« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit ☆ HYPERION

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Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »

Eurus J. Holmes

| Avatar : Keira Knightley

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"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"

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"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."

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| Conte : Sherlock Holmes
| Dans le monde des contes, je suis : : Eurus, la soeur de Sherlock

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Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit ☆ HYPERION _



________________________________________ 2022-04-25, 13:08 « Good and bad are fairytales. »



“Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.”

☆ ★ ☆
Le vide. Le néant qui vous happe au coeur de la nuit, quand tout est en suspens, immobile. C'est l'instant où toutes vos peurs se roulent en boule et se tiennent bien au froid contre vous, où plus aucune certitude n'est capable de vous rassurer.

Ce moment. Je l'adore et le crains tout à la fois. C'est un excellent moyen de faire le point. La réflexion atteint son paroxysme quand on se laisse imprégner par le silence de l'obscurité. Il est des gens qui sont effrayés à l'idée de se retrouver face à eux-mêmes ; ce n'est pas mon cas. Je suis imparfaite et talentueuse, opportuniste et pleine d'autres vices, mais jamais je ne sens mon coeur palpiter à l'idée de me retrouver devant ma psychée. Je sais qui je suis, j'ai conscience de mes qualités, de mes défauts, de mes limites (pratiquement aucune). C'est peut-être ce qui me différencie de la plupart des mortels. Je vais plus loin car je sais jusqu'où je peux aller.

Comme tout le monde, il m'arrive de faire des erreurs. Bien souvent, je les observe et les analyse, préfère les transformer en expériences enrichissantes. C'est une manière de ne pas avoir de remords. On avance mieux quand on ne se sent pas coupable.

Un frisson traversa mon corps. Je repoussai le drap qui me recouvrait et attrapai ma robe de chambre en satin, que je passai par-dessus ma nuisette. Puis, je me levai. Je me déplaçai dans la pénombre, mes pieds nus ne faisant aucun bruit sur le plancher. Je me laissai guider par la lueur verte, unique source de lumière à travers l'armoire entrebâillée. La porte de cette dernière émit un léger grincement quand je l'ouvris tout à fait. M'agenouillant devant, je saisis délicatement la vision de Bruno. Elle me représentait, trente ans plus âgée, assise dans une chaise à bascule, aux côtés d'un jeune homme brun au visage ouvert. Cette vision était un phare dans la nuit de mon existence, une promesse de survie, ou peut-être seulement un espoir absurde. Quoi qu'il en soit, elle agissait comme une veilleuse. A coeur de l'obscurité, elle luisait. Elle indiquait une autre voie. Je ne pouvais m'autoriser à y croire. Ce qui m'attendait était inéluctable. Pourtant... l'espoir insensé me faisait perdre toute raison. J'avais envie d'y croire. Se laisser bercer d'illusions est tellement doux, même en sachant que le réveil serait dur... Je n'avais plus beaucoup de temps à vivre, alors autant rêver un peu, non ?

Je rangeai la vision en bas de mon armoire et refermai doucement la porte. Dans mon dos, j'entendis les draps remuer. Me relevant avec la grâce d'un chat, je jetai un coup d'oeil vers l'homme toujours endormi. Le vide m'engloutit de nouveau. Pendant quelques minutes, ça avait été l'extase. C'était ce que j'avais souhaité. La chaleur de son corps contre le mien, ses caresses, l'ardeur de ses baisers. Mais ce n'était pas suffisant. Quelque chose manquait.

En silence, je m'habillai et quittai l'appartement. Tout en descendant l'escalier des communs, j'enfonçai un béret gris sur ma tête. Une fois au-dehors, j'inspirai profondément l'air frais et stimulant de l'aube. Derrière les immeubles bas de Baker Street, le soleil pointait timidement. Ca allait être une bonne journée.

D'un bon pas, je me dirigeai jusqu'au coffee shop du coin de la rue. J'aurais pu rester en compagnie de l'homme avec qui j'avais passé la nuit, mais je ne l'avais pas fait. Je ne souhaitais pas entamer la conversation de "l'après". Je considérais que ce n'était pas essentiel pour entamer cette nouvelle journée.

A l'instant où je réglais le paiement de mon caramel macchiato supplément chantilly, je remarquai la présence de la dernière personne que j'aurais pensé trouver en cet endroit, à cette heure-là. Quoique... Hypérion n'était-il pas le représentant de l'aube ?

Je lui adressai un sourire.

— Ainsi, vous aussi vous préférez une boisson chaude à l'aube ? Rien de tel pour bien débuter la journée, n'est-ce pas ?

Nous nous étions revus à plusieurs reprises depuis le réveillon de Noël. Une fois, il avait mentionné notre baiser, quarante-neuf jours après qu'il ait eu lieu. Je n'avais rien oublié. Je n'avais rien demandé de plus. J'avais compris qu'il n'était pas un homme mais un titan et que par conséquent, je ne pouvais rien exiger. J'appréciais sa compagnie tout comme il m'apparaissait qu'il appréciait la mienne. Peut-être était-cela, la définition de l'amitié ? Malgré tout, au plus coeur de la nuit, quand je serrai un homme tout contre moi, il m'arrivait de fermer les yeux et d'imaginer... Je n'avais rien à expier, rien à me reprocher. Mes pensées m'appartenaient. J'étais libre de faire ce que je voulais avec qui je voulais, dans mon esprit sans limite.

Remarquant qu'il n'avait encore rien choisi, je proposai :

— Que voulez-vous boire ? Je vous invite.

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Anatole Cassini
« Maîïîtreuuuh !!! »

Anatole Cassini

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« Le papillon ne compte pas
les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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| Dans le monde des contes, je suis : : ✲ Le Titan Hyperion, un papillon étoilé.

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________________________________________ 2022-04-28, 09:30 « Maîïîtreuuuh !!! »



À Upendi

KoalaVolant


    Beaucoup trop de choses ont accaparés mon esprit ces derniers jours, si bien qu'aujourd'hui, avec l'esprit vide, je ne sais plus quoi choisir. Face à moi se tiens une liste alarmante de choix possible. Des Caffé Latte, Iced Latte, Doubleshot Iced Coffee, Doubleshot Vanilla Iced Coffee... pour ne pas vous faciliter la vie, tout est en chaud ou en froid et parfois avec une seule substance de différence. Mocha, Mocha Iced, Mocha Blanc, Iced Mocha Blanc, Mocha Caramel, Iced Mocha Caramel...

    Une jeune femme, face à moi, m'adressa un sourire à divers moments de ma réflexion. Elle travaillait ici et elle servait les clients les uns après les autres. Vue l'âge que je laissais paraître, elle devait se dire que j'étais bien trop âgé pour me trouver ici et que j'allais finir par partir sans commander. Mais je ne voulais pas renoncer. C'était peut-être cette envie de réussir qui la poussait à me regarder de temps en temps, d'un air amusé. Puis, ce fut au tour d'une autre jeune femme, qui cette fois ci, au lieu de simplement m'observer, débuta la conversation.

    Je la connaissais bien. Eurus Holmes. Une jeune demoiselle qui habitait à quelque pas d'ici et avec laquelle on avait partagé un baiser. Il m'avait semblé durer une éternité, si l'éternité était composée uniquement de quarante-neuf jours !

    « C'est avec grand plaisir que j'accepte ton invitation, Eurus, mais je suis totalement perdu. » lui avouais-je.

    Cette fois ci, je m'étais approché du comptoir. La jeune demoiselle pris une grande inspiration avant d'ouvrir la bouche, toujours le même sourire au coin des lèvres.

    « Bonjour monsieur. Qu'est ce que je vous sers ? »

    « Je suis invité. » réussis-je à prononcer, ce qui la fit sourire.

    Eurus avait émis l'hypothèse que je préférais une boisson chaude à l'aube. Ce qui signifiait que j'allais prendre quelque chose de chaud. Mais étais-ce ce que je souhaitais, ou me laissais-je influencé par la jeune demoiselle ? Quittant pour la première fois les yeux de la carte ci-dessus, je penchais la tête pour observer ce qu'elle avait pris. Une odeur de caramel me vint jusqu'aux narines. Voulais-je du caramel ?

    « Surprenez moi ! » dis-je à la jeune demoiselle derrière le comptoir.

    Voilà qui était bien mieux. Elle me regarda d'abord surprise, puis amusée, et fini par se tourner pour prendre quelque chose avant de le poser sur le comptoir. Au début, elle prit un air sérieux, puis elle se mit à rire. Étrangement, je fis de même, car face à moi se tenait une bouteille d'eau 750ml. Qui voulait de cela ?

    « Il n'y a aucune raison qui pousse quelqu'un à vouloir une bouteille d'eau dès le réveil. Ca manque cruellement de gourmandise ! » affirmais-je.

    « Oh d'accord... monsieur aime ce qui est sucré. Je vais voir si je peux faire mieux. Ajouter du sirop de fraise dans la bouteille ferait l'affaire ? » me demanda t'elle, avec un lévèment de sourcil taquin.

    « La fraise est un bon choix, mais je pense qu'on peux pousser la gourmandise encore plus loin ! » ajoutais-je.

    Elle hocha la tête et fit mine de réfléchir avant de me demander quel prénom elle devait mettre sur le gobelet.

    « Anatole. » lui répondis-je.

    « Vraiment ? » me répondit-elle sceptique. « Si c'est votre souhait. »

    Puis, elle inscrivit le prénom sur le gobelet... enfin je la vis écrire quelque chose, avant de le passer à son collègue. Ce dernier la regarda surpris, avant de sourire et de s'éloigner. Ils allaient où avec ma surprise ?

    Tournant la tête vers Eurus, je lui adressais un petit sourire. Elle voulait m'inviter, n'est ce pas ? On attendit la commande sur le côté.

    « Tu sais que le caramel vient de la décantation du sirop de canne à sucre ? » lui demandais-je.

    J'avais appris cela quelque mois plus tôt.

    « La canne à sucre, elle même, serait originaire de Nouvelle Guinée. » ajoutais-je.

