Il faisait nuit noire et le silence régnait dans les ruelles de Storybrooke. Personne, pas d’âmes qui vivent ne s’était encore présenté. Un léger brouillard épais envahissait la rue à cette tardive. Seul, un homme marchait, remontant la petite avenue d’un pas léger. Il était habillé proprement d’un costume très chic. Une petite mallette à la main, il regardait une montre à gousset étrange qui était composée de différentes planètes. Il haussa un sourcil et finit par s’arrêter devant une maison délabrée, au milieu des échoppes et des commerces de Storybrooke. Elle semblait abandonnée depuis fort longtemps. D’un geste gracieux, l’homme posa son chapeau melon sur le portail et l’ouvrit dans un grincement sonore. Il s’avança vers la petite allée, et ouvrit sa mallette. Y plongeant son bras en entier, il finit par en sortir une vieille clef rouillée. Soupirant de satisfaction, il la rentra dans la serrure et l’ouvrit.

« Hé bien, c’est vraiment charmant ici... » déclara-t-il d’un air enjoué.

C’était tout le contraire en réalité. Les meubles étaient anciens et fracassés, le sol crasseux, et une vieille odeur de moisi régnait en permanence. Le seul élément encore entier dans cette vaste maison était un petit tabouret. Avec la joie d’un enfant qui vient de trouver un nouveau jouet, Merlin s’en saisit et le posa au milieu de la pièce.
Il y posa sa mallette, puis s’épousseta la veste. Marmonnant pour lui même, il regarda autour de lui pour vérifier qu’il était seul. L’Enchanteur ricana seul et finit par déclarer d’un air enfantin.

« Je pense que je peux me risquer à faire un peu de magie... »

D’un coup sec, il ouvrit la mallette, elle sembla inerte, mais lorsqu’il se pencha pour regarder l’intérieure, elle semblait d’une profondeur infinie. Se grattant la tête, il remarqua que sa vieille théière était en train de fuir son sucrier agressif à l’intérieur de sa petite malle.

« Ca suffit ! Ca suffit ! Voyons… Où ai-je mis la formule ?... »

Au milieu du désastre Merlin fouillait dans son costume bleu nuit impeccable. Il finit par en sortir un petit bout de papier plié en deux, qu’il ouvrit avec précaution.

« Ah voilà, les livres d’abord…Wokety pokety wokety wok abracabracabranak... »

Aussitôt qu’il eut commencé à chantonner, une vive lumière bleu ciel éclaira d’abord l’intérieure de sa mallette, puis l’intégralité de la pièce. L’instant d’après, les meubles brisés se remirent progressivement en place dans un fracas épouvantable de bois brisé. Plusieurs énormes armoires couvertes de livres anciens sortirent de la mallette pour aller se ranger directement contre les murs. D’autres meubles de rangements se collèrent aux murs, et des livres volèrent s’y installer. Une fois que les livres furent installés, les petits meubles personnels de Merlin s’envolèrent dans l’arrière boutique. Un lit une place ancien en sortit et fila comme le vent s’installer de lui même. Divers objets et quelques livres noirs s’envolèrent également. Plusieurs bocaux remplient également d’herbes diverses et de membres d’animaux dans un liquide étrange semblèrent filer vers l’arrière boutique. D’autres objets étranges, y filèrent également. Enfin, plusieurs lampes et gros fauteuils confortables sortirent de la petite mallette pour aller s’installer dans la boutique, devant les étagères. Les tables de lectures furent les derniers objets à sortir, et le bal se termina par une série de pinceaux, d’outils et de pots de peintures qui filèrent vers l’extérieur pour retaper la maison. Merlin termina de ranger manuellement pendant une bonne heure les objets qui n’étaient pas à leurs places. Il finit par sortir voir l’avancé des travaux. Il leva les bras d’un geste enfantin et colérique, chuchotant à voix hautes :

« Doucement, doucement, vous allez réveiller nos nouveaux voisins ! Si Mim nous entends, nous sommes fichus ! Plus à gauche la pancarte en bois ! Voilà parfait ! Allez, ouste, à vos places ! »
Il claqua dans ses mains d’un petit bruit sonore et les instruments retournèrent d’où ils étaient venus. La maison autrefois délabrée, était maintenant magnifique. Elle ressemblait à un chalet burlesque sortit d’un Tim Burton, d’une couleur bleu nuit et grise argentée, une pancarte en bois, d’aspect neuve trônait en haut de sa nouvelle demeure.

