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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
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 Apprenons à éteindre (Liliann)

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Alec Sacabeu
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Alec Sacabeu

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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2020-12-01, 14:10




Apprenons à éteindre



A
lec avait dû mal à ne pas juste … tomber … en avant ou en arrière, ou dans le sommeil… pourrait il y avoir d’autres manières de tomber ? Il y en avait des centaines de manières, mais il savait qu’aucune ne lui ferait du bien alors qu’il essayait de mentalement se retenir à ce qui l’entourer, à la certitude d’avoir reconnu dans le souffle de la jeune femme, une murmure du passé, un écho lointain, et plus le temps avançait, plus la lumière se faisait sur des ténèbres mouvantes. Il avait un souvenir, accroché à son corps comme un tatouage qu’il ne pourrait effacer… Alec avait toujours considéré ses souvenirs comme la vérité, tombait sur une preuve était tout à la fois désarçonnant et si bien pour le mental des troupes … ou simplement pour le sien…

Alec grommela qu’il faisait toujours attention à une femme dans son lit … plus par habitude que par véritable envie de ce qu’il aurait pu faire à d’autres …. S’il avait raison, et il était sûr d’avoir raison bien qu’aucune preuve n’éteigne son propos, alors la jeune femme à ses côtés avait déjà partager sa couche dans un fondu en noir plus douloureux qu’apprécié.

- Tu ne dois pas. Beaucoup de chose ne se doit pas, mais je les fait tout de même.

Il parlait pas en tant que son travail que pour tout le reste de sa vie. On ne doit pas voler, vendre un organe, vendre son corps … pourtant il faisait tout ça … alors lui dire de ne pas se lever avait un effet contradictoire sur lui et sa petite tête…. Le câlin, les larmes, la sensation de culpabiliser qui comprimaient son monde … Alec était de plus en plus sûr de ce qu’il pensait, et il ne savait pas pourquoi, elle, elle ne le disait pas… c’était la seule raison qui lui faisait douter. Pourquoi ne lui disait elle pas tout simplement « Alec c’est moi »…. Comme une femme qui devrait le connaître … il ne savait pas, il ne comprenait pas plus en réalité que tout ce qui lui arrive depuis quelques temps.

- Alors on ne bougera pas de cette position pendant trèèèèèès longtemps.

Il ne comptait pas lâcher sa … Sa quoi exactement ? Amie ? Plan cul ? élève ? Il ne pouvait la définir en des termes sans en raconter l’histoire … elle était sa Nahid …. Et il sourit à cette pensée toute bête. A sa supplication, il se décale pour la regarder et fit un sourire. Rester allongé ? Lui ? Non. Pas moyen pour le moment. Il ne la lâcha pas quand il entendit ses excuses. Penchant la tête sur le côté, il sourit encore et puis un rit vient emplir le silence. Il s’arrêta bien vite pour toucher ses côtés. Outch.

- De quoi ? De refuser de me dire qui tu es ? J’ai peut être mon idée sur ton identité, mais je me demande bien pourquoi tu refuses de le dire ? Au moins n’aurais je pas été sauver par une ancienne amante qui n’aurait de cesse de me demander des rodéos gratuits.

Comprendra qui voudra pour le rodéo… mais il était sur que ça serait une demande de beaucoup de personne …. Pas qu’il est quelque chose contre le rodéo, c’était le côté gratuit qui le faisait tiquer.

- Je te pardonne. Mais j’ai toujours faim, alors si tu es prête à te pardonner aussi allons manger.



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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2020-12-05, 10:05




Apprenons à éteindre



E
lle est perdue, Peau d’âne, bringuebalée d’un côté puis de l’autre sans arriver à se poser, à comprendre ce qu’elle doit faire, dire, penser. Dans son crâne, la tempête est violente, assourdissante, et pourtant, elle n’arrive pas à faire taire les battements de son cœur apeuré, l’inquiétude qui pulse dans ses veines et irradie dans tout son corps. Elle ne sait plus si elle doit le toucher ou s’écarter, le repousser ou le serrer contre elle, lui dire qu’il a tort ou lui assurer qu’il a raison. Liliann ne sent plus que le besoin inconsidéré de le voir immobile, comme mort, le temps que sa blessure se referme et cesse de représenter un danger.

Lili baisse les yeux à l’instant où il grommelle, comme un adolescent dérangé en plein sommeil, incapable d’affronter les mots qu’il lui donne avec tant de naturel. Un peu bêtement, elle a voulu croire qu’il n’a jamais existé, qu’il n’y a personne, dans ce monde, qui soit aussi brisé qu’elle. Peut-être est-ce de l’égoïsme, pour qu’on la plaigne, mais elle s’est enfoncée dans cette certitude et n’a jamais voulu prouver qu’elle se trompait. Pour se protéger de la culpabilité de l’avoir abandonné à son sort, sans essayer de l’arracher à sa condition, comme on l’a arrachée, elle, à son métier, elle a décidé qu’Alec n’a jamais existé.

Sauf qu’il est là, devant elle, un couteau planté dans le ventre, et il lui assure qu’il fait les choses qu’il ne doit pas, comme elle s’en doute déjà. Comme elle le sait déjà. Cela lui fait du mal, à Peau d’âne. Ses larmes sont plus abondantes sur ses joues. Elle ne sait plus comment les chasser, ni comment s’excuser. Elle se sent coupable d’une vie qui n’est pas la sienne, d’une vie qu’elle aurait, peut-être, pu aider si elle s’en était donnée la peine. Mais elle ne l’a pas fait. Tout comme elle n’est pas intervenue au bon moment, incapable d’affronter son propre passé à travers les yeux d’un autre.

Alors, Lili ploie l’échine, coupable, et se serre un peu plus fort contre lui, comme pour dissimuler la bête affreuse qu’elle est, pour qu’il ne puisse plus la regarder, voir en elle ce qu’il ne doit pas voir. Elle aimerait lui dire qu’il a le choix, qu’il ne doit pas faire cela, qu’il doit cesser, comme elle a cessé. Mais s’en est-elle mieux sortie que lui ? Aucun couteau dans l’abdomen, mais des centaines de petites aiguilles plantées dans le cœur. Liliann n’est plus qu’une carapace vide. Elle a tout eu pour mieux perdre et se perdre. Elle ne lui souhaite pas cela. Elle ne le souhaite même pas à ses ennemis, si tant est que Lili ait, un jour, eu des ennemis.

Elle veut lui dire que cela lui va, qu’elle a besoin de sa force pour affronter des chose qui la dépassent. Peau d’âne reste silencieuse, ses yeux noirs braqués derrière lui, sans plus rien voir sous l’humidité qui s’écoule à flots de ses paupières. Elle veut lui dire qu’ils ne doivent pas renouer avec un passé qui le détruira, qui lui fera plus de mal qu’autrefois. Liliann se fiche d’elle-même, de la douleur insufflée en elle à la lecture de la petite carte, trouvée dans sa poche. Elle ne s’inquiète pas du mal que cela lui fait de savoir ce qu’il n’a jamais cessé d’être, là où elle a su fuir, seule, comme l’égoïste qu’elle a toujours été. Mais elle ne dit rien et se contente de suivre le mouvement, docile.

L’inquiétude creuse une ligne, au milieu de son front, alors que ses sourcils sombres se tordent et ses lèvres se pincent. Elle voit que le rire lui fait mal. Elle veut lui dire d’arrêter, tout faire pour que cela n’arrive plus jamais. Mais que peut-elle faire ? Peau d’âne n’a aucun pouvoir sur son hilarité. Elle ne comprend même pas pourquoi il trouve cela drôle de l’entendre s’excuser. Elle a besoin de ces excuses, d’être accusée de tout le mal qu’elle a fait, mais il rit. Et elle reste immobile, sans plus savoir de quelle façon recoller les morceaux des excuses qu’il vient de jeter à terre.

Puis, une opportunité. Tentante, qui la titille atrocement. Peau d’âne ne voit pas d’autre manière de le repousser une bonne fois pour toutes, de lui indiquer qu’elle n’est pas celle qu’il croit, de mentir éhontément pour mieux le garder loin de ses malheurs, de sa crasse, de sa douleur. Il ne doit plus voir en elle ce qu’il a vu autrefois. Elle ne le permettra pas. Alors, elle tente. Elle renoue avec l’actrice qu’elle a un jour été pour donner plus d’envie à ses gestes, tandis que ses doigts glissent sur la joue d’Alec. Elle reste douce, Lili, car elle n’a jamais su être autrement.

« Qui te dit que je ne suis pas une amante qui profitera de l’occasion pour te demander des faveurs gratuites ? Je sais que tu ne donnes rien, mais je t’ai sauvé la vie, tout de même. Ça donne envie de réclamer ce dont on a bien du mal à se passer, après y avoir goûté. »

Elle se dégoûte elle-même, en vérité, incapable de donner son propre nom à un homme qu’elle a tant estimé. Mais Nahid n’existe plus, tout comme Anahis. Il ne reste que Liliann et son besoin de croire qu’il ne la reconnaît pas, qu’il ne la connaît plus. Alors, elle continue de jouer le jeu. Son pouce frôle les lèvres masculines et ses doigts glissent sous le menton. Puis elle le lâche, dans un soupir et le repousse un peu plus fort.

« Tu ne sais même pas ce que tu pardonnes, ce n’est pas ainsi que ça marche. Reste tranquille. »

Cette fois, elle se fait plus autoritaire, à peine en vérité, et pose une main sur l’épaule masculine pour lui dire de rester immobile. Juste le temps de se pencher vers lui, puisqu’il est descendu du lit, près de là où elle a posé le bandage qu’elle n’a pas voulu lui mettre, tant qu’il était endormi. Puis elle se redresse, lentement, dans une expiration discrète. Ses yeux noirs sont enfin dépourvus de larmes, alors que Nahid a chassé les pleurs de Liliann, quand elle les relève sur Alec et lui présente le bandage.

