The Last Unicorn

Mission accomplie ? Il semblait, il semblait ! La jeune femme reposait sur ses pieds et non plus ses sabots, tout reprenait son ordre, le passé redevenait présent (à sa manière) et même si Amalthea resongeait à ce qu'elle avait perdu durant cette aventure, elle fut résolue que c'était trop tard. Alastor était tenté de dire que non, qu'on pouvait toujours s'arranger pour retrouver le brave au Paradis si jamais ça tentait quelqu'un, mais il n'avait pas envie d'aider plus qu'il ne l'avait fait. Et puis, cette image lui rappelait à son tour des souvenirs. Qui n'a jamais eu envie de ressusciter un proche ? De le revoir auprès de lui ? Elle n'était pas loin de la plage - ou plutôt du temps qui la séparait du prince. Elle aurait pu. Si seulement... Mais non, réveillons-nous. Amalthea, pureté incarnée, sait même humaine qu'il faut aller de l'avant et retenir le passé auprès de son cœur seulement. Il était d'autant plus tentant, alors, de la convaincre du contraire.

Ceux qui partaient en premiers avaient fait leurs au revoir à la forêt, se séparant alors au parc pour reprendre le rythme de leur journée avec une nouvelle aventure à conter. Alastor était de ces derniers, à patienter. Il voyait qu'Amalthea saluait chacun des membres de la fine équipe et lorsque son regard se porta sur lui, il comprit qu'il était temps d'ouvrir la discussion. Démon et licorne ~

"Biiien, tout est bien qui fini bien, comme toujours. Les contes de fées parfaits, à la fin parfaite. Il leva les yeux au ciel tout en haussant les épaules. Je suppose que nous pouvons rentrer ?"

C'était une invitation plus qu'une demande de permission. Alastor voyait la jeune femme comme une hôte et non plus comme celle qui était à sauver.

"Bien entendu... Si je puis dire la porte est ouverte vous n'avez plus qu'à passer... ça vous évite de gaspiller votre salive pour rien.."

Alastor arqua les sourcils. La licorne aurait-t-elle des griffes ? On ne parlait plus du modèle endormi mais bel et bien, donc, de la créature que tout le monde adorait. Il rit.

"AHAH ! Vous retrouvez vite vos esprits. Ce que je voulais dire ma chère, c’est... Et tendant la main vers le portail... Après vous. »

- Votre courtoisie vient quand cela vous arrange très cher, je vous en remercie mais je vais décliner... je dois fermer le portail dès que vous serez tous passé, ce serait tellement bête que vous vous retrouviez piégé dans mon royaume.

- Pourquoi tant de méfiance pour moi, très cher ? Se ravisa le démon un brin curieux. Je fais partie de la fine équipe qui vous a sauvé, moi aussi ! La nature démoniaque n’en retire rien à mon acte... Ou peut être que vous jugez les gens à leurs origines ?"

- Je ressens quand quelqu'un n'est pas tout à fait pur... Vous m'avez peut être sauver et je vous en remercie mais ne serait-ce pas un acte caché, attendez vous quelques chose en retour ? Ça m'étonnerait qu'un démon offre ses services gratuitement. Elle sourit. Je ne juge pas sur leurs origines ils ont leur raison et j'ai les mienne mais on change difficilement sa nature mais rien n'est impossible, donc jurez moi que vous avez agi pour la bonne cause ?"

Attendre quelque chose en retour ? C'est vrai qu'il aurait pu, il y aurait eu de quoi faire et il savait désormais qui était Amalthea. La retrouver ne devrait pas être trop compliqué si l'intérêt se montrait mais pour le moment, honteusement d'ailleurs, il n'avait pas songé à quelque chose de précis. Charlie lui devait quelque chose et Ishanee allait lui offrir une certaine ordonnance ! Il avait pu passer quelques jours en dehors de son quotidien, à fuir celle qu'il aime un instant - et sous sa demande d'une certaine façon -. Il avait gagné au change. Égoïstement.

Son regard rougit, sombrement, prouvant sa nature démoniaque qu'Amalthea avait en effet pu lire. Il sourit avant d'exprimer une négation par une geste vif de la main.

"Jurer n'est pas dans mes principes ! Et puis, oui, c'est vrai, je mentirais que de vous dire avoir agi pour la bonne cause. Mais ma chère... Dit-il en se rapprochant d'un pas. Je pense que nous sommes tous les deux d'accord pour dire que nous ne sommes plus ni tout à fait licorne... Ni tout à fait démon. Et en se redressant. Sinon pourquoi auriez-vous accouru pour aller récupérer un être qui n'est plus ? Les sentiments, darling, les sentiments ! Ils nous dictent le chemin à suivre... Bien trop souvent."

Ce n'était pas une bonne nouvelle mais cela restait un point commun que les deux jeunes gens pouvaient retrouver chez eux. Alastor n'en avait parlé à personne - seuls ceux qui étaient au courant l'avaient tout simplement deviné. Et pourtant c'est à son opposé qu'il osa se rabaisser. Peut-être parce qu'il voulait lui prouver qu'il n'était pas si sombre et malsain qu'il en avait l'air ? Peut-être pour lui dire que parmi l'océan obscur dans lequel il se noyait, un rayon de lumière perçait.

"Oui c'est vrai .. mais au fond de moi je suis toujours cette licorne puisque je me souviens. Elle se contentait de le regarder fixement. N'auriez vous pas tenter la même chose ? si vous aviez eu ne serait-ce qu'un instant de plus avec l'être que vous avez aimé ? Je sais qu'il n'est plus.. je l'ai vu mourir devant moi.. les sentiments sont aussi notre force, je suis pour une fois d'accord avec vous sur le chemin à suivre avec les sentiments. Elle murmura, sonnant comme un avertissement. Faites attention à vous Alastor les sentiments vous guettent."

N'est-ce pas ? Il agrandit son sourire.

"Les vôtres aussi. Puis se décalant vers le portail, conclut avec un certain manque de tact : Mais comparé à vous moi j'ai encore de quoi nourrir mes sentiments... Ce n'était pas un compliment pour lui-même. Son sourire s'éteignit. Malheureusement."

Il se refit pensif un instant, silencieux mais pas perdant - pas encore - de son histoire. Ses gants mis et la fleur qu'Amalthea avait offerte à la main, il inspira profondément et tourna une dernière fois les talons vers la dernière avec qui il n'avait pas tant pu discuter que ça. Son regard s'éclaircit et son sourire malin s'étirait vers Pétunia.

"On se voit à la rédaction !"

Dans ces derniers mots, il passa le portail magique et rejoignit le parc. Ses pouvoirs redevinrent certes moins puissants, mais plus familiers - il les contrôlait avec la même aisance qu'à son départ. C'est ainsi qu'il se téléporta jusque dans sa chambre, s'empêchant de passer par le salon pour qu'un colocataire lui pose la question : "où étais-tu ?" "Que faisais-tu ?" Charlie avait-elle déjà parlé ? Il soupira. S'approchant de sa commode, il fit apparaître un petit vase en verre remplie à moitié d'eau. Il y déposa la fleur et silencieusement, passa plusieurs minutes à la fixer.

Tu es censé calmer les tourments, se disait-il en silence. Tu es censé aider. Alors fais-le. Et continuant à fixer le verre, il réalisait le trouver trop vide.
Mais si trop rempli, la fleur se noie...

 

❝ Papillon, au cours de tes grands voyages, en a tu vu d'autres comme moi ? en as-tu même vu une seule ?. ❞▬ La dernière Licorne