« Au Hibou Bavard – Librairie & Conseils en tout genre ! »

Avec un sourire satisfait, il remarqua alors qu’il faisait déjà jour. Ses premiers clients allaient peut être déjà arrivés. Il rentra en courant comme un enfant à l’intérieur de sa nouvelle demeure et remarqua à quel point elle était désormais calme et inerte. Il s’installa dans un fauteuil, sortit une vieille pipe qui était posé sur un vieux meuble en chêne et se saisit du livre qu’il avait commencé pendant le voyage. « Bien démarrer un commerce – par Yvan Langue-De-Poulpe. »
Il avait à peine tirer une première bouffée, que la porte s’ouvrit en grinçant et que la petite sonnette retentit. Premier client ! Il allait enfin voir si il était aussi bon vendeur et commerçant que druide.
D’un geste sec, il claque son livre et se redressa pour accueillir sa/son nouvelle/nouvel invité(e).
« Excusez moi, mais c’est une… vieille habitude. A qui ai-je l’honneur ? »[/b]

« Non. Laissez moi. Je ne veux pas. Laissez-moi partir. »

Je tente de me libérer de mes liens, j’entends un grésillement, il s’approche de moi et dans un grand rire, il abaisse le levier avant que j’hurle sous la douleur.

« Aaaaaaaah »

Je me réveille en sursaut et rapidement Barry se retrouve dans ma chambre, je me mets à pleurer. Il me prend dans ses bras. Je le sers contre moi, j’avais besoin de réconfort.

« Je ne cesse de faire ce même cauchemar. Le Savant Fou, il abaisse le levier. Je sens la douleur des aiguilles, mon corps entier se raidit et mon esprit se floute. C’est douloureux. Oh Barry, je ne sais pas comment faire… »

Je me détache de lui, me recule. Mes yeux prennent une tinte totalement différente et rapidement les objets se mettent à voler dans les airs, manquant de peu de blesser mon frère.

« Kara ! Kara ! Ne le laisse pas faire. Reviens vers moi. »

Un vase manque de peu de l’assommer. Il hurle mon nom mais c’est un cri lointain que j’entends.

« LES GARS ! Kara recommence. Les gars, venez VITE ! »

Caitlyn entre dans ma chambre, vêtue d’un pyjama à rayures et s’approche de moi avant de poser sa main froide sur mon front et la descends le long de ma joue. Sa seconde main retient l’une de mes mains et appuie sur mon poignet. Et soudainement, tout se stoppe, les objets tombent sur le sol et mon regard revient à la normale. Je me rends compte de ce qu’il vient de se passer quand je les vois tous présents. Je pose mon regard sur ma sœur.

« Oh non… J’ai encore… Je suis tellement désolée…
- Ce n’est pas ta faute Kara, tu ne le contrôles pas. Mais on sait comment stopper ça.
- Sur le coup oui mais si ça arrive et que vous n’êtes pas là ? Je ne sais pas le contrôler et je deviens méchante quand je suis sous son influence. Je ne veux pas vous mettre en danger.
- Kara. Tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas prendre une bonne douche, et aller t’aérer la tête. Va marcher un peu. Nous, on va essayer de voir avec papa ce qu’on peut faire pour t’aider. »

Je lui fais un sourire pour cacher ma crainte naissante au creux de mon estomac et finit finalement par me lever pour aller à la douche. Une fois lavée, j’enfile un jean noir, un débardeur gris et des bottines marrons avant d’enfiler ma veste et attache mes cheveux en queue de cheval haute. Mes lunettes sur le nez, je quitte le studio et me dirige dans la grande avenue. Personne ne semble être dehors. Après tout, il est encore tôt. J’ai tout le temps. Je me mets à marcher, les mains dans les poches, prenant de grandes respirations. Soudainement, mon regard se pose sur une pancarte que je n’ai jamais vu, le bâtiment en lui-même, je ne l’avais jamais vu depuis mon arrivée. J’entra à l’intérieur et me sentit soudainement à l’aise.