« Laisse-toi faire et ensuite, tu iras manger. »

Liliann ne compte pas manger, non. Tout comme elle fait les repas, au garage, pour n’en prendre qu’une infime partie pour elle-même, quand elle a la force d’avaler quoi que ce soit. Ce n’est pas pour rien que la brune a fini à l’hôpital, terrassée par la peur, le stress, la fatigue. Pour l’heure, elle se concentre sur Alec et seulement Alec. Elle pensera plus tard à s’occuper d’elle-même. Il faut y croire pour elle, en tout cas, puisque Lili n’y croit plus elle-même.

Très doucement, la brune passe ses mains dans le dos d’Alec pour commencer à bander son pansement et s’assurer, du mieux qu’elle le peut, qu’il reste bien en place et que la plaie ne se rouvre pas. Ce qui serait affreux. En quelques mouvements, d’une habitude insoupçonnée, elle a fini de le momifier. Heureusement pour lui, elle a su se retenir et n’a fait qu’un ou deux tours de trop, histoire d’être certaine que tout tienne correctement sur son ventre. Bandage terminé, elle se relève lentement et tend les mains vers Alec.

« Viens. Dis-moi ce que tu veux manger. Et fais attention, s’il te plaît. Si tu forces trop, il faudra t’emmener à l’hôpital. »

La menace semble plus efficace que l’inquiétude de Peau d’âne, alors elle la lui donne du bout des lèvres, sans se croire, elle-même, capable de la mettre en marche. Il ne veut pas y aller. Qui serait-elle si elle le forçait ? Elle ne préfère pas y penser.


Alec Sacabeu
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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2020-12-11, 19:41




Apprenons à éteindre



A
lec n’était pas le plus malin de tous. Il se le disait souvent. Et on pouvait le voir sans soucis dans son conte … Il était un peu bête, mais il y avait des choses qu’il pouvait comprendre tout de même… il pouvait comprendre que la jeune femme n’allait pas bien. …. et que c’était un peu de sa faute, sans comprendre réellement pourquoi et comment… c’était encore une donnée qu’il rajouta dans sa certitude de la connaitre.

Mais qu’il la connaisse ou pas, cela ne pouvait pas changer son geste. Il ne voulait pas qu’elle pleure, il voulait la réconforter… il essayait comme il le pouvait par les gestes, par la douceur qu’il y mettait. Elle ne devait pas pleurer, elle ne pouvait s’en vouloir pour des choses dont elle n’avait pas d’impact. Alors qu’elle était en train de s’excuser, il eu des rires.

C’était malheureux, et pas le moment en plus, mais il n’avait pas su s’empêcher de le faire, de rire fasse à tout ce qu’il se passe. Il vaut mieux en rire qu’en pleurer, voilà ce qu’il se dit à ce moment là alors qu’il ne voulait pas entendre des excuses de la part de SON amie. Il rit encore quand elle mentit, il ne savait pas pourquoi elle faisait cela… il ne comprenait pas mais il posa les yeux sur elle.

- Tu en aurais profiter bien avant si tu étais une amante, et tu n’aurais pas dit amante, mais cliente. Il n’y a rien qui transpire chez toi ce que je vois chez les autres. Tu n’es pas comme mes clients, alors la possibilité a été supprimer directement.

C’était tout. L’intuition lui disait qu’elle disait de la merde pour protéger son identité … il s’imaginait pas Nahid lui mentir jusqu’à là… il ne comprenait surtout pas pourquoi elle voulait absolument lui mentir ainsi, c’était …. Il lui manquait quelque chose, une donnée essentielle pour la compréhension globale, et la seule chose qui le gardait les pieds bien ancré sur terre était cette douleur, sans la douleur il était sur de pouvoir comprendre ….

- Je pardonne tout. Pas besoin de savoir quoi quand je n’ai rien à faire pardonner.

Si elle était celle qu’il pense, et elle faisait tout pour donner des informations contraires, même dans sa manière brute de lui dire qu’il n’avait pas le droit de pardonner ce qu’il ne savait pas … il faisait ce qu’il voulait en faite. Il soupira en relevant les bras pour lui laisser plus de place.

- j’adore manger, toi tu manges pas assez, tu es trop maigre. On va manger.

Il ne pouvait pas la connaître avec sa forme, parce qu’elle avait vieilli depuis, et grandit, et grossit en maigrissant. Il était sur qu’il pourrait la porter à une main et sans effort … et lui n’avait qu’une force d’humain entrainé à faire du sport, pas de super pouvoir, ou si peu.

- L’hopital ? Plutôt mourir …. Et fais ce que tu as envie, il y a assez de choses pour en faire péter un compteur.

Il se releva doucement pour se retrouver assis sur le lit, puis debout alors qu’il fit un sourire à la jeune femme. Il fit un large sourire qui était amical, gentil, courtois et … emplit de nostalgie qu’elle ne pourrait voir que s’il avait raison, et il avait raison pour une fois.


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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2020-12-13, 09:25




Apprenons à éteindre



E
lle ne sait plus, elle-même, ce qui la retient de se jeter contre lui et de lui crier qu’il a raison. Peut-être parce qu’elle ne crie plus depuis longtemps, Peau d’âne, bloquée dans ses silences, dans ses regards qui disent tout tant ils sont pleins de vide, des ténèbres les plus sombres. Elle veut lui dire, pourtant, qu’elle est bien là, que c’est bien elle, devant lui, plus brisée, encore, qu’autrefois. Plus vilaine, plus sale que l’adolescente ramassée sur le trottoir. Perdue dans son propre mensonge, elle n’en fait rien. Elle essaie de se persuader, elle-même, qu’elle est ce qu’elle dit.

Pourtant, elle n’y arrive pas. Le dégoût au bout des doigts. Non pas pour lui, mais pour elle. Lui, qui n’en voudrait pas ? Elle, elle ne sait plus celle qu’elle doit être. Elle ne sait pas pourquoi elle ne se contente pas d’être elle, cette femme qu’Alec ne connaît pas, cette mère ratée, cette enfant bafouée, cette ancienne prostituée. La peur l’en empêche. La peur qu’il découvre, en elle, les traces de celle d’autrefois et qu’il s’inquiète de celle qu’elle est désormais. De ce qui a pu se passer, dans sa vie, pour qu’elle soit ainsi.

Lili ne veut pas lui avouer qu’elle a tué son bébé.

Alors, elle fait semblant. Elle caresse son visage de ses gestes doux et se donne de fausses envies qui picotent au bout de ses doigts. Il n’y croit pas. Le rire se plante entre eux et Alec repousse ses avances. La brune fronce à peine les sourcils, les lèvres pincées sur la vérité. Elle aurait préféré que cela marche, qu’elle n’ait pas à justifier tous ces mensonges qu’elle n’aime pas donner. Pourrait-il le comprendre ? La comprendre ? Elle ose croire que oui, mais elle ne sait plus vraiment.

À l’écouter se défendre d’elle, elle se demande s’il dit la vérité, si ses clientes sont si promptes à se dénigrer elles-mêmes, à comprendre si facilement qu’elles ne sont rien de plus qu’une poignée de dollars qui passe de main en main. Nahid sait que les siens aimaient se prendre pour quelque chose de plus, réclamer toujours un peu d’attention, même fausse, pour se croire amants, s’imaginer plus intéressants que le client précédent. Et cela a presque marché pour elle. Trompée par les beaux mots du favori, de celui qui caresse là où les autres frappent, demande quand d’autres ordonnent.

Elle s’est faite avoir par son amant.

« Ne puis-je pas être différente des autres ? Tu n’es pas en état de m’offrir quoi que ce soit, de quoi aurais-je dû profiter bien avant ? Tes clients t’aiment fort et entreprenant, pas blessé, aux portes de la mort. (Ses yeux noirs ont, cette fois, plus de vérité quand elle les relève sur Alec.) Mais si tu ne me crois pas, je peux toujours le devenir. »

Une idée qui ne l’a jamais traversée, mais qui s’impose presque comme une évidence. Liliann n’a pas besoin de ces choses-là, dans sa vie. Pourtant, elle ne peut nier un certain réconfort, dans les bras d’un homme comme lui, un homme qui n’a aucun désir pour elle, qui n’en aura jamais et qui se contentera de faire ce qu’elle lui demande, parce qu’elle aura agité un peu d’argent sous son nez. Ce qui la dégoûte, en vérité. Lili ne veut pas devenir ce genre de femmes, mais elle a, parfois, besoin de se réfugier contre quelqu’un qui ne la jugera pas, qui ne s’inquiétera pas, qui n’essaiera pas de lui dire ce qu’elle doit faire, qui se contentera de la serrer contre lui et d’attendre que l’orage passe.

« Tu ne sais pas ce que tu dis. »

Il ne sait pas, parce qu’il ne comprend pas. Il ne comprend pas ce qui se joue dans un esprit comme celui de Lili. Tous les souvenirs qui se mêlent, les culpabilités qui se mélangent, les mauvais sentiment qui ne font plus qu’un, une grosse boule énorme qui se coince au fond d’elle et pèse lourd, très lourd sur son cœur meurtri. Elle a besoin de se faire pardonner le mal qu’elle a fait à un homme qui a, sans le moindre doute, mérité plus que ce qu’elle n’a donné. Pourquoi doit-elle, toujours, faire du bien aux mauvais et du mal aux gentils ? Peau d’âne n’a jamais su. Elle ne saura jamais.

« Je ne suis pas maigre… souffla-t-elle, par-dessus l’épaule, en nouant son bandage. »

L’espace d’une poignée de secondes, Liliann s’est figée, les bras passés dans le dos d’Alec pour enrouler le bandage autour de son ventre. En apnée, elle se demande ce que cela veut dire, ce qu’elle doit comprendre. Puis les souvenirs d’un ventre rond l’agressent, lui donnent envie de passer une main sur son ventre plat, de crier face au vide qui s’empare de ce corps-là. Au manque, au fond d’elle. Mais elle reprend une grande inspiration et s’échappe à ce souvenir pour finir de nouer son bandage. Peu importe, au fond, la taille de Lilliann, son poids plume, son régime inquiétant. Ce n’est pas elle, le sujet de cette histoire, cela ne l’a jamais été.