    Puis, je me mis à rire. Voulait-elle vraiment dès le matin que je l'informe de ces différentes choses ? On fini par m’appeler pour me donner ma boisson. Je m'approchais afin de la prendre, et je retournais ensuite vers Eurus afin qu'on quitte le coffee shop. Une fois au dehors, j’ôtais le couvercle pour renifler de quoi il était question. Mes papilles frétillaient déjà.

    « Elle a mis de la fraise dedans. Et aussi de la vanille. Elle même originaire du Mexique... » précisais-je avant de lever la tête vers Eurus. « Le documentaire à la télévision était très long et très complet. » la prévins-je. « Il y a du café aussi. »

    J'étais sur le point de goûter, avant de voir mon nom inscrit sur le gobelet. Un sourire surpris s'afficha sur mon visage. Il y avait noté "Anatole", mais également un petit soleil dessiné juste à côté. Je comprenais sa surprise que j'avais choisi mon faux prénom au lieu de celui d'Hyperion. Peut-être que je devrais m'habituer à utiliser celui ci. En tout cas je ne connaissais pas cette jeune demoiselle. Mais il semblerait que elle, si, elle m'avait déjà vue.

    « Je pense qu'il est temps pour moi de participer à Danse avec les Stars, ou une émission de ce genre. Ou alors à arrêter de regarder avec Apple, Slife. »

    Je goûtais désormais mon café à la vanille fraise qui était véritablement très bon. La surprise était au rendez-vous ! Puis, j'en profitais pour adresser un regard à Eurus et la détaillait, sans lui manquer de respect pour autant. Il y avait quelque chose depuis le début qui m'avait fait tilt, mais je venais à peine de remarquer quoi.

    « Tu sais qu'il te va très bien ce béret ? » lui demandais-je.

    C'était étrange de voir une demoiselle avec ce couvre chef, mais ça lui allait comme un gant ! Elle savait toujours parfaitement se vêtir ! Me stoppant une nouvelle fois de l'observer et plus particulièrement de porter toute mon attention sur son béret, je lui adressais un regard bien droit dans les yeux. Des yeux noisette, légèrement envoûtants.

    « Comment vas tu ? »

    C'était une question tellement ordinaire. Mais en ce moment précis, je me sentais tellement bien. J'avais mis tous mes soucis de côtés, si bien que je pouvais redevenir quelqu'un de totalement ordinaire en posant une question des plus simplettes. Comment allait-elle ? C'était tout ce que j'avais envie de lui demander sur le moment.
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Eurus J. Holmes
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________________________________________ 2022-05-12, 16:13 « Good and bad are fairytales. »



“Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.”

☆ ★ ☆
La tête penchée, j’esquissai un sourire tout en regardant Hypérion. J'appréciai sa conversation, car il partait souvent dans tous les sens tout en conservant un flegme britannique. C’était à la fois stimulant et reposant. En tous cas, il semblait aimer son café fraise-vanille. Voilà un choix surprenant ! Il reflétait parfaitement le titan : sous l’apparence d’un vieil homme rangé, il était un vrai rebelle, à l’affût de nouveauté. Curieux et fantaisiste.

Je soufflai sur mon caramel macchiato puis le portai à mes lèvres. Je manquai de m’étouffer en l’entendant dire qu’il comptait participer à Danse avec les Stars. De justesse, je parvins à avaler ma gorgée avant d’éclater de rire.

— La prochaine fois, assurez-vous que je n’ai rien en bouche avant de dire un truc pareil ! Non pas que l’idée soit mauvaise. Vous feriez sûrement sensation. Mais savez-vous danser ?

J’arquai un sourcil tout en le toisant, laissant clairement l’invitation ouverte. J’étais très intéressée à l’idée qu’il me montre, voire que l’on danse tous les deux.

— Nous pourrions vérifier votre niveau sur-le-champ, si vous me suiviez jusqu’à mon appartement... J’ai la chance de posséder des disques de différents styles. Pop rock, jazz, soul, fox trot, charleston... A vous de choisir ce qui vous convient.

Nouveau petit sourire en coin. Oui, je le taquinais, ou le mettais à l’épreuve, au choix, mais j’avais très envie de découvrir ce talent insoupçonné. Lorsqu’il me complimenta sur le béret que je portais, je le soupçonnais en réalité de changer de conversation. Qu’importe, il m’en faudrait davantage pour oublier l’idée que j’avais en tête.

— Merci. Pourtant, je n’ai fait aucun effort particulier. J’ai mis les premières choses qui me sont tombées sous la main, en me levant.

Je savais que je possédais une élégance naturelle, ainsi qu’un charisme qui me permettait de porter à peu près tout, alliant charme et aisance. Lorsque l’on sait qui on est, on ne craint pas le jugement d’autrui et on ose tout.

— Comment vas-tu ?

Cette question me surprit. Elle était si... ordinaire ! Malgré tout, elle me toucha, car Hypérion semblait sincèrement s’en soucier. Notre degré d’amitié était-il donc si fort ? Une douce chaleur m’envahit, qui n’avait rien à voir avec mon café.

— Très bien merci. Et vous ?

Un petit mensonge afin de conserver l’éclat prometteur de ce début de journée. Je n’avais pas envie de lui confier mes doutes vis-à-vis de la vision de Bruno, mes craintes liées à la maladie qui me rongeait toujours, encore moins celles liées à la malédiction du coffre qui planait toujours au-dessus de ma tête. Non, en sa compagnie, je souhaitais seulement demeurer Eurus Holmes, parfaite sous toutes les coutures. D’ailleurs, j’agrémentai ma réponse d’un sourire charmant.

— Alors, on monte chez moi ? proposai-je une nouvelle fois. J’ai des pains au lait pour s’accorder avec nos cafés.

Ainsi que de la bonne musique, ajoutai-je mentalement avec l’ombre d’un sourire un peu sournois.

Je passai un bras sous le sien tout en buvant une nouvelle gorgée de caramel macchiato. Puis, nous continuâmes de déambuler dans Baker Street qui s’éveillait doucement à la lumière du jour. Bien entendu, j’avais pris la direction de mon appartement, même si nous en étions encore un peu loin.

Soudain, un bruit de pas se fit entendre derrière nous. En moins de dix secondes, un homme vêtu de cuir noir surgit devant nous. Il avait le type italien et le crâne assez dégarni.

— Filez vos portefeuilles, allez ! lança-t-il d’un ton menaçant.

Perplexe, je le dévisageai. Était-il sérieux ?

— Bougez-vous ou vous allez lé regretter !

Il avait un fort accent italien. Nullement anxieuse, je tournai la tête vers Hypérion.

— Alors lui, c’est sûr, il ne sait pas qui vous êtes.

Notre “agresseur” dégaina un petit couteau suisse et le dirigea vers nous, tout en fléchissant les genoux. Sa posture était tout sauf naturelle. Peut-être espérait-il nous impressionner ? Devant notre manque de réaction, il se redressa et demanda d’un ton agacé :

— Bon, c’est qui ?

Il désigna Hypérion de la pointe de son couteau. Je fronçai les sourcils par-dessus mon gobelet fumant.

— Vous d’abord. Qui êtes-vous ? m'enquis-je d’un ton hautain.

— Je suis Muerte. Muerte, la mort !

— Ah.

Il plissa des yeux, de plus en plus irrité par notre manque de réaction. J’avais beau éplucher mentalement les différents contes de fées, ce nom ne me disait rien.

— Allez, filez vos portefeuilles, insista-t-il, presque suppliant. La vie est doure pour les truands dé nos jours.

— Je n’en doute pas. Surtout si vous vous y prenez de cette manière.

Je savais comment dépouiller quelqu’un tout en subtilité, ce dont il était totalement dépourvu. Muerte émit un petit grognement tout en agitant son canif dans ma direction.

— J’en ai égorgé pour moins qué ça...

Levant les yeux au ciel, je laissai le soin à Hypérion de se présenter. Après tout, Muerte lui avait demandé son nom et j’avais hâte de voir comment le titan allait se sortir de cette situation. Allait-il employer les grands moyens ? Utiliser ses pouvoirs ? Ce serait presque décevant étant donné le comique de la scène. Ce Muerte était tout sauf impressionnant. Il avait plutôt l’air pathétique et sentait la tequila un peu rance.

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________________________________________ 2022-05-13, 08:19 « Maîïîtreuuuh !!! »



À Upendi

KoalaVolant


    Bien entendu, j'avais fait preuve d'une touche d'humour en évoquant Danse avec les Stars. Et j'aurai largement préféré que Eurus fasse preuve d'entrain, plutôt que d'ironie face à ma blague. Elle avait failli avaler de travers après mes propos. Comment se faisait-il que... non, en vrai, j'allais lui dire de vive voix.

    « Comment se fait-il que tu puisses douter de mes talents de danseurs ? » lui demandais-je.

    Elle voulait aussitôt vérifier mon niveau chez elle, dans son appartement, avec ses disques de Pop rock, soul, fox trot et... Jazz ? Avait-elle bien dit Jazz ? Une jeune femme comme elle était attirée par ce genre de musiques ? Voilà qu'elle remontait d'un cran dans mon estime et qu'en même temps, je faisais un chouilla preuve d'ironie à mon tour à son sujet. Ce qui eu pour effet de dessiner un léger sourire au coin de mes lèvres.

    « Tu as du Louis Armstrong ? Du Ella Fitzgerald ? Du Billie Holiday ? Charlie Parker ? Django Reinhardt ? » finis-je par me stopper.

    Je m'étais un tout petit peu trop intéressé au Jazz depuis mon arrivée à cette époque. Ca manquait cruellement à la mienne ! Le Jazz c'était un peu de tout à mes yeux. Un certain rapport au temps, une spontanéité, une vitalité et une improvisation qui joue un certain rôle, essentiel et qui reflète totalement le musicien en action. C'est un genre de musique unique. Un Art Unique !

    Je l'écoutais me répondre sur le fait qu'elle allait bien. Juste bien. Ca m'avait fait totalement oublier le Jazz. Qui allait juste bien quand une discussion aussi émoustillante pointait le bout de son nez ? Puis, elle enchaîna une nouvelle fois sur le fait qu'elle m'invitait à monter chez elle. En ajoutant qu'elle avait en plus du Jazz... des pains au lait pour s'accorder avec nos cafés. Elle savait comment rendre sa proposition irrésistible à mes yeux...

