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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
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 [Honey] Family is not an important thing. It’s everything.

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Stefan Vulpesco
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[Honey] Family is not an important thing. It’s everything. _



________________________________________ 2022-04-08, 19:54

Le soleil se lève sur Storybrook en ce mois d’avril 2022, ramenant de jour en jour le printemps à nos portes et sa brise vivifiante. Si certaines personnes partaient au travail ou faisaient la grasse matinée allouée aux dimanches matin, d’autres étaient levés de bonne heure afin d’avancer leurs tâches. Les voisins commençaient, pour certains, à accomplir leur ménage de printemps, accueillant le renouveau dans leurs maisons. D’autres, comme les Vulpesco, avaient un renouveau loin d’être métaphorique qui allait pointer le bout de son nez d’ici deux petits mois environ. La fébrilité était au rendez-vous, sachant leur existence serait différente. Après tout, un bébé bouleverse le quotidien, que l’on ait bientôt 29 ans ou 500 siècles passés.


Dans la pénombre de cette belle matinée sans nuages, de l’activité se fait entendre dans une des chambres du manoir Vulpesco. Tenant un rouleau de sa main droite, le vampire si vieux qu’il pourrait être votre arrière-grand-père étalait la peinture bleue sur les murs de ce qui allait devenir la chambre de bébé. Un bébé… À son âge, c’était quelque peu particulier. Surtout quand on est mort. Il avait dû prendre le temps de se faire à la nouvelle et il devait bien admettre qu’il avait encore un peu de mal à réaliser que d’ici deux mois il deviendrait père pour la deuxième fois. Disons-le, il avait dit définitivement adieu à la possibilité d'élever un nouvel enfant il y a très longtemps. Préparer cette pièce avait tout d’une drôle d'aventure pour l’ancien roi de Roumanie qui se retrouvait recouvert de peinture, jusque sur son front.


Vous pensiez quoi? Qu’un membre d’une famille royale faisait des travaux manuels? Bien sûr que non. Son manoir avait été construit, peint et décoré par des professionnels. C’était bien la première fois qu’il essayait par lui-même et il devait avouer qu’il appréciait quelque peu la pratique. Le calme de l’aube et ces gestes répétitifs permettent au vampire de décompresser, lui qui commençait à être légèrement anxieux. Il le cachait avec brillot. Après tout, Dracula était le maître en l’art du “poker face” comme diraient certains. Il fallait bien le connaître pour deviner la tension dans ses muscles et les tremblements de son âme. Effectivement, il était déjà père, mais c’était différent. Il avait élevé Damian a une époque totalement différente avec une situation totalement différente. Après tout, le roi n’avait aucune idée de ce qui adviendrait de lui et de sa famille quand il recevrait cette malédiction vampirique. Maintenant, il allait être un père plutôt hors du commun avec des valeurs d’un autre temps qui se confrontaient probablement avec celles de sa compagne. Il ne se cachait pas de la vérité. Il y aurait probablement des désaccords, mais ils allaient gérer ça, ensemble. Des compromis seraient trouvés. Comme pour la peinture. Stefan avait pensé tout d’abord à du rouge, la couleur de la royauté et de la guerre, mais il se laissa convaincre pour un bleu pâle qui serait beaucoup plus neutre. Effectivement, ce serait peut-être plus adapté pour un enfant…


Le futur papa était sur le point de terminer l’avant-dernier mur de la grande pièce, fredonnant pour lui-même en croyant que personne n’était réveillé et ne l'entendait, trop occupé avec ses pensés pour se rendre compte des sons dévoilant de début d’activité reprenant dans la demeure.


Honey Lemon
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________________________________________ 2022-04-08, 23:50 « Science is magic that works. »