M’approchant du comptoir, je posa mon regard sur l’homme qui se trouvait là avant de tenter de sourire même si mes pensées étaient portées sur mon petit soucis magique.

« Je… Bonjour. Dans tous vos livres, en auriez-vous un sur la télékinésie ? »

Merlin observa et analysa rapidement son interlocutrice. Penchant la tête légèrement de curiosité, il avait l’air plutôt bizarre dans cette position, comme un enfant à qui l’on vient de présenter une nouvelle personne. Il posa le volume avec précaution sur la petite table d’appoint et s’avança, époussetant les manches de son costume bleu nuit. L’Enchanteur continua d’observer la jeune femme, l’analysant. Au vu de son allure, de son teint, des vibrations apeurées de sa voix, il se douta que quelque chose n’allait pas. D’un air absent, il gratta sa barbe. Quelqu’un qui posait une question aussi rapidement sur un livre de magie avait forcément un problème avec cela. D’habitude, quand il était à Camelot et que les gens venaient lui demander conseils, elle engageait la conversation différemment. Demandant si ça allait, quel était la meilleure vente en terme de livre… Mais lorsque la situation était généralement urgente pour pressante, les personnes avaient la fâcheuse tendance à en venir directement au fait. Merlin cessa de caresser sa barbe. Il ne pouvait risquer de compromettre sa couverture en tant que Libraire. Si jamais quelques oreilles mal attentionnées s’avisaient d’avoir vent qu’il était Merlin l’Enchanteur, Arthur risquait un danger certain. Pesant le poids de chaque parole, son visage s’ouvrit en un large sourire, ses yeux rieurs et pétillants tentèrent de réconforter et d’apaiser la jeune femme qui venait de rentrer.

« Bonjour bonjour ! Bienvenue au Hibou Bavard ! Intéressant que pour une première cliente, vous possédez les deux demandes de mon enseigne ! Livres et conseils ! Une vraie politique chez nous… Installez vous, installez vous... »

D’un geste nonchalant, il indiqua le fauteuil qui venait de se placer juste derrière Kara. Il avait profiter qu’elle l’observe pour s’avancer de lui même. Il faudrait qu’il corrige ça. Marchant vers l’arrière boutique, il s’arrêta cependant à mi-chemin.

« Voulez vous du Thé ? C’est la politique de la maison, la première tasse de Thé est offerte au premier client du jour… Comme vous êtes ma toute première cliente depuis l’ouverture de la boutique, vous aurez droit à une théière complète ! Oh, qu’est ce que j’étais parti cherché à l’origine ?… »

Il s’arrêta un moment, perdu dans ses pensées. Être intelligent impliqué des sacrifices, notamment faire de la place dans son cerveau pour en ranger les informations les plus importantes. Celles qui ne valaient pas la peine d’être gardées étaient aussitôt supprimés. Aussi, parfois Merlin pouvait passé pour un tête-en-l’air, ce qui n’était absolument pas le cas en réalité.

« Ah, oui ! Un livre sur la télékinésie, et du thé. »

Rentrant dans l’arrière boutique, et vérifiant qu’il était bien seul, il tapa des mains et une théière fêlée, un sucrier autrefois agressif s’envolèrent d’un plateau pour atterrir dans ses bras. Un petit livre se posa également sur la plateau. Avec un sourire, il se dirigea vers la jeune femme et posa le plateau sur la table.