    « Tu tiens vraiment à ce que je monte chez toi. » lui répondis-je avec un nouveau petit sourire.

    Elle était amusante. J'aimais beaucoup Eurus Holmes, car elle ne me considérait non pas comme un Titan, mais un ami. Enfin, c'était ce dont j'avais l'impression ! De ce fait, je la laissai passer son bras sous le mien, et m'entraîner à sa suite dans l'allée de Baker Street. Du moins jusqu'à ce qu'on fut interrompu par un homme...

    Quand il s'adressa à nous, je le regardais d'une manière aussi perplexe que mon amie. Etais-ce une farce ? Son accent... sa façon de s'adresser à nous... son envie de nous... braquer ? Comme le disait si bien Eurus, lui, il ne savait pas qui j'étais. Il accentua sa demande en sortant un petit couteau suisse qu'il dirigea vers nous. Je l'observais. Le couteau. Puis, lui. Je ne pu réagir, me sentant comme bloqué par tant d'audace et par un aussi grand amusement. Car quand il demanda qui j'étais, je ne pu m'empêcher de sourire. Il était véritablement amusant !

    J'allais m'annoncer. Dire qui j'étais. Ca aurait pu couper court à la situation. Mais quelque chose m'interpella dans les propos de... la jeune femme.

    « Parce que tu t'y serais prise comment, toi ? » lui demandais-je.

    Elle trouvait que la méthode de Muerté n'était pas la bonne. Ca signifiait qu'elle volait les passants, elle aussi, mais d'une autre manière ? Je vis le truand faire des vas et viens du regard et du couteau, entre nous deux. Il semblait très intéressé par la réponse.

    « Permettez ? Vous risquez de vous blesser. » dis-je en avançant la main pour prendre le couteau et en voyant le truand se laisser faire, avant de se rendre compte qu'il venait de me donner son arme.

    Je ne pu m'empêcher de laisser échapper un petit rire, avant de remettre le couteau suisse en position fermé et de le tendre une nouvelle fois au truand.

    « Ca sera moins dangereux ainsi. »

    « Allé ! Fini d'el rigolé ! Filé moi votre agent et je pars fissa ! » dit-il en tentant d'ouvrir une nouvelle fois son couteau suisse mais sans succès.

    Je me tournais une nouvelle fois vers Eurus, qui était désormais à un pas de moi. On ne se tenait plus bras dessus dessous.

    « J'ai envie de lui donner quelque chose. » dis-je en sentant d'ici le truand légèrement intéressé et surpris. « Il est tellement mignon comme ça. C'est touchant. »

    Je le vis du coin de l'oeil passer une main dans ses cheveux, avant de nous sourire et de tendre sa main, paume ouverte, attenant l'aumône. Son couteau était toujours fermé lui. Je ne pu m'empêcher lui sourire.

    « A dire vrai, j'ai mieux que de l'argent. » dis-je en faisant apparaître un éclair au chocolat de chez Amelia, dans sa main.

    Il le regarda surpris.

    « C'est quoi ça ?! » demanda t'il le plus normalement possible.

    « Un éclair au chocolat. Le meilleur de toute la ville ! » ajoutais-je.

    « Mais ci pas de l'agent ? »

    Vue le ton qu'il avait employé, je me demandais si c'était réellement une question. Ca me surpris, si bien que je ne su pas quoi répondre.

    « Si pas mauvais. » dit-il la bouche pleine, tout en mâchant ce qu'il avait dedans, avant de se rendre compte du ridicule de la situation et de braquer une nouvelle fois, un couteau fermé dans notre direction et une moitié d'éclair au chocolat.

    Je levais les yeux au ciel en secouant la tête. Ce mec était une perle rare !

    « Maintenant, si vous voulez bien nous excuser... j'ai une invitation que je ne veux pour rien au monde perdre. » lui dis-je. « Si vous avez besoin d'autre chose, on sera au 221 B Baker Street. » ajoutais-je avec un petit sourire, tout en lui faisant un clin d'oeil.

    On venait de disparaître sous ses yeux, avant d’atterrir dans un appartement se situant au grenier. Je souriais toujours.

    « Je ne sais absolument pas quoi penser de cet homme. J'ai toujours cette impression que quelqu'un tentait de nous jouer un tour. Mais pour sa défense, dans le cas où c'est un véritable truand, il vend du rêve à ceux qu'il vole. » ajoutais-je amusé avant de tourner la tête vers un homme qui nous faisait face et qui se présentait à nous dans son plus simple appareil, avec un bout de drap cachant une partie de son anatomie.

    Je le regardais sans ciller, me demandant si je ne m'étais pas pour la toute première fois de mon existence, trompé dans ma téléportation. Mais tout semblait être là. Enfin tout ce qui constituait d'ordinaire l'appartement de la demoiselle, si ce n'était cet homme qui d'ordinaire ne s'y trouvait pas. Je le regardais toujours, sans savoir quoi prononcer...

    « Euh... salut ! » dit-il à ma place.

    Je lui adressais un petit regard, sans laisser transparaître la moindre émotion.

    « C'est plutôt gênant. » ajouta t'il en me regardant, avant de se tourner vers Eurus. « Quand je me suis réveillé, tu n'étais plus là. Je voulais prendre une douche, mais vous êtes apparu comme ça. Je ne savais pas que ton grand père serait là, sinon je me serais habillé avant. Dites... » se coupa t'il avant de me regarder. « Vous vous téléporter ? Ca doit être plaisant, n'est ce pas ? »

    Je laissais passer quelque secondes avant de lui répondre.

    « Généralement... » laissais-je échapper.

    C'était généralement plaisant. Parfois déplaisant, voir déstabilisant... et encore plus quand on entend la porte sonnée et qu'on se dit que ça ne pourrait qu'empirer les choses si ce truand nous avait suivi jusqu'ici...
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Eurus J. Holmes
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"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"

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"Ne faites pas comme si vous n'aviez pas envie de regarder..."

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Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit ☆ HYPERION _



________________________________________ 2022-07-01, 15:52 « Good and bad are fairytales. »



“Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.”

☆ ★ ☆
C'était pour le moins gênant. Je clignai des yeux en découvrant Howie au beau milieu de mon salon. Le temps de me rendre au coffee shop, j'avais totalement oublié son existence. Etait-ce dû à "l'attaque" de Muerte ou à ma rencontre avec Hypérion ? Non, je n'étais pas tête en l'air à ce point. En revanche, il m'arrivait de plus en plus souvent d'oublier des choses. Pour quelqu'un qui analyse tout afin de déceler les failles chez les autres, c'était un véritable handicap. En mon for intérieur, je savais de quoi il s'agissait : ma tumeur cérébrale gagnait du terrain. Un jour, je deviendrai amnésique. Un frémissement me parcourut et je secouai la tête pour chasser mes idées noires. Inutile de s'en préoccuper pour l'instant. La priorité était de désamorcer cette situation embarrassante.

Heureusement, on pouvait compter sur Howie pour meubler la conversation. Il avait de la "tchatche", comme on dit.

— C'est plutôt gênant. Quand je me suis réveillé, tu n'étais plus là. Je voulais prendre une douche, mais vous êtes apparus comme ça. Je ne savais pas que ton grand père serait là, sinon je me serais habillé avant. Dites...

Il pivota vers Hypérion.

— Vous vous téléportez ? Ca doit être plaisant, n'est ce pas ?

— Généralement...

La réponse du titan était des plus évasives. Je me mordis l'intérieur des joues, songeant au fait que Howie le considérait comme étant mon grand-père. En d'autres circonstances, j'en aurais peut-être ri.

— Je sais faire plein de trucs, mais me téléporter, ça non, poursuivit Howie d'un ton jovial. C'est pas grave. On a chacun nos talents.

A cet instant, la sonnette de l'interphone retentit dans l'appartement. Sauvée par le gong ? Ou par quelque chose de pire que cette étrange confrontation ?

— Je reviens.

Je me précipitai vers l'interphone, à la fois amusée et un peu anxieuse de les laisser seuls quelques secondes. Qu'allaient-ils bien pouvoir se raconter ? J'appuyai sur le bouton et m'adressai à la personne qui attendait en bas :

— Oui ?

— Bonjour. C'est pour oune consoultation.

Je reconnus aussitôt la voix de Muerte. Interdite, je lançai :

— Le Docteur Black est dans une autre rue. Je peux vous donner l'adresse, si vous voulez.

De toute évidence, cet homme avait grand besoin d'un psychiatre. Mais il répondit toute autre chose :

— Non jé veux parler à Sherlock Holmes ! C'est ourgent ! J'ai un gros problème ! Un dé mes gars m'a volé ! Jé veux savoir où est lé fric !

Ainsi, ceci expliquait peut-être pour quelle raison il avait voulu nous braquer de bon matin. Songeant que mon frère allait passer un très mauvais moment en sa compagnie, j'ouvris la porte de l'immeuble en déclarant :

— Premier étage.

Avec un sourire narquois, je revins vers Hypérion et Howie. Ce dernier était occupé à énumérer ses multiples talents, tout en agitant ses longs cheveux noirs.

— Dans le monde d'où je viens, j'ai attrapé le soleil au lasso. J'ai posé des îles sur l'océan, donné le feu aux hommes, attiré la brise. C'était pas grand-chose, honnêtement.

Il s'exprimait avec une fausse modestie. Tandis qu'il parlait, les tatouages qui recouvraient son torse s'animaient pour illustrer ses exploits.

— J'ai encore fait beaucoup d'autres choses mais ça serait trop long à énumérer, reprit-il en esquissant un geste désinvolte d'un revers de main. Vous savez ce que c'est.

Hypérion lui avait-il dit qu'il était un titan ? Howie tourna la tête vers moi quand je me plaçai près d'eux.

— Je suis allée nous chercher du café, déclarai-je afin de justifier mon absence à son réveil.

— Hum hum, ça se voit.

Avec l'ombre d'un sourire, l'homme baissa les yeux sur l'unique gobelet de café que j'avais en main. Je tiquai. J'aurais pu trouver un meilleur mensonge.