Alors que les premiers jours d'avril à la météo incertaine semblaient repousser le printemps, Honey entamait son septième mois de grossesse, un fait que la jeune femme ne pouvait plus cacher depuis quelques mois déjà. Non pas qu'elle en ait envie, d'ailleurs. La jolie blonde était la plus heureuse du monde (en tout cas quand les hormones ne s'en mêlaient pas), au point qu'elle parvenait à oublier que oui, depuis quelques temps déjà, elle ressemblait à une baleine. Selon l'expression consacrée, en tout cas. Car, d'une façon plus littérale, même si son ventre avait considérablement enflé, que sa poitrine avait augmenté et que certaines veines étaient plus apparentes que jamais, jamais une femme humaine ne ressemblera véritablement à une baleine. Ce fait indiscutable n'empêchera pourtant jamais la plupart des femmes enceintes d'avoir l'impression d'en être une.
Honey, elle, avait surtout l'impression que ses jambes avaient triplé de poids (ce qui n'était pas non plus le cas, la jeune femme avait simplement les jambes lourdes) et ne se déplaçait ces temps-ci presque plus qu'en fauteuil roulant. Il faut dire que la future maman s'épuisait plus vite que d'ordinaire, ce qui était très contraignant pour la jeune femme enthousiaste et énergique qu'elle était avant qu'un fœtus ait commencé à se développer dans son utérus.
Celui-ci bougeait régulièrement depuis quelques temps déjà et drainait, de fait, les forces de sa maman qui compensait aussi bien qu'elle pouvait. En ce moment, la jeune femme commençait à le sentir qui appuyait en bas de son ventre, car il commençait à se positionner pour l'accouchement relativement imminent, ce dont sa gynécologue (le Docteur Rawling, qui avait aussi été celle de son amie Alexis) n'avait pas manqué de lui dire, même si Honey savait déjà tout ça grâce à ses nombreuses lectures qui dataient d'avant l'annonce de sa grossesse.
En scientifique à la curiosité insatiable qui se respecte, Honey n'avait pas attendu de tomber enceinte pour se renseigner sur la question et l'avait fait quand elle était encore enfant et qu'on avait abordé la reproduction humaine en cours de science. Elle savait par exemple que le goût du fœtus qu'elle portait s'était développé ces dernières semaines et qu'il percevait la saveur des aliments qu'elle ingérait grâce au liquide amniotique, ce qui l'amenait à prêter une attention toute particulière à ce qui se trouvait dans son assiette - ou à ses fringales, qui continuaient de se porter sur les chocolats de l'Easter Egg, faisant le bonheur d'Aster et Anna. La scientifique savait également que le fœtus entendait chaque mot doux qu'elle lui murmurait, chaque musique qu'elle entendait et même qu'il commençait à percevoir les changements de luminosité.
Avec toutes ces informations en tête, forcément, la future maman contemplait souvent son ventre rond et parlait encore plus fréquemment au fœtus à l'intérieur qui donnerait bientôt naissance à sa fille. Cette perspective, d'ailleurs, lui donnait immanquablement envie de pleurer d'émotion, ce que Honey évitait de faire au maximum, que ce soit devant Stefan, bien moins sentimentaliste qu'elle, ou devant GoGo qui ne savait absolument pas comment gérer les larmes des gens.
L'heure, cependant, en cette fraiche matinée d'avril, n'était pas à l'étalage de sentiments mais à l'étalage de peinture - bleue pastel, en dépit du sexe du bébé annoncé, les clichés n'ayant jamais réussi à séduire Honey - dans la pièce qui avait été choisie pour accueillir la chambre de l'enfant à naître. Stefan s'y collait, parce que Honey, dans son fauteuil ou assise par terre, ne pouvait pas réellement monter sur un escabeau pour peintre la chambre jusqu'au plafond. Et ça n'était pas faute d'en avoir envie ! Mais allez donc le faire comprendre à un vampire vieux jeu et vieux de plus de cinq cents ans...
Au demeurant, Stefan s'en sortait bien, surtout pour quelqu'un qui avait décidé de s'y mettre dès l'aube, à l'heure où la plupart des gens prennent encore le petit-déjeuner. Les murs étaient bien peints, autant peut-être que son tee-shirt et son front, fait qui ne manquait pas d'amuser Honey dont il n'avait pas encore remarqué la présence. C'était le mythe de Dracula qui s'effondrait un peu en cet instant, mais Stefan ne devait pas se savoir observé. Curieux fait, d'ailleurs, quand on sait qu'il pourrait entendre une épingle tomber à l'autre bout du manoir.
Force était de constater qu'il était "dans son truc" comme on dit, au point d'en avoir oublié le monde qui continuait de tourner autour de lui. Honey devait-elle le lui rappeler maintenant ou attendre encore un peu ? Arrêtée dans l'embrasure de la porte, la jeune femme y songea quelques instants en le regardant peindre puis décida d'être clémente et de signaler sa présence, estimant que Stefan n'aimerait probablement pas constater, d'ici quelques longues minutes, qu'il était l'objet de son amusement bienveillant.
- Tu sais, la plupart des gens qui ont du mal à dormir font du yoga ou lisent un bouquin. La peinture à sept heures du matin c'est conceptuel. Et la peinture sur corps ça se fait pas avec ce genre de peinture mais avec un aérographe, précisa la jeune femme en esquissant un sourire. Je vais prendre mon petit déjeuner et je te rejoins, je m'occuperai de monter le berceau pendant que tu finiras de te peindre et d'accessoirement peindre les murs en même temps.
Sur ces mots, la jeune femme fit une marche arrière et pivota son fauteuil roulant. Elle prit ensuite la direction de l'escalier. Une fois à sa hauteur, ne pouvant pas descendre comme une personne ordinaire, Honey appuya sur une commande (rajoutée lors de sa mission conjointe avec Star Command) qui propulsa le fauteuil dans les airs, le surélevant de quelques centimètres, suffisant pour la faire planer au-dessus des marches. Il fallait au moins ça dans une maison aussi ancienne (qui n'était donc pas adaptée) habitée par une femme en situation de handicap.
Une fois au rez-de-chaussée, Honey fila à la cuisine pour se faire du thé. Comme tous les matins. Sauf que maintenant il était déthéiné pour les besoins du fœtus.
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Stefan Vulpesco
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________________________________________ 2022-04-17, 05:41

