Deux cerveaux font l'affaire !

Hayden & Honey

Posté devant le miroir de ma salle de bain, j’observais avec soin l’image de moi qu’il me renvoyait. On dit que le reflet que l’on y voit est inversée, que l’on ne voit jamais notre visage réel ? Cela n’a certainement jamais été plus vrai qu’avec moi ! L’homme que j’observais à l’instant n’avait rien à voir avec moi. Tout du moins, il ne ressemblait pas à la personne que je souhaitais être aujourd’hui. Où était donc passé mon épaisse chevelure bouclée, mes yeux bleu-vert et mes joues creusées par le temps ? Henry Jekyll me manquait tellement ! J’en venais même à regretter mes rides, ces maudits signes du temps qui passe et que j’avais tout fait pour dissimuler à l’époque. Ce maquillage me semblerait si dérisoire aujourd’hui !

Non décidemment, je n’aimais pas l’homme que j’y voyais ! Pourtant ce dernier n’avait rien de repoussant. Son adorable frimousse aurait même pu me sembler séduisante autrefois ! En réalité, ce que je haïssais c’était l’avertissement qu’il emportait partout avec lui ! Ce visage avait été celui de Hyde autrefois et demeurerait jamais celui de Hayden Ravenswood ! Il représentait donc pour moi une menace, une épée de Damoclès sans cesse accrochée au-dessus de ma tête ! Hyde était en éveil, je le savais et il risquait de se réveiller à tout moment ! Il fallait donc que j’agisse avant qu’un drame ne se produise. Après tout, en tant que docteur, il était de mon devoir de soigner mes patients et je devais à tout pris mettre un terme à l’une des plus grandes menaces qu’encourait l’Humanité… moi-même !

A cette pensée, je claquais le tube de gel que je tenais dans ma main sur le rebord du lavabo. Il fallait que je trouve une solution pour venir à bout de ce monstre ! Cependant, malgré toutes mes recherches et ma grande intelligence, je n’étais jamais parvenu à trouver le sérum qui éliminerait à jamais cette part sombre de ma personne ! Si un cerveau ne suffisait pas, il me fallait trouver un deuxième cerveau prêt à m’aider dans ma démarche !

Pour se faire, j’avais lu un article récent sur une jeune astrophysicienne et chimiste de génie qui œuvrait au cœur-même d’un laboratoire de la ville. Peut-être serait-elle en mesure de m’apporter l’aide donc j’avais besoin ? Ne pouvant décemment me présenter sous mon véritable jour, j’avais prétexté un intérêt particulier pour ses recherches en astrophysique. Après tout, avant de me confier véritablement à elle, je me devais d’établir un véritable climat de confiance ! J’avais justement pris rendez-vous avec elle ce matin à ce sujet et j’avais véritablement hâte de la rencontrer ! Une fois fin prêt, j’enfilais mon pardessus marron et je sortis, prêt à la rejoindre au volant de mon Astra bleue métallisée.

Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour rejoindre notre lieu de rendez-vous ! Ce dernier avait été fixé dans son laboratoire, lieu de rencontre idéal pour deux scientifique tels que nous ! Mon air mélancolique disparu à l’instant-même où je l’aperçu ! Il était hors de question pour moi qu’elle puisse deviner mes pensées et sentiments profonds. Tout sourire, je m’approchais donc d’elle avec assurance.

- Bonjour mademoiselle Lemon ! Laissez-moi me présenter. Je suis le docteur…

Je n’eus guère eu le temps de finir cette phrase car mon pied maladroit venait de se prendre dans un chariot situé au milieu de la pièce. Empêchant le chariot de se renverser, je dirigeais vers elle un regard gêné. Mais pourquoi étais-je aussi nerveux ?

- Euh… je… je vous prie de m’excuser ! Comme je vous le disais, je suis le docteur Ravenswood !

A deux pas d’elle je lui tendis alors la main en guise de salutations.

- J’avais tellement hâte de vous rencontrer ! Je trouve vos travaux sur la fracturation du métal et sur les trous blancs tout à fait passionnants !

acidbrain

Honey Lemon était d'une humeur solaire et d'une excitation à toute épreuve, ce qui avait bien agacée Violette, sa jeune coloc un peu renfermée qui faisait souvent grise mine - et qui avait toutes les raisons d'être dans pareil état, d'ailleurs. Elle aussi, la plupart du temps, pensait à leur monde, à comment y retourner, avec qui et quel plan. Mais pas ce matin là. Pas quand un scientifique de ce monde témoignait autant d'intérêt pour ses travaux et demandait à la rencontrer. De manière générale, quand on parlait de sciences à la jeune femme, elle avait tendance à oublier ses priorités. En l'occurrence, elle avait accepté de recevoir le docteur Ravenswood dans le laboratoire de la ville où Evelyn Nichols l'avait laissée s'installer pour faire ses recherches le temps qu'elle serait à Storybrooke. Honey s'était vaguement demandée pourquoi ce docteur ne travaillait pas là-bas lui aussi, avec les autres esprits brillant de la ville, mais elle avait jugé plus sage de ne pas poser la question. Pour le moment, du monde, car sa curiosité avait tendance à déborder, parfois même sans qu'elle s'en aperçoive.
La jeune femme blonde attendait son invité au laboratoire, plus précisément derrière sa paillasse où elle était occupée à mélanger diverses substances avec une précision et une agilité déconcertante. Quand elle l'aperçut, ou plutôt quand elle devina que l'homme qui venait d'arriver était celui qu'elle attendait, Honey quitta son poste de travail et s'avança vers lui, l'air aussi radieux qu'excité. Elle allait lui tendre la main quand un élément du décor s'en mêla et retarda un peu les présentations. La jeune femme pouffa et pouvait se le permettre car le charriot en question ne supportait ni anthrax ni éléments radioactifs et encore moins de nitroglycérine qui risquait d'exploser si on la secouait un peu trop. En fait, il était vide, c'était même à se demander ce qu'il faisait dans le passage.
Finalement, les deux scientifiques purent échanger une poignée de main énergique. Son grand sourire n'avait pas quitté les lèvres de Honey Lemon.
- Enchantée, je suis absolument en-chan-tée de vous rencontrer ! Vous savez, c'est pas tous les jours que des gens s'intéressent d'aussi près à mes travaux, notamment dans cette ville. En fin de compte j'ai remarqué qu'il y a assez peu de scientifiques dans cette ville, ceci doit expliquer cela. Mais venez, restez pas là, suivez moi !!
Sans attendre l'avis du docteur Ravenswood, Honey l'entraina par le bras derrière la paillasse qu'elle occupait. De sous la table, elle sortit un épais morceau de tungstène qu'elle déposa, presque avec difficulté, sur le plan de travail. La scientifique reprit alors sa préparation bouillante de couleurs, la chauffa à 250 degrés Kelvin et la versa en intégralité sur le morceau de métal devant eux. Il prit une teinte rose fluo tandis que Honey, telle une prestidigitatrice après un tour particulièrement complexe, se tournait vers le docteur :
- Tadaaaaaaaam ! s'écria-t-elle sans se soucier de lui exploser ou pas les tympans. Et vous n'avez encore rien vu, glissa la jeune femme sur le ton de la connivence. Regardez, ça va faire BOUM !
Honey piqua alors son index dans la mixture rose qui enrobait le métal et qui, à ce simple contact, explosa. Elle recouvrit les lunettes de la jeune femme, une partie de sa blouse et aussi ses cheveux. La scientifique retira ses lunettes et se tourna là où le professeur était censé se trouver. D'ailleurs, elle distinguait bien une masse correspondante à sa morphologie mais n'en vit pas les détails. Sans ses verres correcteurs, Honey Lemon était encore plus myope qu'une taupe.
- C'est génial pas vrai ? demanda la pétillante jeune femme tout en essuyant ses lunettes.
Il y avait fort à parier que le docteur Ravenswood avait pris quelques giclées roses lui aussi. A la réflexion, Honey aurait dû lui prêter une blouse avant de s'y mettre. Mais elle avait été tellement impatiente qu'elle y pensait seulement là, après.
Oups ?