— T'inquiète pas, c'est cool, assura-t-il.

L'avantage avec lui, c'est qu'il était très relax. Rien n'était un problème à ses yeux. Du moins, c'est l'impression qu'il donnait. On ne peut jamais être sûre de la réaction de quelqu'un avant qu'il soit confronté à un "rival". Après tout, peut-être qu'il ne considérait pas Hypérion comme tel. C'était peut-être pour cela que tout se passait si bien. D'un autre côté, Howie ne me semblait pas être une personne jalouse.

— Je vais prendre une douche, lança-t-il d'un ton tranquille. Faites comme si je n'étais pas là.

Il m'adressa un clin d'oeil avant de faire un signe de tête à Hypérion.

— Ensuite, je peux vous préparer un petit déj. Ou m'en aller. C'est toi qui vois.

Il s'éloigna vers la salle de bains sans attendre de réponse. J'entrouvris la bouche, hésitante. Il me laissait le choix. Ce n'était pas une situation idéale. Sa présence ne me dérangeait pas : il était quelqu'un de solaire et sympathique. D'une certaine manière, il était rafraichissant puisqu'il restait simple. C'était ce qui m'avait séduite chez lui. Cependant, je ne voulais pas l'imposer à Hypérion.

J'attendis d'entendre la porte de la salle de bains se fermer pour demander au titan :

— Vous voulez toujours me montrer vos talents de danseur ? Parce que j'ai absolument tous les artistes que vous avez cités, et plus encore.

Avec une expression mutine, je me dirigeai vers le tourne-disque posé sur crédence près du canapé. En dessous étaient empilés une trentaine de disques de différents styles, allant du jazz au blues, en passant par le rock et même le charleston. Je bus une gorgée de café puis posai le gobelet sur la table basse, avant de m'agenouiller face aux disques.

— Si Howie vous dérange, je peux lui dire de partir. Il ne le prendra pas mal. En revanche, je préfère vous prévenir que s'il reste, il risque de vous donner du fil à retordre. Il est un excellent danseur.

Tout compte fait, la situation était embarrassante si on décidait qu'elle le soit. Je ne me sentais plus gênée. Après tout, je n'avais rien fait de mal. J'avais passé la nuit avec un homme. J'avais rencontré Hypérion au matin. Au final, la vie est une succession de rencontres. Je m'entendais aussi bien avec l'un que l'autre, en dépit de leurs caractères différents. Et d'une certaine manière, mettre le titan dans cette position me permettait de voir ses réactions. Toujours agenouillée, je levai les yeux vers lui, l'observant d'un air intrigué, la tête penchée de côté. Je n'y pouvais rien s'il me fascinait.

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« Maîïîtreuuuh !!! »

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Ce qui lui confère suffisamment
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________________________________________ 2022-07-05, 14:20 « Maîïîtreuuuh !!! »



À Upendi

KoalaVolant


    Il était là pour les hommes ? Vraiment ? A l'écouter, il s’appelait Howie. Il se faisait passer pour un métamorphe, demi dieu du vent et de la mer, idole des hommes. Savait-il seulement ce qu'était un demi dieu ? J'en connaissais un rayon sur eux ! Et ils n'étaient pas capable d'attraper le soleil au lasso, de poser des îles sur les océans, de donner le feu aux hommes, d'attiré la brise etc, etc, etc... et aucun d'eux, à ma connaissance, avaient un don aussi inné pour la vantardise !

    Dieu signifiait protecteur. Demi dieu, équivalait à demi protecteur. Vantard, ce n'était pas de la protection, mais du fame. Faudrait au passage, que j'écoute moins souvent une demi déesse tel que Apple parler, car son langage me devenait un peu trop familier...

    Le fixant sans le couper dans son élan, je le laissais parler, baissant les yeux sur ses divers tatouages qui dansaient, bougeaient, gesticulaient dans tous les sens. Il y avait de quoi vous donner le tournis. D'ordinaire j'aurai trouvé cela fascinant, mais là... franchement... c'était plutôt banal et ordinaire, n'est ce pas ? Alors pourquoi arrivait-il à captiver la jeune femme ? Je la connaissais avide de plus de sensations, de découvertes, de merveilles !

    « Je n'ai pas besoin de me sustenter. » précisais-je au dieu demi homme, quand il nous quitta pour aller se doucher, en nous précisant qu'en revenant, il pourrait poursuivre cette joie qu'on éprouvait en sa présence, en nous préparant un petit déjeuner.

    C'était bien la première fois que je n'avais pas envie de passer à table. D'ailleurs, je me demandais ce que je faisais là. Avait-elle oubliée la présence de cet homme chez elle, ou voulait elle me faire passer un message ? Et si tel était le cas, de quel message s'agissait-il ? Qui faisait cela ?!

    « Je... » débutais-je, dans le but d'annoncer mon absence à venir de 49 jours, avant que la jeune femme me coupe pour me proposer de poursuivre notre lancée sur mes talents de danseurs.

    Alors lui il capturait un soleil au lasso et moi j'allais danser du charleston ? C'était un pic ? Non, bien sûr... elle n'était pas comme ça. Mais sur le coup, je l'avais mal pris. A dire vrai, ce n'était pas une question de bien ou mal le prendre. C'était plus une question de... pourquoi précisait-elle qu'il savait bien danser ? Y'avait-il seulement une chose qu'il ne savait pas bien faire ? Je m'emportais un peu trop, je le sentais. Fallait que je redescende. Même si au vue de mon expression totalement neutre et mon absence de répartie, on n'avait absolument pas remarqué que je m'étais emporté et qu'au fond de moi... je bouillonnais ! Hadès me jalouserait à l'heure actuelle... lui qui aimait tellement s'enflammer plus que n'importe qui d'autre.

    Quand je reposais mes yeux sur Eurus, elle était agenouillée face aux disques qu'elle possédait. Sa tête était légèrement penchée sur le côté, ses yeux rivés sur moi, avec un air intrigué dans le regard. A quoi pensait-elle ? Voyait-elle quelque chose au fond de moi que je n'arrivais pas moi même à percevoir ? J'essayais de reprendre contenance et de faire comme si de rien était... mais comment ne rien montrer ?

    « Il ne me dérange pas. » débutais-je.

    Il fallait qu'elle sache que Howie ne me dérangeait absolument pas. Et que même si il m'avait dit s’appeler Maui et que là il portait le nom de Howie, ça ne voulait pas dire pour autant que je le prenais pour quelqu'un de dérangé, qui avait quelque chose à cacher. Non. Il ne me dérangeait pas. Mais alors pourquoi sa présence me... dérangeait ?

    « C'est quelqu'un d'intéressant. Et ses tatouages sont... fascinants. »

    Voilà ce que j'aurai du répondre. Et je l'avais fait. Mais j'aurai du le faire d'entrée de jeu, comme je l'aurais fait d'ordinaire.

    « C'est peut-être ça qui me dérange réellement. Qu'il soit si fascinant. Je n'avais pas envisagé cette possibilité. » pensais-je à voix haute.

    J'aurai voulu me pencher, m'agenouiller à ses côtés pour regarder les différents styles de musiques qu'elle possédait. D'ici, je voyais que certains titres sur les disques. Il semblait y avoir un peu de tout. Des genres bien différents et même du charleston, ce qui eu pour effet de dessiner un léger sourire au coin de mes lèvres.

    « Tu as du charleston... » laissai-je échapper. « Diane m'a offert un disque par le passé. Je l'écoute fréquemment. C'est une de mes genres préférés. » lui avouais-je.

    Etais-ce une invitation à le mettre ? Allions nous danser sur du Charleston ? J'aurai voulu. Je le désirais même secrètement au fond de moi. Pas si secrètement d'ailleurs, vue à quel point j'avais mis l'accent sur ce disque plus qu'un autre. Alors qu'est ce qui me retenait ?

    « Les Haricots rouges. » poursuivis-je en voyant la pochette de l'un de leurs albums. « C'est un groupe de jazz de la Nouvelle-Orléans. Je me suis rendu à l'un de leurs concerts l'année dernière avec François. »

    Ca me rappelait des souvenirs, parfois même surréalistes.

    « Ils sont français de base. On a passé une très bonne soirée à les écouter. »

    « Ils ont fait une reprise de musique de films dans leur dernier album ! »

    Je ne m'attendais pas à me faire couper par un homme tatoué avec une serviette de bain autour de la taille. Il avait les cheveux mouillés, laissant tomber encore quelque gouttes sur le plancher. Et il m'observa avec un petit air suspicieux... avant de tourner la tête vers la jeune femme.

    « Ta douche passe un peu trop souvent du chaud au froid. Tu dois avoir un soucis avec tes conduites, je pourrais y jeter un oeil un de ces quatre. »

    Venait-il de lui faire un clin d'oeil ? Semblait-elle ravie ? Et il n'y avait aucun soucis avec la douche.

    « Le froid est meilleur pour la circulation sanguine. » lui précisais-je.

    Il m'adressa un regard, surpris. Qu'est ce qu'il pensait ? Qu'être être un peu énervé, j'avais légèrement fait passer sa douche du chaud au froid ? Que je jugeais important de le rafraîchir au lieu de lui faire continuer à ressentir cette sensation de chaleur qui devait le traverser de haut en bas vue comme il se comportait face à Eu... nous ? Je l'avais fait uniquement pour sa circulation sanguine et pour ainsi dire, pour son bien !

    « Pain avec confiture ? Céréales ? Oeufs brouillés ? Bacon ? Poisons panés ? » demanda t'il.

    « Je n'ai pas très faim. » lui rappelais-je.

    « Ca c'est pour moi. J'allais vous demander ce que vous voulez vous. Tu veux quoi ? » demanda t'il en tournant la tête en direction de Eurus.

    Il mélangeait tout ça ? Et pourquoi je n'avais pas le droit à un petit déjeuner moi aussi ? Je... non, mais il se passait quoi ? Je me comportait comme un gamin. Fallait que je retrouve très vite la raison.

    « Bien. Allons préparer cela. » finis-je par dire.