« Voilà voilà… »

S’asseyant en face, il se servit manuellement. Sans quitter la jeune femme des yeux, il déclara d’un ton assez neutre.

« Il est rare que l’on vienne me voir pour parler de magie. En général, ceux qui savent que je vends des livres de ce genre utilise un code. Mais je ne vous en veux pas du tout pour cela ma chère. Disons simplement que lorsqu’on en vient à parler de magie si rapidement, dans une simple libraire, c’est qu’en général, nous avons une bonne intuition, mais également quelques soucis… Je me trompe ? »

D’un regard plein de malice, il but une petite gorgée du liquide chaud.

Lorsque j’avais vu l’enseigne, je ne sais pas trop pourquoi mais instinctivement, je m’étais ruée à l’intérieur et j’avais tout de suite demandé si l’homme tenant cette boutique possédait un livre sur la télékinésie. Mon cœur manqua un battement, c’était souvent comme ça quand je faisais une crise de « télékinésite aigue », c’est comme ça que Barry avait appelé mon problème, mais moi, j’appelais ça une malédiction, c’est tout. Je fis un sourire à l’homme derrière le comptoir avant de m’installer vu qu’il me l’avait demandé.

Il me proposa du thé, je lui fis un sourire et fit un signe positif de la tête.

« Je veux bien une tasse de thé, je crois que ça me fera du bien. Merci. » énonçais-je simplement avant de le regarder, haussant les sourcils.

Depuis que j’étais arrivée à Storybrooke, je n’avais pas rencontré beaucoup de monde appart mon père, Regina, puis cet homme. Je ne sais pas trop pourquoi mais je me sentais en sécurité ici. Je savais que je pouvais lui faire confiance. Je tapais mon genou de mon index et mon majeur comme à chaque fois que j’étais mi paniquée, mi stressée et le libraire revint rapidement avec le thé et également le livre.

Me servant une tasse de thé, je bu une gorgée, manquant de peu de me brûler la langue et relevant le regard vers le libraire, je repris finalement la parole lorsque ce dernier eu terminé.

« Je…En fait je… Cela va sans doute vous paraître dingue, quoi que, nous sommes à Storybrooke donc peu de choses peu paraître dingue mais je suis victime d’une malédiction. J’ai été torturée par l’ennemi suprême de mon père si je puis dire cela ainsi et il m’a…il m’a changée. Il m’a maudite. Je suis devenue télékinésiste après ses expériences. Et ce n’est pas le seul problème, tout d’abord, je ne contrôle pas mon pouvoir, mais je n’ai aucunement conscience de l’utiliser et il arrive également qu’à cause de cela, une autre part de moi prenne ma place, je veux dire… une part sombre de moi prends ma place et je n’ai aucuns moyens de contrôler cela. » finis-je par avouer avant de boire une gorgée de la boisson chaude.

Merlin écouta la jeune femme sans rien dire. Plongeant son regard vert émeraude dans le siens, il écouta avec attention chaque détail, décryptant les paroles de Kara bien mieux qu’elle ne pouvait elle même l’effectuer. Il plissa plusieurs fois les sourcils, mais ne l’interrompit pas. Aussi, lorsqu’elle eut terminé, il posa sa tasse sur la petite table à côté de lui. Sa réponse ne fut pas immédiate, car il réfléchissait. C’était étrange comme description, aussi il devait lui répondre avec précaution, mais il se devait d’être clair et concis.

« Je ne sais pas exactement ce qui vous a fait subir, mais plusieurs possibilités et théories semblent s’offrir à vous. Je peux toutes vous les exposer, mais je pense que je vais essayer de garder les plus vraisemblables. Car certaines sont extrêmement loufoques, mais on ne pas se laisser le luxe de les exclure... »

Il marqua une pause, puis se mit à sourire, d’un sourire sincère et réellement apaisant. Comme si il semblait lire en elle avec ses yeux perçants de faucon, il continua.