Les mains tendues vers un homme qui décide de les ignorer pour se relever tout seul, Peau d’âne pince les lèvres et retient, difficilement, les larmes qui veulent la quitter une nouvelle fois. Elle se demande pourquoi il ne fait pas ce qu’elle dit, pourquoi il ne veut pas toucher cette peau sombre qu’elle tend vers lui. Elle y voit un signe de ce qu’elle doit faire, de ce qu’elle doit comprendre et se détourne du gigolo, désormais debout, qui ose lui sourire de ce sourire si gentil qu’elle appréciait, autrefois. Un sourire qu’elle met sur le compte de son métier pour s’extirper de la joie de le revoir, de l’avoir une seconde fois pour elle, alors qu’il vient de refuser ses mains, ses doigts crochus de sorcière.

« Je ferai ce que je trouverai, alors. Et si tu n’aimes pas, tu mangeras quand même. »

La brune ne sait pas comment elle fait un premier pas sans tomber, sans s’effondrer par terre, terrassée par l’inquiétude, le stress, le passé qui frappe son dos sans s’arrêter, qui broie ses entrailles et lui rappelle des cris qu’elle a donnés pour une vie sitôt volée. Elle fait ce pas, marque un temps d’arrêt, puis enchaîne sur les suivants sans se retourner. Elle aurait voulu prêter son épaule à Alec, l’aider à se rendre jusqu’à la cuisine, se poser sur une chaise, mais elle s’en va seule, sans le regarder. Elle a compris qu’elle doit garder ses distances, ne plus le toucher. Qu’il n’a jamais eu besoin de l’aide de Peau d’âne, la vilaine âme si noire que les ténèbres elles-mêmes n’en veulent pas.

« Assis-toi et parle-moi, exige-t-elle, d’une voix plus inquiète que véritablement autoritaire. Je veux savoir que tu ne te rendors pas. Il ne faut pas se rendormir, pas tout de suite. »

Elle le sait, la brune, parce qu’elle est déjà passée par là. À moindre mesure, certes, mais les choses sont les mêmes. Se relever est le plus dur, la suite vient plus facilement. Se traîner dans la cuisine, sortir de quoi manger, préparer le dîner, se forcer à avaler quelques bouchées. Elle a, sans cesse, répété ces choses-là, autrefois, et plus récemment, alors qu’elle n’était qu’une ombre qui passait de pièce en pièce sans plus savoir quoi faire de sa vie, à attendre, devant la porte d’entrée, qu’une petite tête brune passe le seuil.

« Je ne promets pas que ce sera bon, mais ce sera toujours mieux que l’hôpital. Reste tranquille le temps que je finisse. »

Liliann lève lentement les mains à son crâne pour relever, sur sa nuque, ses longs cheveux noirs. Puis elle se concentre sur ce qu’elle peut cuisiner, au plus rapidement de ses capacités, en penchant, de cette manière bien à elle qui lui colle à la peau depuis l’enfance, la tête pour présenter sa nuque aux mains autoritaires qui ont, parfois, serré sa gorge pour lui apprendre à ne plus être une mauvaise fille et se laisser faire. Une habitude qui a, sans doute, été celle de Nahid et de chacune de ses identités, qui ne l’a jamais quittée et ne la quittera jamais. Soumis jusqu’au creux de l’âme.


Alec Sacabeu
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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2020-12-15, 18:09




Apprenons à éteindre



A
lec observait la jeune femme comme il le pouvait. Il essayait toujours de voir un visage quand il ne pouvait comprendre une situation. Pour noter le visage et le retenir. Il n’y arrivait pas, bien sur, et comme un enfant qui veut se voir les yeux fermés, Alec continuait d’essayer. Il ne voulait pas voir tout le monde. Ses clientes, ou clients, ou les personnes qui l’avaient utilisés quand il était trop jeune … C’était des souvenirs qu’il voulait refuler … et il ne voulait certainement pas avoir l’occasion de « voir » ses personnes là. Mais la jeune femme à ses côtés, si, il voulait la voir. Il pouvait voir son visage, et le définir, le décrire… il voulait tout cela. Mais il ne pouvait pas …

Il avait encore envie de toucher la jeune femme. De toucher son visage, de sentir le contour de son être pour être au plus proche de la vérité… De la vérité qu’il ne connaissait pas encore réellement. Il pensait avoir raison. Il espérait avoir raison. Et pour le moment, il vivait est réagissait comme si tout avait été validé.

Donc la jeune femme inconnue devant lui était Nahid. Il validait une bonne fois pour toute ce fait et ne voulait plus l’enlever. C’était aussi pour cela qu’il repoussa ses avances, qu’il les mit dans un placard qu’il ne voulait plus ouvrir. Il ne comprenait pas pourquoi elle mentait, il ne comprenait pas pourquoi elle ne lui disait pas qui elle était.

Peut être avait elle honte de qui il était ? Et de leur relation ?

Ce n’était pas impossible. Il ne savait pas ce qui était advenu de la jeune femme ensuite… pour dire vrai, il pensait qu’elle n’existait pas comme ils se sont connus « à l’extérieur ». Il pensait qu’elle n’était qu’un délire de plus… mais non elle était là.

- Tu es différentes des autres, bien sur, mais je n’ai pas … l’impression…. La sensation … je ne sais pas.

Il ne pouvait pas lui dire de but en blanc « tu es Nahid » parce que déjà s’il se trompe il pourrait la faire fuir, et il n’en avait absolument aucune envie … Et puis … il ne savait pas encore pourquoi elle le cachait … S’il avaitt raison, ne risquait il pas de la faire fuir aussi ? Et même peut être même encore plus ?

- je ne sais pas, j’ai l’impression que n’est pas … normalement.

Il mettait pour le moment ça sur le compte de sa fatigue, il n’avait pas l’impression que … il ne savait pas … quelque chose clochait et ça le désarçonner … Il avait beau essayé d’utiliser sa petite tête, il y avait quelque chose qui l’arrêté.

- Peut être je ne sais pas.

« Tu ne sais pas ce que tu dis » Il avait en effet l’impression de ne plus savoir ce qu’il disait, et comment il devait dire les choses … cependant … il ne pouvait pas changer cela ainsi, il lui fallait du temps… Surtout parce que ne pas savoir aller le tuer … il avait envie de la prendre dans ses bras, d’être heureux de la retrouver, qu’elle soit réelle ! Il avait envie de sourire et de lui dire qu’il était content, vraiment… mais tant qu’il ne savait pas pourquoi, il ne pourrait pas faire ce pas. Parce qu’il ne voulait pas déranger une femme qui venait très certainement de lui sauver la vie.

- Tu l’es déjà trop. Je ne vois pas les visages, je ne peux juger les gens que sur leur « forme » deux trois kilos en plus ne te ferais pas de mal.

Il avait appris depuis le temps à voir les gens par le reste. Reconnaître une femme par un grain de beauté, ou une façon de parler. Reconnaître un homme par sa manière de se tenir, ou des cicatrices. La plupart du temps, la voix aussi était utile pour reconnaitre tout le monde. Mais les voix pouvaient changer, pouvaient se modifier selon le temps, l’état, l’envie, l’humeur, là où certaines choses étaient ancrés dans les personnes comme une pancarte la définissant … Comme le fait de se réveiller d’une manière bien particulière.

Alec était un abruti, ses pensées l’amenaient à se demander plein de chose, et il ne vit même pas les mains tendus. Il ne l’avait pas compris. Parce qu’il était trop en train de réfléchir … pour le moment en tout cas.

- je ne suis pas très difficile pour manger tu sais. Moi je mange ce que je trouve et j’aime presque tout.

Heureusement pour lui, en tant que pauvre personne, il n’avait pas d’allergie. Il pouvait tout manger toujours. Et il était vraiment pas difficile pour dire la vérité… Même des insectes il avait pu en manger à l’époque, et il pourrait le refaire sans soucis. Il ne voyait pas pourquoi il serait difficile. Puis … il avait la certitude étrange que la jeune femme savait cuisiner et qu’il allait se régaler … alors il ne pouvait que sourire en faisant un geste pour la suite. Il la suivit sans comprendre ce qu’il avait fait pour un tel changement de comportement … clairement elle n’était pas une cliente.

- Je m’assois et je parle.

Dit il en le faisant docilement et sans chercher à s’outrer de l’ordre donné. Il savait qu’elle ne voulait pas qu’il se rendorme, mais là tout de suite, il n’avait aucune idée de quoi dire, quoi faire, quoi imaginer pour combler le silence qui suivit sa phrase … peut être devrait il parler de …. Pas son travail … pas ses frères … pas son conte … mhhh….

- Je reste tranquille, promis, je cherche juste quoi dire.

Était il un gros mangeur ? Un cheval était un mangeur de foin, il ne savait pas la quantité lui, il l’a mangé à l’époque il ne comptait pas … mais il savait qu’en tant qu’humain, même si pas difficile pour un sous, pas plus que gourmand, il pouvait manger sans même avoir faim. Avaler les aliments était assez simple. Alors qu’il vu un autre mouvement … un vieux mouvement qui se transposa à un souvenir, il se mit à parler.

- j’ai connu une femme il y a très longtemps. Je l’aimais beaucoup. Elle était gentille mais aussi trop … comme moi je pense. Elle se laissait faire et acceptait tout ce que je lui demandais. Je ne suis même pas sur que le jour où j’ai du lui apprendre mon travail elle était majeure.

Il s’approcha doucement pour l’aider à sortir des choses et d’autres des placards … et aussi pour essayer de voir une réaction quand il se mettait à lui parler d’elle…puisque c’était ça qu’il essayait de faire. Il continua encore.

- Je l’aimais vraiment comme une amie. Puis il y a eu la fin de la malédiction, et comme je l’ai rencontré ailleurs, je ne pensais pas qu’elle puisse vivre ici. Mais je pense que tu l’as connu… je me demande juste, si elle qui a la capacité de me voir, ne viens pas me voir, ne me dit pas qui elle est… que penses tu que je dois en déduire alors ?

Il posa les yeux sur elle alors qu’il resta a une distance de sécurité pour ne pas … quoi ? La brusquer ? Très certainement oui. Il voulait comprendre.