    Je savais exactement ce que Eurus voulait pour le petit déjeuner. Je pourrais en profiter pour le lui préparer. Je ne voulais pas l'épater, ni la surprendre. Ca allait être banal, mais au moins je l'aurai préparé moi et... je m'énervais une fois encore en songeant à la manière dont je me comportais.

    « On va chercher ce qu'il faut. » lui annonçais-je avant de nous faire disparaître avec le mec en serviette qui traînait dans son appartement.

    *

    Pourquoi j'avais fait ça ? Quel intérêt de se retrouver lui et moi dans ce même starbuck où j'avais croisé Eurus un peu plus tôt ?

    « Euh... bonjour. » laissa échapper une serveuse en voyant Howie Maui.

    J'aurai du lui faire apparaître quelque chose de plus habillé.

    « Vous êtes toujours aussi... »

    Peu vêtu... ? Non. Ce n'était pas le mot. Musclé ? Encore moins. Je pouvais l'être de toute façon... Entreprenant ? Il l'était peut-être, mais je ne cherchais pas ce mot là...

    « ...parfait ? »

    J'aurai pu aller voir directement Chronos pour lui demander de trouver le moyen de m'achever et le faire sur le champs ! Parce que là... j'aurai pas pu tomber plus bas. Et je ne comprenais pas ce qui m'arrivait...

    « De la tête aux pieds. » précisa la serveuse en lui adressant un grand sourire.

    De la quoi ? Ah... ok... elle le draguait... qu'est ce qu'elles lui trouvaient, toutes ? Après l'avoir détaillé à mon tour, je répondis moi même à la question sans prononcer la moindre parole. Bien que j'avais tout résumé en un mot, juste avant... parfait ! Il m'énervait...

    Je le pris à part, pour l'éloigner de la serveuse et avoir une discussion avec lui, de Titan à simplement demi dieu...

    « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de toujours mettre en avant ses qualités. Dans une ville comme celle là, avoir des pouvoirs, c'est plutôt ordinaire. Ce qui importe n'est pas ce qu'on possède, mais ce qu'on en fait. Et il n'est pas nécessaire de toujours se montrer à son avantage. »

    En étant à sa place, j'aurai compris aussi vite que lui...

    « Ce n'est pas ça. » lui précisais-je. « Je suis un Titan. Je ne fais pas des choses ordinaires comme les gens normaux. Je ne flirte pas avec elle. Je n'éprouve rien pour elle. Je suis bien au dessus de tout ça. »

    Ce n'était pas ainsi que je voulais dire les choses...

    « Je ne suis pas jaloux. Ni de ce qui s'est passé entre vous, ni de votre relation actuelle, et encore moins du fait que tu sais faire toutes ces choses. Je peux aussi soulever des montagnes, éteindre des soleils, voir même en créer. Je l'ai déjà fait. »

    Son regard était une fois encore très éloquent...

    « Je ne suis pas vantard. » finis-je par avouer. « Je voulais juste clarifier les choses. »

    Je soupirais, me rendant compte que j'étais devenu un chouilla vantard. Mais j'en avais le droit de temps en temps aussi, n'est ce pas ? C'était mal. Très mal... !

    « Cette situation est embarrassante... elle me fait éprouver un gêne que je ne devrais pas éprouver. Ou tout du moins que je ne devrais pas lui faire ressentir. La vérité c'est qu'on est ami. Que je tiens beaucoup à elle. Et même si j'avais un lasso en main, je ne saurais pas comment faire... »

    Pourquoi j'avais dit cela ? Pourquoi à lui ? Peut-être parce qu'il avait réussi là où j'échouais ?

    « C'était une erreur de venir ici. Ils font du bon café mais pas de bonnes pâtisseries. En France il y en a des meilleures. Ou en Angleterre. Elle vient de là bas. On pourrait prendre un échantillon de divers pays. Ca serait comme lui offrir un voyage pour bien débuter la journée. Tu en penses quoi ? »

    J'en étais à demander à un demi dieu des conseils culinaires... moi... Hyperion le Titan... dont la vantardise de Maui déteignait sur moi...

    *

    Elle était restée seule avec ses vinyles. Comment avait-elle occupée les minutes qui s'étaient écoulés ? Qu'avait-elle pensait de cette attente ? Je serais moins long que d'ordinaire. Un retour programmé en 5 ou 10 minutes et non pas 49. 49 longues journées, comme je l'avais déjà faite patienter à une époque. Si ça se trouvait, au bout de la première minute, elle avait envisagée le pire et elle avait repris le court de sa vie...

    Je ne pourrais pas lui en vouloir.

    « Il ne compte pas les jours. » laissa échapper une petite voix dans la pièce où on avait laissé la jeune femme.

    Peut-être qu'elle cherchait son origine. Peut-être qu'elle était intriguée, apeurée... ça n'aurait pas été digne de mademoiselle Holmes d'être apeurée par une simple petite voix dans son appartement. Ou était-elle simplement à la recherche de l'origine de cette voix.

    « Les heures, les minutes, les secondes. » ajouta la petite voix.

    Elle venait sans doute de trouver son origine. Elle n'était pas si difficile à trouver, vue qu'elle ne tentait pas de se cacher.

    « Seuls les moments lui permettent de vivre, ressentir, aimer. »

    Ses petites ailes battaient faiblement à la lumière du jour. Elle était posée là, les pattes sur le rebord de la fenêtre entrouverte et elle observait la jeune demoiselle, attentivement.

    « Le Temps n'a pas d'importance quand on a l'éternité. »

    Peut-être qu'elle l'écoutait. Peut-être qu'elle la comprenait. Peut-être pas...

    « Tu es un moment pour lui. Un moment qu'il a envie de vivre. De ressentir. D'aimer. Mais il ne sait pas comment te le dire. »

    A cet instant, le magnifique papillon se mit à battre des ailes, s'élever, puis s'en aller. Son moment à elle n'était pas encore venu de rester plus longtemps... de faire connaissance...
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________________________________________ 2022-07-06, 20:59 « Good and bad are fairytales. »



“Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.”

☆ ★ ☆
Au Starbucks de Baker Street...

Vêtu en tout et pour tout d'une serviette de bain, Howie écoutait le dénommé Anatole Cassini, Hypérion de son petit nom. Ses longs cheveux mouillés collaient à ses épaules, répandant de petites gouttes d'eau le long de son dos et de son torse tatoués. Ca chatouillait. Il adorait ça.

Il sentait le regard ardent de la serveuse sur lui. Ca aussi, c'était plutôt agréable. Malgré tout, il prêtait une oreille attentive aux propos de Hypérion, car il semblait évident qu'il avait beaucoup de soucis. Howie oeuvrait pour les hommes, mais il pouvait faire une entorse à ses principes et venir en aide à un titan, pour une fois. Son sourire s'accentua à cette idée : il était vraiment trop fort.

— Cette situation est embarrassante... elle me fait éprouver un gêne que je ne devrais pas éprouver. Ou tout du moins que je ne devrais pas lui faire ressentir. La vérité c'est qu'on est ami. Que je tiens beaucoup à elle. Et même si j'avais un lasso en main, je ne saurais pas comment faire...

— Y a pas forcément besoin d'un lasso pour choper une fille, répliqua Howie d'un ton plein de bon sens.

Il avait parlé sans mépris ni condescendance. Il respectait les femmes. C'était une simple remarque pour venir en aide à un titan désorienté. Ce dernier poursuivit :

— C'était une erreur de venir ici. Ils font du bon café mais pas de bonnes pâtisseries. En France il y en a des meilleures. Ou en Angleterre. Elle vient de là bas. On pourrait prendre un échantillon de divers pays. Ca serait comme lui offrir un voyage pour bien débuter la journée. Tu en penses quoi ?

— J'en pense que si tu ressens une gêne, c'est qu'elle est plus qu'une amie pour toi.

Avec un sourire compatissant, il posa sa grosse main sur l'épaule d'Anatole. Il avait fait exprès de répondre au véritable problème, car Howie était du genre à aller au coeur des choses. Il classait les soucis par ordre de priorité. Et même si son ventre gargouillait, il préférait donner des conseils avant, concernant le sujet prioritaire.

— Les pâtisseries du tour du monde, c'est une excellente idée, sourit-il, sincère. Avec ça, tu ne pourras pas lui cacher tes intentions.

Il lui tapota l'épaule avant de s'écarter.

— Je te laisse choisir le meilleur du meilleur pour elle. Tu lui diras que j'avais des trucs à faire. Et que je lui rendrai sa serviette une prochaine fois.

Avec un clin d'oeil, il s'éloigna. Il ne lui en voulait pas pour la douche froide. C'était de bonne guerre. En plus, c'était vivifiant. Il préférait lui laisser le champ libre. Eurus était une super nana, Anatole avait seulement besoin de quelques secondes d'audace pour lui faire part de ses intentions. Howie savait que s'il l'accompagnait, il risquait de lui faire louper sa chance. Ca n'aurait pas été cool du tout de sa part.

— T'en es capable
, assura-t-il en le désignant de l'index.

Après quoi, il quitta le Starbucks pour s'engager dans la rue. Certains passants se retournèrent à son passage, car il était curieux, même à Storybrooke, de croiser un homme pieds nus en serviette de bain à huit heures du matin, en train se promener en fredonnant.

***

Pendant ce temps, au 221C bis Baker Street...

J'aurais pu préciser que je mangeais très peu le matin, mais les deux hommes étaient déjà partis. Certains jours, je me contentais d'un thé ou d'un café. Parfois, j'avais l'estomac noué par mes nombreuses insomnies de la nuit passée. Pensive, je consultais chaque disque sans vraiment les voir. Je songeais au fait que Hypérion ait volontairement déréglé l'eau de la salle de bains pendant que Howie prenait sa douche. Tout du moins, c'est ce que j'en avais déduis selon ses propos. Un mince sourire apparut sur mon visage. Pour une fois, il n'avait pas fallu quarante-neuf jours pour qu'il réagisse. D'une certaine manière, on pouvait dire qu'il y avait une nette amélioration.

Satisfaite, je fis une pile sur le sol avec les disques susceptibles de plaire au titan. J'obtins une sélection assez conséquente d'une douzaine d'ouvrages quand j'entendis une voix féminine dans le salon.

— Il ne compte pas les jours.