C’est un minuscule bruit de bouche qui le fit se tourner vers la jeune femme blonde. Un bruit très faible, imperceptible à l’oreille humaine. C’était un simple mouvement, la bouche se positionnant pour donner le premier mot qui serait le premier d’une phrase complète, voir d’un paragraphe. Honey se montra taquine, faisant mention que les gens ordinaires, quand ils n’arrivaient pas à dormir, faisaient autre chose que se peindre la figure avec de la peinture pour les murs. Le vampire adressa à sa bien-aimée un sourire en coin en déposant son pinceau sur son plateau et il se dirigea rapidement vers le pot pour remettre le couvercle. Il pouvait bien s’accorder une pause.

- Il se trouve, ma demoiselle, que je me lève dès l'aube tous les jours. Que je peigne la chambre du bébé ou que je lise un roman, ça n’a pas trop d’importance, n’est-ce pas? Ne faites pas la maligne avec moi, ma chère! Vous savez très bien que c’est la première fois que j’ai a faire cela. Attendez de voir si vous allez réussir ce fameux lit de bébé sans aide! Vous devriez être habituée à ces meubles I… Ikailla? Ikama? Ikélla? Bref, il est vrai que c’est le petit déjeuner pour les humains…


Avant même qu’elle descende, Stefan était déjà à la cuisine. Il est vite descendu grâce à sa vitesse vampirique et était accoudé sur le comptoir de la cuisine. Il laissa l’humaine se faire son thé sans théine pendant qu’il observait par la fenêtre de la cuisine.

- Tu es sûr que tu veux monter le meuble? Je peux le faire si tu préfères! Dans ton état, tu dois faire attention a toi et tu as plus de mal à te déplacer pendant que moi, je serais toujours en forme, de jour comme de nuit.


Stefan déposa tendrement sa main sur celle de la blonde et lui sourit, montrant de l'inquiétude dans son regard.

- Pardon… Je sais qu’en ce moment je dois te sembler un peu trop protecteur. À mon époque, les grossesses ne finissaient pas toujours bien. Même si ce n’est plus le cas aujourd’hui, ou du moins, ce n’est plus la même proportion, je garde la peur viscérale qu’il t’arrive quelque chose. C’est le vieillard en moi qui parle, il dit avec un rire sans joie. N’oublie pas que je suis là pour t’aider si tu en as besoin.


Le vampire se mit à rire de manière franche cette fois en allant fouiller dans le frigo pour en sortir sa gourde en acier inoxydable pour en prendre quelques gorgées.

- Promis, je ne me facherais si tu me fais courir avant la fermeture des magasins pour aller te chercher de la glace ou tout autre besoin de femme enceinte.


Après avoir rangé le contenant à sa place, l’homme se nettoya le visage afin de se débarrasser des tâches laissées par son incompétences dans les tâches manuelles.

- Chérie, j’ai une question quelque peu farfelue qui m'es venu cette nuit. Ne te moque pas! Je te rappelle que je suis un homme du moyen-âge et quand on est aussi vieux que moi et qu'on se croit infertile, lire les nouvelles connaissances sur les grossesses, ce n’est pas vraiment une priorité. Nous sommes d’accord sur le fait que l'acte sexuel ne fait pas de mal au bébé, n’est-ce pas?


