alors qu’un sourire hautain fleurissait sur les lèvres de l’ancien ministre. Allumer la lumière. Un code, veillant à lui transmettre le message. Peut-être cela était-il lié à la Confrérie et sa symbolique de Lumière… Une manière de battre les ténèbres.
"C'est compris ?"
En attendant, le ton de la voix de son fils s’était fait pressant bien que dénué de la moindre agressivité. Le Temps pressait pour chacun d’entre eux. Percevant sa tension, lLe majordome avait hoché la tête, une nouvelle fois :
«  Euh oui... oui oui, très bien votre Altesse, je lui transmets votre message."
« Merci Carlson »
Alors qu’Isaac le gratifiait d’un hochement de tête reconnaissant, puis repris sa marche, apaisé. Le dénommé Carlson leur avait offert une nouvelle révérence avant de se hâter à sa besogne. Erwin l’avait suivi du regard alors qu’il disparaissait à l’angle du couloir. Il aurait pu l’en arrêter aisément. Il lui aurait suffi de prétendre qu’il le dispensait de cette charge, sous couvert d’une subtilité légère et de le charger d’une autre tâche, hautement plus importante. Il aurait signé là, sans nulle doute, une hostilité qui aurait mis son fils à dos, mais cela aurait été en son pouvoir. Les deux ne l’ignoraient pas. S’il se laissait conduire jusqu’à la pièce où Isaac s’était arrêté et l’invitait à entrer, ce n’était que par complaisance et volonté de prouver sa bonne foi. Il n’avait pas réagi en entendant le bruit du verrou qui signifiait son enfermement ni la manière dont son fils s’était appuyé contre le bois, les bras croisés pour l’observer. Avait davantage pris la peine d’observer les lieux afin de voir s’il le reconnaissait. Ce devait être l’ancien atelier de l’apothicaire royal. Là où les flacons s’entassaient autrefois, opaques, visqueux et n’avaient d’attrayant que la calligraphie de l’étiquette qui en livrait le nom, s’étalaient à présents quelques livres et un bureau. A qui appartenait-il, il aurait eu grande peine à le dire. Preminger savait seulement que cela ne serait jamais le sien. Peut-être s’agissait-il davantage d’une pièce « miroir » utile aux interrogatoires, aux invités sans prestige, impersonnel que l’on souhaitait recevoir, dans un lieu neutre et sans information.
Reportant son attitude sur son fils, il surprit ce dernier en train de le dévisager, le visage froid :
« D'ici, il me faut 15 minutes pour retourner à mes appartements, 10 pour transmettre un message. Vous avez donc 15 minutes tout au plus pour me convaincre. Je vous écoute".
Sa voix avait perdu toute déférence. Il en était à présent glacial, implacable. Impartial.
A bien des égards, Preminger connaissait cette attitude pour se l’être vue exercée à maintes reprises. Isaac avait pris de son côté lorsque les choses l’exigeaient, cette froideur inextricable qui le rendait sûrement moins émotif que Rose, étant davantage de ces êtres sensibles la plupart du Temps que la fermeté étouffait lorsque la situation l’exigeait. Il ne ferait aucun cadeau. Aucune pitié. Dans son regard, Erwin était redevenu un étranger.
Peu importait. Cela lui était égal. Il savait qui IL était. Il l’avait toujours su, sans honte, sans gêne. Alors, le prouver ne serait aucunement difficile. Au contraire. Tout ceci l’amusait beaucoup. Un jeu du chat et la souris, où il savait pertinemment où se trouvait le vainqueur.
« Ingénieuse manière d’alerter ta sœur pour le cas où… mais elle n’aura guère besoin de veiller à ta sûreté… » Son sourire gagna de nouveau son visage, tandis qu’il venait s’adosser au secrétaire, laissant ses mains s’agripper au rebord du meuble « Quinze minutes n’est-ce pas ? «  interrogea-t-il en fronçant les sourcils, « Ce sera aisé. Quand bien, je serais bien en peine d’évoquer dans le détail des brides de souvenirs qui t’évoquerons notre passé commun puisque, pour ainsi dire, tu n’as à peine passé l’année à mon époque. Et, je dois le convenir, la gargantuesque peluche de ton cher parrain te voit davantage que moi … »
C’était vrai, pourquoi mentir ? Une chose était commune dans la vie de l’ensemble des Isaac qu’il avait pu rencontrer : leur enfance. C’était la seule chose que lui comme les autres Isaac avaient vécu de concert. Aussi alors, avait-il lancé l’image de cette peluche. Si l’un de ses parrains faisaient partie de ses souvenirs et peut-être encore de son présent, Erwin pouvait parier qu’Hadès ne manquait pas d’évoquer cette peluche. Peut-être était-il encore persuadé que son filleul dormait encore avec. Elle rappelait l’enfance, d’une manière que seul lui pouvait connaître. Cette enfance avant le Tout. Avant qu’il n’accède à TOUT ce qu’il avait pu toujours désirer.
