On pouvait donc voyager d’un monde à l’autre. Seulement elle ignorait comment. Jack commença à réfléchir. La première solution qui lui venait à l’esprit était la mer. C’était sûrement le meilleur moyen de changer de monde, il en avait déjà fait les frais auparavant. Ensuite, elle parla d’une Reine des Pirates. Ses sourcils se haussèrent légèrement. Ca c’était tout bonnement illégal et impossible. La Reine des Pirates devaient être désignées par l’ensemble des Seigneurs Pirates sur apposition de sa pièce de huit. Machinalement, il caressa la pièce en argent qui était accroché à son bandana. Il fallait qu’il enquête sur cette Reine des Pirates illégitime, car il n’avait pas voté, et il était hors de question qu’il laisse encore courir dans la nature cet imposteur.

Elle dériva la conversation sur le deuxième thème de la conversation, les rapports conjugaux. C’était parfait, cela lui laisserait le temps de réfléchir à la question de « Comment trouver cette Reine des Pirates qu’elle semblait connaître ? ». Il l’écouta attentivement tout en réfléchissant et en caressant son bouc. Il avait cette faculté de pouvoir faire plusieurs choses à la fois, chose soit disant rare pour un homme d’après sa sœur Katrina. Il l’observa un moment puis se mit à rire aux éclats quand elle lui annonça qu’elle ne comptait pas céder sous ses propositions.

« Mais je ne vous ai pas prise pour une fille de joie Lucile MacBernik, bien mal m’en aurait prit ! J’énonce seulement ce que je peux lire dans vos yeux émeraudes, et visiblement je ne suis pas trompé ! Ce n’est pas... »

Il s’avança vers elle de sa démarche chaloupé, puis lui passa la main devant le visage comme un mentaliste qui essayait d’introduire une information précise dans l’esprit de son vis à vis. C’était plus une mimique qu’un réel pouvoir, car il faut avouer qu’il n’en avait aucun. Mais ça rajoutait du charme à la conversation !

« … Parce que l’on est indépendante que l’on ne peut pas se laisser tenter à goûter le fruit interdit ma belle ! »

Il lui avait murmurer ses dernières paroles non loin de son oreille. Puis il s’était écarté, comme si il essayait de chasser une mouche invisible, il regarda les alentours remplis de livre. Il recula de deux pas puis déclara :

« Mais ce n’est pas l’objet de ma présence ici, sinon j’aurai fait… Un brin d’toilette ! Oh, non… J’aimerai quitter ce monde et rentrer chez moi… »

Il se saisit d’un vieux sextant qui servait de décoration et l’observa avec attention. Cet objet lui semblait à la fois familier et inconnu. Familier dans le sens qu’il comprit rapidement à quoi il servait, inconnu dans le sens qu’il ne venait clairement pas de son époque. Tout en observant d’un œil rêveur et précis ce nouvel objet, il poursuivit :

« Et parlez moi un peu de cette… Reine des Pirates auto-proclamée… Si c’est elle qui est en charge du passage, quel est son prix à votre avis ? »

Jack continua de jouer avec le sextant en silence. Lorsqu’il eut compris à quoi il servait, il le reposa doucement à sa place en murmurant un petit : « Ingénieux... ». Il l’écouta également avec attention lorsqu’elle lui annonça qu’il n’y avait que très peu de moyen de traverser les mondes. Ses bras tombèrent un instant. Il ne pourrait donc plus jamais retrouver la mer, naviguer et sentir les embruns de l’océan sur son visage ? D’une mimique étrange, il chassa une mouche imaginaire de devant son visage. Non, c’était impossible, il fallait qu’il sache. Le pirate s’avança vers Lucile doucement et s’approcha d’elle alors qu’elle était en train de lire un livre, visiblement troublée par l’attitude antérieure du Pirate. Il fallait qu’il sache.
Il posa une main sur le livre et de son autre main, il passa son index sous son menton pour la forcer à le lever avec douceur. Il continua d’une voix suave et pleine de charme, la fixant sans ciller.
Un léger sourire se dessina sur le visage de Jack Sparrow.

« Il est vrai que je ne vous suis pas indifférent hein ? Vous savez chère Lucile, la fidélité n’est que le propre de l’homme… Nous sommes le seul animal qui a en conscience et qui se l’impose de manière idiote depuis que nous avons une religion… Mais la liberté d’un pirate fait que justement, il ne se plie à aucunes règles… »

Il fit le tour, et posa ses deux mains sur les épaules de Lucile MacBernik. Si Victor le voyait, la probabilité qui veuille le tuer venait de passer de 97 % à 100 %. Il pencha ensuite sa tête pour lui murmurer encore plus bas à l’oreille.

« Si vous êtes ici Lucile, c’est qu’il y a un moyen de venir… Et qui dit moyen de venir, dit moyen de partir. Vous devez bien être au courant. Il doit bien y avoir… Un navire, un portail, un gouffre, quelque chose qui est prêt à nous renvoyer chez nous car ici nous n’avons pas notre place… »

Il descendit légèrement ses mains sur ses épaules. Se servir de ses charmes pour obtenir des informations était son quotidien. Puis après tout, elle n'était pas si mal cette petite MacBernik!