Deux cerveaux font l'affaire !

Hayden & Honey

A peine avais-je rejoint la jeune scientifique qu’elle m’offrit une poignée de mains des plus vigoureuses. Ses premières paroles étaient liées au regret de ne pas pouvoir compter beaucoup de scientifiques parmi les habitants de cette ville. Voilà sans doute ce qui expliquait son enthousiasme à l’idée de pouvoir me rencontrer ! Je ne pouvais que m’accorder à ses propos. Le Monde des Contes recelait de merveilles et pourtant manquait cruellement de personnes se vouant corps et âme à cet art si délicat et passionnant qu’était celui de la science. Je lui souris amicalement tout en hochant la tête.

- Je suis bien d’accord avec vous. De mon point de vue c’est une chose bien regrettable ! Je crains que les habitants des mondes d’où nous venons ne prêtent trop d’importance à cette hérésie qu’est la magie ! Tout serait pourtant si simple s’ils admettaient que seule la science pouvait nous permettre d’évoluer et d’améliorer le monde dans lequel nous vivons !

J’avais prononcé le mot de magie avec un profond dégoût. Pour moi, il n’existait rien de plus absurde ou de plus destructeur que la magie. La raison principale de mon rejet de la magie venait principalement du fait qu’elle ne pouvait profiter qu’à un petit nombre de privilégiés là où la science participait activement au progrès de tout un peuple !

Le docteur Lemon peut portée à poursuivre notre discussion décida qu’il était temps de me montrer son travail à l’œuvre. Légèrement décontenancé par l’énergie débordante de mon condisciple, je la laissais m’entraîner jusqu’à la table où devaient être menées toutes ses expériences. Elle sortit de sous la table un morceau de métal de couleur gris-blanc que j’identifiais comme étant du tungstène. Intrigué je regardais avec un grand intérêt la scientifique occupée à verser la préparation sur un morceau de métal.

- C’est bien du tungstène, je ne me trompe pas ?

Très vite, je vis le métal chauffé viré à la couleur rose. Jamais encore je n’avais eu l’occasion de voir ce métal sous cette forme. Ce qui me surprit d’autant plus fut de participer à l’explosion de ce même métal. La projection de l’étrange mixture tinta mon costard rayé et mon pardessus d’une couleur rosée. Cependant, ce détail ne me préoccupait guère. Restant tout d’abord stoïque face à ce phénomène, je finis par laisser apparaître un large sourire sur mon visage. En quelques secondes, je me précipitais vers le métal que j’observais avec grand intérêt.

- C'est incroyable !

Puis, poussé par la curiosité, je saisis une pipette qui se trouvait sur le bureau ainsi qu’une petite lentille de plastique. Aspirant alors une petite quantité du produit, je le plaçais sur la lentille et cherchais alors frénétiquement un microscope.

- Vite un microscope, il me faut un microscope. Est-ce que vous en avez un quelque part, docteur Lemon ?

Je finis par en repérer un et me précipitais vers ce dernier, tout en faisant attention à ne pas renverser le contenu. M’asseyant j’observais alors la composition de la mixture qui se trouvait devant moi. Il n’y avait aucun doute sur son origine. Je repris la parole après quelques minutes de silence.

- A ce que je sais, le tungstène est un métal solide dont la densité et la dureté en font un très bon alliage de métaux. On s’en sert pour la création d’outils et d’armement. On en trouve également très facilement dans les filaments d’ampoules électriques ou de tubes cathodiques pour la télévision. C’est bien correct ?

Je relevais un instant mon regard ver la demoiselle avant de poursuivre.

- Cependant, jamais encore je n’avais vu ce métal permettre d’en faire exploser un second ! A ma connaissance d’ailleurs, les tests sur sa radioactivité ou son emploi comme explosif ne sont encore qu’à un état embryonnaire dans la science moderne de ce monde.

Un sourire éclaira alors mon visage. Je compris alors que je n’avais pas affaire à une débutante. Oh non, loin de là ! J’étais alors très satisfait de mon choix car ses connaissances avancées pourraient très certainement m’être d’une grande aide dans mes recherches personnelles.

- Vous êtes brillante, Honey Lemon ! C’est véritablement fantastique ! Cependant je me pose une question, que comptez-vous faire de cette découverte ?

Emporté par mon élan, je me permis même de m’intéresser à son histoire, ce qui n’était pas réellement chose courante chez moi.