Bien qu’il soit resté impassible, Isaac le jaugeait, Preminger le sentait, il jaugeait tout, ses mots, ses manières, son attitude. Après un temps à répondre, il finit par dire :
« Vous seriez donc un père venu d'une autre ligne temporelle ? Comment ? Je ne vois pas pourquoi la seule personne habilité à le faire vous aurez aidé... ou elle aurait au moins eu la décence de vous accompagner. »
« Hera l’a pourtant fait. » répliqua-t-il du tac au tac. « J’ai toujours su être particulièrement convainquant… Tu devrais savoir, d’ailleurs, que je parviens toujours à mes fins. Même si elle ne l’a pas fait par bonté d’âme me concernant, davantage pour toi, je pense. »
Un sourire en coin, arrogant était né au bord des lèvres d’Isaac. Pour connaître ce sourire au bord de ses propres lèvres, Erwin su qu’il s’en trouvait très amusé :
« Donc... vous ne vous êtes montré convainquant de rien du tout finalement... Et vous n'avez aucune finalité à être là…" Isaac avait marqué un Temps, prenant néanmoins la mesure de ses dernières propos «  Pour... moi ? Pour votre Isaac plus, je présume".
- « OOOh j’en doute, crois-moi. » répliquait-il déjà « J’ai des finalité. Je n’ai jamais refusé une bonne opportunité … Et j’ai appris des choses particulièrement intéressantes. » Il en avait ricané, de cet orgueil gangrenant, repu de ses manigances qui allumait son regard, le rendant sinistrement cruel… Puis, l’avait pointé de son index, lorsqu’il avait évoqué Hera « Oui. Toi. Mon Isaac. Sûrement par crainte de mes actions à ton égard…. » Dans un haussement d’épaules, Erwin avait fait quelques pas, avant de se retourner vers lui « Mais cela ne semble pas si compliqué entre nous, dans ce monde… »
En tout retour, Isaac l’avait observé, impassible. Pour autant avec davantage d’acuité que jusqu’alors. Il finissait par le reconnaître, il se prenait au jeu, si bien qu’après un instant dans le silence et l’observation, n’est-ce pas ? Les gênes ne trompaient pas, ni davantage le phrasé, les manières, les attitudes et l’instinct.
« Et vous vous sentez concerné par ce que vous apprenez ? Je ne parle pas de l'immortalité. Je parle du reste, de ce qui vous pousse à poser cette question."
Il ne paraissait plus douter. C’était autre chose qui dictait ses questions à présent. Une volonté presque indicible de reconnaissance, d’Espoir, presque ? Son regard possédait cette profondeur sérieuse et presque solennelle qu’arborait sa mère, lorsqu’elle conversait avec lui. Cette manière de presque vouloir le saisir entièrement de par son regard, comme pour contempler son âme au-delà de ses parades, ses mensonges, ses enjolivures permanentes.
« Tu as quelques expressions de ta mère… Majoritairement d’elle d’ailleurs... » remarqua-t-il avant de laisser un coin de sa bouche se relever « En toute franchise, je pensais que je m’en moquerai. Mais, cela m’intrigue, oui. Nous avons l’air d’avoir trouvé un équilibre. »
L’entendre aborder Alexis si spontanément sembla avoir crispé son fils. Son visage s’était endurci, presque imperceptiblement. Mais il restait indéchiffrable. Pourquoi ? Etait-ce le doute qui venait de l’étreindre et qui n’avait pas supporté de voir autrui mentionner sa mère ? Ou y avait-il autre chose ? Renforçant ses bras l’un contre l’autre, Isaac avait davantage demandé :
"Quel âge a-t-il ? Votre fils..."