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________________________________________ 2020-12-15, 20:33




Apprenons à éteindre



E
lle s’en veut, Peau d’âne, comme elle s’en est rarement voulue dans sa vie. Elle ne sait plus ce qu’elle doit faire, si elle doit continuer ses mensonges ou les laisser de côté, les envoyer bouler au loin pour lui dire que c’est bien elle, devant lui, qu’il ne se trompe pas. Liliann n’y arrive pas. Elle reste persuadée que son mensonge est la meilleure chose qui soit pour lui, pour elle. Pour qu’ils puissent se quitter sans s’être véritablement vus.

Quand il évoque la honte, elle ne sait pas comment elle fait pour tenir, pour ne pas répondre qu’il a tout faux, sur toute la ligne, qu’elle n’a jamais eu honte de lui et de ce qui a été eux, dans ses souvenirs. Ce n’est pas lui, le problème, cela ne l’a jamais été, au fond. Il est plus qu’elle ne le sera jamais. Il mérite tout ce qu’elle n’a pas eu. Elle aimerait le tirer de sa condition comme on l’a tirée de la sienne, lui assurer qu’elle peut lui donner tout ce qu’il veut pour avoir, enfin, la vie qu’il a toujours rêvée. Car elle veut croire que lui, à l’inverse d’elle, a des rêves.

Mais elle reste silencieuse, elle ne dit rien, elle regarde Alec qui essaie de se sortir de ses pensées, de retrouver le chemin dans le puzzle qu’elle lui offre sans le moindre remords. Ou presque. Elle sait que la culpabilité la bouffe jusqu’au creux des os et qu’elle aura bien du mal à s’en remettre. Si, un jour, Alec lui pardonne ses mensonges, elle ne se pardonnera jamais, elle. Elle le sait d’avance. Rien ne pourra jamais excuser ce qu’elle a fait, même si elle le fait pour lui, pour qu’il ne revoit plus, en elle, ce qu’il a vu autrefois.

Avec un peu de chance, beaucoup de déni, Alec finira par mettre cette histoire entière sur le compte de la fatigue, du délire de l’homme blessé, à deux doigts de mourir. Peut-être finira-t-il par croire qu’elle n’a jamais été vraiment là, comme une ombre que l’on imagine, au coin de la chambre, pour ne pas être seule avec ses démons. Peut-être oubliera-t-il tout ce qui est arrivé, dans cette ancienne écurie, avec une femme qu’il ne peut pas voir et qui joue avec lui. La vilenie au bout des doigts, bien incrustée dans sa peau, dans ses os. Peut-être, peut-être, peut-être. Elle n’en peut plus de tous ces peut-être, de la possibilité que rien de tout ceci n’arrive, que ses efforts volent en éclats et qu’elle se brise, avec eux, sur le sol de l’écurie.

Il ne sait toujours pas ce qu’il lui dit, alors qu’Alec lui assure que quelques kilos en trop ne lui ferait pas de mal. Il ne sait pas, non. Il ne peut pas savoir. Personne n’attend de Nahid qu’elle se soit gonflée au point d’exploser. Personne n’attend de Nahid qu’elle se soit déchirée en maternité. Personne n’attend de Nahid qu’elle ait pu tuer son bébé. Alors, non, il ne sait pas, mais Liliann ne veut plus grossir. Elle ne veut pas voir la graisse prendre la place d’une vie qui n’est plus là.

Mais elle n’en dit rien, elle se contente de passer à autre chose, aux mains qu’il n’a pas voulu prendre, à ce qu’elle pourra lui faire à manger, à ce qu’il pourrait vouloir manger, à ce qui est mieux quand on est blessé. Tant de pensées qui l’empêche de penser à autre chose, aux doigts de Béryl au creux des siens, aux sourires d’Alec qui la renvoient, sans cesse, des années en arrière, à peine habillée, prête à glisser les mains sur des corps qu’elle ne connaît pas. Elle ne veut plus imaginer toutes ces choses-là, car elle sait qu’elle finira par craquer, demander à Alec des choses qu’elle regrettera. Alors, elle n’y pense pas.

Elle pense à ce qu’elle voit, dans la cuisine. Elle pense à l’homme qui s’assoit sur une chaise, comme elle le lui a demandé et qui cherche un sujet à donner. Qu’y a-t-il à dire, à une femme comme elle ? Sûrement rien, aucun sujet qui ne vient titiller son esprit, rien qu’il n’ait envie de lui dire, de lui confier, pas même la couleur du ciel, le temps qu’il fait, s’il a mal ou sommeil. Il n’y a rien, parce qu’elle n’est rien et personne ne discute pour ne rien dire avec un mur ou une plante. Lili est encore moins utile qu’eux, alors elle comprend.

« Ce n’est pas grave, ne dis rien. Je regarderai que tu ne t’endormes pas, ça suffira. »

Ce qu’elle dit doucement, concentrée sur les placards qu’elle ouvre les uns après les autres, pour en sortir ce qui peut faire un repas intéressant. Même s’il dit pouvoir tout manger, Liliann ne veut rien faire de mauvais. Elle sait qu’elle en a les moyens, qu’elle n’est pas mauvaise cuisinière. Il lui faut juste se concentrer et, inconsciemment, baisser la tête de cette manière à elle, pour prouver celle qu’elle a toujours été : la fille soumise à son père qui a toujours dit oui, la strip-teaseuse qui ne peut que dire oui, la femme soumise à son mari qui a toujours dit oui aussi.

D’ailleurs, il ne faut guère plus qu’une mèche brune qui glisse dans sa nuque pour lui faire prendre conscience de sa position, pour la ramener loin en arrière, une main posée sur sa peau, les ongles enfoncés dans ses muscles. Elle inspire discrètement, Liliann, pour se sortir de son passé et se concentrer sur le présent. Elle ne doit pas plonger, continuer de ployer l’échine jusqu’à s’effondrer. Elle doit relever le menton, un peu, à peine, pour être certaine de garder la tête hors de l’eau et pouvoir continuer ce qu’elle fait.

Il trouve un sujet, mais les mots bloquent, un instant, Peau d’âne au-dessus de sa préparation. Elle reprend ses gestes calmement, dans sa lenteur à elle, avec la douceur qui la caractérise tant. Quand il se lève pour venir l’aider, elle n’est plus sûre de pouvoir tenir, de ne pas finir par craquer, à un moment donné. Elle voit bien qu’il la regarde et elle ne sait pas quoi faire. Elle a envie de lui dire qu’il a promis, qu’il n’a pas le droit de bouger, qu’il doit rester tranquille.

Elle se contente de lever les yeux vers lui.

« Peut-être qu’elle ne veut pas être ton amie ? »

Ses mots ne sont qu’un souffle qui lui échappe, à peine un frémissement entre ses lèvres brunes. Elle essaie de déglutir, Peau d’âne, de reprendre un grand bol d’air, mais elle n’y arrive pas. Elle reste bloquée sur le regard qu’il lui jette, sur ce qu’il essaie de percer, en elle, sur ce qu’elle ne sait plus comment retenir. Alors, elle craque.

« Je… (Sa gorge est sèche, tout son corps froid.) Je suis tellement désolée… »

Les larmes reviennent, alors que Nahid est rangée loin, très loin dans un placard qu’elle ne veut plus ouvrir. Liliann redevient Lili, l’affreuse Peau d’âne, celle qui ne peut plus mentir, celle qui ne veut pas mentir et se déteste pour tous ces mensonges donnés au premier homme qui ait été doux avec elle, sans aucune arrière-pensée. Au premier homme qu’elle ait aimé comme un ami, à qui elle n’a toujours voulu que du bien.

« Je ne veux pas que tu me regardes. Je ne suis plus celle que tu crois. (Elle renifle discrètement, les mains plaquées sur le visage pour ne pas montrer ses larmes.) Je ne savais pas que tu étais ici. Je jure que je l’ai appris en te croisant dans la rue, tout à l’heure. J’ai même cru que ce n’était pas toi. Tu ne dois rien en déduire du tout… »

Ou en déduire qu’elle a toujours été mauvaise, Peau d’âne, qu’elle n’a pas pu s’empêcher de mentir et qu’elle recommencerait à mentir, si l’occasion lui était donnée de le faire. Elle n’a jamais appris de ses erreurs, la brune.

« Tu peux me détester, c’est tout ce que je mérite. »

Ses mains échappent à son visage pour venir glisser sur sa capuche à poils. Elle hésite à la remettre, à se cacher dessous, à trouver le réconfort nécessaire dans son obscurité, comme s’il suffisait d’un grand manteau pour la protéger. Ce n’est pas le cas, ça ne l’a jamais été. Elle le sait, mais elle ne peut pas s’en empêcher. La seule chose qui l’empêche de se cacher est ses jambes qui tremblent, prêtes à flancher. Trop d’émotions, trop de stress, trop de tout, Liliann ne peut plus le supporter. Au moindre mouvement, elle risque de s’effondrer.


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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2021-01-05, 23:41




Apprenons à éteindre



A
lec n’était pas le genre à en vouloir à quiconque… il arrivait même à ne pas en vouloir à sa mère … mais ça c’était plus parce qu’il avait fini par ne plus ressentir son corps comme étant le sien, et à se détacher du respect qu’il aurait du avoir pour lui-même … Ce n’était donc pas bien qu’il pardonne à sa mère ce qu’il a eu à faire…. Ce qu’on lui a demandé à faire … ce qu’il a fait et qu’il est devenue naturel de faire pour lui… mais bien sur pour le moment, il ne le voyait pas ainsi. Pour lui son corps n’était qu’un outil pratique, et il n’avait aucun respect à avoir dessus, aucun autre intérêt que celui de se faire toucher et tripoter pour de l’argent. C’est tout. Et il pensait réellement que cela serait tout jusqu’à la fin de sa vie.