- Le monde d’où vous venez doit être une véritable merveille. J’imagine que votre population n’a pas son pareil en matière d’avancée technologique.

acidbrain

Il y avait deux choses agréables dans le fait d'être au contact du Dr. Ravenswood :
1) Honey avait enfin une personne avec qui partageait sa vision de la science et de son importance
2) il comprenait réellement de quoi elle parlait quand elle parle.
Car même si la chimiste ne le disait pas, ses camarades surdoués du STIT et la stimulation intellectuelle qu'ils lui procuraient lui manquer. Il y avait certes Géo, avec qui la jeune femme travaillait au retour sur sa planète, mais il se montrait plus intéressé par ce qu'elle avait à lui apprendre que par un véritable échange de connaissances et d'opinions. Quant aux scientifiques du labo où elle et Ravenswood se trouvaient présentement, ils étaient bien trop occupés à être renfermés sur eux-mêmes et leurs recherches pour prendre véritablement le temps d'échanger. Exception faite, toute fois, d'Evelyn Nichols, mais les deux femmes ne se croisaient jamais.
Heureusement, le docteur Ravenswood avait pris contact avec elle. Honey pressentait que cette rencontre serait tout simplement brillante et ce même s'ils ne partageaient apparemment pas la même opinion vis-à-vis de la magie.
Evidemment, en bonne personne cartésienne qu'elle était, Honey avait eu dû mal à concevoir que cela existait. D'ailleurs, elle n'en avait pas encore eu la preuve empirique, bien qu'on lui assurait sans cesse que c'était très courant à Storybrooke. La jeune femme doutait d'avoir du temps d'approfondir la question avant son retour dans son monde, néanmoins, elle préférait ne pas gâcher celui qu'il lui restait ici en se prenant la tête sur des opinions qui n'avaient, en plus, rien de scientifique. Alors en dépit de la mine dégoûtée et méprisante à peine cachée de son collègue, la jeune femme n'avait pas rebondi là-dessus.
La chimiste était, en fait, bien trop occupée à se réjouir intérieurement (bien que cela se voit également à l'extérieur) d'enfin rencontrer quelqu'un capable de reconnaître du tungstène au premier coup d'œil.
- Rien ne vous échappe, commenta-t-elle, complice, avant de mener à bien son expérience.
D'ordinaire, Honey était une jeune femme bavarde. Mais quand elle se concentrait, il arrivait parfois qu'elle tombe dans un silence presque alarmant pour qui la connaissait un peu... jusqu'à ce qu'une explosion de joie scientifique ne vienne conclure son expérimentation. Ce qui fut le cas.
Cette teinte rose sur un costume d'homme ne s'était plus vue depuis des années et il était peu probable qu'elle revienne à la mode. Par chance, le docteur Ravenswood semblait ne pas y faire attention. De toute façon, qu'était-ce que la mode face à la science ? Bien peu de choses, même pour une femme qui cultivait son look un peu rétro agrémenté des talons vertigineux pour compenser sa taille moyenne et d'une paire de lunettes qu'on ne fabriquait sans doute plus depuis 1967 mais qu'elle ne changerait sous aucun prétexte.
- Incroyable, c'est précisément le mot, renchérit Honey en cessant toute pensée vestimentaire car ce n'était vraiment pas à propos.
Le docteur était bien trop enthousiaste pour que la jeune femme passe à côté de ça. La plupart des savants perdaient l'enthousiasme avec les années, devenaient blasés par tout, même par l'incroyable. C'était rafraichissant de rencontrer quelqu'un qui avait su garder cet appétit des premières années.
Sans attendre, Honey attrapa son microscope et le plaça devant le docteur. Puis elle recula de quelques pas, un sourire immense sur les lèvres, et l'observa, les mains jointes, presque religieusement.
- C'est totalement exact et je n'aurais pas dit mieux moi-même, confirma Honey quand son collègue releva les yeux pour avoir son approbation.
Il poursuivit, confirmant le retard de cette planète.
- "De ce monde", c'est là toute la subtilité, reprit la jeune femme. Dans le mien la science a facilement un siècle d'avance. Ca permet quelques trucs plutôt cool, gloussa la blonde.
La scientifique n'eut pas le temps d'entrer dans des détails plus techniques et n'en avait pas spécialement envie, d'ailleurs. C'était autrement plus intéressant de concentrer tous ses neurones sur la question pertinente qu'il venait de poser. Là, elle sentait qu'elle avait affaire à un vrai de vrai, quelqu'un qui n'était pas scientifique pour déconner. Mais le must du must, c'était l'impression que la chimiste avait qu'il pensait exactement la même chose.
La jeune femme ne put s'empêcher de sourire, de sorte qu'on voyait presque ses dents de sagesse.
- Eh bien, les applications de mes découvertes sont toujours positives. Enfin, sauf quand elles explosent une partie du labo, il peut arriver que mes collègues soient un peu agacés. Mais ils me pardonne très très vite, assura la jeune femme afin de ne pas effrayer Ravenswood.
Si Honey avait rencontré une personne de son espèce, ce n'était assurément pas pour la faire fuir dans la minute.
- Je veux que mes découvertes permettent de rendre le monde meilleur, poursuivit la jeune femme, plus posément. Je veux que la chimie améliore notre quotidien. Fracturer le métal à l'aide d'une solution presque basique peut révolutionner quantité de domaines - dont ceux que vous avez mentionnés, à l'exception de l'armement.
Embarquée, Honey était sur le point de lui parler de Tadashi et Baymax ainsi que de leurs amis de la SFIT. Mais elle le connaissait à peine et s'en rendit compte à temps. Honey n'aimait pas trop se livrer, même si elle exubérante : il y avait des choses qu'elle préférait taire.
Et d'autres qu'elles pouvaient confier en toute liberté.
Comme cela risquait d'être long, la scientifique prit place sur un tabouret et l'invita à faire de même.
- J'ai obtenu mes doctorats à la San Fransokyo Institute of Technology. C'est l'équivalent de votre MIT mais avec 100 ans d'avance, précisa la jeune femme pétillante. Il y a plusieurs départements qui œuvrent à rendre le monde meilleur : robotique, médecine, chimie, astrophysique... et tous les domaines que vous pouvez imaginer, même les sciences sociales. On innove, on innove, on innove et on innove. Tout le temps. En permanence. Dans ce même but. On pourrait presque dire que nous sommes des superhéros en blouse blanche mais je préfère me voir comme une scientifique.
Honey marqua une pause. Puis elle réalisa qu'elle se montrait impolie et rectifia le tir aussi rapidement que ses cordes vocales le pouvaient :
- Mais assez parler moi. Et vous ? vous êtes brillant, ça se voit et ça s'entend. Alors ? sur quoi vous travaillez ? Je veux TOUT savoir, je suis SURE que ce sera fa-sci-nant à écouter ! ajouta la jeune femme.

Deux cerveaux font l'affaire !

Hayden & Honey

Passer du temps avec le docteur Lemon était un plaisir d’autant plus intense que celui auquel j’avais pu m’attendre. Un génie tel que le sien ne se rencontrait pas à tous les coins de rues. Même au sein de ma profession, il était rare de croiser des confrères aussi passionnants. Oh certes, il aimait partager ses connaissances avec ces derniers mais eux n’avait pas son goût pour l’innovation. Ils demeuraient bien trop frileux face au progrès et aux nouvelles technologies. La jeune Lemon ne semblait en revanche pas connaître les mêmes scrupules. Elle possédait le don de voir bien au-delà des apparences et ceci représentait selon moi une des qualités les plus essentiels d’un bon scientifique.

