Merlin resta un léger moment interloqué, en position debout. A sa grande surprise, il se sentit plus décontracté quand il remarqua qu’elle n’avait pas surenchéri sur ses défenses. Réfléchissant rapidement, il finit simplement par se rasseoir dans son fauteuil, posant une main las sur sa tempe, tout en observant la jeune femme qui regardait ses livres. Lorsque le livre tomba par terre, il fronça légèrement les sourcils, mais ne bougea pas d’un pouce. Lorsqu’il prit la parole, c’est avec une voix simple, sur le ton de la conversation qu’il finit par dire :

« Ce qui me plaie, surtout c’est de pouvoir trouver dans les traces du passé des savoirs oubliés. Mais chacun peut avoir son petit hobbie loufoque. Visiblement, le votre semble être de jeter les livres par terre. Allez-y, de toute façon je vais devoir ranger la boutique. »

Il continua de la regarder, réfléchissant à ce qu’il avait sous les yeux. Deux théories s’offraient à lui. Soit il s’agissait de deux consciences dans un corps unique, comme ce qu’il supposait depuis le début, soit le traumatisme était allé si loin dans la mémoire de Kara qu’elle s’était créé une double personnalité pour se protéger. Réfléchissant à ses deux hypothèses en essayant de mettre les éléments qu’il avait en sa possession bout à bout, il finit par se demander si il ne devait pas explorer ses souvenirs par la force avec l’aide de sa magie. Le problème était que si il commettait le moindre faux-pas, il pouvait y avoir des dommages irréversibles. Et si l’hypothèse numéro 2 était la bonne, cela ne ferait qu’aggraver les choses. Chassant d’une mimique étrange ses pensées comme s’il essayait de faire fuir une mouche avec sa main, il rejoignit ses mains devant son nez, croisant les jambes. Restant vigilant à chaque objet dans cette pièce, il cligna les yeux deux fois, et un éclat bleuté passa dans ses yeux verts.
L’instant d’après, la porte de la libraire s’était refermée dans un claquement sec, et s’était instantanément transformée en mur de pierre.

« Ah, tiens, les maléfices anti-intrusions fonctionnent apparemment. Un peu tard, je dois l’admettre, mais ça à le mérite de fonctionner… »

Il avait dit cela à la manière d’un enfant qui commente un travail dont il n’est pas entièrement satisfait devant sa maîtresse. Reportant son attention à la jeune femme, il déclara d’un ton neutre :

« Et donc, on peut savoir si vous avez un objectif quelconque ? Des projets ? »

Emprunter le corps de Kara avait été une excellente idée de la part du Savant Fou, après tout, j’avais le droit à une deuxième chance comme tout le monde non ? Et si cette débile de Kara Walters pensait pouvoir se débarrasser de moi, c’était chose veine. Je commença à feuilleter les livres du sorcier avant de les jeter sur le sol, ils n’étaient clairement pas intéressant, y’avait pas un livre de magie qui me permettrait de clairement prendre contenance et d’endormir définitivement cette imbécile ?

« Et bla bla bla bla… » énonçais-je alors que je me tournais et commençais à marcher dans la librairie.

Mon regard se porta sur la porte qui venait de disparaître puis je posa finalement mon regard sur Merlin.

« Faudra revoir vos sorts, ils marchent clairement pas. », s’il pensait réellement que ça m’empêcherait de faire bouger par la télékinésie chaque pierre de cette foutue batisse, il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’à l’ongle. Ne trouvant rien d’intéressant, je fini par revenir m’asseoir avant de lever le regard vers Merlin. « Vous n’auriez pas quelque chose de plus fort que votre espèce de thé là ? »

Et voilà qu’il me demande ce que je veux. Ah bah tiens, voilà que ça devient intéressant.

« Ce que je veux ? Prendre définitivement contenance dans le corps de Kara et réussir à endormir définitivement cette imbécile, contrôler mon pouvoir et réduire en cendres tout ce qui se trouvera sur mon chemin, récupérer ma puissance d’entant et si cette imbécile croit réellement pouvoir me contrer en apprenant à contrôler son pouvoir c’est… »

Je me tue finalement alors que mon regard reprenait une couleur normale et que je me prenais la tête dans les mains avant de lever mon regard vers Merlin.