Donc, à cette question muette, la réponse était non. Alec n’avait pas de rêve, il ne savait pas ce qu’était un rêve. Il dormait pour dormir et se reposer pas pour faire des plans sur la comète. Il faisait ce qu’il fallait pour ses frères, et il n’avait aucune envie de faire autrement. Risquer la vie de ses frères ? Non. Jamais. Même si ses frères étaient maintenant des adultes, les deux étaient un peu des idiots de première … et jamais il ne pourrait les laisser, et sortir du cercle dans lequel il était mis.

En tout cas, c’était l’impression qu’il en avait … et qu’il en aurait peut être toujours. Il ne voulait pas se pencher sur son cas trop longtemps …Alors que la fausse inconnue à ses côtés avait ses propres blessures qu’il rouvrait sans le vouloir. Il ne voulait pas parler d’autres choses que des raisons qui la pousse à prendre tel ou tel choix … il ne comprenait pas réellement, il n’avait pas envie de juger. Il voulait juste pouvoir apaiser le cœur qu’il savait déjà lourd de toute cette histoire. Quand il avait dit ne rien vouloir dire, en réalité, c’était plus qu’il ne savait pas comment dire.

Alec était le genre à parler aux animaux, réellement, il parlait avec les animaux étant donné qu’il était un cheval avant … Donc il était un animal … et il pouvait leur parler, mais il lui arrivait aussi de parler à des choses qui ne répondraient jamais … comme le vent, comme le ciel, comme les plantes … C’était juste que là … là il avait à dire mais ne savait pas comment le dire… à sa place sur la chaise, en face de la jeune femme qu’il était sur d’avoir reconnu …

Il commença alors son histoire en essayant de trouver les mots, les termes, les expressions et les métaphores qu’il fallait pour lui dire sans lui dire … sans l’obliger à dire la vérité … si elle voulait continuer à mentir, alors il n’insistera pas plus … il n’avait pas envie de la mettre mal à l’aise .. mais si elle a besoin de ça pour parler, pour s’ouvrir à lui, alors elle pouvait prendre la grosse perche tendue. Alec réfléchit à la réponse de la jeune femme. Il se cala contre le plan de travail et observa un instant les trous que le plafond avait.

- Non. Elle n’est pas comme ça.

Il savait Nahid soumise, il l’avait vu … et il l’avait lui-même soumis plusieurs fois pour lui apprendre des choses que normalement on fait quand on est dans une intimité avec quelqu’un a qui on a confiance … Nahid est soumise … mais Nahid n’était pas non plus le genre … le genre à ne plus être son amie, et à lui mentir pour ça. Elle ne le ferait pas comme ça. Elle le ferait en s’excusant, peut être … certainement … mais pas en le manipulant sur son handicap pour en faire un mensonge et un outil pour elle … Non. Il y avait quelque chose d’autres et il ne trouvait pas.

Quand les larmes apparurent, Alec su qu’il avait raison. Nahid, elle faisait ça pour autre chose, pour une autre raison … pour quelque chose qu’il ne comprenait même pas lui-même mais qu’il savait être assez important pour prendre toute la place du cœur de son amie.

- Ne t’excuse pas, explique moi.

Il ne voulait pas d’excuser, parce qu’au fond, il n’avait pas besoin … et même si peut être il la taquinera un peu sur ça dans le futur (futur futur le temps qu’elle accepte que c’est une blague et pas un reproche camouflé) il ne penserait pas un jour lui en vouloir réellement. Il l’écouta doucement mais ne savait pas quoi faire pour la calmer… pouvait il la toucher ? Lui prendre ses mains et la porter contre son cœur.

- Tu es toujours celle que je crois. Il suffit de voir comment tu as fait attention à moi, à ce que je survive, et je sais que tu aurais sauvé toutes les personnes devant toi.

Il pouvait en déduire que Nahid avait toujours son grand cœur cachait sous toutes les barrières qu’elle avait dressé entre elle et le monde. Alec avait pu le sentir comme un coup de poignard dans le ventre… A chaque fois qu’il lui avait fait du mal, parce que c’était ainsi qu’il le voyait, il sentait cette lame s’enfonçait dans sa peau et vouloir retirer les choses qu’il avait pu garder « pures ».

- Arrête ton char, je ne peux pas te détester, ce n’est pas prêt d’arriver. Pas moi vivant en tout cas.

On pouvait dire tout ce qu’on veut de lui une fois qu’il sera mort … mais pour le moment, il ne l’était pas et il était hors de question que l’on considère un jour l’hypothèse qu’il puisse la détester. Alec était à sa portée… et il pouvait bien voir qu’elle était au bord de tomber, de chuter dans ce que l’on appelle presque … une crise de panique ? Peut être. Il n’en avait jamais vécu, on ne lui en avait que parler… parce que les femmes et les hommes parlent sur l’oreiller … et il avait appris à force de vivre entouré de personne qui avait besoin d’aide.

Alors il s’approcha, et il prit ses mains pour les mettre dans les siennes, et il la prit dans ses bras. Elle pouvait flancher, il la porterait pour la poser sur la chaise qu’il avait quitté. Elle pouvait tomber, il ne la laisserait pas toucher le sol. Il était là. Il était en vie. Et en plus il était réel. Si elle n’était pas belle la vie, il ne savait pas ce qu’il pourrait faire de plus.

Alors il la prit dans ses bras. Dans la tranquillité qui le connaissait si bien. Il la prise dans ses bras … et il se disait que peut être c’était une mauvaise idée que ce geste. Après tout, il considérait toujours lui l’avoir obligé à faire des choses qu’elle n’aurait jamais du faire … il considérait encore … Qu’il aurait du l’aider à l’époque… donner plus de sa personne pour qu’elle n’est plus à subir ce qu’elle avait du subir par son manque de courage, de force et du reste. Il aurait du faire en sorte de payer pour qu’elle sorte de ce moment dont il faisait toujours parti, bien avant qu’il ne parte.

Les faux souvenirs avaient amenés leur lot de culpabilité, et même s’ils étaient faux, lui ressentait les sentiments comme s’ils étaient vraies, et c’était tout ce qui compte. Il prit la jeune femme dans ses bras, et un de ses mains vient se poser sur sa tête pour caresser ses cheveux.

- Donc pour résumé, tu es bien celle que je crois, tu m’as reconnu, je te déteste pas et je ne compte pas te laisser t’en aller avec des idées bizarres dans la tête comme ça. Je pensais que tu n’existais pas non plus, alors je n’ai pas cherché. Ne t’en veux pas alors que j’ai fait la même chose d’accord.

Il se recula juste à peine pour pouvoir voir son visage tout plein de larmes. Il voulait qu’elle puisse voir dans ses yeux la vérité qu’il ne cachait même plus. Il voulait pouvoir lui montrer et qu’elle comprenne qu’ils étaient pareils non ?


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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2021-01-12, 20:11




Apprenons à éteindre



L’
assurance d’Alec, au fond, lui fait un peu mal. Elle sait qu’il a raison, mais elle ne comprend pas ce qui le pousse à le croire. Elle et lui n’ont été que vaguement amis, attachés l’un à l’autre par un métier que personne ne leur envie. Il ne voulait pas faire ce qu’il a dû lui faire, alors même qu’elle s’en fichait, qu’elle continue de n’en avoir rien à faire et qu’elle n’en aura jamais rien à faire de sa vie. À l’époque, Nahid n’était qu’une coquille vide, un corps offert au bon vouloir des autres. Sa conscience était rejetée loin, très loin dans un coin sombre de l’esprit, pour ne plus être que spectatrice de sa propre vie. Elle était là sans l’être vraiment, modulée et modulable à l’image des désirs des autres. Elle faisait ce qu’ils avaient envie qu’elle fasse, sans se plaindre, sans poser de question, sans jamais un mot de trop.

Pourtant, de cette époque sombre, bien trop claire, à ses souvenirs persistants, aussi nets que le présent, Nahid ne garde, de son collègue, aucun mauvais sentiment. Elle a l’impression qu’il a toujours été gentil, contrôlé comme elle, marionnette qui ne sait plus comment tirer sur ses propres fils, tendre la main parce qu’il en a envie, pas parce qu’on le lui dit. Nahid a vu, en lui, un reflet de ce qu’elle était, de ce qu’elle s’empressait de devenir pour ne plus penser aux drames de sa vie. Un pantin dont elle n’a qu’effleuré les liens, sans oser les toucher, sans pouvoir les couper, consciente que ce n’était pas son rôle et que ce ne le serait jamais. Nahid n’est pas une princesse héroïque.

Il a besoin d’une autre personne, dans sa vie, pour lui faire comprendre qu’il ne doit pas continuer ainsi. Elle, elle n’est qu’un reflet dans le miroir, un reflet que l’on explose, du poing, pour ne plus le voir. Elle n’inspire pas le bien, seulement la douleur, la tristesse, le désespoir. C’est pour cela qu’elle l’a laissé partir, sans rien dire, à lever une main amicale pour lui dire adieu, et non pas au revoir. Parce qu’elle ne l’a jamais aidé à faire face à sa condition, elle ne l’a que trop précipité dans ses tourments, toujours plus loin dans ses propres abysses.

Et, après tout cela, il continue de croire qu’elle n’est pas comme cela.

Que sait-il d’elle, au fond ? Lili se le demande, soudain, en apnée, sans plus savoir de quelle manière respirer. Nahid n’a été qu’une carapace, une actrice jetée sur une scène qui n’est pas faite pour elle, une jeune femme bien trop jeune pour savoir ce qu’elle savait déjà. Elle s’est réfugiée dans cette personnalité, dans cette autre elle qui n’était plus personne, qui n’était plus vraiment elle. Alors, que sait-il d’elle ? Que croit-il savoir de la femme qu’elle était ? de ce qu’elle est prête à faire pour sa survie ? pour celle des autres ?

Car, au fond, Liliann se sent capable de le lui dire, de relever ses yeux noirs vers lui, de le fixer sans détourner le regard et d’avouer, aussi clairement que possible, qu’elle ne veut pas être son amie. Elle est prête à ce mensonge, comme tous les autres de sa vie, pour qu’il la quitte, qu’il l’abandonne à son sort et qu’il cesse de voir, en elle, le malheur de sa propre vie. Peau d’âne n’est qu’une tache dans l’entourage d’Alec, une ombre désagréable qu’il ne pourra pas repousser, qu’il ne pourra pas, non plus, attraper. Elle, à ses côtés, il ne pourra plus sourire, se redresser, prendre conscience de ce qu’il devrait faire, de ce qu’il mérite.