Mais ce n’était pas la seule raison pour laquelle j’aimais parler avec cette dernière. Alors que j’étais issus d’un Londres que l’on qualifierait dans ce monde de victorien, la blondinette était originaire d’un pays qui possédait une avancée scientifique de plusieurs siècles sur tous les domaines que je connaissais et explorais. Ce qui signifiait que j’aurais sans doute énormément de choses à apprendre de cette dernière. Voilà qui était parfait pour l’insatiable curieux que j’étais ! Parlant de mes quelques connaissances sur le tungstène, je fus heureux de la voir donner raisons à quelques-uns de mes arguments. C’état la preuve que je n’étais pas totalement à la ramasse et le fait de le savoir me procurait la plus intenses des fiertés. C’est alors qu’elle choisit de me parler des idéologies de la science et les nombreux bienfaits qu’elle pouvait apporter à l’humanité. Très vite, elle avança l’argument que l’armement n’était pas pour elle une option à envisager. Ce qui était amusant, point dont elle ne semblait pas avoir conscience, c’est que j’avais légèrement frissonner au moment de l’évoquer moi-même. Je désirais qu’elle le comprenne afin de ne pas se méprendre sur mes intentions ou ma déontologie de la science. M’écartant du microscope que je tenais devant moi, je basculais légèrement ma chaise et plaçais mes bras croisés sur mon ventre. Un large sourire éclairait alors mon visage.

« Oh non, bien sûr que vous n’en ferez rien ! Un génie tel que le vôtre ne devrait jamais avoir à servir des projets belliqueux. Ce qui est bien dommage dans ce monde, et vous finirez par le constater par vous-mêmes, les progrès de la science de ce monde sont bien souvent le fruit d’inventions martiales réadaptées pour se prêter à la vie civile. C’est à l’armée que le gros du budget est bien souvent attribué, à croire que l’être humain ne peut se séparer de son satané instinct de conquête bien égocentrique. »

L’esprit plongé dans mes rêveries, j’avais murmuré ses derniers mots pour moi-même avant de reporté mon attention vers la jeune scientifique. Je m’écartais bien vite du sujet et abordais à nouveau des sujets plus optimistes.

« Enfin, je comprends que le domaine de la chimie puisse autant vous passionner ! Il est vrai que la chimie se prête à tant de domaines passionnants et fait partie de notre vie quotidienne. Même si je vous avoue que mon esprit à un fâcheuse tendance à tenter de trouver des liens entre les découvertes et leurs implications au niveau médical ! Cela doit sûrement être dû à une déformation professionnelle du vieux docteur en médecine que je suis ! »

Dérivant une nouvelle fois la conversation vers la jeune femme, j’avançais enfin l’hypothèse dont j’avais lentement pris conscience, à savoir qu’elle venait d’un monde bien plus développé que le nôtre. Elle me parla alors de son parcours professionnel qui me passionnait réellement. Elle parlait avec une telle ferveur de son institut et avec un réel attachement à ses origines scientifiques. C’était un pur délice.

« Vous savez selon moi, il n’existe pas une grande différence entre les superhéros ou les scientifiques. Même si leurs actions sont moins visibles ou tapageuses, elles ne contribuent pas moins à une amélioration de la société. Chacun doit construire son paradis terrestre avec les armes qu’il possède et il n’existe pas pour moi de plus bel outil que le cerveau humain. Mais l’endroit que vous me décrivez me parait en tout point idyllique ! Cela doit être une expérience si fascinante de pouvoir collaborer et mettre en commun ses recherches avec des cerveaux aussi frais et bien disposé que le vôtre ! Et j’imagine que cela explique également la raison pour laquelle vous êtes venus travailler en laboratoire ici plutôt que de poursuivre seule votre petit bonhomme de chemin à Storybrooke. N’ai-je pas raison ? »

Mon parcours personnel était pour ma part bien plus chaotique que le sien. Ayant tout appris à l’abris des regard indiscret, enfermé dans le manoir dans lequel on m’avait condamné à vivre un siècle, je ne devais mes trouvailles qu’à mes seules compétences intellectuelles. Je n’avais jamais eu l’occasion de collaborer avec qui que se soit sur un projet, ce qui creusait un fossé entre nos deux visions si différentes d’entrevoir la recherche scientifique. Je n’aimais jamais que l’on se penche sur mon passé mais après tout, si nous étions destinés à collaborer, quelques informations personnelles ne feraient de mal à personne. Réfléchissant avec parcimonie à ce que j’allais lui répondre, je finis par hausser les épaules tout en soupirant légèrement.

« Moi ? Oh et bien disons que mon parcours a été bien différents du vôtre. Tout ce que je le sais, je l’ai appris en autodidacte. Je n’ai fait validé mes acquis en institution que bien plus tard. Je dispose de différents doctorats en droit, en médecine et en sociologie… mais ce qui me passionne vraiment c’est l’étude de la psyché humaine ! J’ai d’ailleurs et sans vouloir me venter été l’un des précurseurs de cette science dans le monde d’où je viens. J’ai plusieurs de domaine de prédilection mais mes études portent avant toutes choses sur les troubles dissociatifs de l’identité et le stress post-traumatiques. Cela vous dit quelque chose ? »

Je la regardais intensément, me tenant prêt à jouer les professeurs si elle désirait en savoir plus.