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________________________________________ 2022-04-17, 19:16 « Science is magic that works. »

Honey arqua un sourcil, sceptique. Elle ? Ne pas arriver à monter un meuble ? Il s'attendait à quoi, à ce qu'elle ne comprenne pas la notice ? Celles de la chaine de magasins suédois étaient justement pensées pour que des illustrations suffisent, ce qui évitait de perdre du temps et de l'argent en traduction dans de nombreuses langues pour couvrir tout le marché. Certes, monter un meuble quand son utérus avait plus que triplé de volume au point de donner la vague impression que vous êtes un boa en pleine digestion et quand, en plus, on n'a plus tout à fait l'usage de ses membres inférieures, c'est sans doute plus compliqué quand on est une personne ordinaire qui n'est pas enceinte. Mais Honey en avait vu bien d'autres et avait à sa disposition le fauteuil roulant le plus technologique de la galaxie (probablement au sens littéral, la jeune femme doutait qu'on ait pu en inventer un meilleur car les technologies extra-terrestres qui l'équipaient ne venaient, de fait, pas de la planète Terre) pour l'aider à soulever et imbriquer les différentes pièces. Bref, elle ne s'inquiétait vraiment pas pour ce berceau. Davantage pour les habits de Stefan qui finiraient par être totalement irrécupérables en machine s'il ne peignait pas plus les murs et moins ce qu'il portait.
Quant à s'étonner qu'il soit incapable de prononcer correctement le nom d'une chaine de magasin d'ameublement suédois, ce n'était pas non plus d'actualité : plus le temps passait et plus Honey s'habituait à ce que Stefan ait vraiment du mal avec la modernité. En tous points de vue.
- Ikéa mais j'avais compris de quoi tu parlais, corrigea-t-elle néanmoins pour la forme, en souriant d'amusement.
L'instant d'après, le vampire disparaissait littéralement de sa vue pour, supposa la jeune femme, se rendre à la cuisine plus rapidement qu'elle. Peut-être que dans son esprit il s'agissait d'une sorte de course que son égo masculin tenait particulièrement à gagner. Ou alors il s'agissait simplement d'une vieille habitude, celle d'aller plus vite que tout le monde, sans, toutefois, aller plus vite que le monde à la page duquel Stefan n'était pas réellement. Quoi qu'il en soit, la jeune mortelle s'était bien accoutumée à ce qu'on pourrait appeler des bizarreries et le laissa faire, suivant sa propre vitesse sans vexation.
Le silence s'installa quelques instants dans la cuisine, comme s'il attendait que Honey prenne place à table pour se briser. Ou, plutôt, pour être brisé par Stefan et une bien curieuse question qui laissa la jeune femme encore plus perplexe qu'elle ne l'avait été moins de cinq minutes et un étage avant. Sa première réaction fut tout naturellement d'arquer très haut un fin sourcil blond en direction de Stefan, comme s'il attendait une quelconque précision qui ne vint pas. La future mère se demandait de quelle façon elle devait prendre cette demande qui, sous couvert d'être sans doute chevaleresque ou, du moins galante, semblait cacher un sous-entendu moins plaisant (en tout cas aux oreilles de Honey).
"Dans mon état ?" songea la jeune femme. "Ca veut dire quoi, d'abord, "dans mon état" ? Sous prétexte que je suis enceinte je devrais rester assise sur le canapé toute la journée en attendant l'accouchement ? Depuis quand la grossesse rend-elle les femmes incapables de faire quelque ? On fait ça depuis la nuit des temps et je pense pas qu'au néolithique on s'arrêtait de travailler sous prétexte qu'on portait la vie". Aux dernières nouvelles, la jeune femme était seulement enceinte, pas en phase terminale d'une maladie incurable et elle en avait un peu (beaucoup) marre qu'on essaye de la persuader du contraire. Toutefois, Honey était bien trop gentille et douce (une personnalité qui, en cela, collait particulièrement bien à son prénom) pour exprimer le fond de sa pensée de façon aussi directe, c'est pour la jeune femme s'efforça de sourire avant de répondre plaisamment :
- Merci Stefan, j'apprécie que tu te soucies de moi mais je suis seulement enceinte, pas en sucre, pas en verre soufflé et encore moins souffrante. Sauf parfois des lombaires mais c'est normal quand on est enceinte. Bref, tout ça pour dire qu'en plus l'oisiveté me ferait plus de mal que de bien. Mais merci de proposer, conclut Honey d'une voix chantante qui masquait à merveille l'agacement que ce genre de question provoquait chez elle depuis le début de sa grossesse.
Cela n'empêcha pas de presser tendrement la main que Stefan venait de mettre dans la sienne avant d'aller occuper cette même main autour de son mug de thé déthéiné.
Le point positif, c'était que Stefan avait conscience de se montrer trop protecteur, puisqu'il s'en excusa, a priori sincèrement, quelques instants plus tard. Le point négatif, c'était sans doute que même s'il en avait conscience, il n'allait pas s'arrêter pour autant de l'être. Pas le connaissait. Parce qu'il était bien trop vieux jeu pour ne pas agir de la sorte. Et parce qu'il était effectivement né à une époque où la mortalité infantile et en couches battait de sacrés records de morbidité. Heureusement, face à ce genre de discours, Honey disposait toujours d'une tonne de statistiques et de faits qu'elle était toujours prête à dégainer si l'occasion se profilait. Comme là.