« Oh… Il a… »
Erwin avait froncé les sourcils, réfléchissant. Peste ! Quel âge avait-il ce bambin ?
« à peine… un an, il me semble. Il ne parle pas encore.. Il babille. »
Un éclat amusé, traversa le visage d’Isaac sans émouvoir Preminger. Oui. Il ne savait pas exactement quel âge lui donner. Oh, il se souvenait bien qu’il était arrivé après le plus haut de l’été. Lorsque les derniers rayons dorent les blés et permettent la moisson. Dans le chant du cygne du soleil. Mais la date exacte, il hésitait. Trop s’y pencher le ramenait vers des souvenirs sanglants, emplis de souffrance ou l’effroi régnait en maître. ..
Et puis de toute manière, il ne servait à rien d’énoncer précisément la date de sa naissance, le bambin grandit qui lui faisait face la connaissait davantage que lui.
Comme pour lui donner raison, Isaac avait fini par préciser :
« La base de cet équilibre vient plus de mon Père que de moi si je peux me permettre..."
Un petit rire était venu franchir les lèvres d’Isaac alors qu’il précisait « Je pense que c'est un principe d'éducation simple et pourtant complexe à saisir... Pendant ses premières années, l'enfant se construit uniquement de ce qu'on lui donne : ce qu'il ressent par rapport à cela, ce qu'il appréhende. Si ma relation avec mon Père est préférable à celle que vous avez avec votre fils... c'est que vous ne lui donnez peut-être pas assez d'attention... Et je peux parier qu'elle y est préférable de par votre façon de parler de l'équilibre et... parce que vous ne semblez même pas être certain de son âge. Avez-vous au moins notre date de naissance en tête ?"
Bien sûr, Preminger aurait pu lui répliquer qu’il n’avait que parcouru de mauvaise grâce, les livres qu’Alexis avait lu. Plus pour comprendre ce dont elle lui parlait que par réel intérêt et qu’il ne comptait certainement pas s’en donner la peine à présent, non plus. Mais, il devait reconnaître que ce qu’il pensait administrer à la perfection semblait lui présager un futur maussade, alors puisqu’il demeurait persuadé d’être le Maître de son Destin, autant profiter de ce voyage pour interroger un témoin oculaire de ses actions, ici-bas. Il ne mentait, cependant, pas lorsqu’il déclarait que cette relation l’intriguait...
En attendant, il n’avait pas répondu à la question. Il ouvrait la bouche pour gagner du Temps lorsqu’il s’aperçut à la mine de son fils, que ce dernier n’avait jamais espéré de réponse de sa part. Tout juste son petit rire moqueur s’était prolongé l’espace d’un instant, avant qu’il ne poursuive :
« Si vous ne lui accordez aucune attention parce qu'il n'a aucun intérêt à vos yeux, alors il va l'assimiler et ne vous accorder aucune attention à son tour. Quand il comprendra que vous n'avez aucun intérêt, il n'en aura plus non plus, c'est aussi simple que cela."
Cela résultait de l’évidence. Pour autant, Erwin devait reconnaître qu’il lui était difficile jusqu’alors d’appliquer cette règle à son fils… Pour autrui si. Mais son Fils lui devait presque la Vie, selon ses propres visions relatives à sa propre personne, il lui avait fait le privilège de partager son ADN pour le créer… Alors, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi un enfant doté de si grands cadeaux pouvait encore devenir jusqu’à indifférent à lui, parce qu’il n’avait jamais reçu d’attention de sa part. C’était là, le traiter en individu « normal », comme un Père, là où de part sa stature et son pouvoir il aurait du comprendre que les problématiques qu’Il rencontrait dans son quotidien rendait ces atermoiements filiaux bien dérisoires.. Et pourtant, qu’importait le prestige que ces Isaac lui reconnaissait ou non, ils ne passaient pas leur volonté de reconnaissance à ses yeux…
Isaac s’était tu, dans un instant de silence. Mais ses yeux eux ne s’arrêtaient pas, ils fouillaient, ressassant les souvenirs, les mots et les scènes. Jaillissait dans ses prunelles dorées l’ombre d’un Preminger dont ce dernier ignorait encore tout...et qui ne pourrait jamais survenir selon ses propres décisions.