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Honey était ravie mais aussi soulagée de voir que le Pr. Ravenswood et elle étaient sur la même longueur d'ondes, comme en symbiose. La jeune femme trouvait certes que le débat scientifique (qui aboutissait en principe à un consensus) était stimulant et vivifiant pour l'esprit mais la scientifique avait aussi des valeurs qu'elle ne souhaitait pas mettre de côté. En dépit de son sourire aussi doux que son nom, la chimiste savait être intransigeante.
Heureusement, deux esprits aussi brillants que les leurs ne restaient pas focalisés bien longtemps sur un seul et même sujet et si celui de Honey avait une sacrée capacité à emmagasiner quantités d'informations, il était tout aussi rapide pour les oublier.
- Oh vous avez fait médecine ? Ca doit être fa-sci-nant ! s'écria la jeune femme, sincère. J'en suis plus ou moins restée à la chimie biologique, continua la scientifique. Mais je m'intéresse beaucoup, beaucoup. En fait, vous allez vite remarquer que je m'intéresse à une foule de choses. La cuisine moléculaire par exemple. Vous avez essayé ? Parce que vous devriez c'est tout simplement fan-tas-tique ! s'écria de nouveau la blonde aux yeux pétillants et aux lunettes qui, en plus de rehaussant ce regard vert, lui mangeaient une bonne partie du visage.
Si tant est que cela soit physiquement biologique, le sourire de la scientifique s'étira davantage lorsque le Dr. Ravenswood fila sa métaphore des superhéros. Ce qu'il en disait était tellement parfait qu'elle aurait pu l'embrasser, sauf que Honey savait se retenir avec les inconnus. Même si ce confrère n'était pas comme les autres, rien n'indiquait qu'il appréciait à ce point le contact humain. Intellectuellement, Honey n'avait pas autant pris son pied depuis un certain moment. Tous ses neurones étaient en pâmoison. La stimulation intellectuelle, y a que ça de vrai, songea la jeune femme.
- C'est ça ! c'est exactement ça ! s'écria (encore) la jeune femme. Pour la vocation des héros, je veux dire. Me concernant, vous êtes un tout tout petit peu à côté. Mais rien de mal, hein ! En fait j'ai choisi ce laboratoire parce que c'est le seul endroit que j'ai trouvé à Storybrooke pour continuer mes recherches le temps que je trouve le moyen de repartir chez moi. Ca ne devrait d'ailleurs plus tard. Mais j'aime la compagnie et l'émulation intellectuelle, donc vous n'aviez pas complétement tort. Quelque part, ce labo m'arrange. Il me rappelle mon chez moi. Mais étant littéralement extra-terrestre de votre monde, je ne vais pas rester, conclut sobrement Honey.
Il y aurait des choses, ou plutôt des gens, que la jeune femme aurait du mal à quitter. Mais les choses étaient ainsi. Elle avait toujours su en venant sur cette planète que ce ne serait que pour un temps, celui de réunir la Magic League pour repartir. Si ce n'était pour tous les couacs accumulés, la chimiste n'aurait jamais eu besoin de se trouver un labo de rechange. Elle préféra cependant s'en tenir à un descriptif général afin de ne pas perdre le professeur dans tous ces détails inutiles pour lui.
Plus Honey préféra encore davantage s'intéresser à sa vie, et surtout à ses recherches même si la jeune femme n'avait rien contre quelques confessions personnelles, surtout si elle avait été (et était peut-être - probablement, en fait - encore) différente de la sienne. C'était cela qui faisait la richesse des rencontres qui n'étaient autres que de nouvelles découvertes sociales (même s'il ne valait mieux pas formuler les choses en ces termes en présence de néophytes).
Comme Honey s'y était attendue, le parcours du Pr. Ravenswood était (*sort son gimmick*) fa-sci-nant, si bien qu'elle avait joint les mains dans une posture presque mystique, buvant littéralement ses paroles. Elle regardait les yeux écarquillés et pétillants. Et quand il se tue enfin, la scientifique exprima son ressenti (même si tout chez elle l'indiquait déjà).
- Vous absolument incroyable, vous le savez ? Oh oui, bien sûr que vous le savez ! répondit la jeune femme en balayant sa propre question d'un ample geste de la main. Je n'ai plus été autodidacte depuis tellement longtemps ! soupira-t-elle, un peu nostalgique. Mais quand j'étais petite, comme Barbie chimiste n'existait pas encore, j'expérimentais avec tout ce que je trouvais. Les autres enfants me trouvaient étrange et puis j'ai intégré le SFIT à mes 13 ans et les choses sont allées mieux.
Honey marqua une pause et cligna plusieurs fois des yeux comme si elle atterrissait - littéralement.
- Désolée, je sais pas pourquoi je vous raconte tout ça. J'ai en face de moi un précurseur et je raconte ma vie, c'est tout moi, il parait que des fois je m'emballe très légèrement. Breeef. La psyché humaine, ce n'est pas ce que j'ai le plus approfondi, reprit plus sérieusement la scientifique, mais je trouve ce domaine absolument génial ! Je vais sans doute vous paraitre un peu cavalière - et pourtant je n'ai jamais monté à cheval [sérieusement Camille arrête d'écrire des conneries plus grosses que toi] mais j'adorerais que vous m'en appreniez plus ! Je connais bien sûr ce type de troubles mais en général je me contente de les saluer de loin en passant. Je ne vais plus rester très longtemps ici, je crois, mais d'ici là je peux vous en accorder une large proportion.
Honey souriait, les mains toujours jointes, impatiente de commencer.

Deux cerveaux font l'affaire !

Hayden & Honey

Honey était une femme incroyable, vraiment ! Dotée d’une énergie folle, elle semblait détenir le pouvoir de le transmettre aux autres. Résister à son enthousiasme me semblait presque impossible et pour la première fois depuis bien longtemps, je me permis de sourire sincèrement en sa présence. Il était tellement agréable pour un esprit surdéveloppé d’en rencontrer un autre capable de le comprendre. La plupart des personnes qui croisaient ma route me semblaient me semblaient bien ennuyeuse comparé au moment que je passais en sa compagnie.

Très vite, elle s’intéressa au domaine de que j’avais étudié. La médecine ! S’opposant quelque peu au domaine qu’elle avait étudié, Honey buvait cependant mes paroles et était impatiente d’en connaître plus sur mon domaine d’étude. Curieuse et ouverte d’esprit, elle ne semblait pas le voir pourtant c’était elle qui était fascinante en réalité ! Haussant les épaules, je répondis cependant modestement.

- Oh vous savez, la médecine n’est pas très différente du domaine chimique. Car qu’est-ce que le corps humain si ce n’est une enveloppe qui répond à des principes chimiques et physiques que l’ont retrouve dans toutes natures alentour. D’un certain côté, nous sommes tous semblables, n’est-ce pas ?

Ne serait-ce pas plus simple si le monde pouvait se résumer ainsi ? Oh certes, j’avais connu des phénomènes inexplicables, le mondes des esprits avait un jour fait partie de mon quotidien. Je haïssais cette partie de mon histoire qui me renvoyait à ma réalité de l’Obscurantisme. La malédiction, l’esprit des morts… tout cela faisait partie d’une réalité qui m’échappait et que je ne pouvais que haïr au plus haut point ! Fort heureusement, le monde rationnel était désormais le mien et je mettais un point d’honneur à comprendre tout ce qui m’entourait, à commencer par les domaines scientifiques dont je ne saisissais pas encore bien la portée. L’énergie fulgurante de la blondinette la poussa à me parler de cuisine moléculaire ce qui étira encore un peu plus le sourire aux coins de mes lèvres.

- Je vous avoue que non, je ne me suis pas encore intéressé à ce domaine culinaire… et pourtant dieu sait ce que j’adore manger et découvrir de nouvelles saveurs ! Vous devriez m’enseigner un de ces jours, je suis certain que mon estomac vous en sera infiniment reconnaissant !