- Je comprends, assura-t-elle avec sérieux. Mais on est en 2022, la médecine a fait énormément de progrès depuis ton époque et maintenant, sur 100 000 accouchements il n'y en a qu'un tout petit peu plus de dix, 10,3 si on veut être précis, qui sont mortels dans les pays développés tels que les Etats-Unis où nous résidons justement. Et en fait, depuis le XIXe siècle et Philippe Semmelweis, qui a été le premier a milité pour un lavage systématique des mains des praticiens avant d'accoucher une femme - surtout qu'à l'époque on pouvait passer du soin d'un cadavre à celui d'une parturiente - la mortalité en couches a considérablement diminué, notamment parce que le lavage des mains a évité énormément de cas de fièvre puerpérales. Franchement, je risque pas grand-chose, surtout comparé à toi parce que... eh bien on perd du sang, quand on accouche, figure toi, précisa Honey, un peu désolée de le lui apprendre ou rappeler.
A l'époque de Stefan, l'accouchement et, plus généralement l'éducation des enfants, n'avait pas une aussi grande importance qu'au XIXe siècle, entre autres parce que la mortalité infantile était si élevé qu'il valait mieux, d'une certaine façon, ne pas trop s'attacher aux enfants qui naissaient. C'était alors également une affaire dans laquelle on n'implique pas ou peu les pères, qui attendaient généralement ailleurs que la sage-femme vienne leur présenter leur héritier. Mais de nos jours, les pères (et les co-parents) étaient presque systématiquement admis dans la salle d'accouchement, ne serait-ce que pour autoriser leur compagne à leur broyer les os de la main en attendant la délivrance. Honey tenait à cet aspect de l'accouchement, à l'idée de pouvoir s'accrocher, littéralement, à la main de Stefan lors de cet instant si particulier. Mais le sang... ça allait peut-être être un problème pour lui, pas parce qu'il tournerait de l'œil à cette idée (rien, en fait, ne semblait en mesure de faire s'évanouir Dracula, qui avait dû commettre trop d'atrocités et en voir au moins tout autant pour encore s'émouvoir beaucoup) mais parce que sa présence réveillerait peut-être un appétit plus ou moins contrôlable. Il valait donc mieux éviter de le prévenir que, parfois, les femmes faisaient une hémorragie de la délivrance, juste histoire de ne pas lui donner encore plus faim.
- Je te dirai déjà si j'ai besoin d'aide, reprit donc Honey pour changer de sujet. Mais là, ça va.
Au sens littéral du terme, Honey n'avait effectivement pas besoin qu'il l'aide à prendre son petit-déjeuner. Elle n'était handicapée que des membres inférieurs et pas encore grabataire non plus, aux dernières nouvelles. Quant à satisfaire ses envies de femme enceinte, elle hésita à avouer à Stefan qu'elle n'avait absolument pas besoin de lui pour ça. Honey avait déjà tout ce qu'il lui fallait grâce aux chocolats de l'Easter Egg que lui vendaient Anna et Aster et à son sens de l'organisation qui l'avait conduit à constituer des réserves un peu partout, par commodité. Toutefois, l'information ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde, comme on dit.
Ses oreilles, justement, semblèrent se dresser sur la tête de la jeune femme quand, alors qu'il venait de laver les traces de peinture sur son visage dans l'évier de la cuisine (qui, heureusement, n'était alors pas plein de vaisselle), Stefan attira l'attention de la jolie blonde avec sa "question quelque peu farfelue".
Stefan avait habitué la jeune femme à bien des choses - au surnaturel, au sang et aux manières d'un autre temps pour n'en citer que trois - mais pas à être "farfelu", ce qui rendait le préambule de cette demande particulière encore plus intriguant. Ses yeux grossis par l'importante correction contre la myopie qu'il y avait sur les deux verres de ses lunettes, Honey fixa, au sens littéral, toute son attention sur le père de son enfant, attendant.
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle ne fut pas déçue par la question qui turlupinait le vampire. Dès qu'il commença à évoquer le Moyen Âge, l'esprit aiguisé de la jeune femme imagina mille et une questions sur le monde moderne mais fut bien vite détrompé par les mots "infertile" et "grossesse". Et finalement, la question qui conclut cette rapide mise en contexte, dépassa, d'une certaine façon, toutes les attentes de la jeune femme.
Cette dernière resta coïte plusieurs instants, oubliant presque de battre des paupières. Finalement, elle reprit la parole, contente de ne pas avoir éclaté de rire ou eu une toute autre réaction qui aurait pu vexer Stefan :
- Pour commencer, tu choisis mal ton vocabulaire. "Infertile" ça veut dire avoir plus de difficultés pour concevoir, par exemple à cause d'une endométriose. Quand on ne peut carrément pas procréer ou, dans ton cas, quand on pense ne carrément pas pouvoir procréer on dit "stérile". Mais en dehors de ça, et pour répondre à la question véritablement posée... Non, les rapports sexuels ne font pas mal au fœtus parce qu'il est protégé par les muscles de l'utérus et le liquide amniotique.... Je peux savoir pourquoi tu t'es posé cette question cette nuit ? Demanda la jeune femme, intriguée. Particulièrement alors que j'en suis au troisième trimestre et qu'on n'a absolument pas compté le nombre de relations sexuelles que nous avons eues ces derniers mois ? Juste... Histoire de comprendre ce qui a pu conduire à cette question, expliqua Honey, toujours aussi étonnée par la tournure que prenait son petit-déjeuner.
Heureusement, Damian n'était pas là, sinon ils auraient très probablement dépassé le stade du bizarre pour aller tout droit vers le glauque.
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________________________________________ 2022-05-03, 22:00