« Que… Que s’est-il passé ? » énonçais-je, reprenant soudainement conscience que cette fois-ci, ce n’est pas seulement ma télékinésie qui avait été présente. « J’ai l’impression d’avoir dormi pendant je ne sais combien de temps. J’ai mal au crâne. »

Merlin écouta tout ce que le Docteur était en train de lui dire. Ne bougeant plus, son regard perçant de faucon observait son interlocuteur. En réalité, il fixait dans sa mémoire chaque élément de la conversation pour pouvoir les garder éternellement. Prêt à agir, il tendit les mains vers le Docteur, bien décider à en finir. Voulant pénétrer son esprit tel un serpent qui passe sous une muraille, il s’interrompit brusquement avant même d’avoir commencer, pour constater que les yeux de Kara avaient changé du tout au tout. La naïveté de la jeune femme était revenue et Merlin constata que ses yeux avaient également changé de couleur. Baissant les mains, il avança vers elle avec précaution et l’écouta également attentivement. Voyant que tout danger était écarté, il désactiva les mécanismes de la salle d’un petit mouvement de doigt fluets, et plusieurs déclics se firent entendre. Il s’approcha de la jeune femme et l’invita à s’asseoir dans un fauteuil. Une fois cela fait, sa célèbre et fidèle théière s’envola, accompagné d’une boîte contenant diverses fioles remplies de feuilles et de poudres séchées. Marmonnant quelques paroles en ancien gaélique, la théière s’activa alors à préparer la mixture en parfaite autonomie, aidée par son sucrier qui pesait chaque élément avec sa cuillère d’une divine précaution.
S’approchant de Kara, il l’observa avec attention et déclara.

« La mauvaise nouvelle, c’est que vous avez fait une crise. La bonne, c’est que je sais ce que vous avez. »

Il la fixa d’un air navré, puis attira alors à lui par enchantement un énorme volume d’aspect ancien, mais écrit en anglais. Il le posa sur une petite table à côté de lui, puis se redressa, faisant le tour de Kara. A plusieurs reprises, il lui toucha légèrement le front ou la nuque, en marmonnant des paroles incompréhensible. Mais rien ne se produisit. Il termina son tour en lui posant les doigts sur les tempes et murmura :

« Foshlit. »

Deux petits éclairs partirent de ses doigts et pénétrèrent dans l’esprit de Kara. Il eut alors une succession d’image rapide. D’un lit où Kara était allongé, d’un espèce de laboratoire et de cours extraits mélangés de la vie des deux consciences présents dans le corps de la jeune femme. Stoppant l’enchantement de manière brutal, il passa sa main sur son visage d’un geste las, puis s’enfonça dans son fauteuil. La théière et une tasse arriva, fumant d’une odeur acre et piquante au nez.

« Buvez, ce n’est pas dangereux, ca vous tiendra éveillée le temps que j’ai à vous parler, et ça vous permettra également d’endormir temporairement la deuxième conscience qui est à l’intérieure de vous. Quand il ne sera plus là pour prêter une oreille indiscrète, nous discuterons, mais avant cela, buvez. Faites moi confiance. »

La seule chose dont je me souvenais, c’est de l’affreux mal de crâne que j’avais actuellement. Me massant les tempes, je levai le regard vers Merlin alors qu’il m’énonçait que j’avais fait une crise, ma télékinésie avait été encore instable et Lucy été apparue. Oh non… Sursautant lorsque Merlin usa de sa magie sur moi, je respirai longuement et leva à nouveau le regard vers lui.

« La…la personne qui vit à l’intérieur de moi s’appelle Lucy. Elle est très maléfique. » énonçais-je.

C’est tout ce que je savais sur cet être maléfique vivant à l’intérieur de moi. Elle n’était pas bienveillante et ne le serais sans doute jamais mais il fallait à tout prix que je trouve un moyen de me débarrasser d’elle. Me massant à nouveau le crâne vu que la douleur revenait, je posai mon regard sur la tasse de thé.

« Ça pue votre truc… » énonçais-je à Merlin avant de prendre la tasse et en bu finalement une gorgée avec difficulté avant de me rendre compte que ce n’était pas si mauvais que ça. Toussotant, je dépose la tasse sur la table avant de respirer longuement « C’est fort votre truc… » énonçais-je.

Merlin retomba en arrière, et s’enfonça un peu plus dans son fauteuil. Il écouta à moitié quand elle lui parla du nom du Docteur. Sa main devant la bouche en posture de réflexion, il dévisagea longuement la jeune femme. Il avait plusieurs théories sur comment elle avait réussi à prendre le corps de la jeune femme. Elles étaient toutes aussi farfelues les unes que les autres, mais il existait une solution pour chacune d’entre elle. Le problème, c’est qu’à chaque fois, la moindre erreur engendrerait la mort de la jeune femme. Et ça il ne pouvait pas tellement ce le permettre. Bien que curieux de cette nouvelle énigme, il se rendit compte qu’elle n’avait pas réellement apprécié la mixture et le maléfice mineur.