« Déjà, je pense que vous êtes bien entourés. C’est ça qu’il faut retenir dans un premier temps car il semble que le facteur psychologique soit un des plus importants. Restez proche de ceux qui vous veulent du bien. Et surtout, ayez confiance en eux. Ce n’est pas réellement une réponse à votre question, mais c’est mon premier conseil. La théorie la plus semblable sur ce qui vous est arrivé est pour moi la suivante... »

Il joignit ses mains devant lui et posa ses coudes sur les genoux.

« Je pense que vos pouvoirs étaient déjà en vous. Que cette personne à simplement essayer de les éveiller beaucoup plus rapidement que prévu, et pas de la meilleure manière qui soit. C’est comme si pour vous apprendre à nager, il vous avait tout de suite jeté dans le grand bain. Pas très pédagogique hein ? D’abord, il va falloir que vous passiez par la première étape : l’acceptation de ce que vous êtes, et le refus de ce que vous n’êtes pas. Beaucoup de personnes ont des pouvoirs, et ce n’est pas une tare, croyez moi. Et surtout, pensez bien que vous n’êtes pas un monstre, mais une personne bien réelle et doté d’un libre arbitre. »

Il se rassit et se réinstalla confortablement dans son fauteuil, caressant l’accoudoir en forme de tête de dragon, avant de conclure :

« Ayez confiance en vous, et acceptez ce que vous êtes dans un premier temps. Vous ne pourrez jamais oublier les souffrances que vous avez subi. Il va falloir apprendre à vivre avec. »

« Je suis prête à tout entendre si par ce biais, vous pouvez m’aider. » énonçais-je à Merlin avant de boire une gorgée de thé.

Si j’étais bien entourée ? Oui il avait raison, j’avais la chance d’avoir trois frères merveilleux et les meilleures sœurs qui existent. J’étais bien entourée, puis j’avais papa aussi. Oui, j’étais bien entourée mais je ne cessais d’avoir peur pour eux, peur de leur faire du mal sans que je ne puisse le contrôler ou le vouloir.

« Vivre avec mes souffrances…Je le fais chaque jours, les nuits, j’en fais des cauchemars. » énonçais-je avant de finalement reprendre « Vous avez raison sur une chose, il faut que j’accepte celle que je suis et que je n’ai pas peur de ce que je suis capable de faire mais ce dont j’ai peur…c’est…c’est de faire du mal aux gens que j’aime. Sans le vouloir. » énonçais-je. « Comment puis-je ne pas me voir comme un monstre quand je suis digne de l’être sans le savoir ? Ma télékinésie fait des ravages sans que je ne le veuille. »

Merlin ne se contenta pas de répondre tout de suite. Il commença par joindre ses mains devant son visage, et s’installa au plus profond de son fauteuil dans une attitude totalement réflexive. Lorsqu’il prit la parole, ce fut d’une voix calme mais totalement assurée :

« Se considérer soit même comme un Monstre, c’est à dire un être dénudé d’émotion et qui répend que le chaos autour de soit, est déjà la preuve que l’on en est pas un. Je pense que vous devez considérer vos pouvoirs comme un don, plutôt qu’une malédiction. Ce n’est pas parce que l’on ne comprend pas une chose qu’elle est forcément néfaste. Faites dans un premier temps la paix avec vous même, et acceptez vous pour ce que vous êtes réellement. Ensuite vous pourrez franchir la barrière qui sépare l’inconscient du conscient et influencer le monde physique de manière maîtrisée grâce à la télékinésie. »

Il avait parler tout en fixant la jeune femme. Aussi, il poursuivit en posant la question suivante :

« Avez vous déjà réussi à utiliser votre pouvoir de manière pleinement maîtrisée ? »

Je ne quittais pas l’homme des yeux, attendant une réponse de sa part, qui ne tarda d’ailleurs pas à arriver. Je l’écoutais avec attention, tout en buvant mon thé.