Pour exprimer le pourquoi du comment de la réaction de Stefan, moi, la narratrice a une expression toute trouvée qui me vient de mon père. “On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace”. De base, on l’utilise surtout pour exprimer le fait que les jeunes ne peuvent pas facilement berner leurs aînés qui ont, eux aussi, déjà été jeunes. Pour ce sujet précis, j’aime bien revoir le sens de la phrase pour donner une expression un peu différente. On ne change pas facilement les vieilles habitudes. Surtout quand on a un certain âge et dans le cas de Dracula, il a dépassé ce cap depuis des siècles maintenant. Il avait conscience que les choses avaient évolué, que la mortalité, dans tous les domaines d’ailleurs, avait largement diminué depuis le temps. Accoucher était devenu presque sans risque et les enfants survivent généralement pour grandir et devenir des adultes accomplis. Le vampire le savait bien, mais comment peut-on demander à un homme aussi vieux de changer sa mentalité en quelques mois? Surtout qu’il était quelqu’un d’assez vieux jeu… Ce ne serait certainement pas infaisable, mais il lui faudrait du temps. Il voulait vraiment être un bon mari pour sa bien-aimée et la soutenir sans la réduire à une fragilité qu’elle n’avait même pas vu sa ténacité et sa débrouillardise. Il ne doutait pas qu’elle était capable de contourner tout inconvénient pour faire ce qu’elle voulait.

Par contre, le fait qu’elle mentionne le sang et le fait qu’il devrait être PRÉSENT lors de l’accouchement le laissa quelque peu stupéfait et il la regarda comme si elle venait de lui demander de se promener nu en pleins centre-ville avec un panneau autour du cou “ Calin gratuit”.


- Je savais pour le sang, mais je ne pensais pas qu’aujourd’hui on assistait à l’accouchement! Par les diables!!!! Je te soutiendrais, naturellement, mais je vais devoir trouver quoi faire… Je tiens à te rappeler qu’un vampire peut se contrôler, mais difficilement. Ce serait comme te demander d’arrêter de respirer. Un temps, c’est faisable, mais l’humain ne peut pas arrêter de respirer. C’est sensiblement pareil pour un vampire avec son envie de boire. Je peux éventuellement arrêter de respirer, mais il suffit que je le fasse par habitude pour que je sente le sang…