Elle n’est pas sa princesse.
Tout comme il n’a pas été son prince.
Elle est le dragon qui le garde emprisonné dans sa tour.

Il lui dit de ne pas s’excuser, de lui expliquer, mais Lili ne sait rien faire d’autre. Elle les profère les unes après les autres, balbutie dans les poils de l’âne qu’elle a tué, pour sa survie. Qui est-elle pour se tenir, là, devant lui, au milieu de l’ancienne écurie, à décider de la vie et la mort de celui qu’elle aurait aimé avoir pour ami ? Du premier homme qui ait, un jour, posé les yeux sur elle sans voir sa laideur, glissé les doigts sur sa peau sans en sentir la crasse, débarrassée du poids de l’animal mort, sur ses épaules.

Les mains plaquées sur son visage pour disparaître, pour qu’il ne la voit pas, vaine précaution pour un homme qui ne l’a jamais vue, Liliann ne sait plus ce qu’elle doit faire, ce qu’elle doit dire. Qui croit-il qu’elle est ? Qui croit-il avoir devant lui ? Qu’a-t-elle fait de bien, dans cette autre vie qu’ils ont partagée ? Nahid a exigé de lui ce qu’elle n’aurait jamais dû lui arracher, contre son gré, tous les deux poussés par le besoin de travailler, d’exister, ne serait-ce qu’un peu, entre d’autres bras, contre d’autres poings.

« Je n’ai jamais été quelqu’un de bien, souffle-t-elle, entre ses larmes silencieuses. »

La pure vérité, offerte comme elle la pense, comme elle l’a toujours pensée. Il ne sait pas tout ce qu’elle a fait, de mal, dans ses vies, Lili. Tout ce qu’elle a été prête à faire pour survivre, tout ce qu’elle sera, sûrement, prête à faire pour que cela continue ainsi. Mais il ne veut pas la détester, Alec, et Liliann ne sait plus ce qu’elle doit faire pour qu’il change d’avis, pour qu’il la repousse un grand coup et lui dise de disparaître. Elle a menti, elle l’a blessé, que mérite-t-elle si ce n’est du mépris ?

Puis la chaleur de son ami vient caresser Peau d’âne qui n’a pas le temps de relever la tête que les bras se referment dans son dos. Elle inspire longuement, expire tout l’air de ses poumons et glisse, elle-même, ses mains sur la peau nue du blessé. Par précaution, toujours, parce qu’elle ne changera jamais, Liliann s’arrange pour ne pas toucher son côté blessé, pour qu’il ne la sente même pas, contre lui, qu’elle ne soit qu’une plume, une impression fugace, un souvenir qui s’estompera à l’instant où il s’écartera pour oublier la chose si laide qu’il a prise dans ses bras.

Le contact de son ami, lui, désintéressé, seulement mu par un besoin de lui assurer qu’il est bien là, devant elle, qu’elle doit cesser de pleurer, qu’il ne lui en voudra jamais, insuffle un vent de réconfort, dans le cœur de la brune. Elle sent qu’une seconde de plus aurait suffi à la faire flancher, à la déposer sur le sol de la cuisine, incapable de lutter contre les tremblements de ses jambes, contre la culpabilité qui frappe, frappe, et frappe encore sur sa nuque. Mais Alec la soutient, la récupère avant qu’elle ne flanche et Liliann s’accroche à lui comme elle s’est rarement accrochée à quelqu’un.

Parce qu’il est elle. Parce qu’elle est lui. Parce qu’elle aimerait, enfin, trouver la personne qui pourrait le tirer de sa vie, lui ouvrir les yeux sur la vérité, sur le besoin de s’extirper de celui qu’il croit être, mais qu’il n’a jamais été. Comme une double personnalité, comme Nahid, qui a évincé l’autre et le garde quelque part, tout au fond de lui, bien caché du monde entier. Mais Liliann sait qu’il est là, qu’il attend d’être délivré. Tout comme elle a été sauvée d’elle-même, par une main mauvaise, mais une main tout de même.

Comme elle l’a toujours fait, avec lui, avec d’autres, aussi, alors que l’étreinte était pensée pour la réconforter elle, Liliann inverse la tendance, elle prend le dessus pour retourner son câlin sur lui, pour que la chaleur d’Alec ne se perde pas dans le corps froid de Peau d’âne, mais qu’elle revienne à lui. Subtilement, sans lui demander son avis, avant même qu’il ne puisse véritablement s’en rendre compte, Lili prend l’ascendant, s’extirpe de la main réconfortante, posée sur ses cheveux noirs, pour glisser ses propres doigts sur les joues d’Alec, prendre juste assez de distance, à peine quelques centimètres, pour le regarder doucement. Sur son visage à elle, les larmes se sont taries, il ne reste qu’un petit sourire, ces sourires bien à elle, emplis d’affection et de tristesse, comme l’ombre de ce qu’ils furent, autrefois, alors que de petits doigts se glissaient entre les siens.

« Tu n’as rien fait de mal. Ni hier, ni aujourd’hui. Demain sera pareil. (Ses longs doigts fins glissent sur les mèches sombres de son ancien collègue, essaient de remettre un peu d’ordre avec sa douceur habituelle.) Il y a quelqu’un de bon, au fond de toi. Quelqu’un qui mérite mieux que ce qu’il a eu, jusque là. J’espère, qu’un jour, il le comprendra. »

Tout comme elle l’a compris, le jour où son ventre s’est gonflé de joie, d’amour, d’une possibilité qu’elle n’avait, jusqu’alors, jamais envisagée. Nahid n’était pas faite pour être mère. Anahis ne voulait pas le devenir, la peur au creux du cœur. Liliann en est sortie grandie, pleine, enfin complète. Jusqu’à ce qu’on lui arrache la dernière pièce de son puzzle, la seule pièce qui eut un tant soit peu d’importance, dans ses vies. La seule qu’elle aurait dû défendre bec et ongles, sans laisser personne la lui enlever.

« Ne me contredis pas, exige-t-elle, soudain, tout bas. »

Elle ne veut pas l’entendre nier comme elle a toujours nié, elle-même. De cette façon bien à eux de rejeter les autres, de rejeter le monde, de se rejeter eux-mêmes. Ils sont trop pareils et Liliann ne veut pas s’affronter elle-même, comprendre ce qu’elle est, pour les autres, le mal qu’elle leur fait, parfois consciemment, sans jamais savoir comment se le pardonner.

« Tu es le plus doux des hommes que j’ai connus. Ne t’en veux pas. Tu ne m’as rien fait que je n’ai pas voulu, je te le jure. (Elle se pare d’un nouveau sourire, à peine un frémissement sur ses lèvres sombres.) Je crois même que j’avais un petit faible pour toi, alors, tu vois, tu ne m’as rien fait de mal. »

Ce qu’elle avoue dans un souffle, en effectuant une légère pression, sur la nuque d’Alec, pour le forcer à se pencher vers elle, à approcher son visage du sien. Elle n’a besoin que d’une poignée de centimètres, une poussée légère, exigeante, pour que Peau d’âne pose ses lèvres sur le front de son ancien collègue. De celui qu’elle a estimé plus qu’elle ne s’estimera jamais elle-même. De celui qui, au final, elle le sent, se déteste et s’en veut plus qu’elle ne le fait, elle. Contact doux, maternel, comme Liliann sait le faire pour ceux qu’elle aime, ceux qu’elle a échoué à protéger de son influence néfaste, ceux qu’elle essaie, au moins, de protéger d’eux-mêmes.

« Mon vrai nom, c’est Liliann, mais on m’appelle plus souvent Lili, avoue-t-elle, finalement. »

Sans le forcer, elle invite Alec à poser sa tête sur son épaule ou contre son sein, pour le serrer contre elle et lui faire comprendre que tout va bien, que tout ira bien, désormais, qu’ils peuvent avancer. Au moins pour lui, pour qu’il ne se sente plus coupable de crimes qu’il n’a pas commis.


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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2021-02-07, 16:02




Apprenons à éteindre



A
lec savait que le monde était souvent trop illogique pour essayer de le comprendre. On pouvait être amené à côtoyer une personne pendant des années, mais n’avoir qu’un attachement feint avec cette personne … et ne côtoyait quelqu’un que quelque temps, et dans des souvenirs qui ne sont même pas réels, et pourtant y tenir bien plus. C’était ce qui lui arrivait avec Liliann, pour dire la vérité. Un attachement qu’il n’avait pas forcément compris, mais qu’il avait su ressentir. Il se souvenait assez bien de l’arrivée de la jeune femme. Il ne se souvenait pas de son visage, mais il pouvait dire le reste sans soucis. Il se souvenait assez bien de tout ce qui faisait sa personne. Sa manière d’accepter, de dire oui, de la laisser faire, et une partie de lui voulait s’énerver de ce souvenir, s’agacer, se punir pour ce qu’il avait fait. Et une autre savait qu’il s’était connu comme ça, et que c’était ainsi. Même s’il devait se prendre la réalité dans la tête, elle ne changerait pas en la niant. Alors il avait arrêté de faire du déni et avec accepter qu’il avait connu en la jeune femme un écho de lui-même.

Malgré leur passé commun assez proche, Alec n’avait jamais pensé une seconde à « être sauver » de ce qu’il était. Il l’était depuis aussi longtemps qu’il pouvait s’en souvenir, pousser par une mère qui voulait de lui de l’argent de son corps, comme elle en avait perdu à cause de sa grossesse. Bref, Alec savait qu’il avait été propulsé dans ce monde, et dans ce métier, sans même savoir le reste. Il avait toujours trouvé ça à la limite de la normalité de vendre son corps pour de l’argent.