« Oh ce n’est rien. Ca change de goût en fonction de la personne. Mais vu que vous avez deux personnalités, la mixture a du prendre le goût favori de la deuxième âme qui vit en vous. Ce n’est rien, du moment qu’elle fasse effet. »

Il attendit un long moment, toujours ne fixant la jeune femme sans rien dire, puis en observant sa montre, il remarqua que la potion devait avoir faire effet. Son attitude changea du tout au tout. Maintenant qu’il était réellement seul avec Kara, il pouvait parler librement.

« Bien, il faut absolument que nous ayons une conversation. Il semblerait que l’objectif de la deuxième conscience qui vit en vous est de détruire votre conscience à vous. Si vous n’apprenez pas à vous protéger en attendant de l’extraire, je pense que cela risque d’être légèrement… Complexe.  Ce que je peux vous conseiller pour le moment, c’est de bien réfléchir à chaque action et à chaque pensée que vous avez. Si vous voulez protéger vos proches, pensez-y le moins possible, et ayez une attitude neutre avec eux. Cela détournera l’attention de la personne qui observe en permanence d’eux et cela permettra qu’elle ne l’utilise pas contre vous, car il semblerait que d’après ce que j’ai vu lorsque je vous ai touché le front, ce soit votre plus grande faiblesse, je me trompe ? »

La mixture me faisait mal au ventre mais apparemment, c'était une chose nécessaire pour que l'on puisse parler en toute tranquillité sans que Lucy ne puisse entendre ce dont nous parlions. Tentant de terminer la boisson avec une légère difficulté, je reprends finalement la parole après que ce dernier m'ait expliqué que Lucy voulait détruire ma conscience pour prendre entièrement part de mon esprit.

- ça en demeure véritablement inquiétant parce que je ne sais jamais quand elle va prendre possession de moi. énonçais-je.

Je respire longuement avant de reprendre la parole quand ce dernier me parle de mes proches et du fait qu'il fallait que je sois neutre et que je n'en parle pas. Mais peut-être...pouvais-je en parler à mon père non ?

J'aime ma famille plus que tout au monde, je viens juste de retrouver mon père et mes frères et soeurs me connaissent mieux que quiconque, ils savent ce que je vis. Mon père est Dyson Walters, le mère adjoint de Storybrooke, pensez-vous que je puisse lui en parler ? Après tout,
il peut peut être demander de l'aide à la Mairesse...

Merlin s’enfonça encore un peu plus dans son fauteuil au fur et à mesure que la conversation avancée. Toujours réfléchissant au maximum de ses capacités, il l’écouta tout en hochant la tête à certains moment sans vraiment l’interrompre. Se redressant dans son fauteuil, il lui accorda un sourire des plus bienveillant et répondit d’un ton très calme :

« Je pense que vous pouvez totalement faire confiance en votre famille. Le problème que vous avez ne passe pas inaperçu vous savez. Le mieux pour vous serait effectivement d’en parler, et M. Walters semble tout indiqué. Le soucis est qu’il ne faut pas répandre ce secret de manière trop brutal et rapide. La seconde âme piégée en vous risquerait d’accélérer le processus car elle se sentirait en danger. »

Il se leva brusquement et commença à faire les cents pas devant Kara, lui accordant de temps en temps un regard, pour voir si sa potion faisait effet. Marmonnant pour lui même, il finit par dire d’un ton neutre :

« Le problème est que dans ce monde, mes pouvoirs sont limités. Je vous aurai volontiers séparé si nous avions été à Camelot. Vous devriez également consulter Morrigan, c’est... »

Son estomac se noua. Toute sa relation avec elle défila devant ses yeux et il en eut le souffle légèrement coupé. Cependant, il poursuivit d’un ton tout à fait neutre.

« Une amie. Elle pourra certainement mieux vous aidez que moi sur les mixtures. »

Merlin s’arrêta et observa la jeune femme. Ses mains se joignirent dans son dos, puis il termina :

« Vous êtes maîtresse de vos décisions, et nous devrons les respecter, car c’est de vous dont-il s’agit. Mais n’oubliez pas de vous confier seulement aux personnes qui ont les capacités de contrôler votre alter-égo. »

J’écoutais attentivement ce que me disais l’homme en face de moi, je pouvais avoir confiance en ma famille et je pouvais en parler à mon père. Je lui faisais confiance, j’étais certaine qu’il trouverait un moyen pour me libérer de l’emprise de Lucy, mais Merlin avait raison, je devais être discrète, je devais tout faire pour que Lucy ne se rende pas compte qu’elle était en danger.

« Vous avez raison, je dois demeurer discrète pour ne pas risquer de Lucy tente de prendre l’entièreté du contrôle de mon esprit. » énonçais-je.