Honey me parla alors de ses activités à Storybrooke et de son désir de repartir chez elle. C’était étrange et difficile à imaginer. Pourtant bien des gens rêvaient de revenir sur les terres que nous avions tous quittés durant la Malédiction de la Méchante Reine. Je n’avais jamais ressenti ce besoin, ma vie dans cette ville me plaisait ! Là au moins je n’étais pas encore perçu comme un vulgaire criminel… pas encore tout du moins !

- Je vous comprends… et si le monde d’où vous venez est bien plus évolué que celui-ci, il est normal que votre cerveau rationnel et scientifique ne puisse trouver son bonheur dans cette ville ! Mais je suis heureux pour de savoir que ce laboratoire semble être une bonne solution de rechange pour vous… même si ce n’est que temporaire !

Elle prétendit alors que j’étais incroyable, ce qui fit naître un léger rictus sur mes lèvres. Quoique peu porté sur la flatterie, c’était toujours agréable de savoir que son esprit étai reconnu à sa juste valeur ! Je me contentais cependant de hausser les épaules

- Ca n’a rien de si exceptionnel vous savez ! Je trouve que de travailler en autodidacte c’est une excellente manière d’apprendre ! Pas de pression de la part de notre entourage, personne pour poser des limites à notre créativité, Nous pouvons donner libre court à notre fantaisie et c’est à mon avis ce qui rend notre travail si exceptionnel !

Je ne puis cependant réprimer un frisson en prononçant ces paroles. Après tout, c’était de manière autodidacte si j’étais parvenu à créer le sérum destiné à me transformer en Edward Hyde ! Était-ce donc réellement une bonne chose que de ne jamais s’imposer de limites ? De ne pas s’entourer de « voix de la raison » ?

- Avez-vous vous-mêmes fait ce genre de découvertes durant votre enfance ?

Cette question, bien qu’intéressante, me servait surtout de tremplin pour détourner l’attention de la jeune femme. Peut-être n’avait-elle pas eu le temps de deviner mon soudain malaise. Pourtant, elle revint très vite sur mes propres travaux… la raison qui m’avait poussée à venir la voir. Il faut dire que notre conversation était si passionnante que j’avais presque failli l’oublier !

- C’est un domaine passionnant ! J’ai été l’un des premiers à me pencher sur cette épineuse question. Les troubles dissociatifs de l’identité concernent avant tous les problèmes que peuvent rencontrer certaines personnes face à leur propre comportement. N’avez-vous jamais eu l’impression d’adopter des comportements qui ne vous correspondaient pas ? De vous laissez dévorer par des désirs profonds qui bouleversaient votre propre personnalité ?

Prenant un air plus sérieux, je plantais mon regard dans le sien avec la plus grande insistance.

- Que diriez-vous si j’osais affirmer que nous avons tous deux personnalités ? Une bonne qui nous pousse à suivre les règles établis par la société et à agir pour le bien d’autrui. Une mauvaise qui réveille nos instincts d’animal et nous encourage à répondre à nos propres envies ou désirs même lorsque ces derniers sont illégaux ou mauvais pour nous-même et pour autrui ?

Conservant la même posture, j’observais alors le plus grand des silences. Je la regardais sans rien dire, impatient que j’étais de connaître son opinion sur ce sujet qui m’obsédait littéralement.

acidbrain

Honey Lemon avait naturellement bu les paroles du professeur Ravenswood dont les analogies étaient totalement pertinentes. Elle avait pris bonne note non seulement de ses enseignements mais aussi de ses envies au sujet de la cuisine moléculaire qui était l'une des ses grandes passions, même si la jeune femme cuisinait aussi de façon plus classique - et trouverait cela amusant également. Des fois, elle avait cependant un peu de mal à sortir de son monde de scientifique pour se comporter "normalement" comme on dit. C'était peut-être pour cette raison que les autres enfants, avant qu'elle n'intègre le SFIT, pensaient qu'elle était folle.
A cela, Honey n'y pensait plus depuis des années maintenant.
La jeune femme brillante avait trouvé sa place dans la société. Elle ne doutait plus de son intérêt en tant que personne et son arrivée à Storybrooke l'avait bien prouvée : personne encore ne lui avait dit qu'elle était mentalement atteinte et surtout pas Hayden avec qui elle avait partagé des conversations passionnantes à son arrivée dans ce monde. Grâce à lui, elle s'était remémorée ses premières expériences, quand elle n'était encore qu'une enfant et que ses poupées Barbie étaient d'incroyables scientifiques à qui elle avait cousu des blouses de travail et dont elle se servait pour faire vivre les expériences dont elle avait l'idée. C'était ce genre de souvenir qui la rendait nostalgique de son monde, de ses parents, aussi. Très tôt, son papa, le brillant astrophysicien Cinnamon Lemon, lui avait transmis sa passion, sous l'œil méfiant mais très vite attendri de sa mère.
Tout ça, Honey l'avait confié un peu en vrac à son confrère, n'oubliant cependant pas les détails scientifiques qui l'intéressaient vraisemblablement plus que les poupées. Honey s'en était excusée en gloussant, arguant que les bonnes histoires étaient meilleures quand elles étaient contées en entier.
Quand le tour d'Hayden était venu, ses confessions avaient été bien moins colorées que celles de la jeune femme, comme si ce qu'ils disaient était à l'image de ce qu'ils portaient - une remarque que Honey ne fit pas à haute voix.
Le professeur Ravenswood fascinait Honey, ce dont il devait se rendre compte, quand elle le fixait, sans cligner des yeux, dès qu'il exposait ses recherches et autres façons de pensées. Et quand il l'avait fixée la première fois, droit dans les yeux, de cette façon si intense, la jeune femme avait immédiatement saisi qu'elle s'apprêtait à entendre quelque chose de fas-ci-nant mais aussi d'unique, quelque chose de sérieux que le professeur ne confiait pas à n'importe qui.
Honey ne s'y était pas trompée. Elle connaissait bien ce genre de regard qu'ont les scientifiques quand ils s'apprêtent à changer votre vision des choses.
- Je vous répondrai que personne ne voulait croire que les trous noirs pouvaient exister dans l'univers réel et que pourtant on peut aujourd'hui observé Cygnus X sans trop de difficulté.
Honey n'était pas effrayée par cette idée. Elle était, en revanche, diablement curieuse d'en apprendre plus sur tout ça, si bien qu'elle ne sut pas trop par où commencer dans toutes les questions qui lui vinrent à l'esprit.
C'est en fait le manque de chance qui mit brutalement fin à leur conversation : ils n'étaient plus seuls au labo et Honey se douta qu'il ne voulait pas confier sa trouvaille à "tout le monde". C'était sans doute trop tôt, comme l'invention des "machines à voyager dans le temps" formées par les deux bouches d'un trou de verre.
Brièvement, Honey expliqua :
- Je retourne chez moi dans quelques jours et... en fait je compte rester là-bas quand mon monde sera sauvé. Mais je suis vraiment intéressée, non, passionnée, en fait, ce serait un terme plus juste, par votre découverte et je ferai mon possible pour vous aider si c'est ce que vous étiez venu chercher et si j'ai mal compris eh bien... Je lirai vos travaux avec grand intérêt !
En fin de compte, Honey se sentait très intégrée dans le monde scientifique de Storybrooke et sa rencontre avec Hayden Ravenswood ne faisait que le confirmer. Comme quoi, d'un univers à l'autre, il y avait certaines constantes qui était appréciables, même si elles n'appartenaient pas au domaine de la physique mais plutôt à celui de la sociologie.
Honey entraina ensuite le professeur vers la sortie et la suite on la connait dans Magic League 2...
Tout ne s'y passa pas comme prévu, d'ailleurs, en témoignait le nouveau moyen de locomotion d Honey. La jeune femme n'avait d'ailleurs pas pu reprendre immédiatement ses activités scientifiques. Mais dès la mi-mai, elle avait pu s'y remettre, avec notamment l'appui sans faille d'Evelyn. Il y avait beaucoup de pensées parmi lesquelles la jeune femme dût faire le tri, si bien qu'Hayden Ravenswood lui était sorti de la tête jusqu'à la fin de l'été, quand elle avait retrouvé ses coordonnées. Tout naturellement, la jeune femme avait repris contact, lui proposant de repasser la voir au laboratoire s'il ne lui tenait pas rigueur de son long silence.
- Je suis contente de vous revoir ! s'écria la jeune femme en l'apercevant, toujours aussi impeccable que dans ses souvenirs. Et d'autant plus ravie que vous ne m'ayez pas tenu rigueur de ce long silence. Il est vrai que j'ai eu quelques... nouveautés à gérer, poursuivit Honey en faisant demi tour pour conduire son confrère vers son bureau. Rien de très grave, rassurez-vous !
Ils arrivèrent bientôt dans son bureau dont la jeune femme ferma la porte pour leur assurer de la tranquillité pour penser librement.
- J'ai beaucoup repensé à votre découverte. Pas continuellement, certes, mais c'est tellement fascinant ce que vous avancez ! J'ai envie d'en savoir plus mais je ne sais pas par quelle question pertinente commencer. Si vous avez raison, vous allez révolutionner notre façon de voir le monde alors... je crois que si vous êtes d'accord j'aimerais bien que vous me racontiez comment vous êtes parvenu à cette trouvaille.