Il ne pouvait pas voir Liliann comme « une tâche » dans sa vie. Sa vie était bien trop sombre. Une tâche ne pourrait pas se voir à travers la noirceur et la tristesse qui le traversait sans cesse…. Cependant, elle pouvait être un point, une zone de lumière dans les ténèbres. Elle avait été après tout la première à essayer de lui montrer « un autre monde ». La première pour qui, quand il observait son monde, se disait qu’elle ne devrait pas être là. Il était maintenant persuadé qu’à l’époque, elle n’avait pas l’âge de se faire toucher, pas encore, peut être à la limite. Mais elle n’avait pas eu l’âge, comme lui, et cette ressemblance de plus lui donner encore plus l’impression qu’elle permettait de mettre « quelque chose » dans son monde de tâche et de passé.

Il avait même l’impression de mettre un sourire sur un visage. Il ne pouvait pas reconnaitre le visage de Liliann, mais il avait l’impression qu’il pouvait le sentir. Sentir comme toujours sa gentillesse, et cette douleur qu’elle porte sur son dos. C’était peut être ça qui l’avait chamboulé à l’époque. Il ne pouvait pas le certifier. Et sa phrase arrêta son esprit. Il observa la jeune femme, cette manière qu’elle avait de vouloir se « cacher »… Il l’observa.

- Moi non plus. Cela ne fait il pas de nous les personnes parfaites pour être des amis ?

Il avait dit cela avec toute la vérité qu’il pouvait avoir dans le ton. Il ne pensait pas que la jeune femme soit une personne « pas bien »… mais il se doutait que lui aussi ne se sentait pas réellement comme une personne méritant le bien… Alors deux personnes qui avaient ce sentiment, cette certitude, ne pouvaient être qu’amies. Liliann aussi ignorait une partie de la vie d’Alec. Des choses qu’il a acceptaient de faire, des choses qu’il a vendues, il y avait certainement des choses qu’il avait oublié depuis le temps.

Alors il la prit dans ses bras. Il la prit dans ses bras, et la collant contre son corps. Si beaucoup avait été arrêté par sa nudité, lui ce n’était pas le cas, et il prenait juste le câlin comme il venait, et il savait que cela pourrait aider la jeune femme à se détendre… ou en tout cas il l’espérait. Elle ne devait pas être si tendu avec lui. Il n’avait jamais été le genre à vouloir mettre mal à l’aise quiconque, il n’allait pas commencer avec elle.

Il arrivait à sentir, à comprendre, certains sentiments qui animaient la jeune femme. Il voulait l’aider à les contenir, à les comprendre, à les apaiser. Il voulait être utile à la jeune femme. Il n’avait plus d’obligation. Il n’avait plus à la toucher comme il avait pu le faire. Ce n’était plus son boulot. Il pouvait alors l’aider avec son corps, pour un câlin. Quand elle voulu lui « rendre » Alec regarda la jeune femme, sa proximité. Il sourit. Elle était une femme tellement douce, même en cet instant. Même avec lui. Il voulait vraiment qu’elle n’ait plus honte, et qu’elle ne pleure plus sur ce passé qu’il connait pourtant.

- Je vais peut être me répéter, mais je pense que nous sommes deux alors. Tu mérites mieux que ce que tu as eu. Je ne peux comprendre, comme toi tu as du mal à comprendre non ?

Après tout, ils étaient pareils de tellement de manière qu’il ne pouvait croire que leur réflexion n’était pas un peu les mêmes. Il ne voulait pas que la jeune femme puisse avoir les mêmes ombres que lui dans son âme, il voulait l’aider, et qu’elle comprenne qu’elle n’était aucunement une mauvaise personne comme elle le pensait.

- Je ne te contredis pas, j’apporte des informations complémentaires.

Il dit un sourire entendu. Il ne voulait pas réellement la contredire … parce qu’il savait que la jeune femme avait, elle aussi, son passé qui l’empêche de voir toute sa vie de manière objective. Comme lui, il ne pouvait pas voir sa vie objectivement. Il ne pouvait pas comprendre ce qu’il méritait réellement ou non. Il ne pouvait pas tout comprendre.

- Le plus doux ?

Il fut surpris… il se définissait de bien des manières, mais pas doux. Ce n’était même pas le 545789 éme mots qu’il aurait utilisé pour se définir. Pas du tout même. Mais si lui était « le plus doux » il n’avait même pas envie de réfléchir aux autres. Si lui était le plus doux, les autres, qu’étaient-ils ? Il ne voulait pas y penser, mais son esprit fit un petit moment de remise à jour. La suite le fit fronçait les sourcils.

- Un petit faible pour moi ? Comme …. Un faible ?

Il était surpris. Oui, il était clairement. Il ne pensait pas qu’un jour, dans ce monde ou dans l’autre, il pouvait y avoir une personne qui l’aime… lui. Une personne qui est un faible pour lui. Il ne pensait pas que cela soit possible. Il ne comprenait d’ailleurs que mal ce principe. Une personne dont il aurait envie de donner son corps sans argent ? Une personne qu’il toucherait –sexuellement parlant- par envie, désir ? Il avait un peu de mal à comprendre … Mais il pouvait être sur d’une chose, il avait été le pire choix pour avoir un faible dessus. Il ne l’avait pas aidé, il ne l’avait pas sauvé, il aurait du, et il le savait. Il savait qu’elle avait eu une autre vie …. Quelqu’un était devenu son sauveur ? La sortant de cette vie qui avait été la leur ? Mais …. Ce n’était pas lui. Et comme il pensait qu’elle disait la vérité, il se demandait qui avait plus la sauver, et la douceur qu’il avait pu y mettre.

Et quand elle le touchait ainsi, il avait l’impression d’un geste … maternel … Alors qu’elle avait eu un faible pour lui. Doucement, il prit sa main dans la sienne et lui fit un sourire. Il n’avait jamais eu de mère. Il n’avait jamais eu la version « normale » de la mère… alors il ne voulait pas que Liliann réagisse avec lui comme si c’était un enfant. Il n’était pas un enfant, encore moins son enfant. Il préféré rester sur l’information qu’elle avait un faible pour lui.

- Lili. J’aime bien ce prénom. Je suis toujours Alec. Alec Sacabeu, je ne sais pas si je t’ai un jour dit mon nom de famille.

Et il fit le câlin oui, mais pas comme un père faisant un câlin à un enfant, ou pas comme une mère faisait un câlin à son enfant. Non il la prit dans ses bras comme un adulte enlaçant une adulte…. Il n’avait pas envie de faire autrement. Il resta ainsi un petit moment avant de reprendre la parole.

- Je ne sais pas si je te l’avais dit aussi, mais à l’époque je vivais avec mes deux frères, qui sont toujours là, à l’heure actuelle. Ils sont … certainement en train de faire n’importe quoi quelque part. Mais je leur dirait que tu peux venir autant de fois que tu veux me voir, ça serait un véritable plaisir.


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Apprenons à éteindre (Liliann) - Page 2 _



________________________________________ 2021-02-09, 07:53




Apprenons à éteindre



A
mis. Le mot se pose entre eux et elle l’attrape au vol, dans une grande inspiration, pour se gorger de sa force et essayer d’y croire, elle aussi. Peuvent-ils devenir amis ? Au fond, elle en a envie. Elle veut croire qu’elle peut retrouver la proximité d’Alec, chercher dans son regard quelque chose qu’elle a tant cherché, ailleurs, comme une lueur qui n’existe que pour les gens comme elle, comme eux. Une chose qu’elle ne veut pas retrouver ailleurs, pour ce que cela implique, pour les sens-entendus, cachés derrière. Elle a envie de croire qu’elle peut revenir lui tendre la main, l’aider à surmonter tout ce qu’il s’est passé, dans les souvenirs que l’on a écrits pour eux. Des souvenirs qu’elle ne veut pas échanger, dont elle ne veut pas se débarrasser. Il a été un allié, une main amicale dans ses jours les plus sombres, une petite étoile qui brillait assez fort pour qu’elle ne puisse pas se perdre et continuer d’avancer. Cela n’a peut-être pas duré longtemps, mais cela a été suffisant.

Elle a, pourtant, très envie qu’il lui dise non, qu’il la force à le regarder et à faire face à sa culpabilité, au mal qu’elle a fait. Pourquoi lui mentir, à lui aussi ? Pourquoi chercher à le fuir, en vérité ? Les réponses sont là, au creux de son esprit, bien au chaud, dissimulées aux yeux de celui qui fut son mentor, pour qu’il ne s’effraie pas de ce qu’elle est devenue. Liliann veut s’enfoncer un peu plus dans son égoïsme, croire qu’elle peut garder ses secrets pour elle, le tenir loin de ce qu’elle est, revoir, peut-être, dans son regard et ses sourires, ce qu’elle y a vus, autrefois. Alors que si elle avoue tout… Pourra-t-il, lui, comprendre qu’elle est coupable et la condamner ? Lui, parmi tous les autres, lui a toujours semblé être le seul à pouvoir savoir ce qui bouillonnait, dans son esprit, quand elle-même n’y pensait plus. Parce qu’ils sont semblables, au fond. Parce qu’ils ont les mêmes taches sur l’âme.

Celle de Peau d’âne est plus grande, plus sombre que la sienne, désormais.

Il ne sait pas. Il ne sait pas ce qu’il dit. Il ne sait pas ce qu’elle a fait. Il ne sait pas et elle sait, elle, comment y remédier. Elle sait qu’elle doit y remédier. Les mots sont, néanmoins, bloqués au fond de sa gorge. Elle ne sait plus par où elle doit commencer, comment lui avouer ce qu’il s’est passé pour qu’il comprenne, au final, qu’elle a eu beaucoup plus que ce qu’elle méritait, qu’elle a tout eu et qu’elle a tout laissé lui échapper. La vilaine princesse, sous sa peau d’âne, ne mérite plus rien que la solitude qui lui va si mal, plus rien que le mépris de ceux qui ne veulent pas le lui donner, plus rien du tout. Elle a presque envie de retourner à son errance, de se perdre dans sa tête, sous son manteau, de disparaître. Pour ne plus entendre qu’elle ment, qu’elle doit cesser de faire ceci, de penser cela. Lili a très envie qu’on lui dise oui, tu es fautive, tu l’as tuée, tu ne méritais pas ton Bébé.