« Oui vous avez sans doute raison, je ne dois pas prendre mon don comme une malédiction. » énonçais-je. Mais pour tout dire, c’était plus facile à dire qu’à faire, je craignais ce que pouvais causer ma télékinésie non maîtrisée, j’ignorais quand j’allais « partir » et laisser à l’autre part de ma personnalité, celle dénuée de toute émotion, remplie d’égoïsme. « Je… J’essaie de m’accepter réellement et complètement mais le seul hic, c’est que je n’arrive pas à faire fuir cette peur qui persiste au fond de moi, j’essaie de me dire que je ne suis pas un monstre mais c’est plus facile à dire qu’à faire… »

Oh ce que j’aimerais pouvoir contrôler mon pouvoir et ne pas avoir peur de faire quoi que ce soit avec cette malédiction, car oui même si je me devais de le voir autrement, au fond de moi, ça restait une malédiction et ce n’était pas bon, non je ne devais pas voir cela comme ça mais je ne pouvais m’en empêcher. Respirant longuement, je releva le regard pour le poser sur Merlin.

« Non, je… je ne sais jamais quand mon pouvoir va se déclencher, je… »

Je lâcha ma tasse de thé et ferma les yeux avant de les rouvrir, mes pupilles virèrent au vert avant que les objets ne se mettent à voler dans les airs, devenant presque dangereux, tout allait de plus en plus vite, je ne contrôlais rien. Je me mis à parler mais ce n’était pas moi…

« Kara s’est endormie. »

Des objets se dirigèrent droit sur Merlin, manquant de peu de le blesser.

Merlin était resté dans la même position, les mains jointent devant lui et réfléchissant à tout ce que la jeune femme lui avait dit. Il en profita également, pendant qu’elle parlait pour sonder son aura magique. Ce n’est que trop tard qu’il commença à comprendre ce qui allait se produire sous ses propres yeux. Une autre aura, bien plus maléfique qu’il ne l’aurait imaginé, était présente dans la pièce. Mais le plus étrange, c’était qu’il avait balayé la salle du regard en une fraction de seconde pour vérifier qu’ils étaient bien seul. Si une personne ayant de mauvaises intentions s’était présenté, les mécanismes magiques de défense de la boutique se seraient déclenchés. Hors rien ne s’était produit, et Merlin ne voyait personne.
Soudain, l’air commença à se charger en énergie magique, et les objets autour de Kara se mirent à trembler. Comme au ralenti, Merlin vit les choses se produire sous ses yeux en une fraction de seconde. Les pupilles de la jeune femme virèrent au vert en un éclair, et la tasse tomba progressivement sur le sol, mais s’arrêta par télékinésie à quelques centimètres du tapis.

« Kara s’est endormi. »

Ce fut la dernière chose que Merlin entendit, et c’est enfin qu’il comprit, comme un puzzle qui venait de se former tout seul, un éclair de triomphe et de compréhension passa dans son regard. Poussant sur ses pieds, il recula le fauteuil le plus loin possible de la jeune femme, et se dressa debout. Se penchant sur le côté, il esquiva de peu la tasse qui venait de tomber l’instant d’avant qui s’était dirigée désormais droit sur son visage. Plusieurs objets, des livres, une table, des fauteuils et une horloge massive se mirent également à trembler et à léviter. Tous foncèrent sur Merlin en même temps. L’Enchanteur leva ses deux mains devant lui, et la bague en forme aux deux dragons enlacés s’illumina d’un éclat bleuté devant lui.
Plissant les yeux de concentration, une barrière magique enveloppa le corps de Merlin comme une bulle protectrice. Au lieu de repousser les objets et de les renvoyer vers son expéditeur, ces derniers se décomposèrent et se changèrent en poussière avant de heurter le Magicien. Son costume autrefois impeccable, était désormais blanchi par la poussière des meubles qui s’était évaporés l’instant suivant. Fronçant les sourcils, il baissa les bras, son anneau scintillant toujours le long de sa hanche, et son corps dorénavant bien protéger par l’Enchantement qu’il avait créé, il observa la jeune femme d’un regard étrange et curieux. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix était devenu neutre, douce et calme. Prenant un ton digne d’une simple conversation enjouée, il déclara :