Deux cerveaux font l'affaire !

Hayden & Honey

De longs mois avaient passés depuis que j’avais rencontré la jeune Honey Lemon dans son laboratoire. Très vite, la jeune femme s’était attiré ma sympathie ce qui n’était pas qu’une mince affaire en ce qui me concernait. En effet, j’étais d’un naturel plutôt méfiant et les fois où je me confiais véritablement étaient plutôt rares. Cependant, j’avais très vite trouvé en Honey une jeune scientifique à la hauteur de mes espérances. Très intelligente et ouverte d’esprit elle n’avait eu aucun mal à partager avec moi ses découvertes ! De même, elle m’avait invitée à en faire de même et c’est avec une confiance encore fragile que je lui avais parlé de mes propres travaux sur la psyché humaine. Malheureusement, le sujet avait à peine eu le temps d’être abordé que nous avions dû y mettre un terme. Un étranger s’était introduit dans le laboratoire d’Honey. Un homme qui me semblait bien trop suspect pour laisser échapper des informations aussi importantes que compromettantes. Nous avions donc mis fin à notre entretien et nous étions retourné chez nous.

Les mois qui suivirent me parurent s’écouler avec une lenteur inimaginable. Malgré les bons moments passés en compagnie de la belle et mystérieuse Sasha ou encore les aventures que j’avais vécus aux côtés de mes amies Deborah et Angelika, le temps m’avait sembler passer bien long sans elle. Ne vous méprenez cependant pas sur mon compte. Les raisons de ce manque étaient purement et simplement platoniques ! Jamais je n’aurais osé entreprendre quoique se soit à son sujet. Mais nos conversations… oh oui c’était cela qui me manquait énormément ! Trouver son égal intellectuel dans une ville comme Storybrooke n’était pas chose aisée et je craignais de ne plus jamais la revoir. Après tout, n’avait-elle pas évoquer la possibilité d’un retour dans son monde d’origine ? C’était peut-être pour cette raison qu’elle ne me contactait plus. Serais-je dès lors condamnés à ne plus m’entourer que de gens inférieurement intelligent par rapport à moi ?

Et puis soudain, comme un miracle, elle me passa un coup de fil. Se prétendant toujours aussi emballée par mes travaux, elle avait émis le souhait de me revoir. Bien évidemment, je n’avais pas hésité une seconde et avait fixé au plus vite notre rendez-vous ! Ce dernier était d’ailleurs d’autant plus capital que je sentais Hyde grandir et prendre des forces de jour en jour. Il ne serait pas long avant de pointer le bout de son nez et devant la menace qu’il représentait pour mon entourage je ne pouvais qu’agir au plus vite !

Tout comme la première fois, nous avions prévu de nous revoir au laboratoire. Arrivé tout souriant jusqu’à sa porte, c’est en la voyant que je perdis un peu de ma superbe ! J’avais de la peine à croire à la mauvaise nouvelle à laquelle je me retrouvais confronté en cet instant. Mon cœur avait fait un léger sursaut dans ma poitrine et je balbutiais à peine quelques mots

« Bon… Bonjour Honey ! Je suis navré… je ne savais pas ! Je veux dire pour vos jambes. Je… »

Puis, me raclant légèrement la gorge, je décidais de changer de sujet ! Après tout, ce n’était certainement pas ce qu’elle aurait voulu entendre de moi ! Reprenant très vite ma contenance, je retrouvais le sourire et recommençais à parler d’une voix plus décidée.

« Je suis très heureux de pouvoir vous revoir. Sincèrement ! Nos conversations m’ont beaucoup manquées ! »

A nouveau, je n’étais pas vraiment familier de ce genre de discours franc mais parler avec elle me semblait tellement naturel !

« Ne vous inquiétez donc pas ! Nous sommes tous très occupés par nos propres occupations. Il est normal que vous n’ayez pas pu me contacter auparavant ! »

Cela ne faisait d’ailleurs aucun doute vu son état ! La jeune scientifique avait dû connaître une vie très mouvementée et des jours bien noirs. A nouveau, nous reprenions notre discussion sur mes travaux, avec autant que faciliter que nous les avions abordés autrefois.