« J’ai eu plus que ce que je méritais, crois-moi. J’ai du mal à comprendre qu’on ose encore me donner ce que je ne mérite pas, même après avoir avoué. »

Avouer son crime le plus terrible, celui qu’elle n’a pourtant pas commis, mais dont elle s’est toujours persuadée d’être coupable, jusqu’à le crier au visage de ceux qu’elle a, un jour, osé aimer. Mais ils ne se détournent pas comme elle l’a pensé, ils ne la regardent pas comme l’âme mauvaise qu’elle pense être, ils ne la rejettent pas. Ils continuent de lui tendre les doigts et elle ne comprend pas. Elle ne veut pas comprendre. Liliann ne veut pas imaginer qu’elle ait le droit à un peu de bonheur, d’amitié, maintenant que sa fille lui a été enlevée. Elle a l’impression de faire mal, de la trahir, de faire comme si elle n’a pas existé.

Elle ne sait pas encore comment le lui dire, Peau d’âne, alors elle garde le silence sur ce qu’elle a fait, sur les doigts qu’elle a attrapés quand Alec a quitté sa proximité. Au fond, Liliann a toujours eu besoin de quelqu’un, d’un ancrage, d’un bout de bois auquel se raccrocher en plein naufrage. Ben et Maru ont été les premiers, son frère adoptif a été le deuxième, puis Alec, son mari, Béryl, Hiko, et le vide. Le néant dans lequel elle a sauté en pensant pouvoir gérer, vivre avec le poids de son âme viciée, faire un pas devant l’autre sans sombrer, sans avoir besoin d’une main pour l’aider à se relever.

Pourtant, elle est revenue au point de départ.

La surprise n’échappe pas à Liliann qui sourit tristement. Ses yeux noirs quittent le visage d’Alec pour se perdre dans la cuisine, dans les souvenirs d’autres vies. Il ne veut pas le croire, mais elle ne ment pas. Elle ne lui ment plus. Elle sait pourquoi il ne veut pas y croire, mais au fond, Alec n’a jamais su ce qui a poussé une fille comme elle à finir dans une rue, à traîner sous les ponts et accepter un job du premier inconnu. Sans s’inquiéter des conséquences, de ce qui devait être fait pour être payée. Certes, son mari n’a jamais été violent, mais il y a toujours eu quelque chose de plus tendre, chez Alec. Quelque chose qui l’a mise à l’aise dès le début, qui lui a susurré à l’oreille qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’il n’était pas là pour lui faire de mal et qu’elle se devait, elle, en échange, d’essayer de lui faire oublier le reste. Ce qu’elle n’a pas réussi à faire.

« C’est, sûrement, ce qu’il y a de plus doux, chez toi. Cette manière que tu as de ne pas savoir ce que tu es, ce que tu vaux. Il y a tant de choses, dans ton regard, que tu ne comprends pas, que tu ne soupçonnes pas. »

Elle sourit un peu, la brune, ses iris noirs levés vers les siens, sans avoir peur de ce qu’il peut voir, lui, sur son visage. C’est peut-être cela, au fond, dans un égoïsme bien à elle, qui l’a le plus attirée, chez lui. Elle a, en tout cas, envie de lui faire croire qu’il ne s’agit que de cela, du désintérêt qu’il a eu pour elle, comme un défi, une chose impossible à avoir que l’on a, pourtant, très envie d’obtenir. Sauf qu’elle ne veut plus mentir. Et quand il fronce les sourcils, ainsi, sur ce qu’elle lui avoue avec un petit sourire, cela lui fait mal, à Peau d’âne. Non pas pour elle, pour ce qu’elle savait déjà de l’intérêt qu’il n’a pas eu pour elle, mais bien pour lui, pour ce que cela sous-entend, pour le murmure qui se pose dans son oreille, lui indique qu’elle ne peut que le comprendre. Au fond, elle aurait réagi pareil, s’il avait avoué la même chose qu’elle.

« Un faible, oui. Comme un besoin de te chercher du regard, quand tu n’étais pas là, une envie de te toucher quand tu passais près de moi, de t’entendre rire aux éclats comme si le reste n’existait pas. Ton sourire. (Elle glisse un pouce de la commissure de ses lèvres à son oreille.) C’est ce qui m’a le plus plu, je crois. Que tu arrives à avoir un si beau sourire malgré tout. Ne m’en veux pas. J’étais jeune. Ce sont des choses qui arrivent souvent quand une adolescente croise quelqu’un comme toi. »

Elle sait, au fond, qu’il ne comprend pas et qu’il ne comprendra toujours pas, peut-être. Elle a envie, pourtant, qu’il comprenne à quel point cela l’a aidée, de quelle façon cela lui a permis de tenir, de continuer à dresser le dos et ne pas tomber. Un faible qu’elle range, désormais, dans les souvenirs si nets qui sont les siens, mais qui ne sont plus sa vérité, seulement une douce nostalgie qu’elle ose difficilement se permettre. Quelque chose de doux, de presque innocent, qui s’est installé entre elle et lui malgré leurs vies, malgré ce qu’ils ont dû faire, ce qu’elle a regretté seulement pour le mal que cela lui a fait, à lui. Un faible qui ne l’empêche pas, aujourd’hui, d’avoir des gestes tendres, pour lui, de vouloir lui donner la chaleur et la douceur de la mère qu’elle a un jour été, qu’elle continue d’être, à sa façon un peu cassée. Mais il n’en veut pas. Il bloque ses doigts entre les siens et sourit. Ce petit sourire qui ne l’a pas quitté, malgré les années, malgré les mensonges qu’elle lui a donnés. Malgré le désintérêt de Peau d’âne pour sa vie, il reste un peu de Nahid, au fond d’elle, qui a envie de sourire aussi.

« Alec Sacabeu, répète-elle, doucement. Liliann Poe, enchantée. »

Lili échappe un pouffement, à peine un souffle chaud, entre ses lèvres sombres, qui trahit l’étrangeté de leur situation. Mais elle n’a pas le temps de le dire, de rejeter tout ceci d’un revers de main, dans un déni tout à elle, de donner une légèreté qui n’existe pas à cette étrange situation, qu’Alec accepte le câlin qu’elle veut lui donner. Ou, du moins, en donne-t-il l’impression, pour quelques secondes, avant que ses bras se referment dans le dos de Liliann autrement de la façon dont elle l’imaginait, elle.

Au fond, elle ne savait pas à quel pont elle en avait besoin avant qu’il ne la serre contre elle, non pas comme la mère qu’elle veut être pour tout le monde, pour rassurer ceux à qui elle veut du bien, mais comme une femme, une amie qui a besoin de soutien. Peut-être est-ce pour se préserver elle-même qu’elle ne peut, habituellement, pas s’empêcher de se donner des gestes maternels, des envies de protéger les autres en s’oubliant elle-même. Elle n’en doute pas, Liliann. Elle sait que, sinon, elle peut flancher, exploser pour de bon, ne plus savoir de quelle façon recoller les morceaux, ses morceaux. Mais elle ne doit pas sombrer. Alors, elle se raccroche plus fort à lui, trouve une force insoupçonnée au creux de ses bras. Une force qui lui crie de tout avouer, de recommencer là où il s’est arrêté, pour qu’il comprenne, sans doute, pourquoi elle est plus triste qu’avant, plus qu’une simple ombre qui ondule au coin de sa propre vie, sans plus savoir de quelle façon reprendre consistance. Pour qu’il comprenne pourquoi elle n’en a même plus envie. Pourquoi il est trop tard pour elle et, surtout, pourquoi il est grand-temps pour lui de faire ce qu’il veut de sa vie, lui et lui seul, sans plus s’inquiéter de ce que les autres ont voulu pour lui.

« Je serais ravie de faire leur connaissance et de venir aussi souvent que tu voudras bien de moi, dans les parages. »

Mais elle fuit. Elle fuit car elle ne sait pas comment lui dire qu’elle a été assez bête, ou méchante, ou les deux, peut-être, pour se marier à un homme qu’elle n’a jamais vraiment aimé, qui ne l’a, sûrement, jamais aimée non plus.

Au fond, elle est, peut-être, un peu jalouse. Une jalousie qu’elle n’a jamais connue, qui ne l’a jamais traversée, jusqu’à aujourd’hui, qui s’impose désormais à elle comme la seule vérité. Est-ce seulement de la jalousie ? Elle n’en est pas certaine, mais elle sent que cela ne peut être que mauvais. À moins que ce ne soit qu’une tristesse un peu égoïste à l’entendre dire qu’il a ce qu’elle n’a jamais eu, ce qu’elle aurait aimé avoir, à un moment de sa vie ; que lui, au contraire d’elle, n’a jamais eu qu’elle, dans sa vie. Elle n’a jamais été le rocher auquel se raccrocher pour pas ne se laisser emporter par la mer en furie. Et, tout en même temps, elle est heureuse pour lui. Heureuse de constater qu’il n’a jamais connu la même solitude qu’elle, qu’il n’a jamais été seul dans ses problèmes, qu’il a, derrière lui, des gens qu’il aime et qui l’aiment. Alors, elle sourit. Un peu, à peine. De cette manière bien à elle.

« Relevons-nous, Alec, lâche-t-elle, dans un souffle, en tapotant l’épaule de son ami. Je n’oublie pas que tu dois manger et te reposer. Va t’asseoir. (Elle s’écarte un peu en glissant une main sur son bras nu, dans une moue dubitative.) Enfiler un pull ne serait pas une mauvaise idée, non plus. Il ne faudrait pas que tu attrapes froid, dans ton état. »

S’inquiéter des autres, c’est, aussi, ne pas leur laisser le temps de s’inquiéter pour elle, de creuser la surface de sa mine triste pour comprendre ses problèmes. Liliann ne pense pas qu’il est temps, pour lui, d’apprendre ce qu’elle a fait de sa vie, ce qu’elle a pris, donné et perdu. Aujourd’hui, elle ne veut penser qu’à la survie de celui qu’elle veut appeler « mon ami ».


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