Cela l’inquiétait réellement cette éventualité et même s’il semblait rien afficher sur son visage, elle pouvait remarquer que quelques plis sur son visages marquaient ce sentiment. Il trouvait que les gens qui s’évanouissaient devant du sang étaient pathétiques, mais à l'heure actuelle il trouvait que cela aurait été préférable d’être comme eux qu’un vampire qui pouvait devenir incontrôlable face à une seule goutte de ce nectar de vie. Il allait y réfléchir, cela était certain, mais en attendant il ne pouvait pas y faire grand chose et il se contenta de nettoyer son visage recouvert de tâches de peintures en réfléchissant à ce qu’il pourrait dire d’autre, ce qui lui emmena un questionnement qu’il avait eu cette nuit. Pourquoi maintenant après plusieurs mois? Parce qu’il n’y avait pas songé avant. Il n’avait pas trop l’habitude de pratiquer son “sport favori” avec une femme enceinte et autre fois il s’en serait bien moqué se savoir ce qu’il adviendrait du phoetus. Donc, la question ne s’était pas naturellement imposée à lui avant une nuit où il lisait un livre de maternité moderne pour réviser son sujet. Le vampire haussa les épaules comme première réponse à la surprise de sa bien aimée.

- Tu dormais, tu n'as sûrement pas remarqué, mais je lisais un manuel sur la grossesse et cela m’est venu comme cela. Ne me regarde pas comme ça, c’est une question stupide qui m’es venue en tête comme cela. Je ne cherchais pas à avoir des relations intimes avec des femmes enceintes et quand j’étais humain, je suivais les règles de l’église avec minutie. Pas de sexe pour l’amusement, alors une fois enceinte… C’était comme ça. J’aimerais te voir dans mon monde et devoir s'acclimater à celui-ci, tiens!

Il disait cela sous le couvert de l'amusement sans lui reprocher du tout sa surprise tout a fait légitime.


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________________________________________ 2022-05-05, 22:56 « Science is magic that works. »