« Il y a bien des manières de se présenter. Voilà qui explique plusieurs choses. Je vous déconseille fortement de réitérer quelconque attaque, car sans vouloir paraître imbu de ma propre personne, si je riposte, je serai malheureusement obligé de blesser votre hôte, et de détruire cette boutique toute neuve dans laquelle je viens de m’installer. Alors pitié, épargnez vous souffrance, et épargnez moi la tristesse de voir ma Librairie saccagée. »

Un sourire se dessina sur les lèvres de Merlin. C’était sûrement exaspérant de voir un homme qui n’avait visiblement aucune peur dans le regard, malgré ce qui venait de se passer l’instant d’avant. Aussi, l’Enchanteur reprit la parole, toujours sur le ton d’une conversation forte intéressante et enrichissante :

« Mais nous n’avons pas été présenté. Je suis Merlin, ancien Enchanteur de Bretagne, j’ai eu bien des noms et bien des aspects. J’ai vu des choses bien pires que vous, mais cependant je dois avouer que vous avez attisé ma curiosité. Comment vous appelez vous ? »

Il y a quelques mois, à Wasteland.

« Non lâchez moi, laissez-moi partir ! »

Je tente de me libérer de mes liens, mais le Savant Fou a sans doute appris à bien les faire vu qu’ils ne bougent pas. Une larme roule sur ma joue, les liens me sectionnent les poignets, je commence sérieusement à me comprendre dans la merde. Je suis couchée sur une table froide, mes yeux bleus tentent de rester ouverts alors que la lumière trop flashy m’arrive en plein sur la figure et j’entends son rire.

« Oswald me paiera tout, en me prenant à l’un de ses descendants, c’est un bon début. »

Il me plante une aiguille dans le bras, je me mets à hurler et sens soudainement un liquide rouge me couler dans les veines avant de sentir ma tête bouillir, comme si elle allait exploser. Puis, plus rien, je ferme les yeux et finis par les rouvrir alors qu’ils prennent une teinte verte tandis que de multiples objets volent autour de moi. Un sourire né sur mon visage alors que le Savant Fou me libère de mes liens et que je me relève.

Ma chevelure blonde me tombe en cascade sur les épaules, mes yeux reprennent leur teinte naturelle et je disparais dans un nuage de fumée avant de réapparaître en plein milieu de la Grande Rue de Wasteland, il avait fait naître en moi Lucy Danvers, ma part la plus sombre qui je l’ignorais jusqu’alors, aller vraiment changer ma vie.

Présentement dans la librairie de Merlin.

Je me mets à sourire narquoisement quand il se défends face à ma télékinésie, il est clair que je ne pourrais rien y faire face à lui, Kara est un très bon vaisseau mais il est clair que j’aurais été beaucoup plus apte de mes mouvements si j’avais pu réintégrer mon propre corps, néanmoins, je suis liée à son don de télékinésie et comme c’est amusant de pouvoir me réveiller à chaque fois qu’elle ne le contrôle pas. Je lève les yeux au ciel et pousse un profond soupir d’ennui.

« C’que vous êtes barbants, c’est pas possible. »

Et blablabla, et blablabla, c’est tout ce que j’entends quand il se présente. Merlin l’Enchanteur ? Y’a pas plus naze comme nom. Oh il a fini de parler ? Bien, je me lève et me dirige vers l’un des rayons avant de prendre un livre, de faire mine de le feuilleter et finit par le jeter avant de me tourner vers l’homme en face de moi.

« Bien Merlin machin, je m’appelle Lucy Danvers. Et je vous avoue que je commence à apprécier l’influence que j’ai sur cette idiote de Kara, c’est fou tout ce qu’on peut faire quand elle ne contrôle rien. »

Je me mets à rire avant de regarder tous ces livres.

« Franchement, vous vous plaisez à lire des livres aussi nuls ? Je vous pensais plus intéressant. »