Surprise, je pivotai sur moi-même, tout en restant à demi agenouillée. Plus intriguée qu'anxieuse, je tentai de comprendre à qui appartenait cette voix. S'agissait-il d'une apparition ? J'étais rôdée dans ce domaine, ce qui expliquait mon calme à toute épreuve. La voix était douce, mélodieuse, à peine plus haute qu'un bruissement d'ailes. Elle n'avait rien de menaçant. Elle racontait des choses très personnelles sur une personne encore plus discrète et secrète... Peu à peu, je compris de qui il s'agissait avant de l'apercevoir, enfin.

Elle était posée sur le rebord de la fenêtre entrouverte, ses ailes transparentes battant légèrement dans l'air. Je n'avais pas tout à fait tort : il s'agissait d'une apparition, en quelque sorte. Le papillon était translucide ; la lumière le rendait tantôt argenté, tantôt bleuté. Magnifique.

— Tu es un moment pour lui. Un moment qu'il a envie de vivre. De ressentir. D'aimer. Mais il ne sait pas comment te le dire.

Je l'observai s'envoler et quitter l'appartement en empruntant la fenêtre entrouverte.

— A bientôt, Aurora
, murmurai-je.

Moins d'une minute plus tard, Hypérion était de retour. J'attrapai la douzaine de vinyles et me relevai en les serrant contre moi afin de ne pas les faire tomber. Perplexe, je me rendis compte qu'il avait ramené avec lui l'équivalent d'une pâtisserie : des gâteaux de toutes sortes, aux glaçages colorés, dégoulinant de miel ou de sucre, étaient apparus sur la table ainsi que le plan de travail. Les baklavas et makrouts se disputaient l'espace avec les croissants, les pains au raisin et d'autres sortes qui m'étaient totalement inconnues.

— Vous avez décidé d'organiser un petit déjeuner dégustation ?

Ebahie, je constatai que les incontournables éclairs au chocolat, péché mignon de Hypérion, ne manquaient pas à l'appel.

— Pensez-vous vraiment qu'il soit judicieux de manger autant avant de danser ? Quoique... vous n'êtes sûrement pas sujet aux problèmes de digestion.

Je lui adressai un sourire entendu avant de poser les disques sur la table basse. Il me semblait logique que la musique allait passer après la dégustation, ou alors c'était mal connaître Hypérion.

— Howie a changé d'avis ?

Il ne l'accompagnait pas. J'aurais pu faire de l'humour en prétendant que le titan l'avait "supprimé" par jalousie mais c'était une approche bien trop directe. Loin de moi l'envie de le faire faire machine arrière. Et puis, j'aimais beaucoup son idée de grand petit-déjeuner, même si je ne comptais pas manger énormément. L'intention était touchante. Hypérion étant quelqu'un de très gourmand, faire autant d'efforts autour des pâtisseries démontrait son attachement. Les paroles d'Aurora me revinrent en écho, avec douceur au creux de mon esprit.

Je suis un moment pour lui. Un moment qu'il a envie de vivre. De ressentir. D'aimer. Mais il ne sait pas comment me le dire.

Un soupir apaisé m'échappa tandis que je l'observais avec une expression neutre. Savait-il que son daemon était venu me rendre visite durant son absence ? Ou avait-il agi sans son aval ? J'hésitais à lui en parler, de peur de briser la magie de l'instant. Aurora avait révélé des choses très personnelles, si bien que j'en déduisis que Hypérion était dans l'ignorance. Mieux valait garder le secret. C'était beaucoup plus palpitant.

Prenant place à table, je ramenai une jambe pliée sur la chaise et enveloppai les nombreuses douceurs sucrées d'un oeil perçant.

— Alors... allez-vous choisir un éclair au chocolat, sans prise de risque, ou quelque chose de plus corsé ? Existe-t-il seulement une pâtisserie à laquelle vous n'avez jamais goûté ?

Mutine, je levai les yeux vers lui, parfaitement consciente du sens ambigu de ma question. Les approches trop directes étaient déconseillées avec lui, mais je pouvais laisser échapper un sous-entendu de temps à autre.

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les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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________________________________________ 2022-07-07, 15:21 « Maîïîtreuuuh !!! »



À Upendi

KoalaVolant


    Les conseils de Howie auraient pu porter leurs fruits, si il s'agissait de ce qu'il croyait. Mais ce n'était pas le cas. Eurus et moi, nous étions amis. De très proches amis qui aimions partager un peu de notre Temps ensemble, des escapades, du Charleston et des... chocolats.

    Sur le moment, en songeant aux chocolats, j'avais secoué la tête de gauche à droite. Heureusement qu'il n'était pas là pour voir la réaction sur mon visage. Car c'était une émotion proche de la capitulation. D'accord. Il avait un chouilla raison. J'éprouvais des choses un peu trop basique envers Eurus Holmes.

    Par basique, j'entendais des sentiments. Car les sentiments étaient censés être réservés aux mortels, comme l'aurait si bien dit mon frère, Ouranos. Mais il m'arrivait de penser le contraire. Voir même très souvent. Ca venait sans doute du fait que je m'émerveillait facilement devant toutes les merveilles créés par la Nature. Que ce soit les morceaux de terre pouvant s'élever jusqu'à devenir une montagne. Les battements d'ailes d'un papillon, qui vie généralement qu'une brève et courte vie, et dont le Temps n'a pas d'importance. Seuls les moments comptent pour lui. Ou... ou... ou certaines personnes qui pouvaient facilement accaparer mon esprit.

    A dire vrai, non. Ce n'était jamais facilement qu'on pouvait entrer dans ma tête. Généralement il fallait vraiment présenter quelque chose d'exceptionnel. Elliot avait réussi. Lily aussi... sans doute parce que même si elle était plutôt quelqu'un d'ordinaire, sa façon d'être, de faire et d'accepter la vie comme elle venait, la rendait extraordinaire. Eurus. Elle aussi avait quelque chose d'unique. C'était normal d'éprouver des sentiments envers une personne comme elle, n'est ce pas ? On ne pouvait pas prendre cela pour de la...

    « Jalousie. »

    Un petit blanc s'en était suivi. Mes yeux avaient fait un vas et viens entre ceux de Eurus, qui se tenait assise face à moi et cette... pâtisserie posée sur la table.

    « C'est un gâteau à base de pâte briochée avec des fruits à l'intérieur. » précisais-je. « Elle se prête à toutes les envies : pommes, abricots, mirabelles, fraises ou chocolat. On ne s'en lasse pas. » ajoutais-je sans pour autant la prendre en main.

    Allait-elle opter pour cette pâtisserie là ? Ou alors jouerait-elle, elle aussi la carte de la prudence ? Et pour être tout à fait franc, je n'avais pas misé sur cette carte là pour moi...

    « C'est aussi ce que j'ai éprouvé en voyant Howie chez toi, juste avant. » eu-je le courage d'avouer tout en lui adressant un regard, pour voir à quel point j'aurai réussi à me mettre dans l'embarras. « C'est un sentiment que je ne suis pas censé ressentir. Ni envers toi, ni envers qui que ce soit d'autre. Il est bien trop basique et il accapare bien trop l'esprit, au point de l'embrumer et de donner de mauvaises pensées. Ce n'est pas une bonne chose d'éprouver cela. Et je le regrette. Mais parfois, il est difficile de lutter avec un sentiment. »

    J'avais fini par m'asseoir à table, juste en face de la jeune femme. Mon regard se posa un instant sur l'éclair au chocolat qui se tenait là. Pourquoi je n'avais pas opté pour lui ? Parce qu'il était au chocolat, justement ? Et que tout le problème se trouvait là ?

    Pourquoi la vie est si compliquée ? Parce que je savais ce qui m'attendait, n'est ce pas ? Ces dernières années, j'avais été de rencontres en rencontres, bien plus qu'à l'accoutumé. Je n'y étais pas habitué. Que ce soit en amitié, avec Alexis, Robyn, Astrid, Diane... en liens plus forts qui se sont construits avec Socrate, ou encore mon frère, Atlas... ou en d'autres sortes de liens... avec Ellie, Apple... et maintenant Eurus ? On pourrait songer qu'elle n'est qu'un nom de plus, une rencontre de plus, mais en réalité j'ai la sensation qu'elle est unique.

    J'en ai connu des personnes uniques, je sais les reconnaître. Ils me captivent. Mais pourquoi elle plus qu'une autre ? Peut-être parce qu'elle me regarde différemment ? Parce qu'elle est très différente des autres personnes que j'ai rencontré par le passé ? Je ne sais plus quoi penser... Atlas dirait qu'il faut parfois fermer son esprit et remplir son estomac de toutes les liqueurs qui nous tombent sous la main. Mais je n'avais pas la sensation que ce conseil soit utile à l'heure actuel. Thémis dirait rien. Mais elle agirait, comme elle l'a déjà fait par le passé. Et si j'arrêtais de regarder les autres ? Que ferait Hyperion ? Qu'est ce que j'aurais fait ? Surement comme à chaque fois. J'aurais gardé le silence.

    « La vérité, c'est que la vie est remplie de nombreux moments. Des moments qu'on a envie de vivre et de partager. Des moments parfois rares. Et les moments qu'on a passé ensemble, sont des moments que j'ai grandement apprécié. Je suis simplement jaloux que tu vives ces moments avec d'autres personnes aussi... extraordinaire que Howie. Tu as vue ses tatouages ? Il est exceptionnel ! » dis-je avec un grand sourire pour garder la face. « Je n'ai pas été totalement franc avec lui. J'ai véritablement été émerveillé parce qu'il disait et ce qu'il est capable de faire ou qu'il dit avoir fait par le passé. A part son histoire de lasso. J'ai créé tout un monde. Il n'a fait qu'attirer un soleil à lui. C'est plutôt ordinaire. »

    J'avais laissé échapper un petit sourire. C'est vrai quoi. Ce n'était qu'un sois disant demi dieu. J'étais un Titan. Je pouvais faire plus, beaucoup plus.

    Tout en resongeant à ce que je venais de dire, je me disais que ces moments là, qu'on avait passé tous les deux étaient très différents de ceux qu'elle avait passé avec lui. Je devais chasser Howie de mon esprit et arrêter de dire n'importe quoi. De toute façon, ce moment, mon moment était passé.