"Mon père m'a toujours accordé du Temps. A sa manière. Mais nous avions nos moments. Quelques visites à mes appartements, des balades dans le château.  Prenez-vous le Temps d'aller le visiter dans son aile ?"
Dans un silence, Preminger avait hoché la tête, sérieusement. L’idée faisait son bonhomme de chemin, égrainé de petites informations dont il n’avait pas encore eu connaissance. Pourquoi diantre avait-il parlé d’aile ? Visiblement, à écouter Isaac, ce dernier avait effectué la majeure partie de son enfance ici, dans cette terre, dans ce lieu, sous sa Couronne. « Le trône est proche »… Potentiellement. La courbe d’un sourire était venu caresser la ligne de ses lèvres. Pour autant, il ne s’était pas dispersé, réfléchissant à l’interrogation de son fils.
- « Je… Ce n’est qu’un nouveau né. » rétorqua-t-il en haussant les épaules « Je… vais le voir, lorsque je visite sa mère…. » ses lèvres s’étaient pincées, ce n’était que cela.
La seule chose qu’il partageait avec son fils. Un lieu de visite et Alexis. Il s’était chargé vaguement de lui le Noël dernier, s’était même permis de lui chanter quelque chose, mais c’était bien la seule et unique fois qu’une chose pareille lui était arrivé. Et si celle-ci ne revenait pas ?NON ! Il refuserait ! Il était venu jusqu’à Hera pour solutionner ce problème ! Alexis reviendrait… Il ne voulait pas admettre autre chose… Et si… si cela n’arrangeait rien concernant son fils ? Si rien ne semblait induire un début de complicité ? Si. Cela se ferait. Isaac de ce présent en était la preuve . Il semblait au regard de l’attitude de son fils qu’Il était resté fidèle à lui-même… Une voie était possible. Fronçant les sourcils, donc, il s’efforçait de graver les informations dans son esprit :
«  Des balades, donc ? Depuis l’enfance ? »
Un rire léger s’était transmis à son fils.
« C'est pas un mode d'emploi, vous en avez conscience ? Il n'y a pas de recette miracle... si vous n'y mettez pas du coeur, vous pourrez faire tout ce que vous voudrez, rien n'y changera"
« Du coeur ? » Presque par mégarde, sa bouche avait pris un pli ironique.« Hum… C’est intéressant. » 
Curieux choix de mot. Preminger était beaucoup de choses, mais rarement on le décrirait comme un individu propice à écouter son coeur, se trouvant davantage vide de sentiments à l’égard d’autrui. Même si, comparativement, il mettait énormément de coeur à ce à quoi il tenait ou lui rapporterait. Cela devait être dans cette optique que son fils avait choisi ce terme… Puisqu’un avenir rempli d’amour et de bonté lui semblait particulièrement compromis. Quel aurait été donc son nom ? Preminger Ier le Bienveillant ? Cela sonnait si mal… Lorsque l’on avait de grands objectifs, la bienveillance était une vertu à mettre au placard, comme toutes les autres d’ailleurs…
Il songea à cet Avenir, à ce qu’il avait appris. Le Futur où l’Immortalité coulerait dans ses veines. Le Futur où son Fils se révélait… Un avenir qui semblait assurer à lui, Alexis et l’ensemble de sa famille la prospérité qu’il recherchait.
« Si tu me connais, tu sais qu’il m’est difficile de m’intéresser à autrui. » admit-il, ensuite, doucement, ce qui provoqua un hochement de tête confirmatif de son fils. « J’ai tant de projets si vastes… A commencer parce ce que je semble avoir récupéré ici… Tout ceci. Ce royaume. Ce palais. Ma Couronne. Tu as du t’en sentir particulièrement négligé… D’autant que je gage que tu ne partages pas mes valeurs, n’est-ce pas ? »
Il semblait que le premier pas restait d’être sincère. Il le faisait spontanément, avec Enora. Cela était moins naturel auprès d’Isaac. Il y avait dans le visage de ce dernier, un miroir particulièrement déformé en la matière. Il ne connaissait pas cette sensation… Lui avait toujours semblé que le miroir ne faisait qu’approuver ses dires, ses choix, ses convictions. Là… il se mêlait dans le reflet humain une désapprobation involontaire où luisaient aussi les traits familiers d’Enora.