Merlin se leva d’un bond, me faisant sursauter vu que je ne m’attendais aucunement à cela. Les pouvoirs de Merlin étaient limités, tout comme ceux de la plupart des personnes dans ce monde, et ça, je m’en convenais. Morrigan. Je notais dans ma tête ce qu’il me disait avant de finalement reprendre la parole.

« Je prendrais contact avec elle alors. » énonçais-je à l’intention du libraire.

Me confier uniquement aux personnes qui pourraient contrôler mon alter-ego ? Me mordant la lèvre inférieure, je repris finalement la parole.

« Quand vous dites capable de contrôler mon alter-ego, vous voulez parler des personnes qui me connaissent le plus ou celles qui sont dotées de magie ? » demandais-je finalement.

Merlin continuait de faire les cents pas tout en réfléchissant. Par quel acte magique en était-elle arrivé là. De nombreuses hypothèses de tordaient dans sa tête, toutes aussi étranges et impossibles les unes que les autres. S’arrêtant de temps en temps pour lisser son costume impeccable, il s’arrêta cependant complètement, les mains dans le dos et fixa Kara pour lui répondre tout à faire honnêtement, mais toujours avec bienveillance dans sa voix :

« Vous devez demeurer discrète, et ne parler qu’à ceux en qui vous avez entièrement confiance. Ce n’est pas parce que l’on est doué de magie, ou de formes de magies, que l’on est forcément bon. Et Lucy en est la preuve. Tout ce que l’on peut faire pour le moment, c’est limiter les risques. Et pour les limites, il faut les connaître. »

Il se rassit finalement et reprit la fumée de sa pipe. Pensif, il l’a contempla un long moment avec de répliquer sur un ton rassurant.

« L’avantage ; c’est qu’elle ne fera aucun de mal à votre corps, parce que je pense que c’est ce qu’elle désire. L’inconvénient c’est qu’elle veut anéantir votre esprit. Pour cela elle serait prête à vous affaiblir, pour essayer de vous amener vers une dépression ou une fragilité mentale. La perte d’un proche de vos mains par exemple. C’est pourquoi la confidence uniquement à vos proches qui sont capables de s’en protéger est primordial. »

La fixant, il croisa les jambes sur la table basse et continua à fumer.

« Je veux que vous compreniez bien la situation. Si elle vous isole de vos proches, elle affaiblit votre esprit. Si elle arrive à leur faire du mal, elle affaiblit votre esprit. C’est mathématique. Il va juste falloir trouver le juste équilibre. »

Je restais là, serrant ma main l’une avec l’autre, il avait raison, je devais demeurer discrète et n’en parler qu’aux personnes de confiance car il est vrai que certaines personnes aux capacités magiques demeuraient souvent de mauvaises personnes. Oui, il est vrai que je devais faire attention, cependant, je m’entendais bien avec Regina, j’avais confiance en elle. Donc j’avais Regina et mon père, c’était déjà pas mal non ? Mes frères et soeurs étaient également au courant et ça me suffisait mais j’avais peur, peur de faire du mal à ceux que j’aime, bien malgré moi.

« Ma télékinésie semble être le plus gros risque de puisse apporter Lucy. » énonçais-je à Merlin avant de terminer le breuvage « votre breuvage est vraiment dégueu. » énonçais-je avec un léger sourire en coin.

Lucy. Je n’étais qu’un dommage collatéral pour le Savant Fou, il avait fait de moi un « vaisseau », je me contentais de faire vivre Lucy a travers moi et j’espérais qu’elle finirais par mourir ou être prisonnière de quelque chose qui puisse me libérer d’elle. J’écoutais ses propos, elle voulait s’en prendre à mon esprit, que je ne sois plus apte à la contenir renfermée, elle voulais prendre entièrement contenance de mon corps. Me mordant la lèvre inférieure, je reprends finalement la parole.

« Mes frères et soeurs savent ce qui m’arrivent, ma soeur aînée sait comment canaliser mon pouvoir, croyez-vous qu’ils soient malgré tout en danger ? Je sais que quoi qu’il arrive, ils ne m’abandonneront jamais. » énonçais-je.

Nous étions tous liés, tous les uns les autres, on étaient frères et soeurs, on s’aimait plus que tout au monde, autant les uns que les autres, je devais faire vivre mes souvenirs, c’était ça le plus important. Relevant mon regard pour croiser celui de Merlin, je reprends finalement la parole.

« Ma soeur m’a parlé des objets boucliers, un objet ensorcelé qui permettrait de bloquer ma télékinésie, ça me permettrait de bloquer Lucy non ? »

Et je connaissais une personne qui pourrait m’aider.