    « Si tu le permets, je vais plutôt opter pour l'éclair au chocolat. Une valeur sûre et je sais à quoi m'attendre avec cette saveur que j'affectionne tout particulièrement. »

    J'ignorais si j'avais utilisé moi aussi un sous entendu. Quoi qu'il en soit, la saveur du chocolat me revenait à l'esprit. Une saveur unique, exquise, sauvage...


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________________________________________ 2022-07-09, 16:51 « Good and bad are fairytales. »



“Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.”

☆ ★ ☆
La jalousie, la saveur du chocolat... Il n'y avait pas à dire, Hypérion envoyait des signaux plutôt éloquents dans une direction qui me plaisait tout particulièrement. Il faisait de nets progrès. Etait-ce le fait d'avoir discuté avec Howie ? Ou avait-il eu une prise de conscience quelques temps auparavant ? Etait-ce dû à Aurora, qui oeuvrait dans l'ombre ? Elle faisait partie de lui, par conséquent elle avait peut-être une incidence sur son comportement.

Il reprit le monologue de son daemon concernant les moments à vivre et à partager. Ce n'était pas tout à fait les mêmes paroles mais le sens global demeurait. Pendant qu'il parlait, je me contentai de l'observer avec un sourire mi-rêveur, mi-amusé. Il avait un petit côté adorable sans le savoir, quand il s'exprimait ainsi. Il compara les exploits de Howie avec les siens et je dus me mordre les lèvres pour ne pas rire. Aucun doute : il était véritablement jaloux. C'était rafraîchissant de le voir dans cet état d'esprit. Il n'y semblait pas coutumier, ce qui le rendait encore plus attendrissant.

Puis, il revint à un sujet sur lequel il avait davantage d'emprise : le choix de la pâtisserie. Il opta pour l'éclair au chocolat. Sans prise de risque, donc. Cependant, il en avait déjà pris énormément en me parlant aussi librement de ses exploits, qui démontrait ses propres incertitudes.

— Oui, je me souviens à quel point vous affectionnez la saveur du chocolat. La dernière fois, elle vous a fait tourner la tête pendant plus d'un mois.

Avec un sourire plus large, je baissai les yeux sur la table débordant de pâtisseries. Je réfléchis quelques secondes avant de saisir une brioche feuilletée.

— Personnellement, je tente ma chance avec quelque chose d'inédit. La vie est trop courte pour se contenter de ce que l'on connaît déjà.

J'en arrachai un morceau entre mes doigts, le portai à ma bouche mais laissai mon geste en suspens. Pensive, j'ajoutai :

— Là encore, je suppose que nous ne pouvons être qu'en désaccord. Pour vous, la vie est éternelle. Donc, vous avez le temps de manger autant d'éclairs au chocolat que vous voulez. Vous aurez toujours le temps de découvrir d'autres saveurs par la suite.

Je goûtai la brioche feuilletée. Elle fondit presque sous ma langue tant elle était exquise. J'ouvris des yeux ronds, surprise par cette sensation. C'était très bon. Un peu gras, mais quelle pâtisserie ne l'est pas ? Je pris le temps de mâcher et d'avaler avant de reprendre le fil de la conversation :

— Si j'ai bien compris ce que vous avez dit plus tôt, vous voudriez que je vive des moments avec des personnes moins extraordinaires que Howie ?

J'esquissai une moue faussement sceptique.

— Je pourrais me rabattre sur des spécimens moins flamboyants ou intéressants, mais ce serait me conformer à vos envies. Pour quelle raison ferais-je une chose pareille ? Ce serait vous donner un grand contrôle sur ma vie, chose que je ne fais jamais. Tout du moins, pas sans contrepartie.

Je découpai un autre petit bout de brioche que je mis en bouche. Puis, tout en mâchant, je plongeai un regard intense dans le sien.

— En plus, les gens sans relief m'ennuient. Tout ce qui est ordinaire m'ennuie. Je suis difficile à contenter. Je ne trouve de l'intérêt que dans... l'exceptionnel.

Mon regard devint de plus en plus éloquent tandis que je sortis la langue pour venir récupérer une petite miette au coin de ma bouche.

— Peut-être considérez-vous que je me vante, mais j'expose seulement une réalité. Si vous me demandez de revoir mes exigences à la baisse, il va de soi qu'une compensation est de rigueur. A vous de trouver laquelle...

Délaissant le reste de la brioche, je me saisis d'un éclair au chocolat dans lequel je mordis tout en le regardant fixement.

— J'admets que votre valeur sûre a un goût incomparable, déclarai-je après quelques secondes. On est rarement déçu avec ce que l'on connaît déjà, n'est-ce pas ? Pourtant, l'inconnu, c'est souvent grisant. Et je sais que vous êtes très curieux, Hypérion...

Je souris de plus belle, ne me lassant plus de tous ces sous-entendus. Peut-être allait-il finir par fuir, mais en attendant, je trouvais la conversation très stimulante. Et puis, il m'avait invitée à entrer davantage dans le vif du sujet. On récolte ce que l'on sème, monsieur titanesque...

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________________________________________ 2022-07-09, 18:57 « Maîïîtreuuuh !!! »



À Upendi

KoalaVolant


    Je l'observais, coupant sa brioche, afin d'en conserver qu'un petit moreau qu'elle porta délicatement à ses lèvres. Je la contemplais, mâchant tranquillement, son regard intense plongé dans le miens. Je l'écoutais, enchaînant les sous entendus en le faisant totalement... exprès. Ce n'était pas digne d'une grande dame, n'est ce pas ? Que lui arriverait-il ? Me demandais-je avant de me rappeler que tout aussi grande dame qu'elle l'était et qu'elle paraissait l'être, elle avait toujours agis de la sorte. Enfin pas tout à fait. Car au tout début, elle s'était contentée de me demander mon aide, de l'obtenir et de devenir simplement mon amie. Une amie parmi tant d'autres. Mais ça ne lui avait pas suffis. Elle ne souhaitais pas juste être une amie parmi une multitude d'amis. Elle cherchait une relation plus exceptionnelle, extraordinaire. Laquelle je pouvais bien lui proposer ? J'en avais une petite idée, mais ça ne semblait pas lui convenir ou plutôt lui suffire...

    « J'aimerais te poser une question. » la coupais-je.

    Je pouvais demander tout et n'importe quoi. J'étais concentré sur ce qu'elle disait, sur chacune des paroles prononcés par ses lèvres au goût de chocolat... mais quelque chose, plus que tout autre chose, avait traversé mon esprit, me perturbait et m'empêchait de me concentrer d'avantage. Et ce n'était pas réellement du fait de la jeune femme.

    « Qu'as tu fait ? » lui demandais-je.

    J'étais curieux, comme elle l'avait si bien cerné chez moi. Et quand quelque chose accaparait mon esprit, je ne pouvais pas m'en détacher si facilement. Fallait que je résolve ce mystère, car sinon je serais incapable de penser à autre chose. Et en même temps... juste avant de poursuivre et de lui donner le fin mot de ma question, il y avait quelque chose que je voulais clarifier. A dire vrai, je pouvais mener moi même ma petite enquête, tout en tentant de clarifier les choses. J'avais entrepris de faire le tour de la pièce où on se trouvait, me levant ainsi de ma chaise et observant chaque recoin avec grand intérêt, tout en communiquant avec la jeune femme.

    « Je suis éternel, tu as raison. Mais ça ne m'empêche pas de vivre l'instant présent. Je n'aime pas attendre quand quelque chose captive mon attention et quand une saveur, excquise qui plus est, se présente à moi. Si j'avais attendu cette fois là, chez Robyn, je n'aurais jamais goûté à des éclairs au chocolat. Le petit hic c'est que quand quelque chose me captive à ce point, je ferais n'importe quoi pour en reprendre. Tu n'as pas idée. D'ailleurs, je pense qu'elle sait que c'est moi qui fait disparaître des éclairs au chocolat de sa boutique de temps en temps. Je soupçonne même que non seulement elle est au courant, mais qu'elle en prépare un peu plus rien que pour moi. Ou je me fais simplement des idées. C'est pas toujours facile de cerner les intentions des personnes que nous cotoyons. »

    Je m'étais arrêté sur une partie de la pièce, la fenêtre. Elle était fermée et donnait sur l'extérieur, comme le faisait n'importe quelle fenêtre ordinaire. Mais elle avait quelque chose de particulier que je n'arrivais pas à discerner au premier regard...

    « Et pour remettre mes propos dans leur contexte, je n'ai pas dit que tu devais vivre des moments avec des personnes moins extraordinaires. D'ailleurs, je ne souhaite avoir aucun contrôle sur toi ou tes fréquentations. Personne devrait avoir le contrôle sur qui que ce soit. Bien que dans certains cas, et sur certaines personnes, ça serait plus facile... » précisais-je en plissant les yeux et en mettant mes mains sur mes hanches.

    Il y avait un truc qui m'échappait, mais je ne voyais pas encore quoi. Pourquoi j'étais tellement aveuglé ? Je n'arrivais pas à me concentrer. Fallait qu'on achève cette discussion rapidement pour que je puisse me focaliser sur la question que je lui avais posé et la réponse qui y était assortie...

    Je m'étais tourné vers Eurus pour lui faire face. Tournant la tête légèrement sur le côté, et levant un sourcil. Elle me cachait quelque chose. C'était évident. La réponse se trouvait sur elle et non ailleurs...

    « Ce n'est pas le chocolat qui m'a fait tourner la tête pendant près d'un mois, c'est toi. » l'accusais-je.

    J'allais où ?

    « Tu es très différente des personnes que je cotois d'ordinaire. Tu es venue me demander de l'aide la première fois où on s'est vue, alors que tu n'avais pas besoin de mon aide, ou plutôt que tu ne souhaitais pas l'obtenir. Et je ne sais toujours pas pourquoi. »

    Je faisais allusion au fait qu'une personne qui souhaitait vivre et qui avait besoin de l'aide de quelqu'un pour y arriver, ne lui demanderait pas ensuite de la laisser partir le moment venu. Si elle était venue vers moi, c'était soit qu'elle souhaitait échapper à la mort, pensant sans doute que je pourrais l'y aider d'une manière ou d'une autre, soit pour une autre raison dont je n'avais pas connaissance pour le moment. Pourquoi ? Pourquoi ? Me répétais-je.