Honey était et avait toujours été une jeune femme équanime qui s'énervait rarement (certains s'y étaient essayé, presque tous en vain) dont le sens aigu de l'empathie, quoique couplé à un profond handicap social, l'enveloppait dans une perpétuelle douceur apaisante. Stefan, lui, était tout le contraire. Forcément, les débuts n'avaient pas été faciles. La jeune femme avait beaucoup sursauté quand, brusquement, il s'écriait, sidéré, ahuri ou énervé par une information quelconque qui avait surgi dans la conversation. Mais à cet instant précis, elle ne s'était pas attendu à une telle virulence, si bien que ce qu'on pourrait presque appeler ses "bonnes vieilles habitudes" revinrent au galop ou, plutôt, dans un sursaut. A présent aussi ahurie que Stefan, la jeune femme l'observa, ses yeux verts papillonnant derrière ses épaisses montures.
Pour une jeune femme née à la fin du XXe siècle il était entendu et convenu que le père de son enfant serait présent dans la salle d'accouchement le moment venu. C'était, selon cet esprit scientifique, aussi logique qu'une équation différentielle (ndlr : l'auteure de ce post ayant essayé et échoué dans la compréhension de ce concept fas-ci-nant du calcul) mais force était de constater que ce qui était logique pour une femme de son âge l'était beaucoup moins pour un homme du sien.
- Eh bien... merci pour ton soutien à venir, répondit Honey, incertaine et lentement pour laisser le temps à son esprit (pas si brillant sur ce coup) d'analyser la réaction de Stefan. En général, le futur papa laisse la future maman lui serrer très fort la main pour... j'imagine se donner du courage et avoir l'impression d'avoir moins mal pendant les contractions, acheva la jolie blonde qui, n'ayant pas encore vécu ce moment si important dans la vie d'une femme, ne pouvait que supposer les raisons de ce fait presque systématique. Je pensais que c'était une occupation suffisante... Mais manifestement je me suis trompée, reprit-elle d'une voix plus claire pour amoindrir la perplexité dans laquelle la tournure de la conversation la plongeait.
Une fois encore les difficultés de choisir un vampire pour être le père de son enfant revenaient comme un boomerang au visage de Honey qui avait, comme beaucoup de futures mères avant elle, imaginé ce qu'elle espérait de son accouchement. Stefan faisait naturellement partie de l'aventure mentale qu'elle s'était créé car elle ne souhaitait pas donner la vie seule entourée de sages-femme et d'un obstétricien si les conditions de sa grossesse le permettaient. Elle semblait pourtant comprendre que Stefan avait imaginé d'autres choses difficilement compatibles avec ses fantasmes et son esprit logique ne pouvait qu'accepter les raisons qui poussaient à ces envies. Ca ferait quand même mauvais genre de dévorer la mère de votre enfant en train de donner bas.
- C'est pas grave, je peux demander à maman de rester avec moi si c'est préférable, intervint encore la jolie blonde, tout sourire, prompte, comme toujours, aux consensus qu'elle trouvait plus pertinents que les conflits.
Selon Honey, chaque problème et chaque déconvenue avaient toujours une solution, même si elle n'était pas idéale. Elle pensait que les efforts, l'acceptation et la communication étaient les clés pour qu'une relation, amoureuse ou non, perdure et c'était selon ces préceptes qu'elle tentait toujours d'agir. Honey savait aussi, par expérience et par ce qu'elle avait étudié, que les relations étaient toutes forcément décevantes à un moment ou l'autre et tentait, de fait, de trouver celle qui serait sa plus belle déception, à défaut d'être perfection.
D'ailleurs, la jeune femme ne pouvait pas nier que Stefan ne faisait pas d'efforts. Au contraire, elle était souvent agréablement surprise de découvrir à quel point il s'investissait dans cette grossesse, que ce soit en se souciant de son bien-être ou en comblant ses lacunes scientifiques qui témoignaient de l'impressionnante différence d'âge entre les deux amants. En bon littéraire qui se respectait, il n'était pas étonnant de découvrir qu'il passait une partie de ses nuits à lire des ouvrages scientifiques sur la grossesse. Honey sourit en imaginant la scène à laquelle elle n'avait effectivement pas assisté puisqu'elle dormait.
-Non, ta question n'est pas stupide, assura Honey. C'est jamais stupide de vouloir s'instruire et de s'interroger sur le monde. Je suis contente que tu le fasses, même si ce n'est pas ton corps qui sert d'incubateur à fœtus, sourit la jeune femme avec affection. Malheureusement, je crois que je n'aimerais pas ton monde, grimaça-t-elle, contrite, juste après. Il serait trop... antiféministe pour quelqu'un comme moi.
Honey avait dû réfléchir quelques instants avant de terminer sa phrase pour ne pas, malgré elle, se montrer vexante. "Arriéré" aurait été disproportionné : Stefan venait d'un monde certes très différent mais qui possédait une culture, une économie et sans doute des tas d'autres choses qui ne venaient pas à l'esprit de la scientifique mais qui, ensemble, constituaient une civilisation fascinante. Parler de féminisme était donc une meilleure approche : personne ne pouvait nier que seule l'Histoire très récente avait réellement commencé à se montrer féministe. Quant au progrès technique moindre du temps de Dracula, la jeune femme avait trouvé l'argument trop évident pour leurs deux esprits aiguisés. Stefan n'était pas sans ignorer que Honey était née sur une Terre encore plus avancée que celle-ci, une Terre sur laquelle il aurait eu d'autant plus de mal à s'acclimater et il avait sans doute compris, depuis le temps, qu'elle n'était pas prête à renoncer aux merveilles que la science avait permis de créer.
Le petit-déjeuner prit fin sur ces mots et Honey fila à la salle de bains pour se laver et s'habiller, des activités que son ventre rond de presque baleine complexifiait. Là où il ne fallait que quelques secondes, littéralement, à Stefan pour se vêtir, il fallait à présent de longues minutes à la jeune femme. Heureusement, il était encore tôt et le couple avait pour ainsi dire tout le temps devant lui pour s'occuper de la chambre de bébé. De leur fille, plus exactement, même si Honey préférait, tant qu'elle n'était pas née, raisonner en termes de fœtus.
Une fois n'est pas coutume, la jeune femme savait qu'une longue journée l'attendait, aussi, elle enfila un pull rayé et une salopette en jean, tenue confortable à défaut d'être aussi glamour que ce qu'elle portait généralement. Puis elle retourna dans la chambre du bébé à venir et s'approcha de l'énorme carton qui contenait de quoi monter un adorable petit berceau qu'elle pourrait bientôt garnir de doudous plus adorables les uns que les autres.
- A nous deux ! déclara-t-elle pleine d'enthousiasme en ouvrant le carton pour en extirper la notice. Ca va aller pour la peinture ? demanda-t-elle à Stefan sans quitter la notice des yeux, trop occupée qu'elle était à laisser ses globes oculaires la parcourir rapidement pour se faire une idée de la marche à suivre. Faudra que tu tiennes une partie du berceau à l'étape 7 pendant que je visserai, ça te pose pas de problème ? demanda-t-elle encore, toujours absorbée par son étude minutieuse.
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