Jack la sentit se décontracter parfaitement puis lui murmurer une réponse diffuse et brouillonne. C’était dans la poche, il avait réussi à la charmer et à l’attirer en hauts troubles. Elle était sous son charme et désormais il pouvait la maîtriser aussi bien qu’un navire en pleine tempête. Il continua de descendre ses mains pour effleurer sa poitrine, puis les redressa comme si il avait commis une erreur accidentelle. Il se risqua ensuite de lui embrasser légèrement le cou puis continua de murmurer à son oreille tel un magicien préparant son incantation :

« Évidemment, que nous pouvons… Mais avant, il faudrait me dire si vous connaissez un moyen de rentrer chez nous. Je ne veux pas paraître obsessionnel mais je désire vraiment rentrer. Et la carte que je viens de trouver ne me donne malheureusement aucune information sur un moyen d’y arriver. »

Il l’embrassa à nouveau dans le cou, cette fois ci de manière un peu plus sauvage. Il s’arrêta et sentit de manière satisfaite qu’elle était désormais prête à s’unir de manière éphémère avec lui. Il poursuivit toujours sur la même ton :

« Vous savez que c’est une voie sans issue si nous allons par Lucile. Je ne suis pas du genre à partager ma vie avec une femme de manière éternelle, j’aime trop ma liberté pour ça ! Et que dirait Victor ? Oh, j’en ai une petite idée, j’ne le crains pas ! Mais si cela doit vous faire plus de peine que de bien, alors autant s’arrêter là non ? »

Il recula un peu, et pencha la tête pour la regarder dans les yeux avec ce même regard curieux qu’un chien qui vient de trouver un objet intéressant. Jack Sparrow était volage, mais il n’était pas assez fou pour faire souffrir inutilement une jeune femme. Au fond de lui, il avait bon coeur, et quiconque le connaissait suffisamment pouvait prétendre à ce qu’il possède cette « intelligence affective » qui fait tant défaut à de nombreuses personnes dans ce monde. Son regard interrogateur voulait semble t-il en dire long, car elle ne reprit la parole que plusieurs minutes après qu’il eut fini de parler.

Jack l’observa un moment puis marcha pour lui faire face une fois qu’elle lui eut donné toutes les informations qu’il désirait. Il haussa légèrement les sourcils car il fut surpris de la facilité avec laquelle il avait eu ses réponses. Décidément, il avait du rester inconscient très longtemps pour qu’une Reine des Pirates fasse son apparition, et dispose d’autant de pouvoirs cumulés et cumulables. Fronçant les sourcils en réfléchissant, son regard reprit de la vitalité quand il se rendit compte que la jolie rouquine était en face de lui. Lui prenant les deux mains d’un geste fougueux et rapide, il l’attira vers lui pour l’embrasser, comme un voleur se le permet en temps normal. Il bascula la tête en arrière avec force et animalité. Souriant à la jeune femme il déclara d’un ton mielleux :

« Pas nécessairement, mais disons que quand je peux utiliser ce petit tour plutôt que d’employer la force, c’est effectivement s’qui m’arrive de faire à une personne de sexe opposée ! »

Il se rapprocha à nouveau pour avoir ses lèvres à quelques centimètres des siennes, mais il n’en fit pas d’avantage. Après tout, il détestait devoir tout faire lui même. Lorsqu’il reprit la parole, il murmura d’un ton suave à Lucile.

« Et donc Madame MacBernik ? Pourrais-je avoir plus… D’informations sur cette soit-disant autoproclamée Reine des Pirates ? Ou nous n’avons plus le temps de parler et nous devons terminer ce qui a été commencé il y a quelques secondes maintenant ? »

Jack écouta attentivement, le visage de la jeune femme très proche du sien. Au fur et à mesure que les informations se déversaient par sa bouche, le Pirate essayait de les enregistrer au maximum et les analysaient. Il en avait assez appris pour aujourd’hui, et désormais il avait besoin d’être seul pour réfléchir. Il caressa son bras encore une fois puis lui afficha un sourire niais. Lorsqu’elle se retourna, il en profita alors pour reculer très rapidement vers la porte battante et passa à travers dans un silence total. Il se tourna, verrouilla la porte à l’aide de la grande barre en bois pour éviter qu’elle le pourchasse, et commença à trottiner vers la sortie. Pourquoi ? Dans un premier temps, il avait obtenu ce qu’il voulait de Lucile MacBernik, et ensuite, il ne connaissait que trop bien son mari pour effectuer une chose pareille. Ce n’était pas un respect vis à vis de son serment de fidélité bien au contraire. Mais Jaack estimait qu’il avait assez de problèmes avec d’autres pirates pour se rajouter un ennemi supplémentaire. Quoi que tout bien réfléchit, c’était déjà le cas. Vu comment il avait traité la jeune femme rousse, il fallait s’attendre à ce qu’elle se venge un jour ou l’autre. Ou pire, il prendrait encore une de ces nombreuses gifles publiques.
Serrant la carte roulée dans ses doigts, il devait maintenant retrouver cette soit-disant Wendy autoproclamée Reine des Pirates, et son Black Pearl. Il devait également retrouver son compas, car il l’avait perdu lors de son arrivée à Storybrooke. D’ailleurs, le fait qu’elle lui annonce qu’il y avait désormais une Reine des Pirates le laissa perplexe. Depuis combien de temps s’était-il absenté ? Est-ce que tout le monde croyait à nouveau le Capitaine Jack Sparrow disparut ?
Il sortit à la lumière sombre des lampadaires. Visiblement, ils étaient restés un petit moment dans cette pièce !
De sa démarche chaloupée, il prit à droite en direction du port. Peut être en saurait-il d’avantage… Il tourna rapidement la tête, pour vérifier qu’il n’était pas suivi par Lucile en furie. Non, tout était calme. Il ne put cependant pas s’empêcher de rire seul au milieu de la rue devant la situation. Jack Sparrow sentait sur ses épaules la terrible malédiction silencieuse de la jeune femme. Peut être qu’au final, il s’était fait une ennemie plus redoutable qu’il n’y paraissait. Avec un frisson d’angoisse non feinte, il poursuivit sa route en trottinant un peu plus rapidement...