« Je sais que ce n'est pas spontané. Mais ça ne vous a pas empêcher d'y mettre du cœur avec Mère et d'y trouver un réel intérêt... Pour pouvoir voir l'intérêt que vous pourriez y avoir, il faut déjà tenter de vous donner les moyens de l'apercevoir. Si vous restez si vos préjugés qu'un enfant est insignifiant par son âge et son manque de conversation adulte, il semble évident que vous allez passer à côté de nombreuses choses. Maman vous reproche d'être parfois trop focalisés sur vos projets et d'en perdre des éléments essentiels... c'est peut-être ce que vous faîtes avec votre fils... et que mon Père n'a pas fait avec moi, d'une façon ou d'une autre... »
Les paroles de son fils lui donnaient à méditer. Avait-il réellement cherché ce qu’il voulait avec Alexis ou cela s’était-il imposé à lui ? Dès qu’il l’avait revue, grandie, adulte, posée, il avait découvert ce potentiel chez elle, malgré lui et malgré elle. Puis les circonstances avaient amené à des rapprochements imprévus… Par intrigue et par ruse, il avait veillé à ce qu’elle demeure dans son sillage, puis, au gré des rencontres, au gré des moments, il avait fini par apprécier sa compagnie davantage. Et sincèrement. Des fleurs avaient éclos dans un endroit aride. Et l’une de ces surprenantes tournures de destin lui faisait face…. Qui étaient aussi la cause de sa présence dans ce lieu aujourd'hui et face à son « destin ». C’était pour elle, et les interrogations que faisaient naître cette relation particulière…
Pour Isaac, c’était d’autant plus difficile que leur première rencontre avait été… source d’angoisse et de colère chez l’ancien ministre. Avant même qu’il ne naisse, il avait causé chez son père, l’envie, de sa beauté resplendissante de jeunesse. Preminger s’était senti volé. Dépossédé d’une caractéristique qu’il adorait en lui et lui offrait tout. LUI. LUI l’être inégalable, cette beauté incomparable et unique … avait vu se mouvoir devant lui un être doté de nombreux traits en communs avec lui. Il avait rejeté cet enfant. Avant même qu’il ne naisse, en avait aussi fait le réceptacle de possessions sinueuses et encore indécelables envers sa mère. Il ne supportait pas d’être évincé. Il ne le pouvait d’ailleurs. Et il avait fallu Ursule et Gaspard pour le réaliser. Isaac ne serait jamais Lui. Les craintes qu’il avait pu en éprouver s’en étaient évanouies après cette réalisation… Pour ne laisser qu’un vide immense à l’encontre de cet enfant. Il savait ce qu’il ne serait pas. Ce qu’il n’y avait pas lieu de craindre. Alors, qu’en restait-il ? Hormis cet enfant gigotant dans son landau, ce petit qui gratifiait de risettes sa mère et qui pleurait presque en sa présence ? Qu’était-il pour lui ? Qu’avait-il vocation à être ? Son Fils. Celui dont son précieux sang coulait dans ses veines, tel un réceptacle. Mais qu’était-il censé éprouver, lui pour qui l’affection était une denrée si rare et si vivement réprouvée ? Il devait admettre qu’il ne le savait pas. Il le considérait avec une indifférence proche de celle qu’il manifestait ordinairement aux badauds. Pourtant c’était Son Fils. Et le Miroir ce jour le lui révélait avec une force non négligeable. Ce même Fils dont les liens tissés déterminerait sa loyauté et son utilité. Preminger avait toujours exigé cette loyauté. Il découlait du Sang qu’il lui avait mis dans les veines, de sa supériorité et de son prestige. Pour autant… Pouvait-on décrier autrui de s’en rebeller s’il ne recevait que des miettes et détritus ? Non. Il avait jaugé l’intérêt d’Isaac à l’intérêt qu’il pouvait offrir à un bambin, en occultant le principal, fort de se savoir unique : un enfant était une page blanche. Celui-là était le fruit de deux individus d’exceptionnelle qualité, dont il ne pouvait avoir pris quelques flammes. S’il voyait le potentiel de cet enfant, s’il savait le faire germer, il en obtiendrait...peut-être même ce qu’il avait aperçu dans ce Monde… Oui. Il suffisait de faire un pas…
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