« Je vous remercie beaucoup pour votre aide, miss Lemon ! Cela représente tellement à mes yeux. Je sens que je peux vous faire confiance et je sais que quoiqu’il arrive vous ne me trahirez pas ! »

Je prenais alors de gros risques en lui prêtant confiance aussi rapidement ! Mais ce serait d’autant plus facile si elle savait de quoi il en retournait. Après tout, avec Hyde encore en sommeil, elle ne risquait rien !

« J’espère bien que mes travaux permettront de révolutionner le monde, Honey ! C’est d’ailleurs pour cette raison que je m’y suis atteler ! La psyché humaine est une chose à la fois très intéressante et mystérieuse et sonder les fonds de son esprit n’est pas évident ! »

Je soupirais légèrement repensant à tout ce que cela m’avait couté ! Happé par ma folie, j’avais perdu des membres de ma famille et des amis auxquels je tenais énormément. Je n’avais plus l’intention de perdre quelqu’un d’autre aussi bêtement !

« J’ai mené quelques travaux chimiques sur le sujet. Cela me semblait être une bonne approche pour comprendre le cerveau, après tout ne fonctionne-t-il pas en partie grâce à des réactions chimiques ? Et j’ai fini par y parvenir. J’ai sondé l’esprit humain et suis parvenu à séparer ce qu’il y a de bons et de mauvais en chacun de nous. »

A ces mots, je sortis une petite fiole de ma poche et la tendis à la jeune scientifique.

« Si vous aviez un cobaye animal à me confier, je pourrais vous montrer les effets de cette potion. Il m’en restait un peu depuis le Monde des Contes ! »

acidbrain

Aux yeux de Honey, le handicap n'était pas une fin en soi. C'était... un peu handicapant, des fois, surtout avec les escaliers, en fait, mais sa paraplégie ne la définissait ni ne la limitait, ni maintenant, ni jamais. La jeune femme y mettait un point d'honneur. Sa vie n'avait d'ailleurs pas radicalement changé depuis l'accident. Le changement principal résidait dans la station assise permanente. Mais elle continuait de travailler, n'avait pas perdu le moindre point de QI et sa personnalité était restée la même, peut-être parce que la jeune femme avait en elle cet inépuisable souffle d'optimisme. Elle savait, en tout cas, notamment pour avoir lui quantité de statistiques et études, que rares étaient les personnes à prendre la nouvelle aussi "bien". C'était principalement pour cette raison que les médecins avaient insisté pour qu'elle continue de voir son psychologue pendant des mois.
En fin de compte, ce qui avait le plus changé c'était le regard des autres. Pas de tous, mais d'une sérieuse majorité. Honey y lisait de la tristesse, de la pitié, de la compassion, parfois un peu de dégoût et quantité d'autres sentiments qu'elle appréciait plus ou moins. La scientifique s'était doutée que son état avait de fortes probabilités de surprendre Hayden et c'est ce qui se produisit, comme en témoigna son bégaiement et tout son langage corporel. Honey ne put que lui adresser un sourire très doux et balaya ses excuses d'un ample signe de la main.
- C'est normal que vous ne saviez pas : je n'avais pas jugé important de le mentionner en vous recontactant parce que ça n'a eu aucune incidence sur mes capacités intellectuelles et c'est d'elles dont nous avons besoin, pas de mes jambes.
Honey gloussa même si ce qu'elle venait de dire n'était pas particulièrement drôle, ce dont elle ne tarda pas à s'apercevoir. Ce n'était pas en ricanant qu'elle allait mettre Hayden plus à l'aise, mais il était suffisamment brillant pour ne pas avoir besoin d'elle. Bientôt, la conversation redevint aussi normale et stimulante que lors de leur dernier entretien.
- Elles m'ont manqué à moi aussi, assura chaleureusement la jeune femme.
Un franc sourire ne quittait pas son visage. Hayden lui avait plu presque immédiatement. Il était intellectuellement séduisant. Il la comprenait et elle le comprenait. Il y avait peut-être aussi un peu de fascination mutuelle et, dans tous les cas, un très grand respect dans leurs échanges.
Et de la confiance, ajouta mentalement Honey à sa liste d'éléments positifs quand Hayden poursuivit. Ce qu'il disait lui faisait tellement plaisir ! Si elle avait pu et qu'ils avaient été un peu plus familiers, Honey lui aurait sauté dans les bras. La scientifique pouvait cependant se consoler dans le fait qu'étant assise, elle était dans la position d'écoute idéale. Les mains sur les genoux et ses yeux grands ouverts, elle buvait littéralement ce que son collègue disait. Parler de chimie était une façon on ne peut plus efficace de susciter son intérêt.
Honey était tellement happée par cette histoire scientifique sur la dichotomie entre le bien et le mal qu'elle sursauta quand Hayden lui tendit la fiole contenant la recette qu'il avait mise au point. La jeune femme se souvenait de cette réplique de Sirius Black qui expliquait à Harry que le monde n'était pas divisé entre les gentils et les Mangemorts et s'apercevait que, peut-être, cela pouvait devenir possible, en fait.
C'était diablement fascinant et probablement tout aussi dangereux - donc, d'autant plus fascinant pour la jeune femme prête à beaucoup d'imprudences pour l'amour de la science. Hayden, elle en avait la conviction, était comme elle sur ce point.
La jeune femme fit tournoyer la fiole tout près de son visage pour l'observer du mieux qu'elle pouvait.
- C'est fascinant, murmura-t-elle car son auteur était décidée à caser cet adjectif le plus de fois possible. Vous avez raison, c'est la chimie et l'électricité qui régissent principalement notre cerveau même si nous ne connaissons pas encore tout à son sujet. Je pourrais en parler des heures parce que je l'ai étudié des heures et que je trouve ça... fascinant, vous l'aurez compris. Mais venez plutôt, allons trouver un rat de laboratoire ! Ca va être amusant !
Honey s'emballait, faisant rouler son fauteuil aussi vite que possible afin de canaliser toute son énergie.
Il ne leur fallut pas bien longtemps pour arriver là où ces petites bêtes blanches habitaient. Honey ouvrit l'une des cages et attrapa une ratte qu'elle présenta à son ami :
- Hayden, je vous présente Gisèle, dit-elle avec un grand sourire. C'est une ratte de neuf mois, très intelligente et vivace. Elle ne ferait pas de mal à une mouche et... Au fait, réalisa la scientifique en caressant la petite tête de la rate à présent nichée sur son épaule. Ca ne va pas... Je veux dire, est-ce que votre procédé est douloureux ?
Honey le regardait avec des yeux grands ouverts et concernés. La rate se balada dans le dos de Honey qui la récupéra pour la donner à Hayden. Elle lui faisait confiance.