    « Tu es consciente du monde qui t'entoure et de ta place dans tout ça. Tu en connais les enjeux, les ficelles et tu les utilises pour vivre au mieux l'instant présent. Tu dis que je suis très curieux, mais tu l'es tout autant. On partage cette passion pour la nouveauté, pour l'extraordinaire. Et c'est ça qui est effrayant... »

    Parce qu'à dire vrai et pour être tout a fait franc, ce qui m'intriguait autant chez elle depuis que je la connaissais un peu mieux, ce n'était pas son don, sa physionomie, sa façon d'être, son charisme digne des plus grands, ni même le fait qu'elle me montrait un léger attachement, ou tout du moins une fascination. C'était simplement qu'elle se comportait avec moi, comme je l'aurais fait d'ordinaire.

    « Tu n'es pas l'inconnue. Tu es comme moi. Les même envies, les mêmes désirs, les même façons de les obtenir. Même si parfois j'ai peut-être plus de facilités pour certaines choses. Et quand tu te retrouves face à quelque chose de dangereux qui pourrait même t'être fatal, tu lui fais face dans le seul but de découvrir si il pourrait réellement venir à bout de ce que tu es. »

    J'avais fait pareil avec Phobos. Pas uniquement pour protéger les autres, mais aussi pour découvrir mes limites. Je l'avais fait étant plus jeune avec le bois des oubliés. Je le referais un jour ou l'autre, avec autre chose, j'en étais certains. Même si pour l'heure, en songeant toujours à cela, mais n'arrivant pas à me dé-pâtir de mon autre occupation qui prenait beaucoup de place dans mon esprit, je tournais une nouvelle fois la tête en direction de la fenêtre. C'était là, j'en étais persuadé, même si je ne le voyais pas !

    « Eurus, s'il te plaît, épargne moi d'autres recherches infructueuses en répondant simplement à ma question. » demandais-je, avant de me rendre compte que je ne l'ai pas encore posée.

    Lui faisant face une nouvelle fois, je lui demandais enfin ce qui m'accaparait depuis le début.

    « Tu as tenté de voir en moi avec ton don ? » lui demandais-je.

    Je savais qu'elle pouvait voir certaines choses en touchant des objets, mais j'ignorais jusqu'où son pouvoir pouvait aller.

    « Je sens ma présence, ici. Elle est présente à divers endroits et j'ignore comment c'est possible. Je n'ai jamais été en contact assez longtemps avec quoi que ce soit, pour que tu puisses lire en moi de cette façon. Alors comme as tu fait ? »

    Voilà pourquoi elle me captivait tant. Parce qu'elle arrivait à faire des choses que moi même, avec mon côté titanesque, je n'arrivais pas à comprendre. Et tout ce qu'elle avait dit jusqu'à présent, depuis mon arrivée dans son appartement, revint dans mon esprit, se frayant une place dans toutes mes analyses et interrogations. Je remettais les morceaux en place. Les écoutant comme j'aurais du les entendre la première fois. Tout s’enchaînait correctement. Elle avait face à elle quelqu'un qui répondait exactement aux critères qu'elle avait annoncé. Une personne intéressante, captivante, extraordinaire... flamboyante ! Et je ne me venterait pas d'être comme ça. Je n'avais pas besoin de l'énoncer à voix haute comme Howie, car ça se lisait sur mon visage et ça se voyait dans chacune de mes actions. J'avais un égo surdimensionné, et ce depuis l'enfance, mais je travaillais dessus. Toujours. Je n'allais jamais trop loin, ou bien il y avait toujours quelqu'un ou quelque chose pour me ramener à la raison. J'étais à part. Un être totalement à part. Conscient de ce qu'il est, de ce qu'il pourrait devenir et comprenant, tout en acceptant ses limites. Et elle... elle... elle est exactement pareil, avec une petite saveur chocolat en plus... forte agréable.

    Un léger sourire se dessina au coin de mes lèvres. J'aurais bien eu besoin à ce moment précis, l'intervention de quelqu'un pour me ramener à la raison. Et peut-être que je l'avais trouvé dans son regard...

    « Quoi ? » lui demandais-je, intrigué.

    Que voulait-elle dire en me regardant de la sorte ? Oh... d'accord... voilà qui était pour le moins surprenant. Car la chose que je cherchais depuis le début, cette présence, cette aura, venait de se poser sur le coin de mon épaule. Je secouais la tête, avant de la tourner vers le papillon translucide.

    « C'est... gênant. »

    Il y avait diverses choses gênantes aujourd'hui. Ma réaction, face à Howie... la présence de Aurora que j'allais sans doute devoir justifier et... et... quelque chose d'autre qui venait d'accaparer mon esprit. Je fis des vas et viens entre mon épaule, où se trouvait mon Aurora, et la jeune femme qui ne l'observait pas elle, mais moi.

    « Je... »

    ...ne trouvais pas les mots. Aurora s'était posée sur ma chemise verte pâle. Elle était ouverte et montrait mon haut gris. Ca venait du mot grisant qu'elle avait employé un peu plus tôt ? Plus bas se trouvait une ceinture et mon pantalon. Je relevais les yeux vers Eurus qui semblait me détailler, comme moi même je le faisais, sans pour autant me voir réellement. Je n'apercevais que des détails de mon physique, vue que je ne me trouvais pas de face, face à moi même. Je sentais également que Aurora hésitait à parler. Un lien de plus en plus fort se créée petit à petit avec elle, même si je ne percevais pas encore tout de ce qu'elle pensait ou ressentait.

    « Pourquoi as tu fait ça ? » demandais-je au papillon, qui se mit à battre des ailes délicatement.

    « Je n'ai absolument rien fait, Hyperion. » me précisa t'elle avant de s'envoler pour aller se poser un peu plus loin sur le rebord de fenêtre.

    Je la fixais un petit instant avant de regarder la jeune femme qui se trouvait face à moi.

    « C'est toujours moi, tu n'as pas à avoir peur. » lui dis-je.

    Elle n'avait pas peur de l'inconnu, je le savais. Peut-être que c'était plus moi que je voulais rassurer. Je me souvenais très bien de la dernière fois où j'avais arboré ce physique. Une époque vraiment très particulière de mon existence. J'étais sceptique. Après tout, ce n'était qu'un physique, n'est ce pas ? Ca n'allait pas me changer. Ca m'était déjà arrivé parfois de redevenir jeune, ou moins jeune à divers moments, sans réellement comprendre pourquoi. Même si à dire vrai, il y avait toujours une raison. Mais c'était bien la première fois que je ne passais pas de ma version jeune à moins jeune, choisissant l'option de transition.

    « C'est... »

    Gênant ? Voulus-je prononcer ?

    « ...gênant ? »

    Mais Aurora prit les devants. Je lui adressais un petit regard, la remerciant de me mettre d'avantage dans l'embarras.

    « Je crois qu'il y a beaucoup de choses en suspend dans cette pièce. » répondis-je. « La raison de ta présence. » débutais-je en désignant Aurora, qui semblait faire mine de ne rien savoir sur le sujet. « Mais aussi ce changement de physique. Point que je tentais de résoudre par la suite. Et... »

    Et quoi ? Il y avait quoi en suspend dans cette pièce ? Mon regard se posa une nouvelle fois sur la jeune femme.

    « Je suis bien plus extraordinaire que Howie. Je doute que même vue toutes les prouesses qu'il se vante d'avoir accomplis, il est capable de faire ça... » affirmais-je en claquant des doigts.

    Aurora avait trouvée place sur un caillou au loin. Ses pattes se frayèrent une petite place dans la neige, restant à la surface. Tandis que vêtu toujours de la même sorte, mais sans ressentir la fraîcheur qui nous entourait, on pouvait contempler dans cette partie enneigée du monde, perché tout en haut de l'hémisphère nord, l'Aurore boréale qui bordait le ciel.

    « J'ai passé une bonne partie des 49 jours qui ont séparés nos deux précédentes rencontres, ici, à réfléchir à diverses choses qui accaparaient mon esprit. Et j'ai trouvé la solution à l'une de ces choses. Elle se résumé en une seule et unique question, que j'ai gardé de côté, ne sachant pas si j'aurai le courage de la formuler à voix haute en ta présence. » précisais-je en la regardant droit dans les yeux. « Est-ce que tu as un moment à m'accorder ? » lui demandais-je.

    J'aurai pu trouver une autre formulation, mais c'était comme ça qu'elle m'était apparue. Me bloquant un instant, ne sachant pas quoi ajouter, et ne comprenant pas exactement ce qui venait de se passer, j'avais tourné la tête vers Aurora, en plissant les deux yeux.

    « Que... ? » débutais-je, avant qu'elle me coupe.

    « Savoure ce moment. » me répondit-elle.

    Elle était sérieuse ? Elle... comment avait-elle fait ça ? Un Daemon était capable d'une telle chose ? Je... oui, j'avais fait tout ça. J'étais arrivé jusqu'ici, conduisant Eurus Holmes avec moi, à mes côtés. Mais... tout ça, toute cette adrénaline, cette audace... elle bouillonnait en moi, me poussant à agir de la sorte, sans que je sois réellement maître de mes mouvements. Une partie de Aurora m'avait poussé à tout ça ? Je n'étais pas comme ça... je n'agissais pas de la sorte. Je... je lui en voulais ! Lui en voulait grandement ! Et me tournant vers Eurus, je lui annonçais ce que j'allais faire contre Aurora et sans perdre une seule seconde, afin de remédier à toute cette situation !

    « Un goût incomparable... » lui dis-je, avant de légèrement, délicatement, passionnément... approcher mes lèvres des siennes, afin d'y déposer un tendre et doux baiser.

    Elle avait une fois encore le goût du chocolat... on s'y habituais... c'était une valeur sûre, même si elle était ponctuée d'une touche d'inconnu, ce qui la rendait encore plus grisante.

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